D’ ARISTOTE à GALILÉE : Naissance d’une science ARISTOTE • Né en 384 avant JC à Stagyre en Macédoine • Activité très féconde s’intéressant à la philosophie, à la science… • De 367 à 347 il suit l’enseignement de Platon à l’académie d’Athènes. • Rédaction de : • Dialogues sur : la justice, l’éducation, l’amitié. • Traités sur : le ciel, la génération, la corruption, l’éthique…marqués par l’influence de Platon. • 342 av JC : mort de Platon • Aristote part d’Athènes et fonde une école à Plassos. • Début de la rédaction de la Métaphysique et de l’Ethique à Nicomaque, ouvrages marquant son autonomie par rapport à Platon. • En 336 Alexandre le Grand accède au trône . • Aristote, dont il a été le précepteur, revient à Athènes où il fonde le lycée • Il compose la plupart de ses ouvrages : Politique, Rhétorique, Poétique… • 323 mort d’Alexandre le Grand • Aristote accusé d’athéisme et de trahison quitte Athènes pour Chalcis où il meurt quelques mois plus tard. L’héritage de Platon • Aristote a été l’élève de Platon et son influence ne cessera de se faire sentir. • Platon tient l’observation pour peu de chose , la vérification pour impossible. • Donc les expériences n’ont pas de sens ! • « Si l’on voulait faire une recherche expérimentale en soumettant cela à la vérification, ce serait méconnaître la différence entre un homme et un dieu ; car seul un dieu possède à la fois le savoir et le pouvoir nécessaire qui permettent de mêler les multiples choses en une seule et inversement de résoudre ce qui est un dans le multiple ; tandis que parmi les hommes nul n’est à l’heure actuelle en mesure de réaliser l’une et l’autre de ces tâches, et ne le sera jamais à l’avenir. » Aristote et la science Induction et déduction • Toute science est, semble-t-il, susceptible d’enseignement et ce qu’on sait de science peut être appris. • Or tout enseignement procède de connaissances préalables, car il procède tantôt par induction, tantôt par déduction. • L’induction, dès lors est son point de départ, et conduit à l’universel, tandis que la déduction part des universels. • Il y a donc des principes qui sont à l’origine de la déduction et ne sont pas eux-mêmes le résultat d’une déduction. Ils sont donc le résultat d’une induction. Aristote et la Science • Ce que la science nous permet de savoir ne peut plus être autrement. • Les choses qui peuvent être autrement, une fois qu’on cesse de les regarder, on ne sait plus si elles sont ou non. • Cet objet est éternel, car les choses qui sont par nécessité pure et simple, sont toutes éternelles. Et celles qui sont éternelles ne peuvent ni naître ni disparaître. Astronomie et lois du mouvement • Les Grecs butaient un problème : • Dans le ciel les astres se meuvent sans « moteur » alors que sur terre, selon Aristote, il faut un moteur pour qu’il y ait mouvement car la notion de force de frottement n’est pas connue • Il y a donc un lien étroit entre astronomie et lois du mouvement • A l’époque d’Aristote l’œil était le seul moyen d’observation du ciel. • Bien avant Aristote les Chinois avaient été des observateurs particulièrement méticuleux. Ils avaient ainsi vu des étoiles apparaître puis, au bout d’un certain temps, disparaître après que leur luminosité ait progressivement diminué. • Ces apparitions dues à l’explosion de super novas, telle celle observée au 14ème siècle avant JC, n’étaient pas connues des Grecs • Aristote conçoit le monde comme clos, fini et hiérarchisé : • La terre est au centre, fixe et immobile. • Le monde est incorruptible au-dessus de l'orbite lunaire (monde supralunaire), • Le monde est corruptible, en proie au devenir, en dessous (monde sublunaire). Représentation du monde Le mouvement selon ARISTOTE • Tout ce qui, sur terre est en mouvement ou susceptible de mouvement, l’est : • soit parce qu’il reçoit celui-ci par communication d'avec d'autres corps. • soit parce qu'il possède en