Enseigner la prévention des risques professionnels Éclairage et vision Fiches principales EV 1 OBJECTIF : Identifier les caractéristiques physiques de la lumière et de l’environnement lumineux de travail PRÉ-REQUIS : Connaissance des unités du système international SOMMAIRE : Nature et sources de la lumière ; sensibilité de l’œil ; grandeurs physiques Nature et sources de la lumière La lumière est l’énergie radiante capable d’exciter la rétine et de produire une sensation visuelle. Elle fournit l’information visuelle sur l’environnement. Elle régule l’activité métabolique et les rythmes biologiques. La lumière constitue une partie infime du large spectre des rayonnements électromagnétiques. Distribués selon leur longueur d’ondes ou leur fréquence, ces rayonnements s’étendent des rayons cosmiques aux ondes hertziennes (voir fiche complémentaire B). La lumière se propage sous forme d’ondes, en ligne droite à environ 300 000 km/s dans le vide. Lorsqu’elle traverse un milieu transparent, sa vitesse diminue en fonction de l’indice de réfraction du milieu. La lumière correspond à la partie du spectre à laquelle les récepteurs visuels sont sensibles : le spectre visible. Les rayonnements lumineux visibles occupent un intervalle de longueur d’ondes de 380 à 770 nanomètres (nm*). 380 nm 410 470 520 570 610 670 770 nm UV violet bleu vert jaune orange rouge IR *un nm = 10 –9 m À chaque gamme de longueur d’ondes correspond une sensation colorée. La gamme de longueur d’ondes à laquelle l’œil est sensible s’étend du violet jusqu’au rouge. Les longueurs d’ondes plus courtes (ultraviolets) ou plus longues (infrarouges) sont invisibles. La lumière blanche correspond à la perception simultanée de l’ensemble des radiations du spectre visible dans un rapport donné. Lorsqu’une lumière blanche traverse un prisme, elle est décomposée en ses différentes composantes colorées, chacune d’elles ayant sa longueur d’ondes. La principale source de lumière naturelle est la lumière solaire. Les sources de lumière artificielle sont les lampes à incandescence, à fluorescence et à décharge (voir fiche EV 7). 1 Sensibilité de l’œil L’ œil a une sensibilité qui varie en fonction de la longueur d’ondes. La sensibilité maximum de l’œil se situe, en vision de jour, dans le jaune-vert pour une longueur d’ondes de 555 nm. En vision de nuit, cette sensibilité maximum se décale vers le bleu. Grandeurs physiques Les grandeurs physiques sont utilisées pour évaluer certaines caractéristiques physiques de la lumière déterminantes pour la sensation visuelle. Sur le terrain, les principales grandeurs mesurées par les ergonomes sont l’éclairement et la luminance. Flux lumineux Il caractérise la puissance lumineuse de la source rapportée à la sensibilité de l’œil, de façon à ne considérer qu’une puissance susceptible de provoquer la sensation visuelle. L’unité de mesure est le lumen (lm). Intensité lumineuse Elle caractérise l’importance du flux lumineux émis dans une direction donnée. L’unité de mesure est la candela (cd). Éclairement Il caractérise la puissance lumineuse qui atteint une surface (s) donnée. L’unité de mesure est le lux (lx). 1 lux = 1 lm/m2. 2 L’éclairement La mesure de l’éclairement permet de déterminer si la quantité de lumière qui parvient à l’objet est suffisante pour que celui-ci soit perçu. On utilise un luxmètre composé d’une cellule qui transforme le flux lumineux reçu en une grandeur électrique mesurable. Un luxmètre doit être équipé : • d’un filtre, placé entre la source et la cellule, qui corrige la courbe de réponse de l’appareil par la sensibilité spectrale de l’œil d’un observateur de référence, • d’un correcteur d’incidence qui permet de prendre en compte tous les rayons lumineux quelle que soit leur inclinaison. Luxmètre L’œil humain perçoit des objets soumis à des niveaux d’éclairement très variés : plein soleil, à midi au sol temps nuageux au sol pleine lune au sol 100 000 lx 2 000 à 10 000 lx 0,25 lx bureau 400 à 600 lx habitation 150 à 300 lx rue éclairée au sol 20 à 50 lx Luminance (L) Les capacités visuelles et le confort visuel ne sont pas affectés par le flux lumineux qui frappe la surface de travail, mais par la lumière qui parvient aux yeux de l’opérateur par l’intermédiaire de la zone ou de l’objet éclairé : cette lumière correspond à la luminance. 3 La luminance est le flux lumineux émis ou réfléchi par unité de surface dans une direction donnée. Cette notion ne s’applique donc pas seulement aux sources mais aussi à tous les objets qui renvoient une partie de la lumière qu’ils ont reçue. En matière d’éclairage, on considère principalement la luminance d’une source primaire (lampe ou luminaire), ou celle d’une source secondaire (surface éclairée qui réfléchit la lumière). L’unité de mesure est la candela/m2 (cd/m2). luminance L = I S cos α Calcul de la luminance La luminance se traduit par la sensation de luminosité ou de brillance. Quelques valeurs de luminances dans les bureaux : lampe fluorescente (65 W) surface des fenêtres 10 000 cd/m2 1 000 à 4 000 cd/m2 papier blanc sur une table (sous 300 lux) 70 à 80 cd/m2 surface de la table (sous 300 lux) 40 à 60 cd/m2 cadre de l’écran (brillant) cadre de l’écran (noir, mat) fond d’écran sombre 70 cd/m2 4 cd/m2 5 à 15 cd/m2 La mesure de la luminance permet d’évaluer les risques d’éblouissement (luminances trop importantes) et de gêne (rapports de luminances trop élevés). Pour mesurer la luminance d’une source lumineuse ou d’une surface qui réfléchit la lumière, on utilise un luminancemètre, constitué d’une cellule sensible à la lumière que lui envoie une partie limitée de la source ou de la surface réfléchissante dont on cherche à mesurer la luminance. Il doit être équipé : • d’un dispositif de visée permettant de pointer la zone à mesurer, • d’un filtre qui lui confère une réponse spectrale correspondante à celle de l’œil. Luminancemètre 4 Réflexion des surfaces Les mesures d’éclairement quantifient uniquement la quantité de lumière reçue par unité de surface. La lumière qui tombe sur une surface n’est vue qu’après réflexion ; l’œil humain ne perçoit généralement que la lumière réfléchie. L’impression visuelle ne dépend donc pas uniquement de la quantité de lumière produite mais également des propriétés de réflexion des surfaces. La réflexion constitue la propriété d’une surface qui lui permet de renvoyer une partie ou la totalité de la lumière qui l’éclaire. Des surfaces polies ou brillantes peuvent rendre une image exacte de la source lumineuse ou des objets, comme l’image réfléchie par un miroir. Si la surface est entièrement mate, la lumière réfléchie est diffusée. Si la surface est rugueuse, la réflexion est dispersée. Différentes sortes de réflexion des surfaces Le facteur de réflexion caractérise la capacité d’une surface à réfléchir la lumière qu’elle reçoit. Il est exprimé par le rapport entre le flux lumineux réfléchi par la surface et le flux lumineux reçu par cette surface. Son symbole est ρ. 5 Relation entre la luminance et l’éclairement d’une surface Lorsqu’une surface reçoit un certain éclairement, elle réfléchit de la lumière et présente ainsi une luminance. Si cette surface est mate et parfaitement diffusante, il existe une relation simple entre l’éclairement reçu et la luminance de la surface. Il s’agit de la loi de Lambert : ρE L= π L = luminance (apparente) de la surface en cd/m2 ρ = facteur de réflexion E = éclairement reçu en lm/m2 π = 3,14 Il existe cependant des moyens simples d’estimation des facteurs de réflexion sur le terrain par comparaison subjective de la surface de facteur de réflexion inconnu à une surface dont ce facteur est connu. Contraste C’est l’appréciation subjective de la différence d’apparence entre deux parties du champ visuel vues simultanément ou successivement. Il peut s’agir d’un contraste de couleur, d’un contraste de luminance, d’un contraste simultané ou successif. Du point de vue physique, le contraste de luminance entre deux plages lumineuses est généralement représenté par la formule : L – L1 C= 2 L1 Couleur Température de couleur (Tc) Elle permet de caractériser la teinte dominante d’une source lumineuse. Lorsqu’on observe une source de lumière – une lampe à incandescence ou un tube fluorescent – même si celle-ci apparaît blanche, elle présente une dominante : • plutôt jaune orangé pour une lampe à incandescence, • plutôt blanc bleuté pour certains tubes fluorescents. La température de couleur d’une source de lumière est la température à laquelle il faut porter un élément incandescent de référence pour qu’il émette une lumière de même teinte dominante que celle de la source considérée. L’unité de mesure est le Kelvin (K). Les appellations de sources chaudes ou froides correspondent à des températures de couleur bien définies : Tc ≤ 3 300 K 3 300 K < Tc ≤ 5 000 K Tc > 5 000 K teintes chaudes teintes intermédiaires teintes froides 6 Il existe une relation entre la température de couleur et l’éclairement qu’il convient de respecter pour que l’ambiance soit confortable. Diagramme de Kruithoff Indice de rendu des couleurs Même lorsque deux sources ont la même température de couleur, elles peuvent, en éclairant les mêmes objets, ne pas restituer les couleurs de la même façon. L’indice de rendu des couleurs (IRC) permet de caractériser la capacité d’une lumière à restituer fidèlement la couleur des objets qu’elle éclaire. L’IRC est un chiffre compris entre 1 et 100 qui traduit le degré de concordance entre l’aspect coloré d’un objet éclairé par une source donnée et l’aspect coloré de ce même objet éclairé par une source de référence de même température de couleur. L’indication de l’IRC d’une source doit toujours être accompagnée de la température de couleur. Exemple : lampe à incandescence de 60 W : Tc = 2800 K, IRC = 100. 7 Tableau récapitulatif des principales grandeurs physiques Grandeur flux lumineux Unité lumen (lm) Sens physique puissance lumineuse d’une source Exemples • lampe à incandescence 60 W : 740 lm • lampe à fluorescence 36 W : 2 500 à 3 450 lm • lampe sodium haute pression 400 W : 48 000 lm • lampe à halogénure 2 000 W = 200 000 lm intensité lumineuse candela (cd) flux lumineux émis par une source dans une direction donnée • réflecteur industriel à 2 lampes 36 W de 3 000 lm : 1 320 cd dans la direction principale • projecteur lampe incandescente halogène : 15 000 cd • projecteur lampe à halogénure 2 000 W : de 400 000 à 2 500 000 cd éclairement lux (lx) flux lumineux reçu par unité de surface éclairée • plein soleil : jusqu’à 100 000 lux au sol • près d’une fenêtre par temps couvert : 1 000 à 3 000 lux au sol • pleine lune, ciel clair : 0,25 lux au sol luminance température de couleur candela/m2 (cd/m2) Kelvin (K) intensité lumineuse émise par unité de surface de la source caractérisation de la teinte dominante d’une source lumineuse 8 • pleine lune : 2 500 cd/m • lampe fluorescente 36 W (∅ 26 mm) : 2 11 000 cd/m2 • filament lampe à incandescence 300 W : 8 000 000 cd/m2 • soleil : 1 000 000 000 cd/m2 • feuille papier blanc éclairée à 1 000 lux : 250 cd/m2 • chaussée de route éclairée : 1 à 2 cd/m2 • lampe à incandescence de 40 W : température de couleur de 2800 K (son aspect jaune orangé est caractéristique d’une teinte chaude) EV 2 OBJECTIF : Caractériser les mécanismes de la vision PRÉ-REQUIS : Aucun SOMMAIRE : Structure de l’œil ; fonctions optiques ; fonctions sensorielles ; fonctions motrices ; perception visuelle La perception du monde extérieur est un processus psychophysiologique auquel participent : • l’œil qui reçoit l’information, • le nerf optique qui la transmet, • le cerveau qui la traite, en relation avec d’autres informations présentes ou stockées en mémoire. Voir implique la succession d’opérations suivantes coordonnées par le système nerveux : • diriger les yeux vers l’objet, • réguler la quantité de lumière qui pénètre dans l’œil par l’ajustement du diaphragme pupillaire, • assurer la netteté d’objets vus à des distances différentes par l’ajustement de la courbure du cristallin, • projeter l’image de l’objet sur la partie la plus sensible de la rétine, • explorer les détails ou poursuivre les déplacements de l’objet. Structure de l’œil Anatomie de l’œil humain L’œil est comparable à un appareil photographique : les rayons lumineux traversent différents milieux transparents (comme les lentilles d’un appareil photographique) et viennent former une image sur la rétine (la partie sensible de l’œil, comparable à la pellicule photo). De là partent des impulsions électriques qui sont véhiculées par le nerf optique jusqu’au cerveau et qui y provoquent la sensation visuelle. De l’extérieur vers l’intérieur, le globe oculaire est composé de trois couches : 9 • la sclérotique : bandes fibreuses où s’insèrent les muscles qui commandent les mouvements oculaires. Sa partie avancée est transparente, c’est la cornée (une lentille convergente), • la choroïde : membrane qui assure l’irrigation sanguine de l’œil, • la rétine : membrane sensorielle de l’œil. Elle comporte deux zones particulières où la sensibilité est spécifique : – la fovéa : dépression (1,5 mm de diamètre) où la capacité de l’œil à distinguer les détails est maximale, – la tache aveugle : point de départ du nerf optique, insensible à la lumière. Fonctions optiques Les fonctions optiques de l’œil sont exercées par : • la cornée : lentille à courbure fixe qui confère à l’œil 70 % de sa puissance de réfraction, • le cristallin : lentille à courbure variable qui ajuste le pouvoir de réfraction de l’œil et focalise l’image sur la rétine, • l’iris : rôle de diaphragme qui limite la quantité de lumière pénètrant dans l’œil. L’accommodation est la capacité de l’œil à assurer la netteté de l’image d’un objet situé à : • 5 à 6 m pour la distance maximale, • 0,07 à 1 m pour la distance minimale. Le cristallin, en modifiant sa courbure, permet à l’image d’être perçue nettement. On mesure la capacité d’accommodation en déterminant le point le plus rapproché qui peut être vu nettement (PPA : Punctum Proximum d’Accommodation) ; il constitue la distance minimale de vision nette. Mécanisme de l’accomodation âge de l’opérateur 10 15 20 30 40 50 60 distance minimale d’accomodation en cm (PPA) 7 8 10 15 25 40 100 Influence de l’âge sur l’accommodation Le vieillissement entraîne une perte de l’élasticité du cristallin. 