La préposition

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En : de la préposition à la construction
Walter De Mulder
Langue française / Volume 2013 / Issue 178 / June 2013, pp 21 - 39
DOI: 10.3917/lf.178.0021, Published online: 23 December 2013
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Walter De Mulder (2013). En : de la préposition à la construction. Langue française, 2013, pp 21-39 doi:10.3917/lf.178.0021
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Walter De Mulder
Université d’Anvers
Dany Amiot
Université Lille-Nord de France & Laboratoire STL (CNRS UMR 8163)
En : de la préposition à la construction
1. INTRODUCTION
La préposition en est souvent considérée comme extrêmement polysémique,
ce dont témoigne son entrée dans le TLF, qui fait plus de quatre pages. Pour
cette raison, en a souvent été rangée, avec de et à, parmi les prépositions « incolores » ou « vides » du français. Il suffit toutefois de la remplacer par une autre
préposition, comme en (1), pour comprendre qu’elle a une valeur sémantique
propre :
(1) a.
b.
c.
Pierre est en prison
Pierre est dans la prison
Pierre est à la prison
Comment faut-il alors définir le rôle de la préposition dans la construction de
l’interprétation de l’énoncé ? Il ressort des différences d’interprétation en (1)
que son sens ne saurait se décrire uniquement à l’aide du concept d’intériorité,
qui a également été employé pour définir le sens de dans : le syntagme prépositionnel introduit par en en (1a) exprime, en plus d’une simple localisation,
une sorte de qualification de Pierre, suggérant plus ou moins que celui-ci est
prisonnier. On comprend dès lors que plusieurs auteurs aient défendu l’idée
qu’un syntagme prépositionnel comportant en doit avoir un sens plus abstrait,
souvent défini à l’aide d’un concept comme celui de « qualification », et capable
d’expliquer les différentes interprétations que le syntagme prépositionnel peut
avoir en contexte : état (résultant) en (1a), (2) ou (3), mais aussi localisation spatiale en (4), durée du procès exprimé par le verbe en (5), moyen de transport
utilisé en (6), objet de croyance en (7), etc. (voir, entre autres, Berthonneau 1989 ;
Cadiot 1997 ; Franckel & Lebaud 1991 ; Guillaume 1919 ; Guimier 1978 ; Leeman 1998 ; Vigier 2003 ; Waugh 1976) :
(2)
Il s’est transformé en bourreau.
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La préposition ‘en’
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
Il se met facilement en colère.
Il habite en France.
Il a écrit cette lettre en cinq minutes.
Il est venu en métro / Il ira en bus.
Il croit en une vie meilleure.
Dans cet article, nous nous proposons de décrire cette « flexibilité sémantique »
de la préposition en décalant la perspective : au lieu de nous focaliser sur
la préposition elle-même, nous prendrons en compte les constructions dans
lesquelles elle entre, en nous inspirant de l’approche « constructionnelle » décrite
dans la grammaire de constructions (notamment Goldberg 1995, 2006 ; Croft &
Cruse 2004). Selon celle-ci, le lexique-grammaire est un inventaire structuré
de constructions, c’est-à-dire d’unités de forme et de sens, dotées de règles
d’interprétation sémantiques spécifiques et suffisamment fréquentes pour être
stockées telles quelles dans l’esprit des locuteurs. Les composantes de ces unités
de forme et de sens que sont les constructions sont précisées dans la Figure 1 :
Figure 1 : d’après Croft & Cruse (2004 : 258)
Précisons que le sens conventionnel ne comprend pas seulement des propriétés référentielles, mais qu’il peut aussi inclure des propriétés discursives, ou
fonctionnelles (par ex. l’emploi de l’article défini pour signaler que le référent
est connu du locuteur et de l’interlocuteur), et des propriétés pragmatiques liées
aux relations entre interlocuteurs (par ex. l’emploi d’une exclamation, Quel beau
chat ! pour exprimer la surprise ; cf. Croft & Cruse, 2004 : 258).
Pour décrire les constructions, il faut vérifier, entre autres, si celles-ci sont
dotées de spécificités sémantiques qui les distinguent des autres. On notera ainsi,
par exemple, que dans tout à coup les éléments de l’expression n’ont plus leur
sens habituel et qu’on ne saurait réellement expliquer le sens de l’expression à
partir du sens de chacun de ses éléments. Cela n’implique pas nécessairement
que les constructions n’aient plus d’interprétation compositionnelle, ni que les
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‘En’ : de la préposition à la construction
composants ne soient plus reliés à leurs usages dans d’autres constructions, mais
il s’avère qu’il est impossible de décrire ces éléments sans tenir compte des
constructions dont ils font partie.
Les constructions sont au moins de trois grands types :
– des locutions figées, dont aucune partie ne peut être modifiée et/ou remplacée ; par ex. en français sur ces entrefaites, tout à coup ; ce sont des « substantive
constructions » dans la terminologie de W. Croft et A. Cruse (2004) ;
– des locutions en partie figées en partie variables (les « semi-schematic
constructions » de Croft & Cruse 2004) ; par ex. les structures comparatives
du type [X plus ADJ. que Y] ou les structures à complément adnominal
introduit par de, dans lesquelles N2 est un nom nu [N1 – de – N2] (ex. meute
de loups, verre de bière) ;
– des constructions au sens traditionnel, dans lesquelles tous les constituants
sont des variables (les « schematic constructions » de Croft & Cruse 2004),
comme par exemple la construction transitive directe (Verbe-COD) ou la
construction passive.
Il découle de ce qui précède que les constructions peuvent présenter différents
niveaux d’abstraction : alors que la dernière ne comporte que des variables, les
deux premières contiennent des constantes. Partant, les constructions peuvent
former des réseaux hiérarchisés, dans lesquels une construction schématique est
instanciée par une ou plusieurs constructions (semi-)schématiques lorsque les
variables de la construction schématique sont remplacées par des constantes.
