2014 rapport au parlement Procès-verbaux de la Commission de surveillance procès verbaux 2014 Ordres du jour * 1 re Séance du 22 janvier 2014 1.Approbation des procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 27 novembre et 11 décembre 2013 2.Désignation d'un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de février 2014 3.Projet de décret relatif aux droits à pension des ouvriers des parcs et ateliers (OPA) ayant intégré la fonction publique territoriale 4. Note de conjoncture - 4e trimestre 2013 5. Point d'information sur le PIA et France Brevets 6. Question d'actualité : néant 2 e 3 séance séance Séance du 12 février 2014 1.Approbation du procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 18 décembre 2013 2.Compte rendu de la vérification des comptes au titre de décembre 2013 3.Compte rendu de la vérification de fin d'année et de janvier 2014 de la caisse générale 4.Désignation d'un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de mars 2014 5.Bpifrance 6. Perspectives de résultats social et consolidé 2014 7. Stratégie de communication et de mécénat 2014 8. Question d'actualité : néant e séance Séance du 19 février 2014 1.Approbation du procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 22 janvier 2014 2.Politique d'investissement des portefeuilles d'actifs du Fonds d'épargne pour 2014 3.Revue du modèle prudentiel et délibération sur les niveaux de fonds propres : Section Fonds d'épargne 4.Politique d'investissement des portefeuilles d'actifs de l'Établissement public pour 2014 5.Revue du modèle prudentiel et délibération sur les niveaux de fonds propres : Section générale 6. Questions d'actualité : -Veolia -SNI 2 procès-verbaux 4 5 e Séance du 5 mars 2014 1.Compte rendu de la vérification de la caisse générale de février 2014 2.Audit interne : rapport d'activité 2013 et programme 2014 3.Bilan 2013 et perspectives 2014 de la Direction des services bancaires 7.Validation du projet de décret réformant les règles de fonctionnement du Fonds national de Solidarité et d'Action Mutualistes 4.Renouvellement de la convention "Agir pour l'emploi" 5.Point d'information sur la convention "Maisons de Services au Public" (MSAP) 6.Point d'information sur le protocole de partenariat 2013/2016 relatif à l'accessibilité entre l'État, le Premier Ministre et le groupe Caisse des Dépôts 8. Question d'actualité : néant e 6 7 séance séance Séance du 12 mars 2014 1. Mise en œuvre des orientations stratégiques 2. Stratégie de communication et de mécénat 2014 3. Question d'actualité : néant e e séance Séance du 19 mars 2014 1. Budget : exécution au 31 décembre 2013 2.Point sur les filiales : CDC Biodiversité – La Forestière 3. Suivi des recommandations de la Cour des comptes 4.Informations relatives à la convention "Projet Grand Paris" 5. Question d'actualité : néant séance Séance du 2 avril 2014 1.Approbation des procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 12 et 19 février 2014 2.Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de mai 2014 3.Projet de décret relatif au droit à l’information en matière de retraite pour les assurés ayant un projet d’expatriation 4.Projet de décret relatif à la dématérialisation de la déclaration et du paiement des cotisations de sécurité sociale pour les employeurs publics 5.Fonds d’épargne : rapport de gestion, comptes certifiés 2013 et perspectives d’emploi 2014 6. Section générale : comptes et résultats 2013 7.Fixation du montant de la CRIS pour 2013 et détermination du montant du versement à l’État 8. Question d’actualité : néant 3 8 9 e e séance Séance du 15 avril 2014 1.Pas d'ordre du jour : départ de Jean-Pierre Jouyet séance 10 11 e 1.Approbation des procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 5, 12 et 19 mars 2014 2.Compte rendu de la vérification de la caisse générale de mars 2014 3.Désignation d'un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de juin 2014 4.Projet de décret portant coordination entre les régimes de retraite applicables aux fonctions publiques de droit commun et de la Nouvelle Calédonie 5. Bilan 2013 de la politique et de l'offre des prêts sur Fonds d'épargne 6. Rapport semestriel sur les risques et le contrôle interne (2e semestre 2013) 7. Rapport d'activité 2013 de la DDTR 8. Question d'actualité : -décisions du Comité des Investissement au sujet d'Icade e séance Séance du 14 mai 2014 1.Compte rendu de la vérification de la caisse générale d’avril 2014 2.Rapport annuel 2013 de l’ACPR à la Commission de surveillance de la Caisse des Dépôts et présentation du programme de travail 2014 de l’ACPR 3.Bilan 2013 et perspectives 2014 de la Direction des Retraites et de la Solidarité (DRS) 4.Rapport de la mission d’évaluation Baïetto-Beysson & Hanotaux 5. Question d'actualité : néant séance Séance du 22 mai 2014 1. Prestation de serment du Directeur général 2. Question d'actualité : néant 12 e 13 Séance du 30 avril 2014 séance Séance du 28 mai 2014 1. Prestation de serment de Paul Peny 2.Approbation du procès-verbal et du compte rendu de la Commission de surveillance du 2 avril 2014 3.Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de juillet 2014 4. Point d’information sur le contrat SFIL 5. Point sur les filiales immobilières : SNI et Icade 6. Question d'actualité : néant e séance Séance du 11 juin 2014 1.Approbation du procès-verbal et compte-rendu de la Commission de surveillance du 30 avril 2014 2.Projet de décret fixant le montant du prélèvement de l’État sur les Fonds d’épargne 4 procès-verbaux 3. 4. 5. 6. 7. 14 15 e 17 Séance du 25 juin 2014 1.Approbation des procès-verbaux et des comptes-rendus de la Commission de surveillance des 14 et 22 mai 2014 2. Compte rendu de la vérification de la caisse générale du mois de mai 2014 3. Point sur la filiale immobilière SNI 4. Fonds d’épargne : perspectives quinquennales 2014/2018 5. Revue du modèle prudentiel (intégration des filiales dont BPI) 6. Question d'actualité : néant e 16 séance Point sur France Brevets Point d’étape du PIA et Convention PIA – Modernisation de l’action publique CNP Assurances Rapport au Parlement Question d'actualité : -SNCM séance Séance du 9 juillet 2014 1.Projet de décret portant sur l’organisation des élections des représentants au CA de la CNRACL 2.Projet de décret relatif à l’établissement public des fonds de prévoyance militaire et de l’aéronautique 3. Direction de l’exécution des opérations financières : bilan d’activité 2013 4. CNP Assurances 5. Point filiale CDC Climat et transition énergétique 6. Question d'actualité : néant e e séance Séance du 23 juillet 2014 1.Approbation des procès-verbaux et des comptes-rendus de la Commission de surveillance des 28 mai et 11 juin 2014 2. Projets de décrets relatifs au compte personnel de formation 3. Compagnie nationale du Rhône 6.Question d'actualité : lettre émanant du Ministre des Finances et des comptes publics à propos du budget de la Caisse des Dépôts 4. Prévisions de résultats social et consolidé au 30 juin et au 31 décembre 2014 5. Revue du modèle prudentiel 6. Questions d'actualité (suite) : -projet de convention État/CDC sur l'accompagnement de l'autonomie et l'adaptation de la société au vieillissement -Icade séance Séance du 10 septembre 2014 1.Approbation du projet de décret relatif à la consommation ayant introduit en droit français une action de groupe et approbation du projet de décret fixant les modalités d'accès régulé à l'électricité nucléaire historique 2. Compte rendu de la vérification de la caisse générale de juillet 2014 5 4 3. 5 6 18 e 19 e 20 21 e séance CDC International capital Revue du modèle prudentiel Projet de convention 2014/2016 avec l'USH Questions d'actualité : - Actualisation des mandats des membres dirigeants - CNP Assurances Séance du 1er octobre 2014 1.Approbation des procès-verbaux et des comptes-rendus de la Commission de surveillance des 25 juin, 9 et 23 juillet 2014 2.Désignation d'un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale des mois de septembre, octobre et novembre 2014 3. La Poste 4. Point SFIL 5. Questions d'actualité : -Oasis - Rapport de la Cour des comptes sur Icade séance Séance du 8 octobre 2014 1. 2. 3. 4. 5. e Budget : rapport d'exécution au 30 juin 2014 Point annuel sur les Systèmes d'information (SI) Comptes semestriels consolidés définitifs 2014 (1er semestre) Fonds d'épargne : résultats définitifs et rapport de gestion au 30 juin 2014 Question d'actualité : néant séance Séance du 22 octobre 2014 1.Approbation du procès-verbal et du compte rendu de la Commission de surveillance du 10 septembre 2014 2. Compte rendu de la vérification de la caisse générale de septembre 2014 3.Modalités de vérification de fin d'année de la caisse générale et planning de contrôle des comptes pour 2015 4. Audit : suivi des recommandations 5. Rapport semestriel sur les risques et le contrôle interne (1er semestre 2014) 6. Question d'actualité : néant séance Séance du 5 novembre 2014 1.Approbation du procès-verbal et du compte rendu de la Commission de surveillance du 1er octobre 2014 2.Désignation d'un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de décembre 2014 3.Stratégie tourisme : mission tourisme, bilan et perspectives de la Compagnie des Alpes et de Belambra 4. Programme d'émissions 5. Convention "culture de l'entrepreneuriat et de l'innovation" (circularisation) 6. Question d'actualité : - CNP Assurances 6 procès-verbaux 22 e 23 séance Séance du 19 novembre 2014 1. 2. 3. 4. 5. e 24 25 séance Compte rendu de la vérification de la caisse générale d'octobre 2014 Rapport annuel des conventions en 2013 Convention "projets territoriaux intégrés" Convention "French Tech" Question d'actualité : néant Séance du 3 décembre 2014 1.Approbation du procès-verbal et du compte rendu de la Commission de surveillance du 8 octobre 2014 2.Modalités de vérifications de fin d'année de la caisse générale et planning de contrôle des comptes pour 2015 3.Stratégie ingénierie et infrastructure du Groupe : Egis, CDC Infrastructure et Scet 3.1.Egis 3.2. CDC Infrastructure 3.3.Scet 4. Question d'actualité : ICADE e séance Séance du 10 décembre 2014 1. Point RH 2. Examen du rapport sur le budget de l'EP pour 2015 3/4 Convention PIA FSPI – fonds souverain sur la propriété industrielle et Convention "Nano 2017" 5 Programme de travail de la Commission de surveillance pour 2015 6. Question d'actualité : néant e séance Séance du 17 décembre 2014 1. Compte rendu de la vérification de la caisse générale de novembre 2014 2. Qualium Investissement 3. Point sur les fonds Novo/Nova/Novi 4.Fonds d'épargne : résultats prévisionnels et perspectives quinquennales 2014/2018 5. Prévisions de résultats social et consolidé pour 2014 6. Questions d'actualité : - contrôle de l'ACPR - SAS Paris Nord-Est - CNP Assurances 7 1 re séance-22 janvier 2014 * Le mercredi 22 janvier 2014 à 17 heures, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Borotra, Bavagnoli, Gailly, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance ; Etaient excusés : MM. Arthuis, Goua, Malvy. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Mayenobe, Directrice de cabinet du Directeur général et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; M. Michelson, Secrétaire général du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assisté de M. Martin ; M. Lataste, Conseiller de M. Emmanuelli ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe du Groupe (points 3 à 5) ; M. Tampéreau, Stratégiste à la Direction des Fonds d’épargne (point 4) ; Mme DupratBriou, Directrice de la mission Programme d’Investissements d’Avenir (point 5) ; Mme Sanguinède, Secrétaire générale de la mission Programme d’investissements d’avenir (point 5) ; M. Hourcade, Directeur général de France Brevets (point 5) ; M. Braidy, Président de France Brevets (point 5). 1 – Approbation des procès-verbaux et des comptes rendus de la Commission de surveillance des 27 novembre et 11 décembre 2013 M. Emmanuelli constate qu’aucune observation n’est formulée par les membres de la Commission de surveillance sur les procès-verbaux des 27 novembre et 11 décembre 2013. Les procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 27 novembre et 11 décembre 2013 sont approuvés. 2 – Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de février 2014 M. Emmanuelli indique que M. Houri sera chargé de la vérification de la caisse générale du mois de février 2014. 3 – Projet de décret relatif aux droits à pension des ouvriers des parcs et ateliers (OPA) ayant intégré la fonction publique territoriale M. Emmanuelli invite Mme RenaudBasso à présenter ce projet de décret. Mme Renaud-Basso explique qu’il s’agit d’un projet de décret visant à clarifier les règles relatives à la gestion des retraites des ouvriers des parcs et ateliers ayant choisi d’intégrer la fonction publique territoriale, à l’occasion du transfert aux départements, par une loi de 2009, des parcs de l’équipement. Le décret pose le principe d’une double pension, au prorata du temps passé dans chaque régime, ouvrier ou territorial, avec une garantie minimale de pension équivalant à ce qu’auraient reçu les intéressés s’ils étaient restés ouvriers de l’État. Mme Renaud-Basso ajoute que ces nouvelles règles n’impacteront que de façon très marginale la Caisse des Dépôts, puisque le volume à traiter sera de 200 à 300 dossiers par an jusqu’à extinction du dispositif, soit 0,6 % du volume annuel de liquidation. En réponse à une question de M. Jouyet, Mme Renaud-Basso précise que le nombre total d’agents concernés s’élève à 4 000. M. Lavondès fait observer la complexité du système mis en place : le passage du statut d’ouvriers d’État à celui d’agents des collectivités locales oblige à calculer 8 et à comparer la nouvelle pension avec celle que ces agents auraient perçue s’ils avaient conservé leur ancien statut, afin de les faire bénéficier de la plus avantageuse. De ce fait, bien que le nombre de dossiers s’avère relativement faible, le dispositif exigera un travail non négligeable. M. Lavondès espère que la vision optimiste communiquée par la Direction des Retraites et de la Solidarité et par Mme Renaud-Basso correspondra à la réalité, mais souligne que ce décret représentera tout de même une augmentation de la charge de travail et ce, à moyens constants. M. Lavondès rappelle, par ailleurs, qu’une note à propos du compte personnel de formation a été adressée à la Commission de surveillance le 8 janvier 2014. Il s’agit là d’un dossier autrement plus conséquent, puisqu’il concerne des millions de personnes. M. Lavondès souhaite donc que la plus grande attention soit portée à cette question, qui exigera des moyens nouveaux et devrait faire l’objet d’un débat en Commission de surveillance. M. Emmanuelli n’est pas certain qu’il convienne d’augmenter les effectifs à chaque nouvelle mission attribuée à la Caisse des Dépôts. procès-verbaux Mme Renaud-Basso convient que le compte personnel de formation représente un chantier conséquent, qui impliquera surtout la mise en place d’importants moyens informatiques. L’effectif supplémentaire nécessaire est évalué entre 30 et 50 équivalents temps plein environ, le nombre définitif dépendant du cahier des charges détaillé, qui n’a pas encore été établi. Mme Renaud-Basso indique que ce projet pourra également donner lieu à des réallocations d’activité entre Angers et Paris. Quoi qu’il en soit, cette activité sera financée par l’État. Solidarité a su mettre en place. Il faudra donc faire de même pour ce qui est du compte personnel de formation. M. Jouyet rappelle que le projet de décret doit encore faire l’objet d’un vote du Parlement. Les débats préalables fourniront à la Caisse des Dépôts un éclairage complémentaire sur le sujet. Par ailleurs, Mmes Renaud-Basso et Grave reviendront présenter à la Commission de surveillance l’organisation envisagée pour la mise en œuvre du dispositif. M. Gailly estime que la gestion du compte personnel de formation, qui représente certes un enjeu formidable pour la Caisse des Dépôts, nécessitera un travail dépassant de beaucoup la simple adaptation des moyens informatiques. S’agissant de l’informatique, M. Jouyet souligne que la Caisse des Dépôts sera en mesure de mobiliser ses meilleurs spécialistes – notamment issus d’ICDC – sur le projet et de faire appel, le cas échéant, à des sous-traitants extérieurs. M. Emmanuelli juge que l’accès des usagers à leur compte personnel constituera l’une des principales difficultés, relevant principalement du domaine de l’informatique. M. Ophèle demande si le fonctionnement du système reposera sur le NIR (numéro d’inscription au répertoire national d’identification des personnes physiques). Mme Renaud-Basso souligne que l’atout majeur de la Caisse des Dépôts, qui lui a permis d’être retenue pour ce projet, est son expérience dans la gestion de l’Ircantec, qui présente de fortes similitudes avec celle du compte personnel de formation. La complexité proviendra de la multitude des sources d’alimentation, mais les mécanismes du système – notamment concernant l’accès des usagers à leur compte – sont déjà bien connus de l’Établissement. Mme Renaud-Basso pense que c’est le cas, mais ne peut l’affirmer avec certitude. M. Gailly insiste sur le fait que les modalités de transfert entre les diverses branches, dont les règles peuvent varier, ne sont pas encore parfaitement définies. M. Lavondès ajoute qu’aucun mécanisme ne repose uniquement sur l’informatique. Lorsque les outils informatiques ne fonctionnent pas correctement ou s’avèrent insuffisants, les usagers ont recours au contact téléphonique pour obtenir des réponses ou adresser une réclamation. La gestion de ces contacts nécessite une organisation relativement lourde, que la Direction des Retraites et de la M. Ophèle estime que la gestion du compte personnel de formation s’avérera extrêmement difficile, à la fois pour la Caisse des Dépôts et pour les bénéficiaires, si le recours au NIR n’est pas autorisé. M. Emmanuelli s’enquiert des raisons pour lesquelles l’utilisation du NIR serait impossible. Mme Renaud-Basso évoque les règles très contraignantes de la CNIL en la matière. Elle pense toutefois qu’il sera possible de recourir au NIR dans le cadre du compte personnel de formation. Pour revenir au point à l’ordre du jour, M. Emmanuelli estime que le projet de décret relatif aux pensions des ouvriers des parcs et ateliers ne pose pas de problème et invite la Commission de surveillance à donner un avis favorable. La Commission de surveillance émet un avis favorable concernant le projet 9 de décret relatif aux droits à pension des ouvriers des parcs et ateliers (OPA) ayant intégré la fonction publique territoriale. 4 – Note de conjoncture 4e trimestre 2013 M. Tampéreau indique que la note de conjoncture du quatrième trimestre 2013 décrit un environnement économique en nette amélioration, surtout dans les pays anglo-saxons. Les États-Unis ont vu leur taux de croissance passer de 1,6 % à 2 % en un an et devraient connaître, en 2014, une nouvelle accélération, pour atteindre 2,5 %. Le Royaume-Uni enregistre, à l’heure actuelle, une croissance de 2 %, qui devrait atteindre 2,5 % cette année. La zone euro connaît également une certaine amélioration, bien que le PIB soit inférieur de 0,3 % à celui du troisième trimestre 2012. Les derniers chiffres disponibles confortent le scénario d’une sortie de récession puisque, pour le deuxième trimestre consécutif, la zone euro a connu une croissance positive, de 0,1 %, après les 0,3 % du trimestre précédent. M. Tampéreau souligne que cette reprise concerne l’ensemble des pays de la zone euro, y compris l’Espagne et l’Italie. En France, la reprise demeure à la fois faible, chaotique et vulnérable. Si le pays affichait au deuxième trimestre une croissance de 0,6 %, le PIB a ensuite reculé de - 0,1 %. Ce ralentissement était néanmoins attendu, bien que dans de moindres proportions, compte tenu d’effets temporaires ayant artificiellement tiré la croissance au second trimestre. Le PIB du quatrième trimestre, qui sera publié mi-février fera, quant à lui, état d’un rebond assez significatif, puisque le taux de croissance devrait s’établir aux alentours de 0,4 %. M. Tampéreau invite toutefois à la prudence quant aux conclusions à tirer, tant des chiffres encourageants du quatrième trimestre, que des moins bons résultats du trimestre précédent. En effet, les uns comme les autres sont en partie liés à des effets temporaires, qu’il s’agisse d’une reprise relativement 1re séance - 22 janvier 2014 faible de l’investissement en services des entreprises, ou d’une consommation des ménages sans doute tirée à la hausse, compte tenu de l’anticipation de l’augmentation de la TVA et du durcissement du malus automobile au 1er janvier 2014. La tendance de fond, pour 2014, décrite par les indicateurs avancés et partagée par la plupart des économistes, s’établirait à environ + 0,2 % par trimestre, pour une croissance globale sur l’année de 1 % contre 0,2 % en 2013. M. Tampéreau précise que le FMI et l’OCDE prévoient pour la France une croissance de 1 %, le gouvernement et la Commission européenne de 0,9 % et le consensus forecast, de 0,8 %. Cette hausse de la croissance serait notamment liée à l’évolution de deux facteurs ayant pesé sur l’activité en 2013, à savoir la résorption du choc négatif de confiance, dont les enquêtes de conjoncture économique indiquent que le pire est désormais passé, et l’atténuation de la rigueur budgétaire, qui passe de 1,5 à 1 point de PIB. L’économie française peine, cependant, à trouver une force de traction. La consommation des ménages, qui représente 56 % du PIB et constitue normalement l’un des facteurs de rebond de l’économie en sortie de récession, ne connaît pas de véritable essor, notamment du fait d’un ralentissement de la progression des salaires. La stabilisation probable du marché de l’emploi, en partie liée aux emplois aidés ou au CICE, ne suffira pas à faire progresser le pouvoir d’achat, et donc la consommation. L’investissement s’inscrit toujours dans une dynamique relativement tempérée, notamment du fait d’un taux de marge des entreprises s’établissant à 27,7 %, soit son plus bas niveau depuis 1985. Dans un contexte de reprise, il apparaît donc probable que les entreprises cherchent en premier lieu à reconstituer leurs marges, avant d’investir ou d’embaucher. Bien que les enquêtes de l’Insee montrent que certains secteurs d’activité, notamment les industries automobile ou agroalimentaire, se déclarent prêts à investir en 2014, aucun effet de rattrapage n’est à attendre, la France présentant la particularité, par rapport aux autres pays de la zone euro, de ne pas avoir connu de désinvestissement excessivement marqué. L’investissement résidentiel affiche, quant à lui, toujours un certain retard, et se stabilisera probablement plus tardivement que la consommation et l’investissement productif : le net recul des mises en chantier ne permet pas, en tout cas, de présager d’une stabilisation au début de l’année 2014. Si l’économie française semble se stabiliser, elle ne présente donc pas de moteur lui permettant de converger vers un rythme de croissance satisfaisant, estimé à environ 1,5 %, qui permettrait d’entrer dans un cercle vertueux d’investissement, de créations d’emplois et de soutien au pouvoir d’achat. Sur l’aspect financier, le quatrième trimestre s’est avéré plutôt positif : le CAC 40 a progressé de 3,7 %, portant sa performance sur l’année 2013 à + 18 %, contre 15,2 % en 2012. Cette hausse s’avère d’autant plus remarquable que les anticipations de bénéfices des entreprises ont été revues à la baisse : elle est principalement due au jeu de la liquidité et au regain de confiance des investisseurs sur les marchés financiers. Dans un contexte de liquidité moins généreuse, les analystes de la Caisse des Dépôts anticipent une moindre performance du CAC 40 en 2014 par rapport aux deux années précédentes, aux alentours de 2 %. En ce qui concerne les taux d’intérêt, le quatrième trimestre a été marqué par une déconnexion entre taux américains et européens. M. Tampéreau explique que lorsque l’économie américaine se porte bien, la Réserve fédérale réduit en général ses achats d’actifs, provoquant une baisse du prix des T-Notes et une hausse des taux d’intérêts américains, entraînant dans leur sillage les taux d’intérêts européens. Ce phénomène a été observé entre le printemps et l’automne 2013, le taux des OAT 10 ans étant passé de 1,7 % à 2,5 %, uniquement sur la base de la hausse du taux américain. La Réserve fédérale a, depuis, annoncé qu’elle réduirait ses achats d’actifs à partir de janvier 2014 et les taux américains ont atteint les 3 %, tandis que le taux des OAT 10 ans 10 demeurait stable à 2,4 %. M. Tampéreau cite trois causes à cette déconnexion : la baisse des taux de la Banque centrale européenne au quatrième trimestre ; la baisse de la prime d’inflation comprise dans les taux longs, passée de 1,9 % à 1,7 % et la réduction, de 13 points de base, de la prime de risque de la France par rapport à l’Allemagne, alors même que les pays anglo-saxons mettaient en avant les difficultés connues par la France, qu’il s’agisse de la faiblesse de certains indicateurs avancés, notamment le PMI, de l’actualité sur l’instabilité fiscale, ou de l’abaissement de la note de Moody’s de AA+ à AA. Les analystes de la Caisse des Dépôts prévoient, pour 2014, une légère remontée des taux longs, avec un taux OAT 10 ans à 2,7 % ou 2,75 %. M. Tampéreau évoque ensuite les facteurs de risques, parmi lesquels le décalage conjoncturel entre les ÉtatsUnis, qui peut aboutir à une hausse de taux non maîtrisée dans la zone euro, selon le mécanisme évoqué précédemment. Le mandat de Janet Yellen, qui succédera dès la semaine suivante à Ben Bernanke à la tête de la Federal Reserve, sera, à cet égard, déterminant, dans la mesure où elle aura à guider et à tempérer les anticipations de hausses de taux. Les investisseurs sont également attentifs à la question du relèvement du plafond de la dette américain, qui arrive à échéance le 7 février 2014 : compte tenu de l’arrivée des élections du midterm, il paraît toutefois probable qu’une solution rapide soit trouvée. Enfin, la tenue des élections européennes pourrait également créer une certaine volatilité dans la zone euro. Pour conclure sur une note plus optimiste, M. Tampéreau cite deux facteurs potentiellement positifs que les analystes de la Caisse des Dépôts suivent avec attention, bien qu’ils ne les intègrent pas directement à leurs prévisions. Le premier est la confiance, qui n’étant pas modélisable, peut connaître des retournements imprévisibles. Le second est lié à l’écart conjoncturel entre les États-Unis et la zone euro qui, s’il peut provoquer un risque au niveau des taux, pourrait également créer une opportunité procès-verbaux s’il aboutissait à une dépréciation de l’euro par rapport au dollar. M. Emmanuelli s’enquiert des raisons du décrochage observé depuis quelques semaines entre les taux allemands et français. M. Ophèle indique que les variations observées sont simplement dues à un changement de benchmark. Il souligne que la diversité des taux d’intérêts nominaux et des durations des emprunts rend les comparaisons directes entre les deux pays difficiles. Quoi qu’il en soit, l’écart réel entre les taux français et allemands demeure stable, à un peu moins de 50 points de base. M. Emmanuelli demande si un lien mécanique peut être établi entre taux de marge et investissement. M. Borotra estime que l’accent n’est pas assez mis sur la faiblesse de l’investissement industriel, qui a connu une nouvelle baisse au troisième trimestre 2013, et poursuivra vraisemblablement son recul en 2014. Au vu de l’outil industriel vieillissant de la France, cette évolution s’avère préoccupante, d’autant plus que les trois-quarts des investissements industriels portent sur la capacité de production et un quart seulement sur l’innovation. M. Borotra souligne, par ailleurs, que l’équilibre de la Caisse des Dépôts dépend, pour partie, des dividendes et des plus-values sur cessions. A cet égard, les perspectives de diminution des dividendes des entreprises et de moindre performance des marchés financiers, évoquées par M. Tampéreau, s’avèrent plutôt inquiétantes. M. Houri constate le niveau extrêmement élevé de l’euro par rapport au dollar. Il s’étonne que le sujet soit aussi peu abordé dans le discours politique, bien que l’État français ne soit plus en mesure, aujourd’hui, d’agir directement sur les taux de change. M. Houri souhaiterait connaître les impacts, sans doute positifs, qu’aurait sur l’économie française une éventuelle parité entre l’euro et le dollar. M. Ophèle observe que le panorama présenté par M. Tampéreau ne prend pas en compte l’inflation, actuellement très basse, qui a des incidences, à la fois sur le pouvoir d’achat, et sur les taux d’intérêts, l’un et l’autre plus élevés qu’il n’y paraît. La stabilité observée des taux nominaux à long terme cache donc une hausse des taux d’intérêts réels. M. Bavagnoli ajoute que depuis 2012, les prévisions d’inflation sont systématiquement surévaluées. En ce qui concerne l’investissement, M. Tampéreau indique qu’il dépend à la fois du taux de marge et de la demande future adressée aux investisseurs. En 2014, le CICE, d’un montant de 6 % des rémunérations pour les salaires compris entre 1 et 2,5 SMIC, devrait permettre de dégager 20 milliards d’euros en année pleine, équivalant à environ 2 points de marge, participant ainsi à la stabilisation et à la reprise des investissements. Néanmoins, d’après les intentions des entrepreneurs recueillies par l’Insee, ces investissements devraient concerner, à hauteur de 53 %, la modernisation et le renouvellement de l’outil de production – chiffre qui s’avère supérieur à la moyenne de long terme – et à hauteur de 27 % seulement l’extension des capacités de production – taux cette fois bien inférieur à la moyenne de long terme –, eu égard à la faiblesse de la demande par rapport à l’offre. M. Tampéreau répète, par ailleurs, que la France ne connaîtra pas de véritable effet de rattrapage, puisque le niveau des investissements y a été très préservé durant la crise récente par rapport à ses partenaires européens, le taux d’investissement des entreprises étant actuellement supérieur à la moyenne de long terme. A ce stade du cycle, les enquêtes de conjoncture ne laissent pas apparaître de fort besoin des entreprises en la matière. M. Emmanuelli demande à quel niveau devrait se situer le taux de croissance des investissements privés pour atteindre une croissance du PIB de 1,5 % et quelle est la prévision pour 2014. M. Tampéreau n’est pas en mesure de répondre précisément à la première 11 partie de la question, mais il estime qu’il devrait atteindre les 2 ou 3 %, contre - 1,8 % à l’heure actuelle. M. Ophèle distingue la variation et le niveau de l’investissement. Bien que le taux de croissance des investissements baisse, leur niveau – en ce qui concerne les sociétés non financières – est demeuré élevé en comparaison avec d’autres pays, notamment l’Allemagne. En revanche, M. Ophèle juge plus préoccupant le fait que cette stabilité à un niveau relativement élevé, soit en grande partie due à des investissements immobiliers, tandis que l’investissement industriel, à proprement parler, demeure relativement faible. Une telle répartition des investissements ne permettra pas de générer une forte croissance à l’avenir. M. Tampéreau explique qu’à partir d’un taux de croissance de 1,5 %, des tensions sur l’offre apparaissent et l’augmentation de la demande oblige les entreprises à investir pour accroître leur capacité de production. Mme Grosskost juge évident qu’une hausse de la consommation mène à un accroissement des investissements. M. Borotra tempère les propos de Mme Grosskost, en rappelant qu’à l’heure actuelle, la capacité de production des entreprises n’est utilisée qu’à 75 %. Une augmentation de la demande n’aura donc pas nécessairement d’impact immédiat sur l’investissement industriel. M. Borotra s’inquiète, à la fois, de la faiblesse des investissements observée depuis plusieurs années et de la priorité accordée à la capacité de production par rapport à l’innovation, qui conduisent le secteur industriel français à prendre du retard sur ses concurrents. M. Picq souligne que M. Tampéreau n’a pas abordé la question du financement de la dette. Il souhaiterait connaître les impacts des situations respectives de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie sur la conjoncture française. M. Tampéreau revient sur la question de M. Houri concernant la parité entre euro et dollar. La définition d’un taux de change d’équilibre s’avère très ardue. 1re séance - 22 janvier 2014 Il est néanmoins possible, à l’aide de concepts tels que la parité de pouvoir d’achat, d’établir ce taux aux alentours de 1,15 % avec des écarts-types élevés. Le niveau élevé de l’euro par rapport au dollar, observé récemment, s’explique par deux facteurs. Le premier est le retour des investisseurs financiers internationaux vers la zone euro, qu’ils avaient fuie durant les années précédentes, privilégiant notamment les marchés émergents. Constatant une amélioration de la situation économique européenne et une régression de la crise de la dette, ces investisseurs ont échangé des devises contre des euros pour acheter des actions – d’où notamment la forte croissance enregistrée par le CAC 40 – ainsi que des dettes périphériques – d’où la baisse sensible des taux d’intérêts espagnols et italiens. La seconde explication du niveau élevé de l’euro est liée à la gestion du bilan des banques centrales : à l’heure actuelle, certaines de ces banques, telles que la Banque du Japon ou la Fed, sont en train d’étendre leur bilan – c’est-à-dire d’accroître leur stock de monnaie – ou, comme la Banque d’Angleterre, de le stabiliser. Seule la Banque centrale européenne s’inscrit à l’heure actuelle dans une démarche de réduction de son bilan. La relative rareté de l’euro par rapport à ces autres devises, et notamment au dollar, explique donc, en partie, le maintien de son cours à un niveau élevé. La zone euro présentant globalement des excédents courants, une dépréciation sensible de l’euro n’apparaît pas nécessaire. M. Bavagnoli ajoute que le stress constaté dans certains pays émergents tels que le Brésil, la Turquie ou l’Inde, a pu jouer en faveur du rapatriement de liquidités vers la zone euro. M. Emmanuelli observe que ce stress n’est intervenu que récemment. Or, l’euro s’est toujours maintenu à un niveau élevé. M. Ophèle ne partage pas l’analyse selon laquelle la taille du bilan de la BCE aurait une influence sur le taux de change de l’euro, hormis peut-être d’un point de vue psychologique. Elle peut, en revanche, avoir un effet sur les taux d’intérêts, la BCE veillant à ce que l’excédent de liquidités ne se réduise pas jusqu’à un niveau, estimé à environ 150 milliards d’euros, en-deçà duquel des tensions peuvent apparaître sur le marché à court terme. M. Ophèle ajoute que le shutdown américain de 2013 a également participé à l’affaiblissement du cours du dollar, et la plupart des économistes considèrent qu’à mesure que les incertitudes sur le plafond de la dette américaine seront levées, le dollar s’appréciera. Cette remontée du cours du dollar aura un impact positif sur les exportations de la zone euro et, également, indirectement, sur le niveau d’inflation. M. Emmanuelli déplore la passivité et la rigidité européennes en matière de politique monétaire. M. Houri estime que les dirigeants français et allemands et le président de la BCE devraient évoquer plus fréquemment le sujet et user de leur influence pour aller dans le sens d’une réduction de l’écart entre euro et dollar. M. Bavagnoli souligne que les ÉtatsUnis, du fait d’une inflation plus élevée, bénéficient de taux d’intérêts réels plus faibles que ceux de la zone euro, malgré des taux nominaux similaires. M. Jouyet ne pense pas que la politique monétaire européenne soit beaucoup moins active que celle des États-Unis. Il constate, en revanche, que les derniers accords politiques sur les changes, conclus à Boca Raton en 2004, datent déjà de 10 ans, et n’ont été suivis que d’effets très limités. M. Jouyet souligne la difficulté d’exercer une influence sur les taux de change dans le cadre de discussions internationales. M. Emmanuelli constate tout de même que les pays anglo-saxons ont une vision beaucoup plus opérationnelle de la politique monétaire, tandis que l’Union européenne a tendance à adopter une approche patrimoniale. M. Jouyet convient que cette approche patrimoniale, qui se traduit également par un taux d’épargne élevé, s’inscrit dans la culture européenne. 12 En réponse à la question de M. Picq concernant l’impact sur le financement de la dette française des situations de ses partenaires européens, M. Tampéreau commence par rappeler que tous les pays de la zone euro entament actuellement leur sortie de récession. Les prévisions pour 2014 font état d’un taux de croissance de 1,6 % en Allemagne, de 0,5 % en Espagne et 0,6 % en Italie, contre respectivement -1,3 % et -1,8 % en 2013. L’année 2014 devrait également être marquée par un assouplissement des politiques de rigueur budgétaire, par une stabilisation du marché de l’emploi dans certains pays, ainsi que par un rattrapage en matière d’investissement. Pour l’instant, cette évolution ne semble pas jouer défavorablement sur les conditions de financement de la dette française et aucun effet d’éviction, en faveur de l’Espagne ou de l’Italie, n’a été observé. M. Borotra attire l’attention sur le fait que la dette française est en majorité financée par des investisseurs étrangers, tandis que la dette italienne, par exemple, est financée à 70 % par des acteurs nationaux. M. Bavagnoli souligne toutefois que les financeurs étrangers de la dette française sont principalement issus de la zone euro. M. Jouyet ajoute que ce recours à des investisseurs étrangers correspond à une politique menée depuis le milieu des années 1990. M. Emmanuelli rappelle, à cet égard, les excellentes conditions dans lesquelles s’est déroulée l’émission récente de la SFIL. M. Jouyet demande quand il est prévu que la France atteigne un taux de croissance de 1,5 %. M. Tampéreau juge trop optimistes les prévisions du FMI d’une atteinte en 2015, basées probablement sur un niveau de croissance potentielle et avec l’hypothèse de politique économique inchangée et indique que le cadrage macroéconomique du Groupe table plutôt sur un taux de croissance de 1,3 % en 2017 et de 1,5 % en 2018. procès-verbaux Il souligne que le principal facteur d’incertitude pesant sur la croissance française demeure l’orientation de la politique budgétaire, la situation actuelle des équilibres financiers ne permettant pas d’anticiper une levée immédiate de la rigueur. M. Tampéreau ajoute que la croissance économique dépendra également de l’évolution des marchés financiers, notamment des taux longs. Sachant que la dette française ne sera jamais intégralement remboursée, M. Houri s’enquiert du niveau optimal qu’elle devrait atteindre. M. Houri souhaiterait également connaître les prévisions de M. Tampéreau concernant l’inflation à très long terme. Pour ce qui est de la dette, M. Tampéreau indique que l’objectif dans les accords européens se situe aux alentours de 60 % du PIB, ce qui paraît très ambitieux. Son atteinte nécessiterait une conjonction de facteurs très favorables, à savoir une croissance forte, des taux d’intérêts très bas, et des excédents budgétaires. La stabilisation de la dette constituerait déjà une première avancée, puisque d’après les projections de la Commission européenne, le ratio dette/PIB français devrait continuer à augmenter en 2015 et 2016, alors qu’il est en diminution en Allemagne ou en Autriche. En ce qui concerne l’inflation dans la zone euro à très long terme, aucun changement de rythme n’est anticipé à l’heure actuelle par les investisseurs (dans la prime d’inflation 5 ans dans 5 ans) et les économistes (dans l’enquête de la BCE sur les anticipations d’inflation) : ils anticipent un niveau aux environs de 2 %. M. Tampéreau souligne cependant que les prévisions en la matière ont été rendues plus difficiles par la crise, puisque l’enquête de la BCE auprès des économistes, montre que la probabilité de connaître durablement une inflation faible – inférieure à 0,5 % – ou au contraire plus élevée – supérieure à 2,5 % – est passée de 10 % à environ 20 %. Quant à la création monétaire, elle peut avoir un impact à la hausse sur l’inflation si les liquidités sont employées pour l’achat de biens et services ; si elle se reporte sur des actifs financiers, l’injection de liquidités peut avoir des effets de richesse positifs, mais également des effets délétères, tels que la création d’une bulle financière. La Caisse des Dépôts pourrait être amenée à travailler en collaboration avec l’ANRU dans le cadre des programmes "Ville durable et solidaire" et "Politiques de jeunesse intégrées à l’échelle du territoire ", selon des modalités en cours de définition. M. Emmanuelli remercie M. Tampéreau pour son intervention. Le PIA 2 a également pour ambition de stabiliser et de clarifier les procédures existantes, notamment dans la phase de mise en œuvre, qui s’est parfois avérée complexe dans le cadre du premier plan : certaines difficultés sont apparues suite à des changements dans les objectifs ou dans la conception des politiques publiques, comme dans le cas du très haut débit, tandis que d’autres sont intervenues entre le moment de l’engagement du projet et la signature des conventions ou le décaissement. 5 – Point d’information sur le PIA et France Brevets PIA Mme Renaud-Basso indique que la loi de finances pour 2014 prévoit, pour le PIA 2, un montant de 12 milliards d’euros. Ce nouveau programme d’investissements suivra les mêmes principes de gouvernance que le PIA 1, à savoir l’établissement de cahiers des charges et le lancement d’appels à projets, suivis d’une sélection par des instances collégiales. De nouveaux principes spécifiques à cette seconde phase ont cependant été mis en place : • la mise en oeuvre de conditions d’application de l’éco-conditionnalité, différenciées selon la nature des investissements et la pertinence de ce critère ; • le renforcement du suivi des risques financiers opérationnels, juridiques et de réputation ; • l’extension de l’intéressement des opérateurs au succès des projets, notamment à travers la favorisation des investissements en fonds propres ; • l’adaptation du niveau de délégation des opérateurs : moindre au début, il s’avérera plus important par la suite, lorsque chaque action sera stabilisée. Le groupe Caisse des Dépôts s’est vu confier 30 % de l’enveloppe totale de ce PIA 2, soit un montant de 3,48 milliards d’euros sur un total de 12 milliards d’euros, réparti à hauteur de 710 millions d’euros pour la Caisse des Dépôts et à hauteur de 2,77 milliards d’euros pour la BPI, et destiné à financer des entreprises dans des secteurs identifiés ou en capitalrisque. 13 Mme Duprat-Briou souhaite tout d’abord apporter quelques éléments complémentaires sur le fonctionnement général du PIA. Il s’agit d’un mandat de gestion très particulier et très innovant, où l’État est chargé de la définition des orientations stratégiques, le CGI du pilotage d’ensemble, et les opérateurs de la mise en œuvre des projets. L’étape d’instruction des dossiers est confiée à l’opérateur, puis la sélection est réalisée par un comité, le suivi des projets retenus incombant ensuite de nouveau à l’opérateur. Le PIA constitue une nouvelle forme d’intervention publique permettant, dans un contexte budgétaire difficile, de sécuriser des sommes importantes sur une durée de 10 ans pour des investissements déterminants pour l’avenir du pays. Cette philosophie de l’intervention publique, moderne et exigeante, privilégie le retour sur investissement pour l’État, qu’il soit économique ou sociétal, et se distingue de la pure subvention. Au-delà de l’opportunité de se positionner sur de nouveaux marchés, la participation au PIA permet au groupe Caisse des Dépôts d’apporter son savoir-faire et ses méthodes à ce nouvel outil en cours de définition. Mme Duprat-Briou rappelle ensuite que 10,3 milliards d’euros avaient été confiés au Groupe dans le cadre du PIA 1, équivalant ici aussi à 30 % 1re séance - 22 janvier 2014 de l’enveloppe globale, et répartis comme suit : 5,14 milliards d’euros au titre des conventions signées par la Caisse des Dépôts et mises en œuvre par l’Établissement public ou France Brevets ; 1,64 milliard d’euros au titre des conventions signées par la Caisse des Dépôts et mises en œuvre par Bpifrance Investissement ; 3,41 milliards d’euros au titre des conventions signées par l’exOséo/Bpifrance Financement. L’année 2013 a été marquée par la fin de la phase de préfiguration d’actions très innovantes, par le redéploiement de certaines enveloppes, partiellement consommées, vers des actions présentant des besoins plus importants, ainsi que par des évolutions de doctrine, permettant de s’orienter vers des domaines dont les besoins n’étaient pas couverts. A fin novembre 2013, sur le périmètre Caisse des Dépôts/ Bpifrance, hors Oséo, sur une enveloppe mise en œuvre de 6,8 milliards d’euros, 4,8 milliards d’euros avaient été engagés, 1,83 milliard d’euros contractualisés, et 672 millions d’euros versés. Les délais d’engagement relativement longs s’expliquent par la nécessité de construire un mode innovant d’intervention publique et par la complexité de certains des projets, notamment dans le cas de prises de participation, dont la mise en place peut être compliquée, par des acteurs souvent nombreux, des plans de financement non finalisés, le manque de maturation des projets, ou encore les divergences entre les priorités des partenaires privés et publics. Le délai de versement varie, quant à lui, en fonction du nombre de signataires, ainsi que de l’état d’avancement des différentes phases des projets. Mme Duprat-Briou souligne que le PIA 2 constitue une formidable occasion de remédier à un certain nombre de difficultés rencontrées lors du PIA 1, notamment à travers une simplification des conventions et des procédures, et un accroissement de l’autonomie des opérateurs. Une attention particulière sera portée aux frais de gestion, au suivi des risques, à la valorisation des participations, et à l’évaluation de la performance des opérateurs, qui feront l’objet de groupes de travail avec le CGI. M. Borotra considère le rapport présenté à la Commission de surveillance, par ailleurs très clair et très complet, comme symptomatique de la faiblesse de l’administration française, de droite comme de gauche : on y trouve des gestionnaires pour tiers, des opérateurs, des sous-opérateurs, des comités de pilotage, des conseils d’administration, des comités de jury, un commissariat, assortis, au sein de la Caisse des Dépôts, de comités de pilotage, de procédures et de systèmes de gouvernance différents ; y sont également évoqués les appels à manifestation d’intérêt, les appels d’offres, les étapes de dépôt des dossiers, de sélection, de contractualisation, de signature, et de versement des fonds "dans des délais d’instruction, de rédaction de PV, et de réserves à lever sur le financement ". M. Borotra juge les dispositifs mis en place trop complexes, trop nombreux et trop lents. Il rapporte les 40 milliards d’euros du PIA, prêtés sur 10 à 20 ans, aux 26 milliards d’euros d’investissements étrangers réalisés chaque année en France. M. Borotra estime ainsi que la multiplication des niveaux d’intervention et de contrôle dénote un manque de confiance envers les partenaires. M. Borotra relève, par ailleurs, que sur les 2021 dossiers déposés en 2013, 680 ont été sélectionnés, et 500 ont été contractualisés. Il souhaiterait savoir ce qu’il est advenu des 1 341 dossiers non retenus, qui font partie, qu’on le veuille ou non, du tissu économique français. Concernant le coût pour la Caisse des Dépôts, M. Borotra rappelle qu’en 2012 le projet a mobilisé 100 équivalents temps plein, dont 70 effectués par 350 collaborateurs de l’Établissement public. Or, M. Borotra constate qu’en 2013, seuls 10 ETP ont été mobilisés en DR, 30 à la DDTR, 12 au Siège, avec une contribution de 10,6 millions d'euros aux résultats EP. M. Borotra s’interroge également sur l’évaluation de l’efficacité des dispositifs mis en œuvre sur les territoires. M. Borotra constate qu’une enveloppe 14 est également prévue sur les 20 milliard du Fonds d’épargne pour les infrastructures de très haut débit, dont les résultats semblent pourtant se faire attendre. S’agissant de France Brevets, M. Borotra observe qu’alors que la société a été créée en 2010, son capital n’a pas été entièrement libéré, "pour des raisons d’ajustement du processus d’articulation entre le comité de pilotage et le conseil d’administration ". M. Borotra reste dubitatif quant à l’efficacité de ce type de dispositif : son expérience a montré qu’il était extrêmement difficile de déterminer quels brevets peuvent être porteurs d’innovation pour l’avenir. M. Borotra souligne enfin que, dans le domaine crucial des universités et de l’économie de la connaissance, les progrès accomplis demeurent trop faibles, malgré la signature de conventions, l’établissement de schémas directeurs, la conduite d’études d’ingénierie et le lancement d’appels d’offres. M. Marc rappelle qu’un appel à projets thématique avait été lancé en janvier 2013 pour accélérer le travail sur le volet Economie sociale et solidaire. Sur les 30 dossiers déposés, seuls 10 avaient été retenus, et un nouvel appel à projets a été lancé depuis. M. Marc s’enquiert des motifs de refus des 20 dossiers non retenus dans le cadre du premier appel d’offres et, plus globalement, de la lenteur des progrès réalisés dans le domaine. Bien que cette question puisse sembler prématurée, M. Ophèle demande si les résultats des premiers projets financés dans le cadre du PIA ont d’ores et déjà été évalués. M. Picq juge les observations de M. Borotra quelque peu sévères. Bien que les procédures demeurent complexes, il apparaît à la lecture du rapport que les équipes de la Caisse des Dépôts ont pris en compte les erreurs du PIA 1 et entrepris certains ajustements nécessaires. Il souligne, en outre, que le rapport de la Cour des comptes sur le dispositif s’est avéré plutôt positif. procès-verbaux M. Picq estime, par ailleurs, qu’à partir du moment où le programme s’oriente vers l’investissement en fonds propres plutôt que vers la distribution de subventions, les relations entre le groupe Caisse des Dépôts, qui agit en tant qu’opérateur, et Bpifrance, à qui elle sous-traite en quelque sorte certaines interventions, doivent être clarifiées. M. Picq relève dans la note une volonté forte de la Caisse des Dépôts, eu égard à sa présence sur les territoires, de s’impliquer dans les domaines de la Jeunesse et de la Politique de la ville. Il s’interroge sur la pertinence d’investir dans ce genre de projets, très différents des projets privilégiés par le Groupe, que ce soit dans le cadre du PIA 1 ou du PIA 2. M. Emmanuelli souligne que les rapports, toujours très positifs, tels que celui présenté ce jour à la Commission de surveillance, ne rendent pas compte des difficultés réelles rencontrées sur le terrain, notamment dans les relations entre les représentants de la Caisse des Dépôts et ceux du CGI. Les retours qu’a pu recevoir M. Emmanuelli font état d’un dispositif trop complexe et de délais de traitement trop longs. Interrogés sur ces lenteurs, les collaborateurs du Groupe impliqués ont répondu qu’ils n’agissaient qu’en tant que service instructeur et ne disposaient d’aucun pouvoir de décision : chaque dossier doit être envoyé au CGI, susceptible de demander de nouvelles précisions, allongeant d’autant le temps de traitement. Les collaborateurs du CGI ont, quant à eux, dénoncé le rigorisme juridique dont feraient preuve les équipes de la Caisse des Dépôts. Quoi qu’il en soit, M. Emmanuelli estime préférable de faire part aux pouvoirs publics des difficultés constatées, plutôt que de prétendre que le dispositif fonctionne parfaitement bien. Le fait qu’au mois de novembre 2013, seuls 1,8 milliard d’euros aient été contractualisés et 625 millions d’euros décaissés, ne semble pas dénoter un fonctionnement optimal. M. Emmanuelli souhaite que le PIA 2 donne lieu à des interventions plus importantes et plus rapides. Le fait que la plupart des dossiers remontent, au final, jusqu’au Premier Ministre, démontre bien le degré de centralisation et de lourdeur administrative dont pâtit le dispositif. M. Jouyet comprend les observations formulées par les membres de la Commission de surveillance, et avoue avoir été lui-même confronté à la complexité des procédures du PIA. Il souhaite, lui aussi, que le PIA 2 permette une montée en puissance des interventions. M. Jouyet insiste néanmoins sur l’intérêt du dispositif, qui permet, dans le contexte actuel de contraintes budgétaires, un étalement des engagements, sur la base de partenariats public-privé, et donne lieu à des applications sur les territoires. A l’instar de M. Picq, M. Jouyet s’interroge quant aux critères de distinction entre les conventions mises en œuvre par la Caisse des Dépôts et par la BPI. Mme Mayenobe rappelle que l’intervention de la Caisse des Dépôts dans le PIA a lieu dans le cadre d’un mandat, en application stricte des engagements pris par le Groupe. Le mode de fonctionnement critiqué par certains membres de la Commission de surveillance va de pair avec le refus du Groupe de prendre en charge les risques et responsabilités afférents à la gestion directe des fonds. En tant qu’opérateur, la Caisse des Dépôts est donc amenée à mettre en œuvre des politiques et des doctrines dont elle n’est pas à l’origine, à propos desquelles elle est toutefois en mesure d’émettre des suggestions dans le cadre de ses rapports d’activité. Dans un contexte particulièrement complexe et face à la multiplicité des acteurs impliqués, Mme Mayenobe tient à saluer le travail des équipes de la Caisse des Dépôts, qui sont parvenues à mettre en place un dispositif, certes imparfait dans son fonctionnement quotidien, mais économe, eu égard aux moyens mis en œuvre par l’Établissement, et dont la Cour des comptes, comme le CGI, ont considéré qu’il était efficace. Si certains programmes ont pu s’avérer trop complexes, mal conçus, ou manquer leur cible, la Caisse des Dépôts, en tant 15 qu’opérateur, a correctement joué son rôle. M. Jouyet constate, malgré tout, l’important écart entre l’enveloppe allouée et les montants effectivement décaissés. Mme Mayenobe indique que le PIA est un dispositif financier dont la vocation est d’apporter à des acteurs économiques s’engageant dans des projets de long terme innovants, une sécurité financière et un cadre dans lequel prendre leurs risques. L’objectif étant de limiter l’endettement de l’État, il ne s’agit en aucun cas d’intervenir dans le préfinancement des projets des partenaires. Il est donc normal que les décaissements n’interviennent pas immédiatement. Mme Mayenobe prend l’exemple des sociétés d’accélération de transfert de technologie : chacune des sociétés créées établit son propre plan d’affaires et lance ses projets, tout en ayant l’assurance d’un soutien de l’État à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. M. Emmanuelli s’enquiert de l’existence d’un dispositif d’évaluation des SATT. Mme Mayenobe indique que les sociétés feront l’objet d’une évaluation au bout de trois ans. L’action Ville de demain constitue également un bon exemple du rythme de travail du PIA, la deuxième phase d’investissement ne devant intervenir qu’entre 2015 et 2017. En ce qui concerne le volet Economie sociale et solidaire, Mme Mayenobe note les difficultés à faire émerger, aux côtés de ses partenaires financiers classiques, des projets d’envergure et véritablement innovants. A l’initiative de l’Établissement, l’État a accepté de passer d’un système de guichet permanent à des appels à projets spécifiques sur certaines thématiques. Le premier appel à projets n’a connu qu’un succès relatif et un second, portant sur des thématiques différentes, a été récemment lancé. 1re séance - 22 janvier 2014 rELEVé DE CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DE SURVEILLANCE RELATIF AU RAPPORT D’ACTIVITé 2013 DU pROGRAMME D’INVESTISSEMENTs D’AVENIR (PIA) Lors de sa séance du 22 janvier 2014, la Commission de surveillance a fait part de ses fortes réserves quant aux performances du dispositif de mise en œuvre du "PIA 1" dans le cadre duquel s’exerce le mandat confié à la Caisse des Dépôts par le Commissariat général à l’investissement. Parmi les nombreux écueils inhérents à ce mandat, d’une nature spécifique et fortement mobilisateur pour les équipes de la Caisse des dépôts, la Commission de surveillance relève les difficultés tenant au rythme des contractualisations et au faible niveau des décaissements effectifs. Elle met en avant la centralisation et la complexité des procédures d’instruction des dossiers comme des freins majeurs pour une mise Mme Mayenobe n’est pas en mesure d’apporter plus de précisions à M. Borotra quant au devenir des projets non retenus dans le cadre du PIA. France Brevets M. Hourcade indique que France Brevets est un fonds d’investissement focalisé sur la valorisation des brevets des entreprises et des centres de recherche français. Il rappelle qu’un brevet est un titre juridique protégeant une invention en accordant à l’inventeur un monopole d’exploitation durant environ 20 ans. La valorisation d’un brevet peut passer, soit par l’exploitation directe, soit par la concession de licences d’exploitation à des tiers. L’exploitation directe constitue une option pertinente, principalement dans le cas de sociétés de grande envergure, disposant des moyens de saturer le marché mondial à travers leur propre dispositif industriel et commercial. La majorité des PME en œuvre efficace de ce dispositif. Elle attire en outre l’attention de la Direction générale de la Caisse des Dépôts, suivant les conclusions de la Commission de surveillance du 17 avril 2013, sur le fait que la Caisse des Dépôts ne dispose pas d’information sur le devenir des projets non sélectionnés dans le cadre du PIA. La Commission de surveillance prend note du travail engagé avec le Commissariat général à l’investissement pour améliorer et simplifier les procédures. En dépit des contraintes inhérentes à son rôle de mandataire, elle invite la Caisse des Dépôts, dans le cadre de la mise en œuvre du "PIA 2", à être une force déterminée de proposition dans l’effort de simplification de ce programme. et des centres de recherche ont, en revanche, intérêt à accorder des licences d’exploitation en échange du versement de redevances, qui permettront le financement de nouvelles activités de recherche. L’initiative France Brevets vise donc à créer une compétence publique et neutre vis-à-vis de l’ensemble des acteurs, sur ce sujet de développement économique relativement mal maîtrisé en France, la négociation de brevets faisant plutôt partie de la culture anglo-saxonne. La création de France Brevets a nécessité de réunir trois forces. La première est la compétence, qui passe par la mobilisation d’experts, doués d’une excellente compréhension de la façon dont est évaluée, extraite et négociée la valeur d’un brevet. La seconde est la capacité financière : en tant que fonds d’investissement, France Brevets n’intervient pas dans le financement de la recherche, mais à l’étape suivante, la préparation et le suivi de négociations qui peuvent durer plusieurs années, 16 dans l’optique d’obtenir les meilleurs accords possibles. La troisième force, plus immatérielle, réside dans une forme de détermination : la valorisation de brevets n’est pas une activité facile, elle comporte des risques, et implique de savoir définir et déployer des stratégies sur des horizons de temps parfois longs. M. Hourcade indique que la durée moyenne d’une négociation de brevet s’élève à deux ans, mais peut s’avérer bien plus longue. Face au refus de certains groupes, notamment étrangers, d’entamer des négociations, il faut être capable de recourir à la menace de recours précontentieux ou contentieux et, dans certains cas, de les mener à leur terme, en s’assurant d’en sortir victorieux. Depuis sa création en mars 2011, France Brevets a signé plus d’une vingtaine d’accords avec des détenteurs de brevets français, aussi bien entreprises que centres de recherche : M. Hourcade cite par exemple l’INRA, le CNRS, l’INRIA, l’Institut Mines-Télécom, le CNES, l’ONERA, la DGA, ou les SATT, regroupant les plaques universitaires régionales. M. Emmanuelli demande si chaque accord porte sur un ou plusieurs brevets. M. Hourcade indique que les accords conclus avec ces organismes permettent à France Brevets d’avoir accès à l’ensemble de leur portefeuille d’inventions, mais que les brevets sont ensuite traités un par un ou par grappes, de façon très ciblée. M. Emmanuelli demande combien de brevets sont déposés chaque année en France. M. Hourcade répond qu’il y en a plusieurs dizaines de milliers. M. Hourcade indique que France Brevets a signé des accords avec une dizaine de PME, qui lui ont confié la gestion de leurs droits de brevets, mais discute également avec des groupes d’envergure, tels qu’EDF, Orange, EADS ou GDF-Suez, et il paraît vraisemblable que d’autres grandes sociétés fassent appel à France Brevets à l’avenir. M. Hourcade précise que si ces procès-verbaux entreprises confient leurs droits à France Brevets, ce n’est pas forcément par manque de compétences ou de moyens financiers pour en assurer elles-mêmes la gestion, mais parce qu’il ne s’agit pas de leur métier, parce que cette activité ne correspond pas à leur positionnement commercial, ou encore par crainte d’éventuels conflits d’intérêts avec leurs clients ou leurs fournisseurs. En ce qui concerne le travail de négociation de licences d’exploitation à proprement parler, France Brevets a lancé, en juillet 2012, son premier programme de licensing ou concession de licences de droits de brevets, dans le domaine porteur des technologies de communication à courte distance, dont les applications incluent, par exemple, les passes sans contact ou le paiement via le téléphone mobile. Les brevets pris en gestion par France Brevets proviennent principalement de deux sources : d’une part, une très belle ETI nommée Inside Secure, basée à Aix-en-Provence, fruit d’un essaimage de Gemplus, qui emploie environ 350 personnes ; d’autre part, Orange, qui à travers son outil de recherche – l’ex-CNET – a développé un certain nombre de technologies dans ce domaine. Des négociations sont actuellement en cours avec tous les acteurs majeurs de l’industrie mondiale de la téléphonie mobile – Samsung, LG, Sony, Nokia, HTC, Huawei, ZTE, et plus largement toute l’industrie chinoise – qui, de l’analyse de France Brevets, intègrent d’ores et déjà ces brevets dans leurs produits sans autorisation, en contrefaçon des droits des brevets gérés par France Brevets. M. Hourcade indique que le total sur la vie du programme de royalties générées pourrait être de l’ordre de 100 à 200 millions d’euros, voire plus si l’on prend en compte l’introduction de ces technologies dans d’autres catégories de produits, tels que les produits blancs, l’automobile ou le commerce de détail. Les négociations, en cours depuis 18 mois, en sont déjà à un stade très avancé – notamment avec le numéro 1 mondial Samsung – et M. Hourcade estime que les premières devraient aboutir d’ici 6 à 12 mois. Dans le cas de deux groupes – à savoir le coréen LG et le taïwanais HTC – qui avaient manifesté leur refus d’entrer dans un processus de négociations, France Brevets a procédé à une assignation judiciaire pour contrefaçon de droits de brevets, à la fois aux États-Unis et en Allemagne. M. Hourcade précise que le but de cette démarche n’est pas nécessairement d’aller au bout de la procédure judiciaire, mais d’amener ces entreprises à entamer des négociations sérieuses. La préparation d’autres programmes de licensing est, par ailleurs, bien avancée, notamment dans le domaine de la distribution intelligente de l’énergie électrique, ou smart grids, principalement en collaboration avec EDF, mais également avec d’autres industriels ; dans le domaine de la géolocalisation, dans le cadre du programme industriel Galileo, sous maîtrise d’œuvre de la Commission européenne, mais dans lequel la France joue le premier rôle à travers le CNES ou des industriels tels que Thales Alenia Space et EADS ; dans le domaine des véhicules électriques, et plus particulièrement des batteries ; un début d’exploration est également en cours dans le domaine de la chimie du carbone et, plus particulièrement, des technologies visant au remplacement de la ressource pétrole dans la chimie fine. France Brevets a engagé des négociations avec les détenteurs de droits, ainsi que des analyses, à la fois techniques et économiques, afin de préparer le lancement de ces diverses actions. M. Emmanuelli demande à M. Hourcade des données chiffrées quant à l’activité de France Brevets. M. Hourcade indique que le chiffre d’affaires de France Brevets demeure marginal, aucun grand accord de licence n’ayant encore été signé. Des signatures d’accords devraient cependant intervenir dans le courant de l’année 2014, permettant de générer des premiers revenus conséquents. M. Emmanuelli demande à quelle hauteur l’État et la Caisse des Dépôts ont financé France Brevets. 17 M. Hourcade répond que France Brevets, créé sous forme de SAS, a été doté de 50 millions d’euros, apportés pour moitié par l’État et pour moitié par la Caisse des Dépôts. Sur ces 50 millions d’euros de capital libéré, environ 22 millions ont été investis en acquisition de brevets, soit en pleine propriété, soit en acquisition de droits, la propriété des brevets restant aux détenteurs. Les coûts de fonctionnement engagés depuis la création de France Brevet s’élèvent à 14 millions d’euros, correspondant, pour les deux tiers, à des études et à des frais juridiques et, pour le tiers restant, à des coûts de fonctionnement, incluant la masse salariale. Les 14 millions d’euros restants demeurent disponibles à ce jour. M. Jouyet souligne que les 22 millions d’euros de brevets sont inscrits à l’actif du bilan de France Brevets. M. Emmanuelli jugerait bon que la Caisse des Dépôts dispose de perspectives à moyen terme sur les résultats du fonds France Brevets, dans lequel elle a investi 25 millions d’euros. M. Braidy observe que la société a été créée il y a seulement trois ans, la première année ayant été consacrée à une phase de démonstration et de construction d’un business plan. Il s’agit, pour France Brevets, de trouver un équilibre entre activités auprès des PME, des grands groupes et des établissements de recherche, sachant que les revenus les plus importants sont plutôt attendus sur les programmes impliquant des interlocuteurs d’envergure. France Brevets éprouve, à l’heure actuelle, des difficultés à attirer des centres de recherche, la mise en place d’une collaboration avec ce type d’acteurs nécessitant un travail de long terme. La société se trouve toujours dans une phase d’investissement, durant laquelle elle perd nécessairement de l’argent. Les premiers revenus, d’un montant de 200 000 euros, ne sont intervenus qu’en 2013, sur un contentieux en Allemagne. Comme l’a indiqué M. Hourcade, des revenus plus importants issus des programmes de licensing sont attendus en 2014. M. Braidy souligne que l’acquisition 1re séance - 22 janvier 2014 de brevets constitue un investissement de longue durée, eu égard au temps nécessaire à la construction de grappes et de stratégies de valorisation. Par ailleurs, si les 50 millions d’euros apportés au capital de France Brevets représentent une somme non négligeable, certains grands fonds étrangers, notamment asiatiques ou américains, disposent de moyens bien plus conséquents, et il s’avère extrêmement difficile de les concurrencer sur des opérations très importantes. La stratégie de France Brevets consiste donc à s’orienter, notamment, vers des portefeuilles de brevets présentant des risques de contrefaçon, ce choix impliquant, dès lors, de s’engager dans des procédures de contentieux. La contrepartie de cette sélectivité réside dans des résultats plus aléatoires, par rapport à des fonds plus importants disposant de dizaines de milliers de brevets. M. Braidy ajoute que la stratégie de France Brevets est actuellement en train d’être revue, en collaboration avec le CGI, en fonction des perspectives de revenus. Quoi qu’il en soit, après les pertes des premières années de fonctionnement – de 7,5 millions d’euros en 2013 et 5 millions d’euros en 2012 –, liées aux coûts de fonctionnement, à la montée en charge des équipes et aux premiers investissements, France Brevets devrait enregistrer, en 2014, des revenus plus conséquents et atteindre un rendement positif dans les années à venir. M. Emmanuelli invite M. Braidy à communiquer un business plan à la Commission de surveillance. M. Braidy indique qu’un tel document existe et a été communiqué au comité de pilotage du CGI. Bien que tout se soit déroulé correctement jusqu’ici, M. Braidy souligne le risque que la composition du conseil d’administration – où l’État est représenté par les ministères de la Recherche, de l’Industrie, du Redressement productif et des Finances –, la nécessité de traiter, à la fois, avec des acteurs du monde de la recherche, des PME et des grands groupes, ainsi que le souci de rentabilité financière, ne viennent compliquer les arbitrages et empêcher France Brevets de se montrer aussi réactif que nécessaire sur certaines opérations. M. Borotra observe que la plupart des grands fonds étrangers évoqués par M. Braidy sont privés. France Brevets présente la particularité d’être un fonds public, voué à s’engager aux côtés des établissements de recherche et des entreprises. Par ailleurs, M. Borotra insiste sur l’importance de la valorisation des brevets, qui ne consiste pas uniquement à leur donner une valeur, mais surtout à évaluer leur capacité à être utilisés par des tiers, et donc à générer des redevances futures. M. Borotra cite l’exemple d’une grande entreprise aéronautique de son département, qui s’avérait incapable de dire, parmi les milliers de brevets dont elle disposait, lesquels étaient porteurs d’innovation ou de perspectives de commercialisation. Sans nier le travail accompli jusqu’ici par les équipes de France Brevets, M. Borotra estime qu’il conviendrait de se focaliser sur un certain nombre d’opérations permettant d’assurer, à court terme, l’équilibre financier de l’entreprise, sans quoi celle-ci sera condamnée. M. Borotra constate que les programmes évoqués concernent la plupart du temps des entreprises ayant déjà connu un certain succès dans leur secteur, et qui s’adressent à France Brevets pour essayer de trouver des tiers intéressés par l’acquisition d’une licence. Or, M. Borotra jugerait plus pertinent de chercher, parmi les brevets non exploités, ceux qui présentent un fort potentiel d’innovation. Mme Grosskost demande si les activités de France Brevets ne concernent que des brevets, ou également des savoir-faire. M. Hourcade indique que France Brevets se focalise uniquement sur les brevets, le travail de valorisation des savoir-faire ou des transferts de technologie incombant aux entreprises elles-mêmes. Pour répondre aux observations de M. Borotra, M. Hourcade précise que le 18 travail de France Brevets consiste tout d’abord à identifier, parmi les milliers ou dizaines de milliers de brevets au sein du portefeuille d’une entreprise, les 10, 20 ou 30 qui méritent réellement un investissement, avant de monter les opérations permettant de les valoriser. Un tel travail d’analyse a, par exemple, été mené sur le portefeuille d’Alcatel, et est actuellement en cours sur celui d’Orange. M. Emmanuelli demande si les ingénieurs des grandes sociétés ne sont pas plus à même de déterminer le potentiel des brevets détenus par l’entreprise qu’un intervenant extérieur, aussi qualifié soit-il. Il s’interroge également sur l’opportunité d’un certain nombre d’achats de brevets avec une qualité contentieuse. M. Hourcade indique que France Brevets est en mesure d’apporter aux ingénieurs brevets, par ailleurs très compétents, un éclairage sur les brevets les plus susceptibles d’être utilisés massivement et de générer un flux de redevances, ou sur ceux pour lesquels une contrefaçon pourra être démontrée. Ce genre d’analyses relève rarement de leur cœur de métier. Si des entreprises telles qu’Orange confient la gestion de leurs brevets à France Brevets, c’est qu’elles considèrent qu’elles bénéficieront ainsi d’un complément d’expertise, ainsi que d’une capacité d’action qu’elles ne peuvent ou ne veulent avoir par ellesmêmes. M. Braidy souligne que les négociations en cours avec les grands industriels de la téléphonie mobile ne concernent pas qu’Orange, mais également une ETI française. Il ajoute qu’une entreprise comme Orange dispose d’une technologie et d’un certain nombre de savoir-faire qui peuvent être utilisés dans des domaines autres que les télécommunications : cependant, étant contrainte de protéger son métier de base contre la concurrence, elle ne cherchera pas, par elle-même, à créer de la valeur en exploitant ces autres applications potentielles. France Brevets disposant de peu de fonds pour acquérir des brevets, elle a tout intérêt à valoriser les brevets procès-verbaux de ces grandes entreprises, en partageant les revenus futurs issus d’applications en dehors de leur cœur de métier. A cet égard, le travail avec des grands groupes, qui permet de générer de la valeur plus rapidement, semble une option pertinente. M. Braidy considère que France Brevets doit partager ses activités entre PME, établissements de recherche et grandes entreprises. M. Emmanuelli insiste pour que le business plan de France Brevets soit communiqué à la Commission de surveillance. Comme l’a indiqué M. Braidy, M. Jouyet souligne que la création de France Brevets ne remonte qu’à trois ans. Un tel fonds, comme cela peut-être le cas pour CDC International, ne donne des résultats qu’à moyen terme. En outre, M. Jouyet sait, par expérience, que les questions de brevets nécessitent un temps de traitement relativement long. En ce qui concerne les projets rejetés dans le cadre du PIA, M. Jouyet juge important de mettre en œuvre un suivi de leur devenir et des risques qu’ils présentent. Enfin, en ce qui concerne le PIA comme France Brevets, M. Jouyet indique que l’inscription dans une logique de financement et de soutien des pouvoirs publics à l’innovation, ainsi qu’à des projets d’avenir ou sociétaux, implique, pour la Caisse des Dépôts et la BPI, d’adopter une vision d’ensemble, sans exclure Oséo, sauf à revenir sur la philosophie qui a été celle de la BPI. M. Picq tient à signaler que malgré les moyens dont ils disposent, les grands groupes français investissent relativement peu dans la recherche, en comparaison avec leurs homologues étrangers. L’une des raisons pour lesquelles la France n’atteint pas les objectifs fixés par l’Union européenne en matière d’économie de la connaissance est justement l’insuffisance de la recherche privée. La valorisation des centres de recherche publics demeure faible et ce, depuis une quinzaine d’années. Quant aux petites RELEVéDECONCLUSIONSDELACOMMISSIONDE SURVEILLANCerelatifàfrancebrevets Lors de sa séance du 22 janvier 2014, la Commission de surveillance a souhaité auditionner France Brevets dans le cadre de la revue du programme d'investissements d'avenir (PIA). C'est la première fois que cette filiale, détenue à parité avec l'État depuis mars 2011, est examinée en Commission de surveillance. France Brevets a pour objet d’acquérir des droits sur les brevets, issus de la recherche publique et privée, à les regrouper en grappes technologiques et à les licencier auprès des entreprises, notamment les PME et ce, à des conditions du marché. La Commission de surveillance s'interroge sur les sources d'acquisition de droits. Elle découvre que certains des brevets émanent de grandes entreprises, qui lui semblaient mieux à même de valoriser leurs propres brevets. Elle comprend qu'il s'agit de brevets dont l’utilisation ne relève pas du cœur de métier de ces grandes entreprises. Elle s'étonne, également, de la maturité des brevets détenus, souvent déjà utilisés illégalement par des entreprises étrangères. C'est ce type de brevet qui permet, aujourd'hui, de générer du chiffre d'affaires, à travers une activité pré ou contentieuse. Cette stratégie particulière est liée à la petite taille du fonds. La Commission de surveillance attire l'attention de la Direction générale de la Caisse des Dépôts sur le modèle économique de France Brevets. La nouvelle dotation du PIA II devra permettre de renforcer les liens avec les SATT et la recherche publique, en cohérence avec l'activité dédiée à l'innovation de la BPI, et de réorienter l’activité, conformément aux objectifs fixés à l’origine. entreprises, elles ne disposent pas des moyens nécessaires pour conduire des programmes de recherche. Dans un tel contexte, il semble important que les avancées de France Brevets ou du PIA fassent l’objet de retours réguliers auprès de la Commission de surveillance, ce qui pourra inciter les porteurs des projets à poursuivre ou à accentuer leurs efforts. 