10 Fonctions sensorielles L’œil humain contient deux types de photorécepteurs : les cônes et les bâtonnets, qui constituent deux systèmes fonctionnels permettant à l’œil humain de percevoir les détails des objets dans une vaste gamme d’intensités de lumière et de couleurs. Cônes environ 6 millions Bâtonnets environ 120 millions vision diurne (vision photopique) vision nocturne (vision scotopique) détecteurs de lumière vision centrale 1 million dans la zone centrale densité minimale à la périphérie vision périphérique aucun dans la zone centrale densité maximale à la périphérie détection des détails image des objets plus floue vision des couleurs vision en noir et blanc Passage de l’influx nerveux sensitif des cônes et des bâtonnets vers le nerf optique Fonctions motrices Les fonctions motrices de l’œil sont assurées par : • les muscles qui ajustent le diamètre de la pupille et la courbure du cristallin, • les muscles fixés aux globes oculaires qui permettent d’explorer l’environnement, de diriger le regard vers un objet particulier, de le scruter et de suivre ses mouvements dans l’espace. Réflexe de fixation Tout objet mobile ou point lumineux apparaissant dans l’environnement visuel provoque un déplacement rapide du regard dans sa direction afin que l’image de l’objet ou du point lumineux soit amenée sur la fovéa. 11 Mouvements oculaires Un œil immobile ne voit pas. Pour qu’il voit, il doit être animé de mouvements plus ou moins rapides pour amener l’objet dans l’axe du regard ou le suivre dans ses déplacements. Vision binoculaire La vision binoculaire permet d’obtenir une image unique par synthèse des images reçues par les deux yeux. Elle améliore l’acuité visuelle et contribue à la vision du relief et à l’agrandissement du champ visuel (espace perçu en condition d’immobilité de la tête et des yeux). Perception visuelle La perception visuelle comporte la détection, l’identification et l’interprétation des messages transmis de la rétine au cerveau par l’intermédiaire du nerf optique. Représentation schématique du trajet de l’image perçue 12 EV 3 OBJECTIF : Définir les caractéristiques visuelles de l’individu PRÉ-REQUIS : EV 1, EV 2 SOMMAIRE : Acuité visuelle ; résistance à l’éblouissement ; vision des couleurs ; champ visuel ; perception visuelle ; modification des capacités avec l’âge Acuité visuelle C’est la capacité à distinguer les détails fins et les formes d’un objet ou à percevoir distinctement deux objets rapprochés. Plus le détail distingué est petit, plus l’acuité visuelle de l’individu est grande. Modification de l’acuité visuelle L’acuité visuelle n’est pas constante. Elle augmente dans certaines limites avec : • le niveau d’éclairement, mais un éclairement qui dépasse 1 000 lux n’influence plus l’acuité, • le contraste objet/fond, mais un contraste de luminance trop élevé peut provoquer un éblouissement gênant, • la netteté du détail, • la durée d’exposition du stimulus, il existe une durée optimale en fonction de la tâche visuelle (voir fiche EV 4 pour la définition de la tâche visuelle). Ces différents facteurs peuvent se compenser mutuellement : une augmentation de l’éclairement peut compenser la diminution de l’acuité visuelle, une augmentation du contraste peut compenser un faible niveau d’éclairement. L’acuité visuelle mesurée lors d’un examen ophtalmologique ne se retrouve pas forcément en conditions réelles de travail : l’ambiance lumineuse, les exigences visuelles de la tâche et l’état fonctionnel de l’opérateur peuvent être très différents. Certaines professions exigent une bonne acuité visuelle de loin (pilote, timonier, conducteur de véhicules de transport en commun...), d’autres exigent une bonne acuité visuelle de près (ajusteur, bijoutier, dessinateur, fraiseur, tourneur, lingère, stoppeuse...). 13 Vision normale et troubles de la vision Vision normale Troubles Vision de loin La myopie L’image se forme en avant de la rétine et le myope voit mal de loin. La correction se fait avec des verres concaves. Vision de près L’hypermétropie C’est le contraire de la myopie : l’image se forme en arrière de la rétine et l’hypermétrope voit mal de près. La correction se fait avec des verres convexes. L’astigmatisme se caractérise par une forme irrégulière de la cornée entraînant la focalisation des images lumineuses en deux points différents de l’œil, ce qui implique donc une déformation de l’image. La presbytie se traduit par la diminution de l’élasticité du cristallin lorsqu’il vieillit. Ce dernier est de moins en moins capable de modifier sa courbure. L’image des objets proches se forme derrière la rétine. Dans ces conditions, la vision de loin est conservée, mais pour voir de près (lecture, par exemple), il est nécessaire de porter des verres correcteurs biconvexes. Sensibilité au contraste C’est la capacité des récepteurs rétiniens à percevoir les différences de luminance. Cette fonction est absolument nécessaire pour la perception des contours et des formes. En effet, l’œil perçoit la forme d’un objet parce que ses bords se détachent du fond ; le contour de l’objet apparaît alors comme une différence perceptible entre la luminance de l’objet et celle de la zone qui l’entoure. 14 La sensibilité au contraste augmente avec la luminance de l’environnement et avec la taille des objets (ou des détails). Elle est un indice pertinent de fonctionnement du système visuel et c’est une aptitude exigée pour certaines activités professionnelles, telles que l’inspection et le contrôle de produits. Résolution temporelle C’est la capacité à répondre à des stimulations uniques de courte durée ou à des stimulations répétitives. Le système visuel répond non seulement au contraste dans l’espace, mais aussi dans le temps, à cause du mouvement de la cible sur la rétine, soit parce que les yeux changent de position, soit parce que l’objet se déplace. La connaissance de cette propriété de l’œil est importante pour la qualité de l’éclairage. La fréquence de décharge des tubes fluorescents ou celle du balayage vertical du faisceau d’électrons des écrans de visualisation peut être perçue et être gênante si elle est trop faible. Résistance à l’éblouissement Cette résistance se manifeste par la rapidité de récupération des capacités visuelles après une courte exposition à une luminance excessive. Un excès de luminance dans le champ visuel provoque un éblouissement. Il peut être produit directement par une source lumineuse, ou indirectement par les réflexions de la lumière sur des surfaces qui se comportent comme un miroir. L’éblouissement s’accompagne d’un affaiblissement des fonctions visuelles (diminution de l’acuité visuelle, de la vision des couleurs et du relief, rétrécissement du champ visuel...) suivi d’un temps de récupération plus ou moins prolongé selon les individus et selon leur âge (exemple : la conduite de nuit est plus difficile à cause de l’allongement du temps de récupération). L’adaptation se traduit par des modifications de la sensibilité du système visuel aux variations d’intensité de la lumière. L’œil humain peut traiter l’information visuelle dans une grande gamme de luminances grâce à la capacité du système visuel à s’adapter aux variations d’intensité de la lumière ambiante. Adaptation à l’obscurité C’est un processus lent d’augmentation de la sensibilité de la rétine. Après 25 minutes, l’œil s’est adapté à 80 %. L’adaptation complète nécessite presque une heure. Adaptation à la lumière L’adaptation à la lumière est un processus plus rapide que l’adaptation à l’obscurité. Par opposition à l’adaptation à l’obscurité, elle se manifeste par une diminution de la sensibilité de la rétine aux stimuli visuels. 15 Le passage brusque de l’obscurité à la lumière, un excès de luminance dans le champ visuel, des projecteurs ou des phares et des points lumineux dans l’espace visuel provoquent un éblouissement. Rôle de la pupille La quantité de lumière qui pénètre dans l’œil dépend de l’ouverture du diaphragme pupillaire. Ainsi, le passage brusque de l’obscurité à la lumière déclenche la constriction réflexe de l’iris ; la transition d’un environnement éclairé à l’obscurité provoque une dilatation réflexe de l’iris. Le diamètre de la pupille varie en fonction de l’intensité de la lumière mais aussi avec l’état du sujet. Si le diamètre de la pupille augmente en situations émotionnelles, en état de stress et avec la charge mentale, il diminue en revanche avec la fatigue, la somnolence et dans la vision de près. Une bonne résistance à l’éblouissement est exigée chez les routiers, pompiers, conducteurs de grue à tour et engins de chantier, acteurs (de théâtre, de cinéma, de T.V.), forgerons... Visions des couleurs L’œil humain est sensible non seulement aux différentes intensités des rayonnements lumineux, mais également aux différentes longueurs d’ondes, donc aux différentes couleurs. Dans la perception de la lumière, trois caractéristiques fondamentales peuvent être distinguées : • la luminance qui varie de l’obscurité jusqu’à une forte lumière, • les différentes composantes colorées de la lumière qui vont du violet au rouge en passant par le bleu, le vert, le jaune et l’orange, • la saturation qui traduit le fait que les couleurs sont pures ou « délavées ». Le principe de la vision des couleurs est appelé trichromatisme : c’est la composition des trois couleurs fondamentales, le rouge, le jaune et le bleu qui permet de reconstituer toutes les nuances colorées. La vision des couleurs varie selon l’état d’adaptation de l’œil et la localisation de la cible dans le champ visuel. Les dyschromatopsies sont des incapacités à distinguer les couleurs. La plus fréquente est le daltonisme, d’origine congénitale, qui se manifeste dans l’axe vert-rouge. Exemples de postes et de disciplines qui exigent une bonne vision des couleurs : contrôle d’images couleur à la télévision, contrôle de mélange de colorants (teinture, peinture), restauration de tableaux, lithographie, cartographie, photo couleur, éclairagisme, philatélie, opération de tri, électronique, conception assistée par ordinateur (CAO), biologie, chimie, histologie, anatomopathologie, dermatologie. 16 Champ visuel Le champ visuel de chaque œil s’étend du point central de fixation jusqu’à 90° du côté externe (temporal), 60° interne (nasal), 70° inférieur et 50° supérieur. En vision binoculaire, il existe un recouvrement partiel des deux champs dans la partie centrale. Le champ visuel binoculaire a un diamètre angulaire d’environ 180° horizontalement et d’environ 120° verticalement. Champ visuel binoculaire L’acuité visuelle, la sensibilité au contraste et la reconnaissance des couleurs décroissent du centre vers la périphérie du champ visuel. Ainsi, le champ visuel comporte : • une zone de vision distincte et nette qui s’étend du point de fixation à une zone interceptée par un angle de 1° (angle de vision), • une zone moyenne (angle de vision de 1° à 40°) où les objets ne sont pas nets mais sont remarqués lorsqu’ils sont très contrastés, • une zone externe (angle de vision de 40° à 70°) où l’œil ne distingue que les objets en mouvement. Les limites du champ visuel peuvent diminuer avec l’âge, l’opacité partielle du cristallin, le port de lunettes (lunettes de protection, verres teintés, verres correcteurs de grande puissance, montures larges), la prise de boissons alcoolisées, etc. L’intégrité du champ visuel est indispensable dans certaines professions, telles que conducteurs d’engins de transport, de ponts roulants, de chariots élévateurs, de grues et de bulldozers. Elle est également nécessaire dans les activités de surveillance et les travaux dangereux. II existe de grandes différences entre le champ visuel tel qu’il est mesuré en ophtalmologie et le champ visuel fonctionnel car : • le travailleur utilise ses deux yeux simultanément, • le regard et la tête ne sont pas immobiles, • l’objet qui doit être perçu est une structure complexe, • le fond sur lequel l’objet se détache est plus ou moins structuré, • les effets de l’attention, de la fatigue, de l’apprentissage interviennent toujours dans un travail qui se prolonge des heures sans interruption. 17 Perception visuelle La perception des objets et de leurs particularités physiques dépend à la fois de l’environnement lumineux, du contexte et de l’expérience individuelle. La perception nette d’un objet est conditionnée par : • l’angle de vision (les dimensions de l’objet par rapport à sa distance de l’œil) : plus l’objet est près de l’œil, plus grands sont l’angle de vision et son image sur la rétine, plus nettement est perçu l’objet, • la luminance de l’objet, • le contraste de luminance entre l’objet et le fond, • les capacités visuelles du sujet. La vitesse de perception (durée minimale de présentation d’un signal pour qu’il soit perçu) varie en fonction : • du niveau d’éclairement, • du contraste de luminance entre la cible et l’environnement. Une perception rapide est exigée dans certaines professions (pilote d’avions, par exemple) ; la performance dans des tâches de lecture est également conditionnée par la vitesse de perception. Modification des capacités visuelles avec l’âge Lorsque l’œil vieillit, sa structure et son fonctionnement se modifient et sa sensibilité à l’environnement visuel se détériore progressivement. Accommodation Le pouvoir d’accommodation diminue avec l’âge ; le cristallin s’épaissit, son indice de réfraction diminue et il devient de plus en plus rigide (presbytie). Acuité visuelle Chez une personne ayant une vue normale, l’acuité visuelle baisse d’environ 25 % entre 20 et 60 ans. Les personnes âgées ont besoin d’un niveau d’éclairement plus élevé, d’un contraste plus fort et d’une durée de présentation du stimulus plus longue. Résistance à l’éblouissement La résistance à l’éblouissement diminue et les effets perturbateurs de l’éblouissement sont plus marqués. Ainsi, la conduite de nuit est plus difficile à cause de l’allongement du temps de récupération. Champ visuel et perception de l’espace Le champ visuel se rétrécit. De plus, le ralentissement et la limitation des mouvements des yeux et de la tête limitent la perception de l’espace. 