Dans cette contribution, nous partirons de ces principes pour d’abord étudier
des constructions dans lesquelles le complément introduit par en est dans la
dépendance d’un verbe [V (SN) en N], et nous distinguerons trois grands types
d’interprétations, la localisation (§ 2), l’attribution d’un état à un objet ou à un
sujet (§ 3) et l’expression d’une propriété (§ 4), chacune de ces interprétations
étant à associer à une ou plusieurs constructions, celles-ci se déclinant ellesmêmes en sous-constructions. Le but de ces trois premières parties sera de
montrer que le sens des constructions identifiées excède à chaque fois le sens des
constituants qui saturent les variables, même si une certaine compositionnalité
existe dans tous les cas. Nous étudierons ensuite (§ 5) la construction gérondive
[en V-ant], et nous montrerons que celle-ci est, en français moderne, inanalysable
(on n’y retrouve ni compositionnalité, ni le sens de la préposition en). Cette
dernière construction ne pourra donc s’intégrer au réseau des constructions
étudiées précédemment.
2. INTERPRÉTATIONS LOCALISANTES
Nous distinguons trois grands types d’interprétation, la localisation stricte (§ 2.1),
la localisation qualifiante (§ 2.2) ou le mode de locomotion (§ 2.3), liées chacune
à (au moins) un type de construction.
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La préposition ‘en’
2.1. La localisation stricte
Cette interprétation est très contrainte (cf. Amiot & De Mulder 2011). Les seuls
noms qui l’autorisent sont :
– pour la localisation spatiale, les toponymes (NTop ) 1 qui dénotent des lieux
composites d’une certaine étendue, et/ou qui peuvent être conceptualisés
comme des contenants ; ainsi en est-il des pays ou des régions 2 :
(8) a.
b.
Il est en France, en Bourgogne, en région parisienne.
Il réside en France, ils demeurent en Bourgogne, ils vivent en région parisienne.
(9) a. Il a beaucoup voyagé en France, Il est parti marcher en Bourgogne.
b. Il va / vient en France / en Bourgogne / en région parisienne.
Les exemples (8) et (9) permettent de distinguer : (i) une interprétation stative,
lorsque le verbe est être 3 ou un autre verbe statif comme résider, demeurer,
vivre (cf. ex. (8b)), ces deux types de verbes pouvant être abréviés Vstat ; (ii) une
interprétation dynamique avec un verbe de déplacement (Vdép. ), que celui-ci soit
un verbe de changement d’emplacement (9a) ou un verbe de changement de
lieu (9b) 4 .
– pour la localisation temporelle, des noms de temps (NTps ) qui permettent
la localisation sur un référentiel temporel (cf. Berthonneau 1989) comme les
noms de mois ou les dates (10) :
(10) a.
b.
Nous sommes en mars, en 2013.
C’est arrivé en mars, en 2013.
À nouveau, c’est généralement le V être qui sature la variable verbale (Amiot,
de Mulder & Flaux 2005) ; on trouve aussi cependant des verbes de survenance
(Vsurv ) comme arriver ou se produire.
L’interprétation localisante stricte est donc associée, pour la localisation spatiale, à la construction semi-schématique [Vstat/dép en NTop ], pour la localisation temporelle, à la construction semi-schématique [Vêtre/surv en NTps ]. Cette
interprétation nécessite donc un contexte très contraint et est finalement peu
représentative de l’ensemble des contextes d’emplois de la préposition en. Selon
nous, cela s’explique par l’hypothèse suivante, développée par W. De Mulder
1. Les abréviations proposées tout au long des paragraphes 2, 3 et 4 visent à faciliter la représentation
synthétique des constructions dans la Figure 2, § 4.3.
2. Cela ne suffit cependant pas à prédire la capacité d’un toponyme à figurer dans la construction. Deux autres
constructions viennent en effet concurrencer être en : être à et être dans, cf. par ex. : Il est au Maroc / Il est dans
le Nord. Ce sont plutôt des considérations phonétiques (initiale consonantique vs vocalique) ou flexionnelles
(genre féminin vs masculin) qui semblent régir le choix de la construction.
3. La littérature sur la structure [être en N] est assez abondante (par ex. Van de Velde 2006 ; Haas 2008) et
dans l’ensemble, les auteurs s’accordent à considérer qu’elle exprime un sens statique et que être en introduit
un état.
4. Cf. Aurnague (2008).
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(2008) et D. Amiot et W. De Mulder (2011) : le centre de gravité (le terme est de
Gougenheim 1950) du sens de la préposition s’est déplacé : si, en ancien français, la préposition connaissait encore beaucoup d’emplois de localisation à côté
d’emplois non localisants, elle a été remplacée dans beaucoup de ces usages
par dans et, en français moderne, elle s’emploie essentiellement avec un sens
« qualifiant ». De fait, les emplois de localisation stricte, comme ceux de (8) et (9),
sont en quelque sorte des « vestiges » du passé.
Si la localisation stricte est très contrainte, il existe d’autres interprétations
localisantes qui le sont beaucoup moins, mais qui expriment à chaque fois une
autre dimension : la localisation qualitative et le mode de locomotion.
2.2. La localisation qualitative
Dans l’interprétation qualitative 5 , le premier élément de la relation exprimée par
en se voit attribuer une propriété associée au nom introduit par cette préposition,
ce qui est très souvent illustré par des exemples comme (1a) Il est en prison,
qui implique non seulement que la personne désignée par le sujet se trouve à
l’intérieur de la prison, mais aussi qu’il est prisonnier.