6 – Question d’actualité M. Jouyet propose d’organiser des points d’information sur l’avancement du PIA et de France Brevets à la fin du premier et du second semestres. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 19 Aucune question d’actualité n’est abordée. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 25. 2 e séance-12février 2014 * Le mercredi 12 février 2014 à 17 heures, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Borotra, Bavagnoli, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance Etaient excusés : MM. Arthuis, Malvy. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Mayenobe, Directrice de cabinet du Directeur général et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; M. Coutarel ; M. Lataste, Conseiller de M. Emmanuelli ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe du Groupe ; M. Dufourcq, Directeur général de la Bpifrance (point 5) ; M. Caudoux, Directeur financier de la Bpifrance (point 5) ; M. Silvent, Directeur du pôle Finances, Stratégie, Filiales et International du Groupe (point 6) ; M. Loreau, Directeur du département comptabilité et pilotage financier à la direction des finances (point 6). 1 – Approbation du procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 18 décembre 2013 M. Emmanuelli constate qu’aucune observation n’est formulée sur le procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 18 décembre 2013. Le procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 18 décembre 2013 est approuvé. 2 - Compte rendu de la vérification des comptes au titre de décembre 2013 M. Emmanuelli invite M. Lavondès à présenter le compte rendu de vérification des comptes pour le mois de décembre 2013. M. Lavondès souhaite présenter une observation liminaire. Auparavant, lorsqu’une dépense était effectuée, elle était réglée avec un compte chèques ouvert à la Caisse d’Epargne. La Commission de surveillance et la Direction générale ont donné récemment leur accord pour que soit ouvert un compte destiné au Caissier général à la Direction bancaire. L’ouverture de ce compte a pris quelque temps, en raison de son introduction dans le système informatique qui a posé certaines difficultés, mais cette ouverture est maintenant effective. Lors de la vérification des comptes du mois de décembre 2013, M. Lavondès est donc tombé sur le premier chèque émis par le Caissier général et il a constaté que ce chèque était destiné à payer un impôt. Il considère que cette situation est symptomatique. M. Ophèle s’étonne que de telles dépenses ne soient pas effectuées par virement. M. Lavondès indique que la majeure partie des impôts, et tout particulièrement la CRIS, est réglée par virement. Néanmoins la Caisse des Dépôts paie également par chèques de nombreuses taxes peu élevées, en particulier sur les actes notariés. La somme concernée, en l’occurrence, était relativement modique puisqu’elle s’élevait à une centaine d’euros. Il s’agissait d’un droit de mutation. La vérification de la caisse n’a pas donné lieu, par ailleurs, à des observations particulières. 20 3 - Compte rendu de vérification en fin d’année et de janvier 2014 de la caisse générale M. Emmanuelli invite M. Houri, pour les vérifications de fin d’année, et M. Picq, pour les vérifications de janvier 2014, à présenter leur compte rendu. M. Houri indique qu’il a contrôlé la caisse générale en présence de M. Michelson et de M. Morin, Secrétaire général par intérim et directeur juridique et fiscal du Groupe. Ce contrôle n’a donné lieu à aucune observation particulière. M. Lavondès ajoute qu’il a, pour sa part, procédé à la vérification des titres. M. Picq informe les membres de la Commission de surveillance qu’il a effectué, fin janvier, un contrôle étonnant, tant par son lieu, qui s’appelle "la Resserre", que par son contenu, une collection de titres vifs, c'est-à-dire de valeurs non dématérialisées déposées en consignation : billets de banque, billets à ordre, bons de capitalisation, valeurs qui proviennent de saisies effectuées par la police ou par les Douanes ou qui sont acheminées par les tribunaux et les notaires au cours de procédures procès-verbaux judiciaires et contentieuses. Ces valeurs sont conservées, dossier par dossier, dans un sac plombé. M. Picq a fait ouvrir les sacs et a procédé, comme à l'accoutumée, à un contrôle par sondage de dix dossiers. Il fut cependant fort étonné de découvrir dans l'inventaire mention d'une tabatière. Il propose de faire part à la Commission de surveillance de l'histoire de cette tabatière, histoire qui mérite d'être contée et qu’à l'exception peut-être de François Lavondès, les membres de la Commission de surveillance ne connaissent pas. Le caissier général conserve dans le coffre de son bureau une tabatière en or fin de 140 grammes ayant vraisemblablement appartenu à un officier de l'empereur et qui a été trouvée sur le champ de bataille après la bataille de Gijón lors des guerres napoléoniennes en Espagne en octobre 1810. Cette tabatière aurait ensuite été donnée à un certain Rouyer de Lametz, intendant français de la ville, qui l'aurait ensuite remise au Ministère de la Guerre. Ce dernier l'aurait alors mise en dépôt par lettres des 10 juillet et 17 août 1812 à la Préfecture de Police. Devenu dépositaire, le préfet de police Pasquier, conseiller d'État et baron de l’Empire, demanda que cette tabatière soit remise en dépôt à la Caisse d'amortissement le 11 décembre 1812. En janvier 1813, le directeur général de la Caisse d'amortissement, le comte Bérenger, obtint l'accord du Ministre de la Guerre pour que cette tabatière fût vendue et le produit de la vente porté au crédit de la ville de Gijón. L'histoire ne dit pas pourquoi cette décision ne fut pas exécutée. 150 ans après, en 1963, M. Plescoff, directeur général de la Caisse des Dépôts et prédécesseur de Jean-Pierre Jouyet, relança l'idée de la vente au profit de la ville de Gijón. Cette orientation ferme figure dans une note portant la mention manuscrite "Prendre les ordres... pour la vente" mais ne fut pas davantage exécutée. Une note des services juridiques mentionne, en effet, que la solution ne pouvait être retenue, "que l'on se place du point de vue juridique ou du point de vue pratique ". Les juristes de la Caisse des Dépôts firent, en effet, valoir que la détention de l'objet précieux était "étrangère aux missions confiées à la Caisse d'amortissement par la loi" et que cet établissement n'avait et n'a jamais eu, en l'occurrence, d'autre qualité que "celle, extra-légale, de mandataire spécial dont les actes devaient être décidés par l'État ou son mandant en la personne du Ministre de la Guerre ". Ce raisonnement valait, par voie de conséquence, pour la Caisse des Dépôts qui n'aurait dû conserver cette tabatière que pour "une garde matérielle instituée à titre très provisoire et intérimaire ". La Caisse d'amortissement qui la précédait aurait dû, en effet, remettre cet objet au commissaire liquidateur, un dénommé Labrouste, aussitôt après sa nomination, pour qu'elle soit vendue. En cas d'impossibilité de réaliser la vente, il appartenait au Ministre de la Guerre de fixer une nouvelle destination. La note des services juridiques concluait donc "que la Caisse des Dépôts détient cette tabatière irrégulièrement" et qu'elle commettrait une erreur de droit en remettant la tabatière à la ville de Gijón. La seule solution juridique rigoureusement correcte devrait être la remise pure et simple de la tabatière au Service des Domaines à qui il appartiendrait de décider ce qu'il convient d’en faire. La Caisse des Dépôts pourrait donc se défaire de l'objet en cause en prenant l'initiative de demander à la Direction du Trésor son accord pour que la vente soit faite par le service des ventes du mobilier de l'État, comme cela a été fait en 1959 pour divers bijoux détenus pour le compte de la Caisse d'amortissement mise en liquidation. M. Picq conclut que la Caisse des Dépôts détiendrait donc "irrégulièrement" une tabatière en or fin. Il convient cependant de ne pas exagérer l'irrégularité (les textes ne permettaient pas qu'elle soit déposée là où elle le fut) et de retenir plutôt que la Caisse des Dépôts a conservé précieusement cet objet dans le coffre du bureau de son caissier général depuis deux siècles. Faudrait-il maintenant qu'elle le cède aux Domaines en vue de sa vente ou que Jean-Pierre Jouyet 21 saisisse le Ministre de la Défense en vue de lui trouver une nouvelle destination ? M. Picq serait, pour sa part, plutôt enclin à considérer que le dépositaire fidèle qu'a été la Caisse des Dépôts devrait placer cette tabatière dans une vitrine dans le bureau du caissier général avec mention de la date du dépôt effectué en 1812. M. Picq précise qu’à la date du contrôle, le gramme d'or cotait 29 euros, ce qui valorise la tabatière à 4 000 euros environ. Il suggère que le caissier général montre un jour cet objet à la Commission de surveillance. M. Emmanuelli demande à M. Jouyet son avis sur ce sujet. M. Jouyet indique qu’il est heureux d’avoir appris, grâce à M. Picq, l’histoire de cette tabatière. Son inclination le porterait à penser qu’il faudrait restituer cet objet, à titre de réparation, à l’Espagne. Cependant, il serait très heureux de conserver cette tabatière et il se demande si celle-ci ne pourrait pas être placée dans la salle de la Commission de surveillance de la Caisse des Dépôts. Ainsi, lors de chaque réunion, les représentants du Parlement, de la Banque de France et du Trésor pourraient vérifier que cette tabatière est toujours là. M. Emmanuelli remercie M. Picq pour son intervention. M. Jouyet remercie également M. Picq d’avoir fait part à la Commission de surveillance de cette belle histoire et suggère que cette tabatière soit exposée lors de la célébration du bicentenaire de la Caisse des Dépôts. 4 – Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de mars 2014 M. Emmanuelli indique que M. Lavondès sera chargé de la vérification de la caisse générale au mois de mars. 2e séance - 12 février 2014 5 – Bpifrance M. Dufourcq présente Arnaud Caudoux, le directeur financier de Bpifrance. Il propose de présenter le bilan 2013 de Bpifrance. Il précise que tout le travail réalisé en l’espace d’un an est le résultat d’un travail collectif de la part des équipes qu’il qualifie d' exceptionnelles. Le comité exécutif du Groupe Bpifrance a été défini à la fin du mois de janvier 2013. Il est composé, outre le Directeur général, de six patrons métier, d’un Directeur de la stratégie, des études et du développement, d’un Directeur de la communication et d’une Directrice des partenariats régionaux et de l’action territoriale. Ce comité exécutif a travaillé durant l’année 2013 dans des conditions assez difficiles, d’autant plus que l’entreprise n’a été, en réalité, officiellement créée que le 12 juillet 2013. L’équipe a cependant lancé les produits du Pacte de Compétitivité et structuré le réseau de manière à ce que la nouvelle organisation soit opérationnelle dès le closing de l’opération. Les documents transmis aux membres de la Commission de surveillance présentent les principaux éléments quantitatifs caractéristiques de cette banque : 2 200 collaborateurs, ce qui est relativement modeste pour une banque et apparente l’entreprise à une ETI, et 42 implantations régionales. C’est une banque de place, c’est-à-dire qu’elle cofinance, co-investit et travaille en partenariat, notamment avec les Conseils régionaux, avec Ubifrance, avec la Coface, avec les réseaux Entreprendre, le centre des jeunes dirigeants (CJD) ou encore l’association progrès du management (APM). Elle "co-agit" exclusivement et cherche toujours à avoir un effet de levier sur le marché. Bpifrance est une banque publique : par son actionnariat, mais également par le fait qu’elle ne peut fonctionner au quotidien sans les dotations que lui allouent les pouvoirs publics (État, Régions, UE) qui lui permettent de remplir ses missions d’intérêt général. Sans ces dotations publiques annuelles, Bpifrance cessera de distribuer un grand nombre de ses produits. Parallèlement, Bpifrance est une banque de plein exercice, qui fonctionne comme les banques privées de la Place et est soumise à la réglementation bancaire de droit commun. Elle est, à ce titre, contrôlée par la Banque Centrale Européenne, comme le sont toutes les grandes banques de la Place française (les contrôles menés par la BCE dans le cadre de l’asset quality review ont d’ailleurs débuté cette semaine). Bpifrance a été reconnue par les marchés comme un emprunteur souverain crédible puisqu’elle emprunte, sur une durée de 7 ans, au taux OAT + 14 points de base (bp), et sur une durée de 2 ans, au taux EURIBOR + 10 pb. Il s’agit de taux qui sont parmi les plus faibles des agences opérateurs de l’État. M. Dufourcq croit savoir que ces taux sont plus faibles encore que ceux de l’Agence Française de Développement. Bpifrance est une banque au fonctionnement largement régionalisé : 90 % des décisions sont, en effet, prises et exécutées dans les 22 régions. Ce fonctionnement permet à Bpifrance d’être extrêmement réactive. Les préfinancements de CICE sont accordés en 2 jours, la mise en place des prêts de développement prend 5 à 7 jours ouvrables et les financements par créditbail une quinzaine de jours ouvrables, dès lors que le dossier reçoit un avis favorable en comité. Les comités sont locaux. En ce qui concerne les interventions en fonds propres, 90 % des décisions sont prises dans les six inter-régions (Grand Nord, Grand Sud, Grand Ouest, Centre, etc.). Bpifrance est l’un des principaux opérateurs du Programme des Investissements d’Avenir (PIA). Ainsi, la totalité des interventions en fonds propres du PIA 1 en direction des PME passe par Bpifrance (en fonds de fonds avec le Fonds National d’Amorçage et bientôt avec le fonds de fonds multithématique autant qu’en investissement direct via les fonds Ambition Numérique et Ecotech). L’essentiel des interventions du PIA 2 vers les entreprises (en garantie, en prêt et en fonds propres) passera également par Bpifrance. 22 Bpifrance est organisée en six métiers : - le métier de la garantie, qui couvre environ 80 000 crédits par an, - le métier de prêteur direct, avec 9 milliards d’euros de prêts en 2013 et un budget 2014 qui s’élève à 10 milliards d’euros. Par comparaison, BNP Paribas vient d’annoncer un chiffre de 10 milliards d’euros dans le cadre de son plan PME 2014. Ce chiffre pour BNP Paribas comprend seulement les prêts accordés aux seules PME (i.e.hors ETI). Néanmoins, comme Bpifrance n’accorde pas non plus de crédit aux ETI françaises, les interventions de Bpifrance, en tant que prêteur aux PME, sont d’une taille similaire à celle de BNP Paribas, même si les produits sont très différents. En outre, la répartition parmi cette production entre le prêt à l’investissement de long terme et le prêt à court terme est approximativement la même pour les deux banques : 6 milliards pour l’investissement et 4 milliards pour le court terme. - Le métier d’investissement en fonds de fonds. Dans ce cadre, les équipes de Bpifrance ont investi dans 277 fonds privés qui, à leur tour, investissent dans les PME. - Le métier d’investissement direct (i.e. par les équipes de Bpifrance) dans les PME, représente plus de 100 opérations d’investissements par an. - Le métier du financement de l’innovation. Bpifrance se positionne comme le principal opérateur français de financement de l’innovation. En 2014, un milliard d’euros de subventions et avances remboursables seront distribués à ce titre et un milliard d’euros seront investis (pour compte propre et pour compte de tiers) sur le segment du capital risque par les équipes de Bpifrance. - Le métier d’investissement direct dans les PME et les ETI, qui correspond au métier historique du FSI. Dans ce cadre, des investissements en fonds propres de plus de 10 millions d’euros sont réalisés dans des ETI et des grandes entreprises cotées ou non. procès-verbaux Toutes ces activités de capital investissement sont désormais intégrées au sein d’une seule société de gestion, Bpifrance Investissement. Le 31 mars prochain, toutes les équipes jusqu’ici employées par le FSI, CDC Entreprises et FSI Régions, seront juridiquement regroupées dans cette unique société de gestion du groupe Bpifrance. Il s’agit de la plus importante société de gestion française. Avec 18 Md€ d’actifs sous gestion et 380 salariés, Bpifrance Investissement est à une envergure comparable à Ardian (l’ex-Axa Private Equity), société de taille mondiale, sachant que Bpifrance n’investit que dans des PME, des ETI et des grandes entreprises, là où Ardian est aussi investisseur dans les infrastructures. La construction de Bpifrance Investissement a nécessité un agrément de l’AMF, une fusion juridique, et donc un travail considérable de fusionacquisition, ainsi que l’accord des trois comités d’entreprise concernés. Cet accord a été obtenu, non sans difficultés, le 30 janvier 2014 seulement, après quatre ou cinq mois de négociations. En effet, même si les trois sociétés d’origine s’adressaient aux mêmes clients dans un environnement relativement similaire, leurs régimes sociaux, les structures et les niveaux de rémunération de leurs équipes étaient radicalement différents. L’organisation entre la banque et la partie investissements est extrêmement décloisonnée, sauf en ce qui concerne les décisions qui sont prises respectivement par le comité d’engagements et par les comités d’investissements (des fonds et du CA). En revanche, au niveau de l’instruction des dossiers et des relations avec le client, les informations circulent librement. La politique de Bpifrance s’articule autour de quatre valeurs : simplicité, proximité, optimisme et volonté. Ces valeurs guident toutes les décisions, qu’elles portent sur la nature des produits, sur le comportement, sur l’organisation, sur la chaîne de commandement, etc. En termes de gouvernance, tous les comités régionaux d’orientation ont été inaugurés. Le comité national d’orientation, présidé par Alain Rousset, a été réuni trois fois. Bpifrance compte maintenant 25 directions régionales. Bpifrance est présente aux Antilles et à La Réunion. Chaque direction régionale a un délégué financement/garantie, un délégué innovation, un délégué fonds propres et une équipe chargée de l’export, qui provient d’Ubifrance. Un entrepreneur, quand il rencontre un chargé d’affaires Bpifrance, peut donc être immédiatement mis en relation avec l’ensemble des métiers du Groupe. On notera que les effectifs chargés des fonds propres en régions ont été augmentés de 30 %, de manière à ce que toutes les régions soient dotées sur ce plan et que 90 % des décisions soient effectivement prises en régions. Par ailleurs, Bpifrance se veut d’abord une banque de démarchage, et non pas une banque de guichet. Elle prend l’initiative d’aller voir les entrepreneurs. L’objectif fixé est de rendre visite à 75 000 entrepreneurs en 2014. Bpifrance considère, en effet, que c’est dans les locaux de l’entreprise que peut se nouer le dialogue étroit avec l’entrepreneur. Lors des discussions, il est question de crédit, de fonds propres, c’est-à-dire de sujets intimes pour les entrepreneurs. Le dialogue doit s’établir sur les quatre métiers, y compris celui de l’export. En matière d’export, le programme prévoit de démarcher 1 000 entreprises françaises dont Bpifrance pense qu’elles pourraient exporter davantage. Il sera proposé à ces entreprises un accompagnement pendant six mois pour structurer une stratégie à l’export. 600 entreprises, parmi ces 1 000, ont déjà été rencontrées et 400 d’entre elles ont accepté cette offre. Bpifrance, au bout d’un an, a mis en place de nouveaux produits et de nouveaux outils, avec de nouveaux moyens. Les nouveaux moyens sont nombreux : il s’agit des dotations nouvelles dans le fonds France Investissements Régions qui s’appelait auparavant FSI Régions, 23 de l’augmentation des moyens du fonds InnoBio, de l’augmentation de 100 millions d’euros des moyens du fonds Ambition Numérique (ex. FSN-PME) accordée par le PIA, des 3 milliards d’euros de subventions supplémentaires à gérer dans le cadre du PIA 2, des crédits de la Banque européenne d’investissement (BEI) avec laquelle a été noué un partenariat afin de garantir, depuis quelques jours, un prêt à l’innovation. La BEI finance, par ailleurs, Bpifrance en liquidités à hauteur de 750 millions d’euros. Les dotations aux fonds de garantie ont été également augmentées de façon importante en 2013 dans le cadre du PIA et elles seront augmentées de nouveau en 2014 afin de créer de nouveaux produits. M. Dufourcq présente ensuite les différents produits proposés par Bpifrance. Le prêt pour l’innovation est le seul qui peut être accordé par Bpifrance sans qu’une banque apporte une contrepartie. En effet, dans certains cas où le risque est élevé, Bpifrance doit intervenir seule. Des fonds de garantie plus profonds sont destinés à couvrir ces risques. Le prêt numérique est accordé pour digitaliser les processus de production des entreprises. Le prêt vert est destiné à financer la transition écologique. Le prêt pour l’industrialisation des pôles de compétitivité finance les "champions" de ces pôles. Bpifrance préfinance également le CICE et le CIR. Le 3 janvier 2014, elle a lancé le fonds de renforcement de la trésorerie des PME (le RTCCE), qui a permis d’octroyer plus de 600 millions d’euros de crédit de trésorerie. Bpifrance lance maintenant la mobilisation de créances nées à l’étranger, ainsi que le prêt d’avenir. Il s’agit d’un prêt à 10 ans avec 3 ans de différé de remboursement, destiné aux grosses PME et ETI françaises les mieux notées, sans garantie prise sur l’entreprise ou sur l’entrepreneur. Le montant du prêt est compris entre 5 et 8 millions d’euros. Ce prêt est largement inspiré de ce que pratique la Banque de Développement du Canada. Bpifrance lance également une initiative de conseil aux entrepreneurs, 2e séance - 12 février 2014 en partenariat avec des organismes de conseil en régions. Ceux-ci iront travailler avec les entrepreneurs qui sont dans une phase où ils commencent à se fatiguer, à entrer dans la routine. En général, cette phase arrive au bout d’une quinzaine d’années. D’après un membre de la famille Mulliez, une entreprise traverse trois phases de sept ans : durant les sept premières années, elle subit la violence de la naissance, c’est une période pleine d’énergie. Les sept années suivantes sont celles de la construction. Au bout de quinze années, l’entreprise commence à s’essouffler. Les années dangereuses, pour une PME, sont celles qui vont de la quinzième à la vingt-etunième année. C’est donc durant cette période qu’il faut apporter du conseil aux PME. La stratégie adoptée par Bpifrance est à la fois agressive et fondée sur son identité. La mission de Bpifrance est de tout faire pour relancer l’investissement en France. "Tout faire ", cela signifie, par exemple, aller voir 75 000 entreprises. Cela ne signifie pas, pour autant, accepter une augmentation du coût du risque. Le coût du risque pour Bpifrance est de 0,2 %. Il reste donc extrêmement bas, ce qui démontre qu’il est possible de "tout faire" tout en restant une banque sérieuse. Bpifrance s’est fixé pour objectif de doubler, à l’horizon 2017, le volume de prêts de développement accordés annuellement, qui sont des prêts sans garantie, avec des différés de remboursement. Cela signifie qu’en 2017, Bpifrance accordera 3 milliards d’euros par an. Il convient de comparer ce chiffre à la totalité de l’encours actuel, qui s’élève à 3,2 milliards d’euros pour les prêts de développement. Cet objectif représente donc un accroissement majeur, qui commencera dès l’année 2014, puisqu’un budget en croissance de 30 % a été adopté pour cette année. Bpifrance a également décidé de doubler le volume annuel de crédits octroyés pour la transition écologique, en passant de 400 à 800 millions d’euros. Dès l’année 2014, il est prévu d’attribuer 600 millions d’euros. Bpifrance veut aussi doubler le volume annuel des aides à l’innovation. Cet objectif est la conséquence des fonds nouveaux apportés par le PIA. Il est prévu de passer de 750 millions d’euros attribués en 2013 à 1,5 milliard d’euros en 2017. Les objectifs fixés prévoient également de doubler le volume de préfinancement du CICE, en passant de 800 millions d’euros à 1,6 milliard d’euros. Parallèlement, Bpifrance continuera de développer le financement de la trésorerie avec son fonds de renforcement de la trésorerie, à condition que le fonds de garantie soit abondé. Il est également prévu de développer l’activité de mobilisation de créances, et notamment la mobilisation de créances nées à l’étranger. Bpifrance s’est également fixé pour objectif l’augmentation d’un tiers du nombre annuel d’opérations en capital, quel que soit le segment de marché du capital investissement (amorçage, capital-risque, capital développement PME, capital développement ETI). Bpifrance a aussi pour ambition de devenir un acteur majeur du financement de l’export. Elle a lancé en 2013 un prêt pour l’export qui peut atteindre 3 millions d’euros. Elle souhaite aller plus loin en doublant le volume des prêts à l’export, en passant de 250 millions à 500 millions d’euros, avec une première étape importante en 2014. Elle a aussi la volonté de lancer, si ses actionnaires l’y autorisent, une activité de crédit acheteur à l’export pour les PME et les ETI de petite taille. Ce type de crédit n’existe pas actuellement sur le marché français. Une PME au chiffre d’affaires de 30 millions d’euros qui a réussi à remporter un marché de 17 millions d’euros au Canada ne trouvera personne pour financer un crédit acheteur de 17 millions d’euros. Les grandes banques travaillent plutôt sur des volumes de 400 millions d’euros. M. Emmanuelli se demande d’ailleurs si les grandes banques remplissent toujours ce rôle. 24 M. Dufourcq répond affirmativement, pour les marchés d’une certaine importance. M. Jouyet fait observer que se pose également un problème de devises. M. Dufourcq indique qu’il existe parfois aussi des problèmes de liquidités. Il poursuit sa présentation. Bpifrance souhaite renforcer son partenariat avec Ubifrance, celui-ci ayant prouvé son efficacité. 40 personnes venues d’Ubifrance travaillent maintenant à Bpifrance et, complètement immergées dans cette logique de banque de démarchage, elles se déploient sur le territoire avec beaucoup d’énergie. Bpifrance souhaite travailler de plus en plus avec les 150 consultants d’Ubifrance qui savent très bien accompagner les entreprises. Bpifrance innove en matière de crédits à long terme en lançant le prêt d’avenir à dix ans. Ce prêt sera titrisé, c’est-à-dire qu’il sera logé dans un fonds de dettes proposé à des assureurs-vie. La totalité de l’enveloppe de 2014 a d’ailleurs déjà été achetée. Bpifrance doit désormais placer ces crédits auprès des entreprises. Bpifrance veut participer à l’effort collectif d’accompagnement des entrepreneurs. Il existe déjà de nombreux réseaux qui travaillent dans ce domaine, tels que les Conseils régionaux, le CJD, le réseau Entreprendre, etc. Néanmoins, force est de constater que ces réseaux ne suffisent qu’à couvrir 20 % environ des besoins des entrepreneurs. Pour faire face à tous ces enjeux, des dotations budgétaires sont nécessaires. Faute de moyens suffisants, cette stratégie ne pourra pas être déployée. Les besoins ont été évalués à 900 millions d’euros par an dans le domaine de l’innovation. Ces fonds sont assurés puisqu’ils proviennent de la recharge du PIA. En revanche, entre 300 et 500 millions d’euros par an seront nécessaires pour doter les fonds de garantie. M. Dufourcq souligne qu’il faudra donc que Bpifrance soit convaincante et crédible et démontre l’efficacité de ses actions dans la durée, pour obtenir ces financements. procès-verbaux M. Dufourcq détaille ensuite, métier par métier, le bilan 2013 et les perspectives 2014. Dans le domaine de la garantie, l’activité a augmenté de 8 % en 2013 et il est prévu qu’elle augmente seulement de 2,5 % en 2014. En effet, il a été décidé d’augmenter le seuil de la part déléguée aux banques en le relevant de 100 000 à 200 000 euros. Bpifrance est obligée de s’aligner sur la croissance prévisionnelle du marché bancaire privé, a priori relativement faible. La croissance rapide survenue en 2013 par rapport à 2012 était largement liée à la création du RTCCE, le fonds de renforcement de la trésorerie. En 2014, aucun nouveau fonds de garantie externe ne sera créé. Il en résulte que la croissance attendue est la croissance du marché. M. Dufourcq le confirme. Le fonds correspond à une ligne du budget de l’État. déclencher leur désir d’investir. Le prêt de développement est de nature à répondre à cette attente. M. Caudoux ajoute qu’il doit s’agir du programme 134, qui regroupe l’ensemble des fonds de garantie. M. Dufourcq précise que le prêt de développement, même s’il est octroyé sans garantie, obéit à la règle générale de cofinancement de Bpifrance (à un euro de prêt de Bpifrance est associé un, voire deux euros de prêt bancaire). Les seuls prêts de développement qui ne sont pas cofinancés par les banques sont les prêts pour l’innovation. Dans le domaine de l’innovation, en effet, Bpifrance peut financer des entreprises dont l’EBITDA est négatif. Concernant le métier de prêteur direct, dans le domaine de la trésorerie des PME, en 2013, le préfinancement du CICE a représenté 800 millions d’euros, soit le chiffre qui était annoncé, et 11 600 entreprises en ont bénéficié, dont 8 000 petites entreprises (préfinancement d’un CICE inférieur à 25 000 euros). En 2014, il est prévu d’atteindre un volume de 1,2 milliard d’euros. Cependant, les objectifs seront plus difficiles à atteindre en 2014, car les réseaux bancaires commencent à distribuer ce produit, ce qui signifie que les préfinancements de CICE les plus élevés seront captés par les banques. La mobilisation de créances est attendue en hausse de 4,5 % en 2014, après une forte croissance de 10 % en 2013. Les crédits de renforcement de la trésorerie, fondés sur le fonds de garantie RTCCE doté par l’État, sont attendus en baisse en 2014. En effet, le fonds RTCCE n’a pas été doté en 2014 à la même hauteur qu’en 2013. Il évoque ensuite l’activité de prêteur direct pour financer l’investissement. Cette activité regroupe, à la fois, les crédits classiques à moyen ou à long terme (crédit-bail, crédits longs), qui sont accompagnés de sûretés, en particulier d’hypothèques, en cofinancement avec les banques, et les prêts de développement qui sont octroyés sans garantie. Cette activité a connu une croissance de 6 % en 2013, et une nouvelle augmentation de 6 % est attendue en 2014. Cette augmentation est, cependant, très différenciée suivant les catégories de crédits. Ainsi, Bpifrance a pour objectif d’augmenter le volume des prêts de développement de 30 %. En revanche, il est prévu une légère perte de parts de marché sur les prêts classiques, au profit des autres banques. M. Marc s’interroge sur la raison de cette diminution, alors même qu’est reconnue l’existence d’un besoin conséquent et urgent à satisfaire. M. Dufourcq répond qu’il s’agit de restrictions budgétaires. M. Emmanuelli demande s’il s’agit de restrictions décidées par l’État dans le cadre de la loi de finances. M. Dufourcq précise, cependant, que d’autres fonds de garantie de Bpifrance ont été correctement dotés en 2014, ce qui lui permet, par exemple, de consentir des prêts de développement. M. Emmanuelli demande si ces différents fonds de garantie sont fongibles. M. Dufourcq répond négativement. Il n’apparaît pas nécessaire, en effet, que Bpifrance mobilise une partie de ses fonds propres pour octroyer les mêmes financements que ses partenaires bancaires. Il a donc été décidé de stabiliser, voire d’accepter une légère baisse sur l’activité de crédit-bail, où Bpifrance détient déjà 15 % de parts de marché. En revanche, l’ambition est de développer massivement les prêts sans garantie. M. Dufourcq considère que ces prêts constituent le "nerf de la guerre" de la relance de l’investissement français. Les entrepreneurs sont, en effet, devenus tellement précautionneux que seuls des prêts très spécifiques peuvent 25 M. Emmanuelli s’interroge sur la règle de cofinancement qui s’applique aux prêts de développement. Il s’étonne que des banques acceptent de prêter sans garantie. M. Dufourcq précise que pour ces prêts, les banques prennent des garanties, alors que Bpifrance n’en prend pas. Bpifrance octroie un prêt à l’investissement, et la banque partenaire finance un autre investissement, généralement sous la forme de crédit-bail. Il peut aussi s’agir de financement de trésorerie. Il faut que sur l’actif de l’entreprise, le risque soit partagé entre au moins deux institutions bancaires. M. Emmanuelli en déduit que la possibilité d’agir de Bpifrance est liée à la décision des banques. M. Dufourcq le confirme. Effectivement, cette règle constitue une limite. Cependant, à chaque fois que les prédécesseurs de Bpifrance ont voulu s’affranchir de cette règle de cofinancement, ils ont échoué. M. Dufourcq cite en exemple la faillite du CEPME. Celui-ci a été amené à prendre en charge tous les dossiers refusés par les banques et il a fait faillite. M. Dufourcq considère que le rôle de Bpifrance est de forger une décision de consensus. Tel un chef de syndicat, elle a pour mission d’entraîner les autres banques. M. Dufourcq évoque ensuite le financement de l’export. Les montants concernés sont encore faibles, mais 2e séance - 12 février 2014 augmentent rapidement. Une croissance de 71 % a été observée entre 2012 et 2013, et le montant des crédits accordés devrait plus que doubler en 2014. En matière de financement à l’innovation, il est attendu une très forte croissance en 2014, grâce aux fonds apportés par la recharge du PIA, d’une part, et grâce à l’accroissement des aides à l’innovation ex-ANVAR (avances remboursables et prêts à taux zéro), d’autre part. Ces dernières avaient baissé en 2013 en raison de la diminution des dotations. Bpifrance a, en effet, convaincu l’État de lui redonner des moyens dans ce domaine. Ceci devrait permettre de mieux faire face à la demande qu’en 2013 quand, à partir de la fin du mois d’août, les fonds étaient épuisés conduisant, de fait, à la "fermeture des guichets régionaux" de Bpifrance en matière d’innovation. Cette situation était largement préjudiciable à la réputation de ces aides et de Bpifrance. M. Dufourcq se réjouit donc du budget octroyé pour 2014 dans ce domaine. Par ailleurs, le plan d’actions "Nova" sera mis en œuvre. Il est fondé, entre autres, sur la simplification du parcours pour le client, ainsi que sur la simplification, la réduction du nombre de produits et l’accompagnement de l’entreprise très tôt vers des solutions d’investissement en amorçage et en capital-risque. Le pôle investissement, en ce qui concerne l’activité ETI/GE, a connu une faible activité en 2013 : 368 millions d’euros, à comparer à 1,152 milliard en 2012. M. Dufourcq cite quelques entreprises qui ont bénéficié de ces aides, telles que CMA-CGM, Technicolor ou Paprec. L’écart de volume entre 2012 et 2013 provient de l’absence d’opération exceptionnelle en 2013, alors qu’en 2012 un financement exceptionnel avait été octroyé à ERAMET. Les chiffres mentionnés pour 2014, qui sont donc largement conventionnels, prévoient 20 opérations dont une exceptionnelle. M. Dufourcq souligne que ces objectifs seront difficiles à atteindre. Le budget fixé en la matière est très volontariste. Même si Bpifrance n’a pas vraiment de concurrent dans ce domaine, il existe cependant des sociétés de gestion tels qu’Eurazeo qui réalise une opération par an, ou le Groupe 3i qui en fait une tous les 18 mois. Bpifrance peut être amenée à co-investir avec ces investisseurs. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, Bpifrance effectue, en ce moment, une tournée commerciale auprès des ETI françaises. En ce qui concerne l’investissement direct dans les PME, Bpifrance ambitionne de réaliser 170 millions d’euros d’investissements en 2014 avec 120 tickets, soit le même nombre de tickets qu’en 2012. Cependant, en 2012, les financements avaient surtout pris la forme d’obligations convertibles et Bpifrance souhaite, en 2014, procéder davantage à de vraies ouvertures de capital de PME. M. Dufourcq estime, en effet, que l’ouverture de capital est source de changement du comportement des entrepreneurs et de transformation de l’entreprise. L’obligation convertible ne permet pas de faire évoluer la gouvernance des entreprises. M. Emmanuelli fait observer que, généralement, les entrepreneurs manifestent beaucoup de réticence à l’idée d’ouvrir leur capital. M. Dufourcq en convient. Le rôle de Bpifrance est précisément de travailler pour changer cette culture. M. Dufourcq aborde ensuite le domaine du capital-innovation. Bpifrance souhaite investir directement 117 millions d’euros en 2014 en capital-risque pour 40 opérations. En 2012 et 2013, les investissements s’étaient élevés respectivement à 75 et 111 millions d’euros. La croissance obtenue en 2013 s’explique par la création du fonds Large Venture, de 500 millions d’euros, qui a permis de financer notamment Withings, Lucibel, Medtech. M. Emmanuelli s’interroge sur la notion de fonds, telle qu’elle est utilisée par Bpifrance. M. Dufourcq précise que les FCPR (récemment devenus FPCI) sont le support juridique et financier commun 26 de la profession de l’investissement. Ce support offre une grande souplesse de gestion à la société de gestion dont les équipes peuvent en gérer plusieurs (chaque fonds a ainsi sa propre thèse d’investissement), pour le compte du groupe Bpifrance et, le cas échéant, d’investisseurs tiers. Par exemple, le fonds ETI 2020 est un FPCI, doté d’une capacité d’investissement de 3 milliards d’euros intégralement souscrit par Bpifrance, d’une durée de vie très longue (99 ans), géré par la société de gestion Bpifrance Investissement qui accomplit toutes les opérations de gestion. Au total, Bpifrance a mis en place une société de gestion qui gère une quarantaine de fonds différents. M. Jouyet confirme que tous les fonds sont spécialisés et qu’ils sont gérés par une seule société de gestion, agréée par les autorités. M. Dufourcq ajoute que le fait que la même société gère les différents fonds assure une totale fluidité des processus et une mutualisation des tâches administratives. M. Jouyet salue l’intelligence de cette organisation. M. Dufourcq indique que cette organisation s’est inspirée de celle des principales sociétés de gestion au niveau mondial. M. Emmanuelli estime que cette multiplicité des fonds est un peu déroutante. M. Jouyet en convient, mais il insiste sur le fait qu’à Bpifrance, ces différents fonds sont dirigés par une seule société de gestion. M. Dufourcq précise qu’à chaque fonds est associée une équipe d’investisseurs. M. Jouyet considère que cette organisation est tout à fait rationnelle. M. Dufourcq poursuit sa présentation en évoquant le métier "fonds de fonds ". Le volume des souscriptions a augmenté de 14 % en 2013. Les souscriptions procès-verbaux représentent le volume de fonds qui sortent de Bpifrance pour entrer dans des fonds privés. En 2014, il est attendu un volume de 560 millions d’euros. En 2013, Bpifrance est entrée dans près de 70 % des nouvelles souscriptions de capital amorçage et de capital innovation. Bpifrance est ainsi entrée dans 100 % du capital amorçage avec 16 fonds et dans les deux tiers des fonds de capital-risque. M. Dufourcq rappelle que le capital-risque et le capital amorçage relèvent au moins autant du private equity que de la politique industrielle. L’effet multiplicateur des interventions de Bpifrance s’est élevé à 3,5. Pour l’année 2014, il convient donc de multiplier 560 millions d’euros par 3,5 pour avoir une idée des sommes qui seront investies dans les entreprises françaises. Bpifrance finance 277 fonds partenaires et souhaite les concentrer, considérant qu’ils sont trop nombreux. Son objectif est de contribuer à faire émerger de grandes sociétés de gestion, qui gèreraient plus d’un milliard d’euros. M. Dufourcq reconnaît l’utilité de chacun de ces fonds, à l’instar de ce que fait la Caisse des Dépôts depuis vingt ans. La Caisse des Dépôts a créé la gestion française, il s’agit maintenant de la concentrer. Cet objectif a été annoncé à la profession, ce qui soulève certaines interrogations dans ce milieu. Bpifrance a exprimé également le souhait de rendements un peu plus élevés, même s’ils resteront toujours relativement faibles. M. Emmanuelli souhaite savoir combien, en pourcentage, représente la souscription de Bpifrance pour l’ensemble de ces 277 fonds. M. Dufourcq précise que lorsque Bpifrance investit 1 euro, le secteur privé en investit 3,5, ce qui signifie que l’investissement de Bpifrance représente environ un quart de l’ensemble. Bpifrance intervient dans les trois quarts des fonds. Elle n’intervient pas, cependant, dans les fonds LBO, ni dans les fonds de mid-market buyout ou dans les fonds de transmission. Bpifrance n’intervient pas, non plus, dans les fonds qui investissent à l’étranger. M. Goua signale qu’il a assisté à un comité en région. Les régions interviennent, à la fois, en garantie et en prêt. Or, M. Dufourcq en a peu parlé. M. Dufourcq confirme que M. Goua a raison. Cet aspect est effectivement important. M. Dufourcq cède ensuite la parole au Directeur financier de Bpifrance. M. Caudoux présente l’encours de Bpifrance. Les crédits accordés par le passé et en 2013 s’accumulent dans les bilans de la banque. Au total, le volume d’exposition de Bpifrance sur les entreprises est passé, entre 2012 et 2013, de 43,6 à 46,2 milliards d’euros, soit une progression de 6 % de l’ensemble des encours. Le montant de la garantie est resté stable, globalement. Il faut noter que la garantie génère des commissions de garantie qui contribuent donc au résultat de la banque. Le financement de l’ensemble des encours de crédit progresse très rapidement, ce qui dénote l’accélération de l’activité, en particulier sur des crédits qui sont de plus en plus longs. Bpifrance assume pleinement son rôle de financeur de long terme. Le bilan est donc passé de 17 à 20 milliards d’euros de crédits, soit une croissance de plus de 15 %. Cette activité génère une marge nette d’intérêts, puisque Bpifrance emprunte "en gros" sur les marchés financiers et revend des prêts "en détail" à l’ensemble des entreprises françaises. Les investissements directs sur fonds propres (à l’exception d’une légère activité pour compte de tiers, 90 % des investissements proviennent des fonds propres de Bpifrance) représentent 12,8 milliards d’euros. Ces investissements étaient en légère baisse en 2013 par rapport à 2012, en raison de l’absence d’investissement exceptionnel. En revanche, il est observé une légère augmentation des investissements indirects, c’est-à-dire des prises de participations dans des fonds d’investissements. Cette activité d’investissement génère plusieurs sortes de revenus. Les participations dans les fonds d’investissements sont gérées en markto-market, c’est-à-dire que l’on suit 27 chaque année les variations de valeur, ce qui crée du résultat même en l’absence de cessions. Les grandes participations héritées du FSI ne génèrent du résultat que si elles sont vendues, à travers les plus-values (ou moins-values) de cession. Les obligations convertibles génèrent des intérêts. Les participations génèrent des dividendes. Bpifrance peut avoir à provisionner des titres qui ont subi une dépréciation. Le résultat de Bpifrance provient donc de l’ensemble de ces éléments. En 2013, le produit net bancaire s’est élevé à 873 millions d’euros. 476 millions d’euros ont été générés par les activités bancaires, dont 391 millions proviennent des activités de financement, c’est-à-dire des intérêts des crédits, et 85 millions des commissions de garantie. Les activités d’investissement ont généré 400 millions d’euros de recettes, dont 388 millions de plus-values (ce qui correspond à 1 milliard d’euros de cessions), 274 millions de revenus divers (variations de juste valeur, dividendes et intérêts perçus) et 265 millions de dépréciations sur un portefeuille de 12 milliards d’euros. En effet, quelques sociétés, à l’inverse du portefeuille dans son ensemble, n’ont pas profité du redressement des marchés. M. Houri s’interroge sur la notion de juste valeur. M. Caudoux indique que cela concerne les financements de PME et d’ETI qui sont dans des fonds. Les participations dans des entreprises plus importantes ne peuvent pas être placées dans des fonds de type FCPR ou FPCI, et figurent directement au bilan, comme "actifs disponibles à la vente ". Lorsque la valeur de ces participations monte, il n’est pas possible de constater la plus-value d’un point de vue comptable tant que ces participations ne sont pas vendues. En revanche, en cas de baisse brutale, il convient d’enregistrer une dépréciation. Les méthodes employées sont les mêmes que celles de la Caisse des Dépôts. En termes de charges opérationnelles, le budget 2013 de l’ensemble des sociétés qui ont été apportées à Bpifrance 2e séance - 12 février 2014 s’élevait, au total, à 381 millions d’euros. En fin d’année, les dépenses réalisées se sont élevées à 381 millions d’euros, auxquelles il faut ajouter un surcoût de 8 millions d’euros résultant de l’ensemble des dépenses qui ont été engagées pour créer Bpifrance, c’est-à-dire pour créer la société holding, communiquer sur son nom, payer les conseils juridiques et financiers nécessaires à une opération de cette envergure. Le coût du risque des activités de crédit est un élément majeur à prendre en compte pour assurer l’équilibre financier de Bpifrance. Bpifrance a 20 milliards d’euros de crédits, 870 millions d’euros de revenus et 400 millions d’euros de charges. Cet élément est donc surveillé de très près. Le coût du risque, rapporté au montant de l’encours, est resté stable entre 2012 et 2013. Même si le montant des défauts a augmenté, le montant de l’encours a augmenté également. Au final, il est nécessaire de provisionner 0,2 % des encours, ce qui correspond aux pertes probables sur les entreprises qui ont fait défaut en 2013. Ce chiffre de 0,2 % montre que le risque reste bien maîtrisé. Il se situe dans la fourchette de gestion ciblée. M. Emmanuelli s’interroge sur la norme en la matière. M. Caudoux fait observer que les chiffres sont relativement difficiles à comparer. Les actions que mène Bpifrance en matière de crédit à moyen ou long terme, ou de mobilisation de créances - outil très précieux pour les entreprises en difficulté - sont très sécurisées. Bpifrance, à l’inverse des banques classiques, n’accorde pas de découvert aux entreprises. Or, une part du coût du risque pour une banque provient des découverts qu’elle accorde. En excluant les découverts et en considérant seulement les créances sécurisées, les principales banques se situent entre 0,2 % et 0,4 %. Bpifrance évolue dans cette fourchette. M. Ophèle considère que le ratio de 0,2 % est très satisfaisant sur ce segment. La difficulté pour Bpifrance sera de maintenir durablement un chiffre de cet ordre-là. M. Bavagnoli constate que le montant de créances contentieux augmente, alors que le coût du risque reste stable, ce qui signifie que le taux de provisionnement baisse. M. Caudoux le confirme. Bpifrance est passée de 127 à 161 millions d’euros d’entrées en contentieux, dues à des créances qui ont fait défaut. Cependant, Bpifrance a sécurisé ces créances en mettant en place, soit un collatéral, soit des fonds de garanties, ce qui permet d’abaisser le coût du risque. Bpifrance accorde de plus en plus de prêts de développement qui sont adossés à des fonds de garantie, ce qui génère proportionnellement peu de coût du risque. Sans fonds de garantie, Bpifrance ne pourrait pas octroyer ces prêts, en raison du niveau de risque qu’ils génèreraient. M. Bavagnoli remarque que pour avoir une vision globale du coût du risque, il faut prendre en considération le risque supporté par l’État. M. Caudoux précise que ces prêts ne sont jamais garantis à 100 % par l’État. Bpifrance assume une part de risque sur ses fonds propres. Entre 50 et 80 % du prêt sont garantis par l’État, ce qui signifie que 20 à 50 % du risque sont supportés par Bpifrance. Si un prêt ne peut pas être remboursé, Bpifrance perdra de l’argent. M. Caudoux récapitule, ensuite, les différentes composantes du compte de résultat 2013, telles qu’elles figurent au sein du document transmis à la Commission de surveillance : produit net bancaire 873 millions d’euros ; charges 389 millions ; coût du risque 40 millions ; coût du risque investissement (obligations convertibles) 22 millions. Il en découle un résultat d’exploitation de 423 millions d’euros. La dotation à la provision collective, de 36 millions d’euros, obéit à une règle de prudence, Bpifrance voulant, avant tout, rester solvable et pérenne. Cette dotation permet d’envisager une éventuelle hausse du risque à l’avenir sans mettre en péril les comptes de l’entreprise. La contribution au résultat de l’ensemble des sociétés mises en équivalence, c’est-à28 dire des principales participations, telles qu’Orange, Eramet et Eutelsat, s’élève en 2013 à moins 79 millions d’euros. Mme Grosskost s’interroge sur la façon de calculer la dotation à la provision collective. M. Caudoux explique que ce chiffre est obtenu en calculant, hors marge nette d’intérêt c’est-à-dire hors profit généré par l’encours de crédit, la perte attendue sur l’ensemble du portefeuille en stock de l’encours. Cette estimation tient compte des notations et des probabilités de défaut à un an, deux ans, trois ans ou cinq ans sur l’ensemble de l’encours. Il est possible d’effectuer une simulation pour calculer la perte attendue future, indépendamment de la marge générée par ces encours. Cette dotation est donc réalisée de manière relativement solide, dans une optique où Bpifrance doit rester inaltérable afin d’assumer son rôle. Le résultat net, de 145 millions d’euros, correspond à la première année d’activité. Il est inférieur à l’objectif fixé lorsque Bpifrance aura atteint son régime de croisière. Il a subi les conséquences de dépréciations et d’alignements de cours qui ont dû être opérés au moment où les titres ont été apportés à Bpifrance. M. Caudoux souligne que le bilan de Bpifrance est différent de celui d’une banque classique, dans la mesure où il contient de nombreux investissements en fonds propres. Un volume important de fonds propres est donc nécessaire. Bpifrance refinance l’ensemble de son encours de crédit. Elle ne prend pas de dépôt et ne fait donc pas de concurrence aux banques dans ce domaine. Elle refinance son activité de crédit dans de très bonnes conditions, qui sont améliorées en 2013. Le refinancement s’est élevé à 3,8 milliards d’euros en 2013. M. Emmanuelli demande des précisions sur ce refinancement. M. Caudoux répond qu’il s’agit d’émissions obligataires sur les marchés, avec des maturités situées entre 2 et 15 ans, et des spreads qui s’échelonnent entre OAT = 10 PB et OAT + 20 PB. procès-verbaux La situation du marché est favorable et la situation actuelle de Bpifrance sur le marché est très satisfaisante. Le ratio de solvabilité de Bpifrance s’élève à 31,5 %. Ce chiffre très élevé reflète naturellement la haute solvabilité de Bpifrance, mais il reflète aussi l’allocation d’actifs, puisque Bpifrance réalise de très nombreux investissements en fonds propres, ce qui génère certains risques sans commune mesure avec le risque de crédit. Par conséquent elle se doit d’avoir un ratio de solvabilité réglementaire très élevé pour assurer une bonne solvabilité économique. M. Emmanuelli souhaite connaître le mode de calcul du ratio de solvabilité. M. Caudoux indique qu’il s’agit du rapport entre les fonds propres réglementaires (après quelques retraitements réglementaires : 14,3 milliards d’euros) et les encours pondérés par les risques. La pondération résulte de formules réglementaires qui ne reflètent pas complètement la mesure du risque pour un investisseur de long terme, d’où la nécessité d’une certaine prudence dans l’interprétation de ce ratio. Enfin, la dernière page du document présente les objectifs financiers liés au plan stratégique. Ainsi, le retour sur capitaux attendu est de l’ordre de 3 à 4 % par an. Cependant, le ROE annuel n’est pas une mesure très pertinente en matière d’investissements à long terme. Il est plus significatif de considérer le rendement final de l’investissement. Les taux de rendement interne de l’activité d’investissement seront suivis attentivement. Sur la base des valeurs composant le portefeuille à la création de Bpifrance, l’objectif est d’obtenir un rendement de l’ordre de 4,5 à 5,5 % Etant donné que, pour ces valeurs, une partie des moins-values a déjà été enregistrée. Bpifrance souhaite également améliorer l’efficacité de son fonctionnement afin d’obtenir des coûts opérationnels les plus faibles possibles. Cet objectif se mesure par le coefficient d’exploitation, en particulier sur la partie bancaire. Ce coefficient vaut actuellement 61,8 %, l’objectif étant de l’amener à un niveau inférieur à 60 %, ce qui placera Bpifrance parmi les meilleures banques de détail en France. Enfin, l’objectif de Bpifrance est, avant tout, de rester inaltérable, ce qui signifie conserver un ratio de solvabilité supérieur à 25 %, considéré comme le niveau à respecter compte tenu du poids des investissements en fonds propres. Bpifrance doit également être très liquide. Sa structure de bilan fait qu’elle n’a pas de problème de ratio de liquidité, contrairement aux banques pour lesquelles ce ratio exerce des contraintes très fortes. M. Caudoux souligne l’importance, pour Bpifrance, de ne pas être pénalisée par cette problématique. M. Emmanuelli souhaiterait connaître la durée moyenne de l’instruction des dossiers pour l’activité d’investissement. Il relève, par ailleurs, que le nombre de dossiers traités est mentionné, mais il voudrait également savoir combien de dossiers ont été présentés. Il souhaiterait ainsi connaître le rapport entre le nombre de demandes et le nombre de dossiers qui aboutissent. Il rappelle que pour CDC Entreprises ou pour le FSI, l’écart entre les demandes et les issues favorables était assez considérable. M. Emmanuelli précise qu’il est bien conscient que Bpifrance a été créée seulement six mois auparavant, même si, comme M. Dufourcq l’a indiqué, les équipes avaient déjà commencé à travailler avant cette date. M. Emmanuelli constate, par ailleurs, une surliquidité si l’on considère les capitaux de Bpifrance. Il se demande si cette situation est amenée à perdurer ou non. Il souligne que les deux actionnaires de Bpifrance et, en particulier, l’État, devront peut-être se poser des questions au sujet de cet excédent de fonds propres par rapport aux emplois, et sur les conclusions à en tirer au niveau des dividendes. Mme Grosskost souhaite revenir sur la question posée précédemment par M. Marc. Les parlementaires sont en 29 permanence interpellés sur le sujet des crédits accordés aux PME. D’une part, les parlementaires entendent dire que le credit crunch est toujours présent et que les PME manquent de financements, d’autre part le crédit interentreprises est toujours élevé, alors que les délais de paiement étaient censés être raccourcis. Par ailleurs, il existe un réel problème au niveau des collectivités locales par rapport au financement des PME qui interviennent pour elles. Mme Grosskost s’interroge sur les possibilités de résoudre ce problème, alors même que les financiers assurent que les investissements trouvent toujours un financement. Tel est notamment le discours tenu par la Banque de France. Mme Grosskost s’interroge également sur les opérations de titrisation des crédits effectués au profit des PME. Elle se déclare interpellée par cette question et souhaite des précisions sur ces opérations au regard des règles prudentielles. Les banques, en effet, sont quand même tenues à certaines règles dans le cadre de Bâle 3, tout comme les assureurs dans le cadre de Solvency 2. M. Marc souligne que Bpifrance doit, comme toutes les banques, servir l’avenir, ce qui signifie soutenir l’emploi dans les PME et favoriser la dynamique de ces entreprises. L’État affirme qu’il ne peut pas accorder davantage de moyens dans cette période de restrictions budgétaires. M. Marc souhaiterait recueillir le sentiment de M. Dufourcq sur cette question et il souligne l’urgence de trouver des solutions. Les PME expriment de fortes attentes par rapport à Bpifrance. Puisque celle-ci dispose de liquidités, M. Marc se demande si elle pourrait envisager de faire un effort en ce sens. Il rappelle que selon M. Dufourcq, les interventions de Bpifrance, en faveur de la trésorerie des entreprises baissent, faute de moyens octroyés par l’État. M. Dufourcq précise que globalement, les interventions de Bpifrance, en faveur de la trésorerie des entreprises, vont augmenter, puisque le préfinancement du CICE passera de 800 millions d’euros à 1,2 milliard d'euros. Les interventions en faveur de la trésorerie 2e séance - 12 février 2014 comprennent, en effet, le préfinancement du CICE, le fonds de renforcement de la trésorerie des PME et la mobilisation de créances. L’ensemble de ces interventions augmentera significativement en 2014. En revanche, la partie concernant le fonds de redressement de la trésorerie des PME connaît une baisse, plus que compensée par l’augmentation de 50 % du préfinancement du CICE. M. Dufourcq convient, cependant, que les besoins en trésorerie sont tels qu’il aurait été préférable de maintenir au niveau 2013 les crédits de trésorerie RTCCE, qui sont des crédits à deux ans permettant de financer les besoins à court terme des entreprises. Ces crédits représentent du fonds de roulement court, à la différence des prêts de développement, qui peuvent être assimilés à du fonds de roulement long. En 2013, 650 millions d’euros de crédit de cette nature ont été attribués. En 2014, Bpifrance n’aura pas les moyens de distribuer un volume aussi important. M. Emmanuelli s’enquiert du volume prévu pour 2014. M. Dufourcq répond qu’actuellement, Bpifrance peut accorder environ 350 millions d’euros. En 2013, elle avait les moyens d’attribuer 500 millions d’euros. Cependant, comme les garanties n’avaient pas atteint le montant prévu, il a été possible d’augmenter le niveau de ces crédits jusqu’à 650 millions d’euros. M. Dufourcq estime donc qu’en 2014, il sera probablement possible d’aller jusqu’à 400 ou 420 millions d’euros. M. Emmanuelli demande quel est le niveau des dotations manquantes. M. Dufourcq répond qu’il manque environ 20 millions d’euros. Il souligne que l’outil Bpifrance, à la différence d’autres initiatives publiques, permet d’obtenir un effet multiplicateur considérable à partir de montants relativement faibles. M. Emmanuelli regrette que de tels propos n’aient pas été tenus devant le Rapporteur général du Sénat. M. Dufourcq rappelle qu’en présence de M. Emmanuelli, il a demandé au Président de la République l’augmentation des fonds de garantie en 2014. Cette augmentation a été obtenue, ce qui a permis de créer de nouveaux produits en 2014 : le prêt à la robotique, le prêt vert, le prêt numérique et le prêt à l’industrialisation. M. Dufourcq précise que la campagne budgétaire 2015 commence et que pour Bpifrance, l’enjeu est considérable. En effet, la totalité du plan stratégique pourrait être remise en question si des dotations correctes n’étaient pas attribuées pour l’année 2015. M. Emmanuelli demande à M. Dufourcq de faire connaître ses besoins très en amont des discussions budgétaires. M. Dufourcq revient sur la titrisation évoquée par Mme Grosskost. Dans le passé, lors des opérations de titrisation, l’acheteur du portefeuille de titres était aveugle sur la composition du portefeuille. Il existait en effet une clause précisément dénommée "clause aveugle ", qui permettait de rétrocéder n’importe quels titres à l’acheteur. Les opérations de titrisation menées par Bpifrance sont totalement différentes. L’assureur qui veut acheter les 200 millions d’euros de crédits titrisés sait exactement quelles sont les entreprises concernées. Mme Grosskost fait observer que les échéances d’un assureur ne sont pas les mêmes que celles d’un financier. M. Dufourcq précise que c’est pour cette raison que Bpifrance a créé un crédit à dix ans. L’assureur demandait, en effet, du long terme. M. Caudoux ajoute que le fait de prêter à plus long terme permet de demander aux entreprises un taux un peu plus élevé, et donc de servir à l’assureur un rendement qui correspond à ses attentes, puisque l’assureur est assujetti à des enjeux de maturité, mais aussi de rendement. En prêtant à plus long terme aux entreprises, Bpifrance se différencie des autres banques. Les entreprises sont prêtes à payer 1 % de plus pour un crédit plus long, et ce produit répond à la demande des assureurs. L’assureur bénéficie d’une 30 totale transparence sur le portefeuille, il a un droit de regard ligne à ligne et il peut même exclure une ligne s’il le souhaite. Il a une parfaite connaissance des marges de sécurité. M. Emmanuelli suppose que les meilleurs crédits seront proposés dans le cadre de cette titrisation. Il se demande si ce phénomène n’aboutira pas à faire monter le coût du risque pour Bpifrance. M. Caudoux répond que, précisément pour cette raison, la titrisation porte sur un crédit différencié qui est le prêt d’avenir. Ce produit sera proposé effectivement aux meilleures entreprises, les seules susceptibles d’intéresser les assureurs à ce jour. Bpifrance espère, cependant, que par la suite, ce produit se démocratisera. Cette première opération a pour but de contribuer à ouvrir le marché. Le fait de consacrer un produit différent limite le risque de "cannibaliser" le reste du bilan ou de dégrader les autres crédits. Bpifrance continuera de vendre à ses clients, dans les mêmes conditions qu’auparavant, les autres produits, tels que le créditbail à sept ans, le crédit-bail immobilier ou le prêt de croissance à sept ans. Le prêt d’avenir à dix ans correspond à des besoins différents et répond à une demande de la part des entreprises. M. Dufourcq précise que lorsque ce prêt d’avenir sera titrisé, Bpifrance gardera 20 % du risque. Ce portefeuille sera composé d’excellentes signatures et Bpifrance ne s’auto-garantira pas. Elle ne demandera donc pas à l’État de ressources publiques pour ce prêt de développement. Le risque, à hauteur de 80 %, sera transféré aux assureurs. M. Emmanuelli s’interroge sur les mécanismes juridiques qui permettent cette opération. M. Caudoux précise que la créance est placée dans un fonds de dettes, dont Bpifrance rachète 20 %. M. Jouyet indique qu’il juge ce prêt à dix ans intéressant. La titrisation a effectivement mauvaise réputation, mais reste utile pour les financements étalés procès-verbaux sur dix ou quinze ans. Il importe de relancer ce mécanisme de manière saine. En tant que Président de la Banque publique d’investissement, M. Jouyet estime qu’il convient de mener une réflexion afin d’utiliser, de manière saine, tous les moyens pour financer à long ou moyen terme l’économie française et les PME, en particulier. M. Dufourcq ajoute que les banques françaises ont des difficultés à alléger leurs bilans de crédits PME alors que les assureurs-vie cherchent du rendement de crédit PME sans pouvoir l’acheter. Il est nécessaire de créer un conduit de fonds de dettes. C’est ce conduit que Bpifrance cherche à initier. M. Jouyet constate qu’une substitution est en train de s’opérer en termes de financement des PME, des banques vers les assureurs. M. Bavagnoli confirme que cette situation est également vraie pour le crédit immobilier. M. Emmanuelli souligne le rôle des assureurs. Il souhaiterait que ceux-ci aident la Caisse des Dépôts pour le projet Argos. M. Jouyet indique que le projet Argos est mené en collaboration avec les assureurs. En réponse à l’interrogation portant sur la durée de l’instruction des dossiers, M. Dufourcq répond que les objectifs fixés prévoient un délai maximum de six semaines entre la date où le dossier est déposé et celle où l’on fait part à l’entrepreneur de la décision. Il faut ensuite trouver le co-investisseur. Une forte sélection des dossiers est inévitable en matière de capital investissement. Les statistiques publiées par la Caisse des Dépôts montrent que sur 100 dossiers déposés, seuls 6 ou 7 seront retenus. Dans un grand nombre de cas, le dossier est exclu parce que l’entrepreneur n’est absolument pas crédible et que le projet n’est pas viable. Il arrive également souvent que l’entrepreneur soit formidable, mais que le compte d’exploitation de l’entreprise reste négatif de façon trop durable. Le projet apparaît alors trop risqué. M. Jouyet note que cette proportion de dossiers qui aboutissent, soit 6 à 7 %, reste à peu près stable, quelle que soit la situation économique. M. Dufourcq ajoute que le rendement total de ces dossiers, sur les années 1994 à 2006, s’est élevé à 2 %, bien que le choix ait été extrêmement sélectif. En effet, ces opérations portent sur les catégories d’investissements les plus risquées que sont le capital-risque et l’amorçage. M. Borotra déclare qu’il était un peu dubitatif vis-à-vis de Bpifrance à l’origine, mais qu’il constate qu’en un an, un travail considérable a été accompli, à la fois en termes d’implantation, de simplification administrative et surtout en termes de communication sur les dispositifs. Il semble que Bpifrance couvre tous les domaines, mais M. Borotra se demande s’il n’existe pas un risque de dispersion et si Bpifrance ne risque pas de passer à côté de la cible qui est visée. Cependant, globalement, M. Borotra estime que la mise en place de Bpifrance, en un an, est une réussite. Néanmoins, M. Borotra juge que les objectifs fixés à Bpifrance sont trop ambitieux. Il estime qu’il convient d’avancer prudemment au niveau de tous les dispositifs qui ont été créés. Bpifrance ne doit pas avoir pour ambition de devenir aussi importante que la BNP. M. Borotra estime que cette comparaison n’a pas de sens, Bpifrance n’étant pas en concurrence avec la BNP. M. Borotra relève que les objectifs mentionnés prévoient de multiplier par deux les crédits à moyen et long terme, les prêts au développement, le préfinancement du CICE, les garanties, etc., d’ici 2017. Il souligne que l’atteinte de ces objectifs nécessite des moyens, et il souhaite apporter un bémol sur ce sujet. Bpifrance a réussi à réaliser un produit brut de 873 millions d’euros pour 44 ou 45 milliards d’encours, avec un résultat net de 145 millions d’euros. M. Borotra souligne que même si des résultats considérables ne sont pas attendus de la 31 part de Bpifrance, la Caisse des Dépôts aura besoin, à un moment ou à un autre, d’un retour minimum. M. Borotra considère, par ailleurs, que deux problèmes de fond doivent être soulevés. Le premier concerne l’innovation. Bpifrance a mis en évidence un problème majeur auquel Oséo s’était déjà heurté. M. Borotra estime que Bpifrance, en voulant mettre de l’ordre dans "l’éco-système de l’innovation ", s’oriente dans la bonne direction, d’autant plus que des moyens importants lui sont confiés, comme M. Dufourcq l’a évoqué lors de sa présentation. Cependant, les interventions de Bpifrance nécessitent des cofinancements, tout au moins pour une partie des dossiers. Il ne suffit donc pas de se fixer des objectifs ambitieux. Encore faut-il que les partenaires de Bpifrance soient prêts également à prendre des risques. M. Borotra souhaite également exprimer une réserve sur l’approche de l’innovation, telle qu’elle apparaît dans les documents transmis à la Commission de surveillance. Cette approche lui paraît, en effet, trop axée sur les technologies. Naturellement, le progrès technologique est nécessaire, mais aux yeux de M. Borotra, il n’est pas suffisant pour redynamiser l’économie. Le modèle recherche/technologie/innovation, neuf fois sur dix, n’est pas pertinent pour les PME. M. Borotra rappelle, en outre, que 70 % de l’économie française sont constitués d’activités de services. Il souhaite insister sur le fait que le schéma traditionnel de l’innovation s’avère inapproprié pour la plupart des PME. L’enjeu, pour ces entreprises, est la montée en gamme de leurs produits et la maîtrise de leurs coûts. L’innovation, dans ce cadre, ne porte pas sur l’apport d’une nouvelle technologie, mais sur le mode de production, sur l’organisation du travail, sur le marketing, sur les garanties "qualité ", sur la maîtrise des coûts indirects. M. Borotra estime que si Bpifrance ne fournit pas cette approche aux PME, elle risque de ne pas traiter le problème global de l’innovation dans les PME, mais uniquement celui de l’innovation technologique. 2e séance - 12 février 2014 A ce sujet, M. Borotra s’interroge d’ailleurs sur les 120 chargés d’affaires qui sont en formation, alors que les problèmes posés sont de nature industrielle. Il ne s’agit pas d’examiner des comptes, ceux-ci ne reflétant pas l’activité réelle de l’entreprise. M. Borotra considère que le problème central pour les PME ne provient pas d’un niveau trop élevé des salaires ou, dans une moindre mesure, des charges. Le problème est que les produits des PME sont d’un niveau de gamme trop bas par rapport aux salaires de leurs employés. Traiter ce problème relève de l’investissement et de l’innovation. Le second point que souhaite aborder M. Borotra porte sur le problème du capital retournement, qui représente l’activité la plus risquée. Cette activité concerne des milliers de dossiers par an, qui soulèvent, à la fois des problématiques d’emploi et des problématiques de territoire. Il faut essayer de sauver, dans la mesure du possible, ces entreprises, qui emploient des salariés, propriétaires de leurs logements et qui ne peuvent pas vendre celui-ci quand l’entreprise ferme. Lors de sa précédente audition devant la Commission de surveillance, M. Dufourcq avait déclaré que ce problème était complexe. M. Borotra en convient. M. Dufourcq avait exprimé des réserves sur ce sujet et avait estimé qu’il devait être traité au travers de fonds spécialisés. M. Borotra annonce qu’il ne croit pas à cette solution et cite l’exemple de la SNCM : Butler a multiplié par cinq son profit et a laissé la société dans une situation critique. En effet, très souvent, ces fonds spécialisés cachent des prédateurs. M. Borotra souligne qu’il ne suffit pas d’injecter des millions d’euros pour redresser une entreprise. La solution passe par un diagnostic basé sur une connaissance précise de l’entreprise, la mise en place d’une stratégie de restructuration, une réorientation et un suivi sur le terrain. Cette mission exige une expertise industrielle et sociale et le recours à des outils adaptés. Il existe des milliers d’entreprises qui se trouvent dans une situation difficile et qui progressivement périclitent jusqu’à disparaître, alors qu’elles auraient peutêtre pu être sauvées. M. Borotra estime que pour remplir ce rôle, un engagement sur une durée de sept à dix ans est nécessaire, et qu’il faut probablement envisager de multiplier par trois ou quatre le montant qui est investi. Il craint que si cette question n’est pas traitée, les résultats positifs de l’action de Bpifrance ne soient masqués par la multiplication de situations de crise. M. Houri considère que le premier bilan de Bpifrance est réellement encourageant. Il espère la réussite de celle-ci, qui ne peut qu’être positive pour l’économie. Néanmoins, il juge que l’action de Bpifrance peut apparaître compliquée aux yeux d’un chef d’entreprise, notamment en raison d’un trop grand nombre de fonds. Il se prononce en faveur d’un effort de rationalisation et de simplification des dispositifs en direction des entreprises. A la lecture des documents, on se sent en effet débordé par la masse d’informations mises à disposition. M. Houri s’interroge ensuite sur la performance des fonds de fonds, comparée à celle des fonds directs. En tant que rapporteur des comptes au sein de la Commission de surveillance, il exprime également une légère inquiétude au sujet de la politique de distribution des dividendes. Celle-ci reste à définir, ce qui ne sera pas chose aisée. Par ailleurs, M. Houri constate que pour les années 2015 et 2016, il est prévu un ROE de 3,5 %. Or, la Caisse des Dépôts a investi dans Bpifrance un important volume de fonds propres. M. Houri souhaiterait donc savoir s’il est envisageable que les résultats soient in fine meilleurs que prévus, peut-être grâce à des start-up qui engendreraient des profits exceptionnels. Enfin, M. Houri relève, avec satisfaction, qu’une liste d’indicateurs a été dressée par Bpifrance. Il souhaiterait néanmoins savoir quels sont, pour M. Dufourcq, les deux ou trois indicateurs qui démontreront que Bpifrance est sur la voie de la réussite. M. Picq se déclare très impressionné par la présentation qui vient d’être effectuée et qui démontre une belle performance. 