Plasmas Froids : Systèmes d’analyse, Modélisation et Rayonnement, Publications MRCT du CNRS, p. 67 (2009)
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2.2 Méthode et grandeurs accessibles
Contrairement à de nombreux outils de diagnostics d’un milieu plasma comme une sonde de Langmuir
ou de Faraday, un analyseur d’énergie à champ retardateur ou bien un spectromètre de masse, la
spectroscopie de LIF est une technique faiblement intrusive qui perturbe relativement peu le milieu à
étudier. Un apport local d’énergie à l’aide d’un laser engendre certes une modification de l’équilibre
thermodynamique local. Mais si la fluence laser est faible, la perturbation introduite sur les grandeurs
mesurables est négligeable. Cependant, même à faible puissance laser il est possible de modifier la
répartition de la population dans les différents niveaux atomiques et/ou moléculaires. A très forte
fluence, on arrive à produire localement un plasma ce qui perturbe grandement la fonction de
distribution en énergie des électrons et par suite l’ensemble des propriétés du milieu ainsi que la
chimie ; on peut également dissocier des molécules.
En plus de son aspect faiblement intrusif, la spectroscopie de LIF offre d’autres avantages :
elle permet la sélection
d’une espèce,
d’un niveau,
elle offre une excellente résolution spectrale grâce à l’emploi de source laser,
il est possible d’atteindre une bonne résolution spatiale et temporelle,
elle offre une sensibilité élevée : la limite de détection en densité est voisine de 10
14
m
-3
.
En contre partie, il existe plusieurs inconvénients qu’il est important de détailler :
la mesure de la densité est en fait relative car la constante
K
de l’Equation (1) est souvent
mal connue. Il est donc nécessaire de réaliser des expériences de calibration du signal de LIF
afin d’obtenir une valeur absolue de la densité d’espèce dans l’état │i〉. Plusieurs méthodes de
calibration sont possibles :
- on peut tout d’abord déterminer un à un les paramètres qui contribuent à la valeur de
K
(voir chapitre 4). Cette méthode est cependant délicate et peu précise.
- on peut réaliser des mesures par absorption laser qui donne la valeur de la densité
intégrée sur la ligne de visée. Si le milieu est homogène, on peut relier la densité
mesurée au signal de fluorescence. Si le milieu n’est pas homogène, il devient
nécessaire de mesurer le profil spatial de la densité par LIF : l’intégrale de la
distribution est égale à la densité obtenue par absorption.
- on peut déterminer le paramètre
K
par diffusion Rayleigh à la longueur d’onde de la
fluorescence [10]. L’expérience de diffusion doit être conduite avec la branche de
détection du banc LIF à l’aide d’un gaz à pression constante et dont la section efficace
de diffusion à
λ
fluo
est connue.
- dans certains cas, il est possible d’obtenir la densité de l’espèce par titration chimique
ce qui permet de relier l’aire du profil de fluorescence à la densité [11]. La titration
chimique peut parfois être avantageusement remplacée par l’emploi d’un gaz de
référence dont le diagramme d’excitation-fluorescence est proche de celui du gaz
sondé [10,12,13].
le processus de LIF est un processus incohérent dont le rapport S/B est relativement faible,
il n’existe pas de source laser « prête à l’emploi » dans les domaines UV, VUV, XUV ce qui
rend parfois compliqué et coûteux l’accès à un état fondamental qui est pourtant l’état le plus
peuplé, et donc le plus actif, dans un plasma froid. On peut cependant générer des sources
cohérentes de photons avec
λ
< 250 nm à l’aide de techniques d’optique non-linéaire [14,15].