De nombreux auteurs (Guillaume 1919 ; Franckel & Lebaud 1991 ; Khammari 2006, Haas 2011 ; Amiot & De Mulder 2011) ont évoqué ce sens « qualifiant », qui apparaît lorsque en est suivi de noms concrets dénotant une activité
humaine et qui, en tant que tels, peuvent être conçus comme des lieux (NLA pour
N de Lieu d’Activité) ; les exemples sous (11) sont bien connus et illustrent les
deux autres sens que distinguent J.-J. Franckel et D. Lebaud (1991) :
(11) a.
b.
Ils sont en mer.
Il est en ville.
En (11a), le syntagme introduit par en réfère à une « action spécifique », typique
de celle que l’on fait en mer : être en mer peut se dire d’un pêcheur, auquel cas le
prédicat signifie ‘pêcher’, ou il peut se dire d’un navigateur, auquel cas il signifie
‘naviguer’ ; en (11b), il réfère à ce que J.-J. Franckel et D. Lebaud appellent une
« routine actancielle » : l’interprétation est proche de celle de (11a), mais l’activité
n’est pas aussi spécifique : on peut être en ville pour faire des courses, flâner,
aller au cinéma, etc.
Si l’interprétation de [être en NLA ] est bien localisante, elle n’est donc pas que
cela, elle est aussi qualifiante. Cette spécificité de la construction avec en apparaît
très clairement lorsque l’on change de préposition, notamment lorsque c’est dans
qui est employé (12a-c) ou lorsque l’on garde la préposition en, mais que l’on
insère plein avant le nom, quand cela est possible (12d) :
5. Dans les termes de la Figure 1, ce sens peut être classé comme une propriété sémantique.
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La préposition ‘en’
(12) a.
b.
c.
d.
Être dans la prison
Être dans la ville
Être dans la mer
Être en pleine mer / en pleine nature
Dans les deux cas, seule l’interprétation de localisation est activée, même avec
en 6 .
Tout comme dans la localisation spatiale stricte, la localisation qualitative
apparaît avec des verbes de déplacement (Vdép ) :
(13)
Il va aller en prison, il se promène en ville
À nouveau, l’interprétation associe localisation et qualification ; ainsi par
exemple, aller en prison signifie-t-il ‘devenir prisonnier’, contrairement à aller
dans la prison.
Cette interprétation qualifiante peut sans doute, au moins en partie, s’expliquer par l’absence de déterminant devant le nom : le syntagme prépositionnel ne
peut référer à une entité spécifique, actualisée, contrairement à ceux introduits
par la préposition dans. L’explication vaut également pour les autres cas analysés
infra (sur ce point, cf. Amiot & De Mulder 2011).
2.3. Le mode de locomotion
Une dernière variante apparaît lorsque en est suivi d’un nom dénotant une entité
permettant de se déplacer ([Vstat/dép en Nvéh ]) :
(14) a.
b.
c.
Être en bus, en métro, en vélo, en trottinette
Être dans le bus, dans le métro
Être sur un vélo, sur une trottinette
Plus qu’une localisation (la substitution avec dans (14b) ou sur (14c) rend manifeste là aussi la différence d’interprétation), ce type de construction exprime la
manière de se déplacer associée aux moyens de locomotion mentionnés dans
nos conceptions stéréotypées du monde, et attribuée au sujet de être en x.
Cette interprétation se retrouve elle aussi avec d’autres verbes que être :
(15)
Pierre voyage en bus, vient en métro, se déplace en skate / en trottinette /
en rollers
Une autre particularité prouve que [Vstat/dép en Nvéh ] constitue bien une construction à l’heure actuelle : bien qu’il ait été affirmé (cf. Leeman 1998) que les N de
véhicules dénotant des artefacts fermés étaient introduits par en (cf. 16a) alors
que ceux dénotant des artefacts ouverts, comme les noms dénotant des entités
naturelles (parties du corps ou animaux par exemple), étaient introduits par à
6. Sur en / en plein, cf. Haas (2008).
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(cf. (16b)), c’est la séquence [Vstat/dép en Nvéh ] qui semble devenir le seul patron
pour les nouveaux moyens de locomotion ((16c) et (16d), et qui semble prendre
le pas sur [V à Nvéh ] dans certains cas : avec des noms dénotant des artefacts
ouverts (16e) – le cas a été noté depuis longtemps –, mais aussi avec des noms
dénotant des entités naturelles, ce qui est plus rare et étonnant ; nous en fournissons un bel exemple (mais ce n’est pas le seul que nous ayons trouvé) sous
(16f) 7 :
(16) a.
b.
c.
d.
e.
f.
Il vient en train / en bus / en avion / en carrosse, etc.
Il vient à vélo / à moto ; il vient à pied / à cheval, etc.
??Il vient à skate / à rollers
Il vient en skate / en rollers
Il vient en vélo / en moto
Il n’est pas à cheval, il est en cheval. Harmonieux, aérien, il ne se déplace
pas mais il glisse. [http://largi.com/gdksalon/salon2009/albi09/ spectaclespresent01.htm]
C’est bien le mode de locomotion – la manière stéréotypique de se déplacer –
qui est visé avec en ; comme précédemment, cette interprétation est favorisée
par l’absence de déterminant, caractéristique de la préposition en.
De ce tour d’horizon rapide, il ressort que seul [Vstat./dép. en N], où N est un
toponyme, peut donner lieu à une interprétation de localisation spatiale stricte ;
les deux autres cas sont d’une autre nature, de fait plus proches de la qualification
que de la localisation. Cependant, dans tous les cas de figure recensés, même
s’il existe bien sûr une interdépendance entre le sémantisme du nom et celui du
verbe, il semble que ce soit le nom qui détermine, et surtout discrimine, les sens
associés à la construction (localisation stricte, spatiale ou temporelle, localisation
qualifiante, mode de locomotion) et qui, d’une certaine manière, détermine au
moins partiellement le type de verbe qui va pouvoir instancier la variable V ; on
peut ainsi opposer :
(17) a.
b.
c.