32 Il considère que les responsables de Bpifrance ont accompli ce qui relevait de leur responsabilité, même s’il est toujours possible d’apporter des améliorations. Ce qui relève de l’État a déjà été évoqué. Il convient d’évoquer maintenant ce qui dépend du client. M. Dufourcq semble déplorer la "sinistrose ", l’état d’esprit des entrepreneurs. Le recueil qui a été distribué est destiné à une action de pédagogie. Il convient, en effet, d’accompagner la dynamique, sans susciter pour autant un trop grand enthousiasme, mais en permettant quand même de sortir du marasme. M. Picq se demande quels sont les éléments qui permettent, dans un climat général de pessimisme, d’avoir confiance dans la relance de l’économie. Il s’interroge également sur les relais pédagogiques, sur les formes de communication qui peuvent contribuer à redynamiser les entrepreneurs. M. Goua souhaite féliciter M. Dufourcq pour la volonté affichée de Bpifrance de se rendre dans les entreprises, à l’inverse de certaines banques qui ont malheureusement tendance à étudier les dossiers dans un bureau. M. Goua souligne l’importance de cet atout pour Bpifrance. Il exprime néanmoins une certaine inquiétude après avoir assisté à un comité qui se tenait dans l’Ouest de la France. Bpifrance contre-garantit les banques à hauteur de 70 % de ses crédits à court terme. Or, M. Goua considère que le métier d’un banquier consiste, quand même, à prendre des risques. Il s’étonne donc de cette attitude, surtout pour des crédits à court terme. Il se demande s’il ne conviendrait pas de "désintoxiquer" progressivement les banques. M. Bavagnoli constate que le plan stratégique présenté repose sur une croissance assez forte des encours, notamment sur la partie financement. Cette stratégie suppose des dotations de l’État, qui sont encore putatives à ce jour, puisqu’elles dépendent du plan triennal. Il faudrait que ces dotations augmentent d’environ 300 millions d’euros sur 3 ans, ce chiffre étant à confirmer. Le débat est ouvert sur ce point, dans un contexte budgétaire tendu. procès-verbaux M. Emmanuelli estime que l’État devrait être capable d’octroyer 100 millions d’euros à sa banque publique. M. Bavagnoli fait observer que cette question relève de l’équilibre général du budget. Il remarque, par ailleurs, que la partie financement de Bpifrance génère peu de résultat. Cette activité peut atteindre assez vite les limites fixées par son ratio de solvabilité et elle peut donc avoir besoin de capital assez rapidement. La partie investissement, en revanche, dispose de liquidités assez abondantes du fait de la rotation des cessions. Ce phénomène amène à se demander comment rééquilibrer la situation, c’est-à-dire comment utiliser, le cas échéant, les fonds dégagés par les opérations d’investissement au profit de la partie financement. M. Emmanuelli estime que la solution proposée s’apparente à une débudgétisation, principe auquel il n’est pas favorable. M. Dufourcq évoque la question du capital retournement. Bpifrance est présente sur ce segment. 5 % des encours bancaires de Bpifrance font partie, à ce jour, des plus mauvaises notations de la Banque de France. Certes, ce pourcentage est peu élevé, mais il convient de couvrir ce risque. Soit l’on couvre ce risque par un ROE nul, voire potentiellement négatif certaines années, soit par des fonds de garantie, soit l’on ne prend pas ce risque. M. Dufourcq estime que Bpifrance est actuellement arrivée à un point d’équilibre dans sa partie bancaire. Il en résulte le coût du risque qui a été précédemment mentionné et un ROE de banque publique, c’est-à-dire relativement faible. M. Dufourcq pense que la situation pourra difficilement être améliorée de manière significative, ce qui n’empêche pas de continuer à accomplir des efforts. Il cite l’exemple de l’entreprise Doux, à laquelle 3 millions d’euros de crédits ont été alloués, lorsque l’investisseur saoudien a annoncé son entrée au capital. M. Dufourcq souligne que cette décision n’a pas été facile à prendre, d’autant plus que Bpifrance avait, trois mois plus tôt, perdu 6 millions d’euros après avoir octroyé des crédits et investi en fonds propres dans une entreprise du Morbihan. Le dirigeant avait, en effet, caché à Bpifrance la situation réelle de sa société. M. Dufourcq indique que Bpifrance, en fonds propres, finance des fonds de retournement privés et accompagne directement les entreprises concernées. En 2013, elle a ainsi accompagné le retournement de Clestra et celui de CPI. Actuellement, elle travaille sur le retournement de Gascogne. M. Emmanuelli fait observer que si Bpifrance ne se mobilise pas plus, l’investisseur risque d’abandonner. La Commission de surveillance n’étant pas le lieu pour débattre des conditions d’intervention sur ce dossier, celui-ci fera l’objet d’un examen prochain en Comité d’investissement Bpifrance. M. Dufourcq évoque ensuite la question soulevée par M. Goua, qui se demandait si Bpifrance ne contre-garantissait pas trop les banques. M. Dufourcq ne pense pas que ce soit le cas. Le crédit aux entreprises représente 250 milliards d’euros, dont 20 à 25 milliards d’euros de crédits qui n’existeraient pas en l’absence de Bpifrance, soit seulement 10 % du total. On ne peut donc pas accuser les banques d’être sur-garanties. En réponse à M. Picq, M. Dufourcq confirme que la "sinistrose" représente un sujet majeur pour Bpifrance. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle celleci a adopté comme valeurs la volonté et l’optimisme. Les représentants de Bpifrance passent un temps considérable à essayer de persuader les entrepreneurs d’aller de l’avant. Bpifrance est malheureusement la seule banque à tenir ce discours et à conseiller aux entrepreneurs de s’endetter. Les autres banques sont, en effet, obnubilées par la règlementation Bâle 3. M. Dufourcq souligne que la dette est un produit fantastique pour préparer l’avenir. M. Dufourcq se déclare totalement d’accord avec M. Borotra sur la nécessité fondamentale d’accompagner les entreprises. Néanmoins, l’accompagnement d’une entreprise 33 qui compte 2 000 salariés et 200 000 clients actifs rencontre certaines limites. Bpifrance a décidé d’articuler ses efforts autour de trois priorités. La première consiste à organiser un réseau social des entrepreneurs, afin que ceux-ci ne restent pas isolés et échangent les uns avec les autres. La deuxième porte sur la formation des entrepreneurs, avec tous les moyens envisageables (e-learning, téléformation, etc.). Enfin, la troisième concerne des prestations de conseil, qui seront proposées à environ 1 000 entrepreneurs en 2014, sous la forme de missions très courtes de quelques jours pour établir un diagnostic stratégique sur l’entreprise. Le coût de cette prestation (6 000 euros) sera partagé à parts égales entre Bpifrance et l’entrepreneur. Enfin, M. Dufourcq explique que le résultat du groupe est composé, tout d’abord, du rendement de l’activité bancaire (ROE classique d’une banque sur ses fonds propres). L’activité de garantie ne rapporte rien, elle a un but assurantiel. L’innovation a un coût pour Bpifrance, puisque l’État ne couvre pas tous les frais de fonctionnement de cette activité. Enfin, le résultat du capital investissement est constitué par les rendements de tous les investissements réalisés depuis 20 ans par la Caisse des Dépôts. En revanche, les investissements effectués actuellement ne porteront leurs fruits que de nombreuses années plus tard. A ces rendements des investissements antérieurs viennent s’ajouter les plus-values de cessions réalisées sur les participations qui étaient détenues par le FSI. Pour atteindre au cours des prochaines années un résultat de 5 % au lieu des 3,5 % actuels, il suffirait de vendre davantage de participations du FSI. Cette situation ressemble à la manière dont la banque Paribas réalisait son résultat à une certaine époque. A côté d’une activité bancaire classique, elle exerçait une activité de société de participations. Cette société de participations procédait chaque année à quelques ventes et elle servait à ses actionnaires 5 % à 6 % de ROE. Bpifrance ne peut pas assurer de tels rendements dans la durée, parce qu’elle ne dispose que de 2,5 milliards d’euros de plus-values de cessions. Ces 2e séance - 12 février 2014 plus-values de cessions lui permettent d’attendre que le portefeuille engendre lui-même les 3,5 % de rendement attendu. Toute cette stratégie est fondée, comme celle de la Caisse des Dépôts, sur l’hypothèse d’une croissance du CAC 40 de 4 % par an. M. Jouyet précise que Bpifrance et la Caisse des Dépôts utilisent les mêmes projections économiques de la situation du marché. Le plan à moyen terme de Bpifrance et celui de la Caisse des Dépôts sont basés sur les mêmes hypothèses. M. Jouyet demande, par ailleurs, à M. Caudoux si les garanties personnelles demandées par Bpifrance pour octroyer un prêt sont aussi importantes qu’il l’a entendu dire. M. Caudoux indique que Bpifrance, contrairement aux banques, ne demande pas de caution personnelle au dirigeant de l’entreprise, ni ne prend d’hypothèque sur sa résidence principale. De plus, Bpifrance interdit aux banques de demander à l’entrepreneur d’hypothéquer sa résidence principale si ces banques veulent bénéficier de la garantie de Bpifrance. Ainsi, il est arrivé à Bpifrance de déchoir la garantie et de refuser d’indemniser la banque si elle constate que celle-ci a malgré tout exigé une hypothèque sur la résidence de l’entrepreneur. M. Jouyet souligne que Bpifrance devrait expliquer clairement sa politique en la matière. En effet, les entrepreneurs se méprennent souvent sur ce point, croyant que Bpifrance demande certaines garanties. M. Caudoux assure que Bpifrance sera attentive à ce point très sensible. Progressivement, les banques ont intégré cette règle, même s’il subsiste des traces des pratiques héritées des années 1990. Parmi les flux nouveaux, cette règle semble respectée, la banque étant déchue des garanties si elle la transgresse. Le coût de la garantie étant assez élevé, la banque ne décide d’y souscrire que lorsque le risque est important. Il s’agit donc de prêts jusqu’à dix fois plus risqués que des crédits classiques. En revanche, lorsque Bpifrance est seulement cofinanceur, elle ne dispose pas des moyens d’empêcher une banque de demander de telles garanties au dirigeant d’entreprise. M. Emmanuelli remercie les intervenants. En raison de l’heure tardive, il propose de reporter les points 7 et 8 inscrits à l’ordre du jour. 6 – Perspectives de résultats social et consolidé 2014 M. Emmanuelli invite M. Houri à présenter le rapport du Comité d’Examen des Comptes et des Risques (CECR). M. Houri explique comment ont été établies les perspectives de résultats pour l’année 2014. En page 3 du document transmis aux membres de la Commission RELEVéDECONCLUSIONSDELACOMMISSIONDE SURVEILLANCerelatifàbpifrance Lors de la séance du 12 février 2014, la Commission de surveillance a pris connaissance du bilan de l’activité de la BPI en 2013 et de ses perspectives stratégiques établies pour la période 2014/2017. La Commission de surveillance accueille favorablement l’effort de communication qui a accompagné la mise en place de la BPI durant l’année 2013, ainsi que le caractère ambitieux des objectifs affichés dans son plan stratégique. La Commission de surveillance relève que l’activité de financement, particulièrement dynamique, a dominé l’action de la BPI durant l’année 2013. Elle prend note, s’agissant de l’activité de garantie de prêts bancaires, essentielle au soutien des PME, de la nécessité de voir augmenter les dotations budgétaires du programme 134 en ligne avec les objectifs visés dans son plan stratégique. Elle invite la BPI à engager une démarche proactive à l’égard du Parlement dans le cadre de la négociation du projet de loi de finances pour 2015. S’agissant des investissements, si les objectifs apparaissent ambitieux, la Commission de surveillance relève le faible nombre d’opérations réalisées en 2013, en particulier au niveau des grandes entreprises 34 et des établissements de taille intermédiaire. Ce constat la conduit à s’interroger sur la place accordée à l’expertise industrielle, complémentaire de l’analyse strictement financière, dans l’instruction des dossiers qui lui sont soumis. La Commission de surveillance note également qu’une seule société de gestion gère la quarantaine de fonds dans lesquels BPI intervient. Cependant, elle attire l’attention sur le risque d’affaiblissement du pilotage des investissements qu’induit le choix d’intervenir via des fonds ou des fonds de fonds. La Commission de surveillance se montrera attentive à la montée en puissance de la BPI au cours de l’exercice 2014 et notamment du point de vue de son impact sur les segments de marché sur lesquels les besoins des entreprises sont aujourd’hui les moins bien couverts par le financement privé, notamment l’export. Enfin, la Commission de surveillance souhaite prendre toute sa part dans le débat à venir sur la politique de distribution des dividendes au regard du montant du capital investi dans la BPI, qui représente la moitié des fonds propres de la Caisse des dépôts. procès-verbaux de surveillance figurent les hypothèses retenues, c’est-à-dire le cadrage macroéconomique. Ces hypothèses sont prudentes, établies sur la base d’un CAC 40 à 4 057 points, alors que celuici est proche de 4 300 points à l’heure actuelle. Les perspectives de résultats sont également basées sur les lettres d’objectifs des métiers et des filiales. Le Directeur général négocie ces objectifs, notamment, avec les dirigeants des filiales, afin que ces objectifs soient, à la fois, réalistes et amènent de la rentabilité. Cependant, certaines rentabilités attendues sont très faibles de la part de filiales immergées dans le secteur concurrentiel. Le CECR aurait souhaité qu’au-delà du scénario central, soit également examiné un scénario alternatif plus pessimiste. Un tel scénario aurait pu reposer sur les aléas décrits page 6, qui font apparaître des situations moins favorables à la Caisse des Dépôts, au niveau de la variation des spreads de crédit notamment. Il est, en effet, possible que les taux d’intérêt augmentent en France, ce qui conduirait le taux des obligations d’État à progresser également. Une incertitude pèse aussi sur le nouveau plan d’affaires de La Poste, qui sera peut-être nettement plus défavorable que le précédent. Les sociétés Transdev et SNCM sont également génératrices d’aléas. M. Houri suggère donc d’établir, pour les années à venir, un scénario alternatif plus défavorable que l’hypothèse centrale. M. Houri présente ensuite les perspectives 2014, telles qu’elles figurent page 9. Le résultat consolidé est attendu à 1,515 milliard d’euros contre 2,581 milliards en 2013, année où de nombreuses plus-values devraient être enregistrées. Le résultat social prévisionnel s’élève à 888 millions d’euros, contre une estimation à hauteur de 541 millions en 2013. Le résultat récurrent, calculé de la même manière qu’en 2013, apparaît stable à 1,3 milliard d’euros. M. Houri rappelle que ce résultat récurrent a néanmoins baissé en cinq ans. Lorsque M. Houri a pris ses fonctions au sein de la Commission de surveillance, ce résultat s’élevait, en effet, à 1,6 milliard d’euros, ce qui représente une baisse de 300 millions d’euros. Les capitaux propres consolidés, part du Groupe, devraient s’élever à 28 milliards d’euros fin 2014, en incluant les gains et plus-values latents, ce qui représente plutôt une situation satisfaisante. M. Houri invite ensuite les participants à se référer à la page 8, qui présente le stock de provisions à caractère durable, selon les normes IFRS, comparé au stock de moinsvalues latentes. Le stock de provisions est devenu nettement plus important que ce stock de moins-values, ce qui signifie que la Caisse des Dépôts dispose d’une réserve de plus-values éventuelles. La répartition des contributions par pôle fait apparaître que le pôle Caisse des Dépôts, qui comprend notamment la Section générale, rapporte 508 millions d’euros. M. Houri souligne que ce chiffre traduit la performance de la Section générale qui grâce, notamment, à ses achats et ventes d’actions, rapporte des plus-values et du résultat au Groupe. Le pôle banque-assurance, avec une contribution de 558 millions d’euros, comprend essentiellement CNP Assurances. La Section générale et CNP Assurances, réunies, réalisent ainsi presque la totalité du résultat. M. Houri signale qu’il apparaît donc crucial que la Caisse des Dépôts conserve CNP Assurances. Les autres pôles apportent des contributions plus faibles. Le pôle financement des entreprises comprend, entre autres, Bpifrance qui devrait contribuer en 2014 à hauteur de 207 millions d’euros, part du Groupe. M. Houri rappelle le débat Bpifrance à venir sur la politique de distributions de Bpifrance. Il se déclare persuadé que pendant un ou deux ans au moins, ce ne sera pas le cas. Une autre question porte sur la rentabilité sur fonds propres de Bpifrance, attendue à 3,5 % dans trois ans. Ces données peuvent entraîner une stabilisation, voire une baisse du résultat de la Caisse des Dépôts. M. Houri évoque ensuite le résultat social, attendu à 888 millions d’euros. Le prélèvement de l’État s’élève à 50 % du résultat consolidé et à 75 % du résultat 35 social, ce qui signifie que l’État pourrait prélever 666 millions d’euros. Il en résulterait une augmentation des fonds propres sociaux d’à peine 200 millions d’euros. M. Houri en conclut, comme cela a déjà été répété à de multiples reprises ces dernières années, que les fonds propres sociaux stagnent, ce qui est problématique dans la mesure où ces fonds propres sociaux sont ceux que la Caisse des Dépôts maîtrise. M. Houri signale enfin deux tableaux très intéressants, pages 37 et 38, présentant respectivement le ratio "dividende versé sur valeur nette comptable" et le ratio "contribution sur quote-part de situation nette ". M. Houri, à la lecture de ce second tableau, se demande si M. Jouyet "challenge" réellement les dirigeants des filiales. Le CECR considère qu’une filiale immergée dans le secteur concurrentiel, où la notion d’intérêt général est plus ou moins absente, doit rapporter des bénéfices, tout comme une société privée. En revanche, des rentabilités plus faibles peuvent être acceptées de la part d’une filiale remplissant des missions d’intérêt général. M. Houri constate que les taux de rendement de CNP Assurances et de la SNI sont satisfaisants, ceux de la Compagnie nationale du Rhône et d’Egis sont encore meilleurs, alors que les autres filiales présentent des rendements plus faibles. Un rendement de 1,9 % est attendu de Bpifrance en 2014, alors que la Caisse des Dépôts y a investi beaucoup de fonds propres. Cette situation pèse donc sur son résultat. Le rendement de La Poste est attendu à 7 %, celui de CDC Infrastructure et celui de la Compagnie des Alpes sont faibles. M. Houri indique qu’il pensait que ces deux sociétés travaillaient dans un milieu concurrentiel, mais en commission il a été évoqué certaines activités d’intérêt général. M. Houri se demande si cela suffit à expliquer le manque de rentabilité. Le faible rendement d’Icade l’a également surpris. M. Houri rappelle que le modèle économique de la Caisse des Dépôts 2e séance - 12 février 2014 a évolué, est devenu plus rigide, avec de nombreux "poids lourds ", et des fonds propres sociaux qui stagnent. Il convient donc d’être vigilant. M. Houri s’interroge sur le niveau du résultat, à 1,5 milliard d’euros, se demandant si ce chiffre doit être considéré comme un bon résultat ou comme un résultat plutôt faible. Ce résultat, rapporté aux fonds propres, fait apparaître un rendement de 5,5 à 6 %, ce qui est plutôt bon. Ce même résultat, rapporté à l’ensemble de l’actif (150 milliards d’euros) donne un ratio de 1 %. M. Houri indique qu’il considérait à l’origine ce ratio comme étant trop faible. Il a essayé de procéder à des comparaisons externes, notamment avec la Société générale. Celle-ci a annoncé ce matin un résultat de 3,5 milliards d’euros. M. Houri estime qu’un résultat de 1,5 milliard pour la Caisse des Dépôts, comparé à un résultat de 3,5 milliards pour la Société générale, n’est pas insatisfaisant, étant donné la différence de taille de bilan entre les deux établissements. Le bilan de la Société générale est en effet 10 à 12 fois plus important que celui de la Caisse des Dépôts. M. Houri en conclut que le résultat 2014, s’il correspond au résultat prévisionnel, se situera dans la norme. M. Jouyet précise que les proportions indiquées n’ont pas beaucoup varié au fil des années par rapport au résultat récurrent, avec pourtant des conjonctures qui étaient plus favorables que celle d’aujourd’hui. M. Silvent indique que les éléments sur l’atterrissage 2013 sont provisoires. Les chiffres définitifs ne seront connus qu’au mois de mars 2014. Certains aléas subsistent sur le résultat 2013. Le principal est la décision qui doit être prise concernant La Poste. Il est, en effet, possible que, dans les semaines qui viennent, la Caisse des Dépôts soit amenée à déprécier encore cette participation. Il existe également des aléas au sujet d’Icade, qui pourrait être amenée à provisionner de manière complémentaire son actif de la Tour Eqho qui, à ce jour, n’est pas commercialisée, ainsi que certains autres actifs. S’agissant de Transdev, il faudra sûrement enregistrer des dépréciations complémentaires en raison de la situation de la SNCM. M. Silvent signale que la contribution de Veolia Transdev au résultat du Groupe durant les trois dernières années s’est traduite par une perte cumulée de 600 millions d’euros. Les chiffres présentés ce jour sont, en conséquence, probablement endessous de ceux qui seront établis lors de l’arrêté définitif des comptes 2013. La baisse du résultat récurrent, de l’ordre de 200 à 300 millions d’euros, est en majeure partie imputable à la diminution de la marge d’intérêt, en raison de la conjoncture de taux qui impacte négativement, d’année en année, les revenus des produits de taux et de trésorerie. En effet, le taux de replacement est inférieur à 3 %, alors que le taux des placements arrivés à échéance était supérieur à 4 %. Il s’ensuit chaque année une érosion des bénéfices. Néanmoins, cette année, une évolution assez favorable apparaît dans la projection du produit net bancaire de la Section générale pour 2014. Notamment, les hypothèses sur les revenus issus des participations des actions et le programme de dégagement de plus-values devraient permettre une progression du produit net bancaire, alors que parallèlement les coûts des dépôts juridiques baissent, en raison de la conjoncture de taux et de l’hypothèse de diminution des dépôts juridiques. Les aléas sur les prévisions 2014, décrits par M. Houri, sont classiques. Ils résultent de la situation des marchés financiers, à la fois au niveau des actions et des taux. Il existe également certains aléas liés à Transdev et à la nouvelle trajectoire financière de La Poste qui sera communiquée en juin. Bpifrance apporte une contribution prévisionnelle significative au résultat du Groupe, de l’ordre de 200 millions d’euros par an. La trajectoire financière qui vient d’être présentée par M. Dufourcq est plutôt convenable, les résultats de Bpifrance se situant à des niveaux positifs et décents. De plus, la trajectoire présentée est prudente, avec de multiples provisionnements prévisionnels et une politique de cessions qui pourrait être accélérée si besoin était. M. Silvent 36 considère donc que cette trajectoire peut tout à fait être tenue en l’état. Le débat sur la politique de distribution de dividendes est en cours avec l’État. Cette question est pénalisée par le fait que les trois quarts des dividendes distribués par Bpifrance, dans le cadre des règles actuelles, remontent à l’État. M. Silvent constate qu’il existe là un circuit un peu pervers sur lequel il faudra un jour se pencher. Il convient de mener ce débat sereinement avec la Direction du Trésor et il est d’ailleurs déjà engagé. M. Jouyet insiste sur l’importance de cette question. M. Silvent évoque la question de la rentabilité des participations. Il signale que certaines d’entre elles doivent faire l’objet de raisonnements spécifiques, sans cependant les exonérer pour autant d’exigences de performance. Icade, par exemple, est jugée exclusivement sur le cash-flow qu’elle distribue. Son résultat net est ainsi peu significatif de sa rentabilité. La valeur de cette société réside dans l’accroissement de la valeur de ses actifs, c’est-à-dire de son actif net réévalué (ANR). Autre exemple, CDC Infrastructure exerce une activité d’investissements, de surcroît peu mature. L’indicateur significatif est donc le TRI des investissements qu’elle dégagera à terme. Le résultat net annuel n’est donc pas un indicateur réellement pertinent. M. Jouyet souligne qu’il faudra néanmoins examiner les résultats d’Icade. M. Silvent en convient, mais sans se baser sur le seul critère du résultat net qui n’est pas réellement pertinent au cas d’espèce. M. Jouyet est d’accord. Il précise qu’il ne souhaite pas que l’on impose à la Caisse des Dépôts des évolutions capitalistiques ou autres, concernant Icade, alors qu’il faut tenir le raisonnement inverse, en déterminant ce que Icade, dans la structure actuelle, est en mesure d’apporter à la Caisse des Dépôts. M. Picq indique qu’il est sorti du CECR avec un regard assez nuancé sur la gestion de la Caisse des Dépôts. Le tableau relatif aux plus-values procès-verbaux latentes montre que le groupe Caisse des Dépôts est un investisseur avisé et solide. Il possède une réelle capacité à dégager des résultats. Ceux-ci sont certes modestes, mais le Groupe est solide. M. Picq constate, par ailleurs, que le résultat social prévisionnel 2014 s’élève à 888 millions d’euros et que l’État en prélèvera les trois quarts au travers de l’impôt sur les sociétés et des dividendes, ce qui entraîne une stabilisation des fonds propres sociaux. Il estime que cette situation pose problème, non pas au niveau de l’impôt sur les sociétés, mais au niveau des dividendes. M. Picq admet que la Caisse des Dépôts est un instrument au service de la puissance publique et qu’à ce titre elle doit prendre sa part du fardeau de la SNCM ou de La Poste. Cependant, il pense qu’il faut se poser la question de la légitimité de ces dividendes versés à l’État. A ce sujet, il a été répondu que la Caisse des Dépôts a le monopole des dépôts des notaires. M. Picq réfute cet argument, en soulignant que les notaires sont très satisfaits de cette situation. Il estime qu’il ne s’agit pas là d’un cadeau de la part de l’État, mais d’une situation qui résulte de l’Histoire. Il considère que cette question mérite l’attention de la Commission de surveillance. M. Emmanuelli demande combien rapportent les dépôts des notaires. M. Jouyet répond que les dépôts des professions juridiques s’élèvent à 21 milliards d’euros. Mais que la rente des notaires a disparu du fait du contexte de taux actuel. M. Jouyet rappelle qu’historiquement, cette situation a présenté de grands avantages pour les notaires, ce qui est moins le cas aujourd’hui. La Caisse des Dépôts fait des efforts particuliers en direction de cette clientèle, avec des prêts aux études de notaires, des prêts à l’installation, etc. M. Jouyet signale que la Caisse des Dépôts ne gagne pas d’argent sur les dépôts des notaires, elle assure une mission de service public. M. Borotra estime que la priorité doit être donnée à la renégociation des prélèvements de l’État, en particulier sur les résultats exceptionnels. Cette discussion doit être engagée maintenant, sinon la situation risque de devenir de plus en plus difficile. La Caisse des Dépôts va être confrontée à des modifications de politique d’actifs, à des ventes d’actifs à Bpifrance qui génèreront, pour la Caisse des Dépôts, des profits exceptionnels sur lesquels elle devra payer des impôts à l’État. M. Borotra constate que lorsque l’État et la Caisse des Dépôts investissent à parts égales, l’État bénéficie une première fois de son investissement à 50 %, et une seconde fois au travers de la Caisse des Dépôts, encore à 50 %. M. Borotra considère, par ailleurs, qu'en ce qui concerne les résultats des filiales, il faut distinguer, d’une part, le ratio "dividende payé sur le résultat" et, d’autre part, la rentabilité des capitaux. Ces deux éléments sont totalement différents. Ainsi, le ratio "dividende payé sur le résultat N-1" est nul pour la SNI, Bpifrance ou Transdev, alors que pour La Poste, ce ratio s’élève à 27,5 %. Les seules sociétés qui versent une part relativement importante de dividendes à la Caisse des Dépôts sont CNP Assurances, la Compagnie nationale du Rhône, la Compagnie des Alpes et Egis. M. Borotra considère cependant que certaines de ces entreprises risquent d’avoir besoin de financements dans la période à venir, en particulier Egis qui a obtenu des contrats très importants et qui a besoin de mobiliser des financements. Il ne faut pas confondre ce ratio avec la contribution sur la quote-part nette, c’est-à-dire la rentabilité des capitaux investis. Pour CNP Assurances, la SNI, la Compagnie nationale du Rhône et Egis, ce taux apparaît stable, à un niveau raisonnable (entre 7 et 9 %), alors que pour Bpifrance, La Poste, CDC Infrastructure, la Compagnie des Alpes et Transdev, ce taux restera faible pendant des années. M. Borotra ajoute qu’en ce qui concerne l’évolution des fonds propres, la Caisse des Dépôts retrouve des niveaux qu’elle a connus avant 2007. 37 M. Jouyet évoque le problème de La Poste, pour laquelle un nouveau plan stratégique sera défini et présenté devant la Commission de surveillance par Philippe Wahl. La situation sera difficile. En ce qui concerne Transdev, la Caisse des Dépôts est intervenue pour mettre fin à une situation intenable. M. Jouyet souligne, cependant, que cette situation coûte cher à la Caisse des Dépôts. Il insiste sur le fait que l’État ne peut pas demander à la Caisse des Dépôts, pour trois dossiers importants tels que Transdev, La Poste et Dexia, des efforts qui pèsent fortement sur ses résultats, tout en maintenant les règles de partage de ses résultats. M. Jouyet évoque une lettre commune qu’il va rédiger avec le Président de la Commission de surveillance à ce sujet. Il demande aux pouvoirs publics de faire preuve de cohérence. M. Jouyet indique ensuite qu’il a pris note des observations des membres de la Commission de surveillance sur les filiales. Il convient pour certaines d’entre elles de regarder si des évolutions sont nécessaires. M. Bavagnoli signale qu’il ne veut pas entrer maintenant dans le débat portant sur les prélèvements de l’État, mais qu’il est disposé à ouvrir la discussion sur ce sujet. M. Emmanuelli estime que cette discussion doit avoir lieu au niveau politique et non au niveau technique. M. Bavagnoli convient qu’effectivement, cette question relève de la compétence des ministres. Il demande, par ailleurs, pourquoi la SNI ne verse pas de dividende. M. Silvent répond qu’il est prévu que la SNI ne verse pas de dividende à partir de 2014, en raison de la nécessité de renforcer ses fonds propres à l’appui de sa stratégie de développement, qui s’intègre dans la stratégie de la Caisse des Dépôts dans le domaine du logement. M. Bavagnoli demande s’il existe réellement une tension sur les fonds propres de la SNI. M. Jouyet répond qu’une évolution pourrait être envisagée sur le capital de 2e séance - 12 février 2014 la SNI, ce qui correspond d’ailleurs à la volonté de certains. Or, l’État au sens large ne souhaite pas une évolution vers une ouverture du capital. La Ministre du Logement, entre autres, ne veut pas envisager cette possibilité. Cette situation crée certaines tensions au niveau de cette société. M. Jouyet ajoute qu’il comprend néanmoins la position du Trésor sur ce sujet. M. Bavagnoli précise qu’il n’a pas demandé l’ouverture du capital de la SNI, mais simplement un éclairage sur sa situation de solvabilité. M. Jouyet indique que cette possibilité a été évoquée après que l’on a constaté qu’il existait une tension sur les fonds propres. Cette discussion avait eu lieu avant que le Président de la Commission de surveillance et le Directeur général de la Caisse des Dépôts ne prennent leurs fonctions. Le débat est clos à ce stade. M. Jouyet évoque ensuite le projet Argos, destiné à développer le logement intermédiaire. Ce projet correspond à un souhait des pouvoirs publics, de façon à soutenir l’activité dans le secteur du BTP et à assurer la construction de 10 000 logements. M. Emmanuelli fait observer que ce qui s’est passé au cours des années précédentes et qui a abouti à la rigidification du bilan de la Caisse des Dépôts, résulte d’une véritable opération de débudgétisation. C’est notamment ce qui s’est passé pour La Poste et d’autres exemples existent. M. Emmanuelli estime que la discussion portant sur les prélèvements de l’État sera difficile, en cette période de restrictions budgétaires. Cependant, il pense que si la demande est bien présentée par le Directeur général et ses services et si elle est raisonnable, la Caisse des Dépôts pourra obtenir le soutien du Parlement. Il fait observer que la Caisse des Dépôts paie l’impôt sur les sociétés à taux plein et qu’elle avoisine 70 ou 80 % de fiscalisation. Cette situation paraît anormale quand les sociétés du CAC 40 sont à 8 à 10 %. de tous les côtés, pour Bpifrance, La Poste, etc. M. Emmanuelli ajoute qu’il a été imposé à la Caisse des Dépôts des obligations supplémentaires de service public lors de la création de Bpifrance, qui représente la moitié des fonds propres de la Caisse des Dépôts et dont le rendement sera faible. M. Emmanuelli estime qu’il convient d’engager les discussions avec l’État sur ces sujets. 7 - Stratégie de communication et de mécénat 2014 Ce point est reporté à la prochaine séance. 8 – Question d’actualité Ce point est reporté à la prochaine séance. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 52. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli M. Jouyet considère que la Caisse des Dépôts ne peut effectivement pas payer 38 procès-verbaux 3 e séance-19février 2014 * Le mercredi 19 février 2014 à 17 heures 15, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mmes d’Amarzit et Grosskost ; MM. Arthuis, Borotra, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance assistée de M. Carrère, Secrétaire général adjoint de la Commission de surveillance. Etaient excusés : MM. Gailly et Malvy. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général, et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; M. Lataste, Conseiller de M. Emmanuelli ; M. Flamarion, Directeur financier des Fonds d’Epargne (points 2 et 3) ; M. Silvent, Directeur du pôle Finances, Stratégie, Filiales et International du Groupe (points 4 et 5) ; M. Mareuse, Directeur des Finances (points 4 et 5) ; M. Minczeles, Directeur du département de la gestion financière (point 5). 1 – Approbation du procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 22 janvier 2014 Le procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 22 janvier 2014 est approuvé. 2-Politiqued’investissement des portefeuilles d’actifs du Fonds d’Epargne pour 2014 3-Revuedumodèleprudentiel et délibération sur les niveaux des fonds propres : Section Fonds d’Epargne Ces deux points sont traités conjointement. M. Jouyet souhaite tout d’abord présenter à la Commission de surveillance Mme Quatrehomme, qui remplace Mme Mayenobe dans ses fonctions de Directrice de cabinet du Directeur général. Il invite ensuite M. Flamarion à présenter la politique d’investissement des portefeuilles d’actifs du Fonds d’Epargne. M. Picq exprimera ensuite ses observations sur cette présentation. M. Flamarion présente l’allocation des portefeuilles financiers proposée pour l’année 2014. Le bilan du Fonds d’Epargne s’élève à 250 milliards d’euros. Le portefeuille financier, composé d’actions, de produits de taux et de produits monétaires, représente environ une centaine de milliards d’euros. L’allocation 2014 est très classique. Elle dépend de plusieurs contraintes, et tout d’abord du niveau de collecte de l’épargne réglementée. Une collecte de 4 milliards d’euros supplémentaires est attendue. Les nouveaux flux devraient, en effet, être beaucoup moins importants que l’année passée. Parallèlement, une dynamique des prêts assez forte est observée. Environ 20 à 25 milliards d’euros de prêts devraient être distribués. Compte tenu des remboursements de prêts à hauteur de 7 milliards d’euros, il subsistera un différentiel de 13 milliards d’euros. En tenant compte des flux de cash, des produits reçus et des commissions versées aux banques, le portefeuille diminuera de 5 milliards d’euros en 2014, passant de 100 à 95 milliards d’euros. M. Emmanuelli fait observer que cette diminution est une conséquence de la politique de prêts. 39 M. Flamarion le confirme. La dynamique de prêts reste positive, comme les années précédentes, ce qui entraîne une légère diminution du portefeuille. La deuxième contrainte qui pèse sur l’allocation du portefeuille concerne les risques. L’allocation doit tenir compte du niveau des fonds propres après prélèvement de l’État. Elle doit donc respecter un niveau de risque déterminé. Elle ne peut pas se composer uniquement d’actions, placement rentable mais risqué. Enfin, la dernière contrainte porte sur les rendements attendus des différentes classes d’actifs. Les hypothèses retenues pour l’évolution du marché actions sont communes à l’ensemble du Groupe. A partir de ces différentes contraintes, la Direction des Fonds d’Epargne établit une allocation qui vise à améliorer le rendement du portefeuille. Elle choisit le portefeuille dont le risque correspond au niveau des fonds propres existant. Le rendement du portefeuille peut être amélioré en réallouant, de façon marginale, certaines classes d’actifs de façon à obtenir un meilleur rendement. M. Flamarion précise que l’allocation proposée pour 2014 améliore le 3e séance - 19 février 2014 rendement du portefeuille en termes comptables de 11 points de base, soit 0,11 % . Ce chiffre peut paraître faible, mais 0,11 % de 100 milliards d’euros représentent néanmoins une centaine de millions. Si les prévisions se révèlent exactes, la marge d’intérêt sera donc améliorée d’une centaine de millions d’euros. En termes de valorisation de marché, la rentabilité du portefeuille sera améliorée de 0,22 % , ce qui représente environ 220 millions d’euros. Ces principes d’allocation sont très classiques. Ils correspondent aux principes retenus par l’ensemble des investisseurs institutionnels. L’allocation retenue pour l’année 2014 conduit, en raison d’un niveau de liquidités à placer moins élevé qu’en 2013, à se réorienter vers des actifs plus risqués et plus rentables, comme les actions, mais aussi vers les actifs à taux fixe. Depuis plusieurs années, le Fonds d’Epargne n’investissait plus sur les actifs à taux fixe. Le taux fixe est encore très bas actuellement, mais une remontée de ce taux est attendue dans le courant de l’année. Parallèlement, le taux du Livret A est assez bas à 1,25 % . L’OAT est à 2,30 % . Si elle atteint 2,50 % , investir à ce taux alors que le Livret A est à 1,25 % générera une marge non négligeable. Pour la première fois depuis longtemps, il pourrait être intéressant d’investir sur les taux fixes. Cette réallocation s’opérera au détriment de tous les actifs indexés sur le monétaire, puisque l’Eonia est actuellement à 10 centimes et l’Euribor 3 mois à 20 centimes. Dans le meilleur des cas, une légère hausse de tous les produits monétaires est anticipée pour 2014, compte tenu de la conjoncture économique. La Direction des Fonds d’Epargne a beaucoup d’obligations qui sont couvertes en termes de risque de taux, avec une rémunération indexée sur le monétaire. Cette réallocation se traduira par une légère baisse de l’encours des obligations couvertes. Concernant les placements à très court terme monétaires, le portefeuille devrait atteindre 5 milliards d’euros, alors que début 2013, ceux-ci s’élevaient à 20 ou 25 milliards d’euros, mais dans le contexte très particulier des hausses successives des plafonds du Livret A et du LDD. La Direction des Fonds d’Epargne continuera à privilégier une dernière catégorie d’actifs qui est extrêmement importante vis-à-vis du risque global de taux, même si elle est actuellement faiblement rentable. Elle permet néanmoins de couvrir le Livret A et les commissions versées aux banques. Il s’agit des obligations indexées sur l’inflation, qui feront l’objet d’un investissement à hauteur de 4,5 milliards d’euros. Il n’est pas possible d’en acquérir davantage, car l’univers potentiel d’investissement se limite à l’État français. En effet, il existe peu d’émetteurs d’obligations indexées sur l’inflation. Il ne paraît pas souhaitable d’investir sur des obligations émises par l’Italie, compte tenu du portefeuille déjà sensible. L’État allemand émet également des obligations indexées sur l’inflation, mais celles-ci ne sont pas suffisamment rémunératrices. Il n’est donc pas certain qu’il soit possible d’investir 4,5 milliards d’euros en obligations, et la Caisse des Dépôts aura aussi recours aux swaps indexés sur l’inflation. Ces différents actifs indexés sur l’inflation seront privilégiés, car ils permettent de couvrir le risque global de taux et d’investir sur les actions. En effet, le fait de diminuer le risque global de taux permet de dégager des fonds propres, et donc d’investir sur les actions. Les actions cotées seront donc la deuxième classe d’actifs qui sera privilégiée. 500 millions d’euros seront investis en 2014, du même ordre que l’année précédente. Les actions non cotées, achetées via des fonds de private equity ou des fonds d’infrastructures, seront également privilégiées. La Caisse des Dépôts avait pris l’engagement sur plusieurs d’années de continuer à incrémenter cette classe d’actifs qui, cependant, consomme encore davantage de fonds propres que les actions cotées. C’est pourquoi il convient donc parallèlement de diminuer le risque global de taux. M. Flamarion conclut que les orientations du portefeuille 2014 conduisent donc à augmenter 40 sensiblement la part réservée aux actions et, en particulier, aux actions non cotées, ainsi qu’à privilégier les obligations indexées sur l’inflation pour réduire le risque global de taux. En contrepartie, les produits faiblement rentables seront diminués, même s’ils consomment peu de fonds propres, étant donné qu’ils ne contribuent pas au résultat. M. Jouyet souligne que les contraintes qui pèsent sur cette allocation résultent, d’une part, du niveau de la collecte et du coût de la ressource et, d’autre part, des emplois qui ont augmenté, ce dont M. Jouyet se réjouit au nom du financement de l’économie. Ces doubles contraintes conduisent à réduire le portefeuille et à le réorienter. Les principaux débats ont porté sur l’opportunité d’investir ou non en obligations à taux fixe. Compte tenu des perspectives de taux que la Caisse des Dépôts peut obtenir, cette orientation paraît pertinente. M. Jouyet précise, par ailleurs, qu’il est partisan d’investir dans des actions non cotées et qu’il défend l’idée que le Fonds d’Epargne soit présent sur des financements non cotés, tels que le private equity ou le capital-risque. M. Picq souhaite présenter un bref commentaire sur l’allocation 2014, avant d’aborder la revue du modèle prudentiel. Il évoque la vision du temps présente dans les Confessions de Saint Augustin, où celui-ci distingue le présent du passé, le présent du présent et le présent de l’avenir. Si l’on applique cette matrice à la présentation de M. Flamarion, la gestion 2013 du Fonds d’Epargne a été très performante dans les différents compartiments de gestion. Le résultat, dans ce présent du passé, montre qu’avec un taux de couverture des risques de 90 % , le montant des provisions d’attente s’élève à 3 milliards d’euros. Ce stock de plus-values latentes permettra de procéder, si nécessaire en 2014, à des cessions qui viendront conforter le résultat. Concernant le présent du futur, la politique d’allocation d’actifs qui a été présentée paraît pertinente : elle vise les compartiments les plus rentables, en y associant une politique d’achats de titres indexés sur l’inflation afin de préserver la rentabilité. procès-verbaux M. Picq aborde ensuite le point suivant, qui se trouve au cœur de la compétence de la Commission de surveillance, puisqu’il porte sur les niveaux de fonds propres et sur le modèle prudentiel. Cet aspect peut être qualifié de présent du présent. M. Picq souhaite présenter trois observations à ce titre. Le bilan 2013 fait apparaître que les fonds propres disponibles au 31 décembre excèdent de 700 millions d’euros le besoin de fonds propres, ce qui signifie que l’État pourra opérer un prélèvement à hauteur de ce montant. Par ailleurs, la projection à cinq ans, sur la période 2013/2017, qui figure dans le dossier, fait apparaître que les besoins en fonds propres des piliers I et II passeront globalement de 7,3 à 9 milliards d’euros. Face à ces besoins, le Fonds d’Epargne disposera de fonds propres dont l’excédent pourrait s’élever, fin 2017, à 3,4 milliards d’euros, par le jeu de l’accumulation des résultats. La situation ne suscite donc pas d’inquiétude particulière. sa gestion, puisqu’il est enserré dans des contraintes réglementaires très strictes, que M. Picq estime nécessaire de conserver. Néanmoins, M. Picq souhaiterait que lorsque les performances sont positives, on considère que cela vaut dividendes. Ainsi la question se poserait de savoir si l’État peut aussi prélever des dividendes du côté de la Section générale. M. Picq souhaite évoquer, à ce propos, les relations entre la Caisse des Dépôts et l’État. Il souligne que la Caisse des Dépôts, en tant que prestataire de l’État au titre du Fonds d’Epargne, a accompli une performance remarquable, à deux égards. Tout d’abord, en anticipant la restitution des 30 milliards d’euros et en investissant sur des titres courts, le Fonds d’Epargne a été bien avisé et il a réussi à limiter l’impact de cette restitution. Ensuite, le Fonds d’Epargne, grâce à son excellente gestion, est parvenu à réaliser des performances supérieures aux différents benchmark, que ce soit sur les actions, les obligations de crédit ou à gestion directionnelle. L’État profitera de cette gestion, puisqu’il prélèvera l’excédent qui est apparu au 31 décembre 2013. Certes, il est possible de considérer que cette situation est liée à la rémunération de la garantie apportée par l’État. Le dispositif a été juridiquement conçu de cette manière. Cependant, tous les moyens sont mis en oeuvre pour que cette garantie ne joue pas. M. Picq considère que cette situation ouvre une opportunité pour la Caisse des Dépôts d’engager des discussions avec l’État. Il n’est pas envisageable que le Fonds d’Epargne soit intéressé aux résultats de M. Borotra s’adresse au Président de Chambre à la Cour des comptes, M. Picq. Il estime que l’argument consistant à affirmer que la Caisse des Dépôts ne devrait pas payer de garantie à l’État puisqu’elle ne prend pas de risque n’est pas recevable. Il signale que si un particulier annonce à un banquier qu’il ne veut pas payer d’intérêt parce qu’il ne prend pas de risque, le banquier ne sera pas vraiment d’accord. M. Goua souligne la gestion dynamique et performante du Fonds d’Epargne. Les évolutions décrites par le Directeur général sur la progression des actifs non cotés apparaissent clairement dans les objectifs 2014. Le portefeuille en actions cotées est extrêmement faible aujourd’hui, mais il est performant grâce à une évolution positive de la Bourse. M. Goua souhaite quand même apporter un bémol sur ce point puisqu’il existe des provisions élevées. Il souligne que la performance vient essentiellement des actions et non des taux, même si M. Flamarion espère un redressement des taux. M. Emmanuelli précise que ce n’est pas ce qu’a affirmé M. Picq. M. Borotra pense que la restitution des 30 milliards d’euros aux banques a entrainé une forte baisse du portefeuille, même si ce "cadeau" n’a pas grevé, heureusement, les résultats. La surperformance boursière a permis de rétablir une situation dégradée depuis des années. M. Borotra rappelle qu’il a sans cesse alerté la Commission de surveillance sur ce point sans être entendu. Maintenant que le CAC 40 est repassé au-dessus de 4 000 points, la situation s’est améliorée. M. Borotra souhaiterait, cependant, comprendre très précisément pourquoi le Fonds d’Epargne modifie sa politique 41 d’allocation d’actifs entre 2013 et 2014. Il a constaté, dans cette politique d’allocation, trois inversions patentes. Ainsi, les obligations à taux fixe, entre 2012 et 2013, sont passées de 12,8 à 6,4 milliards d’euros, et il est proposé, pour l’année 2014, de repasser à 9,6 milliards d’euros. Les obligations d’État swappées sont passées de 8,5 milliards d’euros en 2012 à 14,4 milliards d’euros en 2013, et il est proposé de les ramener à 7,7 milliards d’euros en 2014. Enfin, les obligations d’État indexées sur l’inflation, qui s’élevaient à 35,7 milliards d’euros en 2012, ont baissé à 35,1 milliards d’euros en 2013 et devraient repasser à 38,4 milliards d’euros. M. Borotra s’interroge sur les fondements de ces évolutions. Il ajoute qu’il est très favorable à la hausse du portefeuille d’actions. Il insiste sur le fait que la Commission de surveillance a le droit de connaître, non seulement les résultats de l’arbitrage qui a eu lieu, mais aussi les raisons qui ont motivé cet arbitrage. M. Marc se réjouit que le Fonds d’Epargne manifeste sa volonté d’augmenter fortement les investissements en actions non cotées puisqu’il est prévu que ceux-ci passent de 800 millions d’euros à 1,3 milliard d’euros. Il s’interroge néanmoins sur les composantes de ce programme et, en particulier, sur la composante immobilière. Il demande quelle est la justification, dans le contexte actuel, de cet investissement plus conséquent qu’en 2013 dans l’immobilier et quels sont, plus précisément, les secteurs visés (tertiaire, résidentiel) et les localisations envisagées. Alors que certains annoncent le retournement du marché immobilier, il convient d’être attentif aux évolutions dans ce domaine. M. Ophèle indique qu’il s’interroge également sur les investissements prévus dans le secteur immobilier. Il a été surpris de constater que parmi les hypothèses retenues, le rendement moyen attendu pour 2014 a été fixé à 7 % pour l’immobilier. La même question se posera sans doute pour la Section générale, pour des montants plus substantiels, puisqu’en l’occurrence pour le Fonds d’Epargne, ces investissements 3e séance - 19 février 2014 sont marginaux. M. Ophèle signale que ces hypothèses sont datées de septembre 2013. Ainsi, il est prévu, pour la France, une inflation de 1,5 % en 2014 qui baissera progressivement jusqu’à 1,1 %, alors qu’il apparaît en réalité que l’inflation se situe plutôt aux alentours de 1,1 % et devrait monter progressivement jusqu’à 1,5 % . Cette évolution n’est pas neutre par rapport aux taux nominaux que la Caisse des Dépôts peut obtenir. M. Ophèle s’interroge aussi sur ce que recouvre la mention "obligations à taux fixe" dans le programme d’investissements. Il se demande si ces obligations sont réparties entre un portefeuille de placements et un portefeuille d’investissements. L’objectif est sans doute de placer des obligations dans le portefeuille d’investissements pour les conserver jusqu’à l’échéance. En effet, le rendement moyen total return attendu en 2014, pour le taux fixe à 10 ans, s’élève à 0,36 % , soit l’un des plus mauvais rendements. M. Ophèle se réjouit, par ailleurs, que la performance sur les actions soit supérieure au benchmark, mais il relève que dans le document relatif à la Section générale, des explications plus détaillées sont données sur cette comparaison. Il demande si le même benchmark est utilisé pour les deux sections et si cette surperformance s’effectue avec une tracking error maîtrisée. Mme d’Amarzit souligne que, comme M. Borotra l’a fait remarquer, la réduction du portefeuille s’est opérée avec une gestion actif/passif intelligente, en s’appuyant sur la diminution du portefeuille monétaire. Le dispositif mis en place apparaît donc gagnant pour toutes les parties. En ce qui concerne les propositions présentées pour 2014 sur les investissements non cotés, la partie liée aux FCPR (capital risque et capital investissement) correspond aux engagements pris pour développer ces investissements. Mme d’Amarzit fait observer que les investissements prévus dans le secteur immobilier et en infrastructures sont fortement consommateurs de fonds propres et qu’il ne s’agit pas d’une diversification pour le Fonds d’Epargne, lui-même exposé à travers sa partie prêts sur ces deux secteurs d’activité. Mme d’Amarzit souligne qu’en revanche les investissements en actions non cotées présentent une espérance de rendement élevé et comportent aussi une composante diversification. En réponse à M. Picq, Mme d’Amarzit confirme que la prestation fournie par le Fonds d’Epargne est très appréciée. Cependant les périodes de "vaches maigres" alternent avec les périodes de "vaches grasses ". Il convient donc d’apprécier la situation dans le temps. Les années passées, il est arrivé que le Fonds d’Epargne ne présente pas d’excédent de fonds propres et que l’État ne prélève rien. M. Jouyet se réjouit que chacun ait salué la performance de la gestion du Fonds d’Epargne. Il précise qu'en ce qui concerne les 30 milliards d’euros accordés aux banques il s’agissait d’une opération intelligente, au regard des besoins de liquidités qui existaient du côté des banques. Grâce aux conventions passées avec le monde bancaire, cette opération est favorable au Fonds d’Epargne. M. Jouyet note, par ailleurs, la remarque concernant la présentation des performances par rapport au benchmark, et estime qu’une certaine uniformisation des présentations entre la Section générale et le Fonds d’Epargne serait souhaitable, même si les deux sections présentent des spécificités. Il signale, par ailleurs, que le Fonds d’Epargne ne se trouve pas dans la même situation que la Section générale. Enfin, il précise qu’il n’est pas insensible aux remarques formulées par M. Marc et Mme d’Amarzit sur les emplois du Fonds d’Epargne dans l’immobilier. M. Arthuis salue la performance du Fonds d’Epargne. Il se demande pourquoi ne pas augmenter davantage les investissements en actions cotées et surtout non cotées. De tels investissements accroissent les besoins en fonds propres et limitent ainsi les possibilités de prélèvement de l’État. M. Arthuis se demande donc si ces investissements ont été volontairement 42 limités pour ménager un potentiel de reversement à l’État. M. Jouyet signale qu’il existe une contrainte qui pèse peut-être plus fortement sur le Fonds d’Epargne que sur la Section générale. De tels investissements présentent, en effet, des risques de non-liquidité. Il ne faut pas oublier que le Fonds d’Epargne est un prestataire pour le compte de l’État. Même si M. Jouyet est personnellement favorable aux investissements en actions non cotées, les jugeant utiles pour financer les PME, il souligne que ces investissements sont moins liquides que les autres, ce qui engendre certains risques. En réponse à M. Borotra, M. Flamarion explique les raisons pour lesquelles il a été décidé d’accroître les investissements en OAT à taux fixe. En 2013, l’OAT à dix ans était aux alentours de 1,70 %, alors que le taux du Livret A était à 1,75 % . Acheter des OAT à taux fixe signifiait une perte de marge, même si celles-ci étaient placées dans le portefeuille d’investissement. En revanche, à ce jour le taux du Livret A est fixé à 1,25 % et compte tenu des prévisions relatives à l’inflation, il restera durablement bas. L’OAT à dix ans fluctue autour de 2,30 % , ce qui assure une marge positive au moins pendant quelques années. M. Flamarion, en réponse à M. Ophèle, précise que les rendements indiqués sur les documents sont des rendements de marché. Effectivement il est mentionné un rendement de 0,36 % sur ces obligations, même si la Caisse des Dépôts anticipe une hausse. M. Flamarion insiste cependant sur la souplesse de la gestion. A ce jour, la Caisse des Dépôts n’a pas encore investi un seul euro en taux fixe. Le scénario envisage une hausse des taux modérée, de 2,30 % actuellement jusqu’à 2,70 % , d’où un rendement médiocre en termes de marché, puisque lorsque les taux montent, le prix des obligations baisse. La Caisse des Dépôts investira sur les OAT à taux fixe si celles-ci atteignent le taux anticipé. L’évolution peut être très rapide, compte tenu de la volatilité de ces marchés. Au mois de janvier, le taux avait atteint 2,50 % puis il est retombé à procès-verbaux 2,30 % . La Caisse des Dépôts n’investit pas sur les obligations à taux fixe pour obtenir une rentabilité de 0,36 % . Les OAT présentant un risque de contrepartie considéré comme très faible, ces obligations seront placées en portefeuille d’investissement. Il n’existe donc pas de risque comptable. Le seul critère à prendre en compte est le taux à l’achat. M. Flamarion précise que ces changements dans la politique d’investissement sont justifiés. En 2012, le Fonds d’Epargne n’a pas acheté d'OAT et il ne peut que s’en féliciter, car il aurait été vraiment regrettable d’avoir investi à 1,70 % , alors que les taux ont remonté ensuite. Si les taux atteignent 2,70 % , avec ces obligations en portefeuille d’investissement et de plus pour des montants assez modérés, les risques encourus sur la marge seront extrêmement limités pendant trois ou quatre ans. En ce qui concerne les OAT swappées, M. Flamarion rappelle la nécessité de diminuer l’ensemble du portefeuille de 5 milliards d’euros. Le Fonds d’Epargne ne vendra pas ses actions non cotées dont le montant est, de toute façon, marginal. Il faut également conserver une poche monétaire pour faire face à l’éventualité d’une collecte moins importante que prévu. La vente d’OAT swappées apparaît donc comme étant la meilleure solution pour réduire le portefeuille. En outre, ces OAT ont été achetées à un moment où le swap de la France était plus élevé que maintenant. Le spread de l’État français s’étant resserré, ces obligations ne sont plus rentables. L’Euribor étant à 20 centimes et le spread de la France à 30 centimes, cet actif ne rapporte plus que 50 centimes, alors que le Livret A coûte 1,25 euro plus 40 centimes de commission. Il en résulte une perte de marge. Pour toutes ces raisons, il apparaît souhaitable de vendre les OAT swappées. Le Fonds d’Epargne possède également des obligations sur les entreprises qui sont swappées, mais leur spread est plus élevé. Le volume des OAT indexées sur l’inflation est malheureusement passé à seulement 35 milliards d’euros en 2013 en raison de titres arrivés à échéance. Le Fonds d’Epargne achète les OAT qu’il peut obtenir aux termes d’adjudications, quand les échéances lui conviennent. L’État émet souvent des obligations indexées sur l’inflation à court terme, mais peu d’obligations à dix ans. Il peut arriver que lors des adjudications, le Fonds d’Epargne achète 30 à 50 % de l’émission considérée. M. Flamarion précise que le Fonds d’Epargne a développé une gestion un peu plus anticipée depuis quelques années, en faisant des swaps inflation. Les encours restent assez stables, mais le Fonds d’Epargne a réalisé 2 milliards de swaps, où il reçoit l’inflation et paie un coût fixe, ce qui n’apparaît pas dans le bilan. Le Fonds d’Epargne a donc maintenu une exposition assez forte au risque inflation. d’investissements, dont la vocation principale est de couvrir les risques de taux et également de détenir les titres jusqu’à l’échéance. Quand le Fonds d’Epargne achète des OAT à taux fixe, qui ne présentent qu’un risque modéré de contrepartie et qui ne seront pas vendues avant l’échéance, cet actif peut être considéré comme un prêt consenti à l’État. Ces titres sont donc destinés au portefeuille d’investissements. En revanche, sont placés dans le portefeuille de placements les titres de titrisation, les titres bancaires, les titres corporate, ce qui permet de gérer activement les spreads. Ces placements représentent environ 25 milliards d’euros, alors que les titres à taux fixe sont peu nombreux et sont placés, essentiellement, dans le portefeuille d’investissement. M. Flamarion explique ensuite pourquoi il est prévu de réaliser 150 millions d’euros d’investissements immobiliers, compte tenu des projections relatives à ce secteur d’activité en France. Ce chiffre de 150 millions d’euros reste relativement marginal au regard de l’ensemble du portefeuille. La raison principale de ces investissements est qu’ils sont composés essentiellement de fonds de dettes, et non de fonds immobiliers. En effet, depuis deux ans environ, les sociétés de gestion ont développé, pour les investisseurs institutionnels, des propositions de fonds de dettes. Il s’agit de prêts accordés par les banques et qui sont mis dans des fonds. Ces fonds présentent une rentabilité tout à fait exceptionnelle pour la Caisse des Dépôts, puisqu’actuellement il n’est pas possible de trouver des obligations qui rapportent 3 ou 4 % , alors que les fonds de dettes ont une rentabilité supérieure. Les investissements ne sont donc pas composés d’immeubles, ne serait-ce que parce que le bilan du Fonds d’Epargne, au niveau des prêts, comporte déjà une composante immobilière, même si l’on ne peut pas comparer les prêts au logement social avec des immeubles de bureaux. Concernant le benchmark du portefeuille actions, M. Flamarion convient que le Fonds d’Epargne, par rapport à la Section générale, est peut-être trop réducteur dans la présentation qui est faite aujourd’hui. Le benchmark pris pour référence est plus français que celui de la Section générale, pour des raisons historiques. Il est composé à 75 % d’actions françaises et à 25 % d’actions étrangères. Les mêmes méthodes qu’à la Section générale sont utilisées, en termes de tracking error. Une tracking error est une mesure de risque par rapport au benchmark, afin de s’assurer que l’on ne s’éloigne pas de celui-ci. M. Flamarion précise que l’objectif du Fonds d’Epargne n’est pas de battre le CAC 40. Le Fonds d’Epargne se trouve dans une situation très différente de celle d’une société de gestion, dont les clients, lorsqu’ils souscrivent un fonds avec un benchmark donné, ont des horizons de sortie propre à chacun d’entre eux et, auquel cas, il faut à tout prix réaliser au moins la même performance que le benchmark. Pour le Fonds d’Epargne, l’objectif sur les actions se situe en termes de dividendes et de plus-values, apprécié sur la durée, et non dans une performance, appréhendée jour après jour, relative au benchmark. M. Flamarion revient sur la question concernant la répartition des obligations à taux fixe entre placements et investissements. Ces obligations seront placées dans le portefeuille 43 Le portefeuille d’actions a vraiment pour vocation de produire du résultat, en termes de dividendes et de plusvalues. Ce portefeuille de 10 milliards 3e séance - 19 février 2014 d’euros a rapporté 750 millions d’euros, ce qui représente une rentabilité tout à fait conséquente, à la mesure de son risque. Le but de cette gestion est de veiller à ce que, chaque année, ces titres rapportent environ 700 millions d’euros. Il est donc important que ce portefeuille soit correctement provisionné, de façon à pouvoir vendre sans être gêné de ce point de vue et à maintenir un montant conséquent de plus-values latentes. Le montant actuel des plus-values latentes, net de provisions et de moins-values, s’élève à 3 milliards d’euros. L’objectif étant de dégager 350 à 400 millions d’euros de plus-values par an, cela signifie que la réserve de plus-values s’élève à dix ans. M. Flamarion appelle les membres de la Commission de surveillance à ne pas se focaliser sur la comparaison avec le benchmark, même si la performance relative dégagée par le fonds d’épargne est positive, en 2013 comme sur longue période. Ce portefeuille a principalement pour objectif de produire le résultat attendu et de façon régulière. M. Emmanuelli fait observer que la partie actions n’est pas seule à contribuer au résultat. L’objectif doit être d’obtenir des résultats sur l’ensemble du portefeuille. M. Flamarion en convient. L’investissement en obligations permet de ne pas trop consommer de fonds propres et il produit de la marge. Ces placements s’adossent bien à du Livret A. Cependant, le résultat escompté en 2014, à hauteur de 800 ou 900 millions d’euros, sera amené essentiellement par le portefeuille d’actions, qui devrait rapporter 750 millions d’euros. Ce portefeuille devrait coûter en financement 125 millions d’euros, ce qui signifie qu’il va rapporter un résultat net de 600 millions d’euros. En réponse à M. Arthuis, M. Flamarion indique que les investissements en actions ne peuvent pas être augmentés davantage en raison des contraintes liées aux fonds propres. Environ 20 % des fonds propres, soit 2 milliards d’euros, seront affectés au portefeuille d’actions. Le Fonds d’Epargne ne dispose pas d’un volume considérable de fonds propres. Les fonds propres atteindront 8 milliards d’euros avant prélèvement de l’État. Si celui-ci est de l’ordre de 600 ou 700 millions d’euros, les fonds propres retomberont à 7,3 milliards d’euros. Si les fonds propres étaient plus importants, il serait possible d’augmenter le volume des investissements en actions. Les 500 premiers millions d’euros de fonds propres seraient alors affectés aux actions. Cette politique paraît cohérente pour un investisseur de long terme. Il existe également une contrainte de liquidité. Cependant, sur un portefeuille de 95 milliards d’euros, avant que les actions ne servent de dernier rempart à la liquidité, il faudrait que le portefeuille se porte vraiment mal. Mme d’Amarzit fait observer que la notion de fonds propres est représentative du niveau de risque que la Caisse des Dépôts s’est fixé. L’objectif des placements du Fonds d’Epargne est d’obtenir un certain rendement, mais aussi d’avoir de la liquidité disponible. Il ne paraît donc pas anormal de s’orienter plutôt vers des catégories de placements qui consomment peu de fonds propres et qui paraissent mieux adaptées à l’objectif. Il serait envisageable d’avoir une gestion totalement différente si un grand fonds de placement était disponible, avec davantage de fonds propres. Il serait alors possible d’avoir une gestion plus agressive avec un rendement plus élevé. Cependant, Mme d’Amarzit ne pense pas que tel soit l’objectif du Fonds d’Epargne. avisdelacommissiondesurveillanceconcernant lapolitiqued'investissementdufondsd'épargne Suite à l’examen par le CFE du 13 février 2014, la Commission de surveillance prend acte de la politique d’investissement des portefeuilles d’actifs financiers du Fonds d’Epargne pour l’année 2014. La politique d’allocation du Fonds d’Epargne, mise en place par la DFE, vise à diminuer la pression sur des fonds propres fortement mobilisés. En 2013, la politique d’investissement des actifs financiers a été particulièrement marquée par la restitution de 30 Md€ aux réseaux collecteurs de l’épargne réglementée, décidée en juillet 2013. Néanmoins, cette restitution n’a pas remis en cause la politique d’investissement du Fonds d’Epargne. En effet, dans cette perspective, l’allocation initiale consacrait une très large part aux actifs placés à court terme (monétaires) ou très liquides (obligations d’États swappés). Ceci a permis d’éviter une modification en profondeur de l’allocation, 44 puisque les titres placés à court terme ont été suffisants pour assurer la restitution des 30 Md€ et ce, sans préjudice pour la performance financière du portefeuille d’actifs. Concernant la politique d’investissement pour 2014, compte tenu des hypothèses de progression des encours de prêts et de relative stabilité des dépôts, il est prévu une légère baisse de l’encours du portefeuille financier en 2014 : 95 Md€ contre 99,1 Md€ à fin 2013. Dans ce contexte de baisse continue du portefeuille financier, l’objectif est de maintenir sa contribution au résultat du Fonds d’Epargne tout en assurant sa liquidité, sans générer de croissance excessive du besoin en fonds propres. Le maintien de la parfaite gestion des risques et l’allocation dynamique des actifs financiers pour 2014 devraient permettre une augmentation du rendement récurrent du portefeuille, soit un supplément de résultat d’environ 100 M€ par an. procès-verbaux M. Emmanuelli fait remarquer que si la distribution de dividendes était moins importante, la Caisse des Dépôts aurait les moyens d’investir, mais que l’État a une vision à court terme. Il signale que la distribution globale de dividendes, de 1998 à 2008, a diminué de 10 % en Allemagne alors qu’elle a augmenté de 50 % en France. L’État français a largement participé à ce phénomène. Mme d’Amarzit précise qu’une part non négligeable de ces distributions de dividendes concerne des distributions intra-groupe. Le taux d’augmentation des dividendes au niveau des sociétés consolidées est nettement plus faible. M. Emmanuelli considère néanmoins que ce chiffre est révélateur, même s’il n’explique pas tout. Dans cette forte augmentation des dividendes en France, la politique de distribution des dividendes adoptée par l’État n’est pas neutre, qu’il s’agisse de France Telecom, d’EDF, etc. Il ne s’agit pas réellement d’une gestion à long terme ou à moyen terme. On constate encore une fois que nécessité fait loi. M. Emmanuelli estime que pour une bonne gestion du Fonds d’Epargne, l’État devrait laisser suffisamment d’argent à la Caisse des Dépôts. M. Picq estime que la réponse apportée par Mme d’Amarzit est tout à fait pertinente. Il souligne que sa provocation intellectuelle avait pour seul but de souligner que, sur le Fonds d’Epargne, il existe effectivement une logique de "vaches maigres" et de "vaches grasses ", ce qui plaide pour que l’on ne joue pas avec la rémunération de la Caisse des Dépôts. Son intervention visait à signaler que lorsque l’État prélève des dividendes sur la Section générale, il y a matière à discussion, puisque le Fonds d’Epargne est prélevé deux fois. 4 – Politiqued’investissement des portefeuilles d’actifs de l’EP pour 2014 délibérationdelacommissiondesurveillance concernantlafixationduniveaudefondspropres dufondsd'épargne Conformément aux principes généraux du modèle prudentiel et à la délibération du 11 janvier 2012, le niveau des fonds propres du Fonds d’Epargne est suivi par le corridor de solvabilité qui mesure, sur un horizon quinquennal, l’écart entre le besoin en fonds propres en couverture des risques générés par l’activité et le capital économique. L’exposition aux risques, génératrice des besoins en fonds propres s’établit à 7,281 Md€, dont 5,075 Md€ au titre du pilier 1 (risque de crédit pour l’essentiel) et 2,206 Md€ en couverture du pilier 2 (risque global de taux), en diminution par rapport aux 7,734 Md€ de besoins en fonds propres constatés fin 2012. Du fait de l’allègement du bilan du Fonds d’Epargne consécutif à la réforme de l’épargne réglementée de juillet 2013 et de ses impacts en termes de résultats, l’excédent de fonds propres s’élèverait à 732 M€ à fin 2013, contre un déficit de 544 M€ à fin 2012. La reconstitution de l’excédent de fonds propres est liée à la diminution de l’exposition du Fonds d’Epargne au risque global 5 – Revuedumodèleprudentiel et délibération sur les niveaux des fonds propres : Section générale Ces deux points sont traités conjointement. M. Silvent souhaite tout d’abord présenter le contexte général de l’allocation d’actifs de 2014. Pour la première fois, la politique d’investissement en actifs financiers n’est pas une résultante des choix 45 de taux (variation de - 450 M€) et au résultat (+ 810 M€ estimés pour 2013), permettant l’augmentation des fonds propres (+ 900 M€ pour atteindre 8,013 Md€ à fin 2013) et ce, avant versement à l’État au titre de sa garantie. Les réserves du Fonds d’Epargne à fin 2013 et avant prélèvement de l’État couvrent les besoins générés par les expositions du pilier 1, ce qui permet une dotation complémentaire au Fonds pour Risques Bancaires Généraux (FRBG), la Commission de surveillance souhaite que le FRBG couvre progressivement les besoins en fonds propres générés par le risque global de taux, l’écart s’élevant encore à 654 M€ à fin 2013. Compte tenu de la trajectoire des fonds propres et de l’exposition en risques, la solvabilité du Fonds d’Epargne est également satisfaisante sur l’horizon quinquennal, puisque les fonds propres estimés en 2017 pourraient s’élever à 12,4 Md€, soit un excédent de fonds propres, avant prélèvement, de 3,4 Md€ par rapport au besoin en fonds propres en couverture des risques. d’investissement du reste du Groupe. Auparavant, en effet, le processus consistait à agréer les besoins d’investissement des filiales et des participations et l’allocation d’actifs du portefeuille de la Section générale était une résultante adaptée aux contraintes et aux besoins du reste du Groupe. Le pilotage a évolué pour essayer de déterminer une stratégie financière globale, intégrant à la fois la gestion des participations et la gestion des portefeuilles. L’objectif est d’optimiser au maximum l’usage des ressources, à la fois 3e séance - 19 février 2014 en gestion de portefeuille et en gestion des participations stratégiques. Les décisions prises répondent donc à deux préoccupations distinctes : maximiser l’usage de toutes les ressources, y compris l’allocation d’actifs de la Section générale qui doit être au service des priorités stratégiques, et venir en soutien au développement économique, dans le cadre d’une gestion de bilan assez contrainte. Toutes les actions menées doivent permettre de rester dans un niveau de risque soutenable au regard des diverses projections effectuées, et de résister à un certain nombre de scénarios de stress. Elles doivent ainsi indiquer les contraintes de limitation de la dégradation du solde investisseur. La méthode utilisée part donc d’une vision globale du bilan du Groupe, dans un cadre contraint, mais tout en restant offensif. Les propositions présentées résultent de choix assez nets qui ont donné lieu à de francs arbitrages. Il a été décidé de concentrer l’action sur des éléments offensifs, dans le respect des contraintes existantes. La trajectoire d’investissement adoptée permet de soutenir le plan ambitieux de Bpifrance qui a été présenté en Commission de surveillance la semaine dernière. Hors Bpifrance, les investissements prévus sur les axes stratégiques s’élèvent à 3 milliards d’euros en cinq ans. Ces investissements seront concentrés respectivement sur trois priorités, à hauteur d'1 milliard d’euros pour chacune. La première concerne les aspects infrastructures et actions avec les fonds souverains, avec notamment pour conséquences d’exposer le bilan de la Section générale sur les infrastructures à 50 % de plus qu’auparavant. 