les rapports entre l`islam et l`état en algérie et en tunisie: de leur

LES
RAPPORTS
ENTRE L'ISLAM
ET
L'ÉTAT
EN
ALGÉRIE
ET
EN
TUNISIE:
DE
LEUR
REVALORISATION À
LEUR
CONTESTATION
Franc
k
FRÉ
GOSI*
Il
n'e
ntre
pas
dans
notre
propos de
nou
s
livrer
à
une
énième
analyse
du
s
tatut
institutionn
el
des
rapports
État-r
eligion
au
Maghreb
(en Algérie
et
en
Tunisi
e),
mais
de
montrer
comment
la
poussée
des
mouvements
islamistes
relay
ée
par
un
e
politiqu
e de
surenchère
re
ligieuse
,
entretenue
par
les
régime
s
algérien
et
tunisien,
crée
en
re
tour
les
conditions
propices à
une
remise
en
cause
des
liens
e
xistant
s
entre
l'État
et
l'is
lam.
Aus
si
notr
e réflexion
s'articulera-t-elle
autour
de de
ux
id
é
es
forces:
-
la
mis
e
en
évidence,
parallèlement
à
l'affirmation
publique
de
la
contestation
islamiste
, d'
une
re
valorisation
des
rapports
État-religion
durant
la
d
écen
nie 1980-1990
qui
concourt
à
un
renforcement
de
la
confessionnalité
de la
soci
été
et
de
l'État;
-
l'insistance,
en r
éa
ction
à
cet
é
tat
de
fait
, s
ur
l'émergence
d'
un
e
ns
e
mbl
e de dis
cour
s
rem
e
ttant
en
caus
e l
es
liens
État-r
eligion
au
profit
d'un
désenclavement
so
uhai
de
l'État
par
ra
pp
or
t à toute
sym
bolique
et
normativité
religieuses.
Revalorisation
du
rapport
Is
l
am
-
État
Notr
e réflexion s
ur
ce
point
rejo
int
l
es
analyses
de Olivi
er
Roy (1) à propos
de
la
grande
visibilité
de
l'is
lam
de
puis
un
e di
za
in
e d
'a
nn
ées
dans
l
es
sociét
és
musulmanes.
Il
avance
l'idée de proc
ess
us de
ré-islamisation
p
ar
le
haut
et
par
le
bas
à l
uvr
e
dan
s ces soci
étés.
L
es
pro
cess
us
de
ré-islamisation
par
le ha
ut
a
pp
ara
iss
ent
co
mm
e
la
réponse
sym
boliqu
e d
es
régimes
a
lg
é
ri
en
et
tunisien
à
l'ava
nc
ée
d
es
mouv
e
men
ts
isla
mist
es
qui e
ntr
e
prenn
e
nt,
eux,
une
r
é-isla
mi
sa-
tion
par
le
ba
s
de
la
société.
Ces
proc
ess
us de réis
lami
sa
tion
par
le
haut
se
traduise
nt
le
plus
so
uv
e
nt
p
ar
une
réintroduction
pro
gressive
d
es
référents
islamiques
dan
s le disc
our
s d
es
élites,
un
e
réinscription
de l'islam
dan
s l'
es
pac
e
juridique
avec
pour
fina
lit
é objective,
en
dota
nt
l
es
régim
es
en
plac
e d'
un
e
l
égit
im
ation
isl
amiq
ue (
symbo
liqu
e
),
de
désamorcer
en r
etour
la
co
nt
esta
tion
isl
am
i
ste
. Si la ré
pr
ession
,
qui
co
ntinu
e d'
avoir
la
faveur
d
es
régimes
en
place,
fut
s le dép
art
érigée
en
moyen po
litiqu
e le
plu
s «a
dapt
é »
pour
venir
à
bout
* Cher
cheur
au
CNRS-Str
as
bour
g,«
Soci
été
Droit et re
li
gion en
Euro
pe » .