18 Les modifications dues à l’âge sont particulièrement prononcées dans des conditions de faible éclairage ; la performance visuelle peut alors être améliorée par l’augmentation de l’éclairement et du contraste, surtout pour des tâches qui n’exigent pas trop de précision et de rapidité. Mais en vieillissant, les personnes sont particulièrement gênées lorsqu’elles travaillent dans une ambiance sombre (travail nocturne à l’extérieur, travail en chambre noire) ou lorsque la tâche exige une discrimination des détails fins et des couleurs. La diminution des aptitudes visuelles avec l’âge constitue un handicap pour les opérateurs. Néanmoins, ces insuffisances sont le plus souvent compensées par un surplus d’expérience et de prudence. 19 EV 4 OBJECTIF : Définir les principales notions de l’ergonomie visuelle PRÉ-REQUIS : EV 1 SOMMAIRE : Tâche visuelle ; vision au travail ; satisfaction et confort visuels Tâche visuelle Pour se déplacer et effectuer ses activités en sécurité, aisément et efficacement, l’opérateur doit recevoir et traiter des informations visuelles de la zone où il exerce son activité et de son environnement. La tâche visuelle représente l’ensemble des actions effectuées par le système visuel pour recevoir et traiter les informations nécessaires à l’activité 1. La zone où s’exerce la tâche visuelle est l’espace physique où se situent les objets et les formes à percevoir. Il faut distinguer la tâche visuelle de la tâche globale de l’opérateur. Plus de 80 % des messages parviennent par voie visuelle. L’exécution du travail et la perception de l’environnement se font sous le contrôle de la vue. Voir, c’est : • percevoir l’image des objets environnants par l’intermédiaire de l’œil, • reconnaître l’objet et comprendre sa signification, • utiliser les informations visuelles pour accomplir une activité. Pour décrire la tâche visuelle, il faut se référer à la fois aux objets et au fond sur lequel ils se détachent, en termes de dimensions, couleurs, mouvements dans le champ visuel, luminance, contraste… Cette sollicitation des fonctions visuelles s’est encore accrue avec le développement de l’automatisation et de l’informatisation. Ce que l’opérateur n’effectue plus directement lui-même doit être contrôlé, surveillé et inspecté. Les défauts et les erreurs doivent être détectés. Ces nouvelles tâches sont en priorité visuelles. (1) Cependant, dans certains documents, le terme tâche visuelle désigne de façon conventionnelle les objets et les détails qui doivent être vus pour exercer une certaine activité. 20 Vision au travail La vision dépend de la lumière qui rend les objets visibles. L’éclairage doit donc concevoir et assurer un environnement lumineux adapté aux exigences de la tâche et aux aptitudes visuelles de l’opérateur pour lui permettre de travailler dans des conditions de sécurité, de confort et d’efficacité. Caractéristiques visuelles de l’opérateur • acuité visuelle • adaptation • perception du relief • perception des couleurs • perception des mouvements Caractéristiques de la tâche visuelle • percevoir les objets de dimensions minimales données • accomoder à des distances imposées par le poste de travail • explorer des surfaces de nature imposée (lisse, rugueuse) • percevoir des objets en mouvement • percevoir des objets dont le temps de présentation est imposé • reconnaître et comparer les couleurs Vision au travail Caractéristiques de l’environnement lumineux • niveaux d’éclairement • luminances • rapports de luminances • températures de couleur • indice de rendu des couleurs et spatial dimensions • • contraintes Un des objectifs de l’ergonomie est de prévenir un effort superflu et improductif en adaptant l’activité professionnelle au travailleur, de sorte que ses capacités soient convenablement et efficacement utilisées. Dans le contexte éclairage-vision, le but de l’ergonomie visuelle est d’adapter l’environnement lumineux aux capacités visuelles de l’opérateur humain et à la tâche, et d’épargner un effort inutile au système visuel. Une ambiance lumineuse inadéquate constitue une source de fatigue et d’inconfort visuel au travail avec des conséquences sur la sécurité, la santé et l’efficacité. Si l’éclairage est inadapté, l’opérateur doit faire un effort accru pour accomplir sa tâche et sa charge de travail s’en trouve augmentée. Une mauvaise distribution de la lumière peut également engendrer des effets indirects, tels que les postures inconfortables adoptées pour y remédier, et peut provoquer des accidents lorsque les obstacles ne sont pas perçus. On définit les fonctions d’un bon éclairage en termes de conditions nécessaires à une bonne visibilité et à l’exécution de la tâche visuelle. 21 Satisfaction et confort visuels La satisfaction visuelle est l’acceptabilité de l’environnement lumineux réel par l’usager. Elle dépend : • du caractère agréable de l’environnement lumineux (lorsque l’opérateur est concentré sur la tâche et qu’il regarde ailleurs pour se relaxer), • des préférences individuelles (un environnement lumineux peut être préféré même s’il n’est pas toujours confortable, c’est le cas dans le choix d’un éclairage naturel, par exemple). Le confort visuel est l’appréciation subjective d’un environnement. Le niveau d’éclairement et le contraste entre détail et fond sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes, pour le confort visuel. En effet, le confort visuel dépend de la qualité de l’éclairage, de la distribution de la lumière sur toutes les surfaces présentes dans le champ visuel de l’opérateur et des capacités visuelles de ce dernier : • uniformité relative de l’éclairement, • équilibre des luminances, • finitions adéquates des surfaces, • suppression des réflexions indésirables. Les facteurs qui influencent l’efficacité et le confort visuel sont : • l’éclairement de la zone de travail et des zones de déplacement ou de mouvement. • l’équilibre des luminances : on préconise, en règle générale, d’éclairer au maximum la zone centrale du champ visuel et de décroître progressivement les luminances vers la périphérie. • l’absence d’éblouissement : lorsque la luminance d’une partie du champ visuel est plus élevée que la luminance moyenne à laquelle le système visuel est adapté, l’excès de lumière peut provoquer un éblouissement. Il constitue un facteur de risque pour la sécurité et il peut également diminuer l’efficacité de l’opérateur. • la couleur : la perception des couleurs n’est pas la même en lumière naturelle et sous certains types d’éclairage. De même, lorsque la luminance est très faible, la vision des couleurs diminue et toutes les couleurs sont perçues comme des nuances de gris. • les capacités visuelles de l’opérateur : l’exécution d’une tâche visuelle dépend surtout de la capacité de l’œil à localiser l’objet dans le champ visuel, à distinguer les différences de luminance entre l’objet et le fond et à percevoir les détails fins des objets. L’acuité visuelle, la vision des couleurs et du relief et le champ visuel diffèrent d’un individu à l’autre et, chez une même personne, selon son âge, son état de santé, son niveau de vigilance et/ou de fatigue, et ses rythmes biologiques. Dans un environnement de travail donné et pour une personne donnée, certains objets sont facilement et rapidement visibles, d’autres exigent un effort important pour être vus, d’autres encore restent invisibles. 22 EV 5 OBJECTIF : Définir les exigences de la tâche visuelle PRÉ-REQUIS : EV 4 SOMMAIRE : Visibilité ; performance visuelle Visibilité La visibilité est le degré de facilité avec lequel le détail critique est détecté et reconnu. La visibilité du détail critique dépend des facteurs suivants : • dimensions du détail à distinguer, • forme du détail, • temps d’observation disponible, • luminance du détail, • luminance d’adaptation, • contraste de luminance entre le détail et le fond, • contraste chromatique, • position du détail dans le champ visuel. Les facteurs qui influencent la visibilité en général sont : • l’éclairement de la zone de travail et des zones de déplacement ou de mouvement : – le niveau d’éclairement doit se situer entre certaines limites (de 200 à 2 000 lux). Une augmentation du niveau de l’éclairement améliore la visibilité, la vitesse et la précision d’exécution d’une tâche visuelle. – l’orientation de la source : un éclairement horizontal du plan de travail est généralement suffisant lorsqu’il existe peu d’obstacles à l’éclairage et un coefficient de réflexion des surfaces élevé. Mais si les tâches prédominantes s’effectuent dans un plan vertical ou si un obstacle perturbe l’éclairage, il faut orienter l’éclairement en conséquence. • le contraste de luminance. Performance visuelle La performance visuelle est la précision et la rapidité d’exécution d’une tâche visuelle qui dépendent : • des caractéristiques de l’objet (forme et dimensions du détail à distinguer), • de l’environnement lumineux (contraste de luminance entre l’objet et le fond, niveau de luminance du fond), • du temps utile pour voir. En éclairagisme, le terme performance visuelle constitue un système de référence pour des recommandations du niveau et des rapports d’éclairement lors de l’installation d’un système d’éclairage. 23 EV 6 OBJECTIF : Caractériser les différents types de tâches par domaine d’activités PRÉ-REQUIS : EV 4 SOMMAIRE : Activités techniques et industrielles ; activités de bureau Activités techniques et industrielles Les activités dans l’industrie imposent une multitude de tâches visuelles qui doivent être exécutées dans une grande variété de situations. Le tableau ci-contre présente une classification basée sur les caractéristiques de la zone où s’exerce la tâche visuelle. On peut trouver dans cette zone des objets ayant des dimensions et des formes très variées. Les objets manipulés peuvent être opaques, transparents ou translucides, disposés sur une surface où la réflexion de la lumière est spéculaire ou diffuse ; ils peuvent être fixes ou mobiles... Ainsi, sur une foreuse, la tâche visuelle consiste à distinguer la marque du poinçon sur le métal. En fonction de la couleur du métal, de la profondeur du coup de poinçon, du niveau d’éclairement et de l’incidence de la lumière, cette tâche visuelle sera plus ou moins contraignante pour l’opérateur. 24 Caractéristiques des matériaux dans la zone où s’exerce la tâche visuelle détail et fond diffus Exemples Conditions pour que s’exerce correctement la tâche visuelle • correction d’épreuves (journaux) • visibilité élevée et confort • rayure, cassure • détection aisée des discontinuités et de détail à faible contraste salissure sur pièces • • surface inégale, déformée, bosse, creux détail et fond spéculaires • • inspection de la finition d’un rayure, gravure, poinçon revêtement matériaux opaques surfaces spéculaires et diffuses combinées • repérage des inégalités de surface, des déformations ou des discontinuités • création d’un contraste évident • bosse sur argenterie entre l’entaille et la surface spéculaire • encre luisante ou marque au crayon sur papier ordinaire • production d’un maximum de • • gradation micrométrique • création de réflexions brillantes poinçon, marque sur métal sur une échelle d’acier • marque de cire sur contraste sans voile de réflexion des détails • création d’une luminance uniforme une carrosserie d’automobile surface diffuse matériaux translucides • verre dépoli, gravé, plastique, tissu • ombre de la lampe • visibilité maximale des détails (surface et structure des matériaux) surface spéculaire • rayure sur verre opale ou plastique • détection aisée des imperfections des matériaux • globe de verre matériaux transparents surface transparente matériaux fond diffus transparents sur matériaux opaques fond spéculaire • plateau de verre • bouteille, article de verre, vide ou rempli de liquide clair • outillage • dessus de table verni • miroir 25 • visibilité des détails internes (exemple : bulles) ou externes (exemple : rayures) des matériaux • détection aisée des irrégularités de surface, fissures, éclats, corps étrangers • visibilité maximale du détail Activités de bureau Bureaux traditionnels En termes d’exigences visuelles de la tâche, la plupart des activités de bureau comportent des tâches perceptives. Il s’agit surtout de la lecture de documents présentés dans un plan horizontal. La visibilité des textes imprimés ou manuscrits est souvent mauvaise (manque de contraste, caractères de petite taille ou illisibles...) et il est souhaitable, avant toute intervention sur l’éclairage, d’améliorer la qualité typographique des documents pour alléger la charge visuelle des opérateurs. Les aspects quantitatifs indispensables à une performance visuelle sont : • la luminance de la zone où s’exerce la tâche visuelle, • les dimensions du détail, • le contraste entre le détail et le fond, • le temps de perception disponible. Les aspects qualitatifs (facteurs de confort visuel) sont : • l’adaptation transitoire (modification rapide de sensibilité de la rétine) exigée lors des variations de luminance dans l’environnement proche ou plus éloigné, • l’éblouissement gênant provenant des luminaires ou de la lumière du jour, • les réflexions spéculaires ou diffuses apparaissant dans le détail ou le fond de la tâche. Bureaux avec écrans de visualisation La plupart des bureaux actuels sont pourvus d’ordinateurs à écran de visualisation. L’espace de travail comprend soit exclusivement des postes équipés d’écrans, soit des bureaux où coexistent des postes avec et sans écrans. En ce qui concerne l’éclairage des bureaux informatisés, il est nécessaire de savoir comment l’écran va être utilisé, quel type d’image va être affiché et quelles sont les relations spatiales entre l’opérateur, l’écran et le document source d’une part, et l’environnement proche ou plus éloigné, d’autre part. Étant donné la diversité des opérations que comporte l’utilisation des écrans de visualisation, toute intervention sur l’éclairage est subordonnée aux exigences visuelles de la tâche. Les tâches informatisées comprennent : • la saisie de données : transférer des informations contenues dans le document source (chèques, fiches, tableaux) dans la mémoire de l’ordinateur à l’aide du clavier, et contrôler les entrées affichées sur l’écran (exemple : gestion de dossiers et de produits). • l’acquisition de données : recherche des informations stockées dans la mémoire de l’ordinateur, appel des données à l’écran, consultation et mise à jour de fichiers (exemples : opérateurs téléphoniques, consultation de banques de données). • la communication interactive (dialogue) : entrée et acquisition de données (exemples : réservations, commandes). 