Pierre rentre en France / en mars
Pierre rentre en bus
Pierre rentre en prison
3. LES ÉTATS
3.1. États transitoires
De façon générale, V est instancié par le verbe être. Plusieurs types de noms
peuvent entrer dans cette construction pour recevoir une interprétation statique
d’où est absente toute idée de localisation. Peuvent y figurer des noms concrets
7. On trouve ce type d’associations de façon plus fréquente dans des structures génitives dont le nom recteur
est un nom déverbal, le plus souvent formé sur un verbe de déplacement: balade / promenade / randonnées /
voyage en cheval.
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La préposition ‘en’
(18a, 18c) et des noms abstraits (18b). En ce qui concerne les noms concrets, ils
sont au moins de deux types, ceux qui dénotent une manifestation physique
concrète (NMPC ), (18a) et ceux qui dénotent des vêtements (Nvêt ) (18c). Les noms
abstraits, quant à eux, sont généralement des noms de sentiments (Nsent ) 8 (18b)
ou des noms de rôles sociaux (NRS ) (18d) 9 .
(18) a.
b.
c.
d.
Elle est en sueur / en larmes / être en feu / en nage. (figé)
Ils sont en colère / en joie / en rage.
Elle est en pyjama / en robe / en short / en sous-vêtements.
Elle est en reine / en clown ; Il est en chevalier.
Comme on le voit, les noms qui peuvent figurer après la préposition dans cette
structure sont de nature variée, mais l’interprétation, elle, reste constante : elle
dénote toujours l’état non inhérent dans lequel se trouve le sujet : état physique
(a) ou psychique (b), tenue vestimentaire (c) et (d).
Que [être en N] soit une construction qui présente le nom qui suit la préposition comme un état, i.e. quelque chose de transitoire ou une qualité attribuée
de l’extérieur au premier élément de la relation exprimée par la préposition, et
non comme une propriété inhérente à cet élément, a déjà été noté très souvent
(cf. Van de Velde 2006, mais aussi par ex. Khammari 2006, ou Leeman à par.).
La différence d’interprétation est d’ailleurs très nette lorsque l’on compare la
construction [être en N] et la construction directe :
(19) a.
b.
Do-Anok est en reine d’Égypte. (web)
Do-Anok est reine d’Egypte.
Selon D. van de Velde (2006 : 93), « la locution [être en] est même tellement caractéristique des états qu’elle suffit à convertir en N d’état un N qui normalement
n’en est pas un. On dit ainsi : être en ruine, être en beauté ». On ne peut mieux dire
que [être en N] fonctionne comme une construction exerçant une coercition sur
l’interprétation des termes qui se substituent à la variable dans la structure.
3.2. États « dynamiques »
Bien que la construction soit fondamentalement statique, l’interprétation varie
légèrement si la préposition introduit un nom déverbal (NDév ) :
(20) a.
b.
être en vadrouille, en marche (vers), en promenade, en fuite, en voyage.
être en prière, en pleurs.
8. Noms d’états dans la terminologie de Van de Velde (2006) ; cf. infra. Nous ne retiendrons cependant pas ce
terme ici car cela risquerait d’engendrer de la confusion dans notre classement.
9. Nous considérons que les noms de rôles sociaux sont fondamentalement des noms abstraits, mais ceux-ci
étant assumés par des individus, ils se comportent très facilement comme des noms concrets. Les noms de rôle
sociaux qui peuvent apparaître en (18d) sont ceux qui se caractérisent par une tenue vestimentaire particulière,
comme dans les exemples donnés.
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‘En’ : de la préposition à la construction
L’interprétation semble conjoindre stativité (V être) et dynamicité, ce qui n’est pas
étonnant dans la mesure où les noms déverbaux sont construits sur des verbes
d’activité 10 , que ceux-ci soient des verbes de déplacement – les cas sont très
nombreux, cf. (20a) – ou des verbes d’un autre sémantisme (20b). Il est d’ailleurs
assez souvent possible d’établir un parallèle entre la construction en [être en N]
de (20a) et (20b) et le verbe correspondant à la forme progressive ; cf. (21a) et
(21b) :
(21) a.
b.
être en train de vadrouiller, de marcher, de se promener, de fuir, de voyager.
être en train de prier, de pleurer, d’être restauré.
Les noms qui intègrent la structure sont fondamentalement construits sur des
verbes d’activité, même s’il est possible de trouver quelques noms construits sur
des verbes téliques, comme franchissement :
(22)
Les grosses limites de la cylindré c’est en franchissement. (web)
Dans les épreuves de cross, le franchissement est l’une des « activités » du parcours (la difficulté consiste à franchir des rivières, des endroits escarpés et pierreux, etc.) ; ici comme précédemment la construction impose son interprétation.
Malgré la nature plutôt dynamique des noms introduits par en, dans l’interprétation finale du syntagme [être en Ndév ], l’état temporaire (ou la qualité
extrinsèque) associé à N est attribué au sujet ; l’interprétation résultante est donc
statique et provient de la combinaison de être et de en.
3.3. États résultants
Dans ce type de constructions figurent principalement des verbes causatifs de
valence 3 ; de façon générale, le complément introduit par en dénote un état résultant qui se rapporte au second actant, l’objet du verbe. Les verbes introduisant
ce type de complément appartiennent principalement à trois grandes catégories
sémantiques, ils expriment la partition (Vpart ) – (23a) –, le regroupement (Vgrp ) –
(23b) – ou la transformation (Vtransf ) – (23c) :
(23) a.
Le gâteau a été divisé en trois parts égales.
Des divergences ont fractionné le groupe en plusieurs unités.
Il a émietté le pain en une chapelure un peu grossière.
b. Ils se regroupent en unités plus grandes.
Le fourrage s’entasse en grosses meules.
c. Pour un soir, le salon a été transformé en scène de théâtre.
L’eau se change en glace.
Ils se dont déguisés en clowns.
