Rapport de la 9ème Session ordinaire de la Commission permanente indépendante des droits de l'homme
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Annexe F : Etude adoptée intitulée : Les droits des minorités en Islam
DROITS DES MINORITES EN ISLAM
Par :
Mohammed Raissouni
Membre de la CPIDH
2016
1. Préface :
La question de droits et devoirs des minorités en Islam est un sujet d’actualité qui interpelle tous les
musulmans, à un moment divers milieux internationaux s’en saisissent pour tenter d’accabler notre
Sainte Religion. Or, il n’est nullement décent d’attribuer à l’Islam quoi que ce soit qui ne figure point
dans ses textes véridiques et ses principes établis. Mais avant tout, il est important pour ceux qui se
trouvent en situation de minorité.
La question des droits s’inscrit, aujourd’hui, au cœur même de la notion de citoyenneté. Dans cette
étude, nous entendons montrer autant que possible que l’Islam a institué pour toutes les minorités les
principes consubstantiels aux droits de citoyenneté. Il s’agit d’une évidence qui ne souffre nulle
contestation. D’autant plus est que la religion ne devrait pas être instrumentalisée pour entraver
l’exercice de l’un quelconque de ces droits, dès lors que la citoyenneté découle de lois promulguées sur
la base de règles établies et qui s’appliquent à tous.
Tous les pays à travers le monde comprennent les personnes appartenant à des minorités nationales ou
ethniques, religieuses et linguistiques, ce qui enrichit la diversité de leurs sociétés. Malgré les conditions
diverses des minorités, ce qui est commun parmi les minorités, dans de nombreux cas, est qu'ils font
face à multiples formes de discrimination résultant de la marginalisation et de l'exclusion. Pour parvenir
à une participation effective des minorités et de mettre fin à l'exclusion, il devrait y avoir une
acceptation de la diversité à travers la promotion et la mise en œuvre des normes internationales des
droits de l'homme.
La protection des droits des minorités est prévue par l'article 27 du Pacte international relatif aux droits
civils et politiques, et de l'article 30 de la Convention de l'Enfant. En outre, la Déclaration des Nations
Unies sur les droits des personnes appartenant à des minorités ethniques, religieuses et linguistiques, ou
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est le document qui établit des normes de principe et fournir des conseils aux pays pour prendre des
mesures législatives et autres nécessaires pour garantir les droits des personnes appartenant à des
minorités.
Dans l'Islam, le premier document qui protège les droits des minorités est connu comme "la
Constitution de Médine » ou « Pacte de Médine », dont nous parlerons plus tard dans ce document.
En effet, on peut toujours lier les droits au devoirs, parce que « droit » et « devoir » vont toujours de
pair et sont interdépendants. Le droit est tout ce qui est accordé à l'individu ou à la communauté ou les
deux ensemble, décidé par la loi / charia afin de parvenir à un intérêt ou d'empêcher un préjudice, alors
que le devoir est tout ce que les hommes sont responsables dans ce contexte.
En fait, on a besoin de contribuer à l’effort international de réflexion visant à établir un document de
référence pour les droits des minorités, s’adressant en particulier aux cercles qui s’interrogent plus
particulièrement sur cette problématique, un document qui soit utile aussi bien aux musulmans qu’aux
minorités, aux institutions et aux autres parties intéressées.
La minorité est un groupe social compris dans un ensemble démographique plus large, et dont la
situation se caractérise par une insuffisance des droits qui sont reconnus, tant en ce qui concerne les
droits qu’elle est censée partager avec la majorité qu’en ce qui concerne les droits qui lui sont
spécifiques. Une minorité peut être ethnique, raciale, culturelle ou religieuse. Notre propos portera
essentiellement sur cette dernière.
2. Le pacte de Médine :
Le pacte de Médine, est considéré d’être la première constitution civile en Islam établie dès la première
année de l’Hégire/623 AC, par Le Prophète Mohammad (Que la Prière et le Salut d'ALLAH soient sur lui),
on trouve le terme Ahl Dhimmeh, qui est le synonyme de Jar, dérivé du Jiwar, lequel désigne le pacte
d’alliance de paix et de guerre que les tribus arabes concluaient entre elles avant l’avènement de l’Islam.
Le Prophète Mohammad (Que la Prière et le Salut d'ALLAH soient sur lui) abrogea ce système tribal
antéislamique auquel il substitua un devoir religieux appelé Dhimmetou ALLAH. L’article XV du
Document de Médine, stipule que le pacte de Dhimmetou ALLAH s’applique à tous et que les croyants se
solidarisent entre eux face aux autres.