26 • le traitement de texte : saisie de textes, rappel, recherche de mots, correction, formatage pour l’impression (exemples : secrétariat, rédaction d’articles, d’ouvrages). • les tâches créatives : elles concernent des professionnels (ingénieurs, informaticiens) qui développent des programmes ou exploitent des logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO), de dessin assisté par ordinateur (DAO), de fabrication assistée par ordinateur (FAO)... L’écran peut être utilisé en exclusivité, de façon sporadique, ou en association avec la lecture des documents situés à proximité de l’écran. 27 EV 7 OBJECTIF : Caractériser les types et les systèmes d’éclairage artificiel PRÉ-REQUIS : EV 1 SOMMAIRE : Types de production ; modes de transmission Il existe deux types d’éclairage : • l’éclairage naturel qui est celui de la lumière solaire. Il constitue le stimulus auquel l’œil s’est adapté « naturellement » au cours du développement humain, • l’éclairage artificiel qui est fourni par les lampes et les luminaires. Types de production Les lampes sont des sources qui convertissent l’énergie électrique en lumière. Les luminaires sont des appareils d’éclairage qui modifient la distribution lumineuse et la luminance des lampes. Un luminaire est constitué ; • d’un système optique : une ou plusieurs lampes et des dispositifs qui diminuent la luminance et modifient la direction des rayons lumineux par réflexion, réfraction et diffusion, • d’un appareillage mécanique : des dispositifs de protection des lampes et des accessoires, • d’un appareillage électrique : des dispositifs auxiliaires d’allumage (amorceur, starter), d’alimentation (ballast, transformateur, condensateur) et de raccordement au réseau d’alimentation électrique. Caractéristiques des lampes Chaque type de lampe se différencie selon les caractéristiques suivantes : • le flux lumineux exprimé en lumen, • la puissance électrique exprimée en watt, • l’efficacité lumineuse exprimée en lumen par watt (c’est un critère de choix important pour l’évaluation du coût d’exploitation d’une installation d’éclairage. En effet, le coût énergétique peut être réduit en utilisant des lampes à haute efficacité lumineuse), • la durée de vie, • la température de couleur, • l’indice de rendu des couleurs (des lampes de même couleur apparente peuvent fournir des rendus de couleurs très différents), • la forme de la lampe, • le culot, • la tension, • le type de verre et sa couleur. 28 Au cours des dix dernières années, l’évolution des sources lumineuses s’est manifestée par : • une plus grande efficacité lumineuse, • une meilleure qualité de la lumière, • une plus longue durée de vie des lampes, • des dimensions réduites pour les lampes. Différentes familles de lampes Lampes à incandescence Elles sont constituées d’une ampoule de verre renfermant un filament en tungstène porté à l’incandescence par le passage d’un courant électrique qui produit un effet thermique important. L’ampoule des lampes ordinaires est remplie d’un gaz inerte (argon, krypton, xénon). Les lampes aux halogènes contiennent en plus une faible proportion d’un halogène (iode, brome, fluor) ou d’un composé halogéné qui ralentit l’usure du filament. Lampes fluorescentes Elles sont constituées d’un tube de verre dont la face interne est revêtue d’une couche de substances fluorescentes. Le tube est rempli d’un gaz rare sous faible pression. Les substances fluorescentes sont excitées par le rayonnement ultraviolet produit lors du passage du courant électrique dans la colonne gazeuse. Lampes à décharge Elles sont constituées d’un tube de verre ou de quartz contenant une ou plusieurs vapeurs métalliques (sodium ou mercure) et du gaz rare. Lampes à induction L’éclairage par induction associe pour la première fois deux techniques connues : l’induction électromagnétique et la décharge dans un gaz. Ces lampes sont constituées d’une ampoule de verre renfermant une antenne en férite alimentée par un courant de très haute fréquence. L’antenne rayonne dans un champ d’induction magnétique variable. Les vapeurs métalliques sont conductrices et deviennent donc le siège de courant induit. La luminescence prend donc naissance. Une poudre fluorescente décale la lumière émise dans le spectre visible. De par l’absence de filament, la durée de vie de cette lampe est particulièrement longue. 29 Modes de transmission Selon la disposition par rapport à la tâche L’éclairage général est un éclairement uniforme sur toute la zone de travail (luminaires disposés de façon régulière). L’éclairage localisé propose des niveaux d’éclairement différents selon la zone de travail. L’éclairage local (éclairage d’appoint) offre une source de lumière fixée à proximité de la zone réelle de travail (lampes portables ou appliques murales, spots lumineux). 30 Selon la quantité de lumière diffusée vers le plan de travail En éclairage direct, la totalité du flux est dirigée sur le plan de travail. En éclairage général diffus (mixte), la totalité du flux est dirigée dans toutes les directions. En éclairage indirect, la totalité du flux est dirigée à l’opposé du plan de travail. 31 EV 8 OBJECTIF : Identifier les phénomènes dangereux, situations dangereuses et événements déclencheurs PRÉ-REQUIS : EV 1, EV 2, EV 3, EV 4, EV 7 SOMMAIRE : Grille d’identification et d’estimation du risque ; informations complémentaires Grille d’identification et d’estimation du risque IDENTIFIER les phénomènes dangereux (cause capable de provoquer une lésion ou une atteinte à la santé) les situations dangereuses (toute situation dans laquelle une personne est exposée à un ou à plusieurs risques/phénomènes dangereux) • exposition de l’opérateur • ultraviolet au rayonnement • rayonnements optiques • infrarouge • excès de luminance • environnement lumineux • exposition de l’opérateur à un excès de luminance • insuffisance d’éclairement • exposition de l’opérateur à une insuffisance d’éclairement • éclairage de pièces en mouvement par des lampes autres qu’à incandescence 32 • travail de l’opérateur sur pièces en mouvement en éclairage fluorescent, à décharge ou à induction ESTIMER les événements déclencheurs (événement susceptible de causer un dommage) les dommages (lésion physique et/ou atteinte à la santé ou aux biens) • temps d’exposition trop long • distance trop courte entre l’opérateur et • sur la peau, brûlures • sur l’œil, kératoconjonctivite (inflammation de la conjonctive et de la cornée) • brûlures • atteinte à la rétine la source • filtre U.V. déplacé ou détérioré, ou absence de protection oculaire • absence de protection oculaire • passage brusque vers une zone sombre • posture contraignante d’évitement à • brûlures • fatigue visuelle • traumatisme • troubles musculosquelettiques • absence de visibilité et de contraste • passage vers une zone éclairée • posture contraignante par réduction de • fatigue visuelle • troubles musculosquelettiques • effet stroboscopique • papillonnement • fatigue visuelle • traumatisme • détérioration de matériels l’orientation de la source la distance entre l’œil et la tâche • durée d’exposition trop longue 33 Informations complémentaires : identifier les risques Risques liés aux rayonnements optiques Ils sont dus : • à l’utilisation des lampes tungstène-halogènes. Elles sont utilisées pour la projection, les studios de télévision et le théâtre. Ces lampes opèrent à haute température, elles peuvent donc émettre une quantité significative de rayonnement UV qui peut être nocif si l’exposition est de longue durée et si la distance entre la lampe et l’utilisateur est courte (1 à 2 m). De telles lampes sont utilisées dans les habitations. En conditions normales, il n’existe pas d’effet nocif, sauf si l’exposition se prolonge et si les filtres protecteurs sont déplacés accidentellement ou délibérément. • à l’utilisation des lampes à vapeur de mercure. Les lampes à vapeur de mercure avec décharge à haute pression sont utilisées pour l’éclairage général industriel et commercial, pour les rues et les projecteurs. Généralement, elles ont un tube interne de décharge et une ampoule extérieure en verre. L’ampoule externe absorbe la plupart du rayonnement UV résiduel qui n’a pas été absorbé par le tube interne. Mais s’il se casse, des niveaux élevés et nocifs de rayonnement UV peuvent être émis. Il ne faut donc pas utiliser les lampes endommagées. Les versions fluorescentes de ce type de lampe présentent le même risque. • à l’utilisation des postes à souder à l’arc ou des lampes à arc en l’absence de protection oculaire (UV et IR). • au rayonnement UV solaire réfléchi par le sable ou par la neige. Risques liés à l’environnement lumineux Phénomènes dangereux Ils sont liés à : • un faible éclairement qui diminue la lisibilité des documents, • un éclairement non uniforme du plan de travail qui demande un effort accru pour détecter les erreurs lors des tâches d’inspection, • des rapports de luminance excessifs dans le champ visuel qui rendent difficile la lecture sur écran ou documents. Situations dangereuses Lorsque l’image d’un luminaire ou d’une autre source de lumière se reflète dans la zone où s’exerce la tâche visuelle, le contraste entre le détail et le fond diminue. Cet effet est appelé voile de réflexion parce que les réflexions de la source apparaissent comme un voile sur la zone où s’exerce la tâche visuelle. Deux facteurs contribuent à la diminution du contraste : • la position de l’opérateur : lorsque la position de l’œil est telle que les rayons lumineux sont reflétés vers lui, des réflexions de voile apparaissent. Plus l’angle de vision augmente, plus les effets de miroir d’une tâche réfléchissante augmentent : – si l’opérateur est proche du mur et regarde vers le centre de la pièce, toute la zone du plafond constitue une « zone gênante » potentielle, – s’il est au centre de la pièce, le plafond peut constituer une zone gênante en fonction de l’angle de vision, 34 – s’il est face au mur, les réflexions sont minimes mais, pour des raisons psychologiques, cette position n’est pas recommandée. • le système d’éclairage : la plus mauvaise condition de visibilité est celle où une source lumineuse intense et ponctuelle est orientée vers la zone où s’exerce la tâche visuelle. Une autre situation inconfortable survient lorsque les ombres interfèrent avec l’activité (écriture, par exemple). L’opérateur peut éviter les réflexions de voile en inclinant le plan de la zone où s’exerce la tâche visuelle. Lorsqu’un dôme de lumière éclaire verticalement la zone où s’exerce la tâche visuelle, les réflexions de voile sont réduites mais pas éliminées car une aire lumineuse peut persister dans la « zone gênante ». Événements déclencheurs L’éblouissement direct est provoqué par la luminance excessive propre aux sources lumineuses (lampes, luminaires, fenêtres). L’éblouissement indirect ou par réflexion est provoqué par les luminances réfléchies par des surfaces qui se comportent comme un miroir (dessus de table, parties brillantes des machines, écran de visualisation). À l’intérieur, la cause la plus fréquente d’éblouissement est une protection insuffisante des sources de lumière. 35 Informations complémentaires : estimer les dommages Dommages dus aux rayonnements optiques1 Des effets traumatisants sont observés surtout lorsque les victimes ne portent pas de moyen de protection. Sur la peau ultraviolet rayonnement visible • érythème solaire • vieillissement • photosensibilité infrarouge • brûlure médicamenteuse prématuré • cancer de la peau Sur l’œil La lumière passe par la cornée, l’humeur aqueuse, le cristallin puis le corps vitré pour atteindre la rétine, qui est vulnérable aux rayonnements de 400 à 1400 nm. Entre ces limites, la rétine est le tissu le plus sensible aux rayonnements. La lumière traverse plusieurs couches cellulaires avant de rencontrer les photorécepteurs (voir fiche complémentaire C). Absorption du rayonnement ultraviolet par les différents milieux oculaires (1) Remarque Les rayonnements optiques ont aussi des effets bénéfiques et ils sont exploités pour traiter diverses maladies (photothérapie). Les rayonnements ultraviolets permettent la pigmentation cutanée de protection et la synthèse de la vitamine D (par la peau) indispensable à la minéralisation des os et à l’absorption intestinale du calcium et du phosphore. Les rayonnements visibles agissent sur la synchronisation des rythmes biologiques, sur l’activité hormonale et influencent le comportement. Les rayonnements infrarouges permettent le réchauffement. La photobiologie étudie les effets biologiques qui résultent de l’exposition aux rayonnements optiques naturels ou artificiels. 