1 milliard d’euros sera consacré aux investissements territoriaux (investissements DDTR) et l’enveloppe dite non affectée représentera également 1 milliard d’euros. Cette enveloppe est d’ailleurs de plus en plus affectée en fonction des projets stratégiques de la Caisse des Dépôts. Ces investissements permettront de couvrir des opérations telles que l’augmentation de capital de Transdev. En revanche, cette trajectoire d’investissement repose également sur des choix "négatifs ". Tout d’abord, il est fait l’hypothèse de ne pas réabonder le fonds Qualium lorsque celui-ci lèvera un nouveau véhicule. Celui-ci, en effet, doit lever de nouveaux fonds, comme c’est l’usage pour tous les fonds de capital investissement. Si la Caisse des Dépôts était amenée à accompagner le développement d’un nouveau fonds de Qualium, elle le ferait à condition de monétiser les engagements passés. Par ailleurs, il est fait l’hypothèse que la Caisse des Dépôts ne réinvestira pas dans Icade à l’occasion de l’exercice éventuel de l’option de liquidité dont Groupama dispose au mois d’août. Si Groupama exerce cette option, elle sera exercée sur le marché, ce qui entraînerait une modification capitalistique d’Icade et sa sortie juridique du secteur public. La Caisse des Dépôts resterait l’actionnaire de référence, avec le même intérêt économique qu’aujourd’hui, mais elle n’augmenterait pas sa participation au capital. Enfin, il a été décidé de ne pas lancer le projet IIIF (projet d’infrastructures dans le cadre d’un nouveau fonds géré pour compte de tiers), pour diverses raisons. à une vision offensive, mais élective. M. Silvent souligne qu’il convient de ne pas examiner l’allocation d’actifs et le suivi des engagements prudentiels uniquement sous un angle technique, alors qu’ils découlent de choix stratégiques et politiques, au sens général du terme. M. Mareuse présente les portefeuilles de placements financiers avant d’évoquer les équilibres du bilan de la Section générale. Les résultats des portefeuilles de placements financiers et les orientations retenues sont présentés une fois par an à la Commission de surveillance. Cette présentation ne concerne pas les portefeuilles d’investissements territoriaux mis en place en faveur du développement des territoires par la Direction du même nom. Les portefeuilles de placements financiers sont gérés par la Section générale en contrepartie des dépôts reçus de ses clients, dépôts auxquels est accordée une protection particulière. M. Silvent ajoute que la politique de distribution de dividendes des filiales impactera les équilibres de la Caisse des Dépôts. Les décisions prises sur ce sujet sont en cohérence avec les priorités stratégiques, notamment en ce qui concerne une exonération de dividendes pour la SNI, ce qui permet de soutenir l’axe stratégique de soutien au logement et le projet Argos en particulier. La gestion de ces portefeuilles a pour objectif premier de générer des flux de revenus réguliers dont la Caisse des Dépôts a besoin, d’abord pour couvrir les intérêts servis sur les dépôts, ce qui représente plus de 400 millions d’euros par an, et aussi pour couvrir les frais de gestion qui, par nature, sont relativement rigides. La Caisse des Dépôts a donc besoin d’obtenir des revenus très réguliers de ses portefeuilles de placements. M. Mareuse rappelle que les participations stratégiques apportent des contributions beaucoup plus volatiles au résultat. L’allocation d’actifs fait, par ailleurs, apparaître une orientation très solide techniquement, mais également assez offensive, avec un volant d’investissements additionnels en actions et un volant spécifique sur les PME cotées, ainsi qu’une orientation de la politique d’investissements en faveur des obligations corporate. Globalement, cette allocation d’actifs s’inscrit dans un cadre contraint et repose sur certaines hypothèses, notamment celle d’une forte progression du marché actions sur cinq ans. Elle correspond Le deuxième objectif de ces placements financiers est de constituer des réserves de plus-values latentes dans lesquelles l’Établissement public peut puiser pour compléter ses résultats et pour compenser d’autres évolutions moins favorables. Dans ce cadre, la Caisse des Dépôts développe une politique d’investissements financiers à long terme, en tant qu’investisseur qui se veut responsable. Il convient de signaler deux événements survenus durant l’année 2013, qui ont déjà été évoqués en Commission 46 procès-verbaux de surveillance et qui ont eu des répercussions sur la politique de placements. Le premier est la mise en place des prêts à la SFIL, ce qui a conduit la Section générale à réduire ses investissements en obligations à taux variable, puisque les prêts SFIL sont à taux variable. Le deuxième événement est la création de la BPI, qui a entraîné l’apport à Bpifrance d’un certain nombre de lignes d’actions qui figuraient au bilan de la Section générale. M. Mareuse, passant rapidement en revue les différents portefeuilles de placements, constate que la principale contrepartie des dépôts est un portefeuille obligataire, de près de 30 milliards d’euros, qui comprend luimême une section dite d’investissement, c’est-à-dire d’obligations détenues à long terme jusqu’à leur maturité. Ces obligations sont à taux fixe et elles sont la contrepartie principale de la rémunération des dépôts, elle aussi à taux fixe. Ce portefeuille d’investissements s’élève à 21 milliards d’euros. Il a conservé malgré la crise et les multiples dégradations de notation un niveau de crédit élevé, puisque 96 % des titres de ce portefeuille sont encore notés AA ou au-dessus. Ce portefeuille présente donc une très grande qualité de crédit et il sert des taux d’intérêt très nettement supérieurs au taux de marché actuel, puisque le taux coupon moyen est de 3,2 % , à comparer avec le taux actuel de l’OAT à dix ans qui est de 2,3 % . En 2013, sur les nouveaux investissements, la Caisse des Dépôts a obtenu un taux naturellement plus faible : 2,8 % en moyenne. Pour compenser ce faible niveau de taux, elle a investi en moyenne sur des maturités de 16 ans sur ce portefeuille. L’exposition à l’Espagne a été réduite. La Section générale possédait, en effet, des positions importantes en titres d’État espagnol (1,5 milliard d’euros). Elle a conservé ces positions au plus fort de la crise sur la dette souveraine, ne voulant pas contribuer au stress des marchés par des ventes précipitées. En revanche, fin 2013, la hausse très forte du cours des obligations espagnoles a permis à la Section générale de se retrouver en plus- value par rapport aux prix de revient. La Section générale a donc préféré alléger son exposition en réalisant quelques plus-values. Plus de 400 millions d’euros d’obligations espagnoles ont ainsi été cédés fin 2013. A côté de ce portefeuille d’investissement en titres souverains de grande qualité, un portefeuille de crédit en obligations d’entreprises représente 7,5 milliards d’euros. La Caisse des Dépôts réduit actuellement la partie de ces obligations qui est à taux variable, puisqu’elle détient maintenant d’importantes positions à taux variable sur la SFIL et elle renforce, en revanche, ses positions à taux fixe. Le Groupe Caisse des Dépôts, rassemblant la Section générale, le Fonds d’Epargne et CNP Assurances, a souscrit à un fonds d’investissement en euros dans des obligations d’entreprises petites et moyennes (fonds Novo). Il a joué un rôle majeur dans le lancement de ce fonds, dans lequel il a investi 200 millions d’euros sur un total d’environ 1 milliard d’euros. Le portefeuille de la Section générale comprend également un faible volume d’obligations des pays émergents. M. Mareuse rappelle l’actualité agitée portant sur cette thématique. Environ 2 % du portefeuille obligataire total sont consacrés aux pays émergents, notamment la Pologne et le Brésil. Le portefeuille ne comporte pas de dette argentine, et il n’est pas exposé au risque de devises, puisqu’il est composé d’obligations en devises fortes. Il s’est bien comporté depuis le début de l’année, sa valeur boursière n’ayant pas varié. En effet, les pays qui ont connu la plus grande agitation ne sont pas représentés dans ce portefeuille. Dans une optique de rendement, le portefeuille obligataire est complété par un portefeuille immobilier, principalement consacré à des actifs de qualité de par leur localisation, leurs locataires et la nature des baux. Ces actifs représentent un peu plus de 4 milliards d’euros, et sont composés pour les deux tiers de bureaux et d’actifs commerciaux, et pour un peu moins d’un tiers de logements. 47 M. Mareuse ajoute que le portefeuille d’actions cotées est important à la Caisse des Dépôts, (11 milliards d'euros en valeur bilan). Ce portefeuille est investi en valeurs européennes, dont les deux tiers sont des entreprises françaises. La Caisse des Dépôts est ainsi l’un des plus importants actionnaires à long terme dans les sociétés françaises cotées. Les caisses de retraite et les compagnies d’assurances ont beaucoup diminué leurs investissements en actions, de sorte que la Caisse des Dépôts joue un rôle majeur d’actionnaire au sein des sociétés françaises cotées. Ce portefeuille est géré à long terme. La Caisse des Dépôts conserve des positions stables dans la plupart des grandes sociétés cotées. Ce portefeuille a généré des performances nettement supérieures aux indices de marché, puisqu’en 2013, il présentait une surperformance de 283 points de base au-delà des indices de référence. Sur une durée de cinq ans, il s’est valorisé de 56 % alors que l’indice CAC 40 a progressé de 34 % , soit une surperformance de 22 % sur cinq ans. Ce portefeuille d’actions joue un rôle très important dans les équilibres financiers de la Caisse des Dépôts, puisqu’il génère environ 400 millions d’euros de dividendes par an, auxquels s’ajoutent les plus-values réalisées. Ces portefeuilles sont complétés par quelques poches de diversification. La Caisse des Dépôts développe ses investissements dans les PME et ETI françaises cotées, dans le cadre du fonds dédié CDC PME Croissance qui est l’un des principaux investisseurs sur le marché français des entreprises petites et moyennes cotées. Ce fonds a connu une belle performance en 2013, dégageant une progression de 26,7 % de sa valeur. Une petite poche de diversification concerne les actions non européennes, c’est-à-dire américaines, asiatiques et des pays émergents. La Section générale comporte également un portefeuille de private equity de près d’un milliard d’euros, qui affiche un TRI moyen de 12,5 % . En revanche, la Caisse des Dépôts a entièrement cédé, en 2013, ses positions dans le domaine de la gestion alternative, les hedge funds. Les quelques 3e séance - 19 février 2014 investissements qu’elle avait dans ce domaine se sont d’ailleurs bien comportés, mais ont été retirés des portefeuilles. M. Mareuse présente ensuite les orientations 2014. Il est prévu de renforcer le portefeuille obligataire à hauteur d’1 milliard d’euros net, avec des maturités moins longues à l’achat qu’en 2013. Les investissements en actions seront également renforcés. Enfin, le programme de dégagement de plus-values s’élève à 300 millions d’euros. Il est donc beaucoup plus important qu’en 2013, puisqu’en 2013 la Section générale avait bénéficié de plus-values exceptionnelles liées aux apports à Bpifrance. M. Mareuse invite les membres de la Commission de surveillance à se référer au document qui présente la situation de solvabilité de la Section générale au 31 décembre 2013, conformément au modèle prudentiel. Il rappelle qu’un important travail a été engagé sur le modèle prudentiel pour considérer en transparence les principales filiales financières et immobilières. Ce travail a déjà été accompli pour Bpifrance Investissement et pour CDC Infrastructure, et il est en cours pour la SNI, Icade et les deux filiales financières régulées, Bpifrance Financement et CNP Assurances. A fin 2013, le niveau du capital économique disponible au sein de la Section générale dépassait de 2,4 milliards d’euros la solvabilité recherchée, c’est-à-dire le seuil cible du modèle prudentiel. La situation est donc satisfaisante. Elle s’est d’ailleurs beaucoup améliorée au cours de l’année 2013. Cette amélioration n’est pas due à l’accroissement des fonds propres, ceuxci n’ayant augmenté que très faiblement, puisque la Section générale n’a gardé qu’un peu moins de 200 millions d’euros de fonds propres supplémentaires. Cette amélioration est donc presque entièrement imputable à la bonne orientation des marchés d’actions et à l’augmentation des plus-values latentes sur le portefeuille actions. M. Mareuse souligne que le modèle prudentiel est dynamique. Il ne se borne pas à constater la situation de solvabilité à un instant T, mais il repose sur une projection pluriannuelle pour mesurer la situation de solvabilité. La projection retenue par le Directeur général sur la période 2014/2018 permet le maintien du niveau de solvabilité atteint fin 2013, qui se situe environ 10 % au-dessus du seuil de solvabilité cible. Comme M. Silvent l’a rappelé, un certain nombre d’arbitrages a été effectué sur les programmes d’investissements, de manière à maintenir un niveau de solvabilité satisfaisant. M. Mareuse souligne que cette projection, qui donne des résultats solides à l’horizon de cinq ans, repose sur des hypothèses qui sont, par nature, relativement aléatoires. La première de ces hypothèses prévoit une évolution assez favorable des marchés financiers. Le schéma retenu est celui d’une progression de 25 % sur cinq ans des indices actions, soit 5 % par an. Ce scénario n’est certes pas impossible, mais il est relativement optimiste. Il est clair que toute évolution moins favorable des marchés actions comporterait des répercussions importantes sur la solvabilité. Ainsi, si le CAC 40, au lieu de progresser de 25 % , baissait de 25 % , la Section générale se trouverait proche du seuil de surveillance, premier niveau auquel une alerte, en termes de solvabilité, est communiquée à la Commission de surveillance. La deuxième hypothèse repose sur un scénario d’investissements maîtrisés, à la fois au niveau de la Section générale et au niveau de Bpifrance Investissement, puisque cette filiale est traitée par transparence. M. Mareuse tient à signaler que cette projection à cinq ans, si elle permet le maintien de la solvabilité, s’accompagne d’une dégradation de la qualité des ressources en matière de solvabilité. En effet, sur cinq ans, le montant des fonds propres prévisionnels augmente peu, d’environ 200 millions d’euros par an, l’essentiel de l’amélioration du capital économique provenant de l’accumulation de plus-values latentes. Progressivement, la part de fonds propres "durs" décroît, alors que la part des plus-values latentes, par nature volatiles, est croissante. En termes de liquidité, la situation de la Section générale demeure satisfaisante. 48 Le ratio réglementaire à un mois s’élève à 260 % et le gap de liquidités statiques, indicateur probablement plus significatif, correspond à une situation favorable. Une dégradation est néanmoins à prévoir lors du remboursement du LTRO. Ces 5 milliards d’euros seront, en effet, remboursés assez rapidement, ce qui dégradera d’autant la situation de liquidité. M. Houri intervient au nom du Comité d’Examen des Comptes et des Risques. Comme d’habitude, le CECR a adressé ses louanges à M. Mareuse et à ses équipes, d’une part, pour leurs explications claires qui permettent des débats riches et intéressants et, d’autre part, pour la performance de leur gestion, notamment durant l’année 2013. Le CECR a peu d’observations à formuler. Il a néanmoins regretté que la politique d’investissement d’actifs de l’Établissement public, telle qu’elle est présentée, n’intègre pas les autres portefeuilles d’actifs, notamment celui de la Direction du Développement Territorial et du réseau (DDTR), et peut-être d’autres activités telles que le soutien à l’économie, les infrastructures, l’immobilier, etc. Le CECR s’est interrogé sur les investissements dans le secteur immobilier résidentiel. D’une part, on assiste actuellement à un retournement du marché, d’autre part, l’immobilier résidentiel consomme des fonds propres. Le responsable de cette politique a indiqué qu’il fallait investir à long terme dans ce domaine. M. Houri souligne les incertitudes qui règnent sur le long terme, même s’il est toujours souhaitable de posséder des investissements dans la pierre. A titre personnel, il estime souhaitable d’investir dans une moindre mesure dans l’immobilier. Néanmoins, le CECR demande que soit menée une réflexion sur la stratégie immobilière de la Caisse des Dépôts, tant au niveau de l’Établissement public, qu’au niveau de ses filiales. En ce qui concerne le programme 2014, le CECR approuve les orientations que vient de présenter M. Mareuse. Du point de vue du modèle prudentiel, la situation procès-verbaux de solvabilité est confortable. Le capital économique couvre les besoins en fonds propres chaque année à un horizon de cinq ans. Cependant, comme l’a signalé M. Mareuse, ce scénario repose sur une hypothèse économique favorable comportant 24 % d’augmentation du CAC 40. Si, en revanche, le CAC 40 baisse de 4 % par an pendant cinq ans, soit 20 % au total, la situation côtoierait le seuil de surveillance. M. Houri relève que si la situation est confortable, cela signifie, ce qui l’a du reste étonné, qu’il est possible de loger d’éventuelles participations sans mettre en péril les fonds propres. . Le CECR s’est aussi exprimé sur le fait que le modèle prudentiel est évolutif et perfectible. Il est également difficile à bien comprendre. M. Houri estime que la notion de capital économique mériterait d’être approfondie. Le capital économique est composé des fonds propres sociaux, auxquels viennent s’ajouter des plusvalues et les provisions, tout en calculant des quotes-parts dans certains cas. M. Houri souhaiterait que M. Ophèle se prononce sur cette notion de capital économique. Le CECR propose que la Commission de surveillance consacre une réunion à revoir sur le fond et de façon technique le modèle prudentiel et peutêtre les concepts qui le sous-tendent. Sur le plan de la solvabilité, l’Établissement public apparaît à l’aise. M. Houri conclut que le modèle économique du groupe Caisse des Dépôts est rigide, comme cela a déjà été observé à plusieurs reprises en Commission de surveillance, et qu’il s’est déformé. Néanmoins il s’avère que ce modèle laisserait la possibilité de prendre des participations. M. Goua souligne que le CECR attend la finalisation de la mise en transparence de toutes les filiales. Sans doute conviendra-t-il ensuite de prendre des décisions stratégiques. En effet, lorsque l’on considère la contribution au résultat de chacune des filiales, il apparaît qu’il serait intéressant, dans la mesure du possible, de faire évoluer ce portefeuille pour se reporter sur d’autres entreprises. Effectivement, comme les précédents intervenants l’ont fait remarquer, la Caisse des Dépôts est exposée en cas d’une évolution boursière défavorable. M. Emmanuelli en déduit que M. Goua estime que ce sont les portefeuilles qui amènent des résultats, et non les filiales. M. Goua le confirme. M. Jouyet constate que l’observation de M. Goua rejoint les propos de M. Silvent et de M. Mareuse. Il est effectivement clair que la contribution au résultat provient essentiellement des portefeuilles de la Section générale et de CNP Assurances, de la CNR et de la SNI. M. Borotra souhaite revenir sur la notion de capital économique. Il rappelle qu’il a été le premier à déclarer en Commission de surveillance que cette référence devait être considérée comme fragile. En effet, la notion de capital économique intègre les plus-values. Or, celles-ci sont dépendantes, à la fois, de la constitution du portefeuille et de l’évolution du marché. Introduire au sein d’un élément de référence des composants aussi volatils ne paraît pas opportun. M. Borotra évoque ensuite l’évolution de l’actif investisseur, évolution qui est relativement importante. Cet actif ne s’est accru que par le prêt octroyé à la SFIL. Alors que l’année dernière, le compte d’équilibrage sur cet actif investisseur était à moins 198 millions d’euros, aujourd’hui un compte d’équilibrage de plus de 4 milliards d’euros est nécessaire. Cette situation présente un risque, la SFIL n’étant pas assurée de ne pas rencontrer des difficultés sur ce point. Enfin, M. Borotra souligne qu’il a déjà alerté à de maintes reprises sur l’évolution de l’encours des émissions de la Caisse des Dépôts. En 2011, cet encours s’élevait à 9,5 milliards d’euros, à 12 milliards d’euros en 2012, à 14,03 milliards d’euros en 2013 et 16 milliards d’euros sont prévus en 2014. Il constate une évolution qui, même si elle n’est pas importante, est permanente. Du fait de cette évolution, il existe un risque que l’on soit amené à considérer, à un moment 49 donné, que la Caisse des Dépôts peut intégrer d’avantage d’emprunt dans son financement, ce qui, aux yeux de M. Borotra, devrait être exclu. M. Borotra tient, enfin, à souligner la qualité de la gestion de la Section générale. Il remercie le Directeur du Pôle Finance, Stratégie et Participations pour avoir présenté en Commission de surveillance, pour la première fois, les arbitrages rendus en termes d’investissement. M. Jouyet estime que cette présentation était extrêmement claire et qu’il est souhaitable, en effet, d’informer la Commission de surveillance de ces arbitrages. La Direction générale reviendra devant la Commission de surveillance lorsqu’elle aura les précisions relatives au dernier milliard d’euros d’investissement dont a parlé M. Silvent. M. Jouyet indique qu’en ce qui concerne les investissements dans l’immobilier pour la Section générale, ce secteur est bien géré et qu’il rapporte du résultat. Des immeubles de bureaux ont été vendus récemment aux Allemands avec d’excellentes plus-values. Le parc immobilier présente un très bon rendement. M. Jouyet se déclare, par ailleurs, d’accord avec M. Houri et M. Goua qui souhaitaient que soit engagée une réflexion sur la politique immobilière de l’Établissement public et des filiales. Une mission est en cours sur la SNI et les conclusions devraient en être connues vers la mi-avril 2014. M. Jouyet souhaite, cependant, aller au-delà et engager une réflexion globale sur la politique immobilière. En effet, de nombreuses interrogations se posent, d’autant plus que plusieurs entités interviennent dans ce domaine : la Section générale, la SNI et Icade, la DDTR au niveau local et le Fonds d’Epargne. Cette question est donc pertinente. M. Emmanuelli invite M. Ophèle à s’exprimer sur la notion de capital économique. M. Ophèle rappelle qu’une réflexion approfondie a été conduite par la Commission de surveillance avec la 3e séance - 19 février 2014 contribution des services de la Caisse des Dépôts et de l’ACPR (qui s’appelait l’ACP à cette époque). Cette réflexion a abouti, avant que M. Ophèle n’intègre la Commission de surveillance, à la définition d’un cadre. Ce cadre présente certainement un certain nombre de limites. L’idée de le réviser paraît d’autant plus naturelle que la réglementation du système financier, au sens large, a singulièrement évolué depuis cette date. M. Ophèle rappelle, en particulier, que la réglementation générale déduit des fonds propres des banques toutes les participations dans le système financier. Or, la Caisse des Dépôts a une approche différente, basée sur des montants bruts pour les fonds propres, et non sur des montants nets, ce qui conduit à pondérer des actifs et non pas à les déduire des fonds propres. La prise en compte des plus-values pose également problème. Dans les modèles français de supervision, les plus-values latentes n’étaient pas prises en compte. Il s’agissait de filtres prudentiels qui sont supprimés dans les nouvelles approches. Ces plus-values sont désormais prises en compte dans les fonds propres, ce qui conduit mécaniquement, compte tenu de la volatilité des plus-values latentes, à demander des coussins de fonds propres supplémentaires. M. Ophèle souligne, cependant, qu’il n’est pas souhaitable de modifier le modèle prudentiel tous les mois. Celui-ci a le mérite d’exister. Il convient de bien le comprendre et de le prendre tel qu’il est. La marge de manœuvre qui apparaît dans la simulation de base est réelle, mais il faut veiller à ne pas la surestimer. En effet, dans une simulation plus stressée, cette marge de manœuvre disparaît complètement. M. Ophèle constate que la ressource de base de la Caisse des Dépôts, les dépôts des notaires, n’augmente pas. Il est donc nécessaire de trouver des ressources ailleurs et probablement sur les marchés. La simulation qui est présentée ne prend pas en compte d’éventuelles missions nouvelles qui seraient confiées à la Caisse des Dépôts. M. Ophèle évoque, en particulier, le projet de loi Eckert. Même s’il convient de ne pas le surestimer, un impact sera néanmoins constaté sur la liquidité de la Caisse des Dépôts, dans la mesure où des placements particuliers seront nécessaires, ce qui amènera à réviser la simulation présentée. M. Ophèle souligne que le document fourni à la Commission de surveillance est, à la fois, très clair et modeste puisqu’il montre les incertitudes qui existent. La mise en perspective des choix positifs et surtout des choix négatifs, qui d’habitude ne sont pas mentionnés, éclaire singulièrement cette dynamique. M. Houri signale que lors de la réunion du CECR, une discussion intéressante s’est engagée sur la comptabilité analytique à propos des mandats, et en particulier, ceux du Fonds d’Epargne. La Caisse des Dépôts travaille pour le compte de l’État, notamment pour assurer la gestion du Fonds d’Epargne. Les membres du Comité se sont demandé si cette activité entraînait un bénéfice pour la Caisse des Dépôts. Ils souhaiteraient savoir comment les coûts sont affectés à cette activité et quelle est la marge obtenue, non seulement pour le Fonds d’Epargne, mais pour tous les mandats confiés à la Caisse des Dépôts. Le CECR souhaiterait qu’un point sur la comptabilité analytique soit présenté un jour. M. Houri souligne que si la Caisse des Dépôts perd de l’argent ou tout au moins ne dégage pas de résultat sur ces missions, si en plus les fonds propres n’augmentent pas et, enfin, si l’État opère un prélèvement, la Caisse des Dépôts ne parviendra jamais à générer des fonds propres. M. Jouyet assure qu’il est d’accord pour qu’un point soit présenté au CECR à ce sujet. Il ajoute que la Caisse des Dépôts essaie, en récupérant des mandats supplémentaires, d’amortir les coûts de ces activités et les charges fixes. Mme d’Amarzit s’interroge sur la pertinence de la notion de mandat pour le Fonds d’Epargne. M. Jouyet précise qu’il parlait des mandats gérés par la Direction des Retraites et de la Solidarité et la Direction des Services bancaires. M. Emmanuelli demande à Mme d’Amarzit de quelle façon elle 50 définit l’activité que la Caisse des Dépôts exerce pour le Fonds d’Epargne. Mme d’Amarzit estime que la notion de mandat peut faire intervenir la notion de mise en concurrence. M. Ophèle fait observer que ce sujet est très délicat. M. Arthuis s’interroge sur le point de vue de la Cour des comptes à ce sujet. Cette institution est, en effet, garante de la sincérité des comptes de l’État. M. Emmanuelli estime que la Cour des comptes a parfois une vision un peu étriquée et tout au moins assez comptable. M. Houri proteste avec la plus grande véhémence. Il signale que la Cour des comptes a émis pendant longtemps des réserves sur les comptes de l’État au sujet du Fonds d’Epargne. M. Emmanuelli constate que la question soulevée par Mme d’Amarzit sur la nature du Fonds d’Epargne n’est pas tranchée. Il évoque ensuite la question des marges de manœuvre dont dispose la Caisse des Dépôts. Il faudrait préciser que ces marges de manœuvre ont été calculées à périmètre constant et toutes choses égales par ailleurs. Les marges de manœuvre peuvent changer complètement si le périmètre ou la gestion de la Caisse des Dépôts évoluent. La Caisse des Dépôts est certes un investisseur de moyen et long terme, cependant elle peut aussi vendre après avoir acheté. M. Mareuse convient, en effet, que ce n’est pas incompatible. M. Emmanuelli fait observer qu’à ce moment-là, la question des marges de manœuvre devient plus compliquée à appréhender. M. Arthuis indique que depuis qu’il siège en Commission de surveillance, il a le sentiment que le Fonds d’Epargne devrait apparaître dans le patrimoine de l’État. Cela augmenterait certes l’endettement de l’État, mais sans modifier sa situation nette en raison de procès-verbaux l’existence d’un actif en contrepartie. Cette situation semble être une singularité par rapport aux principes de la loi organique relative aux lois de finances. M. Emmanuelli relève que le même problème existe en Italie et en Allemagne. M. Arthuis considère que l’on montre aux Français des opérations qui ne traduisent pas la réalité. M. Picq appuie les propos de M. Houri, soulignant que les membres du CECR, lors de la présentation des allocations d’actifs et de la revue du modèle prudentiel, ont été un peu surpris d’apprendre l’existence de marges de manœuvre. Leur jugement sur ce point était auparavant plus pessimiste. M. Picq estime que les membres de la Commission de surveillance doivent mieux intégrer le bon emploi du modèle prudentiel. Le danger serait que ce modèle devienne un élément purement théorique que la Commission de surveillance examinerait deux fois par an, en oubliant que sa principale fonction est d’indiquer les marges d’actions possibles. Pour la première fois depuis que M. Picq siège à la Commission de surveillance, il a l’impression que cet outil, bien utilisé, est un élément d’éclairage pour la Direction générale de la Caisse des Dépôts et pour la Commission de surveillance, notamment parce qu’il met en lumière les arbitrages possibles ou effectués comme l’a indiqué M. Silvent. C’est pour cette raison que M. Goua, Président du Comité d’Examen des Comptes et des Risques, a demandé au nom du Comité qu’à l’occasion une réflexion commune soit engagée sur le concept de capital économique et sur le bon emploi du modèle prudentiel. Ce modèle est appelé à évoluer, ne serait-ce que parce que les marges prudentielles qui y figurent font déjà débat entre l’État et la Caisse des Dépôts. M. Jouyet se déclare prêt à satisfaire cette demande. Il est, en effet, important de prendre un temps de réflexion sur ce sujet. Il convient de bien apprécier la notion de corridor de solvabilité qu’il s’agisse de la Section générale ou du Fonds d’Epargne, ainsi que les conséquences du modèle prudentiel. Cette réflexion n’est pas facile et elle est très technique, mais elle paraît fondamentale, comme c’est d’ailleurs le cas dans les autres établissements financiers. M. Mareuse souligne que pour apprécier correctement les marges de manœuvre, il faut avoir conscience que durant les deux années écoulées, la progression des indices boursiers a été très forte, entre 15 et 20 % . Lors de la réflexion préalable à l’élaboration du modèle prudentiel, il avait été souligné que lorsque le cycle financier est favorable, la Caisse des Dépôts doit se situer au-dessus de la cible. Il est donc normal qu’après deux années de forte progression boursière, la Caisse des Dépôts se situe à 110 % de la cible. Par ailleurs, le modèle prudentiel est en évolution. Il conviendra de mesurer les conséquences de ces évolutions lors de la mise en transparence de certaines filiales, notamment immobilières, et lors du passage à une mesure du risque selon des méthodes stochastiques dites de MonteCarlo. M. Mareuse signale également que la projection favorable, qui a été présentée, repose sur un scénario résultant d’arbitrages assez nets. C’est à ce prix qu’une situation de solvabilité correcte est maintenue. Par ailleurs, cette projection n’envisage pas d’accident de parcours. Or, certains événements imprévus sont déjà survenus au cours des dernières années. M. Arthuis insiste sur le fait que la Caisse des Dépôts exerce un rôle d’impulsion et de contrôle et, par conséquent, qu’un système de reporting devrait exister dans chacune des entités contrôlées, afin que la consolidation donne en permanence une image fidèle de la situation. En réponse à M. Picq, M. Silvent précise qu’effectivement le modèle prudentiel est un outil de pilotage. Le travail de toutes les équipes a permis d’arriver à une forme objective de progrès dans 51 le pilotage de la Caisse des Dépôts en intégrant davantage l’ensemble des éléments, notamment ceux qui viennent des filiales. Le modèle prudentiel est utilisé comme un outil d’arbitrage pour mieux piloter les risques, et non comme un simple outil de constatation. Grâce aux arbitrages qui ont été annoncés, la situation de la Caisse des Dépôts est confortable, dans une certaine limite cependant. Cette situation n’est donc pas spontanée, mais résulte d’un effort du Groupe, à la fois au niveau d’une meilleure connaissance de ses risques et surtout au niveau des décisions qui sont prises et qui intègrent davantage les considérations stratégiques et les considérations financières, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Mme d’Amarzit rappelle que le modèle prudentiel a donné lieu à de nombreux débats. Il apparaît important qu’il soit bien intégré par les membres de la Commission de surveillance et il sera opportun d’en reparler si des questions subsistent. Pour autant, il ne faut pas oublier que la marge de manœuvre dépend aussi du scénario retenu. Il n’est d’ailleurs pas obligatoire de l’utiliser si on estime qu’il ne faut pas la consommer. Il existe d’autres moyens d’obtenir des marges de manœuvre si l’on ne raisonne pas à périmètre constant. Comme le disait M. Ophèle, ce modèle a été construit pour en retirer certaines informations dans la durée et il est important de tenir compte de ces informations. Le message actuel est plutôt positif sur l’existence de marges de manœuvre. M. Emmanuelli relève que ce sujet peut donner lieu à de nombreuses discussions et qu’il faudra effectivement l’aborder de nouveau. Il propose de passer aux questions diverses. 6 – Questions d’actualité Veolia M. Arthuis signale qu’il a été interpellé par plusieurs de ses collègues sénateurs, au sujet d’un éventuel changement du président de Veolia. M. Arthuis souhaite 3e séance - 19 février 2014 avisdelacommissiondesurveillanceconcernant lapolitiqued'investissement delasectiongénérale Suite à l’examen par le CECR du 13 février 2014, la Commission de surveillance prend acte de la politique d’investissement des portefeuilles d’actifs financiers de la Section générale pour l’année 2014. Les objectifs fixés pour l’année 2013 ont été atteints et les performances sont satisfaisantes. L’objectif 2014 est de limiter les consommations de fonds propres, tout en préservant un revenu récurrent d’environ 1,6 Md€ et en maîtrisant le risque de liquidité par l’ajustement de l’allocation d’actifs financiers. La Commission de surveillance demande que la politique d’investissement des portefeuilles d’actifs de l’Établissement public puisse intégrer l’ensemble des portefeuilles, notamment celui de la direction du Développement territorial et du réseau (DDTR), audelà de celui géré directement par la Direction des Finances. Compte-tenu de la conjoncture immobilière et de l’importance sur les risques et les résultats du Groupe, la Commission de surveillance souhaite que lui soient présentées la politique et la stratégie immobilière du Groupe Caisse des Dépôts, tant au niveau patrimonial de la Section générale, qu’au niveau de ses filiales (Icade, SNI). Enfin, la Commission de surveillance demande à être informée régulièrement de l’évolution des refinancements SFIL et de STX. délibérationdelacommissiondesurveillanceconcernant lafixationduniveaudefondspropresdelasectiongénérale Conformément aux principes généraux du modèle prudentiel et à la délibération du 11 janvier 2012, le niveau des fonds propres de la Section générale est suivi par le corridor de solvabilité qui mesure, sur un horizon quinquennal, l’écart entre le besoin en fonds propres en couverture des risques générés par l’activité et le capital économique. A fin 2013, la situation de la solvabilité de la Section générale est en amélioration et a été jugée satisfaisante lors du CECR du 13 février 2014. Le capital économique s’établit à 25,8 Md€, alors que le besoin en fonds propres ressort à 23,4 Md€. L’écart à la cible ou excédent de fonds propres en couverture des risques évolue favorablement puisqu’il passe de + 1,1 Md€ à fin 2012, à + 2,4 Md€ à fin 2013. Cette nette amélioration résulte, pour l’essentiel, de l’impact positif de la hausse du marché boursier, qui permet la prise en compte d’une partie des plus-values latentes nettes dans le capital économique à hauteur d’environ 4,6 Md€ (sur un total de plus-values latentes de 6,2 Md€ à fin 2013, contre - 0,6 Md€ en 2012) et de la baisse de la consommation de fonds propres au titre du risque global de taux (- 0,5 Md€), en raison de la prise en compte de l’impact de l’immobilier locatif dans le modèle de taux. Sur toute la période de projection de 2014 à 2018, le niveau de capital économique est également suffisant pour couvrir les expositions en risques de la Section générale. La Commission de surveillance note que, pour la première fois en 2014, l’allocation d’actifs a été établie au regard de l’analyse prospective de la solvabilité au niveau consolidé, tenant compte des projets d’investissement des principales entités du Groupe. Comme prévu dans les principes généraux, le modèle prudentiel devient progressivement un outil de pilotage stratégique du Groupe. 52 Elle fait observer que l’appréciation de la solvabilité de la Caisse des Dépôts est aujourd’hui établie sur une base sociale. Elle attend la finalisation des travaux en cours concernant la mise en transparence de filiales et ce, afin de pouvoir disposer d’une vision consolidée des risques et des fonds propres, par mise en transparence des risques portés par les filiales bancaires, financières et immobilières. A cet égard, la Commission de surveillance demande à ce que soit affinée la notion de marge de manœuvre résultant de l’excédent de capital économique en couverture des risques mis en transparence. L’appréciation des marges de manœuvre financières ne pouvant pas être directement confondue avec celle de la solvabilité, elle souhaite que les réflexions relatives aux notions de capital économique et de marge de manœuvre soient poursuivies au niveau de la gouvernance. procès-verbaux savoir si ces rumeurs, dont la presse se fait l’écho, sont exactes et, le cas échéant, à quelle stratégie obéit ce changement. Il rappelle que le Groupe Caisse des Dépôts détient une participation importante dans Veolia et joue un rôle déterminant dans sa gouvernance. M. Emmanuelli n’est pas certain que cette question relève de la Commission de surveillance. La Caisse des Dépôts détient effectivement une participation importante chez Veolia, supérieure à celle du groupe Dassault. M. Emmanuelli ne souhaite pas exposer son opinion personnelle sur le sujet, ne voulant pas entrer dans des considérations qui ne relèvent pas du champ de compétences de la Commission de surveillance. S’agissant d’une société cotée M. Jouyet ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. SNI M. Emmanuelli constate qu’une véritable opération de bashing est en cours au sujet de la SNI sans qu’il soit possible de savoir quelle en est l’origine. Il interroge, par ailleurs, M. Jouyet au sujet des deux personnes qu’il a mandatées pour lui donner un avis technique sur certaines opérations effectuées, mais aussi sur la stratégie de cette société. M. Jouyet précise qu’il a demandé cette mission en accord avec la ministre en charge du logement. L’une des deux personnes missionnées est la responsable de la MIILOS. L’autre est un membre de l’Inspection des Finances, à qui il a demandé à titre personnel d’effectuer une mission sur la SNI. M. Borotra rappelle qu’un débat avait eu lieu en Commission de surveillance sur la vente, par Icade, de ses logements sociaux et l’achat de ces logements par la SNI. L’affaire de la Sonacotra, devenue Adoma, avait également fait l’objet d’un débat. La Commission de surveillance s’est exprimée clairement sur ce sujet. Des discussions parfois animées ont porté, en particulier, sur le devenir des logements sociaux d’Icade qui ont été vendus à la SNI, et dont certains sont restés des logements sociaux et d’autres non. Tous les membres de la Commission de surveillance ont été d’accord pour que l’argent reçu par Icade soit utilisé pour acheter la Lucette puis pour fusionner avec Silic. Concernant Adoma, la position de la Commission de surveillance n’était pas unanime, puisque M. Borotra s’était personnellement exprimé contre cette opération, estimant qu’il n’appartenait pas à une filiale de la Caisse des Dépôts de rétablir la situation que l’État avait laissé se dégrader dans des conditions scandaleuses. Le rétablissement de cette entreprise n’a été possible qu’en licenciant les dirigeants qui avaient failli à leur mission et grâce à une opération dure de restructuration réalisée par la SNI et à la vente de plusieurs actifs. M. Borotra souhaite que la Caisse des Dépôts, et en tout cas la Commission de surveillance, reste fidèle à la position qu’elle avait prise à cette occasion. M. Houri relève qu’il n’a pas le souvenir de débats animés en Commission de surveillance à ce sujet et se demande si M. Borotra ne confond pas la Commission de surveillance et le Comité des Investissements. M. Borotra est formel : le responsable d’Adoma est venu en Commission de surveillance. Il se souvient également très bien des discussions qui ont eu lieu en Commission de surveillance au sujet de l’opération menée entre Icade et la SNI. M. Emmanuelli précise qu’il ne souhaite pas remettre en cause les décisions prises antérieurement. Il voulait seulement évoquer la campagne de dénigrement menée dans la presse à l’encontre de la SNI. Il a même dû répondre sur ce sujet à des parlementaires qui évoquaient des considérations tirées de Mediapart et du Canard enchaîné. M. Jouyet assure qu’il a demandé une mission portant sur la SNI dans un but de clarification. Une exploitation médiatique est faite d’un rapport de la Cour des comptes, ce qui conduit à déstabiliser une, voire deux filiales de la Caisse des Dépôts. M. Jouyet a trouvé anormal, alors que des projets immobiliers importants étaient en 53 cours, qu’une personne soit mise en cause publiquement sans que l’on sache pourquoi. En tant que Directeur général, M. Jouyet estime qu’il est de son devoir de protéger ses collaborateurs, de connaître la vérité et d’en faire part à la Commission de surveillance à la fin de la mission. M. Borotra ajoute qu’outre l’opération menée avec Icade, la SNI a été mise en cause pour avoir acheté à l’État des terrains. Cette dernière affaire n’a pas été évoquée en Commission de surveillance. M. Jouyet ajoute que la mission en cours examinera également ce dossier. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 20 Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 4 e séance-5 mars 2014 * Le mercredi 5 mars 2014, à 17 heures 15, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Arthuis, Bavagnoli, Borotra, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Malvy, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire Générale de la Commission de surveillance. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général, et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Coutarel ; Mme Louradour, Directrice de l’Audit central du Groupe (point 2) ; M. Rigaudière, adjoint du Directeur de l’Audit central du Groupe (point 2) ; Mme Gilly, Directrice des services bancaires (points 3 et 7) ; M. Keïta, Directeur du développement territorial et du réseau (points 4 et 5) ; M. Maury, Directeur du département développement économique et économie sociale (point 4) ; Mme Martinez, Responsable services et usages numériques (point 5). 1 – Compte rendu de vérification de la caisse générale de février 2014 M. Emmanuelli cède la parole à M. Houri pour le compte rendu de février. M. Houri indique qu’il n’a rien à signaler. 2 – Audit interne Rapport d’activité 2013 et programme 2014 Avant de laisser Mme Louradour présenter la synthèse des activités d’Audit, M. Jouyet note que de nombreuses missions ont été réalisées, ce qui devrait fournir une vision complète, dans un cycle quadriennal, sur les activités très diversifiées de la Caisse des Dépôts et du Groupe. Mme Louradour indique qu’après avoir présenté, le 18 décembre dernier, le bilan du suivi des recommandations avec M. Rigaudière, l’exposé d’aujourd’hui concerne le bilan de l’activité de l’Audit et le cadre de travail pour 2014. Elle précise que de tels exercices de reporting sont très ancrés dans les pratiques de l’Audit, aussi bien dans la banque que dans l’industrie ou les services. Le rapport d’activité de 2013 porte sur l’ensemble du Groupe, c'est-à-dire qu’il regroupe, à la fois le bilan de l’Audit central et ceux de l’ensemble des directions d’audit des filiales. Il présente les évolutions qui sont intervenues dans la gouvernance, les effectifs, les méthodes utilisées, ainsi que les principales conclusions des missions réalisées. Ce rapport annuel a fait l’objet d’un examen attentif du Comité d’Examen des Comptes et des Risques le 20 février 2014. En 2013, la principale évolution de la gouvernance de l’audit a été l’intégration de l’Inspection générale de la BPI (ancienne équipe d’Oséo financement) dans le réseau d’audit de la Caisse des Dépôts, ce qui représente l’arrivée de 14 personnes dans un réseau qui en compte 83 au total, soit 20 % d’effectifs supplémentaires. En termes de contenu, c’est la première fois que le réseau d’audit Caisse des Dépôts accueille une Inspection générale de type bancaire. Cette évolution représente un enjeu très important en termes de coordination, dans la mesure où l’Audit central doit absolument travailler en étroite proximité avec l’Inspection générale de BPI. A ce stade, l’articulation est excellente, comme l’illustre le fait que 54 la BPI soit représentée dans le bilan annuel et dans le plan d’audit. Pour le reste, la gouvernance dans le réseau d’audit reste stable, même s’il convient de signaler la reconstitution de l’équipe d’audit de Transdev. De son côté, l’Audit central continue de renforcer ses compétences financières et prudentielles. Cet ensemble forme un véritable réseau fonctionnel – et non pas hiérarchique –, avec un comité trimestriel et une réunion de réseau annuelle. En outre, certaines filiales n’étant pas dotées de Direction d’audit (CDC Infrastructure, CDC Climat, CDC International, Scet, etc.), c’est l’Audit central qui assure le contrôle de troisième niveau pour leur compte. Mme Louradour présente ensuite le bilan en signalant que la filière d’Audit a réalisé 136 missions en 2013 dans l’ensemble du Groupe. Parmi elles, 38 ont été effectuées par l’Audit central, 20 ont été assurées par CNP Assurances, et 13 par la BPI. Sur les 38 missions réalisées par DGAU, 5 ont porté sur les aspects prudentiels et financiers, 6 sur les fonctions support, 2 sur la stratégie (dont une sur les relations avec La Poste), 13 sur les Directions métiers et 12 sur les filiales (dont 3 missions transversales). Au cours de son examen, le CECR a focalisé son attention sur 3 procès-verbaux missions : la mission communication (qui est emblématique pour les fonctions support et très articulée avec le plan de modernisation de l’Établissement public), l’opération Macdonald sur la SAS Paris Nord-Est, et la mission sur le pilotage et la gestion des filiales. M. Rigaudière poursuit la présentation en attirant l’attention sur quelques constats et recommandations concernant ces trois missions. D’une part, la fonction communication, qui est présente en central et dans les métiers au sein de l’Établissement public, doit fonctionner en filière, mutualiser certaines missions, réfléchir à son dimensionnement, et mieux évaluer les actions de mécénat en réétudiant la taille de certaines subventions. Une recommandation a également été formulée sur le pilotage stratégique de la communication afin qu’elle soit plus intégrée avec l’ensemble de la filière. Cette recommandation a d’ores et déjà été mise en œuvre dans le plan de communication qui sera présenté le 12 mars prochain. D’autre part, l’étude concernant la perte de la SAS Paris Nord-Est a révélé des causes multiples : des études préalables trop superficielles en raison des délais très courts lors de la phase d’acquisition ; un pilotage insuffisant de la société d’aménagement qui a été constituée pour acheter les charges foncières et aménager la zone ; des problèmes de gouvernance issus des règles de décision à l’unanimité ; des défaillances en termes de reporting ; la juxtaposition des métiers d’aménageur, d’investisseur et de promoteur au sein de la SAS. Enfin, concernant le pilotage et la gestion des filiales et des participations, plusieurs recommandations ont été faites : réunifier les pilotages stratégiques et financiers des filiales, améliorer le partage d’information entre les Directions concernées par les filiales, actualiser les règles de gestion des mandats sociaux et, enfin, élargir le périmètre suivi par DRCI. D’ores et déjà, la réorganisation du Pôle finances, stratégie et participations a permis de répondre à une partie de ces recommandations. Mme Louradour conclut en indiquant que le plan annuel d’audit central prévoit de réaliser 37 missions en 2014. Ce plan a été défini selon des principes et une méthodologie prédéfinis et traçables. Le premier objectif est d’abord d’assurer la conformité de l’activité vis-à-vis de la réglementation bancaire en réalisant la couverture fonctionnelle de l’Établissement public sur une période de quatre ans, ce qui est conforme aux standards de place. En parallèle, un important travail a été fourni pour articuler ce plan d’audit avec les cartographies des risques afin de veiller à ce que les principaux risques soient bien couverts. Enfin, ce plan d’audit a intégré les évolutions organisationnelles, stratégiques et réglementaires, ainsi que les recommandations formulées par l’ACPR au cours de ses différentes missions. Le second objectif est de vérifier que le plan d’audit annuel soit soutenable pour les audités. Pour ce faire, les missions ont été définies conjointement avec chaque Directeur métier et elles seront réalisées en coordination avec le plan d’activité des Directions métiers. Globalement, cette démarche d’audit semble recueillir l’adhésion des Directions de l’Établissement public, qui y voient, à la fois une recherche de performance, et une amélioration de la sécurité et de l’assurance sur les risques. En outre, au-delà du plan annuel d’Audit, le Directeur général et les Directions peuvent également demander que soient effectuées des missions hors programme. Au total, 22 missions sont planifiées pour l’Établissement public, dont 5 concernant le modèle prudentiel. Pour les filiales, la démarche est construite selon le poids de leurs risques financiers et en subsidiarité avec la démarche des directions d’audit de chacune d’entre elles. Cette année, 12 missions concerneront les filiales, dont une à CNP Assurances et trois à la BPI. De plus, trois missions transversales sont articulées avec le nouveau plan 55 stratégique : la première sur la transition énergétique et écologique, la deuxième sur la filière logement et la troisième sur la confiance numérique. Au total, ce sont donc 15 missions qui seront effectuées dans les filiales, soit 40 % du plan annuel d’audit. Là aussi, la présence de l’Audit est regardée avec bienveillance par les filiales, même si certaines missions sont plus sensibles, surtout lorsqu’elles portent sur des risques d’image et financiers. En conclusion, Mme Louradour souligne que le plan qui est proposé permet d’assurer une présence de l’Audit proportionnée et visible. Il a été présenté à l’ACPR, qui a bien compris la démarche et la méthodologie choisies. Bien entendu, le succès de ce plan nécessitera le soutien de la gouvernance. M. Picq salue la qualité des documents fournis par la Direction de l’Audit, qui ont permis au Comité spécialisé, présidé par M. Goua, de fournir un travail sérieux et fécond. Toutefois, il estime que quelques questions méritent une attention particulière. Premièrement, la Direction de l’Audit, bien qu’elle travaille pour la Direction générale, a le souci scrupuleux de suivre les recommandations de la Commission de surveillance. Comme l’a montré le bilan de Mme Louradour, les missions ont été définies à partir d’un certain nombre de sujets qui ont été abordés en cette instance, notamment le modèle prudentiel, le suivi des filiales et des participations, ou encore la communication. Deuxièmement, le Comité spécialisé juge qu’il est important de s’interroger sur le dimensionnement de l’audit. D’une part, la pertinence du nombre de missions (38 sur 136 dans le Groupe) est un sujet d’importance. Pour ne pas risquer une dispersion des actions, il faut très certainement établir des priorités. L’année dernière, toutes les missions semblent avoir été correctement et complètement exécutées. Cependant, selon les choix qui seront faits par le Directeur général, il est probable que la Direction de l’Audit devra privilégier certaines missions. Même si 4e séance - 5 mars 2014 la Commission de surveillance ne saurait porter de jugement sur le nombre de missions, ce sujet mérite une certaine attention. D’autre part, il faut également se demander si l’organisation est adaptée. Comme l’a indiqué Mme Louradour, le choix de la Caisse des Dépôts est celui d’un audit fonctionnel, et non pas hiérarchique. Les chiffres montrent clairement l’articulation retenue, avec 38 missions effectuées par la Direction centrale, qui concernent essentiellement l’Établissement public, tout en s’appuyant, en parallèle, sur les services d’audit des autres grandes filiales (La Poste, CNP Assurances, BPI). Il est incontestable que cette organisation fonctionne, mais il existe sans doute des progrès possibles. Au premier rang des pistes d’amélioration, le CECR estime que la question de la certification de l’audit central du Groupe mérite d’être abordée, d’autant que plusieurs entités du Groupe ont déjà fait certifier leur système d’audit (la Compagnie des Alpes et CNP Assurances). Troisièmement, si le CECR a demandé à Mme Louradour et à M. Rigaudière de présenter les trois opérations qu’ils ont évoquées, c’est parce que ces sujets ont été discutés au sein de la Commission de surveillance. La première recommandation consiste à réfléchir à l’intégration de la Direction de la communication, à sa gouvernance et à son organisation. Même s’il s’agit d’un sujet de Direction générale, l’audit suggère qu’il existe quelques progrès à réaliser. La seconde recommandation concerne l’opération Macdonald, qui a généré 108 millions d'euros de pertes jusqu’à présent, sans doute à cause de mauvaises prévisions et d’aléas liés à la complexité de l’opération. Manifestement, lorsque la Caisse des Dépôts s’engage à travers la DDTR dans des opérations aussi lourdes, la vigilance doit être requise. Enfin, la troisième recommandation, qui porte sur le suivi des filiales, correspond exactement à ce qui avait été demandé par la Commission de surveillance, cette dernière ayant souligné que le nombre de mandats par administrateur doit être raisonnable et que le Directeur général doit disposer d’un tableau de bord plus précis pour assurer le suivi des filiales, notamment d’un point de vue financier. Ces recommandations très pertinentes doivent désormais être mises en œuvre. Quatrièmement, parmi les missions qui figurent dans le rapport, celle qui a été consacrée à la gestion financière des participations de la DDTR a fait l’objet d’une attention spécifique. En effet, dans la mesure où il existe 900 sociétés d’économie mixte, l’audit suggère d’organiser un pôle de gestion financière sous la forme d’un département à part entière. A la demande du Directeur général, la DDTR a créé une Direction des finances unifiée afin de permettre une meilleure analyse de la valorisation du portefeuille et d’assurer une plus étroite coordination sur les aspects prudentiels. Les membres du CECR considèrent qu’il existe un enjeu de compréhension sur ce sujet, car ils ont le sentiment d’être confrontés à une sorte de "boîte noire ". Ce problème avait été évoqué par la Commission de surveillance lors de la présentation du bilan des actions de la DDTR. Manifestement, la volonté affichée aujourd’hui est d’améliorer la transparence de la gestion du patrimoine immobilier et du portefeuille financier de la DDTR en développant la coordination avec la Direction des finances. Il s’agit là indéniablement d’un progrès. Si elle veut jouer pleinement son rôle, la Commission de surveillance ne peut pas se contenter des rapports annuels de la DDTR qui, de par leur nature forcément synthétique, ne constituent pas un instrument de surveillance suffisant. M. Emmanuelli souhaite également formuler quelques observations. Tout d'abord, concernant le calibrage, il note que l’Établissement public consacre 0,4 % de ses effectifs à l’audit, contre 1 % ailleurs. La question qui se pose est alors de savoir si l’Établissement public dispose d’un nombre insuffisant d’auditeurs ou s’il possède, au contraire, trop de salariés. Ensuite, alors que l’enjeu pour la BPI est considérable, elle fait l’objet d’une seule mission consacrée au modèle de garanties. Il serait pourtant souhaitable que les engagements, les 56 investissements et les participations de la BPI soient spécifiquement audités, d’autant que la Caisse des Dépôts y investit la moitié de ses fonds propres. Enfin, M. Emmanuelli s’étonne que la Caisse des Dépôts prenne en charge l’essentiel des pertes liées à l’opération Macdonald alors que le projet a été initié par Icade. Il déplore le fait que personne n’assume à présent la responsabilité des dysfonctionnements qui ont généré plus de 100 millions d’euros de pertes. A cet égard, M. Emmanuelli souhaite savoir si cette somme a été provisionnée. M. Borotra, prolongeant la réflexion proposée par M. Picq, formule plusieurs remarques. D’une part, il constate que la Caisse des Dépôts, via la DDTR, est minoritaire dans plus de 900 sociétés et projets d’économie mixte, et qu’elle possède des actifs dans 244 sociétés immobilières. Il est aujourd’hui indispensable de clarifier la politique de la Caisse des Dépôts dans ce domaine en analysant précisément ces participations et leur rentabilité – en particulier celle des nombreuses SEM qui sont déficitaires hors subventions. Il convient également de se pencher sur les justifications avancées par la DDTR pour justifier certaines de ses opérations. M. Borotra juge, par exemple, inacceptable que la raison officielle qui a été avancée pour justifier l’investissement dans la Cité du Cinéma soit la prétendue volonté de "maintenir la place de la France dans la production de l’activité cinématographique ". D’autre part, il est nécessaire de mener une étude approfondie sur la DDTR, et ce, dans son propre intérêt. Les prestations de services, les conventions multiples, les rôles d’intermédiaires, les relations avec les entreprises via BPI, etc., doivent être examinés très précisément afin d’adapter l’organisation de la DDTR sur le terrain, en fonction de la nature des territoires, afin d’éviter une multiplication excessive des missions et des diversifications d’une entité qui risque de devenir "un monstre ". Enfin, il serait fort utile de connaître les dépenses de la Caisse des Dépôts, voire de ses filiales, dans les prestations de procès-verbaux conseil, d’avocats, de banques conseils, etc. M. Borotra signale, par ailleurs, que l’audit de Belambra à Capbreton pointe un manque de maîtrise sanitaire, un manque de vigilance de sécurité, et des erreurs de caisse. à intervenir dans tout le Groupe, de façon à mettre sous tension l’ensemble de l’Institution. Par ailleurs, M. Arthuis demande si l’audit s’est penché sur les systèmes d’information et sur le chantier informatique de la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli confirme que l’activité de la DDTR constitue un véritable sujet de questionnement. Aujourd’hui, le sentiment général est que se forme, à côté de la Caisse des Dépôts, une deuxième institution possédant sa Direction de la communication, son Directeur de cabinet, et maintenant sa Direction financière. En outre, il faut savoir si la gestion des 900 sociétés locales obéit à une stratégie d’ensemble ou si elles sont administrées au cas par cas. M. Emmanuelli rapporte ainsi que certains investisseurs considèrent ces SEM comme d’excellents partenaires, car elles ne sont pas forcément très exigeantes en termes de retour sur investissement. Même si leur rôle, sur le terrain, n’est pas nécessairement de dégager des bénéfices, il faut tout de même que leur fonctionnement soit surveillé et soumis à des règles précises. En effet, si un problème devait survenir dans l’une de ces 900 sociétés, il est malheureusement probable que les projecteurs se tourneraient directement vers la Direction générale de la Caisse des Dépôts. Cette problématique mériterait d’être analysée collectivement par la Direction générale et par la Commission de surveillance. M. Jouyet rejoint l’analyse de M. Picq sur la nécessité de réfléchir aux priorités et à la pondération des missions, en déléguant dans certains cas aux filiales, ou en réalisant, dans d’autres cas, des interventions conjointes. Cette question rejoint celle de la certification de l’organisation de l’audit, qui permettrait, en effet, d’améliorer le fonctionnement, et notamment d’évaluer plus précisément les effectifs nécessaires. M. Arthuis souhaite souligner l’importance de la fonction d’audit pour assurer la lucidité des gestionnaires. A ce titre, il demande quelle est la relation entre les commissaires aux comptes, qui sont chargés de certifier la sincérité des comptes, et les diligences accomplies par l’audit interne. En effet, l’ampleur des travaux des commissaires aux comptes – et parfois leurs honoraires – dépendent en partie de la qualité du contrôle interne. Si ce dernier est suffisamment approfondi, cela peut permettre d’alléger les missions des commissaires aux comptes. En conséquence, il faut se donner les moyens de développer un service d’audit interne qui soit structuré et apte Plus largement, M. Jouyet souhaite revenir sur trois éléments essentiels. D’une part, comme l’a souligné la Commission de surveillance, le Directeur général doit avoir des remontées régulières sur les investissements de la DDTR et sur leur rentabilité. Il a demandé un état des lieux sur les interventions de la Caisse des Dépôts dans les SEM. M. Emmanuelli tient à préciser qu’une plus grande transparence est souhaitable dans la mesure où elle permettrait de mettre à jour d’éventuelles pertes cachées, mais aussi parce qu’elle pourrait peut-être révéler des plus-values dont la Direction générale n’est pas informée. D’autre part, en accord avec la remarque de M. Emmanuelli au sujet de la BPI, M. Jouyet considère que l’Audit doit se focaliser sur les activités où la Caisse des Dépôts a investi ses fonds propres. Les missions conjointes avec Oséo se déroulent de manière très satisfaisante. En revanche, au-delà des fonctions de garanties, les participations méritent sans doute aussi un audit spécifique. S’agissant du boulevard Macdonald, M. Jouyet signale qu’il s’est rendu ce matin même sur le site avec les élus, les responsables d’opération et les architectes. Ce projet, qui a démarré en 2005, sera bel et bien rentabilisé, notamment grâce à BNP Paribas (qui y installera l’ensemble de sa banque 57 de détail), mais aussi grâce à Icade, aux écoles, au collège, aux centres commerciaux, etc. Malgré tout, il est vrai que le projet affiche pour l’instant une perte de 108 millions d'euros, qui sera probablement accentuée à 133 millions d’euros à l’issue du prochain Comité d’Engagement qui se tiendra cette semaine. D’ores et déjà, la majeure partie de cette somme a été provisionnée. Il souhaiterait en informer la Commission de surveillance. M. Jouyet précise que les investissements ont été correctement partagés puisque la Caisse des Dépôts a financé les centres commerciaux, les parties collectives et les bureaux, alors que la SEM de la Ville de Paris a, de son côté, pris en charge le collège, les écoles, etc. En revanche, il faudra être vigilant à l’avenir sur la manière dont les risques sont répartis à l’intérieur du Groupe et dans ce type de projet. M. Emmanuelli suppose qu’en la matière, la Caisse des Dépôts est une "bonne mère ". M. Borotra estime qu’il serait intéressant de disposer d’une comparaison entre les coûts sur lesquels la Caisse des Dépôts s’est engagée et le coût final de l’opération, qui est trois fois supérieur à ce qui était prévu. M. Marc note que, bien que la Caisse des Dépôts se soit dotée d’un nouveau code de déontologie en 2012, le rapport indique que quelques fonctions au positionnement très sensible ne font pas l’objet de modalités précises de suivi et de contrôle. Il souhaite avoir quelques éclaircissements sur les fonctions dont il est question. M. Lavondès constate que depuis plusieurs années, les rapports annuels sur l’audit sont largement quantitatifs. Dès lors, il est légitime de se demander qui contrôle le contrôleur, c'est-à-dire de s’interroger sur la valeur qualitative de ces rapports d’audit. Pour répondre à ces questions, il est possible de comparer le rapport qui a été fourni avec celui qui a été récemment effectué concernant le service du mécénat. Ce rapport est tout à fait satisfaisant, la Direction de l’Audit s’attachant à vérifier que les 4e séance - 5 mars 2014 services fonctionnent correctement, sans pour autant se substituer à eux. Une preuve que cet équilibre a été bien respecté réside dans la distinction entre, d’un côté, des observations, c'est-à-dire des recommandations précises et argumentées et, de l’autre, des suggestions qui n’ont pas de valeur prescriptive. De même, le rapport sur le mécénat identifie très précisément les problèmes de fond et soumet des recommandations pertinentes. En d’autres termes, M. Lavondès estime qu’il serait utile que chacun consulte de temps à autre un rapport d’Audit pour se faire une meilleure idée du travail de fond qui est attendu. Dans le cas présent, la qualité semble satisfaisante. M. Goua se félicite de la précision du rapport d’audit qui a été remis. Comme l’ont souligné plusieurs intervenants, les missions d’audit doivent se focaliser sur les points essentiels en évitant de vouloir embrasser trop de sujets, d’autant que cela pourrait provoquer quelques tensions. Ce rapport, qui peut être jugé complet et rassurant, identifie, par ailleurs, un certain nombre de sujets à approfondir, notamment concernant la DDTR. A ce sujet, M. Goua estime qu’il existe certainement quelques plusvalues dans les SEM qui pourraient être mobilisées à des fins plus utiles. M. Ophèle tient à saluer le travail fourni et la qualité du rapport d’audit, qui fournit une bonne image de l’intensité des missions qui ont été effectuées. Cependant, il suppose que, parmi les quelque 322 recommandations fortes qui ont été émises en 2013, certaines sont sans doute plus importantes que d’autres. Il serait intéressant que les auditeurs établissent une hiérarchie dans le stock des recommandations fortes, c'est-à-dire celles qui ont été formulées en 2013 et celles des années précédentes qui n’ont pas encore été traitées. Concernant la certification, M. Ophèle signale que la Banque de France a choisi de soumettre son système d’audit à une procédure de certification ISO 9001 et de le faire vérifier par des organismes indépendants. Une telle démarche, bien qu’elle ne soit pas indispensable, permet néanmoins de mieux structurer les dispositifs d’audit. Mme Grosskost aimerait avoir des précisions sur la méthodologie suivie par le réseau d’audit du Groupe, c'est-à-dire l’Audit central et les audits spécialisés. Elle souhaite notamment savoir s’il existe des objectifs communs et quel est le contenu de la charte d’audit. M. Bavagnoli partage pleinement les remarques qui ont été faites au sujet de la DDTR. En effet, il est important d’adosser la gestion financière de la DDTR à la Direction financière du Groupe, notamment pour la gestion des participations. Quant à l’opération Macdonald, elle pose la question des transactions entre l’Établissement public et ses filiales, voire entre les filiales elles-mêmes. Du côté d’Icade, une convention réglementée a été signée, qui est soumise à une gouvernance particulière. Par symétrie, il est peutêtre aussi souhaitable de mettre en place une gouvernance spécifique du côté de l’Établissement public lors des transactions comme l’opération du boulevard Macdonald. M. Houri rappelle que la question récurrente du dimensionnement des effectifs se pose depuis cinq ans. Selon les réponses qui ont été fournies, il semble que ce dimensionnement soit adapté. En outre, il constate avec satisfaction que la DDTR est aujourd’hui un sujet commun de préoccupation. Il est indispensable de mieux comprendre certaines zones de cette entité, en particulier certains entrelacs avec la Caisse des Dépôts et la BPI, qui méritent d’être clarifiés. Concernant l’Audit, M. Houri souhaite que Mme Louradour explicite les critères qui lui permettent de définir son programme d’audit et quelles sont ses relations avec le Directeur général. A cet égard, il considère que le rôle de la Commission de surveillance pourrait être de participer, en amont, à la définition de ce programme d’audit. M. Emmanuelli revient sur la question de M. Borotra au sujet des honoraires de conseil, en notant que les frais semblent avoir significativement diminué. Il demande au Directeur général d’en apporter la confirmation. 58 M. Jouyet confirme que les frais de conseil et de consultants ont été considérablement réduits. Toutefois, comme l’a souligné M. Borotra, il est important de vérifier que ces honoraires sont correctement répartis afin d’éviter que certains prestataires n’aient trop d’influence. Concernant les critères d’élaboration des programmes d’audit, M. Jouyet indique que, sans tomber dans une vision par trop systématique et quantitative, comme l’a souligné M. Ophèle, l’audit doit porter sur les points forts et identifier les dysfonctionnements. Dans cette optique, la Direction générale et la Commission de surveillance doivent être associées à la programmation et au suivi de l’Audit. Il est impératif de progresser dans ce domaine. A ce titre, M. Jouyet rejoint l’analyse de M. Bavagnoli sur la nécessité d’élaborer une gouvernance particulière pour les conventions réglementées et sur l’importance d’éviter les conflits d’intérêts entre les filiales et le Groupe et entre les filiales elles-mêmes. Mme Louradour se propose de répondre aux différentes questions qui ont été soulevées. Tout d’abord, elle estime qu’il n’est pas surprenant que, concernant la problématique de l’organisation de l’Audit, il n’existe pas de réponse définitive dans la mesure où les besoins de l’Audit varient avec l’évolution du Groupe, de sa taille, et des différents risques qui apparaissent au fil du temps. A titre d’exemple, la récente mise en place d’un contrôle de deuxième niveau dans les Directions régionales entraînera une diminution de l’intervention de l’Audit central dans le réseau, avec désormais une seule mission par an au lieu de deux jusqu’à présent. Dans le même temps, la Direction de l’Audit fera au contraire en sorte d’être très présente dans le suivi de la BPI puisqu’il s’agit d’une structure nouvelle qui mobilise la moitié des fonds propres de la Caisse des Dépôts. En somme, l’organisation de l’Audit est forcément évolutive. Son dimensionnement est certes largement inférieur à celui du monde bancaire (1 %) et très supérieur à celui du secteur procès-verbaux industriel (1/1 000), mais cette situation s’explique logiquement par le fait que la Caisse des Dépôts n’est, ni une banque, ni une industrie. Le seul engagement qu’il est possible de prendre est de donner l’assurance que les 25 auditeurs suffisent pour réaliser le plan annuel. Quant à la question de savoir s’il faut préférer une organisation fonctionnelle ou une organisation hiérarchique de la filière d’audit, Mme Louradour signale que ce sujet suscite actuellement des débats, y compris dans le monde bancaire, où les réseaux mutualistes optent pour une organisation fonctionnelle, alors que les banques intégrées privilégient une structuration hiérarchique de leur Audit. Compte tenu de la diversité de ses missions, la Caisse des Dépôts n’a peut-être pas intérêt à mettre en place un réseau hiérarchique d’Audit. La filière fonctionnelle est la plus adaptée et censée, elle permet de mieux partager les méthodologies (réunions périodiques sur l’élaboration du plan annuel, charte, etc.). Chaque novation décidée par une Direction est donc partagée avec les autres par le biais du dialogue et de l’adhésion. Pour ce qui concerne la certification, Mme Louradour indique qu’elle a lancé une réflexion à ce sujet suite au CECR du 20 février 2014. D’après les premières analyses, il apparaît que la certification IFACI est effectuée largement dans le secteur de l’assurance (ce qui explique le fait que CNP Assurances soit certifiée), alors qu’elle est moins fréquente dans le monde bancaire. Avant de prendre une décision, il convient d’évaluer la charge que représente une telle démarche. En outre, l’audit comportant par nature une certaine lourdeur procédurale et des fonctions très normées et documentées, l’inconvénient d’une certification pourrait être d’ajouter une structuration de normes supplémentaires. Néanmoins, cette réflexion est ouverte et une réponse plus argumentée sera fournie lors d’une prochaine séance. S’agissant des missions concernant BPI, Mme Louradour confirme que l’audit va certes porter sur le modèle de garanties, mais elle précise qu’il est également prévu d’analyser les investissements à travers deux missions déjà planifiées, l’une sur la gestion des participations et l’organisation du middle office et du back office et l’autre sur le processus d’investissement de la BPI. Ces interventions sont inscrites au plan d’audit et elles ont été acceptées par M. Dufourcq et par l’ensemble de la BPI. Toutefois, pour que l’audit se déroule dans de bonnes conditions, il faut que la maturité des processus et des procédures soit suffisante. Pour l’instant, il est encore trop tôt, car la BPI est en train de réorganiser ses activités d’investissement. En réponse à la question sur les liens avec les commissaires aux comptes, Mme Louradour fait savoir qu’elle entretient avec eux des relations très régulières. Elle signale qu’elle leur transmet notamment les conclusions des missions effectuées (assorties, évidemment, d’un engagement de confidentialité) afin d’éviter qu’ils n’interviennent sur des sujets qui ont déjà été audités en interne. Le plan d’audit est donc partagé avec les commissaires aux comptes, et ces derniers transmettent, de leur côté, leur revue intérimaire, ce qui permet de travailler en subsidiarité. Concernant les systèmes d’information, Mme Louradour confirme qu’elle dispose d’une petite équipe d’informatique, qui réalisera deux missions spécifiques, l’une sur les métiers de la production informatique (directement chez Informatique CDC) et l’autre sur la sécurité informatique (sites intranet, tests d’intrusion, habilitations, etc.). En outre, le volet IT a été enrichi dans le plan quadriennal suite aux discussions qui ont eu lieu au sein de la Commission de surveillance. Au sujet du "contrôle du contrôleur ", Mme Louradour indique que tout le monde contribue au contrôle, notamment la Commission de surveillance à travers ses remarques. De la même manière, les audités contrôlent eux aussi l’Auditeur. En effet, compte tenu du temps que les Directions consacrent à répondre aux questions et à fournir les pièces demandées, 59 elles n’hésiteraient pas à s’adresser au Directeur général si elles estimaient que l’Audit n’était pas pertinent ou qu’il ne leur apportait rien. En outre, l’Audit est également très contrôlé par l’ACPR et par la Cour des comptes. Enfin, Mme Louradour conclut en signalant que la hiérarchisation des quelques 1 700 recommandations qui ont été formulées au niveau du Groupe est en train d’être modifiée. D’ores et déjà, le rapport a été allégé en supprimant la partie consacrée aux suggestions. De même, les comités de suivi des recommandations clôturent régulièrement les sujets qui ne sont plus d’actualité. L’objectif est que le niveau de mise en œuvre soit suffisant pour que l’ensemble du stock de recommandations soit renouvelé chaque année. M. Emmanuelli remercie Mme Louradour pour sa présentation et les réponses apportées aux questions posées par les membres de la Commission de surveillance. M. Jouyet remercie les membres de la Commission de surveillance pour leurs observations et avant d’aborder le point suivant, suggère au Président de la Commission de surveillance, qui accepte, de traiter successivement les points 3 et 7 puisqu’ils sont tous deux présentés par Mme Gilly. 