(1)
C
r.
Roy (O .), Les voies de la ré
-i
slami
sat
ion, in Pouvoir
s,
1992, nO 62, L'islam dans la c
it
é,
p. 81-91.
Annu
a
ir
e de l'Afrique du Nord, tome XXXIV, 1995, CN
RS
Éditions
104 FRANCK FRÉGOSI
de la
sens
ibilité
islamiste
, force
est
d'
observer
que
c
es
mêmes
régimes
n'
ont
pour
autant
jamais
renonc
é à se servir de l'
arme
re
ligieus
e à le
ur
profit de
man
re
plu
s ou
moin
s ponctuelle,
cherchant
à
court-circuiter
l
es
islami
stes
sur
leur
propre
te
rr
ai
n.
Du
réformisme
au
fondamentalisme
d'État:
le
cas
algérien
Si en Algérie les
relations
entre
l'État
et
la
religion
reposent
formellement
s
ur
le
principe
cons
titutionn
el de
l'islam
religion de l'
Ét
at, les
rapports
entre
l
es
de
ux
systèmes, le politi
qu
e
et
le religieux,
ont
fluctué au
gré
du
temp
s
et
d
es
chefs d'
État
, a
lt
er
na
nt
des
pha
ses
de
tensions
extr
êm
es
et
d
es
quenc
es
de
profonds
rapprochements
voire d'o
smose
e
ntr
e les deux. Il convie
nt
de reve
nir
s
ur
chacune
d'e
ntre
elles
avant
d'
aborder
dans
le détail
la
période
cont
e
mp
o-
ra
in
e.
L
es
ann
ées Ben Bella (1962-1965) : entre
marxi
sme et religion
Ce
ll
es-ci se
caractér
i
sent
par
une
grande
tension
entre
les
deux
sys
tème
s,
a
lim
e
nt
ée
par
l'int
ense
effervescence idéologique
d'un
ré
gime
algérien éc
art
elé
e
ntre
un
attachement
formel à l'
islam
et
un
engagement
militan
t
en
faveur
de
l'option socialiste.
L'is
lam
est
alors
honoré
comme religion
du
peupl
e (2) par les
autorités
qui
veillaient
ce
pendant
à
limiter
sa
sphè
re d'influence
au
niveau
de la société
et
à
ne p
as
l'é
riger
en
source
unique
des
règles
. L'
inscription
dan
s
la
Constitution
de
l'islam comme religion de l'
État
témoigne
en
effet
autant
d'
une
volonté de
prendr
e en compte l
es
valeurs
religieuses
du
plu
s
grand
nombre
que
d'
un
e
motivation
politique d'
affirmer
la
pr
épon
ranc
e de
l'Ét
at
sur
le
champ
religieux.
Cette
riode
témoigne
en
fait
d'une
sécularisation
profonde de
la
société
algérie
nn
e
que
le
régime
en
place
entreprend
d'
accompagner
p
ar
certains
choix
s
trat
égi
qu
es, comme
la
prorogation
de la législ
ation
française
en
ma
tiè
re
matrimoniale
jusqu
'en 1975, ou encore l'
adoption
en
1964
de
la
Charte
d'
Alger
,
qui
engage
l'Algérie
dans
la voie socialiste. Ce
document
idéologique
aux
forts
accents
marxisants
,
inspiré
par
la
gauche
du
parti
(
Zehouane-Harbi
),
opère
en
fait se
lon
Cubertafond
un
n
et
«dégageme
nt
de
l'État
algérien
par
rapport à
l'is
lam
» (3)
en
accordant
la
priorité
à
la
promotion
d'une
culture
révolution-
naire
et sci
entifique
.
En
fait
Ben
Bella
n'aura
de cesse
tout
au
l
ong
de
sa
présidence
de
chercher
à
préserver
son
l
eade
r
ship
politique
.