36 ultraviolet rayonnement visible et infrarouge La kératoconjonctivite est l’inflammation de la conjonctive et de la cornée (exemple : le « coup d’arc » provoque des sensations de sable dans les yeux, de la gêne oculaire, des larmoiements, des rougeurs du pourtour de la paupière. Il peut se passer deux à huit heures entre l’exposition et le début des effets). Les rayonnements de 400 à 1400 nm peuvent provoquer sur la rétine : • des lésions mécaniques (ondes de choc) dues à de hauts niveaux d’exposition pendant de très courtes durées (impulsions provenant des lasers à commutation rapide), • des lésions thermiques provoquées par des impulsions qui durent entre 1 ms et 10 s lors des expositions accidentelles à des lampes à arc ou au rayonnement solaire, • des lésions photochimiques (rayonnements visibles). L’observation prolongée du soleil à l’œil nu (regarder une éclipse, par exemple) provoque des lésions rétiniennes avec perte de vision (scotome). Dommages dus à l’environnement lumineux Éblouissement et conséquences • pour le confort visuel : l’éblouissement a un caractère transitoire, mais les sensations d’inconfort oculaire s’accentuent dans le temps et contribuent alors à l’apparition de la fatigue visuelle. • pour la visibilité : les réflexions diffuses ou spéculaires peuvent voiler la zone où s’exerce la tâche visuelle et diminuer le contraste entre la cible et le fond et donc réduire la visibilité de la tâche. Ainsi, une surface mate exposée à la lumière directe du soleil provoque un éblouissement perturbateur car elle a une luminance excessive de l’ordre de 5 000 cd/m2. • pour la charge de travail : les réflexions spéculaires font apparaître deux images dans le champ visuel de l’opérateur : celle de l’objet à percevoir, et l’image réfléchie par le plan de travail ou par l’écran d’un moniteur dans la direction du regard (image des luminaires ou des fenêtres, par exemple). Le muscle de l’accommodation (muscle ciliaire) est alors soumis à une charge supplémentaire car il met au point alternativement à deux distances différentes : la tâche (plus proche) et l’image réfléchie (plus éloignée). À cela s’ajoute une charge mentale : les réflexions qui apparaissent dans le champ visuel attirent automatiquement le regard vers l’image réfléchie (réflexe de fixation). L’opérateur doit faire alors un effort volontaire pour ramener son regard, le maintenir et mettre au point sur l’objet à percevoir. De même, des lumières parasites attirent l’attention et maintenir le regard sur la cible exige un effort compensatoire. Fatigue visuelle Le terme fatigue se réfère à la fois à des sensations subjectives (de fatigue générale ou localisée) et à une baisse d’activité. Ces phénomènes disparaissent avec la cessation de l’activité. La fatigue est une diminution temporaire et réversible de l’excitabilité et du pouvoir fonctionnel des structures contrôlé par le système nerveux central. 37 La fatigue est attribuée à une diminution temporaire de la capacité de réponse des récepteurs et d’effecteurs à une stimulation continue. Elle peut être musculaire, sensorielle (auditive, visuelle) ou nerveuse. On peut distinguer la fatigue aiguë qui disparaît avec le repos, de la fatigue chronique qui peut témoigner d’un état de stress. Enfin, la fatigue peut signifier un conflit entre l’obligation d’exécuter un travail et l’aversion de l’effort, un signal d’alarme qui prévient l’épuisement, une réaction de défense contre le surmenage. La fatigue visuelle est un ensemble de phénomènes engendrés par un travail à prédominance visuelle, réversibles avec le repos, qui témoignent d’un affaiblissement des fonctions visuelles. Les nouvelles technologies de visualisation au poste de travail ont augmenté l’efficacité et la productivité mais également la charge visuelle de travail. Les symptômes d’inconfort, d’astreinte oculaire et visuelle concernent de nombreuses catégories d’opérateurs qui effectuent un travail en vision rapprochée (travail avec des aides optiques, lecture de microfiches, contrôle de qualité…). Mais les plaintes sont plus élevées parmi les personnes qui travaillent avec un écran de visualisation. La fatigue visuelle devient un problème de santé lorsqu’elle : • apparaît précocement pendant le travail, • entretient un état de gêne et d’inconfort, • limite et altère la capacité de travail et les performances visuelles, • augmente les risques d’erreurs. La fatigue visuelle apparaît plus fréquemment lorsque le système visuel doit travailler aux limites de ses capacités ou/et pendant une longue durée. En l’absence de mesures préventives, les symptômes de fatigue s’intensifient, le temps de récupération s’accroît et les signes se manifestent également dans la vie extra-professionnelle. Les manifestations subjectives sont : • une gêne et un inconfort oculaire : sensations de tension, de lourdeur ou de douleur des globes oculaires, des picotements, des brûlures, des démangeaisons palpébrales, accompagnés parfois de larmoiements et de rougeurs des conjonctives, • un inconfort visuel : affaiblissement de la vision de près ou de loin (image trouble, double ou vacillante), sensations de papillotement ou d’éblouissement, sensibilité accrue à la lumière, difficulté de fixation, et plus rarement, apparition d’un voile sur les objets fixés, des taches sombres ou des franges colorées autour des objets, • des symptômes généraux : surtout les céphalées frontales, plus rarement des vertiges. La fatigue entraîne une diminution des capacités visuelles relatives à : • l’accommodation : une myopie transitoire apparaît assez fréquemment après deux heures de travail en vision rapprochée, • la sensibilité au contraste : elle diminue ou présente des fluctuations lorsqu’un travail visuel se prolonge au-delà de trente minutes (lecture sur papier ou écran, détection de cibles, etc.), • l’acuité visuelle : elle diminue après une à trois heures de travail visuel, 38 • la résistance à l’éblouissement : la diminution de la résistance à l’éblouissement augmente le risque d’accidents dans la conduite nocturne sur la route et perturbe la performance dans certains métiers (acteurs et pompiers, par exemple). Les indices de fatigue visuelle sont : • une diminution persistante du diamètre pupillaire qui normalement augmente dans l’obscurité et diminue à la lumière, • une augmentation de la fréquence des clignements des paupières après une à trois heures de travail en vision rapprochée, surtout au cours de tâches répétitives. Les autres facteurs déterminants de la fatigue visuelle sont : • la présentation de l’information visuelle : lorsque l’information est difficile à déchiffrer, l’opérateur est obligé de faire un effort supplémentaire pour effectuer sa tâche (manuscrits de mauvaise qualité, caractères illisibles ou trop petits, faible résolution de l’écran, mauvaise qualité de l’affichage), • les exigences visuelles de la tâche : les principaux facteurs de contrainte sont les difficultés à focaliser et à fixer une cible mobile ainsi qu’à détecter l’information pertinente, • l’aménagement du poste de travail : un poste de travail inconfortable ou mal adapté aux caractéristiques de l’opérateur est souvent à l’origine de problèmes posturaux. Une distance inadéquate œil / tâche demande un effort supplémentaire d’accommodation. La fatigue oculaire s’ajoute alors à la fatigue posturale, • l’organisation du travail : la fréquence des symptômes de fatigue visuelle augmente en fonction de la durée du travail ininterrompu, de la contrainte de temps et plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’un même type de tâche (acquisition et saisie de données, travail avec microscope, lecture sur microfiches...), • les facteurs individuels : des défauts visuels non corrigés ou mal corrigés (astigmatisme, troubles d’accommodation), la diminution des capacités visuelles avec l’âge (presbytie, sensibilité accrue à l’éblouissement) qui augmente la vulnérabilité du système visuel des personnes de plus de 45 ans, et l’état de santé (insomnie, prise d’alcool ou de certains médicaments, troubles métaboliques ou hormonaux). 39 Autres dommages Un éclairage insuffisant ou inadapté peut aussi induire d’autres conséquences dangereuses qui ne sont pas liées directement aux sources lumineuses ou à leurs effets sur le système visuel : • les postures contraignantes ou instables adoptées pour compenser la mauvaise qualité de la perception visuelle et pouvant provoquer, à terme, des troubles musculosquelettiques, • les chutes et les accidents par suite de la non perception des obstacles et des phénomènes dangereux dans l’environnement de travail. 40 EV 9 OBJECTIF : Lister les moyens de prévention des atteintes à la santé PRÉ-REQUIS : EV 1, EV 3, EV 8 SOMMAIRE : Prévention de la fatigue visuelle ; prévention de l’éblouissement ; recommandations générales ; recommandations particulières pour les bureaux Prévention de la fatigue visuelle La prévention s’impose lorsque la fatigue visuelle traduit un dysfonctionnement précoce et répété du système visuel. Pour prévenir la fatigue visuelle, il convient d’agir dans trois domaines : • l’éclairage, • le travail, • la vision. Action sur l’éclairage L’éclairage doit être adapté à chaque type de travail, à chaque poste de travail, voire à chaque travailleur. Ainsi, convient-il d’adapter : • le niveau d’éclairement à la tâche à effectuer et/ou au local à éclairer (voir EV 12), • la distribution des luminances. Action sur le poste et l’organisation du travail Comme chaque erreur dans la conception du poste contribue à la surcharge de travail, au stress et à la fatigue (même si chacun des facteurs considéré séparément semble insignifiant), il convient de proposer : • un aménagement des pauses et des horaires de travail, • une alternance de tâches à prédominance visuelle et de tâches moins contraignantes pour la vision. Action sur la vision Il est nécessaire de pratiquer : • un contrôle périodique de l’état visuel des opérateurs, • une correction des défauts visuels adaptée à la tâche. 41 Prévention de l’éblouissement Plus la tâche visuelle exige de précision, plus le contrôle de la luminance de la source est impératif. Il faut prendre en considération : • la forme, la surface d’émission des luminaires et son orientation par rapport à l’observateur, • les dimensions du local, • la nature, la difficulté et la durée de la tâche visuelle, • le niveau d’éclairement du local. Pour limiter l’éblouissement, il convient : • de réduire les fortes luminances en concentrant l’émission lumineuse sur la surface à éclairer, • d’aménager les locaux et les postes de travail. La réduction des fortes luminances s’obtient par : • la mise en place de protection : intercepter la lumière émise par une lampe dans la direction des yeux de l’opérateur en utilisant un matériel opaque. Ces « boucliers » constituent des éléments des luminaires. Afin de dissimuler à la vue directe les lampes et les surfaces à luminance élevée, on utilise des dispositifs tels que les grilles de défilement. • des déflecteurs : interposer un dispositif optique entre la lampe et les yeux pour dévier la lumière émise par la lampe (lentilles, prismes, miroirs ou réflecteurs, etc.). • des matériaux translucides : transmettre la lumière de façon diffuse (globes, cylindres etc.) si les exigences de contrôle de luminance ne sont pas très élevées. • un éclairage indirect : associer une protection de type bouclier dissimulant la lampe de la vision de tous côtés à une orientation particulière de la source de lumière. La lumière est dirigée vers un élément qui fonctionne comme une source secondaire. L’aménagement des locaux et des postes de travail nécessite : • de positionner les sources de lumière par rapport aux tables et machines, ou inversement de disposer les machines et les tables de travail par rapport aux sources de lumière, y compris les fenêtres. Par exemple, une lumière latérale est préférable (lumière du jour par les fenêtres ou luminaires montés sur les côtés du poste de travail), • d’utiliser des matériaux ou des finitions mats et des couleurs claires pour le dessus des bureaux et des tables, • de combiner des luminaires ayant une composante dirigée vers le haut avec des facteurs de réflexion élevée du plafond, des murs et du sol, • d’utiliser un système d’éclairage indirect. Cas d’un éblouissement direct Il se produit lorsque les lampes sont visibles directement à proximité de la ligne de vision. Plus l’intensité de la lumière est élevée et la zone d’émission petite, plus grande doit être la zone angulaire au-dessus de laquelle il faut éviter la vue de la lampe, soit en maintenant les lampes nues en dehors de cette zone, soit en les protégeant. 42 Pratiquement, pour un observateur qui regarde horizontalement, l’éblouissement devient négligeable au-dessus de 45°. Cas d’un éblouissement par réflexion L’éblouissement par réflexion peut être évité ou réduit lorsque : • le niveau d’éclairement des sources est faible et la lumière diffusée sur une grande surface, • le mobilier, le sol, les parois et l’équipement sont mats, • le niveau d’éclairement est élevé dans tout le local. Recommandations générales En conclusion, on peut retenir les recommandations suivantes : • un éclairement uniforme est préférable à un éclairement irrégulier qui provoque des ombres marquées, • un éclairage diffus, réfléchi par les murs et le plafond, est plus confortable qu’un éclairage direct, • plusieurs sources de puissance moindre sont préférables à une seule source de puissance forte, • la luminance des équipements lumineux ou d’autres sources d’éblouissement (fenêtres, lucarnes) doit être inférieure à la luminance générale, • la luminance de la zone où s’exerce la tâche visuelle doit être plus élevée que celle de son entourage, • le rapport de luminance entre le centre du champ visuel et sa périphérie ne doit pas dépasser 10 : 1, • lorsque l’éclairement de la zone où s’exerce la tâche visuelle est de 100 %, l’éclairage des murs doit être de 50 à 80 % et celui du plafond de 30 à 90 %. Le facteur de réflexion doit être supérieur à 0,7 pour le plafond, entre 0,3 et 0,7 pour les murs, et entre 0,2 et 0,4 pour les sols, • toutes les sources lumineuses ne doivent pas être directement visibles dans un angle de 30° au-dessus du niveau des yeux (zone angulaire d’exclusion), • toutes les sources de lumière doivent être protégées, • les tubes fluorescents doivent être montés perpendiculairement à l’axe visuel mais les fenêtres doivent être parallèles à l’axe visuel, • les surfaces réfléchissantes proches du champ visuel central doivent être évitées, • la maintenance du matériel doit être régulière. 