3 – Bilan2013etperspectives2014 de la Direction des services bancaires Mme Gilly propose de passer d'abord en revue les aspects financiers, puis les réalisations opérationnelles de 2013 et, enfin, les principales perspectives pour 2014. En 2013, les dépôts ont affiché une baisse significative de 2,4 milliards d’euros, mais leur diminution a finalement été moins prononcée par rapport aux 4 milliards d’euros anticipés. En outre, la réduction des dépôts ne s’est pas répartie comme prévu puisque ce sont les dépôts de la Sécurité sociale qui ont le plus reculé, alors que les dépôts juridiques ont moins diminué en raison d’une amélioration du marché 4e séance - 5 mars 2014 relevédeconclusionsdelacommission desurveillancesurl'auditinterne : rapportd'activité2013etprogramme2014 Lors de sa séance du 5 mars 2014, la Commission de surveillance, sur la base des travaux très détaillés du Comité d'Examen des Comptes et des Risques (CECR) du 20 février 2014, a relevé que : • le dimensionnement de l'Audit interne est suffisant pour couvrir le périmètre Groupe et que l'articulation, avec le service d'inspection de la BPI a été organisée. La Commission de surveillance attire l'attention de l'Audit sur un suivi plus particulier de l'activité investissement de la BPI pour la priorisation de ses missions ; • le nombre des missions, 136 en 2013 pour le Groupe, 38 pour l'audit central est important. La Commission de surveillance suggère de prioriser l'importance des missions et partage le souci de l'Audit du suivi des recommandations, notamment celles concernant le modèle prudentiel ; La Commission de surveillance a souhaité attirer l'attention de la Direction générale sur trois dossiers, plus particulièrement : 1. la Direction de l'Audit a préconisé des recommandations sur la Direction de la Communication. La Commission de surveillance souhaite être tenue informée du suivi de ces recommandations qui portent sur l'intégration, la gouvernance et la mutualisation de la communication au sein de la Caisse des Dépôts. 2. La Commission de surveillance a découvert, à l'occasion de la présentation du service de l'Audit, les pertes de la SAS Paris Macdonald, ainsi que leur répartition entre Icade et l'Établissement public. Ce constat milite pour une gouvernance particulière des dossiers d'investissement, réalisés en partenariat avec les filiales. La Commission de surveillance souhaite dorénavant qu'ils soient examinés en Comité d'Investissement. Elle rappelle que quelques lignes, dans un rapport dense de la DDTR, ne constituent pas une information lui permettant d'exercer correctement sa surveillance et réitère la demande d'une revue détaillée du portefeuille de participations de la DDTR (environ 900), afin d'en mesurer les risques et la rentabilité. Elle souhaite également être informée des règles de gestion sur ce portefeuille. 3. Le suivi des filiales donne lieu à un examen davantage tourné vers la stratégie, les risques financiers et les résultats, comme l'a demandé la Commission de surveillance. 60 immobilier par rapport à l’année dernière à la même époque. Pour la période à venir, la diminution des dépôts s’accélérera en 2014, avec une diminution estimée à 4 milliards d’euros, principalement dans les dépôts juridiques et notariaux suite à la baisse prévisible du marché immobilier de 10 % en volumes. Ensuite, entre 2015 et 2018, le montant des dépôts devrait s’établir et se stabiliser entre 42,5 et 43,5 milliards d’euros. C’est l’occasion de souligner que la Direction des services bancaires contribue aux dépôts stables de la Section générale aux travers des dépôts juridiques. Le deuxième élément important dans l’activité de la Direction des services bancaires est l’évolution de ses coûts complets de gestion. En 2012, ils se sont élevés à 262 millions d'euros. Pour 2013, leur montant définitif n’est pas encore connu. Il est important de noter que 50 % de ces coûts sont en réalité des facturations, ce qui montre que la Direction des services bancaires a une fonction d’assembleur puisqu’elle se repose, en externe, sur le réseau DGFiP et, en interne, à la Caisse des Dépôts, sur les autres directions dont les facturations analytiques sont très significatives puisqu’elles prennent en charge de nombreuses activités pour le compte de la Direction des services bancaires. En mesurant l’évolution de ces coûts sur une longue période, il apparaît que le rapport entre le coût de gestion complet et les dépôts est passé de 0,65 % en 2003 à 0,52 % en 2013. Cette tendance s’explique par le fait que, jusqu’à présent, le montant des dépôts était plutôt élevé. En revanche, compte tenu de l’anticipation à la baisse des dépôts dans les années à venir, la proportion entre les coûts de gestion et les dépôts retrouvera son niveau de 2003, soit environ 0,65 %. Actuellement, la Direction des services bancaires cherche à optimiser ces coûts en rationalisant ses filières de traitement (virements, titres, chèques, prêts) et en dématérialisant les opérations de ses clients. Ces travaux d’optimisation se traduisent essentiellement par une baisse des effectifs du réseau DGFiP, puisque ce dernier est en contact avec les clients et qu’il réalise les opérations avec eux. D’ores et déjà, entre 2010 procès-verbaux et 2012, les effectifs de la DGFiP affectés à l’activité des préposés ont été diminués de 16 %. Toutefois, en raison d’un effet prix défavorable lié au GVT et à l’alimentation d’un système analytique de compte d’affectation pour les pensions, cette réduction se traduit finalement par une baisse de seulement 7 % en valeur. A l’horizon de 2015, les projections d’effectifs reposent sur la poursuite de ces travaux de rationalisation et sur la réorganisation de l’activité des préposés dans le réseau DGFiP. Au total, la réduction d’effectifs affectés à l’activité des préposés devrait atteindre 35 % entre 2010 et fin 2015. Cette évolution permet de maîtriser actuellement les coûts de la DGFiP, et d’ouvrir la possibilité de réaliser des économies dans la future convention qui démarrera à compter de 2016. Un autre élément fondamental dans l’activité de la Direction des services bancaires est la marge analytique. Celleci équivaut à l’écart entre, d’un côté, le prix de vente à la Direction financière des ressources collectées (taux de marché d’émission) et, de l’autre, le taux auquel la Direction des services bancaires rémunère les ressources qu’elle collecte qui se traduit par les intérêts qu’elle verse aux déposants. Le taux auquel la Direction des services bancaires apporte ses ressources à la Direction financière ne reflète pas le taux de placement par la Direction financière des ressources que la Direction des services bancaires lui apporte. M. Emmanuelli en déduit qu’il s’agit d’un taux interne. Mme Gilly le confirme. Elle précise que ce taux mesure si le prix global de la ressource de la Direction des services bancaires équivaut à un taux de marché d’émission. Cette ressource n’a pas la même consistance qu’une ressource de marché puisqu’il s’agit de dépôts réglementés, beaucoup plus stables, qui contribuent à l’indépendance financière de la Section générale. Sur la base de cette règle, qui sert en réalité à mesurer la performance de la collecte de la Direction des services bancaires par rapport à un taux de marché, il ressort que la marge affectée à la Direction des services bancaires sera en forte baisse au cours des années à venir. La raison en est que la Direction des services bancaires doit réduire le plus possible les taux d’intérêts qu’elle verse à ses clients, ce qui a été réalisé en mettant de nombreux taux à 0 %. En revanche, sur les taux réglementés, les plus bas niveaux historiques ont été atteints, soit environ 1 %, ce qui porte à 0,8 % la moyenne de la rémunération sur les dépôts. Cependant, le taux auquel la Direction des services bancaires vend la ressource à la Section générale est passé de 2,19 % en 2012 à 1,59 % en 2013. En 2014, ce taux baissera encore pour atteindre 1,23 %. Cette forte diminution de la rémunération analytique versée par la Direction financière entraîne mécaniquement une dégradation de la marge par rapport aux intérêts versés aux clients. Elle passe de 500 millions d'euros en 2012 à 260 millions d'euros en 2013 et à 100 millions d'euros en 2014. Toutefois, les projections jusqu’à 2018 montrent que cette marge remontera au fur et à mesure de la hausse des taux pour retrouver un niveau qui permettra alors de recouvrir les charges. Au total, en agrégeant les intérêts versés aux clients et les coûts de gestion, le coût global de la ressource de la Direction des services bancaires est supérieur de 0,35 % au coût d’une ressource de marché équivalente. Cette situation est la conséquence de la disparition de la rente des notaires, qui constituait une ressource dont le prix était très inférieur à celui d’une ressource de marché, et qui possédait une consistance bien meilleure puisqu’elle fournissait une certaine indépendance à l’Établissement. Aujourd’hui, cette indépendance financière existe toujours, mais son coût est légèrement supérieur au coût de marché. Cette situation est toutefois réversible. Historiquement, cette rente a fait partie de la constitution des fonds propres de la Caisse des Dépôts. La tendance qui prévaudra pendant les trois ou quatre prochaines années est, en réalité, tout à fait atypique par rapport à l’histoire globale de ces dépôts. 61 Mme Gilly poursuit en présentant les réalisations opérationnelles de 2013, en insistant sur les actions qui ont été engagées en matière de réforme sur les moyens de paiement. La première réforme a consisté à mettre en place l’obligation de paiement par virement pour les notaires et, simultanément, à réformer la filière chèques. Quatre chiffres illustrent l’ampleur de ces évolutions. Premièrement, pas moins de 160 milliards d’euros de flux de paiements ont été déplacés des chèques vers les virements, ce qui se traduit dans les statistiques de la Banque de France sur les paiements nationaux. Au travers de cette opération de très grande envergure, la Direction des services bancaires contribue à la modernisation de la place de Paris vers une dématérialisation des paiements. Deuxièmement, l’obligation de virement a permis de générer un supplément de dépôts d’environ 500 millions d’euros. Il est lié au float positif engendré par le virement puisque les notaires demandent la réception des fonds quelques jours avant la signature des contrats, alors qu’auparavant, les chèques étaient remis au notaire le jour de la conclusion. Troisièmement, la disparition du float négatif sur les chèques engendre une économie globale de 1,8 million d'euros par an. En effet, lorsque le notaire remettait le chèque, il était immédiatement crédité des fonds et rémunéré à 1 %, alors que les fonds en question n’avaient pas encore été recouvrés sur la place. Avec la suppression du chèque, cet effet négatif n’existe plus à présent. Quatrièmement, la réforme de la filière chèques entraînera un gain en effectifs de 70 ETP dans le réseau DGFiP à la fin de l’année 2014, soit une économie supérieure à 4 millions d’euros qui pourra être valorisée dans la future convention. Deux autres réformes liées à un objectif de conformité ont été réalisées en 2013 : la première a été la mise en place des moyens de paiement européens et l’accompagnement des clients au cours de cette migration ; la seconde a consisté à instaurer un circuit banalisé 4e séance - 5 mars 2014 pour le paiement de la dotation globale aux hôpitaux, effectué pour le compte de l’Acoss, ce qui permet de placer ces flux de 50 milliards d’euros sous le contrôle du Caissier général, alors qu’ils ne l’étaient pas auparavant. La première réforme (SEPA) a occasionné de nombreuses difficultés techniques et informatiques dans les banques pour ajuster la performance de leurs systèmes d’information. Après six mois de difficultés, la Direction des services bancaires estime aujourd’hui avoir réussi à relever ce défi. En outre, quelques dysfonctionnements ont été constatés au démarrage, car certains acteurs importants de la place n’ont pas respecté les engagements qu’ils avaient pris de mettre en place des processus de régularisation rapides en cas d’erreurs. La Direction des services bancaires a elle-même été victime de ces difficultés puisque, suite à un incident grave survenu au mois d’octobre, elle essaie encore actuellement de recouvrer 300 000 euros. Ces problèmes de recouvrement proviennent du fait que La Banque Postale et le Crédit Agricole n’avaient pas de procédures normalisées de régularisation et de rappel de fonds en cas d’erreur. Ces engagements ont été rappelés dans les comités de place. Désormais, ces établissements devraient se mettre assez rapidement en conformité. Malgré ces problématiques, l’opération SEPA a bien progressé, puisque 85 % des clients ont maintenant migré et qu’ils sont globalement satisfaits de l’accompagnement de la Direction des services bancaires. Mme Gilly évoque ensuite les perspectives pour 2014 en annonçant que cette année sera particulièrement riche pour la Direction des services bancaires. Tout d’abord, la phase d’achèvement du programme de transformation Horizon 2015 se profile. M. Emmanuelli note que les résultats de ce programme ne sont pas très encourageants. Mme Gilly souligne qu’il est malheureusement impossible de maîtriser le niveau des dépôts des notaires, ni les taux de marché. En 2014, la Direction des services bancaires sera donc très mobilisée puisqu’elle déploiera une nouvelle organisation territoriale de l’activité des préposés à l’intérieur de la DGFiP, ce qui constituera la dernière étape de la réforme d’efficacité. Cette décision fait suite aux conclusions très positives d’une expérimentation, conduite en 2013, qui a validé la pertinence de s’engager dans cette voie. La réforme possédera une forte dimension logistique puisqu’il faudra créer des centres de services bancaires dans cinq villes, où seront regroupées toutes les activités de middle office qu’exerce la DGFiP pour le compte de la Direction des services bancaires, et qui se trouvaient auparavant dans tous les départements français. M. Emmanuelli souhaite savoir qui de la DGFiP ou de la Direction des services bancaires est à l’initiative de cette réforme. Mme Gilly répond qu’il s’agit d’une décision conjointe. D’un côté, la Direction des services bancaires milite pour une rationalisation de cette organisation. De l’autre, la DGFiP demande, elle aussi, une telle réorganisation du fait qu’elle facilite sa réduction d’effectifs. Il s’agit donc d’une opération gagnant-gagnant, elle permettra à la Direction des services bancaires de réaliser des économies et d’assurer la continuité de service, et à la DGFiP de diminuer ses effectifs. Cette opération sera également très conséquente en termes d’accompagnement, dans la mesure où il faudra former les 150 collaborateurs qui occuperont ces futurs centres de services bancaires à partir de l’automne 2014. Mme Gilly poursuit en annonçant que le deuxième chantier, très important en 2014 dans le cadre de la fin d’Horizon 2015, sera l’achèvement de la refonte du système informatique bancaire, avec une mise en service au cours du second semestre de l’année. Le lancement était initialement prévu au premier semestre, mais il a dû être reporté en raison de la complexité 62 des ajustements sur la performance du nouveau système informatique. Les formations des collaborateurs ont d’ores et déjà commencé, ils semblent très bien accepter le nouveau système et ils le trouvent adapté à leur activité. En outre, des tests de sécurité sur les nouveaux développements ont été réalisés pour vérifier qu’ils résolvent bien toutes les failles de sécurité qui existaient auparavant. En dehors de ces deux opérations liées à Horizon 2015, Mme Gilly indique que la Direction des services bancaires poursuivra également d’autres actions sur les mandats et la fiducie, dans la perspective de la mise en place du Fonds National de Garantie de la Rénovation Thermique, prévue en 2014. La Direction des services bancaires se trouve également dans une phase de rationalisation des mandats qu’elle gère, dont l’équilibre est remis en cause par la réduction des marges bancaires. En effet, sur les quelques 10 millions d'euros de dépenses annuelles sur ces mandats, 20 % étaient couverts par les marges bancaires. Dans un certain nombre de cas, la disparition de ces marges met en cause nos équilibres économiques. Enfin, Mme Gilly conclut en évoquant deux grandes nouvelles perspectives pour la Direction des services bancaires. La première concerne les éventuels nouveaux mandats sur les fonds en déshérence. Il s’agit là d’un élément majeur de la mise en œuvre du plan stratégique du groupe Caisse des Dépôts dans la mesure où cette nouvelle mission de très grande envergure rejoint l’activité historique du Groupe, qui est d’assurer la sécurité des fonds privés. Depuis le début des années 2000, la Direction des services bancaires ne s’était pas vue attribuer un mandat de grande envergure comme celui-ci. Cette évolution fournira également une ouverture vers le grand public puisque, selon les estimations de la Cour des comptes, des millions de comptes seraient clos par les banques et transférés à la Caisse des Dépôts. D’après les discussions actuelles, il semble que cette nouvelle obligation serait mise en œuvre au début de l’année 2016. procès-verbaux La seconde perspective importante pour 2014 est le renouvellement de la convention de partenariat avec le notariat, d’une durée de quatre ans, qui définit les actions financées par la Caisse des Dépôts (convention ELAN). Les montants et les méthodes de suivi (objectifs, évaluation, etc.) devraient être reconduits dans la continuité par rapport à la convention actuelle. M. Emmanuelli souhaite savoir si le montant sera modifié. Mme Gilly indique que le montant n’a pas évolué depuis 2007. La Direction des services bancaires a beaucoup argumenté avec les notaires pour que le niveau de la subvention soit indépendant des grandeurs financières et des niveaux des dépôts. En effet, historiquement, les notaires estimaient qu’ils devaient représenter 1/1 000ème du niveau des dépôts. Si le montant avait évolué, la situation serait aujourd’hui beaucoup plus problématique avec des dépôts à 23 milliards d’euros. Depuis 2007, une sorte de modus vivendi a donc été adopté en choisissant de stabiliser le montant. En 2014, le but de la négociation avec les notaires sera de faire en sorte que les objectifs de la nouvelle convention soient en concordance avec les grands axes stratégiques d’intérêt général de la Caisse des Dépôts. Les discussions avec les notaires portent notamment sur la prise en compte, dans la convention, de la préparation de la population au vieillissement. En effet, les notaires étant intéressés par le viager, ils peuvent représenter un réseau de diffusion extrêmement important. De même, ils peuvent aussi accompagner le vieillissement s’ils promeuvent le récent dispositif juridique français intitulé "mandat de protection future ", par lequel tout un chacun peut donner des instructions au notaire pour définir les conditions dans lesquelles il sera encadré le jour où il perdra ses moyens. Compte tenu du vieillissement de la population et du développement de la maladie d’Alzheimer, ces dispositifs permettent à n’importe quelle personne d’organiser elle-même son vieillissement sans recourir à la justice. Un autre axe de coopération concernera le rapprochement avec les collectivités territoriales. En effet, les notaires constituant un réseau juridique de proximité très efficace, ils ont la capacité de travailler pour les collectivités locales et de diffuser le droit au plus près de l’ensemble des personnes physiques en s’appuyant sur leurs 4 500 études et sur leurs nombreux bureaux annexes. Enfin, un troisième axe sera l’innovation en matière de services au bénéfice des clients du service public, puisque les notaires ont la capacité de proposer de multiples services dématérialisés. En particulier, ils envisagent d’offrir à leurs clients un espace de stockage gratuit dans lequel ils pourraient déposer tous leurs actes, ainsi que différentes applications utiles au quotidien ; ce que M. Jouyet considère comme une grande réforme. En conclusion, Mme Gilly souligne que la Direction des services bancaires se trouve dans une période de grands changements, avec des projets aux enjeux très lourds qui mobilisent très fortement les collaborateurs. Dès lors, la qualité du management et les thématiques liées à la qualité de vie au travail feront l’objet d’une attention particulière pour accompagner, au plus près, l’ensemble des équipes de la Direction des services bancaires. M. Emmanuelli remercie Mme Gilly pour sa présentation et demande quelques précisions sur les fiducies. Mme Gilly indique que la Direction des services bancaires assure deux types de missions. D’une part, en tant que membre de l’Association Française des Fiduciaires, elle promeut la fiducie sur la place. Pour l’instant, elle possède 43 mandats, dont moins d’une dizaine de fiducies. Il ne s’agit donc pas encore d’un processus industriel, mais plutôt d’une activité sur mesure. D’après le dernier bilan en date, la fiducie représentait environ 4 milliards d’euros de capitaux sur l’ensemble de la place. Par rapport à ce volume, la Direction des services bancaires est un acteur modeste puisqu’elle ne possède qu’une trentaine de millions d'euros. Des opérations de grande ampleur ont été réalisées, notamment la vente du stock de pétrole de Petroplus, mais la Caisse des Dépôts n’y a pas participé. Jusqu’à 63 présent, elle a plutôt contribué à des fiducies qui garantissent les droits de salariés avant que leur société ne se trouve en difficulté. Ce fut le cas, par exemple, pour LyondellBasell – filiale française d’une entreprise américaine en situation délicate –, dont les salariés craignaient qu’une procédure ne touche l’entité française. Cette dernière a donc confié les liquidités en fiducie à la Caisse des Dépôts pour garantir les plans de reclassement des salariés si jamais elle était atteinte par la dégradation de la situation de sa maison mère. M. Emmanuelli souhaite savoir si ce système de fiducie présente un intérêt pour les notaires. Mme Gilly constate que les notaires sont, pour le moment, assez peu impliqués dans cette activité. En effet, étant donné qu’ils n’ont pas souhaité avoir la qualité de fiduciaire, ils peuvent certes intervenir en tant que conseils, mais ils n’ont pas la possibilité de réaliser eux-mêmes les opérations. Quant aux avocats, qui ont réclamé le statut de fiduciaires, ils n’en effectuent pas beaucoup. Cette activité est essentiellement proposée par les banques comme le Crédit Agricole CIB sous la forme de crédits structurés. M. Houri demande si ce partenariat très ancien avec les notaires, qui est sans doute très solide, est malgré tout susceptible d’être remis en cause ou de faire l’objet de convoitises, par exemple de la part des banques. En outre, il s’interroge sur l’existence d’éventuels gisements de dépôts à l’échelle de la France ou de l’Europe. Par ailleurs, il souhaite savoir si la Direction des services bancaires mène des actions de marketing et de politique commerciale. De plus, il note que les fonds propres de 20 milliards d’euros évoluent peu alors que les dépôts de 42 milliards d’euros sont en baisse. Or, il apparaît que la variation des taux – qu’elle soit à la hausse ou à la baisse – est un facteur pénalisant. Compte tenu de la rigidité des dépôts, cette situation peut être jugée quelque peu inquiétante. Enfin, il estime qu’il serait intéressant de connaître l’impact de la baisse des dépôts sur les comptes de la Section générale. 4e séance - 5 mars 2014 M. Goua note que l’activité de la Direction des services bancaires se trouve en période de forte mutation. Dès lors, il s’étonne que ces évolutions n’aient pas été discutées au sein de la Commission de surveillance, ni examinées par le CECR. M. Ophèle attire l’attention sur le fait que l’environnement actuel est marqué par des taux structurellement très bas. Dans ce cadre, la rémunération à 1 % du dépôt des notaires se traduit mécaniquement par un déficit. M. Emmanuelli demande si ce taux est imposé par la loi. M. Ophèle répond qu’il s’agit d’un choix historique. Mme Gilly précise que le taux a été fixé en 1892. Il est défini par un arrêté du Directeur général, sur avis de la Commission de surveillance, avec l’approbation du Ministre de l’Economie et des Finances. M. Ophèle rappelle que, pendant longtemps, la Caisse des Dépôts a tiré avantage de ce taux lorsqu’il était très faible. Aujourd’hui qu’il est élevé, il serait hâtif de demander sa modification. M. Goua ajoute qu’une révision du taux risquerait d’attiser la convoitise les banques. C’est ce qui s’est d’ailleurs produit pour la CARPA, c'est-à-dire les dépôts d’avocats, qui sont aujourd’hui totalement banalisés. M. Jouyet partage cette analyse. Il rappelle qu’à une certaine période, les dépôts des notaires n’étaient pas un monopole de la Caisse des Dépôts, le Crédit Agricole jouait un rôle. M. Ophèle, tout en reconnaissant qu’il est trop tôt pour envisager une modification du taux, estime toutefois qu’il faudrait réexaminer la situation si cette tendance devait perdurer. En effet, la Commission de surveillance ne peut pas se contenter d’une situation déficitaire sur le long terme, même si l’avantage indirect est l’indépendance vis-à-vis du marché. En outre, M. Ophèle souhaite mettre en évidence le fait que la Caisse des Dépôts, en tant que banque de flux, évolue dans une industrie lourde en termes d’informatique et de traitement. Compte tenu de l’évolution continue des normes, il faut en permanence adapter les systèmes et générer des volumes suffisamment importants pour réaliser des économiques d’échelles. La sensibilité de cette activité s’est d’ailleurs manifestée à l’occasion du passage au SEPA, au cours duquel une banque comme le Crédit Agricole a rencontré les plus grandes difficultés, car elle ne possédait pas les procédures qu’elle s’était engagée à mettre en œuvre en signant l’accord de place de 2011. A cet égard, M. Ophèle rappelle que le fait de débiter une personne au motif qu’elle a été indûment créditée suppose, normalement, de lui demander son autorisation préalable. M. Emmanuelli ne voit pas en vertu de quel fondement juridique un débit suite à un crédit erroné serait soumis à un accord préalable du client. M. Ophèle maintient que l’accord de la personne est requis avant tout prélèvement, même si elle a été créditée par erreur. Le Crédit Agricole, en n’appliquant pas les dispositions de l’accord, s’est retrouvé tout à fait pénalisé, d’autant qu’il a émis de nombreux virements en double ou en triple. Cette situation est très gênante dans la mesure où elle a des incidences commerciales. Plus largement, M. Ophèle estime que de nombreux jalons importants sont à venir dans l’activité de flux, notamment à travers la révision du partenariat avec Natixis, le traitement des virements internationaux, les opérations sur cartes et, surtout, la monnaie électronique. A l’occasion de ces projets, les équipes de la Caisse des Dépôts seront particulièrement sollicitées et les systèmes d’information devront évoluer de manière significative, ce qui supposera des investissements conséquents. Comme le montre l’exemple du Crédit Agricole, le niveau de qualité devra être élevé. Sinon, les conséquences pourraient être extrêmement douloureuses. 64 Mme Gilly propose de répondre aux différentes questions qui ont été soulevées. En premier lieu, elle confirme que le partenariat avec les notaires est solide, notamment grâce à une communauté de vues et d’intérêts très étroite entre le notariat et la Caisse des Dépôts. Seule une remise en cause du statut du notariat en tant que tel pourrait fragiliser cette relation. En effet, toute la construction de la réglementation des dépôts repose grandement sur le fait que les officiers publics et ministériels, qui agissent sous le sceau de l’État, doivent déposer les fonds dans une institution publique qui en garantit la restitution en toute neutralité. C’est la raison pour laquelle la Caisse des Dépôts est extrêmement vigilante à toutes les évolutions susceptibles de modifier le statut des notaires. A cet égard, ces derniers ont obtenu, contre toute attente et avec l’aide du gouvernement, le fait d’être exclus de la directive sur la qualification professionnelle dans laquelle la Commission Européenne voulait les inclure. Ce sujet fait l’objet de la plus grande attention, d’autant que les tentatives de remise en question du statut du notariat sont récurrentes, en particulier de la part des avocats. Comme l’ont montré les réactions des notaires dans la presse la semaine dernière, la période qui s’annonce sera agitée et les dissensions entre avocats et notaires seront de plus en plus intenses dans les semaines et les mois à venir. Face à cette situation, la Caisse des Dépôts promeut beaucoup son système de droit à l’étranger dans le but de montrer qu’il n’a pas seulement une valeur francofrançaise, mais qu’il est aussi précieux dans les pays en voie de développement. A titre d’exemple, la Chine, qui a instauré un système de notariat très important, possède aujourd’hui plus de notaires que la France. De même, la Caisse des Dépôts mène des actions à l’échelle européenne pour que certains pays entrants reviennent aux systèmes notariaux qu’ils connaissaient avant l’ère communiste. L’objectif de ces initiatives est de montrer que le statut notarial est moderne et qu’il ne s’agit pas d’une "vieille lune ". La preuve en est que procès-verbaux d’autres pays adoptent aujourd’hui ce statut, car ils y trouvent des avantages certains en matière de politique publique. La Caisse des Dépôts ne mène aucune politique commerciale vis-à-vis des dépôts concurrentiels, elle limite son mode de développement aux mandats publics. Concernant les gisements de dépôts, Mme Gilly indique que plusieurs possibilités peuvent être envisagées. L’une d’elles concerne les agents immobiliers, qui ont actuellement tendance à déléguer aux notaires le maniement des fonds et les garanties d’avant-vente, étant donné que les banques rémunèrent beaucoup moins bien les dépôts. De même, la Caisse des Dépôts pourrait s’intéresser aux fonds des syndics de copropriété, qui posent de nombreuses questions en matière de contrôle. Enfin, les fonds en déshérence constitueront également un gisement de dépôts conséquent. Pour ce qui est de l’approche commerciale, Mme Gilly explique que la Direction des services bancaires définit sa politique d’offre de produits et de services à partir de l’observation des besoins de ses clients. Toutefois, il ne s’agit pas à proprement parler d’une démarche commerciale : les offres de la Caisse des Dépôts étant axées sur la transparence et l’efficacité, elles s’apparentent plutôt à de l’accompagnement et à du conseil aux clients, ce qui est cohérent avec la volonté de ne pas s’attaquer aux dépôts concurrentiels. Sur la question de l’impact des taux, Mme Gilly confirme que les dépôts ont tendance à se réduire lorsque les taux montent, puisque le coût de l’achat immobilier est plus élevé. En revanche, la hausse des taux présente aussi un avantage dans la mesure où elle permet de dégager des marges très significatives. En outre, dans les perspectives actuelles de très faibles taux, le volume de dépôts reste tout de même très élevé. Malgré la crise, les dépôts totalisent encore 23 milliards d’euros, contre 13 milliards d’euros lorsque le monopole a été décidé au début des années 2000. Le volume des dépôts se maintient donc malgré l’environnement économique défavorable. Concernant la remarque de M. Goua sur l’information des instances, Mme Gilly rappelle que les opérations de transformation et les perspectives de la Direction des services bancaires ont été présentées l’année dernière. A cette occasion, l’ensemble du plan de transformation avait d’ailleurs été transmis. Ces évolutions sont peut-être plus apparentes et concrètes aujourd’hui dans la mesure où les phases finales de réalisation sont en train d’être lancées. Sur la question du taux de 1 %, Mme Gilly précise que les prévisions économiques à l’horizon de 2018 laissent attendre une remontée des taux. Pour l’instant, la situation actuelle est donc conjoncturelle. Cela dit, si cette tendance devait perdurer, il faudrait alors probablement se poser certaines questions. A ce sujet, Mme Gilly tient à souligner que le fait de ne pas couvrir les coûts de gestion ne signifie pas, pour autant, qu’il existe une perte. En effet, le taux de replacement de la Direction financière est, bien entendu, largement supérieur au taux auquel elle achète la ressource, c'est-à-dire des taux d’OAT les plus bas possibles. D’une certaine manière, la Direction financière ajuste le prix d’achat des ressources sur le prix du marché. Il s’agit donc d’un challenge pour la Direction des services bancaires, mais l’Établissement ne perd évidemment pas cet argent. Si la Caisse des Dépôts devait aller sur les marchés financiers pour emprunter l’équivalent des dépôts, elle le ferait à un taux beaucoup plus élevé, en raison de ses 20 milliards d’euros de fonds propres, ses 100 milliards d’euros de bilan, et son effet de levier gigantesque. Enfin, Mme Gilly confirme que la Direction des services bancaires gère une industrie lourde en termes de moyens de paiement. Pour pallier cette contrainte, elle recherche le plus de mutualisations possibles avec la sphère publique. Ainsi, la réforme de la filière chèques 65 a été conduite en mettant en place des services communs avec la DGFiP, qui traitent, à la fois leurs propres chèques et ceux de la Caisse des Dépôts. Dans le domaine des virements, un GIE a été créé avec la Banque de France (Victoires Paiements) pour traiter les virements de petits montants. De même, dans le cadre de la rénovation des futures offres (monétique, virements de gros montants, etc.), la Direction des services bancaires préfère rechercher des mutualisations nouvelles avec des partenaires publics, plutôt que de lancer un appel d’offres sur le marché pour sous-traiter ces activités à des banques. Mme Gilly signale qu’elle a d’ailleurs rencontré la Directrice des services bancaires de la Banque de France la semaine dernière pour discuter des possibilités de mutualisation sur ces sujets. De son côté, la DGFiP est également très favorable à de telles mises en commun de moyens. M. Emmanuelli demande combien de comptes chèques sont gérés par la Direction des services bancaires. Mme Gilly indique que la Direction des services bancaires en possède seulement 50 000. Toutefois, elle traite plus de 250 millions de flux chaque année. M. Emmanuelli souhaite savoir qui possède des chéquiers Caisse des Dépôts. Mme Gilly répond que tous les clients peuvent potentiellement avoir des chéquiers Caisse des Dépôts, en particulier les notaires. M. Emmanuelli demande si c’est également le cas pour certains particuliers. Mme Gilly répond par la négative. En revanche, les agents du Groupe peuvent posséder un chéquier Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli suppose que la Caisse des Dépôts aurait sans doute un certain succès si elle proposait des chéquiers aux particuliers. Mme Gilly le concède. En revanche, elle avertit que les banques seraient sans doute mécontentes. Si la Caisse 4e séance - 5 mars 2014 des Dépôts se lançait dans les dépôts concurrentiels, les banques réagiraient en convoitant les dépôts des notaires. Qui plus est, à l’occasion du transfert des comptes bancaires inactifs, environ 1,4 milliard d’euros sortiront des banques pour rejoindre la Caisse des Dépôts. A ce montant, il faut ajouter les 4 milliards d’euros concernant les assurances, même si une partie de cette somme sera sans doute prescrite immédiatement pour aller directement vers l’État. Quoi qu’il en soit, cet argent quittera la sphère financière privée en faveur de la sphère publique. M. Emmanuelli précise qu’il s’agit d’une volonté du Parlement qui n’a pas de rapport avec les règles de la place. Mme Gilly estime que cette décision confirme le statut particulier de la Caisse des Dépôts puisqu’elle se voit confier la sécurité des fonds qui sortent du secteur bancaire. M. Ophèle attire l’attention sur le fait qu’il s’agit là d’un dossier de grande ampleur. Au-delà des sommes à récupérer, il faudra également gérer l’ensemble des comptes, les caractéristiques des contrats, l’identité des bénéficiaires, etc. M. Emmanuelli précise que la loi prévoit des dispositions pratiques à ce sujet. L’ensemble de la procédure ne sera pas forcément à la charge de la Caisse des Dépôts. Mme Gilly indique, par exemple, que la Caisse des Dépôts n’effectuera pas les diligences de recherche. M. Ophèle attire l’attention sur le fait que la Caisse des Dépôts devra tout de même faire en sorte que les bénéficiaires ou les ayants droit puissent se manifester et récupérer leurs fonds. Ces opérations entraîneront forcément des coûts de gestion. Mme Gilly confirme qu’un dispositif d’interrogation sera, en effet, mis en place. M. Ophèle ajoute qu’il faudra également trancher la question de la rémunération de ces fonds. Mme Gilly précise que la rémunération devra faire l’objet d’un arrêté du Directeur général, sur avis de la Commission de surveillance. D’ores et déjà, La Banque Postale a déposé 1 million de petits livrets, pour un montant de 20 millions d’euros. dans la lutte contre le blanchiment d’argent. M. Picq se félicite de la qualité de la note qui a été présentée et de la précision des explications fournies par Mme Gilly. Toutefois, il considère qu’il serait utile qu’un Comité spécialisé se réunisse une fois par an pour approfondir ces questions, mettre en évidence les enjeux les plus importants (dépôts des notaires, comptes en déshérence, etc.), et examiner l’impact de ces décisions sur les comptes et sur l’organisation de la Caisse des Dépôts. En effet, il est clair que le jour où les ayants droit pourront contacter la Caisse des Dépôts pour gérer des comptes de parents défunts, ils auront moins de difficultés pour obtenir les informations nécessaires qu’avec certaines banques privées. Comme l’a souligné M. Emmanuelli, le transfert de ces comptes est une décision du législateur qui vise à sécuriser ces sommes pour les héritiers des épargnants qui ont souscrit à ces contrats. Ces sujets sont suffisamment importants pour mériter un examen annuel en CECR. 7 – Validation du projet de décret réformant les règles de fonctionnement du Fonds National de Solidarité et d’Action Mutualistes Sur un éventuel examen préalable de l’activité de la DSB en CECR, M. Jouyet s’en remet à la sagesse des membres de la Commission de surveillance, mais il souligne que, comme toutes les activités de la Caisse des Dépôts, l’activité bancaire fait l’objet d’une présentation, désormais annuelle en Commission de surveillance. M. Goua revient sur les fiducies en soulignant qu’il s’agit d’une activité particulièrement difficile à gérer et qui nécessite une surveillance très étroite. En effet, les fiducies sont parfois utilisées pour recycler des fonds dont l’origine n’est pas totalement avouable, voire pour détourner certaines réglementations, notamment sur les monopoles. M. Jouyet prend note de cet avertissement. Il signale d’ailleurs que la Direction des services bancaires collabore de manière étroite et réactive avec Tracfin 66 Mme Gilly ajoute que les fiducies passent devant les comités d’engagement et qu’elles font l’objet d’examens très attentifs. Mme Gilly indique, en préambule, que la gestion du FNSAM représente 0,5 ETP et environ 100 000 euros de coûts de gestion. Aujourd’hui, avec la disparition des marges bancaires, il faut trouver un moyen de rémunérer la Direction des Services bancaires pour qu’elle puisse prendre en charge ces coûts. Le projet de décret qui est proposé introduit l’idée que la Caisse des Dépôts peut facturer. La Direction des Services bancaires formule deux observations : la première pour demander que la facturation ne soit pas une simple faculté, mais qu’elle soit obligatoire ; la seconde sur un point ponctuel de procédure. En l’absence d’observation, le décret est validé sous réserve des deux points mentionnés par la Direction des Services bancaires. M. Jouyet propose de passer aux deux sujets suivants. Il cède la parole à M. Keïta. M. Keïta explique que la présentation de deux conventions est inscrite à l’ordre du jour : premièrement, la convention "Agir pour l’emploi ", qui encadre les actions de l’État en faveur de la création d’activités par les personnes éloignées de l’emploi ; deuxièmement, une nouvelle convention relative aux Maisons de Services Au Public. 4 – Renouvellement de la convention "Agir pour l’emploi " M. Maury indique que ce projet s’inscrit dans le prolongement de plusieurs conventions qui ont déjà été signées depuis 1997 avec l’État, dont le but est procès-verbaux relevédeconclusionsdelacommissiondesurveillance bilan2013etperspectives2014deladirection desservicesbancaires Lors de sa séance du 5 mars 2014, la Commission de surveillance de la Caisse des Dépôts a accueilli favorablement tous les efforts de rationalisation prévus et envisagés par cette Direction, tant sur les coûts internes que sur ceux de la DGFIP. Le maintien durable des niveaux de taux bas, notamment sur le court terme, alors que le taux de rémunération des placements des notaires reste, pour sa part, inchangé (1 %), entraîne un net déséquilibre de l'activité. La Commission de surveillance, sans s'alarmer, souhaite néanmoins que si ces déséquilibres persistent, une réflexion de fond soit engagée sur les conditions de fonctionnement des services bancaires. La Commission de surveillance souhaite également que, lors des revues du Comité d'Examen des Comptes et des Risques (CECR) avec la Direction des Finances et de la Stratégie (DFS), les hypothèses sur l'évolution des dépôts juridiques fassent l'objet d'une présentation détaillée. Enfin, ayant découvert, dans le cadre de l'examen du décret sur le fonctionnement du Fonds national de Solidarité et d'Action mutualistes, que certains mandats seraient exécutés sans rémunération, la Commission de surveillance souhaite que la Direction générale de la Caisse des Dépôts mette en œuvre une revue détaillée des conditions d'exercice de la quarantaine de mandats exécutés par la Direction des Services bancaires et qu'elle lui soit présentée le plus rapidement possible. Pour la présente convention, le projet discuté avec l’État a intégré les remarques qui ont été faites à l’occasion de diverses évaluations menées entre 2008 et 2012 par l’Inspection des Finances, par l’IGAS ou par des cabinets externes. L’une de ces évaluations a été diligentée en 2011 à l’initiative de la Caisse des Dépôts et réalisée par Ernst & Young. principaux. Le premier est la poursuite du soutien à la création de TPE et à leur développement. Il s’articule autour de deux outils principaux : d’une part, les partenariats avec les réseaux d’aide à la création d’entreprises ; d’autre part, la dotation des fonds qui financent les TPE en voie de constitution. Ce premier axe représente environ 40 % des engagements prévus. Le second axe concerne les outils au développement de l’économie sociale et solidaire, qui s’organisent autour de trois éléments : le soutien au monde coopératif, le soutien au monde associatif et les Pôles Territoriaux de Coopération Economique (PTCE), structures qui réunissent des entreprises classiques et des entreprises de l’économie sociale et solidaire. La convention qui est proposée aujourd’hui comporte deux axes Pour suivre ces activités, une gouvernance resserrée est mise en place, de faciliter l’accès à l’emploi et la création d’entreprises. Une première convention "Agir pour l’emploi ", qui s’est achevée le 31 décembre 2012, était structurée autour de quatre axes principaux : le soutien à la création d’entreprises, le développement de l’économie sociale et solidaire, le soutien au fonds de cohésion sociale et le soutien au développement des quartiers sensibles. 67 qui associe la Caisse des Dépôts et les structures de l’État (Ministère de l’Emploi, Ministère de l’Economie), des groupes techniques et comité stratégique. Au total, l’engagement représente environ 45 millions d’euros annuels sur une période de quatre ans, soit un total de 180 millions d'euros. En comparaison, la précédente convention de cinq ans avait prévu un engagement de 206 millions d’euros. L’accompagnement de la Caisse des Dépôts est donc en légère progression. De son côté, l’État consacrera 87 millions d’euros à ces actions en 2014. M. Keïta conclut en indiquant que la contribution de la Caisse des Dépôts représente 34 % du total des dépenses effectuées par la sphère publique en France chaque année pour la politique globale d’accès à la création pour des personnes éloignées de l’emploi. M. Emmanuelli souhaite avoir des précisions sur le volet financier de la comparaison entre les deux conventions. M. Keïta indique que le projet présenté représente un engagement de 45 millions d'euros par an pendant quatre années, (180 millions d'euros au total). Pour des questions d’affichage, il a été proposé à l’État d’inclure l’année 2013, non couverte par la précédente convention, dans l’appréciation du volume global d’intervention, ce qui permet d’atteindre 225 millions d'euros, montant supérieur à celui de la précédente convention. M. Emmanuelli demande des éclaircissements sur le coût de cette convention pour la Caisse des Dépôts. M. Keïta répond que la Caisse des Dépôts s’engage à hauteur de 45 millions par an, dont 18 millions d'euros de fonds propres répartis de manière sensiblement égale entre les actions en faveur des TPE et celles consacrées à l’économie sociale et solidaire. M. Maury ajoute que la contribution de la Caisse des Dépôts se fait, à la fois, par des dotations de fonds de prêts aux TPE ou des prises de participation dans des fonds qui financent l’économie sociale et solidaire. Quant aux interventions 4e séance - 5 mars 2014 en faveur du monde associatif, elles se font sous la forme de contrats d’apport associatif, qui sont des prêts à taux zéro. Parallèlement l’engagement annuel comporte une enveloppe strictement subventionnelle (22 millions d'euros environ), la prise en charge du prêt Nacre en faveur des chômeurs créateurs d’entreprise (4,5 millions d'euros par an), et diverses actions d’animation territoriale ou de soutiens locaux (2 à 3 millions d'euros par an). M. Borotra juge que la rédaction de cette convention laisse trop de place au "bavardage ". Ces actions sont certes très importantes, mais elles disposent de moyens limités par rapport aux besoins. De plus, il considère qu’il est erroné de penser que les personnes les plus éloignées de l’emploi peuvent être les destinataires principaux des dispositifs d’aides, en particulier pour la création d’entreprises. En effet, les résultats de l’enquête des ateliers de convergence montrent bien que la part des salariés ayant perdu leur emploi qui se tourne vers la création d’entreprises est très faible. Qui plus est, M. Borotra regrette que la convention ne mette pas en évidence le rôle déterminant des têtes de réseau (fonds régionaux, chambres consulaires, etc.), qui sont en réalité les acteurs principaux de la réalisation de ces actions. Par ailleurs, M. Borotra considère que les explications qui sont fournies pour justifier la création des Pôles Territoriaux de Coopération Economique sont irréelles et idéologiques, comme en témoignent les propos de Mme la Ministre qui parle de "précurseurs d’un nouveau modèle de société ", de "passage de la compétition à la coopération ", ou encore de "la capacité à produire une alternance de modèle entrepreneurial ". M. Borotra estime qu’un tel verbiage n’explique en rien le rôle de ces nouvelles structures territoriales, qui se multiplient et coûtent de l’argent, mais qui ont finalement peu d’effet concret par rapport à l’ampleur du problème. Plutôt que de construire de nouvelles entités, en dehors de la réalité économique, il faut donner les moyens aux structures d’insertion existantes de se développer. M. Goua souligne que dans certaines collectivités, les interventions de la Caisse des Dépôts ont permis un développement important de la création d’entreprises, notamment en complément de la politique de la ville dans les quartiers. Il considère donc que cette convention est positive. M. Houri, en tant que président du réseau BGE d’accompagnement à la création d’entreprises, confirme que la Caisse des Dépôts est omniprésente dans tous les dispositifs et qu’elle jouit d’une très bonne réputation. Néanmoins, il déplore le fait que certains dispositifs comme Nacre soient aussi complexes, ajoutant que le choc de simplification évoqué par le Président de la République devrait sans doute être appliqué à ces sujets. Mme Grosskost souhaite savoir pour quelle raison la convention de Nacre n’a été renouvelée qu’à la fin de l’année 2013, alors qu’elle est arrivée à son terme à la fin de l’année 2012. M. Maury précise que la convention a été prolongée pour une durée d’un an entre fin 2012 et fin 2013 en attendant l’intégration de Nacre dans cette nouvelle convention. En conclusion, et sans que cela ne soit du ressort de la présente convention, M. Emmanuelli rejoint les analyses de M. Houri en soulignant que la multiplication des dispositifs, que ce soit pour les jeunes ou pour les chômeurs créateurs d’entreprises, fait qu’il est de plus en plus difficile de comprendre l’articulation entre les structures. 5 – Point d’information sur la convention "Maisons de Services Au Public" (MSAP) Mme Martinez explique que ce projet de convention, qui vise à favoriser l’accessibilité des services pour le public, s’inscrit dans la démarche politique d’égalité des territoires portée par Mme Duflot. Lors du CIMAP du mois de juillet 2013, le Premier Ministre a ratifié la décision d’assurer l’égalité des 68 services publics sur tout le territoire et d’en améliorer l’accès en dynamisant le dispositif actuel des Relais de Services Publics (circulaire 2006), qui conjuguent une présence physique et des services numériques. L’objectif est de consolider la démarche expérimentale "Plus de services au public" lancée en 2010, à laquelle la Caisse des Dépôts était, à l’époque, déjà associée avec neuf opérateurs publics dans 22 départements. Cette consolidation comporte plusieurs dimensions : la création d’un fonds, abondé par l’État et par les opérateurs, pour contribuer à un déploiement sur tout le territoire, la création d’une marque autour de ces Maisons de Services Au Public, et la mise en place d’une animation nationale pour mutualiser cette dynamique de déploiement territorial. D’ici 2017, le Premier Ministre a exprimé l’ambition de créer 1 000 lieux de ce type en s’appuyant sur : - le réseau existant des RSP (340 RSP dans 19 régions et 65 départements à fin 2013), - la réalisation d’un diagnostic départemental et l’élaboration conjointe du schéma d’accessibilité des services par le Préfet et le Président du Conseil général, dans le cadre d’instances de concertation locales, auxquelles seront invitées les directions régionales de la Caisse des Dépôts. Dès le printemps 2013, le cabinet de Mme Duflot et la DATAR se sont rapprochés de la DDTR en raison de ses compétences en animation de réseau, notamment sur le déploiement du programme Cyber-base dans les territoires pendant une dizaine d’années. Au mois de juillet, Mme Duflot a adressé un courrier de sollicitation, auquel a répondu le Directeur général de la Caisse des Dépôts. La convention qui est présentée aujourd’hui confie, à la Caisse des Dépôts, l’animation de la cellule qui sera chargée, moyennant rémunération forfaitaire, de structurer et de développer le programme des Maisons de Services Au Public. M. Keïta précise que l’intervention de la Caisse des Dépôts est rémunérée procès-verbaux annuellement à hauteur de 745 000 euros sur le fonctionnement et que les budgets d’intervention sont ceux de la DATAR, pour 735 000 euros en 2014. La Caisse des Dépôts est rémunérée pour une cellule de 4,6 ETP avec un budget forfaitaire de 735 000 euros par an pendant quatre ans. Quant aux budgets d’intervention, ils sont prélevés sur le FNADT pour cette année. A partir de 2015, un fonds géré par l’État, dans lequel abonderont les opérateurs sera créé spécifiquement pour soutenir ce programme. Il permettra de financer le fonctionnement de ces espaces aux côtés des collectivités territoriales. Cela signifie que 50 % du coût de fonctionnement seront pris en charge par le fonds (25 % par l’État et 25 % par les opérateurs), alors que les 50 % restants seront apportés par les collectivités territoriales. L’objectif est que le déploiement territorial soit co-piloté par les préfets et les présidents de conseils généraux pour garantir un équilibre territorial. M. Emmanuelli s’étonne que le Relais de Services Publics des Landes soit déjà fermé. M. Keïta précise que l’État a mis fin aux financements, car il était associé au Point d’Information et de Médiation Multi-Services (PIMM’S), qui ne respectait pas la charte. Plus largement, il souligne que la DDTR, contrairement à la Commission de surveillance, n’est pas qualifiée pour porter un jugement sur la politique publique qui est mise en œuvre. L’État ayant demandé à la Caisse des Dépôts et à son Directeur général d’apporter un concours à ce projet, le rôle de la DDTR est de le mettre en œuvre. M. Jouyet considère que ces deux conventions sont positives dans la mesure où la Caisse des Dépôts est un acteur central de l’économie sociale et solidaire et que la création des Maisons de Services Au Public semble être une initiative intelligente, en particulier dans les milieux ruraux. relevédeconclusionsdelacommissiondesurveillance sur : • le renouvellement de la convention "agir pour l'emploi", • le point d'information sur la convention "maisons des services publics", • le point d'information sur le protocole de partenariat 2013/2016 relatif a l'accessibilite entre l'État, le premier ministre et le groupe Caisse des Dépôts Lors de sa séance du 5 mars 2014, la Commission de surveillance, après avoir demandé des précisions sur la nature (subvention, prêt ou investissement) des engagements de la Caisse des Dépôts, convient de l’opportunité et de l’utilité de conclure le renouvellement de la Convention "Agir pour l’emploi". Elle remarque que, d’une manière générale, l’accès, sur le terrain, aux dispositifs pour les créateurs d’entreprise dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, reste toujours complexe et invite les services de la Caisse des Dépôts à militer pour une simplification dans ce domaine auprès des têtes de réseau. personne ne croit à la promesse de créer 1 000 Maisons de Services Au Public d’ici 2017. A ces dispositifs s’ajoute, par ailleurs, la création d’un Commissariat Général à l’Egalité des Territoires, d’un Comité Stratégique National, d’une Cellule d’Animation Nationale, etc. M. Jouyet signale que ces lieux permettront, dans les petites communes rurales, de rassembler et de rationaliser un ensemble de services publics, y compris d’ailleurs ceux de La Poste. M. Borotra précise qu’il ne remet pas en cause le projet en tant que tel. Il souhaite, en revanche, alerter sur le fait que la multiplication des conventions et des objectifs irréalistes a pour conséquence de discréditer davantage le message politique. M. Borotra avertit qu’il est impératif de simplifier ces dispositifs, ajoutant que 69 La Commission de surveillance souhaite être informée plus en amont des discussions pouvant donner lieu à une convention avec l’État. En ce qui concerne la convention "Maisons des services publics" et le protocole de partenariat relatif à l’accessibilité, la Commission de surveillance constate que la première comporte peu d’engagement financier. D'une manière générale, ces accords sont peu significatifs à l’échelle de la Caisse des Dépôts. 6 – Point d’information sur le protocole de partenariat 2013/2016 relatif à l’accessibilité entre l’État, le Premier Ministre et le groupe Caisse des Dépôts Mme Renaud-Basso annonce que ce protocole ne comporte pas de budget supplémentaire, il s’agit uniquement d’une convention mettant en perspective les moyens mobilisés par le Groupe pour l’accessibilité des bâtiments publics aux personnes handicapées. En effet, la convention se réfère à l’enveloppe de 20 milliards d’euros auprès des collectivités locales pour la rénovation des bâtiments ainsi qu’à une action de la BPI en faveur des entreprises qui adaptent leurs locaux aux personnes handicapées. En outre, le réseau du FIPH s’appuie sur des délégués interrégionaux qui peuvent contribuer à faire connaître ces actions. 4e séance - 5 mars 2014 M. Emmanuelli s’étonne qu’il soit nécessaire de signer une convention à ce sujet puisque tout ce qui n’était pas interdit était autorisé. Mme Renaud-Basso précise que l’objectif est de mettre en valeur ces actions vis-à-vis des associations de personnes handicapées. Il s’agit d’une demande du gouvernement qui ne coûte rien et qui s’avère peu contraignante à mettre en œuvre. M. Lavondès constate pourtant que l’article 4 sur les modalités financières prévoit que "chacune des parties assume seule les charges et coûts qui lui incomberaient lors de la réalisation ". Mme Renaud-Basso répond que ces charges correspondent, par exemple, aux coûts générés par l’enveloppe de 20 milliards d’euros consacrée à la rénovation des bâtiments. Il ne s’agit pas de dépenses additionnelles par rapport à ce qui était prévu. En conclusion, M. Emmanuelli tient à faire remarquer que ces conventions, qui apparaissent d’ailleurs souvent dans un contexte très politique, auraient dû faire l’objet d’une information préalable, afin que la Commission de surveillance ne soit pas mise devant le fait accompli. Mme Renaud-Basso souhaite tout de même préciser que cette convention permet de faire savoir aux publics visés que l’enveloppe de 20 milliards d’euros est mobilisable pour ce type d’aménagements pour les personnes handicapées. 8 – Question d’actualité Il n’y a pas de question d’actualité. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 20 heures 10. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 70 procès-verbaux 5 e séance-12 mars 2014 * Le mercredi 12 mars 2014, à 17 heures 05, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; MM. Fernandez, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire Générale de la Commission de surveillance Etaient excusés : Mme Grosskost ; MM. Arthuis, Borotra, Malvy et Marc. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Martin ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Yché, Président du Directoire du Groupe SNI (point 1) ; M. Marcel, Président Directeur Général de la Compagnie des Alpes (point 1) ; M. Ducret, Président Directeur Général de CDC Climat (point 1) ; M. Silvent, Directeur du pôle finances, stratégie et participations (point 1) ; M. Lecuivre, Directeur du Département Stratégie (point 1) ; M. Bachy, Directeur de la Communication (point 2) ; Mme Lalliard, Directrice du Mécénat (point 2). 1 – Mise en œuvre des orientations stratégiques Avant de laisser la parole à MM. Jouyet et Silvent, M. Emmanuelli demande si les remarques qui seront apportées lors de la présente séance par la Commission de surveillance pourront être prises en compte dans le cadre de la mise en œuvre des orientations stratégiques, ou s’il ne s’agit que d’une simple présentation. M. Jouyet affirme que la présentation de la mise en œuvre des orientations stratégiques vise précisément à recueillir les observations de la Commission de surveillance, qui pourront tout à fait être intégrées au plan proposé par la Direction générale et les référents sectoriels. M. Jouyet souligne que la mise en œuvre des orientations stratégiques intervient dans le cadre d’un modèle économique sous contrainte, obligeant à une certaine sélectivité dans les interventions et les priorités de la Caisse des Dépôts. Avant de laisser la parole à M. Silvent, M. Jouyet cite les référents chargés de la coordination et de la mise en œuvre de ce plan, indépendamment des lignes hiérarchiques et selon une approche transversale : Mme Renaud-Basso intervient en tant que Directrice générale adjointe, Directrice des Fonds d’épargne et coordinatrice des différentes directions opérationnelles de l’Établissement public ; M. Silvent, qui a coordonné l’élaboration du plan et veille à la mise en œuvre du plan, notamment en ce qui concerne les aspects financiers, la gestion des participations et les relations avec les filiales ; Mme Mayenobe se consacre à la modernisation de l’Établissement public s’agissant de sa gestion ; M. Yché, au logement ; M. Ducret à la transition énergétique ; et M. Marcel au tourisme, aux infrastructures et à l’immobilier, la présentation du jour étant plutôt axée sur l’aspect infrastructures. Le sujet des orientations stratégiques ayant déjà été abordé à plusieurs reprises devant la Commission de surveillance, M. Silvent ne reviendra pas sur les éléments de diagnostic et sur les évolutions du modèle et de l’environnement de la Caisse des Dépôts. La présentation s’articulera autour de trois points : la mise en perspective des actions menées, la déclinaison des priorités sectorielles dans les domaines du logement, des infrastructures et de la transition écologique et énergétique, 71 et la mise en cohérence de la politique d’allocation des moyens financiers du Groupe avec ces orientations sectorielles. M. Silvent souligne que la mise en œuvre des orientations stratégiques, en cohérence avec le cadre global défini par le Directeur général, constitue un exercice difficile : la Caisse des Dépôts est, en effet, une institution complexe, dont il est parfois difficile de changer les habitudes. Cependant, certaines actions entreprises depuis quelques mois, ou prévues pour l’année 2014, vont d’ores et déjà dans le sens de ces orientations. M. Silvent rappelle que les métiers historiques de la Caisse des Dépôts, à savoir ceux de mandataire, de gestionnaire de dépôts et de prêteur sur fonds d’épargne, ont été remis au cœur du projet stratégique du Groupe. Dans ce contexte, certaines avancées stratégiques importantes ont déjà eu lieu, parmi lesquelles l’attribution du mandat concernant le compte personnel de formation, dont M. Silvent précise qu’il s’agit du premier mandat significatif confié à l’institution depuis 10 ans. Une proposition de loi concernant l’attribution à la Caisse des Dépôts de la gestion des comptes bancaires inactifs et des contrats d’assurance- 5e séance - 12 mars 2014 vie en déshérence est actuellement en débat au Parlement. Si elle est adoptée, elle permettra à la fois de conforter les ressources permanentes du Groupe, qui se verront dotées d’environ 4 milliards d’euros supplémentaires, et de confier à la Caisse des Dépôts une nouvelle mission de gestionnaire de dépôts utile d’un point de vue sociétal. Pour ce qui est de l’activité de prêteur sur fonds d’épargne, M. Silvent évoque l’enveloppe de 20 milliards d’euros ou l’assouplissement de la doctrine d’utilisation. La poursuite du développement de ces trois métiers historiques implique une amélioration profonde de la performance opérationnelle et de la compétitivité économique de l’Établissement public, sur laquelle travaillent plus particulièrement Mmes Renaud-Basso et Mayenobe, à travers des interventions sur le schéma directeur, des systèmes d’information, les instruments de pilotage, la maîtrise salariale, ou encore le renouveau du dialogue social. Les orientations stratégiques mettent également l’accent sur le métier d’investisseur qui, compte tenu des marges de manœuvre de la Caisse des Dépôts, doit aujourd’hui être exercé de manière plus sélective, en privilégiant le co-investissement. La trajectoire financière du Groupe laisse ainsi apparaître des choix d’investissement plus concentrés, ainsi qu’un certain nombre d’arbitrages. Les co-investissements se multiplient en matière de logement, de financement des entreprises, et dans le cadre de la politique menée vis-à-vis des fonds souverains, notamment avec la création de CDC International Capital. Le choix a, par ailleurs, été fait d’intégrer beaucoup plus les priorités stratégiques et le financement de l’économie dans l’allocation d’actifs au sein de la Section générale. En ce qui concerne le métier d’opérateur, les orientations stratégiques passent par plus de mobilité et un fonctionnement plus intégré et plus cohérent, autour des priorités sectorielles définies. Sur ce second point, les actions seront détaillées plus amplement par les référents en charge des divers secteurs, dont la nomination est justement issue de cette volonté d’intégration et de cohérence. En termes de mobilité, le Groupe a opéré ou s’apprête à opérer un certain nombre de choix. M. Silvent cite l’exemple emblématique du dossier Belambra, où la Caisse des Dépôts a décidé de favoriser un changement d’actionnaire majoritaire, lui permettant d’améliorer ses droits de gouvernance, sans pour autant reprendre le contrôle de l’entité. Il a, par ailleurs, été décidé de mettre un terme à une initiative de création d’un fonds de gestion pour compte de tiers en matière d’infrastructures. Le Groupe se montrera également plus sélectif sur le devenir de Qualium Investissement, dont il n’abondera pas de nouveau fonds, sauf réinvestissement d’engagements antérieurs. De même, la question du devenir capitalistique d’Icade devra être posée en 2014. Malgré la tâche considérable qu’il reste à accomplir, M. Silvent estime que les actions d’ores et déjà entreprises vont dans le sens d’une amélioration de la cohérence et de l’agilité du Groupe. Ce travail, parfois souterrain, nécessite beaucoup d’engagement managérial, de persévérance et de constance. M. Silvent laisse à présent la parole aux référents des divers secteurs. Après avoir été nommé référent du secteur logement, M. Yché indique que sa première démarche a consisté à constituer une "communauté du logement ", associant toutes les parties concernées par ce thème au sein du Groupe. Deux réunions plénières se sont tenues, dont la dernière, le 7 mars, a abouti à la validation des documents remis à la Commission de surveillance, qui comportent une note de doctrine, une feuille de route et une synthèse des points forts retenus. M. Yché souligne que le Groupe est pour la première fois, parvenu à élaborer un discours commun sur le thème du logement : la principale difficulté consistait à associer la vision de la Direction des Fonds d’épargne, en charge d’une mission de service public et donc tenue d’adopter une approche large, répondant aux besoins de l’ensemble des territoires et des acteurs, et celle du groupe SNI, qui suit une stratégie propre. Les points forts retenus incluent la nécessité de privilégier la relance de la 72 production, en particulier dans les zones tendues. Toute l’action de la communauté du logement au cours des trois derniers mois s’est concentrée sur ce sujet, avec comme objectif de "recrédibiliser" l’investissement dans le secteur du logement intermédiaire. Dans cette optique, la Direction de l’audit central de la Caisse des Dépôts a conduit au sein de la SNI, une mission vouée à vérifier le réalisme et la solidité des hypothèses de rendement présentées. M. Yché souligne le caractère essentiel d’une telle démarche vis-à-vis des partenaires extérieurs, investisseurs potentiels. L’audit a conclu à un niveau de fiabilité des données communiquées – notamment au niveau des comités d'engagement – de 98,4 % pour l'ensemble du groupe, les écarts constatés – plus importants pour la SNI que pour ses filiales HLM – s’avérant toujours positifs. Compte tenu de la maîtrise des prix d'acquisition et des taux d’emprunt dont bénéficie la Caisse des Dépôts, les résultats des opérations s'avèrent donc en général supérieurs aux prévisions. La relance de la production a été organisée en relation étroite avec la Direction de la stratégie et la Direction des Fonds d'épargne, à la fois sur le volet logement intermédiaire et sur le volet logement social. Une étude détaillée sur les besoins estimés au cours des prochaines années, conduite sur 23 agglomérations représentant 26 % des ménages et 46 % des besoins futurs – M. Yché fait observer que ces chiffres caractérisent bien la notion de zone tendue –, a donné lieu à une estimation du besoin global à 108 000 logements par an, dont 17 000 logements intermédiaires. Sur la base de cette étude et de la cartographie détaillée de la microlocalisation des programmes au sein des agglomérations, une thèse d'investissement a été construite, dans l'optique d'alimenter un fonds constituant un outil de relance du logement intermédiaire, accompagnée d'une relance du logement social. À l'heure actuelle, les lettres d'engagement signées portent sur un montant de l’ordre de 500 millions d’euros : 200 millions sont apportés par la SNI et la Caisse des Dépôts, 100 millions d’euros par CNP Assurances, et le reste par Cardif, Aviva, Médéric, pour le Fonds de retraite complémentaire de la fonction procès-verbaux publique et la SMABTP, auxquels doit se joindre le Fonds de démantèlement des installations nucléaires d’EDF. Des négociations sont également en cours avec Groupama, Generali, AG2R, Sogecap et la Mutuelle Générale. Les discussions n’ont en revanche pas abouti avec AXA, Predica et Allianz, qui s’était engagé avant de faire marche arrière. Deux appels à projets ont été lancés à la mi-janvier, pour 10 000 logements chacun. À l'heure actuelle, s’agissant du logement intermédiaire, environ 9 200 propositions d'achat ont été reçues, représentant un peu plus de 260 programmes répartis sur 300 communes. Quelques centaines de propositions ont d'ores et déjà été approuvées, les autres faisant encore l'objet de négociations sur les prix et les caractéristiques. Un travail simultané a été conduit avec la Direction des Fonds d'épargne afin de mettre en place un dispositif permettant de relancer la production de logements sociaux. Les décisions prises par le ministre, prévoyant notamment la possibilité d'allonger la durée d'amortissement du foncier de 50 à 60 ans dans les zones tendues, permettent de réduire la quotité de fonds propres sur ces opérations à un niveau compris entre 12 et 14 %, au lieu de 18 % actuellement. M. Emmanuelli demande ce qu'il en est de la quotité d'emprunt. M. Yché indique qu’en matière de logement social, la limite se situe, en pratique, aux alentours de 75 ou 80 %. Le dispositif Argos devrait, au final, permettre de construire 10 000 logements intermédiaires, et environ 6 000 à 7 000 logements sociaux supplémentaires. S’agissant de ces derniers, M. Yché souligne toutefois le caractère provisoire de ce dispositif, dont la durée d’application est limitée à trois ans, et qui ne permettra pas de résoudre le problème de fond du manque de fonds propres des organismes de construction. M. Emmanuelli s’enquiert de l’effet de la rétrocession d’une partie de la commission sur les HLM. M. Yché observe que la somme de 120 millions d’euros ne représente qu’une infime partie de l’investissement de 1,8 milliard d’euros qu’implique la construction de 10 000 logements. Cette rétrocession ne donnera donc pas lieu à un effet de levier significatif. Concernant le logement intermédiaire, les modalités de financement de la dette restaient à définir. Un accord a été trouvé avec le ministère de l’Economie sur un financement à hauteur maximum de deux tiers par le Fonds d'épargne, le reste étant financé par l’endettement bancaire ou obligataire. Le Groupe a d’ores et déjà reçu une proposition concernant un produit allemand pouvant se rapprocher de sa cible et dispose d’autres possibilités d’endettement compatibles avec son modèle prudentiel : des taux d’intérêts fixes de 3,80 % ou 3,90 % sur 20 ans peuvent être obtenus via le Fonds d’épargne, et sur des quotités limitées, via la SNI. M. Yché évoque enfin la possibilité que les assureurs demandent à la Caisse des Dépôts de réduire l’effet de levier et de ramener son taux d’endettement à 40 % au lieu des 50 % prévus, afin de couvrir le risque d’une dépréciation des actifs. Une telle diminution du taux d'endettement aurait pour effet de réduire la production de 1 000 logements. M. Yché souligne que l’effort effectué, bien que ponctuel et ne répondant pas à la totalité des besoins, dénote d'une tentative d'infléchissement de la tendance à la diminution de la production globale, observée depuis plusieurs années et confirmée en 2013, et de ses effets sur l’ensemble du secteur du logement. M. Jouyet invite M. Ducret à évoquer la question de la transition énergétique. M. Ducret indique que la feuille de route Transition énergétique et écologique repose sur l'idée que la transition vers un nouveau modèle social et économique, sobre en consommation de ressources non renouvelables, est d’ores et déjà engagée : la question est à présent celle de son rythme et de son accélération. M. Ducret souligne que cette transition répond autant à des considérations environnementales qu'économiques, 73 puisqu'elle fait l'objet d'une compétition mondiale et constitue probablement l'un des leviers de la compétitivité future de la France. La Caisse des Dépôts doit trouver le moyen de jouer le rôle d'accélérateur de ce processus, d'une part, en cherchant à attirer les capitaux privés vers les investissements verts, les fonds publics ne s’avérant pas à la hauteur des besoins et, d'autre part, en accompagnant les territoires dans cette mutation, puisqu’un grand nombre d'éléments de la transition énergétique s'expérimentent et se concrétisent à l'échelle locale, grâce aux collectivités et aux entreprises. La feuille de route établie se caractérise, à la fois, par une recherche de transversalité et de cohérence, et par une démarche de développement, d'innovation et d'expérimentation. M. Ducret souligne que le sujet de l’énergie intéresse bon nombre des activités de la Caisse des Dépôts. Il paraissait donc nécessaire de s'assurer que les actions envisagées en matière de transition énergétique s'avèrent cohérentes avec les autres actions du Groupe. La feuille de route Transition énergétique et écologique a ainsi été construite en cohérence avec la feuille de route Logement – dont les orientations en faveur des zones tendues sont parfaitement en ligne avec les exigences de la transition énergétique et écologique –, avec la feuille de route Infrastructures, et avec la feuille de route Entreprises, provenant, pour l’essentiel, du plan d’actions de Bpifrance, et qui vise notamment à financer les éco-entreprises et la conversion des entreprises traditionnelles, notamment dans le domaine de l'efficacité énergétique. Le souci de cohérence se retrouve également dans le respect du cadrage financier du plan à moyen terme du Groupe : la feuille de route établie s’avère peu consommatrice de fonds propres, les investissements prévus s'élevant à environ 400 millions d'euros sur les trois années à venir, dont 300 seront consacrés à un doublement des investissements dans les énergies renouvelables. L'effet volume des investissements de la Caisse des Dépôts au profit de la transition énergétique et écologique proviendra, en grande partie, 5e séance - 12 mars 2014 de l'augmentation des investissements dans les infrastructures. La Caisse des Dépôts pourrait envisager de se fixer, d’ici six mois environ, un objectif de pourcentage de ses investissements et de ses financements compatibles, favorables ou affectés à la transition