lui-même son propre moteur. • Mais le mouvement, qu'il soit interne ou externe, reçoit son principe de mouvement d'un moteur qui ne peut que lui être antérieur, moteur qui est lui-même mû, et ainsi de suite • C'est pour cela qu'il s'agit de s'arrêter dans la régression à l'infini en postulant l'existence d'un premier moteur qui meut tout et que rien ne meut : • Celui-ci peut être assimilé à Dieu, immobile, inétendu et incorporel. • Conclusions : • Si on n’applique pas de force (un moteur) à un corps en mouvement, il s’arrête. • La notion de frottement n’est pas perçue. • Aristote est un philosophe qui a observé le ciel, la chute des corps… mais suivant la doctrine de Platon, il n’a pas fait d’expérience. • Il interprète ce qui est vu et connu à son époque. Pour lui les éléments reviennent vers leur milieu naturel : les « graves » vont vers la terre, les légers, telles les fumées, vers le ciel : il ne cherche pas à savoir si les particules qui constituent la fumée ne retombent pas ensuite. • Ne pas oublier que : • L’idée de Dieu est présente dans sa réflexion. 2000 ans d’attente • Question importante : Pourquoi a-t-il fallu attendre 2000 ans pour que les lois du mouvement correctes et le système héliocentrique soient reconnus ? Importance capitale de la religion qui a soutenu la position d’Aristote, n’hésitant pas à envoyer au bûcher les contradicteurs (hérétiques). Et Galilée a dû se rétracter ! Ethique à Nicomaque p 208… • « Que pour sa part le bonheur soit achevé sous forme d’une activité méditative on peut encore le voir à partir des considérations suivantes : • Nous avons en effet la conviction que ce sont avant tout les Dieux qui possèdent la félicité et sont heureux. Or quel genre d’action faut-il leur attribuer ? • Sont ce les actions justes ? On les rend plutôt ridicules si on leur fait passer entre eux des contrats, restituer des dépôts et accomplir tous les actes de ce genre. • Mais alors sont ce les actions courageuses ? Pense-t-on qu’ils affrontent la peur et prennent des risques parce que c’est beau ? • Ou bien sont ce les actions libérales ? Mais auquel d’entre eux iront les libéralités ? Il serait d’ailleurs absurde d’aller jusqu’à croire qu’ils ont à leur disposition de la monnaie ou quelque moyen semblable… • Or on a beau les passer en revue, toutes les actions qu’on leur prêterait supposent des choses qui vont paraître mesquines et indignes des Dieux. • Et pourtant tout le monde a la conviction qu’ils vivent et donc qu’ils exercent une activité… Or le vivant dont on exclut qu’il agisse et à plus forte raison qu’il produise, que lui reste-t-il en dehors de la méditation ? • Par conséquent l’activité du Dieu qui est d’une félicité incomparable doit être de nature méditative. • Donc parmi les activités humaines, celle qui est la plus apparentée doit aussi être celle qui ressemble le plus au bonheur… • Chez les Dieux en effet l’existence entière est bienheureuse et chez les hommes, elle l’est dans la mesure où ils ont quelque chose qui ressemble à ce genre d’activité. » : • La méditation ARISTARQUE de SAMOS • On sait peu de choses sur lui : • Naissance à Samos en 310 avant JC environ Décès en 230 avant JC environ. • Astronome et mathématicien. • On ne connaît de lui que « Sur les dimensions et les distances du soleil et de la lune ». • On pense qu’il a écrit d’autres ouvrages disparus avec la bibliothèque d’Alexandrie. Comparaison terre-lune • Il a observé que la lune met à peu près une heure pour parcourir une distance égale à son diamètre. • Il observe que les éclipses de lune durent 2 heures. • Il en déduit que la lune reste entièrement dans le cylindre d’ombre de la terre pendant 2 heures et démontre que le diamètre de ce cylindre est de 3 diamètres de lune • Il en conclut que le diamètre de la terre est 3 fois plus grand que celui de la lune. Ce résultat est approché, il faut tenir compte des cônes