43 Recommandations particulières pour les bureaux Bureaux sans écran de visualisation • le niveau d’éclairement recommandé se situe entre 500 et 700 lux, • aucune source lumineuse ne doit entrer dans le champ visuel de l’opérateur, de • protéger toutes les sources lumineuses (abat-jour, grille défilement) pour éviter les luminances supérieures à 3000 cd/m2, • l’angle formé par le plan horizontal passant par les yeux et la source lumineuse doit être supérieur à 30°, • les tubes fluorescents doivent être alignés perpendiculairement à l’axe visuel, • plusieurs sources de faible intensité sont préférables à une seule source très puissante, • l’axe œil / table ne doit pas coïncider avec l’axe de réflexion de la lumière afin d’éviter les reflets provenant de la surface de la table, • éviter les matériels réfléchissants sur la table et les machines à écrire ou à calculer. Bureaux de dessin • L’utilisation d’un éclairage indirect permet d’éviter l’apparition des ombres directes provoquées par divers outils et dispositifs sur le plan de travail. Dans des conditions d’éclairage général, certains dessinateurs préfèrent également un éclairage d’appoint sous leur contrôle. • D’autres dessinateurs industriels préfèrent travailler près d’une fenêtre. Si ce n’est pas possible, une distribution asymétrique des luminaires peut donner un flux de lumière latérale. Postes de travail sur écran Niveau d’éclairement : • écran à contraste négatif : 200-300 lux, • écran à contraste positif : 300-500 lux. Équilibre des luminances : • éviter les fluctuations rapides d’éclairement, • ne faire entrer aucune source lumineuse dans le champ visuel, • placer l’écran à angle droit par rapport aux fenêtres (à 2 m au minimum), • placer les luminaires parallèlement à l’axe opérateur / écran, • munir les luminaires de grilles de défilement, • éviter l’apparition de reflets sur écran. 44 EV 10 OBJECTIF : Analyser les plaintes des opérateurs et lister les remèdes possibles PRÉ-REQUIS : EV 1, EV 4, EV 8 SOMMAIRE : Stratégie d’analyse des plaintes ; exemples de plaintes Stratégie d’analyse des plaintes Le même type de plainte peut avoir différentes causes et, réciproquement, des plaintes formulées différemment peuvent avoir la même cause. Avant d’effectuer des tests ou des mesures d’éclairage, il faut vérifier les quatre éléments suivants, selon la provenance des plaintes : • l’éclairage général : plaintes exprimées par des personnes effectuant des tâches différentes dans des zones différentes, • l’éclairage d’une zone particulière : plaintes provenant de personnes qui effectuent des tâches différentes dans une même zone, • l’éclairage d’une certaine tâche : plaintes exprimées par plusieurs personnes dispersées dans une zone mais effectuant le même type de travail, • les capacités visuelles individuelles : plaintes de seulement quelques personnes parmi d’autres effectuant le même travail dans les mêmes conditions d’éclairage. La vérification de ces éléments nécessite souvent une investigation plus détaillée : mesures d’éclairage, discussions avec les plaignants et, si possible, analyse des conditions qui influencent la visibilité de la tâche. Certains effets de l’éclairage, par exemple l’éblouissement, nécessitent une exposition prolongée pour produire un effet notable. 45 Exemples de plaintes Plaintes Tests Remèdes possibles Lumière insuffisante dans la zone où s’exerce la tâche visuelle • Mesurer l’éclairement sur la zone • Nettoyer les lampes et les luminaires. • Remplacer les lampes hors service. • Augmenter le coefficient de réflexion des surfaces de la pièce. • Éliminer les obstructions à la lumière. • Réduire l’espacement entre les luminaires ou rajouter des luminaires. • Fournir un éclairage d’appoint. • Déplacer la zone de travail. Trop de lumière dans la zone où s’exerce la tâche visuelle • Mesurer l’éclairement dans la zone où s’exerce la tâche visuelle et comparer la mesure obtenue avec les normes et recommandations en matière d’éclairage (voir fiche EV 12). • Contrôler la présence de réflexions de voile. • Contrôler le rapport espacement/ hauteur des sources d’éclairement et vérifier s’il correspond au cahier des charges. • Évaluer la gêne provoquée par l’éblouissement et comparer le confort visuel avec et sans protection des yeux contre la lumière directe des luminaires. • Réduire le coefficient de réflexion des surfaces dans la zone de travail. • Éteindre quelques lampes sans produire un éclairage inégal. Éclairage inégal • Mesurer l’éclairement sur l’ensemble du plan de travail et des zones adjacentes où sont utilisés l’éclairage local et l’éclairage localisé. • Contrôler que le plafond et les murs sont éclairés de façon adéquate. • Contrôler le rapport espacement/ hauteur et vérifier le cahier des charges. • Remplacer les lampes hors service et nettoyer les luminaires. • Installer des luminaires supplémentaires ou diminuer l’espace entre les luminaires. • Modifier l’installation des luminaires afin d’augmenter la largeur de la distribution de la lumière ; rajouter davantage de lumière au plafond sans toutefois éblouir l’opérateur. • Augmenter le coefficient de réflexion des surfaces de la pièce. • Éliminer les obstructions à la lumière. où s’exerce la tâche visuelle et comparer la mesure obtenue avec les valeurs minimales d’éclairage définies par l’article R. 232-7-2 (voir fiche EV 12). • Contrôler le rapport espacement/ hauteur des sources d’éclairement et vérifier s’il correspond au cahier des charges. • Contrôler la présence de réflexions de voile en protégeant la zone de la lumière incidente qui est ensuite réfléchie vers l’opérateur. 46 Plaintes Tests Remèdes possibles • Évaluer l’effet éblouissant du luminaire en se protégeant les yeux avec la main. • Contrôler si les lampes (tubes) nues se trouvent dans la zone d’exclusion. • S’il s’agit de lampes nues, installer un variateur de lumière ou placer les lampes en dehors de la zone d’exclusion. • S’il s’agit de luminaires linéaires, modifier leur orientation pour les disposer parallèlement à la direction du regard. • Installer des grilles de défilement. • Augmenter la hauteur des luminaires tout en conservant un niveau d’éclairement acceptable. • Augmenter le coefficient de réflexion des surfaces de la pièce. • Mesurer les facteurs de réflexion des surfaces qui entourent la zone de travail et/ou de celles proches de la ligne du regard, et les comparer avec ceux recommandés par I’AFE. • Augmenter les facteurs de réflexion bas des surfaces. • Réduire les facteurs de réflexion hauts des surfaces. Contraste réduit au niveau de la zone où s’exerce la tâche visuelle à cause des réflexions de voile (qui apparaissent lorsque toute la surface ou uniquement certains détails de la zone où s’exerce la tâche visuelle présentent des luminances élevées) • Évaluer l’inconfort provoqué par les réflexions de voile en obstruant la lumière réfléchie par l’écran. • Localiser les sources de réflexions de voile en plaçant un miroir sur la surface où s’exerce la tâche visuelle et en regardant le miroir depuis la position du travailleur. • Remplacer les matériaux polis des surfaces proches de la zone où s’exerce la tâche visuelle par des matériaux mats. • Déplacer la zone où s’exerce la tâche visuelle. • Déplacer toutes les sources de luminance élevée. • Augmenter le coefficient de réflexion des surfaces de la pièce afin d’augmenter la lumière réfléchie par ces surfaces. • Fournir un éclairage local supplémentaire adéquat. Excès de lumière naturelle vue par les fenêtres • Évaluer l’inconfort provoqué par la luminance du ciel en protégeant sa vue de la lumière directe des fenêtres, des lucarnes et/ou du plafond lumineux. • Installer des stores aux fenêtres et peindre les lucarnes en blanc. • S’assurer que les murs et les zones du plafond entourant les fenêtres et les lucarnes ont un coefficient de réflexion élevé. • Déplacer le poste de travail afin d’éviter que la personne regarde vers les fenêtres et les lucarnes. Luminaires trop brillants Différence de luminance excessive (les plaintes peuvent être associées à l’éblouissement ; l’inconfort considéré ici est surtout lié aux différences trop grandes des facteurs de réflexion des surfaces qui entrent dans le champ visuel) 47 Plaintes Tests Remèdes possibles Images brillantes réfléchies à proximité de la zone où s’exerce la tâche visuelle • Évaluer la probabilité d’apparition • Modifier la surface adjacente à la Zone où s’exerce la tâche visuelle difficile à voir • Identifier les aspects de la zone où s’exerce la tâche visuelle qui doivent être vus et le fond sur lequel ils sont vus. • Contrôler l’adéquation entre le niveau d’éclairement et les exigences visuelles de la tâche. • Vérifier la distribution des luminances et l’éventualité des réflexions de voile, d’ombres sur la zone où s’exerce la tâche visuelle, et de surfaces réfléchissantes. • Simplifier le fond sur lequel la zone où s’exerce la tâche visuelle est vue. • Fournir un éclairement adéquat pour améliorer la vision des détails. • Augmenter le contraste de la zone où s’exerce la tâche visuelle. Ombres sur la tâche visuelle dues à un éclairage orienté • Placer un objet mince (un crayon, • Augmenter le coefficient de réflexion de toutes les surfaces de la pièce. • Remplacer les luminaires individuels par des luminaires disposés sur une grande surface. Papillotement Test inutile • Remplacer les tubes usagés. • Vérifier les circuits, éliminer les d’images réfléchies lorsque l’opérateur examine la zone où s’exerce la tâche visuelle. • Localiser la source de l’image brillante en plaçant un miroir sur l’image réfléchie ; regarder le miroir depuis la place occupée par l’opérateur. par exemple) sur le plan de travail et noter le nombre et l’intensité de toutes les ombres. zone où s’exerce la tâche visuelle qui provoque une réflexion spéculaire par une surface qui réfléchit la lumière de façon diffuse. • Repositionner la zone de travail afin d’éviter les réflexions. • Repositionner les sources de lumière qui se reflètent dans la zone où s’exerce la tâche visuelle et dans les zones adjacentes. instabilités dans l’alimentation. • Ajouter des rangées de luminaires en opposition de phase. Effets stroboscopiques Test inutile • Ajouter des rangées de luminaires en opposition de phase. • Fournir une alimentation à haute fréquence. • Éliminer l’effet stroboscopique à l’aide d’un éclairage local qui présente moins de variations de lumière (lampes à tungstène, par exemple). 48 EV 11 OBJECTIF : Énoncer les critères de choix des différents systèmes d’éclairage PRÉ-REQUIS : EV 7, EV 8 SOMMAIRE : Types d’éclairage ; caractéristiques des lampes ; caractéristiques des luminaires Les critères de choix du système d’éclairage dépendent : • du local et de son utilisation (voir fiche EV 8), • du type d’éclairage. Souvent les coûts d’installation et d’exploitation interfèrent fortement dans le choix du système d’éclairage. Types d’éclairage Éclairage naturel Avantages de la lumière naturelle : • elle est très homogène, sa luminosité est élevée et elle diffuse bien, • ses variations aident à maintenir la vigilance lors de tâches monotones, • elle contribue au bien-être en assurant une communication visuelle avec l’extérieur. Inconvénients de l’éclairage naturel au poste de travail : • il varie en intensité (jusqu’à disparaître totalement la nuit), en direction et en spectre au cours de la journée et au fil des saisons et de la nébulosité du ciel. Ces variations peuvent avoir des répercussions négatives sur l’efficacité et la sécurité, • il est parfois source d’éblouissement et d’échauffement excessif. Pour les ambiances de travail, et plus particulièrement dans la zone de travail, la lumière directe du soleil est à proscrire. Éclairage artificiel Les critères de choix de l’éclairage artificiel portent sur : • la disposition des luminaires par rapport à la zone où s’exerce la tâche visuelle, • le taux de lumière diffusée vers le plan de travail, • le type de production. Disposition par rapport à la zone où s’exerce la tâche visuelle L’éclairage général est un éclairement uniforme sur toute la zone de travail qui est facile à installer et qui permet une grande flexibilité pour déterminer l’emplacement de la tâche. L’éclairage localisé est plus économique que l’éclairage général car la lumière est diffusée dans toute la pièce et met particulièrement en évidence la zone où s’exerce la tâche visuelle. 49 Il offre une meilleure utilisation de la lumière pour la zone de travail et permet de placer les luminaires de façon à éviter ou à minimiser la gêne provoquée par l’éblouissement direct, les réflexions de voile ou les ombres. L’éclairage d’appoint est un moyen économique d’assurer un niveau élevé d’éclairement sur une petite surface ; il permet en même temps des ajustements individuels. L’utilisation exclusive d’un éclairage d’appoint n’est pas recommandée. Il est utilisé de préférence : • lorsqu’une zone réduite nécessite un niveau d’éclairement supérieur, • lorsqu’un éclairage flexible, dirigé vers la zone où s’exerce la tâche visuelle, peut améliorer la visibilité des détails, • lorsqu’il n’est pas nécessaire, voire impossible, d’installer un éclairage général, l’éclairement d’appoint peut être alors fourni par des luminaires montés à proximité de la zone où s’exerce la tâche visuelle ou par des spots lumineux installés plus loin (lampes portables ou appliques murales). Ils peuvent cependant gêner les collègues s’ils sont mal orientés. Taux de lumière diffusée vers le plan de travail L’éclairage direct peut être utilisé très largement à condition d’éviter ou de minimiser les risques d’éblouissement direct ou indirect et les voiles dus aux réflexions. En éclairage mixte, le flux lumineux dirigé vers le haut tend à adoucir les ombres et à améliorer les rapports de luminance entre les différentes zones de la pièce. Lorsque les montages sont trop proches du plafond, un excès de lumière au plafond peut réduire le confort visuel. Le flux lumineux dirigé vers le bas produit une luminance proche de celle du plafond. Toutefois, si le flux lumineux est trop élevé, il existe un risque d’éblouissement direct ou par réflexion. En éclairage indirect, l’éblouissement direct et par réflexion est minimisé. Le plafond tout entier devient la source primaire d’éclairement et les ombres sont virtuellement éliminées. Il est souhaitable de suspendre les luminaires à une certaine distance du plafond pour éviter un plafond éblouissant (et pour des raisons de sécurité). 