10. On trouve aussi des interprétations complètement statives, et non processuelles, par exemple avec un nom
comme peinture : Le couloir est tapissé mais la salle de bain est en peinture peut s’interpréter comme ‘cette
salle est peinte’. Nous avons ici un état résultant.
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La préposition ‘en’
Dans ce type de constructions, [Vpart/grp/transf SN en N], c’est principalement le
verbe qui détermine l’interprétation et impose son sémantisme à son complément :
– en (23a), les verbes de partition imposent des noms comme fragment, morceau,
part, etc., généralement au pluriel, et la relation entre le sujet et l’objet, une
fois le procès achevé, est une relation de tout à parties ;
– en (23b), les verbes de regroupement nécessitent plutôt des noms qui renvoient
à la forme finale des entités regroupées : vrac, pile, tas, rangées serrées, etc. ; ces
noms peuvent être au singulier (le plus fréquemment) ou au pluriel ;
– quant aux verbes de (23c), ils ne paraissent pas imposer de contraintes très
fortes ; les noms introduits par en sont généralement des noms concrets ; il
semble difficile d’introduire certains types de noms abstraits dans la structure,
par exemple de vrais noms d’action :
(24)
??
La dette a été transformée en attribution.
Cependant, bien que le verbe paraisse déterminant dans la sélection des arguments et l’interprétation de l’ensemble, un sens particulier semble être attaché à
ce type de séquences, qui peut imposer son sémantisme à des [V SN en N] où le
verbe n’est pas un verbe de division, de regroupement ou de transformation ; ce
qu’avait noté D. Leeman (1998 : 105) 11 , à qui nous reprenons l’exemple suivant :
(25)
Jean décore sa chambre en boudoir Louis XV.
Le phénomène de coercition (cf. par ex. Michaelis 2004) à l’œuvre montre que
[Vtrans/div/grp en N] fonctionne comme une construction.
4. PROPRIÉTÉS
12
4.1. Propriétés caractérisant le sujet
Différents cas peuvent d’ores et déjà être distingués :
– [en N] entretient une relation de constituance (Vconst ; relation partie/tout)
avec le sujet (26a-c) ; cette interprétation apparaît avec des verbes statifs ; la
préposition introduit alors assez fréquemment un nom (au pluriel), dénotant
‘une partie de’ (part, partie, fragment, morceau, bout, constituant, etc.), qui peut
être précédé d’un déterminant numéral (26c), mais elle peut aussi introduire
11. Leeman (1998 : 105) qualifie ces sens de sens de conversion, dénomination qu’elle reprend à Boons,
Guillet & Leclère (1976).
12. Nous avons pris le parti de distinguer ces interprétations des précédentes, même si elles en sont assez
proches. En effet, le N ne dénote jamais un état à proprement parler, qu’il soit initial ou résultat. Il est d’ailleurs
impossible de mettre ce type de construction avec une relation stative [Vêtre en N] (par ex. le dîner {consistait
en / *était en} une soupe froide et un morceau de fromage ; Pierre {se comporte / *est} en automate), ce qui
est tout à fait possible avec les constructions [Vpart/grp/transf SN en N] : être en larmes / fondre en larmes ; être
en colère / se mettre en colère ; être en reine / se déguiser en reine, etc. Nous reconnaissons cependant qu’il
existe des cas assez peu différenciés.
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‘En’ : de la préposition à la construction
plusieurs syntagmes coordonnés, dont la somme explicite le tout dénoté par
le sujet (26a).
(26) a.
b.
c.
Le dîner consistait en une soupe froide et un morceau de fromage sec.
Le processus d’évaluation s’articule en plusieurs étapes.
Le phonème /t/ s’analyse en trois traits phoniques pertinents.
– La construction explicite la manière dont est effectué le procès en faisant
référence au rôle, plus ou moins temporaire, endossé par le sujet ; cette interprétation apparaît lorsque le verbe dénote un comportement (Vcomp ), et que le
nom dénote un rôle social (NRS ), par le biais d’un nom de métier ou autre. La
relation peut alors très facilement se concevoir comme une relation de comparaison, en peut d’ailleurs dans ce cas facilement être remplacé par comme ou à
la manière de (suivis dans l’un et l’autre cas d’un SN déterminé) 13 :
(27) a.
b.
Pierre se comporte en automate / se conduit en adulte / vit en reclus.
Pierre se comporte comme / à la manière d’un automate.
– La construction peut aussi exprimer l’évaluation quantitative ; cela se produit
lorsque le verbe est un verbe de valence 2, atélique, mais à orientation intrinsèque (28a), ou lorsque le verbe est un verbe de comparaison de valence 3
(28b) (Vquant ). Dans les deux cas, le nom est abstrait et gradable (NAG ) :
(28) a.
b.
Marie gagne en puissance / perd en crédibilité / monte en régime.
Marie égale X en gentillesse / dépasse X en intelligence / surpasse X en
méchanceté.
Ces interprétations correspondent assez bien à la relation d’identité que I. Khammari (2006) considère comme représentant le sens fondamental de en.
4.2. Objets hyponymiques
Il reste aussi un ensemble de cas dont la singularité n’est pas aisée à décrire
tant elle constitue des micro-systèmes centrés autour de verbes sémantiquement
différents ; cependant, dans tous les cas le nom introduit par en explicite une des
composantes internes du verbe : la langue en (29a) avec des verbes de parole,
la mesure en (29b) avec des verbes de chiffrage, le type de fournitures en (29c)
avec des verbes d’approvisionnement, la constituance en (29d) avec les verbes
de prolifération :
(29) a.
b.
Pierre parle / s’exprime en anglais.
Les pertes se chiffrent en tonnes, leur richesse se calcule en milliers de
dollars / en têtes de bétail.
c. Ils ont enfin équipé les bureaux en matériel informatique, l’immeuble est
alimenté en gaz, ils ont fourni le restaurant en écrevisses.