Aussi
se fera-t-il le
fenseur
de l'isl
am
aup
s de
la
gauche
du
FLN,
de là l'idée d'
un
socialisme
spécifique
aux
couleurs
de l'islam, et le
porte-parole
du
socialisme
auprès
de
son
aile con
se
rvatrice
arabo-musulmane,
d'
le
rétablissement
de l'
enseignement
de
la
religion
dan
s les écoles publiques.
(2) Il
se
mble en fait
qu
e lors de la rédaction
du
projet de
co
n
st
itution algé,ie
nn
e,
Ben
Be
ll
a
se
so
it
prononcé à
titr
e individuel po
ur
la fo
rmul
e de l'islam re
li
gion
du
peuple (is
lam
din
al-chaab
l,
av
ant
de
reprendr
e à son compte ce
ll
e de l'islam religion de l'
État
s
ur
le
co
n
se
il de cer
tains
de
es
collaborateurs (
moi
gnage
qui nous a
été
rappor
par un moin des discu
ss
ions
re
l
at
ives à
l'
élaborat.ion de la
const
itution).
(3) C UBEIlTAFOND (B.), L'
Alg
érie contemporain
e,
Pa
ri
s,
PUF
,
Qu
e
sa
is-
je
?,
no 1977, 1988 12°
éditionJ, p. 10
7.
LES RAPPORTS ENTRE L'ISLAM ET L'ÉTAT
EN
ALGÉRIE ET
EN
TUNISIE... 105
En
dépit
de
la
présence-caution
de
Tawfiq
al-Madani
au
ministère
des
Habous,
Ben
Bella
ne
pourra
compter
sur
l'aval
des
milieux
religieux
plutôt
conservateurs
et
hostiles
à
l'orientation
socialiste
du
régime,
tel le
cheikh
lbrahimi
qui
fustigea
le
gouvernement
et
l'accusa
de
s'inspirer
de
doctrines
étrangères
et
non
pas
des
doctrine
s
arabo-islamiques
(4).
En
réponse
à
cette
prise
de
position,
un
tract
de l'UGTA
fut
diffusé
quelques
jours
plus
tard
qui
dé
non
çait
les
«
oulémas
du
mal
»
et
prenait
directement
à
partie
lbrahimi
et
sa
« clique
corrompue
» (5).
Aussi
les
oulémas
vont-ils
êt
re
parmi
les
premiers
à
soutenir
le coup d
'Éta
t
du
colonel
Houari
Boumediene!
Les années Boumediene (1965-1978) : confessionnalisation
de
l'État
et socialisme islamique
À
la
différence de
la
période
pr
écé
dente,
celle qui
commence
au
lendemain
de
la
destitution
de
Ben
Bella
par
le Conseil de
la
Révo
lution
verra
s'opérer
un
net
rapprochement
entre
le
système
politique
et
le
système
religieux
.
Cela
va
se
traduire
concrètement
par
un
renforcement
de
la
visibilité
sociale
de
l'islam
tant
à l'
échelon
état
ique
qu
celui de
la
société, ce
qui
n'
empêchera
pas
cependant
de
voir
émerger
un
début
de
contestation
islamiste
du
régime
en
place
(6). Ce
rapprochement
des
deux
systèmes
résulte
pour
une
bonne
part
de
l'alliance
tactique
nou
ée
entre
les
militaires
et
les
religieux
dont
les
intérêts
convergeaient
.
Les
oulémas
conservateurs
espéraient
ainsi,
en
échange
de
leur
soutien
au
coup d
'Éta
t,
monnayer
un
infléchissement
du
cours
de
la
révolution
dans
un
sens
plus
conforme
aux
principes
religieux
et
plus
généralement
obtenir
le
contrôle
de
certains
secteurs
clefs
comme
l'éducation
et
la
culture.
Boumediene
quant
à lui,
en
élargissant
la
base
sociale
de
sa
coalition,
visait
à
trouver
dans
les
oulémas
de solides
relais
d'opinion qu'il
pourrait
ponctuellement
mobiliser
à longue
échéance
pour
défendre
ses
orienta-
tions
socio-éco
nomiques.