Dans ce contexte, le pacte s’appelle Dhimmeh, c’est-à-dire, le statut garantissant à celui qui en bénéficie
la sécurité et la protection. L’Islam a introduit ce vocable pour institutionnaliser, entre l’État et les
minorités, une relation qui ouvre droit à la garantie de la sécurité et de la protection sur la base de la
responsabilité. Celui qui en bénéficie s’assure la protection de sa vie, de ses biens, de sa culture et de sa
religion. Contrairement à l’interprétation que lui donnent des dizaines de constitutions occidentales
tendancieuses, le pacte de Dhimmeh n’implique nullement la relativisation des droits ni l’infériorisation
de l’autre. Le vocable, dans le Fiqh, signifie pacte et est utilisé par certains jurisconsultes pour désigner
l’éligibilité.
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Le Mouahid lui, est le non-musulman qui, après avoir été en guerre contre les musulmans, tend vers la
paix et conclut avec eux un traité que les deux parties s’engagent à respecter.
En Islam, le respect des engagements, faut-il le souligner, est une obligation religieuse :
« Soyez fidèles à vos engagements ; vous aurez toujours à en répondre ». Coran.
Dans le document signé entre le Prophète Mohamad (Que la Prière et le Salut d'ALLAH soient sur lui) et
les nazaréens de Najran, les deux termes de Dhimmeh et Jiwar s’applique à la protection liée à la liberté
prévue par l’accord.
Le document d’Al Quds signé entre le Calife Omar et les habitants de la ville, lors de sa conquête, lui,
utilise le terme d’Ahd ALLAH (Pacte d’ ALLAH), au lieu de Dhimmeh et de Jiwar, ce qui signifie que tous
ces vocables sont des synonymes.
De nombreux érudits musulmans de la première époque ont consacré des monographies complètes au
traitement des non-musulmans en terre d’Islam, déduisant du Coran et de la Sunna les règles qui
régissent ce traitement et les obligations des deux parties. Bien d’autres études et recherches ont été
consacrées aux droits des minorités en terre d’Islam. En l’occurrence, l’Islam repose sur trois principes
généraux :
I- Le rejet des considérations qui sous-tendent la discrimination sur une base ethnique,
raciale, culturelle ou de couleur de peau. ALLAH, le Très Haut a créé les humains à partir
d’une même origine et les a répartis en peuples et tribus pour qu’ils s’entre-connaissent
et se rapprochent sur la base de la clémence, de la solidarité et de la justice. Il a fait
d’eux des frères et leur a accordé un droit égal en termes de vie, de peuplement de la
terre et d’exploitation des opportunités disponibles pour perpétuer l’existence du genre
humain, ainsi glorifié par le Maître de l’Univers. Des races et des ethnies nombreuses on
vécu et fusionné sans discrimination au sein de l’État musulman dès les premières
heures de son établissement. Bilal, l’abyssinien, Souheib, le romain et Salmane, le
persan comptaient parmi les plus illustres compagnons du Prophète Mohammad (Que la
Prière et le Salut d'ALLAH soient sur lui).
II- La garantie de droits fondamentaux pour tous, musulmans et non musulmans, comme
la protection de la vie, de la religion, de l’esprit, des biens et de la dignité. La protection
des droits des minorités, elle, est liée aux problèmes consécutifs à la cohabitation dans
le cas d’une communauté multiconfessionnelle.
III- La non-coercition qui implique la liberté religieuse : « Point de contrainte en matière de
religion » Coran. L’Islam a accordé aux individus et aux groupes de non-musulmans
résidant en pays musulman toutes les formes de liberté qui ne transgressent pas la
Religion et n’empiètent pas sur les droits des autres, y compris la liberté de confession,
celle de pratiquer les rites religieux, d’organiser des cérémonies, de célébrer des fêtes et
de vaquer durant les périodes de congé.
Ces principes généraux universels et autres fondements décrétés par l’Islam, et qui sont
l’objet du présent document, constituent la base du système que cette Religion a établi
pour régir les rapports entre les musulmans eux-mêmes et entre ceux-ci et les autres
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peuples et nations non musulmans. Les déviations que le chercheur pourrait
rencontrer dans les annales de l’Islam sont le résultat d’une mauvaise interprétation
des textes ou d’une erreur dans leur application.
3. Les applications du pacte islamique/ Pacte de Médine :
Le Pacte de Médine comprend 47 articles (52 articles dans certains autres calculs), dont les 23 premiers
articles définissent les droits et devoirs des musulmans à Médine, tandis que les autres articles
définissent les droits et les devoirs des Juifs.