50 Caractéristiques des lampes Les critères de choix des lampes sont (voir tableau page suivante) : • la puissance, • la température de couleur, • le rendu des couleurs (IRC), • l’efficacité lumineuse, • la durée de vie, • l’effet thermique, • la luminance, • le coût d’installation et d’exploitation. Caractéristiques des luminaires Les luminaires destinés à éclairer un environnement de travail doivent remplir des conditions : • de sécurité : garantir une sécurité maximale (mécanique, électrique et thermique) aux utilisateurs, conformément aux normes européennes et françaises, • optiques : fournir des conditions optimales d’éclairage quantitatif (niveau) et qualitatif (confort, absence d’éblouissement) exigées par l’activité professionnelle, • technologiques : présenter une bonne résistance aux chocs mécaniques et thermiques et être facile de pose et d’entretien, • économiques : offrir un rapport acceptable entre les qualités des luminaires et leur coût d’exploitation, • esthétiques : contribuer à rendre agréable l’environnement de travail. 51 Type de lampe Puissance (W) Température de couleur (K) Rendu de couleur (IRC) Efficacité lumineuse (lm.W–1) ordinaire 40 à 1 000 2 700 100 11 à 19 halogène 60 à 500 3 000 100 13 à 20 tubulaire 18 à 58 2 700 - 6 500 50 à 85 64 à 93 compacte 5 à 55 2 700 - 4 000 85 44 à 87 ballon fluorescent 50 à 1 000 3 000 - 4 000 45 à 60 36 à 60 halogénure métallique 35 à 2 000 2 800 - 6 000 70 à 93 62 à 100 sodium (haute pression) 35 à 1 000 1 700 - 2 500 80 46 à 138 sodium (basse pression) 18 à 180 induction 55 à 80 incandescence fluorescence à décharge monochromatique 4 000 52 75 100 à 180 60 à 80 Durée de vie (en heures) 1 000 Utilisation principale Caractéristiques pour un espace limité ou pour fournir un puissant faisceau lumineux concentré (éclairage d’appoint) • faible coût à l’installation • coût d’exploitation élevé • prédominance des couleurs chaudes • luminance élevée • excellent rendu des couleurs • faible efficacité lumineuse • durée de vie réduite affectée par les variations de tension d’alimentation • effet thermique important 2 000 éclairage local, bureaux, projection concentrée • efficacité lumineuse moyenne • volume réduit, luminance élevée • durée de vie élevée • excellent rendu des couleurs • maintien du flux lumineux pendant toute la durée de vie • risques pour les yeux en éclairage direct sans verre de protection 8 000 extérieur, ateliers magasins, bureaux, 8 000 multiple • coût d’exploitation économique • longue durée de vie • bonne efficacité lumineuse 8 000 hangars, ateliers de grande hauteur, halls • longue durée de vie • bonne efficacité lumineuse • rendu des couleurs acceptable en industrie 6 000 grands espaces, halls de grande hauteur • haute efficacité lumineuse • bon rendu des couleurs 8 000 extérieur, grands halls • coût d’exploitation économique • longue durée de vie • efficacité lumineuse élevée • bon rendu des couleurs • longue durée de vie • médiocre rendu des couleurs 12 000 atmosphère chargée de fumées, de vapeur et de poussières 60 000 éclairage extérieur et grands halls 53 • très longue durée de vie EV 12 OBJECTIF : S’informer sur les normes et les recommandations en matière d’éclairage PRÉ-REQUIS : EV 1, EV 4 SOMMAIRE : Valeurs minimales d’éclairement stipulées par les textes officiels ; recommandations de la Commission internationale de l’éclairage (CIE) ; recommandations de l’Association française de l’éclairage (AFE) Diagnostiquer et corriger un éclairage inadéquat ne se limite pas à constater un écart par rapport aux valeurs stipulées par les normes ou recommandations puis à effectuer son réajustement. En effet, pour les activités professionnelles, les valeurs prescrites ont un caractère indicatif. La variété des situations réelles impose des ajustements selon les exigences visuelles des tâches et les aptitudes individuelles des personnes. Néanmoins, les recommandations et les normes sont utiles pour évaluer l’éclairage existant. Recommandations et normes Les recommandations et les normes sont formulées en termes d’éclairement car, au moment de la conception d’une installation, les facteurs de luminance sont inconnus. Les normes n’ont un caractère impératif que lorsqu’il s’agit de la sécurité au travail. Les valeurs recommandées sont exprimées sous forme de fourchettes ou de valeurs fixes selon le critère considéré : • la sécurité : il est impératif de fixer une valeur minimale (20 lux constitue le minimum d’éclairement pour les intérieurs où personne ne travaille), • la satisfaction visuelle : la valeur optimale est une moyenne résultant d’une préférence majoritaire (il n’existe pas de niveau d’éclairement qui satisfasse tout le monde ; le niveau d’éclairement moyen préféré se situe entre 1 000 et 2 000 lux), • la tâche à effectuer dans une zone donnée : fourchettes d’éclairement pour chaque zone ou activité. 54 Valeurs minimales d’éclairement stipulées par les textes officiels Locaux affectés au travail et dépendances Espaces extérieurs Éclairage général Pendant la présence du personnel sur les lieux de travail, les niveaux d’éclairement mesurés au plan de travail, ou à défaut au sol, doivent être au moins égaux aux valeurs minimales d’éclairement (code du travail, art. R. 232-7-2). voies de circulation intérieures 40 lux escaliers et entrepôts 60 lux locaux de travail, vestiaires et sanitaires 120 lux locaux aveugles affectés à un travail permanent 200 lux zones et voies de circulation extérieures 10 lux espaces extérieurs où sont effectués des travaux à caractère permanent 40 lux Éclairement minimal pour certaines activités L’éclairement peut être obtenu par des éclairages localisés de la zone de travail en complément de l’éclairage général (circulaire de 11.04.1984). Types d’activité mécanique moyenne, dactylographie, travaux de bureau 200 lux travail de petites pièces, bureaux de dessin, mécanographie 300 lux mécanique fine, gravure, comparaison de couleurs, dessin difficile, industrie du vêtement 400 lux mécanique de précision, électronique fine, contrôle divers 600 lux tâche très difficile dans l’industrie ou en laboratoire 800 lux 55 Rapports d’éclairement De grandes différences d’éclairement entre la zone de travail et les surfaces adjacentes peuvent provoquer une gêne ou affecter la sécurité dans les zones où les déplacements sont fréquents. Afin de prévenir un danger ou de réduire l’inconfort, les recommandations suivantes doivent être respectées. Activité générale Emplacement ou type de travail Rapport maximal d’éclairement zone de travail : zone adjacente chaque zone où s’exerce la tâche visuelle est éclairée individuellement et la zone périphérique faiblement éclairée (code du travail art. R. 232-7-3) éclairement local d’un bureau 5:1 deux zones adjacentes, mais l’une est plus faiblement éclairée que l’autre éclairement localisé dans un magasin 5:1 deux zones de travail différemment éclairées séparées par une barrière et avec passage fréquent de l’une à l’autre zone d’entrepôts à l’intérieur d’une usine et plateforme de chargement à l’extérieur 10 : 1 En cas de conflit entre les éclairements moyens recommandés et les rapports maximaux d’éclairement, il faut prendre les valeurs les plus élevées. Une zone de transition doit être ménagée entre deux zones adjacentes si les rapports sont très élevés. Recommandations de la Commission internationale de l’éclairage (CIE) Trois valeurs de niveaux d’éclairement (en lux) à choisir selon les caractéristiques physiques de la zone où s’exerce la tâche visuelle (contraste, facteur de réflexion), les exigences de performance et les capacités visuelles de l’opérateur. • facteurs de réflexion et contrastes élevés • pas d’exigence particulière de vitesse et de précision • tâche exécutée occasionnellement • facteurs de réflexion ou contrastes faibles • coût de correction des erreurs élevé • exigences visuelles élevées (détails fins à distinguer) • exigence de précision et de rapidité • capacité visuelle du travailleur en-dessous de la normale 56 } utiliser les valeurs minimales } utiliser les valeurs maximales Valeurs minimales Valeurs moyennes circulation extérieure, zones de travail 20 30 50 circulation, orientation, visites 50 100 150 pièces de travail à usage temporaire 100 150 200 tâches avec exigences visuelles simples 200 300 500 tâches avec exigences visuelles moyennes 300 500 750 tâches avec exigences visuelles élevées 500 750 1 000 tâches avec exigences visuelles difficiles 750 1 000 1 500 tâches avec exigences visuelles spéciales 1 000 1 500 2 000 Neuf catégories d’éclairement pour différentes zones de travail, activités ou tâches à effectuer performances dans des tâches très méticuleuses Valeurs maximales > 2 000 Lorsque le travail s’effectue à l’intérieur, l’éclairement est mesuré sur la surface de référence qui est le plan de travail ou plan utile. Par convention, cette surface est horizontale, située à 0,85 m du sol et limitée par les murs. Recommandations de l’Association française d’éclairage (AFE) Les valeurs moyennes recommandées visent à garantir le maintien des performances visuelles et à assurer une ambiance lumineuse confortable, en conformité avec les dispositions réglementaires du code de travail. Elles prennent en compte à la fois les exigences visuelles de la tâche, les capacités visuelles du travailleur et la dépréciation de l’installation. L’éclairement de n’importe quelle surface n’est jamais constant dans le temps ; il diminue avec le vieillissement et l’empoussièrement des lampes, luminaires et surfaces de la pièce. • éclairement moyen initial : celui d’une installation neuve • éclairement moyen en service : mesuré au milieu d’une période (entre la mise en service de l’installation et le premier entretien, ou entre deux entretiens) • éclairement moyen à maintenir : à la limite de l’acceptable avant une intervention d’entretien 57 Éclairements moyens à maintenir en fonction du type d’activité Éclairement moyen (lux) Mode d’éclairage Emplacement ou type d’activité à maintenir général général en service minimum pour la circulation à l’extérieur 15 20 cours et entrepôts 25 30 parking, allées de communication 40 50 chargement et déchargement, quais et docks 80 100 voies de circulation intérieure, escaliers, magasins 125 150 minimum pour la tâche visuelle 175 200 grosse mécanique, tâches industrielles, lecture et écriture 250 300 mécanique moyenne, imprimerie, dactylo, travaux de bureau 425 500 bureaux de dessin, mécanographie 625 750 mécanique fine, gravure, comparaison des couleurs, dessins difficiles 850 1 000 1 250 1 500 > 1 750 > 2 000 général, localisé ou local mécanique de précision électronique localisé ou local tâches très difficiles dans l’industrie ou en laboratoire Ces valeurs peuvent être augmentées (x 1,5) si : • les erreurs de perception peuvent avoir des conséquences dangereuses ou coûteuses, • les facteurs de réflexion et les contrastes au niveau de la tâche visuelle sont faibles, • le travail exige de la rapidité d’exécution, • les tâches sont exécutées dans des locaux aveugles alors que l’éclairage recommandé est inférieur à 300 lux. 58 EV 13 OBJECTIF : Établir un projet d’éclairage simple des locaux de travail, existants ou à concevoir, par la méthode de l’utilance PRÉ-REQUIS : EV 1, EV 4, EV 6, EV 7, EV 12 SOMMAIRE : Carte d’éclairement ; méthode de l’utilance Carte d’éclairement Nous savons qu’un éclairement insuffisant, compte tenu de la taille et du contraste des détails à percevoir, induit un comportement de compensation : l’opérateur rapprochera ses yeux de sa tâche de travail, sa position deviendra très contraignante et source de douleur musculosquelettique. Pour mettre en évidence les niveaux d’éclairement à un instant donné dans un local de travail, on construit une carte d’éclairement. Principes pour construire une carte d’éclairement 1. Préparer un plan sommaire à l’échelle du local considéré et y faire figurer : • les murs, • les cloisons, • les points cardinaux, • les ouvertures (fenêtres, portes), • les machines et les équipements en fonctionnement, les postes de travail, les emplacements des personnes, • les sources de lumière artificielle, • la date, l’heure et les conditions climatiques et spécifiques, • la marque, le type et le numéro de série des appareils de mesure. 2. Faire un quadrillage à mailles régulières sur le plan ; la dimension des mailles doit pouvoir rendre compte des variations de la variable mesurée (l’éclairement) en relation avec le problème posé et l’activité des opérateurs. Le nombre de points retenus doit être aussi en relation avec le temps dont on dispose pour réaliser la carte. 3. À l’aide du luxmètre, réaliser les mesures d’éclairement à chaque point du quadrillage et les reporter directement sur le plan. 4. Relier entre eux les points ayant la même valeur : on obtient une courbe isovaleur. 59 Exemple de carte d’éclairement Méthode de l’utilance Principes de la méthode La méthode de l’utilance permet de déterminer, à partir des données dimensionnelles et optiques du local, les sources lumineuses, les luminaires et leur implantation afin d’obtenir l’éclairement optimal requis par l’activité. Cette méthode est applicable à une installation d’éclairage général fonctionnel, destinée à réaliser un éclairement aussi uniforme que possible sur un plan horizontal fictif situé, sauf indication contraire, à 0,85 m du sol et appelé plan utile. La méthode est relative aux locaux parallélépipédiques que l’on définit par un indice du local K1, mesuré à partir des dimensions du local et du positionnement en hauteur des luminaires. Cette méthode ne s’applique que dans les conditions suivantes : • les parois du local sont diffusantes, • le facteur de réflexion des murs est considéré comme uniforme (compte tenu de l’ameublement et de l’existence éventuelle de vitrages), (1) K = axb hu (a + b) a = longueur du local en mètres b = largeur du local en mètres hu = hauteur des luminaires au-dessus du plan utile en mètres, lorsque l’éclairage est essentiellement direct. Lorsque l’indice ainsi calculé est supérieur à 5, on le prend égal à cette valeur. 