Aussi
n'hésitera-t-il
pa
s à
favoriser
leur
intégration
dans
l'
appareil
d'
État.
C'est
ainsi
qu'il confiera à
Ahmed
Taleb
Ibrahimi
le
ministère
de
l'Éducation
nationale
puis
celui de
la
Culture
et
de
l'information,
à
Mouloud
Kassim
reviendra
l'Enseignement
originel
et
les
affaires
religieuses
(etc.).
À l'éc
helon
institutionnel
de
l'État
,
la
référence
à
l'islam
se
fait
plus
systématique,
et
l'on
assiste
à
un
renforcement
de
la
confessionnalité
de
l'État
algérien.
La
Constitution
de
novembre
1976,
dans
son
article
195,
dispose
par
exemple
qu'aucun
projet
de
révision
constitutionnelle
ne
pourra
porter
atteinte
au
principe
de
la
religion d'
État.
L
'a
rticle
120
prévoit
que
désormais,
lors
de
sa
prestation
de
serment
(s
ur
le
Coran),
le
nouveau
chef
d'État
s'engage
officielle-
ment
à glorifier
la
religion
islamique.
La
Charte
Nationale
de 1973
ira
jusqu'à
(4) CC
Déclaration
du
cheikh
Ibrahimi
à l'
age
nce
Reuter
le 16
avr
il 1962, cité
par
V
ALLIN
(
R.
),
Socia
li
sme
mu
s
ulman
en
Algé
ri
e,
in.
L'
Afriqu
e et l'Asi
e,
1965, 1er trim
estre
nO 69,
p.
20.
(5)
Id
em.
(6)
En
plus de la publication en 1970
du
pamphlet
du
ch
eik
h
Soltani
intitulé:
«Le
Mazdakisme
est à l'origine
du
socialisme
",
il
fa
ut
en
effet
rapp
eler
qu
e
c'est
dur
a
nt
la
présidence
de
Boumediene
que
date
la
premi
ère
manifestation
viol
ente
de
type
isl
amiste.
C'est
en
effet au
lendemain
de l'adoption de
la
Chart
e
Nationale
de 1976
qu
'
un
e
nseign
a
nt
de
Blida
,
Mahmoud
Nahnah
,
sabota
un
pot
eau
él
ectr
iqu
e afin de
prote
ster
contre
la C
hart
e qu'il
jug
e
ait
trop
laïqu
e.
106 FRANCK
FRÉGOSI
assimiler
le
peuple
algérien
au
seu
l peuple
musulman
et
faire de
l'islam
le
cadre
privilégié
dans
lequel s'inscrit la révolution socialiste
algérienne
supposée
accomp
lir
la vocation soc
ialiste
de l'islam. Le
ministère
des
Habous
est
transformé
en
minist
ère de
l'Enseignement
originel
et
des affai
res
religieuses
et se trouve doté d
'un
organe officiel avec
la
revu
e
Al-Asala
(7) qui
est
censée
refléter
le point de vue de l'islam officiel.
Un
Conseil i
slam
ique s
up
érieur
est
même
créé (décret
du
13 février 1966). Tous ces exe
mpl
es
tradui
sent
une
même
volonté
et
un
même
proc
essus
tendant
à
une
re-confessionnalisation radicale
des
institutions
politiques algériennes.
Le renforcement de
la
confessionnalité de
l'État
algérien
se prolonge
au
niveau
de la l
égislat
ion elle-même. C'est ainsi
qu'une
ordonnance de
septembre
1973
relative
au
code civil
réintroduit
le recours
au
droit
musulman,
qui
est
progressivement
reconnu comme
une
source de droit subsi
diaire
a
uqu
el les
magistrats
peuvent
faire appel. Toutes les discussions
sur
les diffé
rent
s projets
gouverneme
ntaux
de code de
la
famille
iront
dan
s le même sens,
prônant
un
retour
en
matière
de
statut
personnel
aux
règles les
plus
conservatrices
du
droit
musulman
classique.