13. Sur les liens entre manière et comparaison, cf. par ex. Moline (2001), Moline & Stosic (2011), Stosic
(2011).
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La préposition ‘en’
d.
Cette recherche fourmille en données et en pistes inexplorées. 14
Là aussi la construction peut exercer une coercition sur l’interprétation ; c’est
ce que montre d’une certaine manière I. Khammari (2006) lorsqu’elle constate
qu’en (29b), même si le nom n’est pas un nom d’unité de mesure (cf. tête de bétail,
locution que nous lui avons empruntée), il s’interprètera tout de même comme
tel dans la construction et avec le verbe adéquat.
Les SP introduits par en des exemples sous (29) nous semblent pouvoir
être rapprochés des objets internes ou des objets hyponymiques, sans qu’ils
correspondent exactement à l’une ou à l’autre catégorie 15 . Cependant, bien que
les verbes ne soient pas tous des verbes inergatifs 16 , loin de là, les compléments
dont il est question sous (29) ne dénotent pas des entités ayant une existence
indépendante du procès lui-même, mais explicitent celui-ci tout en attribuant
une propriété au sujet. Par ailleurs, il a été souvent noté, par exemple par I. ChoiJonin (2011), que ces constructions ont pour caractéristique d’être qualifiantes
(auquel cas elles expriment la manière) ou quantifiantes ; il semble bien que cela
soit le cas des compléments introduits par en : il suffit d’opposer (29a), qualifiant,
à (29b), quantifiant.
4.3. Synthèse
Les analyses proposées jusqu’à présent montrent que les constructions dans
lesquelles le complément introduit par en entre dans une relation de dépendance
par rapport au verbe présentent des propriétés communes : elles possèdent,
à des degrés divers et de façons différentes, un aspect en quelque sorte statif
(localisation, attribution d’un état transitoire ou résultant, ou d’une propriété
au sujet ou à l’objet) à valeur souvent qualifiante (sauf pour l’interprétation de
localisation stricte). Les constructions mises au jour intègrent des réseaux de
sous-constructions où ce sont tantôt les noms (localisation stricte, localisation
qualitative, mode de locomotion, états transitoires et dynamiques), tantôt les
verbes (états résultants et propriétés) qui servent à discriminer les constructions
entre elles. L’ensemble peut alors se représenter sous la forme de la Figure 2 :
14. Dans certains de ces exemples, on pourrait substituer de à en ; nous ne creuserons pas cet aspect de la
question dans le cadre de cet article.
15. Selon Real Puigdollers (2008), l’objet interne est relié morphologiquement (vivre sa vie) et/ou sémantiquement (pleurer toutes les larmes de son corps) au verbe, alors que l’objet hyponymique dénote un sous-type de
ce que dénote le verbe (ex. : tango dans danser le tango).
16. Les verbes acceptant un objet interne sont censés être inergatifs, mais cette contrainte a été remise en cause,
notamment par Kuno & Takami (2004), qui ont montré que les verbes inaccusatifs (cf. mourir) pouvaient aussi
posséder un objet interne.
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‘En’ : de la préposition à la construction
Figure 2 : Représentation synthétique
5. EN ET LE GÉRONDIF
De prime abord, il semble raisonnable d’analyser le gérondif comme une combinaison de la préposition en avec le participe présent. Cette analyse dite « bimorphématique » 17 est toutefois contestée pour plusieurs raisons, présentées
entre autres par G. Kleiber (2007) :
– Même si la composante en et la forme verbale en –ant sont formellement
identiques avec, respectivement, la préposition en et le participe présent,
les auteurs qui soutiennent la thèse bi-morphématique devraient montrer
comment la combinaison du sens de la préposition en avec celui de la forme
verbale en –ant permet d’expliquer les emplois du gérondif. Or, comme le
note G. Kleiber (2007), la plupart des auteurs qui soutiennent la thèse bimorphématique ne donnent pas ce genre de précisions.
– S’il est vrai que la forme en –ant peut aussi s’employer de façon indépendante
comme participe présent ou comme adjectif verbal, cela ne suffit pas pour
conclure que le gérondif serait bi-morphémique : comme le fait remarquer
G. Kleiber (op. cit. : 106), si on accepte cet argument, il n’y aurait (presque) plus
d’expressions figées, puisque celles-ci sont aussi le plus souvent composées
d’expressions qui s’emploient également de façon indépendante dans d’autres
contextes.
– Certains défenseurs de la thèse bi-morphémique notent que dans le gérondif,
la forme en –ant se combine exclusivement avec en, et qu’elle se comporte de ce
point de vue comme l’infinitif dans l’art d’aimer (Wilmet 2007). Or, G. Kleiber
(op. cit. : 107) note que « la combinaison de de (ou d’autres prépositions) avec
l’infinitif n’est pas du tout fixe – on peut avoir à côté de d’aimer, pour aimer, à
aimer, sans aimer ». La situation de de devant l’infinitif fait ainsi plutôt penser
à celle qui existait pour en devant la forme en –ant en ancien français, où l’on
17. Voir Kleiber (2007) pour une présentation de la littérature et les références bibliographiques nécessaires.
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La préposition ‘en’
trouvait également d’autres prépositions (voir par ex. Lyer 1934 ; Arnavieille,
1997 : 75 ; Halmøy, 2003 : 41, note 7), comme le montrent les exemples sous
(30) :
S’en torne a esperon brocant. (Couronnement de Louis 2458, cité par Arnavielle, 1997 : 76)
b. Servi vos ai par mes armes portant. (Raoul de Cambrai, 682, cité par Arnavielle, 1997 : 77)
c. Miex aim jo a morir sor mon droit deffendant. (God. De Bouill., 2889, cité par
Arnavielle, 1997 : 78)
d. Ne vos leroie por les membres perdant. (Prise d’Orange, AB, 1427)
(30) a.
