Situation économique et financière des Pays

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AMBASSADE DE FRANCE AUX PAYS-BAS
SERVICE ÉCONOMIQUE DE LA HAYE
Le Conseiller Économique
Affaire suivie par : Hedzer Uulders
Revue par : Mathieu Kahn
La Haye, le 30 novembre 2016
NOTE
Objet : Situation économique et financière des Pays-Bas à l’automne 2016
La reprise de l’économie néerlandaise se confirme avec une prévision de croissance de 1,7%
du PIB en 2016 et 2017. Parallèlement la consolidation des finances publiques se poursuit.
Dans le contexte pré-électoral, le Gouvernement Rutte-Ascher présente les perspectives macroéconomiques favorables comme étant un résultat des efforts consentis depuis la crise de 2008
et a engagé un premier mouvement de redistribution.
1. Selon les dernières prévisions du Bureau d’analyse macro-économique CPB, la
croissance néerlandaise devrait atteindre 1,7% en 2016 et en 2017 (à un niveau légèrement
supérieur à la moyenne de la Zone euro selon le FMI). Entrée dans une nouvelle phase, elle
est portée non plus seulement, comme dans les années précédentes, par les exportations, mais
surtout par la demande intérieure. Celle-ci est favorisée par l’augmentation des revenus réels,
ainsi que par le redressement du marché immobilier. Les investissements des entreprises
contribuent fortement à la croissance (+5,0 % en 2016 et +3,8 % en 2017), de même que la
consommation des ménages qui devrait augmenter de 1,3% cette année et de 1,8% en 2017. Les
dépenses publiques contribuent de façon non négligeable à la croissance (avec +0,8 % en 2016
et +1,0% en 2017), alors que, tout comme la consommation des ménages, elle avait été très
faible, voire négative, sous l’effet des mesures de consolidation budgétaires.
La croissance devrait toutefois être pénalisée par deux facteurs. Sur le plan intérieur la
réduction du niveau de la production gazière néerlandaise (nécessaire afin de réduire le
risque de tremblement de terre au nord du pays) devrait peser à hauteur de 0,2% PIB l’année
prochaine. Sur le plan extérieur l’effet attendu du Brexit sur la consommation, les
investissements et le commerce mondial devrait représenter un manque à gagner de 0,4% PIB
en 2017 (en ligne avec les prévisions macro-économiques d’autres instituts). La forte activité
du marché immobilier, à l’origine d’un important endettement des ménages, constitue
également une source de fragilité.
Le chômage continue à diminuer et, après 6,9 % en 2015, devrait s’élever à 5,7 % en
septembre 2016, de même qu’en 2017. Phénomène traditionnel, cette réaction retardée du
marché de l’emploi à la reprise s’explique en partie par le manque d’emploi dans la fonction
publique et la santé, secteurs très touchés par les économies gouvernementales, ainsi que par
l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi dans un contexte économique plus
favorable.
Enfin, l’inflation (IHPC) sera nulle en 2016 et n’augmentera que de 0,5% l’année prochaine.
Par ailleurs, le CPB fait noter que, en raison d’une capacité de production encore sous-exploitée,
la pression sur les prix et salaires sera faible.
2. L’important effort de consolidation budgétaire entrepris par les Pays-Bas, la mise en
œuvre d’une série de réformes dans tous les domaines (marché immobilier, emploi, santé,
retraites…) et le retour de la croissance continuent à produire leurs effets positifs sur les
finances publiques néerlandaises. Les Pays-Bas sont sortis en 2013 de la procédure pour
déficit excessif, leur solde budgétaire respecte depuis les critères du Pacte de stabilité et de
croissance et diminue progressivement.
Selon les prévisions du CPB, le déficit devrait s’élever à 1,1 % du PIB en 2016 et descendre
à 0,7 % en 2017. Cette amélioration s’explique en grande partie par l’augmentation des recettes
fiscales, qui réussit à compenser également la perte des revenus gaziers.
Le niveau de la dette publique est considéré comme respectant le critère du pacte de
stabilité et de croissance (PSC), avec 63,3 % cette année et 61,8 % l’année prochaine, grâce
notamment à la croissance économique (effet dénominateur) et des « transactions financières »
(comme la privatisation d’ABN-AMRO et de l’assureur ASR et la vente de SNS Propertize).
Le CPB anticipe du reste un excédent budgétaire de 0,9 % en 2021 et une dette publique de 52
% à la même date, contribuant à rendre les finances publiques soutenables sur le long terme.
Il est à noter que le gouvernement néerlandais utilise en 2016 et en 2017, dans un contexte
pré-électoral, les marges budgétaires que lui consent le PSC pour soutenir la demande au
moyen d’un rétablissement du pouvoir d’achat. Cette politique de relance s’est traduite par
un allègement fiscal (notamment sur le travail) de 5 Md € en 2016 ainsi que, en 2017, par des
mesures fiscales (sous forme d’allocations sociales et d’avantages fiscaux) à hauteur de 1,1
Md€ et des dépenses supplémentaires de 1,5 Md €.
Cependant, le Conseil d’Etat juge que le gouvernement dispose de peu de marges
budgétaires au vu des exigences du Pacte de Stabilité et recommande une politique budgétaire
davantage restrictive. Cet avertissement intervient dans un contexte où le nouveau
gouvernement devra s’attaquer à trois dossiers à fortes implications budgétaires : la révision du
système de retraites, la rééquilibration du marché de l’emploi et la refonte du système fiscal.
Toutefois, les finances publiques des Pays-Bas restent dans une excellente situation au regard
de celle de leurs partenaires européens. Le ratio dette publique / PIB devrait se réduire de plus
d’1 point en 2017 et les Pays-Bas devraient être en 2017 proche de leur objectif budgétaire de
moyen-terme (située à -0,5 % du PIB). La Commission a ainsi considéré que les Pays-Bas sont
en conformité vis-à-vis des règles du Pacte.
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