de pénombre, en fait la terre est 3,7 fois plus grosse que la lune, mais l’ordre de grandeur est correct. • Il mesure ensuite l’angle sous lequel on voit la lune et trouve 2° (en fait la valeur correcte est 0,5°). Il en déduit la distance terre-lune : 28,5 diamètres de lune (valeur très imprécise). Distance terre-soleil • Il observe la lune lorsque le soleil éclaire exactement un hémisphère. • L’angle terre-lune-soleil est alors droit. • Par des mesures d’angles il en déduit que la distance terre-soleil est environ 19 fois plus grande que la distance terre-lune • Conclusion : Le soleil et la lune ayant le même diamètre apparent, son diamètre est 19 fois plus grand que celui de la lune. Conclusion • Quand on a à faire à 2 boules c’est la petite qui tourne autour de la grosse et non l’inverse. • Donc la terre : • Tourne autour du soleil. • Tourne sur elle-même pour expliquer les séquences jour - nuit Rejet des conclusions d’Aristarque de Samos • Un argument scientifique : • Si la terre se déplaçait on verrait les étoiles sous des angles différents en hiver et en été. • Cet argument ne tient pas : la distance terresoleil, de l’ordre de 150 millions de kilomètres, est extrêmement faible par rapport à la distance entre le soleil et les étoiles. • Donc cet angle varie extrêmement peu, ce qui n’était pas connu à l’époque. Autres arguments • Le mouvement circulaire n’est pas naturel. Le mouvement naturel est rectiligne. • La rotation de la terre sur elle-même qui ne sera vérifiée que beaucoup plus tard. • Il est sacrilège d’avoir déplacé le foyer du monde… • Conclusion : 2000 ans d’attente Pourquoi ce blocage ? • Pour Aristote le ciel est une zone dans laquelle règne la perfection et où tout est éternel. • Ceci est en parfait accord avec ce que J.C. dit de Dieu son père qui règne dans les cieux et où tout est éternel (per secula seculorum). • De façon générale le message chrétien est en accord avec la pensée des Grecs et d’Aristote : le ciel est le domaine des dieux, ce qui est vrai pour les autres religions monothéistes. La morale chrétienne n’est pas en désaccord avec l’éthique des Grecs et d’Aristote. Donc mettre en cause la rotation du soleil autour de la terre c’est mettre en cause toute la vision du monde des philosophes Grecs… L’inquisition, sans doute par peur du vide, refusa obstinément d’admettre la conception hélio-centriste de notre monde. COPERNIC • Nicolas Copernic naquit en février 1473 à Torun. Son père mourut en 1483. Son oncle, évêque, le fit entrer à l’université Jagellon de Cracovie. En 1495 il fut nommé chanoine de Warmie. • Il partit ensuite pour l’université de Bologne pour préparer un doctorat en droit canon. Mais là il s’intéressa à l’astronomie et, avec l’astronome Domenice Maria Novara, fit ses premières observations dès 1497. • En 1500 il partit pour Rome où il enseigna les mathématiques et observa l’éclipse partielle de lune du 6 novembre. • En 1501 il sollicita en plus deux années d’études en Italie. Il alla étudier la médecine à Padoue. • Il en revint en 1503 et présenta une thèse de droit canon lui permettant de devenir docteur dans cette discipline. • De 1503 à 1512 Nicolas Copernic fut surtout pris par la diplomatie et la médecine : il avait été nommé médecin de l’évêque. • Il délaisse alors la médecine pour l’astronomie et la gestion des fermes du chapitre. • C’est à cette époque qu’il concevra la théorie de l’hélio-centricité : • Matthias de Miechowun professeur à l’université de Cracovie signale avoir un manuscrit anonyme de 6 pages affirmant que le soleil est immobile et que c’est la terre qui se déplace. • L’astronomie prônée par Aristote et améliorée par Ptolémée était considérée comme une doctrine officielle. • Mais cette théorie historique comportait des failles dans les prédictions des mouvements des planètes. • Copernic entreprit, dans le cadre de la théorie héliocentrique, de calculer les mouvements des planètes et constata que l’accord était bien meilleur qu’avec la théorie ancienne. Copernic cite les pythagoriciens : D'autres pensent que la Terre se meut. Philolaos dit que la Terre se meut autour du Feu en un cercle oblique, ainsi que le Soleil et la Lune. Partant de là, j'ai commencé, moi aussi, à penser à la mobilité de la Terre Copernic, lettre au pape Paul III, préface à : Des révolutions des orbes célestes. 