L’observation sur la variabilité des prépositions devant V-ant en ancien français
suggère que le gérondif, dans sa forme actuelle, est le résultat d’un processus
de grammaticalisation 18 lors duquel la préposition en et une forme verbale à
caractère nominal en –ant se sont soudées pour former une seule construction.
La forme en –ant peut provenir de trois formes « à caractère nominal qui font
partie de la conjugaison » du verbe latin (Halmøy, 2003 : 37) : le gerundium, le
participe présent et le gerundivum. Selon S. Lyer (1934 : 17), la préposition en ou
d’autres prépositions ont été ajoutées devant la forme en –ant pour exprimer
des fonctions correspondant à celles de l’ablatif latin, lorsque la désinence –o,
qui marquait l’ablatif, a disparu en français suite à l’évolution phonétique. Il
observe ainsi que la combinaison en + V-ant s’employait en ancien français dans
les contextes où le latin se servait surtout du cas ablatif du gerundium. Cette
idée semble être confirmée par le fait (i) qu’à l’origine, le gérondif s’employait
surtout pour exprimer la manière ou la simultanéité 19 (les autres interprétations
que l’on peut lui assigner actuellement – moyen, cause, concomitance, concession (en combinaison avec tout) 20 – se sont ajoutées par la suite), et (ii) que la
préposition en pouvait s’employer en ancien français pour exprimer le même
sens circonstanciel. H. Gerdau (1909 : 90) cite ainsi des exemples d’emplois de
en pour exprimer la manière (p. ex. la bele dit en larmes, Flo. U. Li. 1264), et note
que les cas les plus fréquents illustrant ce type d’usage étaient constitués par des
emplois de en auprès d’un gerundium (p. ex. En riant l’ad dit, Rol. 627) 21 . Bref, la
préposition en s’employait surtout (comme certaines autres) pour indiquer plus
18. Selon Kleiber (2007 : 101), il ne s’agit pas d’un cas prototypique de grammaticalisation. Il renvoie à ce
propos à Halmøy (2003 : 63), qui parle d’un « cas de grammaticalisation en voie d’achèvement ». Or, même si
le processus n’est pas tout à fait abouti, on retrouve bien les mécanismes habituels de la grammaticalisation,
avec, entre autres, un agrandissement de la cohésion interne de la construction et une recatégorisation des
composantes, et notamment de en (voir les paramètres de grammaticalisation présentés par Lehmann 1982).
19. De plus, tant Mason (1976) que Halmøy (2003 : 43) notent qu’au début la forme [en V-ant] s’employait
majoritairement en combinaison avec des verbes de dire.
20. Voir, entre autres, Arnavielle (1997), Halmøy (2003), Kleiber (2007) et Rihs (2009) pour plus de détails.
La plupart des auteurs s’accordent à dire qu’il s’agit en fait d’interprétations contextuelles.
21. Selon Gerdau (1909 : 89), l’emploi de en pour exprimer la manière pourrait être dérivé de son sens
temporel : si il le dit en riant signifiait peut-être à l’origine « pendant la durée du rire », il pouvait facilement
être réinterprété comme désignant les circonstances (ou la manière) du dire.
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‘En’ : de la préposition à la construction
clairement les fonctions circonstancielles qui étaient exprimées en latin par la
désinence casuelle.
Au point de départ, la forme n’était pas aussi unifiée qu’elle ne l’est maintenant, ce qui est confirmé par le caractère non figé de la préposition illustré
en (30), mais aussi par le fait qu’en ancien français, le régime pouvait se mettre
entre en et la forme en –ant (Lyer, 1934 : 17-18) :
(31)
Et pour ce atant depârtie, En droit faisant, soit ceste tenche. (J. Condé, Dits
et Contes de B Beaudoin de Condé et de son fils Jean de Condé III, 37, 885, cité par
Lyer, 1934 : 18)
En plus, en moyen français, le sujet de la forme en –ant n’était pas encore aussi
fréquemment identique à celui du prédicat principal qu’en français moderne,
comme le montre l’exemple suivant cité par B. Combettes (2003) :
(32)
« Dieux, dist elle, vous mette tous en male estrine ! » Et, en disant cestes
paroles, le seigneur de Saintré, le cœur ravi de joye, prestement descendit.
(Saintré, 470, cité par Combettes, 2003 : 16 ; Kleiber, 2007 : 114)
Si l’argument de la forme en -ant n’est pas non plus toujours identique à celui du
prédicat verbal en français moderne, G. Kleiber (2007) montre qu’il peut quand
même être identifié à l’aide d’éléments dans le prédicat verbal. Le rapport avec
le prédicat principal est donc devenu plus « intime » et le gérondif exprime
une intégration à la prédication principale (Kleiber, op. cit. : 120), sans qu’il soit
possible de décider si ce sens est le fait de la composante en ou de la forme en
–ant 22 . En plus, la préposition et la forme en –ant ne peuvent pas être séparées ;
il y a donc eu rigidification et figement de la construction conformément aux
paramètres de la grammaticalisation de C. Lehmann (1982) 23 .
Le processus de grammaticalisation esquissé supra met en évidence deux
propriétés du gérondif avancées par les partisans d’une analyse monomorphématique du gérondif, selon laquelle celui-ci formerait un morphème
unique [en ... –ant] (Kleiber 2007) 24 :
22. On notera toutefois que dans ses emplois « qualifiants », la préposition en exprime aussi une « intégration »
ou « association intime » (Saffi & Soliman, 2011 : 172-173), même si celle-ci concerne alors la qualité
exprimée par le nom introduit par la préposition et le premier élément de la relation prépositionnelle.