énergétique et écologique, comme le font déjà la plupart des institutions sœurs à travers le monde, qu'il s'agisse de la Banque mondiale, la KFW, la BEI, ou encore l’Agence française de Développement. Un travail a déjà été engagé pour définir cet objectif et les indicateurs qui permettront d'en mesurer la réalisation. Les actions prévues par la feuille de route en faveur du développement, de l’innovation et de l’expérimentation, ne nécessitent qu’une consommation de fonds propres relativement faible, malgré le niveau d’exigence apporté à la conduite des opérations. Les 10 plans d’actions élaborés prévoient un certain nombre d’innovations, tout d’abord en matière d’ingénierie financière : la Caisse des Dépôts peut faire en sorte de structurer les produits financiers qui permettront d'attirer ou d’accélérer la venue des capitaux privés vers les investissements verts. Les innovations concernent aussi les métiers du Groupe. Comme le dit la feuille de route, la transition énergétique et écologique est, en grande partie, une affaire d'ingénieurs : au sein du Groupe, ce rôle d’ingénieur revient à Egis. La transition doit donc constituer une occasion de développer les métiers au sein d’Egis. Il en va de même pour CDC Biodiversité. Elle doit également permettre d’expérimenter de nouveaux modèles économiques avec les territoires, particulièrement dans le cadre des systèmes énergétiques territoriaux, qui nécessitent, à la fois, de nouveaux moyens de pilotage de l’évolution du mix énergétique et de la demande, et des consommations d'énergie. M. Ducret indique qu’une présentation de l'évaluation de la politique d'investissement de la Caisse des Dépôts dans le domaine des énergies renouvelables sera faite devant la Commission de surveillance le 30 avril prochain. Cette évaluation doit constituer le premier élément d'une redéfinition de la stratégie d'investissement du groupe dans les EnR, dans un contexte très incertain, lié à l'évolution des régulations en la matière, au niveau européen comme national, alors que le modèle économique d'investissement dans les EnR reposait jusqu’ici très largement sur un système de tarifs et sur la CSPE. M. Ducret anticipe enfin le reproche qui pourrait être fait à la feuille de route de ne pas aborder un certain nombre de sujets importants, tels que RTE, ou encore la stratégie à adopter par la Compagnie Nationale du Rhône – qui constitue probablement le principal actif vert de la Caisse des Dépôts – dans le contexte de renégociation des conditions de prolongation et de renouvellement des concessions hydroélectriques. Cette absence ne traduit en aucun cas un manque d'idées sur ces sujets : il semblait simplement prématuré de les évoquer aujourd’hui de façon explicite. M. Jouyet invite M. Marcel à présenter la feuille de route Infrastructures. M. Marcel indique que cette feuille de route ne vise pas à résoudre l’ensemble des problèmes existants, mais à établir un cadre général suffisamment clair et cohérent avec la démarche stratégique du Groupe. Les infrastructures constituent un actif classique et représentatif du profil de la Caisse des Dépôts, quel que soit le type de financement, dont celui issu du Fonds d’épargne. Les projets concernés, structurants, ancrés dans le développement territorial et répondant à des besoins essentiels d’utilité publique, sont au cœur des problématiques de l’Institution. Le plan stratégique prévoit d’augmenter l’ensemble des actifs infrastructures du Groupe pour les porter de 3 % du bilan investisseur fin 2013 à 4,5 % fin 2018, tout en faisant preuve d’une sélectivité accrue. Il s’agit donc, tout d’abord, de définir précisément la notion d’infrastructures, qui a pu recouvrir par le passé, à tort, des universités, des hôpitaux, voire de simples projets immobiliers. Les infrastructures se caractérisent ainsi par des contrats de long terme, des revenus récurrents, un faible risque de contrepartie, ou encore des cash-flows sécurisés. M. Marcel souligne, en outre, la présence sur 74 cette classe d'actifs d’un grand nombre d'investisseurs, aujourd'hui bien plus nombreux qu'il y a six ou sept ans. La Caisse des Dépôts doit donc sélectionner les projets sur lesquels elle intervient, de façon à se concentrer sur les carences du marché et à ne pas se retrouver en concurrence avec des acteurs privés susceptibles d’en assurer le financement. La sélectivité doit également passer par une multiplication des effets de levier, permettant de générer des capacités de financement additionnelles. Enfin, la Caisse des Dépôts doit porter une attention accrue au greenfield, les projets nouveaux bénéficiant, en général, d’une moins bonne réponse du marché. La feuille de route Infrastructures vise à répondre à trois ambitions stratégiques. La première consiste à se concentrer sur les secteurs prioritaires au service du développement économique du pays, à savoir la transition énergétique et écologique – et, en particulier, les énergies renouvelables, qu’il s’agisse d’énergies terrestre, maritime, de biomasse ou encore de stockage d'électricité –, le numérique, et notamment le très haut débit, et enfin les transports, dès lors qu’ils présentent un fort caractère stratégique ou une dimension de mobilité durable. La Caisse des Dépôts pourra également intervenir sur de grands projets structurants, tels que le RTE. La deuxième ambition consiste à optimiser les modalités d'intervention, en multipliant les effets de levier au sein du Groupe, notamment avec la DFE et CNP Assurances, en renonçant à créer un fonds géré pour compte de tiers, qui s'avérerait difficile à monter et à mettre en cohérence avec les priorités stratégiques du développement économique, et en améliorant la pertinence et la complémentarité des interventions de CDC Infrastructure et de la DDTR. Sur ce dernier point, M. Marcel rappelle que la DDTR se consacre principalement à des projets de dimensions plus modestes, structurants pour un territoire donné, menés en partenariat avec les collectivités locales, ou au greenfield, tandis que CDC Infrastructure prend en charge des investissements plus importants, d’un procès-verbaux minimum de 10 à 20 millions d'euros, à dominante plutôt brownfield, qui dépassent l'intérêt local et sont ouverts aux partenariats. Il s'agit également d'améliorer les synergies au sein du Groupe, à la fois en termes d'expertise et de compétences, certains sujets pouvant faire l'objet d'une instruction et d’un suivi communs. M. Marcel rappelle, en outre, que le rôle des référents est d'assurer la cohérence de la mise en œuvre de la feuille de route et le bon partage des responsabilités. Le troisième choix stratégique concerne le développement des infrastructures implantées sur le territoire français. Bien que la Caisse des Dépôts puisse intervenir à l'étranger, via des fonds sponsorisés tels qu’InfraMed ou Marguerite, ou dans le cadre de logiques d’interconnexions, la priorité sera accordée aux infrastructures domestiques. Les projets financés à l’extérieur du territoire national devront présenter des externalités fortes, notamment en termes d'emploi, ou un bon rendement. M. Marcel ajoute que CDC International pourra être mobilisé afin d'apporter en France des capitaux étrangers. En complément, M. Marcel précise que si le greenfield doit faire l’objet d'une attention soutenue, le brownfield ne doit pas être négligé pour autant, puisqu'il offre des rendements assurés, des risques plus faibles, et permet de produire des résultats récurrents. Il s'agit de trouver le bon équilibre entre rendement et risque. M. Marcel insiste enfin sur l’importance de la rotation des actifs, et donc de la cession de certains d’entre eux périodiquement, qui permet d'éviter un effet d'empilement, de dégager des fonds propres, et ainsi de donner une capacité d'investissement additionnelle à la Caisse des Dépôts. M. Silvent tient à souligner que l’intervention de la Caisse des Dépôts ne se limite pas à ses moyens financiers et à sa capacité d'investissement : elle sait également agir au service des intérêts collectifs via d'autres instruments, dans le cadre de ses métiers de mandataire ou de prêteur notamment. M. Silvent estime que l'évolution du modèle du Groupe devrait davantage mettre en valeur l’articulation de ces différents modes d’interventions. Pour la première fois, la trajectoire financière a été définie de façon à englober, à la fois, l’allocation d’actifs, les moyens de l’Établissement public et de la Section générale et les actions du Groupe. Cette vision consolidée a permis de procéder à des arbitrages et de mettre, autant que possible, l'ensemble des allocations en cohérence, afin de permettre à la Caisse des Dépôts de rester offensive, dans la limite des moyens dont elle dispose, en faisant preuve d’une plus grande sélectivité. L’Établissement public – au sens strict du terme – affectera une capacité d’investissement nette de 3 milliards d’euros sur cinq ans, dans des participations en cohérence avec ses priorités stratégiques dont un tiers sera consacré au territorial, un tiers aux infrastructures et entreprises hors Bpifrance, le dernier tiers, dit "non affecté ", étant en grande partie disponible pour la transition écologique et énergétique, qu’il s’agisse de projets déjà en cours (énergies renouvelables ou le cas échéant, RTE, par exemple). La politique vis-à-vis des filiales a également été adaptée aux ambitions stratégiques du Groupe : l'exonération de dividendes permettra à SNI de contribuer massivement à la relance du logement, et à CDC Infrastructure d'augmenter sa capacité d'investissement. M. Silvent précise que cette exonération n’est pas pour autant synonyme d’absence de rendement : les actifs de CDC Infrastructure génèrent un rendement d’environ 6 % et présentent des objectifs de TRI qui se concrétiseront lorsque des sorties d’actifs plus ambitieuses auront lieu. La politique de placement en actifs financiers de la Section générale sera réorientée en partie vers le financement d’entreprises : une allocation additionnelle d’1 milliard d’euros en actions et de 2 milliards d’euros sur les obligations d’entreprises a été prévue sur cinq ans. Les prévisions d’activité sont également très dynamiques en ce qui concerne le Fonds d’épargne, à la fois sur le logement, compte tenu des objectifs de construction, 75 et sur les infrastructures, tandis que la politique de placement, également en cohérence avec les objectifs stratégiques du Groupe, laissera une place croissante au private equity, aux PME cotées, et aux investissements en fonds propres dans les infrastructures. Bpifrance présente un important volant d’investissement en fonds propres, qui s’élève – pour la quotepart de la Caisse des Dépôts – à plus de 2 milliards d’euros sur les cinq ans à venir. CNP Assurances prévoit, quant à elle, d’augmenter son exposition au financement direct des entreprises, en multipliant par plus de deux ses investissements en fonds propres dans les PME, qui atteindront les 2,5 milliards d’euros à l'horizon du plan. Les investissements de CNP Assurances en termes d'infrastructures devraient également dépasser les 2,5 milliards d'euros, contre 1 milliard d’euros à l'heure actuelle, notamment à travers une multiplication des opérations en dette d’infrastructure. M. Emmanuelli constate que les documents présentés insistent fortement sur la notion de partenariat et d'effet de levier, dont l'intérêt s'avère tout à fait compréhensible, à condition toutefois de ne pas se retrouver "verrouillé" par les décisions de ses partenaires. La BPI, par exemple, étant minoritaire en permanence, donne souvent son accord sur des dossiers, puis se retrouve bloquée durant six mois ou un an, faute de trouver des co-investisseurs. Il paraît donc important de veiller à conserver un certain pouvoir décisionnel autonome au sein du Groupe. En outre, si la mise en place de synergies constitue un objectif partagé par tous, M. Emmanuelli sait par expérience qu’elle ne fait pas partie des traditions de l’Établissement et s’avérera difficile à atteindre. M. Emmanuelli s’enquiert, par ailleurs, du pouvoir hiérarchique qui pourrait être confié aux référents sectoriels, et demande s’il est envisagé de les faire participer au Comité de Direction. M. Jouyet indique que les référents ne disposent pas de pouvoir hiérarchique à proprement parler. Leur rôle est de constituer une sorte de comité stratégique auprès du Directeur général, 5e séance - 12 mars 2014 afin de faire le point sur la mise en œuvre des politiques sectorielles, de partager les objectifs communs, et d’échanger des idées sur les transformations internes à apporter au Groupe. M. Emmanuelli précise que sa remarque était liée à une certaine inquiétude concernant une forte inflation de l’organigramme au cours des dernières années. M. Emmanuelli considère, en outre, que le montant de 3 milliards d’euros d’investissements sur cinq ans, soit 600 millions d’euros par an, s’avère plutôt faible au vu de la masse bilancielle de l’Établissement public. M. Jouyet comprend le sentiment de M. Emmanuelli, mais rappelle que les marges de manœuvre de la Caisse des Dépôts demeurent relativement contraintes. M. Emmanuelli souligne que les marges de manœuvre sont en partie réduites par certaines participations qui pèsent lourd et rapportent peu. Comme l’a dit M. Marcel, le fait de modifier le périmètre des actifs du Groupe permettrait d’éviter un certain empilement et de dégager une capacité d’investissement supplémentaire. M. Jouyet indique que les prévisions d’investissement ont été établies d’après le périmètre actuel des actifs du Groupe. Il paraîtrait, en effet, pertinent d’adopter une politique de rotation des actifs, permettant à la Caisse des Dépôts de se désengager de certaines participations moins stratégiques, ou de certains secteurs où sa présence ne paraît pas essentielle, et sur lesquels elle pourrait chercher d’autres partenaires tout en conservant un rôle de référent. Des marges de manœuvre supplémentaires pourront donc éventuellement être dégagées à l’avenir. Un travail sera également mené sur le co-investissement, notamment auprès des fonds souverains, afin de favoriser l’apport de capitaux étrangers à l’économie française. M. Silvent ajoute que les choix en matière d’investissement sont nécessairement influencés par les équilibres bilanciels du Groupe. attendre le dernier moment pour s’impliquer dans ce domaine. M. Emmanuelli souligne qu’à la fin de la période, la différence entre le capital économique et le capital social du Groupe devrait atteindre les 12 milliards d’euros. M. Emmanuelli estime en tout cas que la Caisse des Dépôts a tout à fait la capacité d’intervenir dans le secteur concurrentiel, sans compter que l’implication dans la reconstruction de l’appareil productif français permettrait au Groupe de bénéficier d’une certaine visibilité. M. Silvent convient qu’il s’agit là de l’une des fragilités du modèle de la Caisse des Dépôts, car son capital économique dépend de plus en plus des plus-values latentes ; elle reste sensible aux aléas du marché. Quoi qu’il en soit, M. Emmanuelli serait favorable à une politique d’investissement plus vigoureuse. A propos du viager, M. Emmanuelli regrette le choix de créer un fonds confié à une société de gestion extérieure. Il lui semble qu’une filiale de la Caisse des Dépôts aurait été bien accueillie et aurait permis de monétiser une partie du capital immobilier constitué par la population française sous forme de construction. M. Emmanuelli juge la multiplication des fonds peu pertinente. M. Jouyet indique qu’un travail est en cours sur le viager intermédié. Il prend note de la remarque de M. Emmanuelli, et reviendra sur le sujet devant la Commission de surveillance en temps voulu. M. Emmanuelli estime, par ailleurs, que le Groupe Caisse des Dépôts a sa place dans l’effort de reconstruction de l’appareil industriel, qui n’est pas évoqué dans les feuilles de route présentées. Il semblerait pertinent que le Groupe, en tant qu’actionnaire de long terme, investisse dans des secteurs porteurs, comme, par exemple, celui des technologies médicales. Il souhaiterait obtenir une présentation des investissements du Groupe dans ce secteur technologique. M. Jouyet indique que le Groupe pourrait également intervenir auprès de co-investisseurs dans le cadre d’un dispositif public en cours de création, qui permettra d’investir dans des PME du secteur médical en bénéficiant d’incitations fiscales. La Caisse des Dépôts ne doit effectivement pas 76 M. Goua souhaite faire part de deux remarques, dont la première porte sur le logement. Au-delà des éléments conjoncturels, il souligne l’importance d'un élément structurel, qui est le coût prohibitif du logement en France. Il considère que la Caisse des Dépôts pourrait mettre en œuvre une politique volontariste afin de trouver des formules nouvelles permettant de faire baisser ce coût, ou de généraliser des expériences ayant déjà prouvé leur efficacité en la matière. La seconde remarque de M. Goua concerne la transition énergétique et les énergies renouvelables. Il déplore l’absence de stratégie nationale claire en France dans ce domaine : certaines solutions, telles que l’éolien offshore, ont pu être présentées comme idéales, avant d’être aussitôt décriées. Au vu de l’importance des capitaux à engager, une clarification des directions à suivre paraît essentielle. M. Picq remercie tout d’abord les intervenants pour leur présentation intéressante et dynamique, qui a laissé apparaître une vision globale et une mise en mouvement qui complètent les précédentes interventions à propos des orientations stratégiques. Les premières observations de M. Picq portent sur les différents métiers de la Caisse des Dépôts. M. Picq insiste sur l’importance des métiers traditionnels de mandataire, de dépositaire et de gestionnaire, qui permettent de dégager des marges de manœuvre. Ce cœur de métier ne doit en aucun cas être négligé, d’autant qu’il suscite des envies au sein de la communauté bancaire. La perspective de prendre en gestion les fonds en déshérence ou le compte de formation constitue ainsi une bonne procès-verbaux nouvelle. En ce qui concerne le métier d’investisseur, la vision dynamique communiquée par M. Silvent apparaît encourageante, bien que la somme de 3 milliards d’euros puisse sembler insuffisante. Quant au métier d’opérateur, il apparaît qu’il donne lieu à certains blocages dont la Caisse des Dépôts ne parvient pas, à l’heure actuelle, à se dégager. M. Picq regrette que l’avenir et les perspectives concernant ce métier n’aient pas été évoqués. M. Picq déplore également l’utilisation récurrente du terme de "rupture ": il aurait, pour sa part, préféré parler d’une "nouvelle donne ", qui oblige à repenser les modes d’action et d’intervention du Groupe. S’il devait y avoir une rupture, ce serait plutôt dans les relations avec l’État : M. Picq considère qu’à partir du moment où l’État croit au plan stratégique de la Caisse des Dépôts, il doit lui faire confiance, l’accompagner, et ne pas la charger d’opérations qui ne lui conviennent pas, comme cela a pu être le cas au cours des dernières années. La stratégie du Groupe ne doit pas être celle de l’État, bien que celui-ci soit tenu de l’approuver. A propos des relations entre l’État et le Caisse des Dépôts, M. Picq souligne également l’importance de la question du partage des résultats. M. Picq demande des détails concernant l’articulation entre les différentes priorités sectorielles. Si l’approche matricielle semble intéressante, la faiblesse des marges de manœuvre et leur localisation dans les métiers traditionnels impliquent que l’articulation entre la mise en mouvement des priorités sectorielles et les activités plus rentables s’opère clairement dans la gestion quotidienne de l’institution. Enfin, à l’instar de M. Emmanuelli, M. Picq considère que la Caisse des Dépôts doit participer à la reconstruction de l'appareil industriel français. M. Houri félicite les auteurs des documents présentés, plus complets que ceux qui avaient été communiqués précédemment à la Commission de surveillance. A leur lecture, M. Houri a constaté que certains secteurs n’étaient que peu ou pas évoqués, parmi lesquels celui de la santé. L’allongement de l’espérance de vie, la mise au point d’organes artificiels, le développement du numérique, l’évolution des modes de communication et d’interaction, ou encore l’importance croissante des problèmes de dépendance, sont autant de questions cruciales pour l’avenir de la France, qui ne transparaissent pourtant que très peu dans les orientations stratégiques. Concernant le montant des investissements prévus sur les cinq années à venir, la première réaction de M. Houri a également été de considérer la somme de 3 milliards d’euros comme relativement faible. Si certains évoquent les marges de manœuvre réduites de la Caisse des Dépôts, d’autres mettent en avant le bon niveau des fonds propres prudentiels. M. Houri souhaiterait donc obtenir des clarifications quant à la situation réelle du Groupe en termes de fonds propres, de capital économique et de plus-values latentes. Une vision plus claire pourrait permettre d’envisager un effet de levier plus important et un changement de paradigme entre fonds propres et endettement, qui donneraient au Groupe une capacité d’intervention accrue. M. Houri souligne, par ailleurs, l’absence de données précises concernant la rentabilité, les résultats ou les bénéfices des opérations évoquées. Concernant le rôle des référents, M. Houri avait imaginé que M. Jouyet les mettrait à la tête de six pôles sectoriels, chacun disposant de son propre tableau de bord et de ses comptes consolidés, qui seraient ensuite agrégés. Cette solution n’ayant pas été choisie, M. Houri ne comprend pas très bien l’organisation qui a été mise en place. M. Houri insiste enfin sur l’importance des thématiques de la productivité et du contrôle de gestion. M. Gailly observe que la question des marges de manœuvre semble peser sur le débat. Une rotation des actifs est évoquée, sans pour autant qu’un 77 volume cible soit défini. La question des plus-values latentes rejoint, quant à elle, celle de la répartition des résultats entre la Caisse des Dépôts et l’État : il paraît difficile d’établir des orientations sur trois à cinq ans si les règles de fonctionnement en la matière ne sont pas clairement définies sur cette période. M. Gailly déplore, en outre, le peu d’intérêt porté à la question des gains d’efficacité et d’efficience au sein du Groupe qui permettraient pourtant de dégager des marges de manœuvre supplémentaires. M. Emmanuelli insiste sur l’importance de la clarification des rapports entre la Caisse des Dépôts et l’État sur le plan fiscal. M. Jouyet et lui-même ont récemment adressé un courrier à ce sujet au ministre des Finances. M. Emmanuelli estime que le fait de renoncer aux bénéfices des filiales ne constitue pas la solution la plus adaptée. Il paraîtrait plus judicieux de récupérer leurs dividendes et de leur redistribuer les fonds dont elles ont besoin, sans compter les possibles dérives de cette comptabilité par compensation, mise en place uniquement par crainte que l’État ne récupère une trop large part des résultats du Groupe. Si la gestion des fonds protégés par la loi est considérée par beaucoup comme un privilège, M. Emmanuelli souligne qu’à l’heure actuelle, elle ne rapporte rien à la Caisse des Dépôts, et lui coûte même de l’argent. De plus, l’épargne publique a de tous temps été placée sous la garantie de la puissance publique, quel que soit le régime politique en vigueur. Si les règles communes de fiscalité s’appliquaient à la Caisse des Dépôts, l’État facturant simplement sa garantie comme il le fait pour d’autres entités, les règles de gestion seraient considérablement simplifiées. M. Fernandez rappelle que les relations financières de la Caisse des Dépôts avec l’État ont fait l’objet de longues discussions en 2010, qui avaient abouti, lui semble-t-il, à un résultat équilibré. Si la question semble aujourd’hui poser à nouveau problème, elle pourra évidemment être réexaminée. M. Fernandez jugerait cependant utile d’évaluer de manière objective les marges 5e séance - 12 mars 2014 de manœuvre réelles de la Caisse des Dépôts, afin de déterminer si le montant d’investissements de 3 milliards d’euros s’avère réellement insuffisant et, le cas échéant, de réfléchir aux moyens de renforcer ces marges de manœuvre. M. Fernandez souligne que le Groupe présente, à l’heure actuelle, des ratios de solvabilité très confortables par rapport aux banques ordinaires. Des marges de manœuvre supplémentaires pourraient toutefois être dégagées après un réexamen de la pertinence des règles prudentielles adoptées pour la Caisse des Dépôts, par une gestion de portefeuille plus dynamique, par une révision des règles en matière de remontée des dividendes, ou encore par des efforts de gestion, de productivité et de discipline budgétaire internes à l’Etablissement. M. Emmanuelli souligne que la Caisse des Dépôts a déjà accompli d’importants efforts en la matière. M. Fernandez reconnaît les améliorations observées au sein de tous les établissements publics, qui s’avèrent malgré tout insuffisantes dans le contexte actuel. Quoi qu’il en soit, le ministère des Finances a bien pris connaissance du courrier adressé par MM. Jouyet et Emmanuelli, et se tient à leur disposition pour engager un nouveau débat sur des bases objectives. Si la capacité d’intervention de la Caisse des Dépôts devait paraître insuffisante, il conviendrait, à la fois, d’étudier en détail les secteurs plus ou moins favorisés, et de revoir la trajectoire économique du Groupe, dont les relations avec l’État font évidemment partie. Pour revenir à la présentation faite devant la Commission de surveillance, M. Fernandez aurait souhaité voir apparaître plus clairement la distinction entre les interventions du Fonds d’épargne et de la Section générale, dont les compétences et la logique s’avèrent différentes. M. Emmanuelli observe qu’un passage à la facturation de la garantie de l’État changerait la donne. M. Fernandez indique qu’il raisonne en fonction du cadre réglementaire actuel. En outre, si les notions de synergie et de co-investissement lui semblent importantes, M. Fernandez invite à la prudence quant aux possibles conflits d’objectifs entre prêteur, investisseur et filiales. M. Ophèle salue le fait que le Groupe s’inscrive désormais dans une véritable démarche stratégique, accompagnée d’une mise en cohérence d’éléments jusqu’ici disparates. M. Ophèle souligne, par ailleurs, le caractère médian de la trajectoire présentée. En effet, celle-ci ayant été déterminée à partir de marges prudentielles basées sur une hypothèse d’évolution économique favorable, elle pourrait très bien s’avérer trop optimiste et ce, même en l’absence de crise majeure. A l’inverse, certains arbitrages évoqués précédemment pourraient permettre de dégager des marges de manœuvre supplémentaires. M. Ophèle attire également l’attention sur le fait que la politique de la Caisse des Dépôts en matière de logement, marquée par une augmentation des risques pour des opérations similaires, pourrait favoriser le mouvement de hausse des prix. Si la feuille de route Logement s’avère très complète, M. Ophèle constate que celles des deux autres secteurs évoqués sont moins documentées, notamment en termes d’objectifs. A titre d’exemple, si CNP Assurances et le Fonds d’épargne sont cités en matière d’infrastructures, le détail de leurs interventions n’est pas communiqué. M. Ophèle considère qu’il conviendrait à présent d’établir des modèles économiques effectifs, afin de déterminer des objectifs précis. sleeping partner, son rôle se limitant au simple financement. En ce qui concerne les relations avec l’État, M. Gailly constate que la majeure partie des difficultés est survenue après la renégociation intervenue en 2009/2010. Certaines des pratiques actuelles pèsent sur les rapports de la Caisse des Dépôts avec l’actionnaire État, et justifieraient une révision des règles en vigueur. M. Gailly souligne, en outre, que le plan présenté ne prévoit pas l’éventualité d’un nouveau "coup dur" qui viendrait encore réduire les marges de manœuvre du Groupe. En ce qui concerne le rôle et l’articulation des référents, M. Jouyet indique avoir renoncé à mettre en place une organisation par pôles, qu’il souhaitait à l’origine pour des raisons, à la fois, psychologiques et culturelles propres à l’Institution. L’idée consiste donc à s’appuyer sur les référents, disposant tous d’une excellente connaissance du Groupe et de leurs secteurs respectifs, pour faire remonter et mettre en cohérence les objectifs, puis exercer une pression sur les différentes structures afin qu’elles concourent à leur mise en œuvre. Les divergences entre les diverses Directions, fonds ou autres doivent être atténuées, chacun devant se sentir membre d’un groupe, comme c’est le cas pour les six référents désignés. Il s’agit également de combattre l’état d’esprit présent dans certaines filiales, selon lequel il faut profiter de l’argent de la Caisse des Dépôts tout en en restant aussi éloigné que possible. Les référents, tous dotés de fortes personnalités, ont pour vocation d’aider à la mise en place progressive d’un pilotage plus intégré. Enfin, M. Ophèle considère que les coinvestissements constituent une garantie de solidité à condition qu’ils fassent intervenir des investisseurs extérieurs. S’il ne s’agit que d’investisseurs internes au Groupe, l’effet recherché sera manqué. M. Jouyet insiste, par ailleurs, sur l’importance d’accompagner le plan stratégique d’importants efforts en matière de productivité, de discipline budgétaire et d’organisation – notamment dans le domaine informatique, qui constitue l’une des fragilités de la Caisse des Dépôts –, et de renforcer le contrôle de gestion et des risques. M. Emmanuelli souligne que dans un certain nombre de dossiers, la Caisse des Dépôts est surtout intervenue, aux côtés de partenaires extérieurs, en tant que Si la prévision de 3 milliards d’euros d’investissements peut sembler trop faible à certains membres de la Commission de surveillance, M. Jouyet 78 procès-verbaux rappelle que la situation économique pourrait s’avérer moins bonne que prévu : les risques de croissance lente au niveau de la zone euro demeurant non négligeables, la prudence invite à considérer une hypothèse médiane. A cet égard, M. Jouyet jugerait utile d’intégrer des stress tests aux différentes stratégies envisagées. En ce qui concerne les relations avec l’État, M. Jouyet estime que les modifications de l’environnement dans lequel évolue la Caisse des Dépôts justifieraient une révision des règles définies suite aux négociations de 2009/2010. En l’absence de certitude quant au maintien ou non d’un statu quo, il paraît difficile d’établir des projections précises. Pour répondre à l’observation de M. Ophèle, M. Jouyet indique que si la feuille de route Logement s’avère plus détaillée que les autres, c’est que le sujet est mieux connu de la Caisse des Dépôts, qui dispose de structures dédiées, au rôle bien défini. En matière de transition énergétique ou d’infrastructures le sujet est plus complexe. Enfin, M. Jouyet partage l’idée selon laquelle la Caisse des Dépôts doit jouer un rôle dans le redressement industriel du pays, en s’impliquant, éventuellement en tant qu’opérateur. M. Silvent revient sur l’orientation nouvelle du métier d’opérateur adoptée dans le plan stratégique, qui consiste à concilier une plus grande mobilité, à travers des rotations d’actifs, et une approche plus intégrée des participations restantes. S’il est beaucoup question des filiales ou participations de niveau N-1, M. Silvent rappelle que le portefeuille du Groupe, notamment dans le domaine des infrastructures et des entreprises (Bpifrance), contient des actifs cessibles à des niveaux inférieurs. Pour répondre à l’observation de M. Picq, M. Silvent admet que l’emploi du terme "rupture" constitue une maladresse de langage, et que la notion de "nouvelle donne" s’avérerait plus appropriée. Pour ce qui est de l’estimation de 3 milliards d’euros de capacité d’investissement additionnelle, M. Silvent rappelle qu’elle repose sur une hypothèse de progression du CAC 40 de 25 % sur cinq ans, et ne tient pas compte d’éventuels besoins de capitalisation sur certaines filiales ou de demandes d’interventions de secours de la part de l’État. Les marges de manœuvre apparentes sont fortement corrélées à des plus-values latentes et à des hypothèses de marché dont la réalisation demeure incertaine. M. Silvent observe, par ailleurs, que les efforts de gestion et de productivité, bien que tout à fait nécessaires et conditionnant le développement de la Caisse des Dépôts dans ses métiers historiques, ne suffiront en aucun cas à dégager des économies assez conséquentes pour impacter réellement la capacité d’investissement du Groupe, à la différence de la rotation des actifs. M. Silvent juge pour partie limitée la comparaison opérée par M. Fernandez entre la Caisse des Dépôts et les banques traditionnelles, dans la mesure où les assiettes en risque du Groupe sont spécifiques, les participations immobiles et la forte exposition aux actions nécessitant une pondération plus importante des activités en fonds propres. Si les règles de répartition convenues avec l’État en 2010 pouvaient, à l’époque, sembler équilibrées, M. Silvent souligne que des changements importants sont intervenus depuis, parmi lesquels le fait que la Caisse des Dépôts partage désormais une grande partie de son bilan avec l’État. M. Silvent partage l’observation de M. Ophèle concernant le niveau d’intégration des différentes composantes à la stratégie du Groupe. La démarche entreprise – qui constitue une nouveauté pour la Caisse des Dépôts – a consisté à définir et à additionner des politiques cohérentes pour chacune des composantes sectorielles. Malgré tout, le processus demeure incomplet : à titre d’exemple, l’intégration complète de CNP Assurances à la politique d’infrastructures du Groupe, si tant 79 est qu’elle soit réalisable, nécessitera un certain temps. M. Marcel revient sur la remarque de M. Ophèle concernant le caractère moins détaillé de la feuille de route Infrastructures. Outre les raisons évoquées par M. Jouyet, M. Marcel tend à se méfier des documents stratégiques trop précis, qui peuvent limiter la portée des actions envisagées. Il rappelle que lors de la création de CDC Infrastructure, il y a 10 ans, l’objectif était de suppléer aux failles du marché en termes d’investissement. Or, il s’est avéré que le marché investissait plus que prévu, et que la stratégie établie reposait sur des bases datées. Pour ce qui est de CNP Asssurances, M. Marcel rappelle qu’il s’agit d’une société cotée, qui compte d’autres actionnaires que la Caisse des Dépôts, et qui ne sera donc jamais en mesure de déterminer seule sa politique d’investissement. En outre, les priorités de CNP Assurances, plutôt axées sur le brownfield, s’avèrent pour partie différentes de celles de la Caisse des Dépôts. Enfin, M. Marcel souligne que les grandes orientations concernant l’allocation des Fonds d’épargne ne sont pas entièrement fixées, ce qui complique les prévisions. Mme Renaud-Basso précise que les feuilles de route présentées sont conformes aux règles d’emploi existantes du Fonds d’épargne. M. Silvent insiste sur le fait que les orientations stratégiques, tout en respectant les contraintes de gestion des uns et des autres, expriment une volonté de mise en mouvement, en cohérence et en synergie, qui constitue une grande nouveauté au sein du Groupe. M. Emmanuelli exprime le sentiment, partagé par la Commission de surveillance et par la Direction générale, d’une certaine réticence du Fonds d’épargne à investir, qui s’est notamment exprimée lors du financement du projet Argos ou de la mise en place de l’enveloppe de 20 milliards d’euros. M. Emmanuelli estime que le ministère de l’Economie et des Finances devrait davantage soutenir la Caisse des Dépôts dans son rôle d’accélérateur d’investissement, et non la freiner. 5e séance - 12 mars 2014 M. Fernandez indique que le ministère de l’Economie souhaite éviter qu’une intervention publique trop rapide, massive et à des conditions trop favorables n’évince les acteurs privés. La sphère publique doit venir pallier les carences du privé, mais pas s’y substituer. En ce qui concerne le coût du logement, M. Yché souligne l’existence de diverses solutions techniques, qui ont d’ores et déjà été mises en œuvre. Le recours au bois a par exemple permis d’obtenir des résultats satisfaisants sur des petits produits tels que les logements étudiants, qui présentent un coût inférieur de 20 % à celui de la production traditionnelle, pour un temps de construction de moins de 6 mois. Pour ce qui est du résidentiel familial, cette solution a également permis de gagner sur le temps de construction, mais pas sur les coûts, du fait de certaines limitations techniques. Pour M. Yché, l’inflation du coût du logement est en partie liée aux dispositifs de défiscalisation, gérés par des personnes physiques, qui amènent les intermédiaires à capter l’essentiel de la marge. Le retour des institutionnels, notamment dans le cadre du projet Argos, permet justement de briser ce mécanisme, en instituant des plafonds de prix. Contrairement à ce qui a pu être dit, M. Yché souligne que les promoteurs ne se montrent pas totalement hostiles à ce mode de fonctionnement, puisque pas moins de 10 000 propositions ont été reçues en l’espace de deux mois. Au-delà des solutions techniques, l’inflation du coût du logement peut donc être combattue par des mesures réglementaires et par l’établissement de rapports de forces différents avec les promoteurs. M. Yché observe, par ailleurs, qu’à partir du moment où l’allongement de 50 à 60 ans de la durée d’amortissement dans les zones tendues ne s’applique qu’au foncier, le schéma adopté constitue un compromis entre financement de foncier par un prêt classique et opération de construction sur bail emphytéotique. M. Yché souligne enfin qu’un effort de relance portant sur 20 000 logements représente un investissement d’environ 3,5 milliards d’euros, venant s’ajouter à la production annuelle courante en constructions neuves, de l’ordre de 6 000 logements, soit environ 1 milliard d’euros, et aux opérations de réhabilitation. Les investissements globaux à l’échelle du Groupe dépassent donc largement les 3 milliards d’euros prévus pour l’Établissement public. premier pas dans la redéfinition d’une stratégie en environnement incertain. M. Emmanuelli juge que les feuilles de route Logement et Infrastructures apportent des informations relativement précises, par rapport à celles qui avaient pu être communiquées par le passé. En revanche, la feuille de route Transition énergétique le laisse plus dubitatif. La définition de cette transition et les actions concrètes à entreprendre demeurent trop imprécises. La feuille de route souligne que la transition énergétique concerne une grande variété d’acteurs au sein de la Caisse des Dépôts, dans des domaines allant du logement aux infrastructures en passant par l’équipement. Or, M. Emmanuelli craint qu’à force de concerner tout le monde, le sujet ne soit pris en main par personne en particulier. M. Houri estime que la question des marges de manœuvre occupe une place centrale. Or, la réalité de ces marges demeure relativement floue. M. Houri suggère qu’un travail de clarification soit conduit. M. Ducret comprend la remarque de M. Emmanuelli, liée au caractère extrêmement transversal de cette question de la transition énergétique. Les 10 plans d’action définis présentent des niveaux de maturité très divers, et les projets envisagés n’aboutiront probablement pas tous. En outre, M. Ducret souligne l’existence de dispositifs d’envergure dont la place au sein de la stratégie de la Caisse des Dépôts n’est pas encore clairement définie. Enfin, si le Groupe affiche sa volonté de doubler ses investissements dans les énergies renouvelables, le contexte réglementaire demeure incertain, particulièrement en ce qui concerne les systèmes de production d’électricité. M. Ducret rappelle toutefois l’existence d’autres types d’EnR, tels que la chaleur, pour lesquels des avancées peuvent d’ores et déjà être envisagées. L’exercice d’évaluation sur les actions entreprises par la Caisse des Dépôts dans le domaine des énergies renouvelables au cours des dernières années, qui fera l’objet d’une présentation à la Commission de surveillance le 30 avril, constitue un 80 M. Jouyet indique que les observations de la Commission de surveillance seront intégrées au plan stratégique et aux feuilles de route. Des retours réguliers seront organisés afin de faire le point sur les progrès accomplis. M. Jouyet invite M. Houri à se rapprocher de M. Silvent afin de constituer un éventuel comité sur le sujet. 2 – Stratégie de communication et de mécénat 2014 M. Bachy rappelle que les membres de la Commission de surveillance ont reçu, il y a déjà deux mois, un plan de communication pour les années 2014/2015. Après une année de plein exercice, M. Bachy a pu développer certaines convictions en matière de communication, correspondant à l’évolution du Groupe et, a priori, partagées par la Commission de surveillance. La première conviction concerne l’importance de la notion de Groupe, d’ailleurs affirmée dans le plan stratégique. La communication sur cette notion doit, à la fois, être conduite en interne, comme lors de la convention du mois de novembre, appréciée par 92 % des collaborateurs, et en externe, principalement à travers la Lettre du groupe Caisse des Dépôts. Ce nouvel outil est venu combler un manque, puisque jusqu’ici, la Caisse des Dépôts ne s’adressait pas directement aux élus, qui sont pourtant ses principales parties prenantes. Cette lettre est envoyée en version papier à tous les parlementaires et maires de villes de plus de 100 000 habitants, entre autres, et communiquée de façon dématérialisée par les directions régionales aux élus avec lesquels elles collaborent le plus fréquemment. M. Bachy souligne que le Directeur général a reçu de nombreux courriers le félicitant de cette initiative. Les procès-verbaux relevédeconclusionsdelacommissiondesurveillance surlamiseenœuvredesorientationsstratégiques La mise en œuvre des orientations stratégiques du Groupe a été soumise à la Commission de surveillance lors de sa séance du 12 mars 2014. A titre liminaire, elle se félicite de voir que la gestion du compte personnel de formation, ainsi que celle des comptes bancaires inactifs et des contrats d’assurance-vie en déshérence, ont été confiées à la Caisse des Dépôts, avec le soutien actif du Parlement. En premier lieu, s’agissant de la déclinaison opérationnelle des priorités sectorielles, elle accueille favorablement les feuilles de route relatives au logement et aux infrastructures. Elle se montre, cependant, réservée quant à la feuille de route transition énergétique, dont le contenu ne lui parait pas, à ce stade, suffisamment opérationnel et étayé par des éléments financiers détaillés, alors qu’au demeurant cette thématique recoupe, à certains égards, le périmètre des autres priorités susmentionnées. Elle note également que les feuilles de routes "mobilité durable" et "tourisme" lui seront prochainement soumises. En deuxième lieu, en ce qui concerne la mise en place du plan de transformation interne, elle relève le faible niveau d’informations présentées lors de cette séance, mais prend note que cette question fera lettres envoyées jusqu’ici ont porté sur des thématiques variées, telles que le logement, la transition énergétique, la présentation de Bpifrance ou encore l’aide aux collectivités locales à travers l’enveloppe de 20 milliards d’euros. La deuxième conviction est que la communication doit porter sur des l’objet d’un examen approfondi à l'occasion de la séance du 19 mars 2014. En tout état de cause, ainsi qu’elle l’a fait valoir lors de la séance du 11 décembre dernier, elle souhaite que les mesures visant l’amélioration de la performance soient prises rapidement. Elle suggère que l’objectif de mise en œuvre du plan stratégique, notamment au regard de la réalisation de synergies nécessaires, devienne une composante de la part variable de la rémunération des cadres du groupe Caisse des Dépôts. En troisième lieu, en ce qui concerne la stratégie d’investissement, la Commission de surveillance souhaite voir le groupe Caisse des Dépôts, de par sa mission de relance du moteur de l’investissement public, placé aux avant-postes du soutien à la croissance économique et, notamment, l’effort de réindustrialisation de la France dans les filières d’avenir, s'interrogeant sur le faible niveau des objectifs d'investissement, fixés à 3 milliards d'euros sur la période 2014/2018, elle souhaite qu'on lui soumette des scénarios d'évolution des marges de manœuvre financières, afin de lui permettre d'apprécier si des arbitrages peuvent être opérés sur la durée du plan en faveur d'un montant plus élevé d'investissements. Les contraintes pesant sur le bilan de la Caisse des Dépôts ne actions concrètes. Il s’agit aujourd’hui de regagner des marges de manœuvre en termes de communication, en s’appuyant notamment sur l’action des référents thématiques et sectoriels. Le Directeur général a souhaité que DGCO constitue l’axe central de la communication de ces derniers, que ce soit en information pour la participation à des colloques, en 81 sauraient, à elles seules, justifier une prudence excessive vis-à-vis de la cible d’investissement, dès lors qu’elle dispose d’importantes marges de manœuvre si elle arbitre un certain nombre de participations en plus-values latentes. En parallèle et dans la ligne de son avis relatif à la séance du 12 février 2014, elle préconise, également, une plus forte mobilisation des capacités d’investissement de Bpifrance. En dernier lieu, la Commission de surveillance s’interroge sur la politique de distribution des dividendes des filiales vers la Caisse des Dépôts. Plutôt que d’exonérer de dividendes certaines de ses filiales (SNI, CDC Infrastructure) afin de financer leurs investissements, il serait de meilleure gestion que l’Établissement public se voit verser les dividendes dus et refinance les filiales en fonction de leurs besoins d’investissement. Ce sujet ne pouvant être découplé de celui des relations financières avec l’État, elle rappelle l’importance qu’elle attache à voir aboutir les négociations sur le niveau du versement à l’État. Enfin, la Commission de surveillance demande que les décisions importantes relatives à la mise en œuvre des orientations stratégiques lui soient soumises et qu’un tableau de bord relatif à leur déploiement lui soit régulièrement présenté. validation, pour ce qui est des interviews et communiqués de presse, ou en coproduction, pour l’élaboration des éventuelles plates-formes collaboratives. En interne, l’existence même de ces référents a déjà produit certains effets positifs, notamment à travers la mise en place de la communauté du logement évoquée par M. Yché. La ligne directrice 5e séance - 12 mars 2014 de la communication externe consistera à promouvoir la Caisse des Dépôts à travers ses réalisations concrètes et montrer comment son action s’articule avec les priorités des politiques publiques. La troisième conviction concerne la nécessité d’une plus grande transversalité, qui permet d’éviter un certain nombre de rigidités, souvent destructrices de valeur. Cette notion de transversalité a tout d’abord été appliquée au sein de la Direction de la Communication, réorganisée autour d’une agence de création, en charge du contenant, une agence éditoriale, en charge du contenu, et un nouveau fonctionnement de l’équipe dédiée au mécénat. Le plan de communication présenté à la Commission de surveillance est également le fruit d’un travail collaboratif entre la Direction de la Communication et les différentes Directions de communication des métiers. La réflexion sur la transversalité doit à présent se poursuivre sur un mode plus opérationnel, autour des mutualisations de moyens et de compétences qui pourraient être envisagées. M. Bachy évoque, en outre, la question de la mise en place d’une autorité hiérarchique partagée sur les équipes de communication des Directions métiers, les collaborations étant jusqu’ici conduites sur la base du volontariat et de la bonne volonté des participants. La transversalité doit également progresser au sein de l’ensemble du réseau de communication du Groupe, qui inclut la Direction de la Communication et toutes les directions de la communication des filiales, dont M. Bachy réunit régulièrement les représentants pour des échanges de bonnes pratiques et d’informations. A cet égard, une lettre du réseau, dématérialisée, sera prochainement mise en place. M. Bachy évoque ensuite les moyens consacrés à la communication du Groupe. Ayant constaté la vigilance de la Commission de surveillance sur le sujet, la Direction de la Communication a fait en sorte de fournir cette année une présentation budgétaire plus détaillée. Le nouveau plan de communication est marqué par un souci d’efficacité et de rigueur budgétaire, l’enveloppe allouée à la communication étant passée de 5,99 millions d’euros en 2012 à 4,7 millions d’euros en 2013, soit une diminution supérieure à l’effort demandé. Le budget 2014 est, quant à lui, prévu aux alentours de 4,4 millions d’euros. Les postes budgétaires les plus importants sont la veille presse (883 000 euros), les hôtesses d’accueil (855 000 euros) et les insertions et parrainages (432 000 euros). M. Bachy souligne la diminution drastique du budget consacré aux agences de conseil et études, issue d’une volonté d’internaliser au maximum la production de communication. Dans le cadre de la mise en place de platesformes collaboratives des référents, la Direction de la Communication se verrait toutefois obligée de recourir à des prestataires extérieurs. Pour ce qui est des budgets de communication des Directions métiers, M. Bachy indique qu’ils lui sont communiqués, mais qu’il n’exerce aucune influence sur leur évolution. L’élaboration d’un plan de communication sur deux ans est issue d’une recommandation de l’audit mené en 2013 sur la Direction de la Communication. M. Bachy observe que les années 2014/2015 se prêtent particulièrement bien à l’exercice, puisqu’elles seront bornées par deux chantiers d’envergure que sont la mise en œuvre du plan stratégique et la préparation du bicentenaire de la Caisse des Dépôts. Dans la lignée du plan stratégique, la communication interne visera à développer les interactions et la transversalité entre les métiers, en partenariat avec la DRH, notamment en améliorant la connaissance de l’action du Groupe. Dans cette optique, une première plaquette, récapitulant les réalisations accomplies depuis l’arrivée de M. Jouyet à la tête de la Caisse des Dépôts et vouée à être régulièrement réactualisée, a été envoyée à l’ensemble des collaborateurs sous forme dématérialisée, ainsi qu’au réseau de communication, afin qu’elle soit diffusée aux collaborateurs des filiales. Une seconde plaquette 82 vient d’être envoyée aux managers, pour servir de support à d’éventuelles réunions concernant la mise en œuvre des orientations stratégiques du Groupe. En matière de communication externe, la DGCO sera en charge de la coordination des interventions du Directeur général, des référents et éventuellement de la Commission de surveillance. La communication sera ici aussi fondée sur des exemples et des projets concrets et fortement axée sur la PQR, principal vecteur d’information du Groupe. La présence de la Caisse des Dépôts sur les réseaux sociaux demeure encore trop faible, le nombre d’abonnés sur Twitter venant à peine de passer le cap des 3 000. A ce propos, M. Bachy souligne que les tweets, bien que limités à 140 signes, et marqués par une certaine liberté de ton propre aux réseaux sociaux, renvoient souvent à un contenu beaucoup plus riche comme des études documentaires. Trois plans de communication sont, par ailleurs, en cours d’élaboration avec les référents sectoriels. Chacun comportera un volet numérique, issu d’un travail de cartographie déjà effectué pour le secteur du logement, en cours de réalisation pour la transition énergétique, et prévu dans un avenir proche pour les infrastructures. Pour ce qui est de la communication de crise, un marché a été passé par la Direction des achats auprès d’une agence spécialisée, le cabinet CLAI, qui travaille actuellement à l’élaboration d’un guide destiné à être partagé avec l’ensemble du réseau. Le choix a également été fait de simplifier l’identité visuelle de la Caisse des Dépôts, en n’affichant plus qu’un logo Groupe unique. La célébration du bicentenaire de la Caisse des Dépôts, en 2016, mobilise d’ores et déjà les équipes : après une phase de groupes de travail, il a été décidé de mettre en place une répartition par projets, dont une vingtaine est déjà en cours. M. Bachy invite la Commission de surveillance à faire part de ses éventuelles idées sur le sujet pour participer pleinement à cet évènement. Un comité de pilotage a été créé, animé par le cabinet et les Directions de la Communication, du Développement territorial et du Réseau, de la Stratégie, procès-verbaux et des Ressources humaines. Le Directeur général a donné pour consigne d’organiser une célébration du bicentenaire territorialisée, étalée sur toute l’année 2016, impliquant les collaborateurs, et d’un coût raisonnable, tout en étant à la hauteur de l’événement. M. Jouyet précise que le bicentenaire donnera lieu à des manifestations mensuelles aux niveaux régional et national. Un accord sera passé avec la Direction des monnaies et médailles pour créer des symboles commémoratifs, et un comité d’historiens sera chargé d’organiser des débats à propos de l’Institution. D’autre part il y aura une réactualisation du "Que saisje ?" consacré à la Caisse des Dépôts. M. Jouyet espère, en outre, que le Parlement organisera un événement à l’occasion de cet anniversaire. M. Emmanuelli invite Mme Lalliard à présenter la stratégie de mécénat. En termes de budget, Mme Lalliard indique que la subvention allouée au théâtre des Champs-Elysées s’élève à 10 millions d’euros, le reste des opérations de mécénat représentant 3,2 millions d’euros au niveau fédéral, et 1,5 million d’euros à la main des Directions régionales. Jusqu’en 2013, les actions de mécénat de la Caisse des Dépôts se déployaient autour de trois axes d’intervention, qui ne s’avéraient pas nécessairement cohérents : le premier, l’accès à la musique classique, est lié au fait que la Caisse des Dépôts est propriétaire du théâtre des ChampsElysées ; le deuxième, la solidarité urbaine, qui se traduit par le soutien à des ateliers de pratiques artistiques dans les quartiers dits "Politique de la ville" et est en lien avec le rôle de financeur du logement social de la Caisse des Dépôts ; le troisième, enfin, la lutte contre l’illettrisme, qui tenait particulièrement à cœur au prédécesseur de M. Jouyet. Aucun nouveau partenariat n’a été noué durant l’année 2013, qui a été consacrée à une réflexion sur le sens de la politique de mécénat pour une institution telle que la Caisse des Dépôts, par essence au service de l’intérêt général. Un groupe de travail, composé d’intervenants internes et externes à l’Etablissement, a été chargé d’aborder les questions des objectifs du mécénat, de la gouvernance, des axes d’intervention, et de la ligne de partage entre interventions nationales et régionales. En parallèle, la Direction de l’Audit interne a exigé une plus grande transversalité dans la gestion des projets, la mise en place de dispositifs d’évaluation interne, ainsi que l’établissement d’un tableau présentant les principaux bénéficiaires du mécénat de la Caisse des Dépôts. Parmi les faits marquants de l’année, Mme Lalliard souligne la labellisation de l’illettrisme comme Grande Cause nationale. Grâce à la mobilisation de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme et d’un certain nombre de mécènes, le taux de personnes illettrées dans la population française semble connaître une régression, puisqu’il s’élève aujourd’hui à 7 %, contre 9 % lors de la précédente enquête. L’année 2013 a également été marquée par le centenaire du théâtre des ChampsElysées, qui a bénéficié d’un important écho médiatique, notamment grâce à des productions très appréciées du grand public et de la presse spécialisée. A cet égard, Mme Lalliard observe que le montant de la subvention accordée par la Caisse des Dépôts, bien qu’il puisse paraître important, demeure relativement faible au regard des 120 millions d’euros alloués par l’État à l’Opéra de Paris ou des 20 millions d’euros consacrés par la Ville de Paris au théâtre du Châtelet. M. Emmanuelli fait observer que la Caisse des Dépôts n’est pas une collectivité locale. Mme Lalliard en convient et précise qu’elle souhaitait simplement donner quelques points de comparaison. Dans le cadre de Marseille-Provence Capitale européenne de la culture 2013, la Caisse des Dépôts a apporté son soutien à tous les projets organisés dans les quartiers "Politique de la ville ". L’objectif pour l’année 2014 est de renforcer la cohérence de la politique de mécénat, en l’articulant autour des thèmes de la jeunesse et de ses talents. 83 S’appuyant sur une histoire presque bicentenaire, l’Institution a à cœur de participer à la construction de l’avenir, y compris dans sa dimension humaine, que le mécénat peut contribuer à incarner. Dans cette perspective, l’intervention de la Caisse des Dépôts répondra à trois objectifs : lever les freins à l’expression des talents à travers la prévention de l’illettrisme et du décrochage scolaire ; aider de jeunes artistes, sportifs et chercheurs, avec l’appui d’un certain nombre de structures permettant de les détecter, en attribuant des bourses portant la signature de la Caisse des Dépôts ; et valoriser l’apport de ces jeunes talents à la communauté. Cette intervention transversale permettra une plus grande cohérence que la vision disciplinaire et cloisonnée adoptée par le passé. L’Institution apportera également son soutien à la Mission du Centenaire de la guerre de 14-18, en s’associant à un certain nombre de manifestations protocolaires, mais également à la communication de la Mission à travers le monde, et notamment à la campagne d’affichage publicitaire qui sera menée dans les gares durant l’été 2014. Une exposition sur la Caisse des Dépôts et la guerre de 14-18 sera également organisée, sur la base d’archives de l’Etablissement et du personnel, qui a joué le jeu et mis à disposition un certain nombre d’objets. Mme Lalliard indique, enfin, que la Caisse des Dépôts a participé, aux côtés d’autres fondations d’entreprises, à la constitution d’une association en charge d’élaborer un projet expérimental sur le décrochage scolaire, en s’appuyant sur le travail d’un comité scientifique au sein duquel siègent des spécialistes de la problématique, parmi lesquels Marcel Rufo. Les collaborateurs seront ici aussi mis à contribution, notamment pour se rendre dans les classes et s’adresser aux enfants. Pour avoir organisé la célébration du cinquantenaire d’une autre institution, M. Lavondès est en mesure d’affirmer que la réalisation de médailles s’avère très onéreuse. Le timbre-poste constitue une alternative plus intéressante, puisqu’il 5e séance - 12 mars 2014 a un coût de fabrication très faible, il circule sur l’ensemble du territoire, et les utilisateurs le payent eux-mêmes. M. Bachy indique que des négociations sont déjà en cours avec La Poste pour la réalisation de timbres. La médaille commémorative fera, quant à elle, l’objet d’un tirage très limité, du fait de son coût élevé. Un jeton d’une valeur inférieur à 2 euros sera également proposé à l’achat. M. Lavondès souligne le caractère atypique du mécénat de la Caisse des Dépôts. D’abord, sur la totalité des sommes consacrées chaque année à cette activité, la plus grande partie – soit 10 millions d’euros sur un total de 16 – ne bénéficie pas du régime fiscal du mécénat, bien qu’elle soit déductible de la base imposable pour la CRIS. M. Emmanuelli demande pour quelle raison cette subvention de 10 millions d’euros ne relève pas du régime fiscal du mécénat. M. Lavondès explique que durant de nombreuses années, la constitution capitalistique de sa société d’exploitation a empêché le théâtre des ChampsÉlysées de bénéficier du mécénat. Face aux besoins croissants, un rescrit fiscal a été négocié avec le ministère de l’Economie et des Finances, permettant aux mécènes du théâtre de bénéficier du régime fiscal du mécénat, à l’exception nominative de la Caisse des Dépôts. M. Bachy précise que la subvention accordée au théâtre des ChampsElysées doit connaître une diminution progressive, pour atteindre 10 % du montant actuel à la fin du prochain renouvellement triennal. M. Jouyet ajoute que cette diminution progressive a pour but de ne pas perturber excessivement la programmation du théâtre, établie sur une base triennale. M. Lavondès indique que le mécénat de la Caisse des Dépôts a pour autre originalité d’être géré par différents acteurs : en dehors de la subvention allouée au théâtre des Champs-Elysées, 3 millions d’euros dépendent de la Mission mécénat, sous l’autorité de Mme Lalliard, et 3 millions d’euros des autres Directions, en particulier celle du Développement territorial et du Réseau. Par ailleurs, la somme totale consacrée au mécénat, fiscal et non fiscal, est en baisse. Selon les chiffres de la comptabilité, elle est passée de 18,5 millions d’euros en 2012 à 17,4 millions d’euros en 2013. En toute certitude, elle baissera encore nettement en 2014. Le budget prévisionnel de la Mission mécénat passe, quant à lui, de 3 193 200 euros en 2013 à 3 088 748 euros en 2014, soit une diminution de 3,3 %. Pourtant, c'est au moment où les moyens rétrécissent qu’il est envisagé d'élargir le champ d'action de la Mission mécénat. En 2006, quand la Commission de surveillance, en accord avec la Direction générale de l'époque, a défini les objectifs de la Mission mécénat, il avait été décidé de concentrer une bonne part des moyens sur les besoins de la population bénéficiaire du logement social et de la politique de la ville, rapprochant ainsi le mécénat des missions emblématiques et traditionnelles de la Caisse des Dépôts. L'accent portait donc sur la pratique de la lecture et la lutte contre le décrochage scolaire. Aujourd'hui, les objectifs proposés s'avèrent beaucoup plus vastes, puisqu'il s'agit de faire de la jeunesse en général le thème central du mécénat de la Caisse des Dépôts, en soutenant des jeunes talents dans des domaines aussi divers que la recherche, les arts, la littérature, et même le sport. Cette orientation ne manque pas d'inquiéter M. Lavondès, car elle augmentera substantiellement la dispersion des interventions du mécénat. Il aurait semblé préférable de concentrer les moyens sur les jeunes véritablement en difficulté, en insistant sur les carences – illettrisme et décrochage scolaire – que pour le moment, l'Education nationale ne parvient pas à corriger. M. Lavondès approuve, en revanche, l'intention d'élargir la composition du comité mécénat en l’ouvrant à des personnalités extérieures, comme il le suggérait depuis des années. Pour conclure, M. Lavondès émet deux recommandations. La première porte sur un allégement des deux lignes de crédit "grands partenariats" et "projets 84 institutionnels ", dont les bénéficiaires s'avèrent très disparates et, pour certains, fortement marqués politiquement. La seconde concerne une meilleure coordination des interventions de la Mission mécénat et de la Direction du Développement territorial et du Réseau, qui permettrait au moins d'avoir une vision plus précise des actions menées par les Directions régionales. Alors que la DDTR a consacré environ 1,6 million d'euros au mécénat en 2013, M. Lavondès juge anormal que l'utilisation précise de cette somme ne soit connue qu'à concurrence de 700 000 euros. En outre, la liste de bénéficiaires présentée suite aux recommandations de la mission d’audit semble par trop disparate, en ce qu’elle additionne des sommes portant sur des périodes de temps variables. M. Goua souhaite revenir sur les interventions de la Caisse des Dépôts dans les quartiers, notamment en ce qui concerne la lutte contre l’illettrisme. M. Emmanuelli demande à quoi correspondent les 2,795 millions d’euros alloués aux actions dans ce domaine. Mme Lalliard indique que cette somme a été consacrée à l’opération Coup de pouce Clé, conduite par l’Association pour favoriser l’égalité des chances à l’école. L’action, déployée dans 250 villes, a donné lieu à la création d’une Association des villes Coup de pouce Clé, coprésidée par Gaëtan Gorce et Florent Montillot. En tant qu’élu local, M. Goua considère Coup de pouce Clé comme la seule action de soutien scolaire véritablement efficace sur le terrain, en particulier parmi les populations d’origine étrangère. L’opération donne lieu à la signature d’un contrat entre les enseignants, les parents, les enfants et l’association – par l’intermédiaire des collectivités –, qui met à disposition des personnes formées pour dispenser un soutien aux enfants, en complément de l’enseignement traditionnel. Mme Lalliard précise que des groupes de cinq élèves sont réunis quatre fois par semaine au sein d’un club, afin de bénéficier d’un soutien selon une procès-verbaux méthode identique sur l’ensemble du territoire. Les enfants concernés ne présentent aucun retard cognitif, mais sont issus de familles ne maîtrisant pas parfaitement la langue française, ou dans l’incapacité de les aider dans leur apprentissage scolaire. M. Goua ajoute que les enseignants, peu réceptifs au démarrage, considèrent aujourd’hui l’opération comme un succès. Il serait donc dommage que la Caisse des Dépôts cesse de la soutenir. Mme Lalliard indique qu’il n’est nullement question d’abandonner les actions dans ce domaine, puisqu’un 1,5 million d’euros sera alloué à la lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire. En outre, les 1,5 million d’euros consacrés au soutien de jeunes artistes ou sportifs talentueux permettront à ceux-ci, au-delà de leurs projets personnels, d’agir au service de la communauté. M. Goua rappelle l’échec d’une opération précédente à destination des jeunes de quartiers défavorisés, en grande partie focalisée sur le sport : ces jeunes se sont sentis stigmatisés, car ils ont eu l’impression que l’on considérait que leur réussite ne pouvait passer que par des activités physiques. M. Lavondès souhaite faire part des observations que M. Borotra lui a transmises au sujet du mécénat. M. Borotra tient à ce que le mécénat ne devienne pas un outil de la communication, l’essentiel résidant dans l’utilité des actions entreprises. Il estime que les priorités doivent aller à la lecture, à la lutte contre l’illettrisme, à la solidarité urbaine, ainsi qu’à l’aide à l’accès à la culture. M. Houri se déclare satisfait du plan de communication qui a été présenté. Il constate que la Caisse des Dépôts demeure méconnue du grand public, malgré ses nombreuses interventions en faveur de l’intérêt général. Il paraît dommage pour les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, que cette action au service de la collectivité n’ait pas plus de retentissement. M. Houri jugerait pertinent de mener une campagne de communication active, notamment dans les grands médias que sont la radio ou la télévision. Il s’enquiert, par ailleurs, des cibles visées à l’heure actuelle par la communication de l’institution. M. Houri jugerait également utile de comparer le budget total de communication et de mécénat de la Caisse des Dépôts – incluant la masse salariale et les frais généraux – avec celui d’organismes similaires. M. Picq considère comme une bonne idée le fait de mettre l’accent sur la jeunesse, particulièrement dans une période où celle-ci peut parfois se sentir oubliée. Dans la mesure où l’action de la jeunesse s’incarne en grande partie dans les territoires, il paraît toutefois important que l’intervention de la DDTR soit mise en cohérence avec celle de la Mission mécénat. A l’instar de M. Houri, M. Emmanuelli fait le constat de la faible notoriété de la Caisse des Dépôts auprès du grand public, l’Institution étant principalement connue des élus. M. Bachy évoque une enquête conduite fin 2012 qui a, en effet, démontré que les élus et les directeurs de services des mairies avaient une bonne connaissance de la Caisse des Dépôts et de ses actions. Le grand public a, quant à lui, une bonne image de l’Institution, puisque 90 % des personnes interrogées ont déclaré lui faire confiance, mais ne connaît pas ses activités. M. Emmanuelli demande si le grand public associe la Caisse des Dépôts au Livret A. M. Bachy indique qu’environ 50 % des personnes interrogées ont fait cette association. M. Emmanuelli souhaiterait que les résultats de cette enquête soient communiqués à la Commission de surveillance. M. Bachy les transmettra. Bien qu’ils datent de plus d’un an, il estime que ces résultats sont toujours d’actualité. M. Emmanuelli souligne qu’une 85 bonne communication externe suppose une vision claire de la stratégie de l’institution en interne. Il regrette, par ailleurs, que l’action de communication soit éclatée entre une multitude d’acteurs. Des efforts de rationalisation doivent être conduits, bien que M. Emmanuelli soit conscient de la difficulté qu’ils représentent. Pour ce qui est du théâtre des ChampsElysées, M. Emmanuelli convient qu’il s’agit d’un très beau lieu culturel, mais il déplore qu’une part si importante du budget de mécénat de la Caisse des Dépôts soit consacrée à cet établissement purement parisien, au détriment du reste du territoire. En outre, il jugerait bon de s’intéresser de près à la gestion et à l’organisation du théâtre. M. Emmanuelli suppose, par ailleurs, que l’observation de M. Lavondès à propos de bénéficiaires du mécénat orientés politiquement concernait la Fondation Charles de Gaulle. M. Lavondès indique que d’autres structures sont concernées. Mme Lalliard souligne que certaines fondations bénéficient d’un soutien de la Caisse des Dépôts par d’autres biais que le mécénat, rétablissant ainsi un équilibre politique. La fondation Jean-Jaurès reçoit, par exemple, des subventions de la Direction de la Stratégie. M. Emmanuelli souhaiterait obtenir de plus amples informations à propos de l’activité de PlaNet Finance, bénéficiaire d’une subvention de 350 000 euros qui lui semble excessive. M. Bachy indique qu’il s’agit d’un organisme de développement du microcrédit. M. Jouyet précise que cet organisme reçoit des subventions de la DDTR pour ses activités liées à l’économie sociale et solidaire. M. Jouyet comprend toutefois les interrogations de M. Emmanuelli quant à l’utilisation qui est faite de cette somme de 350 000 euros. 5e séance - 12 mars 2014 En réaction à la remarque de M. Lavondès, M. Jouyet affirme qu’en tant qu’institution républicaine, la Caisse des Dépôts doit faire en sorte que l’ensemble des sensibilités politiques soit représenté de façon équilibrée au sein des organismes qu’elle soutient. Parmi les observations et suggestions de la Commission de surveillance, M. Jouyet retient la nécessité de mettre en place un reporting intégré, national et régional, sur les actions de mécénat. Il prend également note de la volonté exprimée lors des débats de concentrer l’intervention de l’Institution sur la lutte contre l’illettrisme et le rattrapage scolaire. M. Jouyet avait estimé que le soutien aux jeunes sportifs pouvait constituer un biais de réinsertion, mais si, comme l’a suggéré M. Goua, ce genre d’action peut être mal considéré, il sera abandonné. M. Jouyet demandera à Mme Lalliard de revoir la stratégie de mécénat de l’Institution en fonction des suggestions de la Commission de surveillance. M. Jouyet convient enfin de la nécessité d’une réflexion sur l’autorité de la DGCO sur les services de communication des Directions métiers, qui pourrait, de surcroît, se révéler source d’économies. 3 – Question d’actualité Il n’y a pas de question d’actualité. relevédeconclusionsdelacommissiondesurveillance sur lastratégiedecommunicationetdemécénat2014 1/ Stratégie de communication La Commission de surveillance partage le constat que le plan de communication doit intégrer la réduction d'un pan de la communication par le départ de la BPI. Cette diminution sera compensée, dans les deux ans à venir, par le développement d'une communication autour du plan stratégique, de sa mise en œuvre, des interactions et de la transversalité des métiers de la Caisse des Dépôts. La Commission de surveillance souhaite que la Direction générale mène une réflexion sur la déclinaison organisationnelle de cette transversalité pour la communication. Elle préconise une plus grande mutualisation des fonctions afin, également, de limiter les prestataires extérieurs et de respecter le plan d'économie. La Commission de surveillance s'interroge sur une communication adaptée pour toucher le grand public. 2/ Stratégie de mécénat La Commission de surveillance rappelle que le mécénat, rattaché à la Direction de la Communication, M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 20 heures 05. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 86 ne retrace pas l'entière dépense de mécénat (6 M€ hors Théâtre des Champs Elysées) qui est aussi portée par d'autres Directions et, notamment, la D.D.T.R. (1,6 M€) ou la Direction de la Stratégie. Elle souhaite pouvoir disposer, à l'instar du mécénat, du détail des dépenses de mécénat des autres Directions. La Commission de surveillance s'est interrogée sur les évolutions proposées en termes d'axes d'interventions, en soulignant combien le mécénat consacré à l'illettrisme était utile et apprécié sur le terrain. Elle partage le recentrage du mécénat au profit de la jeunesse sur les thèmes de la lecture et de la culture et souhaite que l'action de mécénat en régions soit complémentaire. Elle poursuit sa demande de faire baisser le niveau de subvention au Théâtre des Champs Elysées (10 M€ sur 16 M€) dépense, par ailleurs, non éligible au mécénat, en engageant également une étude sur les économies de gestion. procès-verbaux 6 e séance-19mars 2014 * Le mercredi 19 mars 2014, à 17 heures 15, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; MM. Bavagnoli, Borotra, Gailly, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance. Etaient excusés : Mme Grosskost ; MM. Arthuis, Goua et Malvy. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général, et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Coutarel ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Guérin, Directeur du budget, contrôle de gestion et performance économique (point 1) ; M. Langlois-Berthelot, adjoint au Secrétaire général du Groupe (point 1) ; M. Piermont, Président directeur général de CDC Biodiversité (point 2) ; M. Thiévent, Directeur de CDC Biodiversité (point 2) ; M. Seigle, Président directeur général de la Société Forestière (point 2) ; M. Penneroux, Directeur général adjoint de la Société Forestière (point 2) ; M. Morin, Directeur juridique et fiscal du Groupe (point 3) ; M. Lantéri, Directeur juridique adjoint (point 3) ; M. Keïta, Directeur du développement territorial et du réseau (point 4) ; M. Michelson, Directeur de l'exécution des opérations financières du Groupe (point 4) ; Mme Pèrenet, Directrice régionale Ile-de-France (point 4). 