1543 • En juin 1542 l’imprimeur Petreius, sollicité par Rheticus, principal disciple de Copernic, accepta d’imprimer deux cahiers du manuscrit de Copernic. • Petreuis confia au pasteur Andreas Osiander la tâche de réviser le manuscrit. On lui doit sans doute la préface non signée, parfois attribuée à Copernic présentant le système héliocentrique comme une hypothèse parmi d’autres. • Copernic tombé gravement malade décédait le 24 Mai 1543. Galilée • Né à Pise en 1564, Galileo Galilei (Galilée), à 35 ans, étudie les mouvements et décrit la chute des corps. • Comme on l’a vu, Aristote pensait qu’un objet en mouvement, laissé à lui même s’arrêterait. • • Ce qui semblait raisonnable. • Du haut de la tour de Pise (???), Galilée lâche des balles de plomb, de bois, de papier et découvre que, quelle que soit leur masse, tous les corps sont animés du même mouvement. • Donc il met en doute les idées d’Aristote. • Il est le premier à énoncer le principe de relativité : • Lorsqu’on est à bord d’un navire qui vogue en ligne droite et à vitesse constante, on ne ressent aucun mouvement. On est immobile par rapport au navire mais le navire se meut par rapport à la Terre. • Conclusion : • Rien n’est absolument immobile • Tout dépend du référentiel dans lequel on se place. • Galilée observe que si on pose un pavé sur une table horizontale et si on le met en mouvement, en lui donnant une poussée instantanée il ralentit et s’arrête. Il remarque aussi que si on polit le plan et la surface du pavé en regard du plan, le pavé va plus loin. Plus on polit, plus le pavé va loin. • Galilée observe en outre que si la table est en mouvement horizontal uniforme le pavé, qui a reçu une poussée, ralentit et s’arrête sur la table, comme lorsqu’elle est immobile. • Il en conclut que si le pavé ralentit et s’arrête sur la table, c’est à cause des forces de frottement entre le pavé et la table. S’il n’y avait pas de forces de frottement le pavé ne s’arrêterait pas. Galilée et l’astronomie • A l’aide de la lunette qui porte son nom Galilée étudie le ciel. Il constate que : • La lune n’est pas une sphère parfaite • Saturne possède des satellites • Le soleil comporte des taches et tourne sur lui-même. Conclusion : En matière scientifique les idées d’Aristote sont fausses Une nouvelle vue du monde va naître Références du dvd projeté : disponible à la librairie du CRDP de Grenoble, 11 avenue du général Champon Mêlant reconstitutions historiques, explications scientifiques et interventions de spécialistes, ce docufiction met en scène la vie du célèbre mathématicien et astronome, Galilée. Le film propose le récit des découvertes du savant qui fit entrer le XVIIe siècle dans la modernité, comme la loi de la chute des corps ou les satellites de Jupiter. Il expose la méthode de compréhension du monde de Galilée (qui allie expériences rigoureuses et théories audacieuses) ainsi que ses prises de position face à l’Église et au dogme aristotélicien. Apparaît alors un homme de son temps, brevetant ses découvertes pour gagner de l’argent, recherchant les faveurs des princes, mais surtout construisant, contre vents et marées, une pensée totalement nouvelle. •Auteur(s) : This Hervé, Toulmonde Michel, Tourancheau Philippe •Discipline(s) : histoire, mathématiques, physique-chimie •Niveau(x) : lycée •Description : DVD toutes zones Éditeur(s) : CNDP, 2007 •Référence : 755B0730 •Prix : 14,00 € http://www2.cndp.fr/Produits/DetailSimp.asp?ID=87722