23. La formation de la construction suppose probablement aussi une réanalyse comparable à celle que
Combettes (2003) propose pour les formes en –ant en général. Selon cet auteur, les expressions circonstancielles
se trouvaient en ancien français en général après le verbe, puisque l’ordre de mots canonique au sein de la phrase,
en gros [thème + V + rhème], ne laissait guère de place avant le verbe. Il en a résulté des énoncés comme celui
sous (a), comportant un verbe de mouvement ou de position suivi d’un participe. Ces expressions pouvaient
être réanalysées dans des contextes comme celui sous (b), de sorte qu’elles acquéraient une indépendance
par rapport au verbe principal. Enfin, lorsque l’ordre des mots a changé, à l’époque du moyen français, ces
expressions circonstancielles ont pu se mettre avant le verbe, ce qui en a encore augmenté l’autonomie.
(a) li Crestien se mirent en l’isle et alerent preschant et annonçant le nom del vrai crucefi. (Tristan,
71, cité par Combettes, 2003 : 8)
(b) il s’en aloient fuiant. (Tristan, 203, cité par Combettes, 2003: 8)
24. Voir Kleiber (2007) pour d’autres références.
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La préposition ‘en’
– La fixité formelle : en français moderne, seul en peut apparaître avec la forme
en –ant, et celle-ci est la seule forme verbale qui puisse apparaître avec en
(Bonnard 1973 ; Kleiber, 2007 : 101).
– Il est difficile, voire impossible, d’assigner un sens propre à chacune des composantes du gérondif, de sorte que l’on puisse en expliquer l’interprétation
finale de façon compositionnelle (Halmøy 2003 ; Kleiber, 2007 : 102).
Dans les termes de la grammaire de construction (Croft & Cruse 2004), le
gérondif constitue une construction semi-schématique, dans la mesure où les
composantes fixes en et –ant sont ajoutées à un élément variable, le radical verbal,
inséré entre elles 25 . L’emploi fréquent de la préposition au sein du gérondif a eu
pour effet de rendre cet emploi autonome 26 , de sorte que, en synchronie, il n’a
plus d’éléments sémantiques en commun avec son emploi comme préposition 27 .
6. CONCLUSION
Dans cette conclusion, nous insisterons principalement sur l’intérêt du cadre
constructionnel pour l’analyse des structures étudiées.
Nous avons mis en évidence, même si nous n’avons pas réellement approfondi ce point, le fait que les structures analysées peuvent se concevoir comme
des réseaux hiérarchisés de constructions et de sous-constructions, qui vont
des constructions peu spécifiées (p. ex. [V en N]) à des sous-constructions nettement plus spécifiques, qui valent pour des micro-systèmes, ainsi par exemple la
construction [Vêtre/dép en Nvéh ] qui précise le mode de locomotion.
Par ailleurs, cette mise en réseau permet de mieux comprendre l’articulation
entre le sens de la préposition, le sens des mots qui instancient les variables et
le sens de la construction elle-même : si, à part les constructions de localisation
stricte, la majorité des structures étudiées possède un sens statif / qualifiant, ce
sens est bien sûr dû en partie à la présence de en, en partie aussi aux noms et aux
verbes qui instancient les variables (nous avons vu que dans certains cas, c’était
plutôt le nom qui permettait de discriminer les constructions, alors que dans
d’autres cas c’était plutôt le verbe), mais cela ne suffit pas à rendre compte de la
spécificité interprétative de chaque construction, ce que montre assez bien, nous
semble-t-il, l’interprétation d’une construction comme [Vêtre en NRS ], p. ex. être en
juge / en reine, dans laquelle il existe une contrainte sur le N – qui doit renvoyer
à un rôle social se caractérisant par un vêtement particulier –, et qui signifie ‘être
25. Kleiber (2007 : 102) attire explicitement l’attention sur ce point et note que les défenseurs de la thèse
mono-morphématique n’ont pas suffisamment compris que, avec le gérondif, ce n’est pas en qui se combine
avec le verbe, mais [en ... -ant].
26. Bybee (2010 : 25-45) décrit les facteurs sous-jacents à ce genre de processus.
27. En n’est en effet plus perçu comme une préposition (voir Helland 2010), de sorte que certains auteurs
ont proposé de l’analyser comme un complémenteur, éventuellement en combinaison avec –ant (voir Mason,
1976 : 14 ; Arnavielle 2010).
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‘En’ : de la préposition à la construction
habillé / déguisé en juge / reine’ : la référence à la tenue vestimentaire n’est
redevable ni du verbe être, ni de en, ni du nom qui sature la variable nominale
(qui dénote fondamentalement un rôle social), ni même de l’association de être
et de en, qui renvoie simplement à un état transitoire. Une telle interprétation
doit donc être attribuée à la construction elle-même. Quant à la construction
gérondive, dans laquelle en semble totalement désémantisé (au même titre que
l’affixe flexionnel –ant), ce n’est qu’en tant que forme discontinue que [en V–ant]
peut servir à marquer la qualification par le biais de l’intégration du prédicat
verbal inséré entre en et –ant à un prédicat principal.
Enfin, ces analyses nous ont aussi permis de rendre manifeste le changement
de « centre de gravité » entre une interprétation strictement localisante, massive
en ancien français, mais très contrainte en français moderne (qui n’est possible
que lorsque le nom introduit par en est un toponyme ou un nom de temps,
que le verbe soit être ou non), et une interprétation stative / qualifiante, rare en
ancien français, et désormais prépondérante en français moderne. Cependant,
si les constructions à interprétation stative / qualifiante sont majoritaires, et
de très loin, il existe néanmoins une sorte de continuum entre les deux types
d’interprétation, ce dont témoignent deux constructions (cf. [Vêtre/dép en Nvéh ]
et [Vêtre/dép en NLA ]) pour lesquelles l’interprétation localisante reste sous-jacente
(notamment [Vêtre/dép en NLA ]) et peut être réactivée par l’insertion de plein entre
en et le nom de lieu d’activité (être en pleine nature). Un tel continuum est tout à
fait classique dans les phénomènes d’évolution diachronique.
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