60 • le plan utile est horizontal, • les luminaires sont d’un même modèle et implantés régulièrement dans le local. Le choix des appareils d’éclairage est généralement effectué a priori (répartition de la lumière, rendement, esthétique, entretien, prix, etc). Le projet consiste, par approches successives, à déterminer le nombre des sources, leur puissance et l’implantation des appareils, tout en conciliant les paramètres de niveau et d’uniformité de l’éclairement avec le bilan global de l’installation (prix initial et coût de l’énergie en cours d’usage). Les appareils sont répertoriés dans les documents des constructeurs, au moyen d’un système normalisé de classes, selon leur répartition lumineuse. Ces documents indiquent également le rendement des appareils η2. La méthode proposée met en jeu la notion d’utilance U : c’est le rapport du flux reçu par le plan utile au flux total sortant des luminaires. Il dépend de la classe de l’appareil, de l’indice du local et des facteurs de réflexion des parois de celui-ci3. Pour éclairer uniformément la totalité du plan utile d’une pièce rectangulaire au niveau d’éclairement moyen en service E, avec un modèle de luminaire de rendement η, il faut installer un flux total Ft tel que : Ft = E x a x b x d Uxη a = longueur du local en mètres b = largeur du local en mètres L’éclairement E est choisi en fonction du type d’activité exercée dans le local. d est un facteur destiné à tenir compte de l’empoussièrement de l’installation et du vieillissement des lampes4. Il peut être, pour une dépréciation moyenne, égal à 1,5. Le nombre de luminaire N à installer est : N = Ft nxf n = nombre de lampes par luminaire f = flux d’une lampe Le nombre de luminaires est éventuellement corrigé pour obtenir une répartition régulière c’est-à-dire que, pour chaque rangée d’appareils, les interdistances (e maxi) entre les centres de deux appareils voisins doivent être identiques et qu’il doit en être de même entre les rangées. (2) Par exemple, l’indication 0,52 C signifie que l’appareil a un rendement de 0,52 et est de classe C. (3) À titre indicatif, un plafond très blanc est considéré comme ayant un facteur de réflexion de 80 % ; blanc cassé, celui-ci ne sera plus que de 70 %. Des murs de couleur moyenne auront un facteur de réflexion de 50 %, des murs de couleur soutenue de 30 %, et ceux de couleur sombre de 10 %. En ce qui concerne le sol, comme il s’agit en fait d’une surface complexe incorporant le sol proprement dit, la surface des tables de travail et la partie basse des murs, on ne choisira le facteur 30 % que si la peinture des murs et les revêtements de sols sont très clairs et s’il n’y a pas une trop grande proportion de plans de travail. Dans le cas contraire, le facteur de réflexion choisi sera égal à 10 %. (4) Voir les recommandations relatives à l’éclairage intérieur, établies par l’Association française de l’éclairage (AFE). 61 L’espacement doit être réduit de moitié entre les luminaires extrêmes et les murs. Le rapport entre la hauteur h des luminaires et leur interdistance peut varier, pour les luminaires à flux essentiellement direct, entre 0,9 et 1,7. Le choix entre les lampes à incandescence et fluorescentes dépend de considérations économiques, esthétiques et de confort. Les lampes à incandescence peuvent être utilisées là où E est inférieur à 300 lux et où la durée d’utilisation annuelle est inférieure à 500 heures. Pour les locaux dont la hauteur est comprise entre 2,5 et 5 m, il faut faire usage de lampes fluorescentes qui permettent un éclairement suffisant sur le plan utile et qui ont une durée de vie importante. Elles doivent être choisies en fonction de l’ambiance et du rendu des couleurs désirés. Il faut aussi s’assurer que les luminances des luminaires ne sont pas trop fortes et que celles des parois sont compatibles avec un bon confort visuel. Les mesures de luminance sont généralement effectuées par des spécialistes. Exemple Données du problème Travail de bureau : traitement de texte, dactylographie • Dimensions du local : a = 10 m b= 6m h= 3m hauteur du plan utile : 0,85 • Facteurs de réflexion des parois : plafond : 5 murs : 3 5.3.1 plan utile : 1 • Éclairement moyen à maintenir : 425 lux suivant les recommandations de l’AFE. 1. Choix de la source Travail de bureau : Emoy demandé est de 425 lux, donc lampe de couleur intermédiaire ou chaude. Haute efficacité lumineuse. Grande durée de vie, donc tubes fluorescents Tc = 3000 ou 4000 K et IRC ≥ 80. 2. Choix du luminaire La classe photométrique du luminaire est : 0,6D + 0T ce qui signifie : • que le luminaire est de classe D, • que son rendement est de 60 %, • que le luminaire est tout contre le plafond (0T ou j = 0 sur le tableau des utilances en annexe de la fiche). 62 3. Calcul Indice du local : K= axb hu (a + b) K= 10 x 6 K = 1,7 2,15 (10 + 6) Sur le tableau des utilances, on lit : Ut # 0, 75. En effet, l’indice du local étant 1,7, on a : • pour des luminaires au plafond (j = 0), • des facteurs de réflexion des parois de 5.3.1, • des luminaires de classe photométrique D, • la valeur 0,71 pour un indice du local de 1,5 et la valeur de 0,78 pour un indice du local de 2. La valeur moyenne pour un indice du local de 1,7 est donc de 0,75. Comme le rendement de l’appareil η est de 60 % on a : Ft = 425 x 10 x 6 x 1,5 0,75 x 0,6 Ft = 85 000 lm 4. Nombre de tubes Flux d’un tube de 36 W (1,20 m de longueur) # 3350 lm Flux d’un tube de 58 W (1,50 m de longueur) # 5200 lm En 36 W 85 000/3 350 # 25 En 58 W 85 000/5 200 # 16 5. Nombre d’appareils Solution la plus économique : nombre minimum d’appareils si : uniformité 0,8 = Emin / Emoy respectée pour l’appareil choisi : • e maxi / hu5 ≤ 1,2, pour hu = 3 – 0,85 = 2,15 m, nous avons donc : • e maxi = 2,15 x 1,2 = 2,58 m. On pourra donc installer : • sur la longueur : 10/2,58 = 3,87 appareils, arrondi à 4, • sur la largeur : 6/2,58 = 2,32 appareils, arrondi à 3. Pour respecter le facteur d’uniformité de 0,8, il faut donc installer au minimum : 4 x 3 = 12 appareils. (5) Écartement maximum entre les centres des appareils par rapport à la hauteur utile. 63 On choisira donc : 12 appareils à 2 x 36 W, soit 24 tubes, Emoy sera donc = 402 lux6, ou 15 appareils à 1 x 58 W, soit 15 tubes, Emoy serait alors = 390 lux. Implantation des luminaires On peut préalablement construire une carte d’éclairement pour repérer les manques éventuels, calculer ensuite précisément par la méthode de l’utilance le nombre de luminaires à installer et enfin refaire la carte d’éclairement pour vérifier après installation des luminaires le bienfondé des calculs. Dans le cas d’un nouveau local à éclairer, on peut commencer par la méthode de l’utilance pour déterminer une installation a priori des luminaires et l’évaluer ensuite in situ par une carte d’éclairement. (6) L’éclairement à l’installation sera de 402 lux x 1,5 (dépréciation moyenne des lampes) = 603 lux. En se dépréciant, le niveau d’éclairement va diminuer progressivement ; il s’agira donc de maintenir, par des opérations de maintenance (nettoyage des lampes), au moins l’éclairement moyen de 402 lux. Pour exemple, les deux courbes suivantes nous montrent l’importance des opérations de maintenance sur la durée d’utilisation des lampes. Exemple de variation de l’éclairement moyen : a) en l’absence d’entretien b) avec interventions annuelles sur 3 ans : (A) 1er nettoyage des luminaires (B) 2e nettoyage des luminaires (C) 3e nettoyage des luminaires + 1er remplacement des lampes + 1er nettoyage des parois du local. Au moment de cette intervention, la valeur de l’éclairement moyen maintenu doit être supérieure ou juste égale à la valeur à maintenir. 64 K = 1,50 Tableau d’utilance pour j = 0 Classe km = 1,00 E3/E4 (*1000) U (*1000) kp = 0,50 L1/E4 (*1000) 873 871 773 771 753 751 731 873 871 773 771 753 751 731 873 871 773 771 753 751 731 A 1113 981 1086 970 1017 934 905 B 1071 944 1042 932 962 883 845 C 1025 903 995 889 902 828 779 D 986 869 955 853 851 781 724 E 948 835 916 818 801 735 669 F 960 846 928 829 817 750 687 G 906 798 872 779 745 684 609 H 876 772 842 752 707 649 567 I 882 777 847 757 714 655 575 J 821 723 784 701 634 581 487 T 743 654 627 560 542 498 448 358 434 525 607 695 667 802 881 866 1049 743 236 322 424 518 618 586 740 829 812 1019 673 349 426 518 603 694 664 805 887 871 1063 743 233 319 422 517 619 586 743 835 817 1032 673 319 396 491 581 681 648 808 907 887 1129 738 213 296 399 497 607 570 745 853 831 1095 667 196 276 379 480 595 557 748 872 847 1168 663 71 77 84 91 98 96 107 113 112 127 445 33 40 48 56 64 61 74 81 80 96 458 61 67 73 79 86 84 94 99 98 112 444 29 35 42 49 56 54 65 71 70 85 458 53 57 62 66 71 70 78 83 82 94 485 23 27 32 37 43 41 50 55 54 67 493 18 21 24 27 30 29 35 39 38 48 530 711 551 531 511 331 311 000 711 551 531 511 331 311 000 711 551 531 511 331 311 000 852 783 707 643 580 600 510 462 471 370 0 182 260 361 464 585 544 752 893 865 1252 657 206 289 393 493 605 568 747 859 837 1114 670 191 272 375 477 594 555 750 876 851 1181 662 178 256 358 461 583 542 752 894 865 1258 657 187 268 372 475 594 554 753 883 857 1198 665 175 253 356 461 584 542 754 899 869 1269 657 130 208 311 416 543 500 721 873 842 1277 0 14 15 16 17 18 18 20 21 21 25 565 16 19 23 27 31 29 36 40 39 49 494 13 15 17 19 22 21 25 28 27 34 530 10 11 11 12 13 13 14 15 15 18 564 8 9 10 12 13 13 15 17 17 21 530 6 6 7 7 8 8 9 9 9 11 564 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Classe A B C D E F G H I J T 881 813 739 677 615 635 547 500 509 411 408 U (*1000) 920 868 811 763 715 730 663 626 633 557 345 896 835 769 713 658 675 597 555 563 474 314 875 808 734 672 610 630 542 496 504 406 289 886 825 758 701 646 664 584 542 550 461 185 E3/E4 (*1000) 867 801 727 665 604 623 536 489 498 400 172 K = 2,00 Tableau d’utilance pour j = 0 Classe L1/E4 (*1000) km = 1,00 E3/E4 (*1000) U (*1000) kp = 0,50 L1/E4 (*1000) 873 871 773 771 753 751 731 873 871 773 771 753 751 731 873 871 773 771 753 751 731 A 1113 981 1086 970 1017 934 905 B 1071 944 1042 932 962 883 845 C 1025 903 995 889 902 828 779 D 986 869 955 853 851 781 724 E 948 835 916 818 801 735 669 F 960 846 928 829 817 750 687 G 906 798 872 779 745 684 609 H 876 772 842 752 707 649 567 I 882 777 847 757 714 655 575 J 821 723 784 701 634 581 487 T 743 654 627 560 542 498 448 358 434 525 607 695 667 802 881 866 1049 743 236 322 424 518 618 586 740 829 812 1019 673 349 426 518 603 694 664 805 887 871 1063 743 233 319 422 517 619 586 743 835 817 1032 673 319 396 491 581 681 648 808 907 887 1129 738 213 296 399 497 607 570 745 853 831 1095 667 196 276 379 480 595 557 748 872 847 1168 663 72 76 82 87 92 89 100 106 102 118 411 31 36 43 49 54 51 63 70 66 84 421 63 67 72 76 81 78 88 93 90 104 411 27 32 38 43 48 45 56 62 58 74 421 56 59 63 66 69 68 75 79 77 89 438 23 26 30 34 38 36 44 49 46 59 444 19 21 24 26 28 27 32 35 33 43 469 711 551 531 511 331 311 000 711 551 531 511 331 311 000 711 551 531 511 331 311 000 886 832 767 715 664 691 593 541 571 446 0 184 257 356 448 550 494 720 870 780 1223 622 202 279 382 472 569 517 721 846 772 1115 636 190 265 367 458 559 504 721 859 777 1171 626 181 254 354 447 551 494 723 875 784 1235 622 186 262 364 457 559 504 725 867 782 1188 632 176 250 351 444 549 491 722 876 784 1241 624 129 202 304 399 506 447 686 848 751 1242 0 16 16 17 18 19 18 20 21 21 24 492 16 18 21 24 27 25 31 35 33 43 445 14 15 17 18 20 19 23 25 24 31 458 11 12 12 13 13 13 14 15 15 17 492 8 9 10 11 12 12 14 15 14 19 470 7 7 7 8 8 8 9 9 9 10 493 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Classe A B C D E F G H I J T 922 869 806 755 705 731 636 585 614 492 471 U (*1000) 952 913 865 827 789 809 737 699 721 629 382 931 884 828 783 739 762 678 633 659 551 356 912 860 797 746 696 723 627 577 606 485 333 920 873 816 770 726 750 664 619 645 536 209 E3/E4 (*1000) 905 852 789 739 689 716 621 570 599 478 197 65 L1/E4 (*1000) EV 14 OBJECTIF : Transférer des connaissances générales sur l’éclairage à une situation donnée en utilisant des méthodes d’observation simples PRÉ-REQUIS : Maîtriser les principales notions d’anatomie, de physique et d’ergonomie visuelle SOMMAIRE : Repérer, analyser et estimer les risques ; proposer des mesures de prévention ; ordonner les mesures de prévention ; rédiger un document Repérer et analyser Il s’agit de repérer, d’analyser et d’estimer les risques liés à l’éclairage en milieu professionnel. Observation globale de l’atelier de l’établissement scolaire ou de l’entreprise : • repérer la forme et la structure du local, • identifier la nature des revêtements, • repérer la distribution de l’éclairage naturel, • repérer la distribution de l’éclairage artificiel, • repérer les différentes sources lumineuses et leur implantation, • repérer les différents types de luminaires et leur structure, • estimer et/ou mesurer les facteurs de réflexion. Observation spécifique d’un poste de travail de l’établissement scolaire ou de l’entreprise : • repérer le nombre d’opérateurs concernés, • analyser l’activité de l’opérateur, • définir les exigences visuelles de sa tâche, • mesurer les différents niveaux d’éclairement, • estimer et/ou mesurer les risques d’éblouissement direct ou indirect, • estimer et/ou mesurer les équilibres de luminances entre les différentes zones. Repérage des dysfonctionnements, incidents et accidents liés à la qualité de l’éclairage : • par un entretien avec le médecin du travail, l’infirmière et la consultation des documents statistiques, • par interview des opérateurs : impressions ressenties, plaintes, gêne occasionnée, incidents divers. Analyse des informations recueillies : • par rapport à la réglementation, • par rapport à l’individu. Estimation des principaux risques : • gravité, • fréquence. 66 Proposer Proposer des mesures de prévention • au niveau des locaux : – déplacement des sources lumineuses, • au niveau du matériel : – changement des lampes, – pose de protections ou d’écrans, • au niveau de l’individu : – contrôle des aptitudes visuelles, – déplacement des postes de travail. Ordonner Ordonner les mesures de prévention en fonction de critères de choix : • portée de la mesure, • stabilité de la mesure, • délai d’application, • coût pour l’opérateur, • possibilité de déplacement du risque, • coût pour l’entreprise, • conformité à la réglementation. Rédiger Rédiger un document justifiant la mise en œuvre des mesures proposées. 67