Pacte de Médine a été écrit immédiatement après la migration du Prophète Muhammad (Que la Prière
et le Salut d'ALLAH soient sur lui) à Médine. En effet, ce pacte est considéré comme la première
constitution civile dans l'histoire et les historiens et les orientalistes travers l'histoire ont parlé. Cette
constitution a été conçu principalement pour réglementer les relations entre toutes les sectes et les
groupes à la Médine, principalement les immigrants en provenance de La Mecque (Al Muhajirin) et les
musulmans locaux (Al Ansar), et les tribus juives et autres. Beaucoup ont considéré ce pacte pour être
l'une des fiertés et les gloires de la civilisation islamique, principalement de ses gloires et les repères
politiques et humanitaires.
Les grands principes du pacte de la Médine peuvent se résumer comme suit :
• Premièrement : La nation islamique est supérieure à la tribu.
• Deuxièmement : la solidarité sociale entre les factions du peuple.
• Troisièmement : contrecarrer perfide de covenants.
• Quatrièmement : Le respect de la promesse de la protection accordée par un musulman.
• Cinquièmement : protection des dhimmis et les minorités non-musulmanes.
• Sixième : Assurer la sécurité sociale et Le prix du sang.
• Septièmement : La référence de gouvernance est la loi islamique
• Huitième : La liberté de conscience et de culte est garantie à toutes les factions du peuple.
• Neuvième : Soutien financier pour la défense de l'État est la responsabilité de chacun et de tous.
• Dixième : L'indépendance financière de chaque fraction du peuple.
• Onzième : Obligation de défense commune contre toute agression.
• Douzième : Conseiller et justice mutuelle entre les musulmans et les gens du Livre.
• Treizième : la liberté de chaque faction d'avoir des alliances qui ne nuisent pas à l'état.
• Quatorzième : obligation de défendre les opprimés.
• Quinzième : Droit à la sécurité pour tous les citoyens.
4. Les conditions requises par le droit international dans le domaine des droits des minorités :
Beaucoup de chartes internationales parlent de droits des minorités, en particulier l'article 27 du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, et l'article 30 de la Convention de l'enfant, et la
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Déclaration des Nations unies de 1992 sur les minorités. Les principaux droits des minorités peuvent
être résumées comme suit :
Droit à la protection contre le fanatisme, la discrimination et la violence raciale.
Droit de jouir d’une protection égale sans préjudice de l’origine raciale ou ethnique.
Droit des minorités de jouir de leurs cultures, de pratiquer leur religion et de parler leur langue.
Droit de bénéficier des dispositions positives prises par l’État pour promouvoir la symbiose
raciale et les droits des minorités.
Droit de demander asile par crainte de l’oppression à cause de l’appartenance ethnique, raciale,
religieuse, sociale ou à cause de l’opinion politique.
Droit d’appel et de recours.
Nous allons aborder ces articles un à un et indiquer ce qui leur correspond parmi les textes fondateurs
de la Charia.
I- Droit des minorités à la protection contre le fanatisme, la discrimination et la violence
raciale.
Cet article porte sur la protection générale en raison, avant tout, de l’appartenance commune au genre
humain. A ce sujet, le Coran dit :
« Nous avons singulièrement avantagé les fils d’Adam, les avons transportés sur terre et sur mer, leur
avons procuré les meilleures nourritures et leur avons donné la prééminence sur nombres d’êtres créés
par nous ».
ALLAH, Le très haut, a créé les humains à partir d’une même origine ; en a fait des peuples et des tribus
afin qu’ils s’entre-connaissent et se rapprochent sur la base de la clémence, de la solidarité et de la
Justice. Il a fait d’eux des frères et leur a donné un droit égal en matière de vie, de peuplement de la
terre et d’exploitation des opportunités disponibles pour perpétuer l’existence du genre humain, sans
préjudice de leur couleur, ni de leur confession. Il s’agit ici d’une glorification générale, aussi bien pour la
majorité musulmane que pour la minorité non-musulmane. La glorification particulière est l’apanage de
ceux qui croient en DIEU et se soumettent à Sa Volonté :
« DIEU élèvera de plus d’un rang dans Sa Faveur ceux parmi vous qui croient et ceux qui auront reçu la
Science en don du Seigneur. DIEU connaît si bien ce que vous faites ». Coran.
Cette glorification particulière n’est pas en opposition avec l’égalité dans la glorification générale qui
s’étend à tous les humains. C’est une prédilection pour le croyant pieux, le musulman savant. Le non-
musulman jouit de la glorification générale du genre humain et des droits que lui garantit la Chari-a qui
se caractérise par la justice, l’égalité et la clémence.
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