
Introduction
Cet article traite des transformateurs
dans la gamme de 100 à 1000 kVA qui
sont largement utilisés dans les
réseaux de distribution publique pour
l’alimentation des réseaux basse ten-
sion (BT) et dans les installations pri-
vées raccordées en HT. Ils méritent une
attention particulière à plusieurs
titres.
Ils sont souvent installés au cœur de
bâtiments dont la sécurité peut être
mise en danger en cas d’avarie grave.
Lerisque d’incendie est très présent à
l’esprit du législateur et des exploi-
tants, y compris le fait que le transfor-
mateur est susceptible de jouer le rôle
de combustible passif dans de telles cir-
constances.
Ils sont aussi utilisés en très grand
nombre; l’ordre de grandeur du nombre
d’unités en service en Belgique est de
100.000 et, dans l’absolu, cela augmente
forcément les risques. Par ailleurs c’est
aussi une raison pour concevoir une
protection qui assure la sécurité tout en
restant aussi économique que possible.
La préoccupation vient principalement
des transformateurs à bain d’huile,
c-à-d ceux dont les parties actives sont
immergées dans une huile minérale
isolante. Il s’agit de prendre les précau-
tions pour éviter qu’en cas de défaut
interne au transformateur, il y ait rup-
ture de la cuve et projection d’huile et
de flammes. Le rôle de la protection est
donc d’empêcher ce qu’il est convenu
d’appeler des manifestations exté-
rieures qui mettraient en péril les
locaux environnants et les personnes
qui s’y trouvent.
Dans sa nomenclature des surintensi-
tés contre lesquelles il faut protéger les
machines électriques, le RGIE dis-
tingue les courants de surcharges, les
courants de défauts impédants et les
courants de courts-circuits. Concernant
ces derniers, en particulier en cas de
court-circuit dans les circuits alimentés
par les transformateurs,et donc un
court-circuit externe au transforma-
teur, l’intégrité de celui-ci est assurée
par les exigences de la norme et
dûment vérifiée par des essais en vraie
grandeur. Du point de vue de la tenue
du transformateur, il faut que le court-
circuit externe soit éliminé dans un
délai de 2 s ce qui est à la portée de
l’appareillage. Cette tenue aux courts-
circuits externes est un aspect impor-
tant de la conception des transforma-
teurs, mais ce sujet (actuellement bien
maîtrisé) sort du cadre du présent
article qui se concentre sur l’élimina-
tion des autres types de surintensité.
La question de la protection se pose
aussi parce qu’il y a deux types d’appa-
reillage utilisés pour la coupure des
surintensités en amont des transforma-
teurs de distribution, à savoir les
fusibles combinés avec un interrupteur
et les disjoncteurs. Chacun de ces maté-
riels a ses avantages et inconvénients
et il se trouve que l’application «protec-
tion des transformateurs de distribu-
tion» se positionne en plein dans la zone
frontière délimitant les domaines préfé-
rentiels d’application de l’une et l’autre
de ces technologies. Il y a matière à
réflexion si l’on veut opérer le meilleur
choix. Comme on le verra par la suite,
cela se traduit concrètement par des
logigrammes permettant effectivement
d’adopter les meilleures pratiques. Les
particularités de ces types d’appareillage
seront exposées ci-dessous, en prélimi-
naire à la description du comportement
des transformateurs en cas de défaut.
Les principes de protection sont basés
sur l’expérience concernant le compor-
tement des transformateurs en défaut.
Nous exposerons également les ensei-
gnements que l’on peut retenir d’une
campagne d’essais en vraie grandeur et
qui a été à la base d’une réflexion sur
les pratiques à adopter.
Ensuite, nous passons en revue les dis-
positions qui s’appliquent aux 3 cas de
figure principaux, à savoir les transfor-
mateurs de distribution publique,les
transformateurs dans les cabines
privées (cabines clients) et enfin les
dispositions spécifiques à l’usage des
transformateurs secs (par opposition
aux transformateurs à bain d’huile).
Les combinés interrupteur-fusible
Il y a une grande différence entre les
principes de coupure mis en jeu dans
les fusibles d’une part et dans les dis-
joncteurs d’autre part. Les fusibles dont
il est question ici sont les fusibles limi-
teurs1qui ont pour caractéristique
principale d’interrompre les surintensi-
tés dans des temps très courts. La tech-
nique mise en œuvre consiste à déve-
lopper à l’intérieur du fusible, dès la
fusion de l’élément conducteur, un arc
électrique de grande longueur (grâce au
développement spirale du filfusible),
énergiquement refroidi par le sable de
remplissage, avec une tension d’arc
bien supérieure à la tension de service.
Cette force contre-électromotrice qui se
développe dès la première milliseconde
de la fusion force la diminution du cou-
rant et l’éteint extrêmement rapide-
ment. La durée d’arc n’est que de
quelques millisecondes, le temps total
de coupure est quant à lui influencé par
la durée de fusion de l’élément fusible
(temps de pré-arc) qui dépend de l’in-
tensité du courant à couper (=> courbes
temps courant de pré-arc).
Il en va tout autrement de la coupure
dans un disjoncteur qui maîtrise le cou-
rant non pas en développant une force
contre-électromotrice élevée, mais en
refroidissant et soufflant l’arc de
Revue E tijdschrift– 125ste jaargang/125ème année – n° 2-2009 (juni/juin 2009)
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Schakelapparatuur
1La catégorie des ‘fusibles limiteurs’ s’oppose
àcelle des ‘fusibles à expulsion’ qui n’est pas
utilisée en Europe.
Fig. 1: Oscillogramme de coupure par fusible