À l'échelon de
la
soc
iété
toute
entière,
enfin, se
manifeste
cette
re-confes-
sionna
lisation orchestrée
par
l'État.
Des
séminaires
de
la
pensée
is
lamiqu
e
sont
régu
liè
rement
organisés à
partir
de 1967
pour
faire de l'Algérie
un
des lieux de
rayonnement
de
la
pensée
islamique
dans
le
mond
e.
Symboliquement, le
jour
de
repos
est
transféré
du
dimanche
au
vendredi,
jour
de
prière
collective. Le
gouvernement
prendra
différentes
me
sures
en
vue de
réa
fErmer le
caractère
obligatoire du
jeûne
du
mois de Rama
dhan
,
prévoyant
la
fermetur
e des
restaurants
et
des débits de boissons
durant
cette
période. L'élevage du porc
sera
int
erdit
et
la
vente
de boissons alcoolisées
aux
citoyens
algériens
se
trouvera
limitée.
Lentement
mais
sûrement
se profile
un
glissement
dans
la maniè
re
de
concevoir
l'unité
de la société
algérienne
et
d'e
nvisager
l'
articulation
entre
l'État
et
la
religion. Il semble que l'on soit
peu
à
peu
pa
ssé
d'une
unité
national
e
placée
so
us
le signe du peuple
et
d'un
e société composée de citoyens à
une
version de l'
unité
nationale
placée sous le signe de
la
umma
, a
utrem
ent
dit
d'
une
société composée de croyants.
Cette
évolution
est
caractéristique
selon
Hélène
Vandevelde d'"
un
renforcement
de
la
relation
dîn-dawla
et
d'une
officiali
sa
tion de
la
relation
dîn-dunya
» (8).
Les années
Chadli
(1978-1991) :
fondamentalism
e
d'État
contre
islamisme
conte
sta
taire
L'accession
au
pouvoir de Chadli Benjedid
marquera
un
e
étape
décisive
dans
l'histoire des
relations
État-religion
en
Algérie. Le régime
en
pl
ace sera
(7)
Pour
une é
tude
aussi
rigour
euse
qu'exhaustive
de
cette
revue,
voi
r l
'o
uvrage
de DF;IIElIVELS
(
L.W.
),
Islam et pensée contemporaine en Algérie , La revue AI·Asala (197
1-1
980),
Paris
, Ed.
CNRS
, 1991,
3
11
p. (8)
Cf.
V
ANDEVP.LDE
(H.
),
Quelques
signes d'
un
g
li
sse
m
ent
des notions de
'peup
le'
et
'citoyens' à
ce
ll
es
de '
umma
'
et
"
mu
'minin'
en
Algé
rie
depuis l'indépe
ndanc
e
",
in
Revue
Al
ri
enne des Sciences
Juridiqll
es,
Économiql/.eset Politiques (
RASJEP
), 1982,
num
éro spécial
XX
"
anniversaire,
p. 137-160.
LES RAPPORTS ENTRE L'ISLAM ET L'ÉTAT EN ALGÉRIE ET
EN
TUNISIE... 107
plus
durement
qu
e le
précédent
confronté à
la
poussée
de
l'islam
radical,
maître
de
la
rue.
Il n'
hésitera
pourtant
pas
à
reprendre
à son compte
une
partie
de
sa
thématique,
croyant
par
là-même
retarder
voire
échapper
à
la
confrontation
directe
avec
la
mouvance
islamiste.
C'est,
en
effet,
durant
la
décennie 80-90
que
le
courant
islamiste
algérien
va
sortir
du
cercle
étroit
des
mosquées
pour
prendre
pied
dans
les
rues
et
s'imposer
comme force politique
contestataire
avec
pour
objectif
la
conquête
du
pouvoir
et
l'instauration
d'un
État
islamique.
Il
importe
de
rappeler
briève
ment
les
grandes
dates
de
la
mobilisation
islamiste
durant
cette
période.
En
novembre
1982,
quelques
jours
seulement
après
le
meurtre
d'un
étudiant
trotskyste
Kamal
Amzal
par
un
islamiste
et
afin
de
protester
contre
la
brutale
répres
sion
qui
frappe
en
retour
le
courant
islamiste,
a
lieu
le
célèbre
meeting
de
la
faculté d'Alger
qui
rassemble
en
plein
cœur
de
la
capitale
près
de
2 000
islamistes.
À l'occasion
de
ce
premier
grand
rassemblement
islamiste
public,
est
diffusé
un
«
appel
du
12
novembre
1982» (9)
signé
par
les
cheikhs
Sahnoun,
Soltani
et
un
enseignant
peu
connu
à l'époque,
Abassi
Madani
. Ce
document
qui
vaudra
à
ses
signataires
d'être
arrêtés
ou
assignés
à résidence,
fustigeait
le
pouvoir
en
place
taxé
d
'a
th
é
isme,
accusé
d'être
victime
d'une
conspiration
judéo-maçonnique
et
appelait
déjà
à
l'application
la
plus
intégrale
de
la
charî'a.
En
marge
de ce
courant
qui
optait
pour
la
confrontation
politique,
s'était
constitué
dès
1982,
dans
la
clandestinité
, le
Mouvement
algérien
islamique
armé
(MAlA
),
dirigé
par
Mustapha
Bouyali
un
ancien
maquisard,
émanation
du
Groupement
contre
l'illicite créé
en
1981. Ce
mouvement,
ancêtre
de
l'actuel
Groupement
islamique
armé
(GIA),
prônait
la
rupture
violente avec le
régime
et
l'instauration
par
les
armes
d'
un
État
islamique
en
Algérie.
Au
lendemain
des
émeutes
d'octobre 1988
que
les
islamistes
ont
tenté
après
coup de
récupérer
à
leur
profit,
Chadli
reçoit officiellement
une
délégation
de
leurs
responsables
(Nahnah,
Madani
,
Belhadj,
Sahnoun
...
),
conférant
par
à ce
courant
une
légi
timit
é politique,
avant
même
qu'elle
ne
soit confirmée
par
les
urnes
en
1991.
Dans
le
courant
de
l'année,
à
l'initiative
du
cheikh
Sahnoun,
est
créée
une
Ligue
de
la
prédication
islamique
(Rabitat
da'wa
al-slamiya) avec
pour
finalité
de
fédérer
et
de
chapeauter
tous
les
courants
de
la
mouvance
islamiste
algérienne.
En
mars
1989 à
l'initiative
d'Ali Be
lhadj
et
d'Abassi
Madani,
contre
l'avis de
certains
responsables
de
la
Ligue,
est
enfin
créé
le
Front
islamique
du
salut
(FIS)
qui
sera
bientôt
suivi
par
d'autres
associations
prônant
toutes,
quoique
avec des
styles
différents,
l'application
de
la
charî'a
et
l'avènement
d'un
État
islamique
en
Algérie, comme le
mouvement
réformiste
de
Mahfoudh
Nahnah
Al-Irchad
wal-slah
(devenu
Hamas
en
1990)
ou
le
parti
El
Oumma
de
l'ancien
président
du
GPRA Youssef
Ben
Khedda.
Si
la
répression
policière frappe
durement
les
milieux
islamistes
durant
le
début
des
années
80, il
faut
cependant
noter
que
les
mêmes
responsables
politiques s'
accommodent
de
certains
de
leur
s
prônes
radicaux
quand
ils n'en
(9) Voir
text
e
int
é
gr
al, in Revue Sou'a!, L'Islamisme
au
jourd
'
hui
, nO 5,
p.
103-104.
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