1 – Budget Exécution au 31 décembre 2013 M. Jouyet rappelle que l’examen de l’exécution du budget constitue une étape importante pour la Commission de surveillance. Cet exercice permet, en effet, de rappeler les perspectives qui ont été fixées au mois de décembre et de présenter les travaux en cours sur les systèmes d’information et sur la masse salariale. Le rapport sera commenté par Mme Mayenobe, assistée de M. Langlois-Berthelot et de M. Guérin. Avant de passer à la présentation du rapport, M. Emmanuelli cède la parole à M. Lavondès pour son propos introductif. M. Lavondès constate, à la lecture de la note et du dossier qui ont été remis, que la politique d’économie de moyens appliquée tout au long de l’année 2013 a permis une exécution du budget très significativement inférieure aux prévisions initiales. Ainsi, les dépenses totales, soit 862 millions d'euros en charges brutes et 446 millions d'euros en charges nettes, n’ont augmenté respectivement que de 1,1 % et 1,2 % entre 2012 et 2013. Par rapport au budget, la sous-exécution représente une réduction totale des dépenses de 33 millions d'euros. Cependant, cette économie n’est que très partiellement vertueuse. En réalité, la véritable vertu réside dans la stabilisation des effectifs, la politique immobilière, la dématérialisation croissante des actes de gestion, la pression sur les frais de fonctionnement et la limitation du recours à la sous-traitance. Ces mesures cumulées ont permis de réaliser des économies réelles de 17,5 millions d'euros. Le solde de 15,5 millions d'euros d’économies provient surtout du nouveau report des dépenses informatiques (11,4 millions d'euros), de la gestion des prêts de la Direction des Fonds d’épargne, et du lancement du projet "Finances ". Par ailleurs, la moindre dépense due à l’application du CICE à l’Établissement public réduit les frais de personnel de 4,1 millions d'euros, aubaine que, par prudence, le budget n’avait pas voulu prévoir. Etant donné que la décision a été prise d’inscrire désormais l’évolution 87 budgétaire dans une perspective à cinq ans, la bonne exécution du budget 2013 ne peut pas permettre d’oublier les grandes difficultés qui s’annoncent dans les années à venir. Certes, il est possible d’espérer que les coûts immobiliers et les dépenses courantes (hors personnel et informatique) se stabiliseront à un niveau modéré. Toutefois, le graphique qui figure dans la note montre qu’il n’en ira pas de même pour la masse salariale et pour les systèmes d’information. S’agissant de la masse salariale, la volonté de contenir son évolution dans les limites de l’inflation constitue un objectif extrêmement ambitieux. Pour avoir une chance de l’atteindre, il faudra parvenir à faire mieux que ces dernières années, c'est-à-dire éviter tout supplément de rémunération (quels que soient les résultats de l’Établissement), contraindre encore les effectifs (notamment dans les fonctions support) et, surtout, mettre fin aux mécanismes d’augmentations automatiques de salaires dont bénéficient les agents de droit privé. Cela nécessitera autant de talent que de fermeté. Par ailleurs, il faudra poursuivre les efforts déjà entrepris pour rééquilibrer les 6e séance - 19 mars 2014 masses salariales publiques et privées par une politique de recrutement délibérément orientée vers le statut d’agent public. Concernant les systèmes d’information, les déceptions persistent. Les grands projets continuent de piétiner et n’avancent qu’au prix d’augmentations de coûts. A la Direction des Services bancaires, la mise en production espérée pour le début du mois de mars ne pourra démarrer, au mieux, qu’au mois de septembre prochain. A la Direction des Fonds d’épargne, le système informatique d’instruction des prêts a été déployé avec succès au second semestre de 2013, mais le projet de refonte de la gestion des prêts est reporté à 2016, ce qui entraîne des travaux de consolidation et de sécurisation des systèmes actuels, qui devront continuer à être utilisés jusqu’à cette date. Quant au projet informatique "Finances ", placé en sommeil depuis deux ans, il est certes relancé, mais il ne s’agit, pour l’instant, que de travaux préparatoires. Ce sont les déboires successifs rencontrés par ces trois grands projets, entraînant des coûts sans cesse accrus, qui ont conduit l’Établissement public et Informatique CDC à demander l’appui de conseils extérieurs. Les rapports produits par Accenture et par le cabinet Bain contiennent des propositions détaillées permettant de procéder à une réforme profonde, étalée sur cinq ans, des pratiques informatiques à la Caisse des Dépôts et à Informatique CDC, ainsi qu’à une modification des relations entre ces deux entités. La Commission de surveillance en a été informée au mois de juin dernier. Pour avoir une chance d’être menée à bien, cette réforme indispensable implique que des personnes responsables, acceptant de s’y consacrer pendant plusieurs années, soient désignées pour la conduire, tant au sein du Secrétariat général de la Caisse des Dépôts, qu’à la Direction d’Informatique CDC. Tant que ces nominations n’auront pas été prononcées, aucun progrès décisif ne pourra se faire dans le domaine informatique. En conclusion, M. Lavondès suggère à la Commission de surveillance de prendre acte de la très bonne exécution du budget de l’exercice 2013 et d’attirer l’attention de la Direction générale sur la très grande fermeté qu’exige maintenant la gestion de la masse salariale et des systèmes d’information. M. Emmanuelli donne ensuite la parole à Mme Mayenobe pour la présentation détaillée de l’exécution budgétaire. Mme Mayenobe confirme que les résultats de l’exécution budgétaire pour 2013 sont globalement positifs, démontrant ainsi la capacité de la Caisse des Dépôts à maîtriser ses dépenses tout en assurant ses missions. Pour autant, elle juge intéressant de profiter de cet exercice pour échanger sur les enjeux importants qui s’annoncent et sur la manière dont il faudra y répondre. Concernant la masse salariale, deux enjeux majeurs se profilent : d’une part, la maîtrise de la masse salariale dans sa projection pluriannuelle, avec pour objectif très volontariste d’aligner la progression de la masse salariale sur l’inflation ; d’autre part, le rééquilibrage de l’évolution des masses salariales publique et privée. Sur ce point, depuis les précédentes discussions qui ont eu lieu au sein de la Commission de surveillance, des travaux ont été lancés pour sécuriser la trajectoire macroéconomique des masses salariales publique et privée et de la masse salariale globale. En outre, les exercices qui seront engagés dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique, notamment la réactualisation des trajectoires pluriannuelles des différentes Directions, permettront de décliner, de façon opérationnelle pour chaque métier, la façon dont ces trajectoires macroéconomiques se traduiront dans les Directions. Un travail est actuellement mené avec la Direction des Ressources humaines pour transformer les éléments du cadrage budgétaire macroéconomique en modes d’emploi et en règles de gestion opérationnelles. S’agissant des dépenses informatiques, Mme Mayenobe précise qu’elle ne partage pas le pessimisme de M. Lavondès. Certes, il est vrai que l’exécution budgétaire des dépenses d’investissement 88 en 2013 a été inférieure aux prévisions, en raison de reports de projets informatiques. Cependant, la nature même de tout projet informatique est de s’adapter à la réalité opérationnelle, comme le montrent d’ailleurs d’autres exemples récents dans la sphère publique. Même si la sousexécution des dépenses informatiques est patente, elle ne remet toutefois pas en cause les objectifs assignés dans le cadre du plan de performance opérationnelle engagé conjointement par Informatique CDC et par la Caisse des Dépôts, qui prévoit un retour au niveau de dépenses de 2012 à l’horizon de trois ans après le lancement du programme de performance opérationnelle. Pour réaliser cette ambition, pas moins de 70 membres de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre ont été réunis la semaine dernière pour définir un plan de travail extrêmement détaillé, qu’il faut désormais chiffrer et approfondir pour stabiliser définitivement la trajectoire financière et budgétaire d’ici le mois de juin. De même, pour ce qui concerne les grands projets informatiques, le bilan n’est pas entièrement négatif. Ainsi, le système d’information des crédits géré par la Direction des Fonds d’épargne a permis la réussite du projet, dans une configuration certes réduite, mais qui répond néanmoins aux attentes de cette Direction et qui permet d’atteindre tous les jalons qui avaient été prévus en 2013. S’agissant du SI "Finances ", le retard s’explique par le choix, dans le droit fil des recommandations du rapport Bain, de n’engager ce grand projet de 40 millions d'euros qu’une fois un certain nombre de facteurs de réussite validés, notamment sur le plan organisationnel. Quant au système d’information bancaire, une replanification du projet est en train d’être effectuée en raison des difficultés opérationnelles et techniques qui sont apparues. Toutes les Directions sont mobilisées pour resserrer la conduite de ce projet très ambitieux en adoptant une approche solidaire et collective. En termes de dépenses courantes de fonctionnement, les efforts significatifs qui ont été effectués ont permis d’atteindre 10 % de diminution depuis 2011. L’objectif est désormais de maintenir cet effort dans la durée. procès-verbaux Enfin, la baisse des remboursements de 0,1 % par rapport à l’exécution précédente est la conséquence de facteurs conjoncturels. D’une part, le report d’une partie des dépenses informatiques se traduit mécaniquement par une réduction des remboursements pour les activités en mandat. D’autre part, un recul exceptionnel des remboursements a été constaté à la Direction des Fonds d’épargne en raison du déploiement du système d’information en 2012. Enfin, la fin des prestations de la Direction du développement territorial et du réseau pour le compte du FSI se traduit par une diminution récurrente des remboursements. M. Borotra tient à faire part, une nouvelle fois, de son opposition à la stratégie de stabilisation ou d’accroissement du nombre d’employés de statut public. En effet, il considère qu’une telle politique introduit une rigidité supplémentaire, alors même que la Caisse des Dépôts, dont la pyramide des âges est, par ailleurs défavorable, est sur le point d’être confrontée à des problématiques d’adaptation à des métiers nouveaux. Pour faire face à ces enjeux, il sera indispensable de maintenir un flux d’entrées, et donc de sorties. Or, le statut est un engrenage qui risque d’entraîner une asphyxie. En outre, le ratio entre les effectifs sous statut public et les effectifs sous statut privé n’est pas une référence significative, le critère fondamental qui doit être pris en compte est la valeur ajoutée des fonctions et des compétences nouvelles. S’agissant de l’informatique, qui est un chantier vital et urgent, M. Borotra souhaite à nouveau mettre en garde sur l’accroissement continu des dépenses, le report des investissements, l’accumulation des retards et la multiplication des audits. M. Houri constate que la situation est en amélioration par rapport au passé. Pourtant, certaines questions restent encore sans réponse, notamment celle de savoir s’il existe un sureffectif à la Caisse des Dépôts. Cette problématique pourrait être appréhendée en comparant les effectifs de certains segments d’activité de la Caisse des Dépôts, par exemple les métiers bancaires, à ceux du reste du marché. Même si d’aucuns estiment qu’une telle comparaison n’est pas pertinente, il semble pourtant nécessaire d’identifier des benchmarks auxquels la Caisse des Dépôts pourrait se comparer. M. Emmanuelli rejoint l’avertissement de M. Borotra sur le fait qu’un ratio fixe entre les effectifs de statut public et les effectifs de statut privé est susceptible d’entraîner des problèmes de gestion. En effet, la Caisse des Dépôts ayant besoin de compétences qualitatives nouvelles, elle doit prendre garde à ne pas créer une rigidité supplémentaire liée aux statuts. Concernant la question du benchmark, M. Emmanuelli signale que la KfW, dont le métier n’est certes pas tout à fait comparable à l’activité bancaire de la Caisse des Dépôts, compte environ 2 000 collaborateurs. Puisqu’il est très difficile de diminuer les effectifs, il faut alors augmenter le rendement, c'està-dire lancer des activités nouvelles, redéployer les collaborateurs, les former, etc. Bien entendu, il est évident que quelques mois ne suffiront pas pour faire évoluer une "vieille dame" de 200 ans comme la Caisse des Dépôts. Enfin, M. Emmanuelli partage l’inquiétude soulevée par M. Lavondès au sujet de la lenteur à laquelle les projets informatiques progressent. A ce sujet, il souhaite savoir si des décisions ont été prises sur l’organisation et les nominations. M. Lavondès répond que cela n’a pas encore été tout à fait décidé. Toutefois, il espère que la situation évoluera rapidement. M. Emmanuelli juge cette lenteur quelque peu désespérante. A cet égard, il souhaite avoir quelques éclaircissements sur les évolutions prévues en 2014, puisqu’il semble que certaines entités, comme le FSI, ne feraient plus appel à Informatique CDC. Mme Mayenobe souhaite rappeler que les dépenses informatiques de 89 l’Établissement public atteignent 280 millions d'euros par an, masse salariale des maîtrises d’ouvrage internes comprise, dont 195 millions d’euros pour Informatique CDC. Ce volume significatif est une nécessité liée aux caractéristiques des métiers, qui sont aujourd’hui totalement informatisés (notamment ceux de la Direction des Retraites et de la Solidarité et de la Direction des Fonds d’épargne). Quels que soient les plans d’économies qui sont mis en œuvre, le maintien d’investissements informatiques élevés est indispensable pour entretenir la valeur des offres de l’Établissement public, notamment dans ses activités de mandataire. A ce titre, la feuille de route transmise par le Directeur général prévoit précisément de maintenir les budgets dans les fourchettes prévues initialement, mais aussi de faire en sorte que la Caisse des Dépôts tire les enseignements des erreurs des années récentes, où elle a mené de front des projets extrêmement ambitieux sans posséder l’organisation ni les méthodes lui permettant de maîtriser ces projets. Concernant les questions sur les activités opérationnelles, Mme Mayenobe précise que Mme Renaud-Basso serait la plus à même d’apporter les réponses précises. Toutefois, elle reconnaît que l’approche par le benchmark fait sens pour nombre de fonctions support. A cet égard, les analyses effectuées par Accenture constituent aujourd’hui l’une des bases des travaux qui sont menés. Concrètement, le plan de performance opérationnelle repose sur des éléments de parangonnage et de benchmark destinés à étudier les solutions d’amélioration de la performance. En effet, entre 80 et 90 % des 280 millions d'euros de dépenses informatiques concernent des coûts de main-d’œuvre, c'est-à-dire qu’elles financent, non des achats informatiques, mais l’organisation de la chaîne de maîtrise d’œuvre et de maîtrise d’ouvrage. Le benchmark est donc pertinent pour un certain nombre de fonctions support, tout en respectant les spécificités de la Caisse des Dépôts concernant la gestion des ressources humaines et la coexistence de deux statuts. 6e séance - 19 mars 2014 M. Lavondès souhaite revenir sur la remarque de M. Houri au sujet du benchmark en signalant que la Direction des Retraites et de la Solidarité utilise actuellement des références comparatives, qui s’avèrent d’ailleurs très bonnes, voire excellentes. C’est pour cette raison que les pouvoirs publics, qui cherchent à réaliser des économies, auraient sans doute tout intérêt à confier à la Caisse des Dépôts la gestion des retraites de l’État. M. Lavondès tient également à répondre à la question soulevée de manière récurrente par M. Borotra sur le partage du public et du privé en rappelant que les effectifs d’agents publics se concentrent à la Direction des Retraites et de la Solidarité, qui est l’un des secteurs où les progrès en matière de productivité ont été les plus significatifs. Par conséquent, il estime que les critiques envers les effectifs de statut public ne doivent pas être exagérées. M. Lavondès reconnaît d’ailleurs que dans le passé, il a lui-même probablement commis une erreur en s’interrogeant sur ce rapport entre le statut public et le statut privé. En effet, par définition, les agents de statut public occupent les emplois les plus modestes (notamment à la Direction des Retraites et de la Solidarité) et les postes du top management. En revanche, les agents de droit privé sont très spécialisés, en particulier ceux qui ont été recrutés au cours des dernières années. Ceux qui exercent des responsabilités d’expertise, par exemple à la Direction des services juridiques ou dans les Directions financières, perçoivent des rémunérations sans commune mesure avec celles des agents publics de la Direction des Retraites et de la Solidarité. De façon unitaire, l’effectif privé est beaucoup plus coûteux que celui du secteur public. Le problème est que les courbes d’effectifs se sont trop rapprochées, sans doute en partie à cause des excès de recrutements qui ont été constatés au cours des années 2009, 2010 et 2011. Ces embauches, qui avaient été décidées sous le coup d’une certaine panique, étaient destinées à renforcer la gestion des risques financiers et juridiques compte tenu du vacillement de certaines banques étrangères. Aujourd’hui, il apparaît toutefois que le volume de recrutements a peut-être été excessif. Le Directeur général actuel, ainsi que son prédécesseur, ont d’ailleurs pris la mesure de ce problème. En réalité, M. Lavondès juge que la décision la plus préoccupante est le choix d’aligner l’évolution de la masse salariale sur l’inflation. En effet, pour atteindre cet objectif, il faut appliquer une politique salariale extrêmement rigoureuse et, notamment, faire en sorte que les augmentations systématiques pour les agents de statut privé soient absolument supprimées. La difficulté est que la remise en cause de ces revalorisations salariales automatiques, qui sont d’ailleurs inscrites dans un accord-cadre, sera sans doute très mal perçue par les organisations syndicales au moment des négociations qui auront lieu à la fin de l’année. M. Picq, sans aucunement critiquer le travail rigoureux fourni par M. Lavondès, s’interroge toutefois sur la portée du rôle de surveillance exercé par cette instance. En effet, il rappelle que la Commission de surveillance a obtenu, non sans difficultés, qu’en matière d’arrêté des comptes annuels, l’arrêté des comptes soit systématiquement précédé d’une analyse du Comité spécialisé afin de mettre en valeur d’éventuels points d’attention. Ensuite, la Direction générale est bien entendu libre de suivre ou non les recommandations et les réserves formulées par cette instance. Du point de vue de la surveillance, M. Picq considère que le mode de fonctionnement actuel est problématique étant donné que l’avis rendu par la Commission de surveillance équivaut, d’une certaine manière, à avaliser les décisions qui sont prises. Qui plus est, la Commission de surveillance serait bien en peine d’approfondir son analyse, dans la mesure où les documents qui lui sont remis sont des comptesrendus, et non des analyses budgétaires. En conséquence, M. Picq souhaite attirer l’attention sur le fait que l’avis qui sera rendu par cette instance, assorti des points d’attention sur deux sujets, constitue un exercice assez audacieux. La Commission de surveillance doit faire en sorte de 90 pouvoir, le moment venu, rendre compte correctement de la mission qui lui est confiée. Or, malgré la qualité du travail du Commissaire-surveillant et la richesse des documents qui sont fournis, M. Picq avoue qu’il rend un avis sans avoir une parfaite connaissance de l’ampleur des enjeux budgétaires et de la rigueur des choix effectués. M. Jouyet ne voit pas d’objection à approfondir le niveau de détail du travail de surveillance effectué par M. Lavondès. De même, si la Commission de surveillance souhaite clarifier les enjeux, son Président peut demander la constitution d’une unité plus spécialisée qui serait chargée d’examiner le budget. Plus généralement, M. Jouyet souhaite apporter trois commentaires aux remarques qui ont été formulées. D’une part, comme l’ont noté M. Emmanuelli, M. Houri et M. Borotra, il est vrai que les présentations résument parfois les problématiques de manière mécanique, alors que la question de l’équilibre entre les emplois publics et les emplois privés n’est pas aussi simple. Toutefois, il est important de faire en sorte que les emplois de statut privé ne cumulent pas, à la fois les avantages du secteur public et ceux du secteur privé. Aujourd’hui, la Caisse des Dépôts a besoin de mobilité, d’expertise, et d’une forte réactivité. Par ailleurs, il n’est pas toujours possible de pourvoir des postes vacants par des recrutements publics, faute de candidats. D’autre part, concernant la problématique des effectifs, la Caisse des Dépôts aura immanquablement des comptes à rendre devant les institutions de contrôle. Pour s’y préparer, la Secrétaire générale conduira une analyse sur la densité des effectifs, les possibilités de mobilités et les réaffectations envisageables. Enfin, dans le domaine informatique, les décisions d’organisation et les nominations sont toujours des exercices difficiles. Toutefois, des propositions seront faites très rapidement. procès-verbaux M. Bavagnoli attire l’attention sur le fait que les effectifs ne doivent pas être considérés comme un levier en soi. La seule orientation qui a été prise est de piloter la masse salariale en alignant son évolution sur celle de l’inflation. D’une certaine manière, cette décision occulte la problématique de la localisation et de la répartition des effectifs. M. Jouyet confirme l’importance d’encadrer et de stabiliser la masse salariale. Pour ce faire, il faut effectuer une analyse précise de la répartition et de la composition des effectifs. Comme l’ont souligné M. Lavondès et Mme Mayenobe. Il faudra faire preuve d’une extrême pédagogie envers les organisations syndicales, alors qu’elles engagent la renégociation de l’accord-cadre. Le contexte d’élections professionnelles à la fin de l’année ajoute à la complexité. Pour atteindre cet objectif, le soutien de l’ensemble de la Commission de surveillance sera indispensable. 2 – Point sur les filiales CDC Biodiversité – Société Forestière M. Jouyet cède la parole à M. Seigle pour présenter la filiale Société Forestière, ses évolutions récentes et ses perspectives. M. Seigle explique que la Société Forestière occupe une position unique sur son marché. En effet, elle cumule plusieurs expertises : • tout d’abord, la gestion technique des forêts et les réflexions sur le changement climatique ; • ensuite, des expertises économiques sur l’ensemble des projets de forêts et des expertises financières de l’amont à l’aval, relevédeconclusionsdelacommissiondesurveillance sur lebudget :exécutionau31décembre2013 La Commission de surveillance prend acte de l'exécution du budget 2013, très substantiellement inférieure aux prévisions, grâce aux mesures prises concernant la stabilisation des effectifs, la limitation du recours aux prestations extérieures et des frais de fonctionnement courant. Elle note, toutefois, que les reports de dépenses, notamment informatiques, ne peuvent être mis sur le même plan que les économies réalisées. Ces reports de dépenses informatiques illustrent les retards pris sur les projets. Si ces reports ne remettent pas en cause les objectifs de retrouver, après 2015, le même niveau de dépenses informatiques qu'en 2012, ils rendent indispensable la mise en place rapide d’une nouvelle gouvernance des Systèmes d’information à la Caisse des Dépôts, comme l'a déjà demandé la Commission de surveillance. L'hypothèse d'évolution de la masse salariale à 5 ans, limitée à l'inflation, est ambitieuse. Le renouvellement de l’accord cadre doit s’inscrire dans cette perspective. La Commission de surveillance rappelle que la maîtrise de la masse salariale est un enjeu majeur ; elle doit être poursuivie parallèlement au travail d'analyse de la performance, qui passe par la mise en place d’une véritable comptabilité analytique et des comparaisons de coûts externes. Les différents scénarios issus du travail du Secrétariat général de la Caisse des Dépôts sur ces éléments seront soumis dans le détail à la Commission de surveillance. 91 c'est-à-dire du conseil aux investisseurs pour les transactions, l’achat et l’expertise de forêts (20 experts agréés travaillent aujourd’hui au sein de la Société Forestière) ; • enfin, des compétences financières en matière de création de groupements forestiers (dans lesquels investissent des institutionnels ou des particuliers) et dans l’animation du second marché de ces groupements dans l’échange de parts. Ces compétences uniques s’exercent dans un environnement qui possède trois caractéristiques principales : il est en évolution, il est très contraint, et il est marqué par un certain immobilisme. D’une part, cet environnement évolue en raison des textes législatifs qui sont actuellement en gestation, non seulement la loi sur l’agriculture et la forêt, mais aussi la directive européenne sur les fonds d’investissement alternatifs qui s’appliquera aux sociétés de gestion et aux groupements forestiers. Ce texte complexifiera considérablement la gestion des groupements forestiers puisqu’il leur faudra désormais obtenir un agrément de l’AMF et passer par un dépositaire. M. Seigle poursuit en indiquant que cette directive européenne s’accompagne de contraintes administratives et financières extrêmement importantes puisque le coût du dépositaire par groupement forestier est estimé à 5 000 euros. Avec 80 groupements forestiers, la Société Forestière devra donc s’acquitter d’un surcoût de 400 000 euros par an, qu’elle devra systématiquement répercuter sur les groupements qu’elle gère puisque les investissements et les groupements forestiers ont été considérés comme des FIA actifs. D’autre part, l’environnement de la Société Forestière est également contraint. Sur le plan réglementaire, la gestion de la forêt est à la fois régie par le Code forestier (datant de Napoléon III) et par l’ensemble des lois sur l’eau et sur l’environnement. L’environnement est également contraint au niveau opérationnel, étant donné que le paysage de la forêt française – la 6e séance - 19 mars 2014 quatrième d’Europe avec 16 millions d’hectares – est relativement particulier : en effet, il est composé à 50 % de petites forêts privées d’une taille inférieure à 50 hectares (jugées non productives) et de 25 % de forêts domaniales ou communales placées sous le monopole de l’ONF. Par conséquent, il reste seulement 25 % de la forêt française sur lesquels peuvent intervenir la Société Forestière et les quelques 150 experts en gestion forestière en France. Enfin, l’environnement peut être taxé d’immobilisme à cause d’intérêts complètement divergents entre les acteurs du marché. Même si la filière, dans son ensemble, ne se porte pas très bien, ses acteurs pris individuellement ne se trouvent pas dans une si mauvaise situation. Comme l’ont montré les récents articles parus dans la presse sur les problématiques d’exportation du bois français vers la Chine ou vers d’autres destinations, le premier métier des scieurs aujourd’hui n’est pas de scier, il est d’acheter du bois et de le revendre au travers d’activités de négoce. Ils n’ont donc pas forcément intérêt à ce que les exportations vers certains pays soient bloquées puisqu’elles représentent une partie non négligeable de leur activité. Cette divergence d’intérêts entre les structures professionnelles entraîne une forme d’immobilisme. Les acteurs individuels étant solides, le changement ne fait pas partie de leur priorité. En parallèle, la filière est également marquée par un immobilisme administratif. En effet, bien que l’esprit de la loi sur la forêt soit excellent en tant qu’il prévoit de produire en France davantage de bois utile correspondant à la demande du marché, cette loi se heurte structurellement à l’ensemble des textes administratifs qui régissent la forêt. Ainsi, le propriétaire d’une forêt de plus de 25 hectares doit établir un plan simple de gestion pour décider de la sylviculture qu’il met en œuvre, mais ce plan doit être agréé par le Comité Régional de la Propriété Foncière. Il suffit qu’un technicien de ce Comité décide que tel ou tel type d’arbre ne fait pas partie des priorités, ou qu’il ne correspond pas aux orientations des textes régionaux élaborés il y a plusieurs années, pour que le plan de développement de la forêt s’en trouve bloqué. Il existe donc des freins extrêmement forts entre l’esprit du texte de la loi et la capacité opérationnelle à la mettre en œuvre. La gestion d’hectares de forêts constitue donc le cœur de métier de la Société Forestière, car il alimente toutes les autres activités (expertise, transactions, travaux, vente de bois). M. Seigle poursuit en indiquant que, dans un tel environnement, la Société Forestière a choisi de se recentrer sur son métier de gestionnaire de forêts, le principal socle de son plan stratégique étant de développer le nombre des parts qu’elle gère. Dans le contexte actuel, il s’agit d’un objectif difficile, mais il est atteignable compte tenu des opportunités à saisir. Dans le même temps, la Société Forestière développe également une activité internationale. En plus de sa présence au Maroc (avec la Caisse de dépôt et de gestion du Maroc) et au Brésil (où les conditions économiques ont malheureusement ralenti la progression des projets), la Société Forestière cherche désormais à s’implanter dans les pays baltes. Plusieurs raisons expliquent ce choix : d’une part, 57 % de la surface de ces pays est constituée de forêts ; d’autre part, ils ne possèdent pas d’exploitation industrielle de ces espaces forestiers ; enfin, à partir du 1er avril prochain, la réglementation communautaire obligera les pays baltes à ouvrir leur foncier aux sociétés européennes. La Société Forestière mettra prochainement en place une mission pour identifier les opportunités de gestion forestière qui pourraient apparaître dans ces pays, pour ensuite présenter à des investisseurs les possibilités d’achats de massifs forestiers, et enfin monter des sociétés locales pour gérer ces forêts. Pour y parvenir, la Société Forestière a lancé une démarche de cartographie très précise de l’ensemble des propriétaires institutionnels pour examiner avec eux les possibilités d’arbitrages auxquelles ils n’ont pas forcément pensé. Après une très forte augmentation au cours des dernières années, l’indicateur du prix des forêts s’est stabilisé. Aujourd’hui, le prix varie de 2 000 euros par hectare, pour les forêts les plus petites ou les moins intéressantes, jusqu’à 12 000 euros par hectare, pour les forêts qui offrent le meilleur potentiel de production. Il est évident que les forêts gérées par la Société Forestière tendent plutôt vers les 12 000 euros par hectare. Dans cette démarche de cartographie, la Société Forestière a d’ores et déjà rencontré un certain nombre d’acteurs institutionnels, par exemple les établissements publics hospitaliers (qui possèdent aujourd’hui 15 000 hectares de forêts) ou encore les congrégations religieuses. Récemment, la Société Forestière a d’ailleurs remporté un succès important à l’occasion du rapprochement du groupe des Caisses d’Epargne, qui lui a confié, à la fin du mois de janvier, la gestion de ses 15 000 hectares de forêts. En parallèle, la Société Forestière travaille également à des rapprochements avec des cabinets d’experts, ces derniers ayant développé, en plus de leur expertise, une activité de gestion forestière. Aujourd’hui, certains d’entre eux gèrent entre 15 000 et 20 000 hectares de forêts. Parfois, les dirigeants de ces cabinets qui sont parvenus au terme de leur carrière professionnelle veulent céder la gestion pour se concentrer sur leur métier initial, à savoir l’expertise. 92 La Société Forestière a également lancé une réflexion opérationnelle sur la filière bois et le bois énergie – c'està-dire le bois qui alimente les filières de biomasse –, dont les besoins sont estimés à 25 millions de tonnes dans les sept années à venir. Etant donné que la forêt française n’est pas en mesure de fournir de tels volumes, et compte tenu des importants conflits entre les utilisateurs (ce bois est le même que celui qui est utilisé par les papetiers, qui se trouvent déjà, par ailleurs, en rupture de stock), il faudra forcément faire appel à des circuits d’importation. Toutefois, une telle solution ne pourra pas être durable : si une production dédiée n’est pas mise en place à terme, les circuits d’importation risquent de s’installer définitivement, contribuant ainsi à accroître le déficit de la balance commerciale. L’ambition de la Société Forestière est donc de trouver des procès-verbaux fonciers dédiés pour y développer de la production de bois énergie. Ce bois de courte rotation (peuplier, saule) permet une première récolte au bout de sept ans. Aujourd’hui, il est possible d’effectuer trois récoltes : étant donné que la première rembourse déjà la totalité des investissements réalisés, la deuxième et la troisième constituent un bénéfice. Le développement de ce bois énergie sur des zones non dédiées et en friches permettrait, en outre, de créer de l’activité économique, de contribuer à la réduction du déficit de la balance commerciale, et de répondre au besoin de production pour les années à venir. La Société Forestière a d’ores et déjà noué un certain nombre de contacts avec des collectivités locales pour identifier les fonciers disponibles et lancer les premières opérations expérimentales visant à démontrer la faisabilité du modèle. Le positionnement adopté par la Société Forestière est crucial, dans la mesure où elle est un tiers de confiance, c'est-à-dire qu’elle gère les forêts de ses propriétaires (dont la Caisse des Dépôts et CNP Assurances) jusqu’à la vente de bois. Celui-ci est vendu dans des ventes aux enchères aux meilleures conditions et dans l’intérêt des propriétaires. Or, le bois énergie ayant une mauvaise image en termes de prix, les propriétaires auraient pu penser que la Société Forestière avait conclu des accords avec les énergéticiens, ce qui serait susceptible de créer une perte de confiance sur la destination du bois des forêts. Le fait de produire le bois énergie à partir de domaines spécifiques permet donc d’éviter ce risque de perte de confiance. Dès lors, la Société Forestière et le groupe Caisse des Dépôts se trouvent en position d’apporter des solutions novatrices face aux difficultés et aux tensions fortes qui s’annoncent dans la filière forestière. M. Emmanuelli note qu’il existe une contradiction entre le contenu de la dernière loi sur l’agriculture, qui conditionne certains privilèges fiscaux à l’établissement d’un plan de gestion, et l’article du Code rural, qui prévoit l’inverse. M. Seigle précise qu’il n’est pas difficile de capter de l’épargne sur des groupements forestiers défiscalisés, même sans ouverture à l’épargne publique. En revanche, il est aujourd’hui beaucoup plus complexe de trouver des actifs pour constituer ces groupements forestiers. Ainsi, le nombre de ventes et de transactions sur des forêts d’une superficie supérieure à 100 hectares est passé de 150 en 2012 à 100 en 2013, soit une baisse de 30 %. Face à cette contraction, la multiplication de sources de financement conduira irrémédiablement à un déséquilibre total entre l’offre et la demande et à une augmentation importante du prix des forêts, voire à l’apparition d’une bulle spéculative. En outre, la difficulté actuelle réside également dans le financement des travaux dans les forêts étant donné que le nombre de plantations diminue. A terme, le déséquilibre entre le bois vendu et le bois planté provoquera une attrition de la capacité productive. C’est pour cette raison que le texte de loi prévoit la création d’un fonds spécifique de 150 à 200 millions d'euros, dont les sources et les conditions de financement restent toutefois à clarifier. M. Bavagnoli souhaite savoir quelle est la rentabilité moyenne des exploitations. M. Seigle répond qu’elle se situe à 3 %. Une forêt possède deux sources de valorisations : d’une part, les rendements annuels (vente de bois, chasse, etc.) ; d’autre part, la valorisation de l’actif, c'est-à-dire le foncier en tant que tel et le peuplement (valeur prise par les arbres chaque année à mesure qu’ils poussent). M. Emmanuelli signale que les arbres finissent par perdre de la valeur s’ils ne sont pas coupés à un certain moment. M. Seigle confirme qu’il faut fixer une date limite d’exploitation de la forêt. Sinon, le bois risque de perdre de la valeur, notamment en cas de tempête. M. Bavagnoli demande si le régime fiscal spécifique contribue de manière substantielle au niveau de rentabilité. M. Seigle précise que les circuits actuels sont à peu près suffisants pour trouver les financements nécessaires. La véritable 93 problématique est aujourd’hui de financer les travaux dans les forêts. Si les mesures de défiscalisation permettaient de dissocier le foncier du peuplement, et ainsi de financer le peuplement sous la forme d’une sorte de "titrisation ", la forêt française en tirerait avantage. En revanche, la situation ne pourra pas s’améliorer si les CRPF continuent d’imposer de replanter du feuillu alors qu’il faut plutôt du pin, ou si elles obligent à replanter du hêtre qui ne se vend pas. Aujourd’hui, il existe un véritable problème de réalité industrielle et productive, c'est-à-dire un conflit culturel entre la forêt productive et la forêt passive, une partie des interlocuteurs considérant que la forêt doit rester passive. M. Emmanuelli, tout en prenant acte de ce point de vue, signale que les professionnels du bois ne partagent pas forcément cette position. Ainsi, sur le massif forestier aquitain, 45 millions de mètres cubes n’ont pas été coupés alors qu’ils auraient dû l’être. En effet, puisque le Code rural ne dissocie pas le privilège fiscal du plan de gestion, les propriétaires utilisent ces surfaces comme une épargne, et non comme un capital circulant. La loi, soutenue par les parlementaires et les industriels, conditionne explicitement l’octroi des avantages fiscaux au respect du plan de gestion. En revanche, le Code rural comporte encore des dispositions selon lesquelles la chronologie du plan de gestion peut être modifiée, ce qui contredit l’article de la loi. En outre, il faut aussi prendre en compte le point de vue des utilisateurs du bois face à l’augmentation considérable des prix. M. Seigle confirme que les prix augmentent très sensiblement, ajoutant qu’un indicateur sur ce sujet sera publié par la Société Forestière dans les semaines à venir. M. Emmanuelli signale que le prix est aujourd’hui plus élevé qu’avant 2008. M. Seigle explique que le problème provient, en partie, du fait qu’un certain nombre de propriétaires privés gèrent leur forêt comme un bien non productif en se contentant de laisser pousser 6e séance - 19 mars 2014 leurs arbres. Actuellement, 50 % de la forêt française est morcelée. A partir de son expérience dans les Landes, la Société Forestière a lancé quelques expérimentations avec des collectivités locales, notamment des conseils généraux et une grande métropole, pour réfléchir à la création d’outils incitatifs permettant de mieux structurer ces petits propriétaires privés. M. Emmanuelli précise que les petits propriétaires landais n’étaient pas très motivés par les aides existantes. Grâce à la Société Forestière, des structures d’ensemble ont été créées pour les inciter à s’inscrire dans ces dispositifs, ce qui a été assez efficace. M. Seigle confirme que ce modèle est plutôt satisfaisant. L’idée est aujourd’hui de le dupliquer dans d’autres régions. En conclusion sur ce sujet, M. Jouyet souligne qu’il est important que la Société Forestière développe son activité en acquérant davantage d’hectares pour mieux amortir les coûts. Pour y parvenir, il faudra notamment développer les synergies au sein du Groupe entre la Société Forestière et la Section générale. En parallèle, les enjeux qui ont été soulevés sur l’organisation de la filière bois, en particulier son morcellement, doivent être portés à l’attention des pouvoirs publics. M. Jouyet cède ensuite la parole à M. Piermont pour présenter CDC Biodiversité. M. Piermont rappelle que la société CDC Biodiversité a été créée en 2008 afin d’agir pour la biodiversité, avec l’ambition sous-jacente de concilier le développement économique et la préservation de la biodiversité. Il ne s’agit pas d’une simple formule, le nombre de projets autoroutiers ou de développement de zones d’aménagement qui sont actuellement bloqués ou retardés pour des raisons écologiques montre qu’il est impératif de concilier ces enjeux au cœur de l’économie. Dans ce contexte, CDC Biodiversité cherche à identifier des leviers économiques pour soutenir ces actions, au premier rang desquelles figure la compensation écologique, qui était déjà prévue par la loi de 1976, mais qui n’avait quasiment jamais été mise en œuvre jusqu’à la création de CDC Biodiversité. La société a été lancée en 2008, avec les félicitations du Ministre de l’Ecologie, avec l’appui des principales organisations environnementales (notamment France Nature Environnement), et avec le soutien de la communauté scientifique et écologique, qui a délégué un comité scientifique prestigieux composé de personnalités de renom. La période de démarrage de CDC Biodiversité a été couronnée de succès puisqu’elle a permis de lancer une dizaine d’opérations de compensation d’une ampleur inégalée, notamment celle de l’autoroute reliant Pau et Bordeaux (la plus importante opération de compensation écologique jamais réalisée en Europe). En outre, CDC Biodiversité a mené, en lien avec le ministère de l’Ecologie, un projet de compensation ex ante permettant de proposer le financement d’opérations à de futurs maîtres d’ouvrage qui seront soumis à des obligations de compensation. Cette initiative ouvre la voie à un levier de financement de la trame verte et bleue et des infrastructures écologiques du pays. Le positionnement de CDC Biodiversité est donc, soit celui d’un assistant à maître d’ouvrage, soit celui d’un opérateur de biodiversité, nouveau métier qui lui permet d’assurer aux parties prenantes que la compensation écologique se réalisera et que les objectifs écologiques seront atteints sur toute la période d’obligation du maître d’ouvrage, par exemple pendant 55 ans pour la concession d’une société d’autoroute. La période de lancement de CDC Biodiversité a permis de tirer quatre enseignements. Premièrement, la société a joué un rôle de pionnier en démontrant que la compensation était possible et en définissant les modalités concrètes de sa mise en œuvre (équivalence écologique plutôt que financière, prise en compte du temps de la gestion, privilège accordé aux contrats avec les agriculteurs plutôt qu’à l’acquisition de terres agricoles, etc.). Ce 94 faisant, CDC Biodiversité a contribué de façon significative à l’émergence d’un nouveau marché. Deuxièmement, CDC Biodiversité a inventé le métier d’opérateur de compensation. Les premières opérations ont montré qu’il existe une demande solvable pour ce métier et qu’il est possible de signer des contrats rentables. Troisièmement, le modèle économique de ce métier se révèle très proche de celui de l’immobilier. En effet, CDC Biodiversité investit longuement en études et en travaux d’approche, puis en travaux de génie écologique, ce qui génère d’abord des pertes pendant plusieurs années, puis des bénéfices pendant les décennies que dure la gestion de la compensation. Le modèle de cette activité, comme celui de l’immobilier, repose donc sur un substrat foncier. Quatrièmement, le marché s’est très rapidement organisé, avec l’apparition rapide d’une véritable concurrence, mais celle-ci ne s’est toutefois pas nécessairement orientée vers l’offre d’opérateur externalisant la compensation comme le fait CDC Biodiversité. Cette diversité du marché exigera, à terme, d’adapter l’offre de la société. Après avoir été incubée au sein de la Société Forestière, CDC Biodiversité a pris son autonomie en 2013 par le biais d’un rapprochement entre le Pôle biodiversité de la Société Forestière, le Pôle paysage et le Pôle de recherche dans la biodiversité. L’organisation de la société comporte donc trois métiers : un métier de service de biodiversité pour les maîtres d’ouvrage, un métier de service de paysage pour les maîtres d’ouvrage, et un métier de recherche sur l’économie de la biodiversité. Pendant les cinq premières années, CDC Biodiversité a réalisé des résultats déficitaires, avant de commencer à dégager des bénéfices à partir de 2013, qui se poursuivront dans les années à venir. Les pertes cumulées pendant les premiers exercices s’élèvent à 7,5 millions d’euros, soit 4 millions d'euros de frais d’établissement pour le lancement de la société et 3,5 millions d'euros de provisions pour deux opérations (montants qui seront récupérés en 2016 ou en 2017). En effet, dans l’opération d’investissement dans procès-verbaux les compensations ex ante, il a été décidé que les travaux écologiques devaient être provisionnés en totalité, tant que la vente d’unités de biodiversité ne permettait pas d’obtenir des recettes équivalentes aux dépenses accumulées depuis le début de l’opération. D’ores et déjà, 40 % des unités de biodiversité ont été vendues, ce qui n’avait jamais été réalisé en France, ni en Europe, jusqu’à présent. Pour l’avenir, les enjeux de CDC Biodiversité seront d’abord de consolider son organisation – ce qui devrait être parachevé en 2014 –, puis de poursuivre son développement. La croissance est déjà significative, avec un chiffre d’affaires en hausse de 30 % en 2013 et une prévision d’augmentation de 50 % en 2014. Le plan de développement de CDC Biodiversité, dont la présentation au Comité d’engagement est prévue en avril, comporte cinq axes : • développer le métier historique de la compensation ; • faire de l’équipe de recherche sur l’économie de la biodiversité une référence au niveau européen et un levier de création de valeur ; • développer le métier historique du paysage en créant des synergies avec le métier de biodiversité et en différenciant l’offre de CDC Biodiversité par rapport à celle de ses concurrents (paysage, biodiversité et adaptation des espaces extérieurs aux changements climatiques) ; • assister les entités du Groupe dans la mise en place du plan d’actions sur la biodiversité, qui est intégré au plan d’actions sur la transition écologique et énergétique ; • enfin, explorer de nouveaux champs d’activité fondés sur l’intégration de la biodiversité dans l’économie. En conclusion, M. Piermont souligne que, même si la biodiversité est incontestablement un sujet de mode, les citoyens français sont majoritairement convaincus que les sociétés actuelles ne peuvent pas continuer à se développer sans tenir compte de la biodiversité dont elles font partie. Cette prise de conscience, bien qu’elle soit souvent protéiforme et pas toujours très bien organisée, aboutit néanmoins à une demande généralisée en faveur de services intégrant la biodiversité, et de solutions respectant la nature. Il s’agit donc, à la fois d’une source d’opportunités économiques, et d’un levier de transformation pour les organisations. Dans ce contexte, CDC Biodiversité semble très bien placée pour accompagner cette évolution actuelle de la société. M. Marc se félicite de l’émergence et de la montée en puissance de cette nouvelle activité. Toutefois, il souhaite avoir quelques explications sur la méthode rationnelle qui a été utilisée pour évaluer la demande solvable débouchant sur des bénéfices dans les années à venir. M. Piermont rappelle que le marché de la compensation écologique n’existait pas en 2007 avant la création de CDC Biodiversité. D’après la loi de 1976, un maître d’ouvrage s’apprêtant à détruire la nature devait éviter, réduire, et, si possible, compenser tout ce qu’il n’avait pas pu réduire. Or, entre 1976 et 2008, cela n’a jamais été possible, à part pour quelques opérations emblématiques. Depuis, le fait qu’une filiale de la Caisse des Dépôts propose des offres dans ce domaine a permis d’entraîner une prise de conscience des pouvoirs publics et du Gouvernement. Ceux-ci ont par ailleurs fait savoir qu’ils suivraient désormais les avis du Conseil National de la Protection de la Nature. En soi, cette décision a créé le marché de la compensation. Sa valeur, estimée entre 30 et 100 millions d'euros, a été évaluée à partir des ratios des coûts d’opérations rapportés aux surfaces d’aménagement et aux kilomètres d’autoroutes et de zones d’activité. M. Marc en déduit que le marché est apparu en 2008, c'est-à-dire au moment où cette disposition légale est devenue contraignante. M. Piermont le confirme, ajoutant qu’un ensemble de dispositifs réglementaires a été mis en place concomitamment. M. Emmanuelli demande combien d’opérations ex post et ex ante ont été 95 réalisées par CDC Biodiversité. M. Piermont répond qu’une seule opération ex ante a été montée. M. Emmanuelli note qu’il s’agissait d’une coproduction avec le ministère de l’Ecologie. M. Piermont confirme que le ministère de l’Ecologie a validé l’opération. En revanche, la production en tant que telle a été assurée par la Caisse des Dépôts. Quant aux productions ex post, une quinzaine d’opérations ont été achevées jusqu’à présent sur la quarantaine de dossiers qui ont été montés. M. Emmanuelli suppose que les prix des opérations varient selon qu’elles sont ex ante ou ex post. M. Piermont répond que le prix ne dépend pas de ce critère, mais des caractéristiques des actions à réaliser. La différence réside dans le fait que les opérations ex ante présentent des avantages collectifs. D’une part, les parties prenantes ont l’assurance que la compensation a bel et bien lieu. D’autre part, la compensation est effectuée avant la destruction, ce qui est toujours préférable. Enfin, le principal avantage des productions ex ante est qu’elles permettent de monter des projets cohérents d’un point de vue écologique. Par exemple, l’opération qui a été menée avec le ministère de l’Ecologie a permis la préservation d’un espace de 350 hectares favorable à l’Outarde canepetière. Surtout, ce type d’opération ouvre la voie au financement des infrastructures écologiques qui pourraient être souhaitées par les pouvoirs publics, notamment la fameuse trame verte. Le seul risque est qu’il faut trouver des clients, ce qui fait naître une forme de contradiction puisque "la destruction" devient en quelque sorte la condition du montage de tels projets. M. Ophèle note qu’un financement complémentaire de 10 millions d'euros est demandé, en plus des 10 millions d'euros qui ont déjà été investis. Il souhaite savoir pour quelle période cette enveloppe est nécessaire et à quoi elle est destinée. 6e séance - 19 mars 2014 relevédeconclusionsdelacommission desurveillancesurlafilialecdcbiodiversité La Commission de surveillance a pris acte de la présentation de l’activité, des résultats et des perspectives de développement de CDC Biodiversité.CDC Biodiversité évoque un besoin en capital de 10 M€ pour assurer son développement : acquisitions foncières et travaux écologiques. A ce stade, la répartition des besoins liés à l’activité directe pour un maître d’ouvrage (compensation ex post) et ceux liés à la constitution de réserves foncières (compensation ex ante), activité plus risquée, n’est pas encore complètement définie. Ce volume permettrait de doubler les engagements. La Commission de surveillance souhaite être informée des hypothèses lorsqu’elles seront validées ainsi que du suivi de leur mise en œuvre, s’agissant d’une activité novatrice. La Commission de surveillance suggère de mettre en valeur les travaux de recherche et les expériences réussies dans ce domaine de la compensation. Elle s’interroge sur la multiplication des structures sur le champ de ces nouveaux métiers liés à la transition énergétique et écologique et souhaite qu’un travail de mise en synergie soit rapidement étudié. relevédeconclusionsdelacommission desurveillancesurlafilialesociétéforestière La Commission de surveillance prend acte de la présentation de l’activité, des résultats et des perspectives de développement de la Société Forestière, tant dans son champ traditionnel (augmentation du nombre d’hectares gérés), que dans une nouvelle approche de production de bois pour l’énergie (fonciers dédiés). Elle partage le constat des difficultés liées aux contraintes législatives et réglementaires, parfois contradictoires, et invite la Société Forestière à faire rapidement des propositions susceptibles d’optimiser la gestion des forêts, en examinant la question du découplage de l’avantage fiscal et des plans de gestion. Ce développement permettra de mieux amortir les coûts et se fera en synergie avec les services ou filiales propriétaires de forêts au sein du Groupe. Ces difficultés pourraient affecter les perspectives de développement. M. Piermont précise que la note comporte une maladresse dans la mesure où les chiffres qui sont présentés correspondent, en réalité, à un scénario intermédiaire. Cette enveloppe est destinée à financer le développement de la société. L’essentiel est de retenir que, pour réussir la création d’un opérateur de compensation qui externalise le risque, il faudra d’abord plusieurs années d’investissements, avant de dégager des résultats positifs pendant plusieurs décennies. C’est cette hypothèse qui nécessite l’investissement de 10 millions d'euros, cette enveloppe servant à réaliser des investissements fonciers et des travaux écologiques. En revanche, si ce positionnement d’opérateur externalisant les obligations devait échouer, CDC Biodiversité deviendrait alors un maître d’œuvre ou un assistant à maître d’ouvrage spécialisé en biodiversité. Dans ce cas, elle n’aurait pas besoin de ces 10 millions d'euros. M. Ophèle demande si CDC Biodiversité investirait dans le foncier pour pouvoir proposer des compensations ou si elle achèterait au fil de l’eau en fonction des compensations à fournir. M. Piermont répond que les achats sont généralement effectués en fonction des besoins. Les achats de foncier et les travaux d’investissements écologiques reposent sur la notion d'additionnalité, c'est-à-dire que le positif doit être équivalent au négatif. Toutefois, le principe général selon lequel l’investissement se fait en fonction des besoins comporte un risque d’exécution dans le cas où il n’est pas possible de trouver le terrain recherché. C’est pour cette raison que le plan de développement de CDC Biodiversité envisage également de réaliser quelques acquisitions, prudentes et très limitées, sans y réaliser de travaux, afin de constituer une sorte de stock de sécurité. Cela ne fut pas le cas lors de l’opération ex ante puisque CDC Biodiversité avait à la fois acheté le terrain et réalisé les travaux écologiques. M. Emmanuelli note qu’il s’agissait d’une opération particulière puisqu’elle était pilotée avec le ministère de l’Ecologie. 96 procès-verbaux M. Piermont confirme que l’expérimentation a été menée conjointement avec le ministère de l’Ecologie, même si la maîtrise d’ouvrage de cette opération a été entièrement assurée par CDC Biodiversité. M. Borotra estime qu’il serait intéressant de mettre le projecteur sur les expérimentations dans le domaine de la biodiversité et de la gestion forestière, comme c’est par ailleurs le cas pour CDC Climat. De plus, il souhaite savoir si CDC Biodiversité a été consultée sur la compensation nécessaire pour l’opération de Notre-Dame-des-Landes et sur le paysage du Mont-SaintMichel. Il s’agit, en effet, d’opérations très emblématiques et politiques sur lesquelles une consultation, voire un succès, auraient été très positif. M. Piermont indique que CDC Biodiversité n’a pas été consultée pour l’opération du Mont-Saint-Michel. En revanche, la société accompagne les réflexions de l’État et du concessionnaire potentiel de Notre-Dame-des-Landes sur les conditions de mise en œuvre des mesures compensatoires. Bien entendu, CDC Biodiversité ne définit jamais les mesures compensatoires, elle se charge d’évaluer, au préalable, le coût et la faisabilité des compensations envisagées par les pouvoirs publics. En outre, l’État a également demandé à étudier les mesures compensatoires qui seraient utiles dans le cas où la décision serait positive. En conclusion, M. Jouyet retient la proposition de M. Borotra sur l’importance d’examiner les synergies et la cohérence entre les actions de CDC Climat et celles de CDC Biodiversité. 3 – Suividesrecommandations de la Cour des comptes M. Jouyet cède la parole à M. Morin pour présenter les rapports, les missions en cours et le programme à venir. M. Morin propose de focaliser son intervention sur un ou deux points importants, avant de laisser M. Houri présenter les conclusions du CECR. Comme chaque année, les documents se divisent en trois parties : les rapports définitifs, les rapports provisoires et les missions futures pour 2014. Deux dossiers intéressants méritent d’être mentionnés, notamment celui qui concerne les avoirs bancaires et l’assurance-vie en déshérence. En effet, le rapport établi par la Cour des comptes a débouché sur une proposition de loi qui permettra à la Caisse des Dépôts de "récupérer" tous ces avoirs et de les gérer. Le texte est actuellement examiné par le Sénat. Concernant le PIA, la Cour des comptes relève que la mission est exercée par la Caisse des Dépôts avec une très grande qualité et qu’elle a su protéger ses propres intérêts et anticiper les difficultés, sans attendre l’instruction de mandats. S’agissant de la DDTR, les actions pour compte propre et ce qui relève du PIA ont été séparées, notamment par les délégations de signature qui ont été mises en place. La Caisse des Dépôts a donc correctement répondu aux recommandations émises par la Cour des comptes. Pour ce qui est des risques, la Cour des comptes note qu’ils sont correctement contrôlés, même si elle formule un léger bémol sur le suivi des risques opérationnels et leur impact sur le groupe Caisse des Dépôts. A cet égard, un contrôle de la Cour des comptes sur les risques dans les différentes filiales va prochainement démarrer. Enfin, plusieurs contrôles sont en cours, notamment concernant la Cité du Cinéma et Nef Lumière, dossiers sur lesquels la Caisse des Dépôts a répondu aux interrogations de la Cour des comptes. En conclusion, M. Morin fait savoir que la Cour des comptes n’a pas relevé de point d’attention particulier au sujet des activités de la Caisse des Dépôts. M. Houri poursuit en indiquant que les rapports de la Cour des comptes n’appellent pas d’observation particulière. 97 Il salue le travail effectué par M. Morin et son équipe en tant qu’il permet de distinguer clairement les contrôles définitifs, les contrôles en cours, les recommandations de la Cour des comptes et les réponses de la Caisse des Dépôts à ces recommandations. En outre, M. Houri constate que la Cour des comptes est toujours satisfaite lorsque ses travaux sont pris au sérieux comme c’est le cas à la Caisse des Dépôts. Enfin, au-delà des questions juridictionnelles, M. Houri note que ces recommandations sont utiles. M. Borotra souhaite formuler trois observations. D’une part, il partage la position du Premier Président de la Cour des comptes demandant à ce que l’emploi des fonds d’épargne soit soumis à l’examen de cette instance. Il rappelle d’ailleurs qu’il avait lui-même déposé, en vain, une proposition allant dans ce sens. Toutefois, il avertit que cette position est incompatible avec la règle selon laquelle "tout ce qui n’est pas interdit est autorisé ". D’autre part, il se déclare très perplexe sur l’appréciation portée par la Cour des comptes sur la SNI. En effet, la Cour des comptes ne semble pas avoir bien saisi les conditions dans lesquelles se développe l’activité de cette entité, qui est financée, pour moitié, par le résultat d’exploitation et, pour moitié, par les plus-values de cessions. Enfin, il considère que le projet de la Cité du Cinéma n’était pas mauvais en soi, mais que les justifications avancées étaient fausses (résonance du Grand Paris, fort impact d’intérêt général, plateforme de production internationale, etc.). Dans sa réponse à la Cour des comptes, la Caisse des Dépôts souligne que la saisine du Comité des Investissements de la Commission de surveillance est une garantie de l’autonomie et de la pertinence de l’instruction de ce dossier. Cependant, cela ne valide pas forcément la pertinence de la décision en tant que telle, qui appartient au Directeur général. La règle veut que, 6e séance - 19 mars 2014 si le Comité des Investissements décidait un jour d’opposer un refus à une décision du Directeur général, ce dernier pourrait passer outre. Il serait toutefois souhaitable d’inscrire dans le règlement que le Directeur général devrait alors venir demander l’avis de la Commission de surveillance. A cet égard, il tient à rappeler que le dossier Veolia et Transdev démontre que le passage devant le Comité des Investissements ne garantit pas forcément la pertinence des instructions. M. Emmanuelli note, quant à lui, que quelques points méritent des éclaircissements. En premier lieu, il ne comprend pas la proposition d’inscrire la Caisse des Dépôts comme une participation de l’État. M. Houri précise que l’État possède des participations dans toutes sortes d’organismes ou d’établissements publics. Il existe quatre ou cinq critères pour définir le niveau de contrôle exercé par l’État. Lorsqu’ils sont tous réunis, les participations correspondantes sont inscrites dans les comptes de l’État. M. Emmanuelli précise que son étonnement ne concerne pas le contrôle, il porte sur l’inscription au patrimoine de l’État. L’État n’étant pas détenteur, ni actionnaire de la Caisse des Dépôts, ce débat semble incompréhensible. M. Houri souligne que les comptes de l’État comportent un compte de résultat et un bilan, composé d’un actif et d’un passif, et qu’il est impossible d’ignorer le fait que la Caisse des Dépôts fait partie de cet actif. En revanche, la Section générale n’étant pas contrôlée par l’État, mais par le Parlement, seul son coût d’acquisition est inscrit à l’actif du patrimoine de l’État. M. Emmanuelli indique que ce coût n’existe pas puisqu’il n’y a pas d’action. M. Houri précise qu’il ne s’agit pas d’action, mais de contrôle. M. Emmanuelli maintient que le problème ici ne concerne pas le contrôle, il s’agit de savoir si la Caisse des Dépôts peut être considérée comme faisant partie du patrimoine de l’État. M. Morin signale que la Cour des comptes classe la Caisse des Dépôts parmi les participations financières de l’État. Pour autant, cela ne signifie pas qu’elle soit considérée comme un patrimoine, il s’agit seulement d’une rubrique de classement. M. Houri ajoute que la Section générale est une participation de l’État qui n’est pas contrôlée. Pour le fonds d’épargne, l’État donne mandat à la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli estime que le fait de considérer la Caisse des Dépôts comme une participation de l’État est un nonsens. Et concernant le fonds d'épargne, il souhaite savoir ce que l'on entend par les dettes du fonds d’épargne. M. Bavagnoli répond que ces dettes sont constituées des dépôts des banques. néanmoins une activité économique sur laquelle l’État exerce une influence. Dès lors, la Section générale est considérée comme une entité non contrôlée et la quote-part de ses capitaux propres est inscrite à l’actif du bilan de l’État. Mme Renaud-Basso signale qu’une réponse a été apportée à la Cour des comptes agréée entre la Caisse des Dépôts et l’État. M. Houri attire l’attention sur le fait que les critères de contrôle ne se résument pas au pourcentage de capital détenu. M. Emmanuelli demande, dans ce cas, que ces critères soient explicités. M. Houri indique qu’il les fournira. M. Ophèle juge qu’il serait impensable que la Caisse des Dépôts ne soit pas inscrite dans les comptes de l’État, d’autant qu’elle lui verse un dividende. M. Emmanuelli en déduit qu’il s’agit de l’argent dû aux épargnants. Dès lors, il ne comprend pas pourquoi cette épargne serait considérée comme une dette, ajoutant qu’une telle conception heurte à la fois la réalité et le bon sens. M. Houri confirme que le fait de verser un dividende prouve que la Caisse des Dépôts a sa place dans les comptes de l’État. Mme Renaud-Basso considère que la consolidation des fonds d’épargne dans les comptes de l’État serait problématique pour l’ensemble du dispositif. M. Houri reconnaît que la question du fonds d’épargne est plus délicate. En revanche, il considère que le cas de la Section générale ne fait pas débat. M. Emmanuelli ne voit pas en quoi cette épargne alourdirait la dette. Mme Renaud-Basso répond que, d’un point de vue comptable, elle serait considérée comme une dette puisque l’État doit cette épargne aux particuliers. M. Emmanuelli indique qu’il demandera officiellement par écrit au Premier Président de la Cour des comptes d’expliquer en quoi la Caisse des Dépôts serait une participation de l’État. M. Houri signale qu’une participation n’est pas forcément de nature financière. Dans les faits, la Caisse des Dépôts est un organisme sans capital qui possède 98 M. Emmanuelli précise que la discussion porte sur le fonds d’épargne. M. Morin précise que l’analyse approfondie qui a été effectuée aboutit à un consensus avec le Trésor sur l’autonomie de la Caisse des Dépôts. Mme Renaud-Basso ajoute que cette autonomie concerne l’ensemble de la Caisse des Dépôts, y compris le fonds d’épargne. M. Morin le confirme. Pour étayer son propos, M. Houri donne lecture d’un paragraphe extrait du rapport de la Cour des comptes : "Par ailleurs, depuis 2008, la section du fonds d’épargne est intégrée dans les comptes de l’État, indistinctement avec la Section générale de la Caisse des dépôts et procès-verbaux consignations. La Cour considère que la section du fonds d’épargne devrait être comptabilisée en tant qu’entité ad hoc. " M. Emmanuelli objecte que c’est justement cette position qu’il conteste. M. Houri maintient que les principes de la comptabilité définissent la manière dont une entité contrôlée doit être classée. Qui plus est, il signale que le fonds d’épargne ne figure pas dans les comptes de l’État puisqu’il ne s’agit pas d’une entité contrôlée. Dans ce cas, M. Emmanuelli juge encore plus contradictoire le fait d’inscrire la Section générale parmi les participations de l’État. M. Houri cite l’exemple des 4 milliards d’euros de pertes de Dexia en soulignant qu’ils devaient forcément être inscrits quelque part dans les comptes de l’État. M. Emmanuelli ne voit pas en quoi le fait que la Caisse des Dépôts ait contribué à compenser cette perte la ferait entrer dans le giron de l’État. 4 – Informations relatives à la convention "Projet Grand Paris " M. Jouyet propose à Mme Pèrenet de présenter l’état d’avancement de cette convention et à M. Keïta et M. Michelson de faire part de leurs éventuelles observations sur ce sujet très important pour un certain nombre de filiales du Groupe. Mme Pèrenet rappelle qu’une première convention "Projet Grand Paris ", qui s’est achevée à la fin de l’année 2013, avait largement mobilisé l’expertise des collaborateurs de l’Établissement public et de l’ensemble du Groupe. A cette occasion, plusieurs think tanks communs ont été constitués pour accompagner et soutenir le développement du Grand Paris, en particulier sur les questions d’aménagement, de foncier et de logistique urbaine. Au cours de cette première convention, la Caisse des Dépôts a également apporté des relevédeconclusionsdelacommission desurveillancesurlesuividesrecommandations delacourdescomptes La Commission de surveillance a passé en revue l’ensemble des recommandations de la Cour des comptes et s’est attachée aux missions achevées. Elle a vérifié que les recommandations émises sur la gestion des fonds PIA ont été prises en compte par la Direction générale et mises en œuvre. Elle a pris acte des réponses de la Direction générale sur les recommandations formulées sur la SNI en attendant la présentation du rapport Baietto-Besson et Hanotaux. En ce qui concerne les missions qui relèvent plus spécifiquement de la Commission de surveillance : les recommandations sur le contrôle interne, la maîtrise des risques et la gestion du Fonds d’épargne, elles ont fait l’objet d’une réponse du Président, qui a été jointe au dossier. La Cour des comptes souligne, financements pour accompagner les études pour permettre le développement des contrats territoriaux, et en soutenant un certain nombre de projets de captation foncière des prêts sur fonds d’épargne. Ces travaux ont notamment permis de mettre à jour la nécessité que le fonds d’épargne fasse évoluer ses prêts sur le foncier en créant un foncier Grand Paris, dont la vocation serait d’examiner la possibilité, pour les collectivités, d’intervenir sur le foncier à l’échelle du territoire, et non plus à celle de la micro-opération. Cette première étape a permis de construire une réflexion commune et d’établir un maillage des filiales sur le territoire francilien au service des projets de développement. Au final, un peu plus 99 notamment, la pertinence du modèle prudentiel retenu par la Commission de surveillance. Sur le dossier de la Cité du Cinéma, la Commission de surveillance rappelle qu’elle n’a pas eu les éléments d’information lui permettant d’exercer son rôle de surveillance, tant sur l’engagement, que sur le suivi de cet investissement. L’inscription de la Caisse des Dépôts (Section générale et Fonds d’épargne) dans les comptes de l’État en tant que participation non contrôlée a suscité un débat et des divergences de vues. Pour clarifier ce débat, le Président de la Commission de surveillance a demandé, aux services de la Caisse des dépôts, une analyse juridique relative au régime juridique de la Caisse des Dépôts, en y intégrant un regard du droit européen. de 2,8 millions d'euros ont été engagés sur des études relatives à des contrats de développement territorial ainsi que sur des études transversales, en particulier dans le domaine du numérique. Aujourd’hui, il est proposé de renouveler cette convention en l’orientant vers les grandes priorités que souhaite développer le groupe Caisse des Dépôts, à savoir : le logement, la cohésion sociale et le renouvellement urbain, la transition écologique et le développement économique des territoires. La nouvelle convention renouvelle un volume d’investissements en études et en accompagnement des projets des territoires à hauteur de 5 millions d'euros, soit environ 2,2 millions d'euros de plus par rapport aux engagements 6e séance - 19 mars 2014 effectués sur la première convention. Enfin, l’ambition est également de développer des actions grâce au fonds d’épargne, notamment sur l’enveloppe de 20 milliards d’euros, pour financer un certain nombre de besoins des territoires. Cette nouvelle convention se concentrant principalement sur les accompagnements financiers du volet "prêts ", M. Moscovici a souhaité en être également signataire, alors que la première avait été uniquement signée par le Ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement, par le Préfet et par le Directeur général de la Caisse des Dépôts. L’une des particularités de cette nouvelle convention est donc qu’elle permettra l’éligibilité de l’enveloppe des 20 milliards d’euros à la Société du Grand Paris. M. Borotra souhaite formuler trois observations. D’une part, il juge que la rédaction de la convention comporte une ambiguïté permanente entre le Grand Paris et la Région Ile-de-France. En réalité, les différents objectifs qui sont mentionnés (70 000 logements, 1 million d’emplois, 7 milliards d’euros affectés à l’aménagement du réseau existant, etc.) concernent l’ensemble de la Région. Il attire l’attention sur la nécessité de clarifier ces éléments afin d’éviter que la Caisse des Dépôts n’en subisse les conséquences. Il rappelle que les quatre départements de la grande couronne totalisent 4,5 millions d’habitants, soit 45 % de la Région Ile-de-France et précise que laisser penser que la part la plus importante des crédits disponibles puisse être consacrée au seul profit du Grand Paris représente un danger pour la réussite de ce projet. Etant donné que les populations se déplaceront vers la grande couronne, c’est ici que les besoins en transports et en équipements publics se feront le plus sentir. D’autre part, les besoins de financement du Grand Paris étant considérables et les sujets très nombreux, il convient de garder à l’esprit que les 20 milliards d’euros ne sont pas exclusivement destinés au Grand Paris, ils s’adressent également à toutes les autres régions françaises. Dans ce cadre, il faudra veiller à l’efficacité des dispositifs et des mécanismes destinés à sélectionner les projets et à arbitrer entre le Grand Paris, la Région Ile-de-France et les autres régions françaises. La Caisse des Dépôts doit faire en sorte de répondre aux besoins de manière équilibrée, voire égalitaire, en faisant en sorte que les besoins du Grand Paris ne consomment pas une part trop grande des financements. En outre, il regrette que les filiales n’aient pas trouvé leur place dans cette convention. Des entreprises comme la Scet, Egis, la SNI, Transdev, etc. ont, en effet, un rôle majeur à jouer dans ce projet. Enfin, il souligne que le problème majeur du Grand Paris réside aujourd’hui dans la gouvernance, ce projet s’orientant de plus en plus vers un modèle administratif et politique voué à l’échec. Etant donné la concurrence entre les ambitions politiques, les querelles entre les différents échelons (Paris, Région Ile-deFrance, Grand Paris) et la multiplication des organes de gouvernance, ce modèle risque de s’avérer dangereux et inefficace. Par le passé, tous les grands projets réussis ont été portés d’une main de fer par des responsables qui n’étaient pas des hommes politiques (Haussmann, Delouvrier). De même, pour le Grand Paris, il est fondamental que la responsabilité exécutive soit confiée à un haut fonctionnaire, sans pour autant exclure l’intervention du politique. M. Jouyet reconnaît que la Direction régionale joue un rôle de coordination au sein de cette convention, mais les filiales y seront étroitement associées. Concernant la gouvernance, il signale qu’une équipe de sept à huit personnes, placée sous la responsabilité d’un haut fonctionnaire, est actuellement en charge de l’organisation du Grand Paris. Pour ce qui est de la répartition des 20 milliards d’euros, M. Jouyet confirme que les financements seront évidemment distribués de manière équilibrée. L’objectif de la convention est d’associer d’autres investisseurs, notamment des filiales ou des investisseurs étrangers, 100 qui soient intéressés par les projets immobiliers et les infrastructures de ce projet. M. Emmanuelli partage en partie la crainte de M. Borotra au sujet de la gouvernance. En outre, pour ce qui est de l’enveloppe de 20 milliards d’euros, il demande s’il serait envisageable que le fonds d’épargne crée, en plus, une enveloppe spécifique pour le Grand Paris. En effet, le danger est que les 20 milliards d’euros soient en grande partie consommés par le Grand Paris et qu’il ne reste plus beaucoup de financements pour les autres régions françaises. Mme Renaud-Basso répond que, sur le principe, rien ne s’oppose à la création d’une enveloppe supplémentaire. Elle précise que, sur les 20 milliards d’euros, 2,5 milliards d’euros ont été engagés en 2013 et environ 300 millions d’euros d’engagements supplémentaires ont été signés depuis le début de cette année. Pour l’instant, les demandes ne sont pas considérables en raison des échéances municipales. De plus, d’autres financeurs viendront participer au projet du Grand Paris. Mme Pèrenet revient sur la remarque de M. Borotra concernant la rédaction de la convention en signalant que la loi ALUR a ouvert, depuis peu, un nouveau dispositif permettant de couvrir toute l’Ile-de-France grâce à des contrats territoriaux analogues à ceux du dispositif Grand Paris. Ces financements s’appliqueront donc à toute la région. Bien entendu, la Direction régionale Ile-de-France se montre très attentive au fait que les besoins de l’ensemble des territoires puissent bénéficier d’une part des financements. M. Keïta précise que la confusion autour des questions de gouvernance s’explique par l’empilement assez complexe du projet. A l’origine, le Grand Paris était un gigantesque projet d’aménagement qui couvrait, non seulement les transports, mais aussi l’urbanisme, le développement durable, etc. Ensuite, le préfet Christian Blanc a resserré le dispositif autour d’un aménagement tunnelier et ferroviaire. Aujourd’hui, la seule mission du Grand procès-verbaux Paris est de construire des infrastructures et d’installer des matériels roulants qui seront ensuite remis au STIF. Par ailleurs, il existe en parallèle un débat institutionnel sur la métropole et sur le Grand Paris qui vient quelque peu embrouiller le projet d’aménagement. M. Jouyet signale que toutes les grandes agglomérations du monde sont confrontées à ce type de problématiques. M. Borotra tient à préciser qu’il n’est absolument pas opposé à ce projet. Il souhaite simplement attirer l’attention sur la nécessité d’anticiper les difficultés liées aux relations entre Paris, la Région Ile-de-France et les différentes collectivités. Si ces questions ne sont pas tranchées en adoptant des critères stricts, précis, et non politiques, alors le projet rencontrera les pires difficultés. relevédeconclusionsdelacommission desurveillancesurlaconvention"projetgrandparis" La Commission de surveillance, après avoir examiné le projet de convention entre l’État et la Caisse des Dépôts, relative au Grand Paris, attire l’attention de la Direction générale sur : • une certaine ambiguïté dans la rédaction entre des objectifs liés parfois à l’échelon régional ou à celui de la métropole et d’autres spécifiques au projet d’aménagement du Grand Paris, ambiguïté qu’elle préconise de clarifier ; • l'ampleur des besoins de financement du projet du Grand 5 – Question d’actualité Il n’y a pas de question d’actualité. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 50. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 101 Paris, qui pourrait, à terme, mobiliser une grosse part de l’enveloppe des 20 Md€ des fonds d’épargne. Le développement du projet du Grand Paris ne pouvant se réaliser au détriment des autres territoires, la Commission de surveillance souhaite qu’une enveloppe supplémentaire dédiée au projet du Grand Paris soit mise en place en accord avec le Ministère de l'Economie et des Finances si le niveau de consommation pour ce projet s’avérait excessif. 7 e séance-2 avril2014 * Le mercredi 2 avril 2014, à 15 heures 30, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; MM. Bavagnoli, Borotra, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance, assistée de M. Carrère, Secrétaire général adjoint de la Commission de surveillance. Etaient excusés : Mme Grosskost ; MM. Arthuis et Malvy. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe, secrétaire de la Commission de surveillance ; M. Lataste, Conseiller de M. Emmanuelli ; Mme Grave, Directrice des retraites et de la solidarité (points 3 et 4) ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe (point 5) ; M. Flamarion, Directeur financier des Fonds d’Epargne (point 5) ; M. Silvent, Directeur du pôle Finances, Stratégie, Filiales et International du Groupe (point 6) ; M. Mareuse, Directeur des Finances (point 6) ; M. Loreau, Directeur du département comptabilité et pilotage financier à la direction des finances (point 6) ; MM. de Boisriou et Morot, commissaires aux comptes (point 6) ; M. Lantéri, Adjoint au Directeur juridique et fiscal (point 7). 1 – Approbation des procès-verbaux et des comptesrendus de la Commission de surveillance des 12 et 19 février 2014 Les procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 12 et 19 février 2014 sont approuvés. droits à pension dans les pays étrangers et au sein de l’Union européenne. Mme Grave souligne que les régimes gérés par la Caisse des Dépôts, en particulier ceux de la fonction publique, comptent relativement peu d’expatriés et que l’impact du projet de décret sur l’activité de l’Établissement devrait demeurer minime. 2 – Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de mai 2014 Sous réserve de la prise en compte de quelques observations, la Commission de surveillance émet un avis favorable. M. Emmanuelli indique que M. Houri sera chargé de la vérification de la caisse générale du mois de mai 2014. 4 – Projet de décret relatif à la dématérialisation de la déclaration et du paiement des cotisations de sécurité sociale pour les employeurs publics 3 – Projet de décret relatif au droit à l’information en matière de retraite pour les assurés ayant un projet d’expatriation Mme Grave rappelle que des entretiens "Information retraite" ont été mis en place depuis 2012 suite à la réforme des retraites de 2010. Le projet de décret prévoit un supplément d’information à destination des assurés ayant un projet d’expatriation, afin d’améliorer leur connaissance des règles d’acquisition des Mme Grave indique que ce décret fixe un seuil au-delà duquel les employeurs publics seront tenus de déclarer et payer leurs cotisations sociales par voie dématérialisée. Elle souligne que les employeurs publics, dont les régimes de retraite sont gérés par la Direction des Retraites et de la Solidarité, déclarent et payent déjà leurs cotisations de façon dématérialisée. L’application du décret ne devrait donc poser aucune difficulté. 102 Sous réserve de la prise en compte de quelques observations, la Commission de surveillance émet un avis favorable. 5 – Fonds d’épargne Rapport de gestion, comptes certifiés 2013 et perspectives d’emploi 2014 Mme Renaud-Basso invite les membres de la Commission de surveillance à consulter le document de présentation du bilan et des résultats au 31 décembre 2013 qui leur a été remis et, en particulier, la synthèse concernant le résultat net et le résultat d’activité. Mme Renaud-Basso constate tout d’abord une diminution de la marge – élément essentiel dans la constitution du résultat net – qui passe de 513 à 391 millions d’euros. Cette évolution négative s’explique, à la fois, par une diminution des produits sur actifs financiers, du fait des baisses de taux observées sur les marchés et par la légère décroissance des produits sur prêts, la hausse de volume n’ayant pas suffi à compenser la baisse du taux du Livret A. La charge sur les dépôts est, elle aussi, en réduction, sous les effets conjoints de la baisse du taux du Livret A et d’une diminution du stock procès-verbaux de dépôts, liée au renvoi de liquidités de 30 milliards d’euros consécutif à la réforme de l’épargne réglementée du mois de juillet 2013. La diminution de la marge a toutefois été partiellement compensée par les plus-values réalisées sur les actifs financiers et par une réduction des provisionnements dans un contexte de marché boursier favorable. Ces opérations ont contribué de façon positive au résultat à hauteur de 646 millions d’euros. Les charges d’exploitation ont connu une très légère hausse, tandis que la dotation au FRBG, destinée à couvrir le risque global de taux, est passée de 658 millions d’euros en 2012 à 458 millions d’euros en 2013. Le résultat net de l’année 2013 s’élève à 443 millions d’euros, après dotation au FRBG, pour un résultat brut de 901 millions d’euros. Ces éléments conduisent à un excédent de fonds propres d’un montant de 733 millions d’euros, qui sera reversé à l’État en application du régime existant. En ce qui concerne le bilan d’activité, Mme Renaud-Basso observe que le montant de signatures de prêts, bien qu’inférieur à celui de 2012, demeure relativement élevé au regard de l’historique de l’activité du fonds d’épargne. Sur un montant global de 20,7 milliards d’euros, 16,4 milliards d’euros concernent des prêts au logement social et à la politique de la ville, 2 milliards d'euros le secteur public local, 1,5 milliard d'euros les infrastructures durables, et 0,8 milliard d’euros les enveloppes exceptionnelles 2011/2012 de prêts aux collectivités locales et EPS. Le niveau exceptionnel des prêts au logement social correspond à l’augmentation des agréments des années précédentes. Les prêts au secteur public local ont, quant à eux, connu un démarrage relativement lent, avant d’enregistrer une très forte activité en fin d’année. Le montant des prêts consentis étant nettement supérieur aux remboursements perçus, l’encours sur le fonds d’épargne a connu une forte hausse, suivant la tendance observée depuis maintenant plusieurs années. Mme Renaud-Basso observe que cette situation, associée à la contraction du portefeuille financier, risque de conduire, à terme, à une utilisation maximale des capacités du fonds d’épargne en termes de liquidités. M. Picq souhaite formuler deux observations. Il lui semble tout d’abord qu’une attention particulière doit être portée à la contraction de la marge qui doit demeurer suffisante pour couvrir les frais généraux et les besoins en fonds propres du fonds d’épargne. Par ailleurs, M. Picq se réjouit que la gestion du portefeuille d’actifs financiers prévoie une couverture des moins-values latentes, de façon à ce que, même en période de moindre marge, les 300 ou 400 millions d’euros annuels de reprises sur provisions et de cessions d’actifs permettent de maintenir un résultat correct. M. Borotra se félicite, lui aussi, du choix de couvrir les moins-values latentes, dans la mesure où un modèle économique fondé sur des plus-values latentes importantes s’avère trop dépendant des fluctuations du CAC 40. M. Borotra note également une amélioration sensible de la politique de gestion des actifs financiers. Il insiste sur l’importance de la consommation de crédit : en période de crise, il ne suffit pas de signer des prêts, encore faut-il que ceux-ci soient utilisés au plus vite. M. Borotra observe que si les prêts signés en 2013 ont représenté 64 % des dépôts centralisés, c’est avant tout parce que ces derniers ont diminué de 12,2 milliards d’euros, et non du fait d’une hausse du nombre de prêts. Par ailleurs, les 34,3 milliards d’euros hors bilan représentent 20 % de l’encours global des prêts, soit moins que les années précédentes. Enfin, concernant le logement social, il souligne que sur les 16,4 milliards d’euros de prêts signés, seuls 14,7 milliards d'euros ont été versés, contre 15,2 milliards d'euros l’année précédente. Il convient donc de porter une attention accrue à la transformation des signatures en versements effectifs. 103 M. Bavagnoli souligne, tout d’abord, la qualité du document de présentation du bilan et des résultats remis à la Commission de surveillance. Il se dit en accord avec M. Borotra sur l’importance de réduire le délai entre signature et décaissement des prêts et rappelle que cette question a fait l’objet d’une note en septembre 2013. Il souligne, cependant, que ce délai relève, en partie, de facteurs exogènes au fonds d’épargne. M. Bavagnoli constate, par ailleurs, qu’en 2013, le portefeuille d’actifs financiers a enregistré des pertes, puisqu’il n’a rapporté en moyenne que 1,6 %, alors que le coût de la ressource s’est établi à 2,2 %. Ce différentiel de 60 points de base induit une perte de 800 millions d’euros sur un portefeuille global de 120 milliards soit environ 30 % de la collecte du Livret A, du LDD et du LEP, dont le coût fiscalo-social s’élève à 500 ou 600 millions d’euros. M. Bavagnoli estime paradoxal de payer pour collecter ces sommes si elles doivent ensuite produire des pertes. Si l’amélioration de la rentabilité du portefeuille peut laisser espérer de meilleurs résultats à l’avenir, le gain estimé de 6 points de base l’année prochaine et de 2 points de base l’année suivante paraît bien insuffisant. M. Bavagnoli jugerait donc utile de s’interroger sur le dimensionnement du portefeuille d’actifs financiers du fonds d’épargne, dont la collecte s’avère onéreuse, pour des gains nuls ou limités. M. Ophèle souligne la différence importante observée cette année entre les résultats des deux semestres. Les équilibres constatés au second semestre, qui s’avère être le plus important, sont bien plus favorables que ce que les résultats globaux sur l’année laissent apparaître. M. Ophèle s’interroge, par ailleurs, sur la méthode de calcul de la dotation au FRBG, notamment sur les raisons de la stricte dissociation du Pilier 1 et du Pilier 2. M. Jouyet pense que cette distinction est liée aux normes prudentielles. Il invite 7e séance - 12 avril 2014 Mme Renaud-Basso et M. Flamarion à donner quelques explications sur les règles de calcul de la dotation qui s’avèrent très complexes. Au-delà des résultats de l’année écoulée, M. Ophèle juge important d’évoquer les attentes concernant le portefeuille d’actifs financiers pour les années à venir, compte tenu de la forte diminution des liquidités placées à très court terme. Mme Renaud-Basso convient de l’importance de réduire le délai de versement des prêts puisque leur effet économique n’intervient qu’après le décaissement. Elle souligne, cependant, que la Caisse des Dépôts n’a qu’une influence limitée sur ce délai qui dépend, pour l’essentiel, de l’exécution et du déroulement des projets financés. En ce qui concerne le portefeuille d’actifs, Mme Renaud-Basso insiste à son tour sur la distinction entre les résultats du premier et du second semestres qui correspondent à deux phases bien distinctes. Si la première moitié de l’année 2013 a été marquée par une marge négative, la réforme du fonds d’épargne a permis de restaurer la situation par la suite. En outre, si le portefeuille d’actions est soumis à des risques liés à un contexte de taux défavorable, il présente un potentiel de rentabilité plus élevé que celui des marchés obligataires. La part du portefeuille d’actions tend à croître, mais son développement est limité par la disponibilité de fonds propres, puisque les excédents sont reversés à l’État. Bien qu’il soit difficile de compter sur une éventuelle hausse des taux, qui permettrait de conforter la situation du Fonds d’épargne, certains signaux peuvent laisser espérer une amélioration du contexte. M. Emmanuelli objecte qu’à l’heure actuelle, les prévisions tablent plutôt sur une nouvelle baisse des taux. M. Ophèle confirme qu’aucune tendance à la hausse n’est à prévoir dans l’immédiat. Les taux courts ne remonteront vraisemblablement pas avant un long moment, ou du moins pas avant la remontée des taux américains, prévue en 2016. Mme Renaud-Basso convient que l’incertitude sur le taux est fortement liée au contexte macroéconomique. Pour répondre aux interrogations de M. Bavagnoli, Mme Renaud-Basso affirme que le portefeuille d’actifs financiers s’avère indispensable pour assurer la liquidité et la sécurité du fonds d’épargne, et lui permettre de faire face à ses obligations. Il est toutefois possible de rechercher une meilleure allocation des actifs afin de maximiser les retours sur les placements. Quoi qu’il en soit, au vu des perspectives d’activité et d’augmentation des encours, la pression sur le niveau de liquidité du fonds d’épargne devrait encore s’accroître pour atteindre des ratios limites à l’horizon 2017. M. Bavagnoli précise que son intervention ne visait pas à remettre en question l’existence même du portefeuille d’actifs, mais son dimensionnement. D’après les prévisions du fonds d’épargne, assises sur un scénario de montée en puissance des prêts liés à la construction de logements sociaux et à la consommation de l’enveloppe de 20 milliards d’euros, le portefeuille d’actifs s’élèverait encore à 80 milliards d’euros en 2017. Dans l’hypothèse où les taux d’intérêts ne se relèveraient pas, ces 80 milliards d’euros, non consommés, continueront à produire des pertes ou des marges très faibles. M. Borotra ajoute que l’objectif de convergence du rendement des actifs financiers et des prêts ne sera certainement pas atteint d’ici 2017. M. Flamarion indique que si le portefeuille financier a décru de 20 milliards d’euros entre la fin 2012 et la fin 2013, l’encours moyen sur l’année s’avère supérieur de 12 milliards d’euros, compte tenu de la hausse des plafonds et de la restitution de 30 milliards d’euros. Bien que la marge paraisse globalement très dégradée sur l’ensemble de l’année, la situation s’est nettement améliorée au second semestre. Au final, la rentabilité du portefeuille de 1,94 % – hors reprises sur provisions – s’est avérée supérieure au taux moyen du Livret A, qui s’est 104 établi à 1,58 %, compte tenu des deux baisses successives enregistrées en 2013. La rémunération du Livret A s’élevant désormais à 1,25 %, la rentabilité du portefeuille d’actifs devrait connaître une amélioration en 2014 – hors effets négatifs éventuels et provisions supplémentaires –, aboutissant à un doublement de la marge. M. Flamarion souligne que le redressement de la marge a d’ores et déjà débuté au second semestre : alors que le niveau à mi-année était inférieur de 550 millions d’euros à celui de 2012, le résultat de fin d’année ne laisse apparaître qu’une dégradation de 100 millions d’euros. En ce qui concerne le FRBG, M. Flamarion rappelle qu’il ne s’agit que d’une écriture comptable, sans impact sur le prélèvement de l’État et sur le modèle prudentiel. Afin de maintenir une procédure identique d’une année sur l’autre, la décision a été prise de couvrir les risques de contrepartie – c’est-à-dire le Pilier 1 – à partir des réserves et du résultat de l’année, tandis que le solde des fonds propres excédentaires doit permettre de couvrir le Pilier 2, c’est-àdire le risque global de taux. Cet excédent peut alors être conservé dans les réserves accumulées ou affecté à un FRBG – dans ce dernier cas, celui-ci devenant, en cible, égal au risque global de taux. M. Flamarion indique que le FRBG avait fait l’objet d’une forte dotation en 2013, dans l’objectif d’une couverture complète du risque global de taux dans un délai de cinq ans. Le risque ayant fortement diminué, suite à la restitution des 30 milliards d’euros, le montant du FRBG 2014 a été calculé de façon à permettre de le couvrir d’ici la fin de l’année. Alors qu’il paraît vraisemblable que la baisse de la rentabilité des actifs financiers se poursuive, M. Picq juge rassurant que les moins-values latentes soient quasiment couvertes à 100 % par les provisions et que le fonds d’épargne dispose d’un portefeuille de 3 milliards d’euros de plus-values latentes qui permet d’améliorer le résultat malgré la dégradation de la marge. M. Picq insiste, toutefois, sur la nécessité de demeurer vigilant face à cette dégradation qui peut avoir des conséquences sur la solidité procès-verbaux financière du fonds d’épargne, sachant que le niveau de la marge dépend, pour partie, de la gestion du portefeuille et, pour partie, du niveau auquel sera fixé le taux du Livret A. M. Goua rappelle que le Livret A était initialement destiné à protéger les petits épargnants de l’inflation, et non à leur permettre de réaliser une plus-value : son taux d’intérêt était donc supposé se situer aux alentours de 0,75 %. Il paraît difficile d’offrir, d’un côté, une rémunération supérieure de l’épargne et, de l’autre, d’abaisser les taux pratiqués sur les prêts. Quant au délai de versement des crédits, M. Goua indique que la délégation des aides à la pierre a fortement contribué à l’allonger, en incitant les collectivités, par peur d’une pénurie, à se précipiter pour demander des financements pour des projets d’une durée relativement longue. M. Marc rappelle que la recherche de rendement est inscrite dans les missions assignées à la Caisse des Dépôts, afin d’assurer la liquidité et la solvabilité du fonds d’épargne et pour lui permettre d’accorder des prêts à long terme. M. Marc s’enquiert de l’existence d’une stratégie claire et volontariste de rotation des actifs financiers du portefeuille et de recherche de plus-values à long terme. Bien que le cadre de gestion des fonds d’épargne soit très précisément défini par l’État, Mme Renaud-Basso indique que leurs gestionnaires disposent de certaines marges de manœuvre. Ils ont ainsi fixé un objectif d’amélioration de la rentabilité à travers une hausse progressive de la part des actions cotées, mais également des investissements en infrastructures, des investissements en fonds propres dans des entreprises via des fonds de fonds, et des investissements immobiliers. La stratégie consiste donc à diversifier le portefeuille afin de trouver des actifs au rendement supérieur à celui du marché obligataire. Les investissements répondent, en outre, à une logique financière, et non industrielle : le Fonds d’épargne limite ses participations dans les entreprises à environ 2 ou 3 % du capital, tout en veillant à ce que la rotation des actifs permette de générer des plus-values et d’améliorer la marge. L’objectif du portefeuille d’actifs est bien d’assurer la liquidité des Fonds d’épargne et de contribuer au résultat, à la fois à travers des dividendes et des plus-values. M. Marc souhaite savoir, cependant, si les gestionnaires des fonds d’épargne ont établi une stratégie opportuniste destinée à améliorer le rendement au-delà des 1,94 % actuels, dans une optique de maximisation de profit. M. Flamarion confirme que la gestion du portefeuille répond bien à une logique d’optimisation de la rentabilité, mais rappelle qu’elle est soumise à une très forte contrainte de fonds propres. Mme Renaud-Basso ajoute que la rotation des actifs n’intervient que lorsque des plus-values ont été accumulées. M. Marc demande si d’un point de vue stratégique, les Fonds d’épargne pourraient s’ouvrir à la recherche de rendement maximum à court, voire à très court terme, en optimisant leurs transactions grâce aux moyens, notamment technologiques, actuellement existants. M. Houri rappelle que le Fonds d’épargne, comme la Caisse des Dépôts dans son ensemble, est supposé intervenir en tant qu’investisseur de long terme, respectueux de l’économie française. La recherche de rendement maximal à court terme répondrait à une logique tout à fait différente. Mme Renaud-Basso indique que le fonds d’épargne joue un rôle d’investisseur patient, et en tant que tel, ne se livre pas à des opérations purement spéculatives, qui ne rentreraient d’ailleurs pas dans le cadre de gestion imposé par l’État. Elle insiste, cependant, sur le fait que la politique d’investissements des Fonds d’épargne répond à une logique financière et non stratégique. M. Jouyet confirme que les investissements stratégiques sont 105 effectivement du seul ressort de la Section générale. M. Picq observe que le Fonds d’épargne sait, à l’occasion, se montrer opportuniste, comme lorsqu’il a anticipé la restitution des 30 milliards d’euros en investissant dans des produits courts. M. Marc s’enquiert de l’existence de règles écrites ou d’une sorte de charte interdisant au Fonds d’épargne de conduire certains types d’opérations. M. Flamarion indique que le cadre de gestion, très strict, fixé par le Ministre de l’Economie, privilégie la liquidité, en imposant un minimum de 50 % de titres souverains, et la sécurité, en limitant la taille des actifs considérés comme plus risqués et, en particulier, des actifs non cotés. En termes de risque de contrepartie, le cadre de gestion exige une notation minimale de BBB, sachant que les actifs notés à ce niveau demeurent limités à 1 % du portefeuille. M. Ophèle observe qu’une amélioration significative du rendement peut être plus difficile à obtenir sur un portefeuille très important, au sein duquel les "bons" investissements ne représentent que des montants limités. M. Ophèle souligne, en outre, que si une distinction a été faite entre le Pilier 1, correspondant aux obligations réglementaires, et le Pilier 2, qui ajoute des obligations en fonction des spécificités du business model poursuivi, l’un comme l’autre doivent être couverts par l’ensemble des fonds propres. Il ne paraît donc pas nécessairement pertinent d’affecter systématiquement chaque année le FRBG à la couverture des risques de taux. M. Emmanuelli demande à M. Flamarion de lui rappeler quel est le rendement global du portefeuille. M. Flamarion indique qu’il s’est établi à 1,94 % en 2013, hors reprises de provisions, soit environ 2,25 %, en incluant les reprises de provisions. M. Emmanuelli s’enquiert de la croissance de la Bourse sur l’année 2013. 7e séance - 12 avril 2014 M. Flamarion indique que le CAC 40 a augmenté de 18 % et que le portefeuille actions des Fonds d’épargne a connu une rentabilité de 23 %. Il précise, par ailleurs, que les plus-values latentes évoquées par M. Picq ne sont pas intégrées au résultat. M. Emmanuelli demande si le CAC 40 poursuit sa croissance à l’heure actuelle. M. Flamarion le confirme. M. Emmanuelli invite les commissaires aux comptes à rendre compte de leurs travaux d’audit concernant l’exercice 2013 des Fonds d’épargne. M. de Boisriou indique que comme à leur habitude, les commissaires aux comptes ont orienté leurs travaux sur les deux grands métiers du Fonds d’épargne, à savoir celui de prêteur et celui d’investisseur. S’agissant du métier de prêteur, la couverture des risques de crédit a été revue en appliquant un niveau de dépréciation qui semblait approprié. Les commissaires aux comptes ont également examiné le traitement comptable retenu par le Fonds d’épargne au titre du dispositif mis en place par le ministre de avisdelacommission desurveillancesur lescomptesdufondsd'épargne2013 Lors de sa séance du 2 avril 2014, la Commission de surveillance a examiné les comptes du Fonds d'épargne de l'exercice 2013, tels qu'ils ont été arrêtés le 13 mars 2014 par le Directeur général de la Caisse des Dépôts. Le résultat courant du Fonds d’Epargne, avant affectation au Fonds pour Risques Bancaires Généraux (FRBG), s’établit à 901 M€ pour l’exercice 2013, à comparer aux 1 008 M€ enregistrés en 2012. Le résultat net 2013 s’élève à 443 M€ contre 350 M€ en 2012, cette évolution étant la conséquence d’une moindre dotation (écart de 200 M€) au FRBG en 2013 par rapport à 2012. Pour la Commission de surveillance, ce résultat doit être apprécié au regard notamment de la poursuite de la contraction de la marge, passant de 513 M€ en 2012, à 391 M€ en 2013, en raison du recul des revenus sur actifs financiers consécutif à la faiblesse continue des taux courts et de l’inflation. La baisse des produits sur prêts de 4,3 % (4,3 Md€ à fin 2013, contre 4,5 Md€ en 2012) a été compensée par la baisse de la rémunération de l’épargne réglementée qui a entraîné une forte diminution des charges sur dépôts pour 1,06 Md€. Cette diminution est également liée à la baisse des encours d’environ 10 Md€ et à la baisse du taux de commissionnement des réseaux collecteurs. La situation des marchés financiers a permis de fortes reprises de provisions constituées antérieurement sur les portefeuilles et la réalisation des plusvalues de cessions. Toutefois, la revue à la baisse de certaines valeurs d’utilité du portefeuille actions a nécessité une dotation complémentaire aux provisions pour dépréciation de 108 M€ en 2013. En matière d’exposition au risque actions, les moins-values latentes sont désormais couvertes à hauteur de 95 % par les provisions pour dépréciation (1,868 Md€). En 2013, le bilan du Fonds d’épargne a été profondément modifié par la réforme de l’épargne réglementée en juillet 2013 qui a eu comme conséquence de faire baisser le bilan du Fonds d’Epargne de 10,2 Md€. La Commission de surveillance constate que malgré cette baisse le Fonds d’épargne a poursuivi son effort d’accompagnement des politiques publiques. Les principales évolutions se résument donc de la façon suivante : • un passif marqué par la sensible diminution des dépôts centralisés : de 12,2 Md€, portant l'encours à 243,3 Md€, alors qu’ils avaient fortement augmenté en 2012 ; • le portefeuille d’actifs financiers a été ajusté et revu sensiblement à la baisse (- 21 Md€) à 101,7 Md€, en raison de la restitution des 30 Md€ de dépôts aux établissements collecteurs ; • le maintien de la dynamique de l’accroissement des prêts en raison 106 du développement des prêts au logement social, aux infrastructures et de la nouvelle enveloppe de prêts accordés aux collectivités territoriales. L’encours total des prêts continue sa forte progression (+ 10,8 Md€) en 2013 pour atteindre 157,6 Md€. Malgré une conjoncture peu favorable, le Fonds d’épargne a pu maintenir, en 2013, un haut niveau de versements (18,6 Md€). Avant prélèvement de l’État, les fonds propres disponibles s’élèvent à 8,105 Md€ fin 2013, contre 7,190 Md€ en 2012. L’excédent de fonds propres par rapport aux besoins de fonds propres en couverture des risques s’élève à 733 M€ à fin 2013, permettant le prélèvement de l’État au titre de sa garantie à due concurrence. Afin d’assurer la couverture progressive du risque global de taux, le Fonds pour Risques Bancaires Généraux (FRBG) du Fonds d’épargne a été doté de 458 M€ au titre de l’exercice 2013, répondant ainsi au souhait de la Commission de surveillance. Le Fonds d’Epargne prévoit que le FRBG couvre intégralement le risque global de taux dès la fin de l'année 2014. Enfin, la Commission de surveillance observe que les commissaires aux comptes ont émis un rapport de certification sans réserve sur les comptes du Fonds d’épargne 2013. procès-verbaux l’Economie et le ministre du Logement en juillet 2013, en vertu duquel le Fonds d’épargne est susceptible de verser une prime exceptionnelle pour la construction de logements sociaux. Les modalités d’évaluation des provisions, pour marges déficitaires, n’appellent aucun commentaire particulier. S’agissant du métier d’investisseur, les commissaires aux comptes ont revu les valeurs d’utilité des titres de l’activité de portefeuille détenus par le Fonds d’épargne au 31 décembre 2013 et ont noté le niveau relativement prudent de couverture des risques et moins-values latentes par des provisions. En conclusion, les commissaires aux comptes certifient sans réserve les comptes du Fonds d’épargne pour l’exercice clos le 31 décembre 2013. 6 – section générale Comptes et résultats 2013 M. Mareuse revient tout d’abord sur les faits marquants de l’exercice. Le principal élément exceptionnel concerne les apports à Bpifrance, effectués le 12 juillet 2013, pour un total de plus de 10 milliards d’euros d’actifs, qui ont permis de dégager une plus-value latente de 1,2 milliard d’euros. Passant d’un contrôle exclusif sur le Fonds stratégique d’investissement (FSI) à un contrôle conjoint sur Bpifrance avec l’État, la Caisse des Dépôts a dû constater l’ensemble des plus-values latentes que recelaient les actifs apportés à Bpifrance. Ce changement de contrôle induira désormais une discordance entre les comptes publiés par Bpifrance et les comptes consolidés de la Caisse des Dépôts, visible dès le deuxième semestre 2013, puisque le résultat positif de 386 millions d’euros de Bpifrance, une fois retraité dans les comptes consolidés du Groupe, en application des normes IFRS, se transforme en contribution négative aux résultats consolidés du Groupe Caisse des Dépôts. M. Mareuse souligne que ce mécanisme se reproduira certainement au cours des prochains exercices. Le second fait marquant, intervenu en avril 2013, est la fin du processus de montée au capital de La Poste, dont la Caisse des Dépôts détient désormais 26,3 %. Le résultat 2013 de La Poste s’établit à un niveau relativement élevé de 627 millions d’euros dû, pour près de la moitié, aux effets du CICE. La quotepart du Groupe dans le résultat de La Poste s’élève à 170 millions d’euros, mais cette somme est plus que compensée par la dépréciation constatée : en effet, La Poste ayant revu son plan d’affaires, la participation a été réévaluée à 1,6 milliard d’euros – soit précisément son prix d’acquisition – conduisant à une dépréciation dans les comptes consolidés de la Caisse des Dépôts à hauteur de 500 millions d’euros. Cependant, cette dépréciation a été partiellement compensée par une diminution de 200 millions d’euros des provisions constituées pour payer à l’État le complément de prix envisagé au moment de l’acquisition. La dépréciation nette de La Poste dans les comptes consolidés du Groupe s’établit donc à environ 300 millions d’euros. Autre fait marquant, la mise en place de la SFIL, qui a donné lieu à des prêts d’un montant supérieur à 10 milliards d’euros, dont 9,2 milliards d’euros à long terme : ces créances sur la SFIL sont venues modifier de façon non négligeable la structure du bilan de la Section générale, dont elles représentent environ 10 % de l’actif. M. Mareuse évoque enfin l’expiration fin octobre 2013 de l’accord avec Veolia Environnement qui prévoyait la prise de participation majoritaire de la Caisse des Dépôts au capital de Transdev avec, comme condition préalable, la cession de la SNCM. La Caisse des Dépôts a souscrit à une augmentation de capital de Transdev, pour un montant de 280 millions d’euros, à parité avec Veolia Environnement. Malgré une amélioration sensible de la performance opérationnelle de Transdev, un certain nombre de dépréciations complémentaires – en particulier sur la SNCM –, représentant un montant total de plus de 100 millions d’euros, conduisent à une contribution négative 107 du groupe Transdev aux résultats de la Caisse des Dépôts, à hauteur de 65 millions d’euros. M. Emmanuelli en déduit que Transdev présente un résultat d’exploitation courante positif de près de 40 millions d’euros. M. Mareuse le confirme. M. Mareuse souligne, par ailleurs, que les portefeuilles d’actions de la Section générale sont désormais bien provisionnés, puisque les provisions représentent plus du double du stock de moins-values latentes qui s’établit à 1,6 milliard d’euros. Cette structure de bilan rend la Caisse des Dépôts beaucoup plus résistante aux reculs brutaux du marché actions. M. Mareuse précise que les provisions ont été très légèrement dotées dans les comptes consolidés et, plus substantiellement, dans les comptes sociaux qui présentaient, au cours de l’exercice 2013, un certain retard en la matière. Tous ces éléments conduisent à un résultat consolidé d’un montant de 2,137 milliards d’euros qui se situe à un niveau élevé au regard des exercices précédents et, notamment, de l’exercice 2012, marqué par des pertes liées à des dépréciations considérables de plusieurs participations. Les éléments exceptionnels décrits précédemment par M. Mareuse représentent une contribution nette totale au résultat de 800 millions d’euros. La part du résultat récurrent a, quant à elle, connu un recul sensible, puisqu’elle s’établit à 1,35 milliard d’euros contre 1,55 milliard d’euros l’année précédente : cette diminution est principalement due au maintien des taux d’intérêts à un niveau exceptionnellement bas, ce qui aboutit à une réduction progressive des marges obtenues en réemploi des dépôts réglementés figurant au passif de la Caisse des Dépôts. Malgré une baisse d’environ 100 millions d’euros, le portefeuille obligataire continue à générer des revenus supérieurs aux taux de marché actuels, du fait de la présence 7e séance - 12 avril 2014 d’obligations anciennes à taux élevés : à mesure que le nombre de ces dernières se réduit, le portefeuille se rapproche des taux de marché et le supplément de rendement occasionné diminue. Les revenus de l’activité de trésorerie – issus de la différence entre les conditions d’émission sur les marchés et les conditions de prêt aux banques – ont, quant à eux, connu une très nette réduction, liée au resserrement des spreads de crédit des banques qui témoigne, à la fois, de l’amélioration de la situation de ces dernières et du retour de la confiance dans le système bancaire. L’exercice 2013 se solde par une progression significative des capitaux propres consolidés du Groupe qui s’établissent à 27,5 milliards d’euros : cette augmentation est majoritairement due à l’accroissement des plus-values latentes sur actions qui atteignent les 6 milliards d’euros, du fait la montée des indices. Le niveau de fonds propres consolidés se rapproche ainsi de celui constaté en 2007, avant la crise financière. M. Mareuse tempère toutefois cette amélioration en soulignant qu’elle n’intervient que six ans après le début de la crise financière. En outre, la plupart des institutions financières françaises ont sensiblement renforcé leur niveau de fonds propres sur cette même période, pour atteindre aujourd’hui des niveaux supérieurs à ceux qu’elles présentaient avant la crise et ont, dans le même temps, cherché à réduire leur bilan, tandis que la Caisse des Dépôts a augmenté le volume de ses interventions. La position relative de la Caisse des Dépôts s’est donc plutôt dégradée par rapport aux autres institutions financières françaises. La Section générale a contribué à hauteur de 1,89 milliard d’euros au résultat, en prenant en compte les éléments exceptionnels cités précédemment. Si l’on exclut ces éléments, les résultats générés par les activités financières et de portefeuille de la Section générale s’élèvent à 480 millions d’euros, représentant la première contribution au résultat consolidé du Groupe. La deuxième contribution provient de CNP Assurances, qui participe au résultat du Groupe à hauteur de 406 millions d’euros, soit une progression de près de 13 %. Cette hausse est notamment due au maintien du dynamisme de sa filiale brésilienne, malgré l’effet de change très négatif constaté sur le real brésilien au cours de l’année 2013. La contribution de Bpifrance s’avère peu significative sur cet exercice 2013, puisque l’organisme n’a été mis en place qu’en milieu d’année. Tandis que le résultat du premier semestre intègre encore les contributions du FSI et d’Oséo, le second semestre a été marqué par la plus-value conséquente liée aux apports de la Caisse des Dépôts à Bpifrance et par les effets de retraitement précédemment évoqués, aboutissant, au final, à une contribution légèrement négative. L’exercice 2013 peut être considéré comme un exercice de transition sur l’activité de financement des entreprises, les effets de structure l’emportant sur les résultats sous-jacents. En ce qui concerne le pôle immobilier et tourisme, la contribution de la SNI se maintient à un niveau élevé, avec un résultat net de 140 millions d’euros et un nombre important de livraisons de logements. Icade a connu une légère croissance de son cash flow net, en dépit d’une situation tendue sur le marché des bureaux, et a finalisé la fusion avec Silic. Dans le domaine des infrastructures et l’environnement, la contribution de CDC Infrastructure se maintient à 24 millions d’euros. La Compagnie nationale du Rhône contribue au résultat pour un montant de 68 millions d’euros, en léger recul par rapport à 2012, du fait de la baisse du prix de vente de l’électricité. Egis apporte, pour sa part, près de 30 millions d’euros et présente un carnet de commandes en très forte progression. Comme M. Mareuse l’a évoqué précédemment, le pôle transports est marqué par une contribution négative de 65 millions d’euros de Transdev, liée à des écritures exceptionnelles qui sont venues annuler l’amélioration de la performance opérationnelle. 108 Au nom du Comité d’Examen des Comptes et des Risques et de son président, M. Houri commence par adresser ses félicitations à M. Mareuse et à ses équipes pour le travail accompli. M. Houri souligne que le bon résultat de l’exercice 2013 est en grande partie dû aux plus-values d’un montant de 1,232 milliard d’euros issues de l’apport à Bpifrance. Le résultat de 2,137 milliards s’avère, en outre, inférieur à la prévision de 2,6 milliards d’euros établie en décembre 2013 : cette différence est notamment liée à la dépréciation complémentaire de La Poste à hauteur de 300 millions d’euros – que M. Houri estime justifiée – et au retraitement comptable de l’opération Bpifrance. M. Houri évoque ensuite le fléchissement sensible du résultat récurrent, qui passe de 1,55 à 1,35 milliard d’euros, du fait de la décroissance des produits de taux. M. Houri rappelle que lorsqu’il a rejoint la Commission de surveillance, le résultat récurrent s’établissait aux alentours de 1,7 ou 1,8 milliard d’euros. Sachant qu’il est peu probable que les taux augmentent à nouveau dans un avenir proche, il faut s’attendre à ce que la diminution du résultat récurrent se poursuive durablement. M. Houri observe que sur l’exercice 2013, le stock de provisions s’établit à 3,373 milliards d’euros, pour un stock de moins-values latentes de 1,735 milliard d’euros. La Caisse des Dépôts dispose donc d’une réserve de plus-values d’environ 1,7 milliard d’euros, de surcroît en augmentation. M. Houri rappelle que lorsqu’une valeur passée en provision à caractère durable voit son cours monter, elle ne peut faire l’objet d’une reprise de provision, mais doit être recyclée en capitaux propres. M. Houri revient sur l’opération Bpifrance, qu’il juge particulièrement complexe. Conformément à la norme IAS 28, les actifs apportés par la Caisse des Dépôts à Bpifrance ont été évalués à leur juste valeur. Bpifrance, en revanche, au lieu de comptabiliser ces actifs à la valeur à laquelle elle les a reçus, a choisi de prendre en compte procès-verbaux leur valeur comptable historique, dans le but, indique M. Houri, de se constituer une réserve de plus-values latentes. La différence de valorisation de ces apports dans les comptes de Bpifrance et de la Caisse des Dépôts a entraîné un certain nombre de retraitements : si Bpifrance avait choisi de comptabiliser les apports à leur juste valeur, elle aurait enregistré un résultat négatif de 316 millions d’euros, et non plus positif de 385,9 millions d’euros. Malgré la plus-value réalisée, la Caisse des Dépôts a donc enregistré, après consolidation, un résultat négatif de 158 millions d’euros. D’après M. Houri, cette opération illustre bien le décalage existant parfois entre les résultats d’une entreprise et la richesse effectivement créée. M. Houri souligne, en outre, que les capitaux propres du Groupe s’élèvent à 27,5 milliards d’euros, contre 29,1 milliards d’euros en 2007 : si l’on prend en compte les gains et pertes latents, la Caisse des Dépôts n’a pas retrouvé le niveau de fonds propres antérieur à la crise. M. Houri rappelle que 6 milliards d’euros de gains latents volatils sont intégrés au modèle prudentiel et ne peuvent donc être passés sous silence. M. Houri se déclare, par ailleurs, préoccupé par la faible croissance des fonds propres sociaux qui déterminent la capacité de manœuvre de l’Établissement, et qui n’ont augmenté que de 137 millions d’euros en 2013. Bien que la Caisse des Dépôts ne soit pas une banque, M. Houri juge intéressant de constater que les grands établissements bancaires, ayant à la fois versé peu de dividendes et reçu des apports de la part de leurs actionnaires, ont pu retrouver des niveaux de fonds propres supérieurs à ceux de 2007. La Caisse des Dépôts, au contraire, est tenue de verser des dividendes à l’État, sans bénéficier en contrepartie du soutien d’actionnaires. M. Houri juge enfin intolérable que certaines des filiales du Groupe intervenant dans le domaine concurrentiel présentent un rendement – c’est-à-dire un rapport entre résultat et quote-part de capitaux propres – très faible, voire négatif. Il est de la responsabilité de la Caisse des Dépôts de les pousser à entreprendre les actions nécessaires, notamment en termes de productivité, pour améliorer leurs résultats. M. Marc se réjouit que la contribution de CDC Climat au résultat s’inscrive dans un mouvement ascendant, étant passée de - 49 millions d’euros en 2011 à - 11 millions d’euros en 2012, puis à - 2 millions d’euros en 2013. Dans la lignée de l’intervention de M. Houri concernant les performances des filiales, M. Marc s’enquiert de l’existence d’une stratégie destinée à améliorer les résultats de La Poste. M. Jouyet indique que la stratégie, clairement affichée en conseil d’administration, consiste notamment à mettre en œuvre des synergies entre La Poste et La Banque Postale, afin de permettre des gains de productivité et des réductions de coûts relativement importants d’ici 2017. Le nouveau plan stratégique élaboré par le président directeur général de La Poste devrait permettre de s’attaquer à la situation, mais en tout état de cause, il ne faut pas s’attendre à ce que La Poste soit une participation très rentable pour la Caisse des Dépôts dans les années à venir. M. Jouyet ajoute que la Caisse des Dépôts cherche également à favoriser la complémentarité entre La Banque Postale et les Fonds d’épargne. Concernant La Poste, M. Borotra distingue deux voies stratégiques possibles. La première s’appuierait sur une restructuration profonde de l’entreprise, qui aurait pour conséquence des suppressions massives d’emplois, auxquelles la situation actuelle se prête peu. La seconde option, qui est celle qui a été choisie, consiste à améliorer, autant que possible, le fonctionnement de La Poste sans procéder à une véritable restructuration. Si, en l’état actuel des choses, M. Borotra comprend que la seconde voie soit la seule envisageable, il estime que le plan stratégique proposé par le président directeur général de La Poste ne permettra pas d’atteindre les résultats escomptés. M. Jouyet juge, pour sa part, positive la stratégie élaborée par Philippe Wahl, 109 fondée sur une forte réduction des coûts, des mutualisations de fonctions, un renforcement du rôle et de la présence de La Banque Postale, ainsi que sur un maintien de la collaboration entre La Poste et CNP Assurances, et une amélioration du rendement des activités express et internationales. M. Borotra convient que la voie choisie est la seule envisageable, mais souligne que les charges conséquentes subies par l’entreprise – notamment liées au coût de l’enseigne et aux 17 000 implantations sur le territoire – se répercutent sur l’ensemble des activités, y compris les plus rentables. M. Jouyet indique que les possibilités de mutualisation des présences territoriales entre l’État et La Poste sont à l’étude, notamment dans le cadre des économies budgétaires qui s’imposent à l’administration. M. Borotra souligne que la Caisse des Dépôts ne peut influer sur la politique de ses filiales qu’à travers sa participation à leurs conseils d’administration. Le rôle des administrateurs s’avère donc déterminant. Or, d’après lui, dans un certain nombre d’entreprises au sein desquelles l’État ou la Caisse des Dépôts sont représentés, ils ne remplissent pas correctement leurs missions. M. Borotra évoque également le cas de Transdev : il estime que tant que le problème de la SNCM n’aura pas été réglé, rien ne permettra à l’entreprise de trouver la dynamique dont elle a besoin. M. Jouyet affirme que les administrateurs de La Poste, qu’ils soient issus de l’État, de la Caisse des Dépôts ou indépendants, accomplissent avec efficacité les tâches qui leur sont dévolues. Leur rôle consiste à aider le directeur général à aller aussi loin que possible dans la réforme de l’entreprise. M. Goua souligne que La Poste a d’ores et déjà engagé un certain nombre de mesures importantes, parmi lesquelles la diversification de ses métiers. Il estime que les orientations prises à l’heure actuelle permettront, à l’avenir, une 7e séance - 12 avril 2014 réduction des coûts et une amélioration du rendement. M. Emmanuelli s’étonne que la Caisse des Dépôts ait laissé Bpifrance, dont elle est actionnaire à 50 %, opter pour des modalités de comptabilisation des apports qui lui sont défavorables. M. Silvent indique qu’en tant qu’administrateur, la Caisse des Dépôts doit se préoccuper, en priorité, de l’intérêt social de Bpifrance. Il paraît donc difficile de lui reprocher d’adopter cette méthode de comptabilisation, par ailleurs tout à fait correcte. En outre, bien que ce choix vienne considérablement complexifier la lisibilité des comptes de la Caisse des Dépôts, il ne peut pas en tant que tel être considéré comme préjudiciable à la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli demande si cette méthode de comptabilisation induit un coût financier pour la Caisse des Dépôts. M. Silvent répond par la négative. décisions politiques, notamment en ce qui concerne l’allégement des charges qui lui sont confiées par l’État. en équivalence de CNP Assurances, jusqu’ici intégrée en proportionnelle dans la comptabilité du Groupe. M. Silvent précise que le montant des charges, non compensées, supportées par La Poste s’élève à 600 millions d’euros environ. Toutes les principales options d’arrêté ayant été correctement anticipées par le Groupe, les commissaires aux comptes ont émis un avis favorable, sans réserve, sur les comptes consolidés du groupe Caisse des Dépôts et sur les comptes de la Section générale, avis assorti d’une observation technique à propos de la mise en œuvre des nouvelles règles comptables. M. Jouyet invite les commissaires aux comptes à prendre la parole. Il souhaiterait qu’au cours de leur exposé, ils clarifient les choix comptables effectués dans l’opération entre Bpifrance et la Caisse des Dépôts, qui résultent, en partie, de la législation en vigueur, notamment au niveau européen. M. Morot indique que le collège des commissaires aux comptes a procédé à un audit des comptes consolidés du Groupe, établis en fonction des normes IFRS approuvées par la Commission européenne, et des comptes de la Section générale, établis selon les principes comptables français. M. Jouyet souligne que le rendement moyen des principales filiales du Groupe, à savoir CNP Assurances, la SNI, la Compagnie nationale du Rhône et Egis, s’élève à 8,7 %. Les conditions d’arrêté ont été impactées par la finalisation des opérations Bpifrance, résultant en une perte de contrôle des actifs apportés par le groupe Caisse des Dépôts, essentiellement issus de l’ancien FSI. En application des règles comptables IFRS, la plus-value latente sur ces actifs a été enregistrée et les actifs repris à leur juste valeur dans les comptes du Groupe. En revanche, en tant qu’héritier du FSI et d’Oséo, Bpifrance a fait le choix d’intégrer ces actifs dans ses comptes à leur valeur historique. A titre d’exemple, le principal actif, Orange-France Télécom, a été repris dans les comptes de la Caisse des Dépôts à sa valeur boursière à la date du 12 juillet 2013, soit 16 euros, et à sa valeur historique, inférieure, dans les comptes de Bpifrance : ayant atteint une valeur de 9 euros au 31 décembre, cet actif a donné lieu à une reprise de provisions chez Bpifrance, mais pas pour la Caisse des Dépôts. En ce qui concerne La Poste, M. Emmanuelli se déclare plutôt pessimiste quant au business plan présenté. Au-delà de la dimension financière et économique, l’avenir de l’entreprise relève, en grande partie, de L’exercice 2013 a, par ailleurs, été marqué par un changement de règles comptables, en anticipation de l’application des normes IFRS qui a eu des impacts significatifs sur les comptes de la Caisse des Dépôts, parmi lesquels la mise M. Emmanuelli partage l’inquiétude de M. Borotra quant au rôle des administrateurs de l’Établissement ou de l’État au sein de leurs participations. Il ne reproche aucunement à ceux-ci de ne pas faire correctement leur travail, mais regrette qu’il ait été décidé de ne les faire intervenir qu’en tant qu’observateurs, sans les investir d’une véritable responsabilité de gestion et leur permettre de prendre part à la gouvernance des entreprises. Eu égard aux fonds propres engagés, M. Emmanuelli jugerait utile d’intervenir de façon plus volontaire pour faire en sorte d’améliorer le niveau de rendement des filiales. 110 M. Gailly souligne que le choix comptable effectué par Bpifrance conduit à une sous-capitalisation par rapport à la valeur réelle des apports. En cas de besoin de développement rapide, M. Gailly craint que l’organisme ne fasse appel à la Caisse des Dépôts pour augmenter ses fonds propres. M. de Boisriou indique que si la Caisse des Dépôts a repris les actifs apportés à Bpifrance à leur juste valeur, en respect des normes IFRS, c’est qu’elle n’avait pas d’autre choix d’un point de vue réglementaire. En revanche, Bpifrance était parfaitement libre d’opter pour une autre méthode de comptabilisation. M. Gailly précise qu’il constatait simplement que le choix opéré conduisait sans doute à une sousévaluation des fonds propres de Bpifrance, qui, pour faire face à des besoins de développement rapides, pourrait demander à ses actionnaires d’intervenir en complément. M. Mareuse précise que selon les normes IFRS, les fonds propres sont appréciés en valeur de marché. C’est donc simplement le dégagement sur le résultat qui fait l’objet d’un décalage entre Bpifrance et la Caisse des Dépôts, puisque pour cette dernière, la valorisation des plus-values latentes passe en situation nette, mais pas dans le résultat. M. Mareuse ajoute que cette méthode présente un impact positif sur les dividendes qui pourront être versés par Bpifrance, puisque les résultats sociaux de Bpifrance s’avèrent meilleurs que ceux qui apparaissent au sein des comptes consolidés du Groupe. procès-verbaux avisdelacommission desurveillancesur lescomptesconsolidésdelacaissedesdépôts2013 La Commission de surveillance, réunie le 2 avril 2014, a examiné les comptes de l’année 2013, du Groupe caisse des dépôts, tels qu’ils ont été arrêtés le 13 mars 2014 par son Directeur général. Le résultat consolidé définitif s’établit à 2,137 Md€ en très net redressement par rapport à l’exercice 2012 qui avait connu une perte de 458 M€. Ce résultat est en grande partie lié à l’impact de l’opération Bpifrance sur les comptes (1,232 Md€) qui a permis d’externaliser les plus-values latentes sur les titres détenus par l’ex FSI et à la valorisation de CDC Entreprises, entité apportée à Bpifrance. Néanmoins, le résultat récurrent s’inscrit en recul puisqu’il s’élève à 1,350 Md€ en 2013, contre 1,552 Md€ en 2012, en raison du fléchissement des produits de taux et des produits de trésorerie, consécutif à la poursuite de la baisse de la courbe de taux qui pénalise les rendements des portefeuilles financiers. Concernant les filiales, CNP Assurances (406 M€) et la SNI (134 M€) apportent une contribution significative au résultat consolidé. Les contributions des autres filiales et participations sont orientées à la baisse dans un contexte de forte concurrence ou de baisse de leurs activités. La Commission de surveillance relève les difficultés de lisibilité que peut entrainer l’asymétrie des méthodes comptables de Bpifrance et du groupe CDC : Bpifrance ayant choisi de comptabiliser les opérations d’apports aux valeurs comptables historiques des actionnaires alors que les comptes consolidés de la Caisse des Dépôts sont présentés en juste valeur. La Commission de surveillance prend acte d’une dépréciation nette de 300 M€ de la participation dans le groupe La Poste, après révision de l’estimation de la valeur de mise en équivalence. Cette dépréciation ramène la valeur de cette participation à sa valeur initiale d’acquisition soit 1,6 Md€. Dans le cadre de la mise en œuvre des orientations stratégiques décidées en 2013, le groupe Caisse des Dépôts doit rechercher de nouveaux relais de croissance, les investissements mis en place aux côtés de l’État comme La Poste et Bpifrance ayant mobilisé une partie significative des fonds propres sans contribuer au résultat de la Caisse des Dépôts. Le résultat social de la Section générale s’établit à 554 M€ en 2013, contre 348 M€ en 2012 et ce, malgré l’érosion du produit net bancaire qui enregistre un recul de 600 M€, en raison, principalement, de la baisse des produits de taux et des revenus liés aux participations. A l’inverse, la bonne tenue du marché des actions a permis de limiter les dotations aux provisions pour dépréciation tout en améliorant l’effort de couverture (désormais 94 %) des lignes en moins-values latentes. Le stock des lignes actions en plus-values latentes atteint désormais 2,4 Md€ et constitue un élément important de solidité et de résistance du bilan. La Commission de surveillance constate que la Section générale a doté une provision complémentaire de 106 M€ sur sa participation dans Transdev en raison, notamment, de l’impact de situation de la SNCM, et ce malgré le redressement du résultat opérationnel de Transdev, redevenu positif en 2013. Par ailleurs, elle restera particulièrement vigilante sur le rythme d’amortissement des lignes de financement accordées à la SFIL dans le cadre de la convention de prêts signée en janvier 2013. Le résultat social de la Section générale 2013 s’élève à 554 M€ après une contribution représentative de l’impôt sur les sociétés (CRIS) qui s’établit à 304 M€. 111 Compte tenu du dispositif mis en place en 2010, le versement à l’État d’une fraction du résultat social de la Caisse des Dépôts est de 415 M€ au titre de l’exercice 2013. Ce prélèvement contraint fortement la capacité de l’Établissement public à renforcer ses fonds propres. La Commission de surveillance fait observer que l’augmentation des fonds propres de la Section générale est inférieure à 1 % en 2013 (139 M€ sur 18,9 Md€ de capitaux propres hors plus-values latentes et provisions). Même si les fonds propres permettent d’assurer une couverture satisfaisante des expositions en risques, son évolution limite les capacités de développement ou de financement d’opérations majeures par la Caisse des Dépôts. Le prélèvement de l’État (CRIS et fraction du résultat social) représente 87 % du résultat comptable avant impôts de la Section générale. En conséquence, la Commission de surveillance souhaite la révision du mécanisme de versement d’une fraction du résultat de la Caisse des Dépôts à l’État. Elle attend une réponse au courrier commun que son Président et le Directeur général de la Caisse des Dépôts ont adressé au Ministre en charge de l’Economie, le 5 mars 2014. Enfin, elle note avec satisfaction que les commissaires aux comptes émettent un rapport de certification sans réserve sur les comptes du Groupe. Le rapport d’audit des comptes comprendra néanmoins une observation afin d’attirer l’attention du lecteur quant au changement de présentation comptable induite par le traitement par mise en équivalence de certaines filiales consolidées du Groupe, qui conduit à diminuer sensiblement la taille du bilan consolidé, mais sans aucun impact sur le résultat et sur les fonds propres consolidés part du Groupe. 7e séance - 12 avril 2014 M. Goua observe que cette méthode de comptabilisation peut dissimuler un résultat d’exploitation déficitaire qui serait couvert par les plus-values dégagées. M. Silvent indique que si les projections établies s’avèrent correctes, Bpifrance devrait présenter des résultats d’exploitation excédentaires, comme Oséo avant elle. Toutefois, il est vrai que les plus-values de cessions constitueront au cours des années à venir la plus large partie du résultat de Bpifrance. 7 – Fixation du montant de la CRIS pour 2013 et détermination du montant du versement à l’État M. Lavondès rappelle que la CRIS et le versement à l’État ont une histoire partiellement commune. Avant 1960, la contribution fiscale de la Caisse des Dépôts était fixée chaque année de manière forfaitaire, et arrêtée par accord entre le Directeur général et le Directeur du Trésor. En 1960/1961, un échange de lettres entre le ministre des Finances et le Directeur général a décidé que la contribution fiscale de la Caisse des Dépôts serait calculée en fonction de ses bénéfices nets, de sorte que son montant soit équivalent à celui qui résulterait de l'application de droit commun de l'impôt sur les sociétés. C'est l'acte de naissance de la CRIS. Ce fondement juridique fragile a été consolidé par la loi de finances pour 1990, qui dispose dans son article 41 que "la Caisse des dépôts et consignations verse chaque année à l'État, sur le résultat net de son activité pour compte propre, après paiement d'une contribution représentative de l'impôt sur les sociétés, une fraction de ce résultat net, déterminée après avis de la Commission de surveillance ". Ainsi, d'une seule phrase, la loi a donné un fondement législatif à la CRIS et a créé le versement. Depuis 1990, le fondement juridique de la CRIS n'a pas changé, bien qu'en 2010, le ministre des Finances ait proposé de soumettre la Caisse des Dépôts purement et simplement à l'impôt sur les sociétés, suggestion qui en réalité, n'aurait en rien modifié le montant de la dette fiscale de l'Établissement. Depuis plus de 50 ans donc, le montant de l'impôt dû à l'État dépend, à la fois, du résultat social de la Caisse des Dépôts et des règles fiscales de droit commun de l'impôt sur les sociétés. Par contraste avec bien des années précédentes, le législateur n'a que peu modifié les règles applicables à l'impôt sur les sociétés pour 2013 : l’alourdissement le plus sensible concerne le passage de 5 % à 10,7 % de la contribution exceptionnelle. Actuellement, les profits réalisés par la Caisse des Dépôts relèvent, selon leur nature, de quatre taux différents, dont l'existence montre, à elle seule, la complexité du système fiscal français : le taux de droit commun, (33,33 %, porté à 38 % en raison de la contribution sociale et de la contribution exceptionnelle) ; le taux qui frappe les plus-values à long terme des fonds de placement à risques dits fiscaux (15 %, porté à 17,10 % en raison des contributions) ; un taux de 4,56 % applicable aux plus-values de cession des titres de participation dont l'assiette est réduite ; et enfin, un taux de 1,9 % concernant les dividendes reçus des sociétés bénéficiant du régime "mère-fille ", dont l'assiette est, elle aussi, fortement minorée. Pour calculer la CRIS, les services de la Caisse des Dépôts partent du résultat social comptable avant impôts, soit, en chiffre rond, 862 millions d’euros pour 2013 et procèdent ensuite à deux catégories d'opérations. La première consiste à déterminer le résultat fiscal imposable en effectuant les déductions et les réintégrations exigées par les règles de droit commun de l'impôt sur les sociétés : une fois ces retraitements appliqués, on aboutit à un résultat fiscal imposable de 850 millions d'euros. La seconde catégorie d'opérations consiste à répartir les profits selon leur nature pour déterminer le taux d'imposition qui leur est applicable. Menées à leur terme, ces deux catégories d’opérations permettent de fixer le montant de la CRIS à 304,15 millions d’euros, après imputation des crédits d'impôts concernant, notamment, le mécénat. Le taux réel d'imposition de la Caisse des Dépôts 112 dépend davantage de la composition du résultat que de son montant, et s'avère extrêmement variable : à titre d’exemple, il était de 11 % en 2000 et de 60 % en 2012. Cette année, il s'établit à 35 %, un niveau très proche du taux de droit commun de l'impôt sur les sociétés. Si le fondement juridique de la CRIS n'a pas été modifié depuis 1990, il n'en va pas de même de celui du versement. Créé en 1990, le versement correspondait alors à 25 % du résultat social. Il a une première fois été lourdement augmenté en 1998 par un nouvel échange de lettres : son assiette a été étendue aux résultats consolidés et son taux est passé en deux ans de 25 % à 33,33 %. De plus, le versement comporte un minimum "égal à la contribution des dépôts obligatoires des professions juridiques et des consignations au résultat social net de la Caisse des Dépôts ", familièrement appelée "rente des notaires ". Ce minimum plancher s'est appliqué une seule fois, en 2002. Ce système a été remis en cause à la suite des résultats déficitaires de 2008. Cette année-là, aucun versement n'a pu être effectué, pas même au niveau plancher de la rente des notaires, puisque la loi exige que le versement soit "une fraction du résultat net ": en l’absence de résultat, il ne peut donc y avoir de versement. Le Ministre des Finances, par une lettre de février 2010, a alors souhaité "engager la modernisation des relations financières entre l'État et la Caisse des Dépôts ". Très extrémiste au départ, ce souhait a abouti à un troisième échange de lettres, qui concernait uniquement le versement. Ce dernier a alors été fixé à 50 % du résultat net consolidé, avec un plafond de 75 % du résultat social après CRIS, tandis que le plancher, égal à la rente des notaires, était abandonné. Ce système se référait implicitement au passé au cours duquel, sur 10 ans, le bénéfice social annuel s'était établi à 2 milliards d'euros en moyenne, ce qui permettait d'espérer une augmentation des fonds propres de 500 millions d'euros par an. La situation s'est toutefois retournée dès 2011, et le résultat net moyen des trois dernières années, d'un montant de procès-verbaux 721 millions d'euros, ne laisse plus que 180 millions d'euros en moyenne chaque année pour abonder les fonds propres. Il s'avère donc nécessaire d'adopter une nouvelle règle, qui permette une augmentation raisonnable des fonds propres. En attendant, et en application de la règle en vigueur, le versement pour 2013 s'établirait à 415,26 millions d'euros. M. Lavondès suggère à la Commission de surveillance de donner un avis favorable à ce versement, ainsi qu'au paiement d'une CRIS de 304,15 millions d'euros. M. Jouyet relève que la somme totale versée à l’État par la Caisse des Dépôts s’élève à 1,452 milliard d’euros, soit les 304,15 millions d’euros de la CRIS et les 415,26 millions d’euros du versement, auxquels s’ajoutent 733 millions d’euros au titre du Fonds d’épargne. Contrairement à ce qui a parfois pu être affirmé, la contribution du Groupe au budget de l'État s'avère donc conséquente. M. Emmanuelli voit une certaine disproportion entre la somme reversée à l’État, qui s’élève à près d’1,5 milliard d’euros et celle qui subsiste afin d’abonder les fonds propres, à hauteur de 180 millions d’euros seulement. M. Gailly s'interroge sur le sens de l'avis demandé à la Commission de surveillance : il demande s'il s'agit simplement de valider la conformité du calcul, ou de se prononcer sur les normes présidant à ce calcul. M. Emmanuelli souhaite exprimer son mécontentement quant aux règles de calcul actuellement en vigueur qui limitent par trop les capacités de manœuvre de l’Établissement. M. Jouyet indique que M. Emmanuelli et lui-même, à travers un courrier commun, ont fait part au ministre de l’Economie et des Finances de leur souhait de procéder à un examen critique et conjoint de la règle de versement établie en 2010 et des dysfonctionnements qu’elle a pu causer, au regard de la situation financière actuelle de la Caisse des Dépôts et des contraintes qui pèsent sur la croissance des fonds propres de l’Établissement public. M. Emmanuelli souligne qu’à ce jour, cette lettre n’a reçu aucune réponse. M. Bavagnoli affirme que cela ne saurait tarder. M. Picq souligne que l’exposé de M. Lavondès a permis de montrer que les modifications des règles de calcul de la CRIS ou du versement sont toujours intervenues à la suite d’un changement de contexte. Il considère que l’avis de la Commission de surveillance devrait attirer l’attention sur le fait que l’insuffisance de fonds propres empêche la Caisse des Dépôts de jouer pleinement son rôle d’investisseur actif. M. Picq constate que le cumul de la CRIS et du versement aboutit à un taux d’imposition de 80 %, largement supérieur à celui des banques. M. Bavagnoli observe que dans le cas des banques, il s’avère peu pertinent de calculer le montant cumulé de l’impôt sur les sociétés et des dividendes versés. M. Picq juge que le versement de dividendes a davantage de sens lorsque les actionnaires qui les perçoivent sont susceptibles d’abonder en fonds propres. Or, ce n’est pas le cas pour la Caisse des Dépôts qui n’a pas d’actionnaire. M. Picq estime, par ailleurs, que les 700 millions d’euros versés à l’État au titre du Fonds d’épargne constituent une forme de dividende. Dans le contexte actuel, le Groupe a besoin de récupérer des marges de manœuvre dont le prive la trop faible augmentation de ses fonds sociaux. M. Emmanuelli constate que le taux de prélèvement global atteint tout de même les 80 %. M. Ophèle indique que la question sous-jacente au débat sur la CRIS et le versement est celle du besoin en fonds propres de la Caisse des Dépôts. Il rappelle que l’affectation du résultat final ne constitue pas le seul levier disponible : si l’Établissement estime manquer de fonds propres, il a la possibilité de doter un fonds pour risques bancaires généraux en amont de son résultat. S’il paraît 113 tout à fait légitime que la Commission de surveillance attire l’attention sur le manque de manœuvrabilité induit par les règles de calcul de la CRIS et du versement, M. Ophèle estime qu’il convient également d’étudier les autres options permettant d’augmenter les fonds propres. M. Bavagnoli indique que la réponse du ministère de l’Economie et des Finances au courrier de MM. Jouyet et Emmanuelli ira probablement en ce sens. Il rappelle, par ailleurs, que le modèle prudentiel, qui n’a été mis en place qu’après les négociations de 2010, a vocation à préserver les marges de manœuvre de l’Établissement. M. Emmanuelli souligne que l’État n’est, ni propriétaire, ni actionnaire de la Caisse des Dépôts, qui lui verse pourtant une forme de dividende. Il estime qu’il serait plus simple que l’État fasse payer à l’Établissement sa garantie – dont la valeur serait certainement inférieure à 700 millions d’euros – et l’impôt sur les sociétés classique. M. Bavagnoli précise que les 700 millions d’euros évoqués par M. Emmanuelli ne concernent que les Fonds d’épargne. Pour ce qui est de la Section générale, il est en effet possible de débattre sur la nécessité d’un prélèvement, de quelque nature qu’il soit, mais M. Bavagnoli ne se prononcera pas sur ce point. Quoi qu’il en soit, le courrier adressé par MM. Jouyet et Emmanuelli au ministre de l’Economie et des Finances ne demande pas une suppression du versement, mais simplement une révision des règles de calcul en vigueur. Une fois encore, la question du montant du versement renvoie à celle des marges de manœuvre de l’Établissement définies dans le modèle prudentiel. M. Lavondès ne comprend pas l’intervention de M. Ophèle à propos du FRBG qui a toujours été exclusivement alimenté par les profits des Fonds d’épargne. En vertu du principe de séparation des Fonds d’épargne et de la Section générale, il paraît donc inenvisageable que cette dernière recourt au FRBG pour alimenter ses fonds propres. 7e séance - 12 avril 2014 M. Ophèle souligne l’existence de deux FRBG distincts au sein de la Section générale et des Fonds d’épargne. M. Lavondès objecte que le FRBG de la Section générale n’a fait l’objet d’aucune dotation. M. Mareuse précise que la Section générale et les Fonds d’épargne disposent de bilans distincts, et donc de FRBG distincts. Il confirme que le FRBG de la Section générale n’a fait l’objet d’aucune dotation ni d’aucune reprise. parmi les éléments de couverture des risques, qu’il s’agisse des Fonds d’épargne ou de la Section générale. Il est donc déjà pris en compte dans l’appréciation de la solvabilité. M. Ophèle observe que bien que le FRBG ne soit pas déductible du calcul de l’impôt ou de la CRIS, il permet de renforcer les fonds propres. Il conviendrait d’objectiver les risques qui pourraient justifier une dotation, comme c’est par exemple le cas pour les Fonds d’épargne avec les risques de taux. M. Goua indique que les dotations au FRBG ne permettent pas de réduire le versement, puisqu’elles ne sont pas déductibles de l’assiette de calcul. M. Silvent jugerait paradoxal de recourir au FRBG – même si certains risques objectifs le justifient – pour compenser l’absence de dialogue naturel entre la Caisse des Dépôts et l’État à propos de la CRIS et du verse ment. Il souligne, en outre, qu’une dotation systématique au FRBG aurait pour conséquence de réduire quasiment à néant le résultat de la Section générale. M. Mareuse ajoute que le FRBG est comptabilisé dans les fonds propres, Pour clore le débat, M. Emmanuelli tient à préciser à M. Bavagnoli que la lettre M. Emmanuelli demande pourquoi ce FRBG n’a pas été doté si cette option permet d’augmenter les fonds propres de la Section générale et de réduire le versement. avisdelacommissiondesurveillancesurlaCRIS etleversementàl'état Conformément aux dispositions de l’article L518-16 du Code monétaire et financier, la Caisse des Dépôts verse à l'État, après paiement d'une contribution représentative de l'impôt sur les sociétés (CRIS), une fraction de son résultat net, déterminée après avis de la Commission de surveillance, saisie par le Directeur général de la Caisse des Dépôts. Après examen de la situation comptable de la Section générale de la Caisse de Dépôts, la CRIS devant être versée à l’État au titre de l’exercice 2013, s’élève à 304,15 M€, soit un taux d’imposition de 35 %. Compte tenu des règles relatives au versement à l’État d’une fraction du résultat net, fixé à 50 % du résultat net part du Groupe (2137,86 M€ en 2013) dans la limite de 75 % du résultat social de la Section générale (553,68 M€), le montant du versement s’élève à 415,26 M€ au titre de l’exercice 2013. La Commission de surveillance, réunie le 2 avril 2014, a émis un avis favorable à ce versement. Elle a néanmoins fait observer que la contribution globale de la Caisse des Dépôts, CRIS et versement à l’État, représente 84 % du résultat avant impôts, limitant ainsi le renforcement des fonds propres par mise en réserve du solde non prélevé par l’État, soit 138,42 M€ pour l’exercice 2013. Au regard de la situation actuelle de la Caisse des Dépôts et des contraintes qui pèsent sur la croissance des fonds propres et sur la capacité de développement des activités de l’Établissement, la Commission de surveillance souhaite qu'il soit procédé à un réexamen conjoint, avec le Directeur général de la Caisse des Dépôts et le Ministre en charge de l’Economie, des règles actuelles du versement établies en 2010. 114 que M. Jouyet et lui-même ont adressée au ministre de l’Economie et des Finances visait, avant tout, à dénoncer les prélèvements excessifs dont fait l’objet la Caisse des Dépôts. De ce point de vue, il souhaite pouvoir recevoir la réponse du Ministre de l'Economie dans les meilleurs délais. 8 – Question d’actualité Il n’y a pas de question d’actualité. Avant de conclure, M. Emmanuelli signale que M. Borotra a fait part de son souhait de quitter prématurément la Commission de surveillance. Il tient à le remercier pour le travail qu’il a accompli au sein de cette instance, à laquelle il a apporté son point de vue exigeant, sa connaissance précise des dossiers et l’expérience acquise au cours de sa longue carrière d’ingénieur, de député ou encore de ministre. M. Jouyet ajoute que la Direction générale a toujours trouvé en M. Borotra un interlocuteur rigoureux, intéressé et doué d’une grande chaleur humaine. M. Borotra a également su apporter aux débats de la Commission de surveillance, en complément de leurs aspects financiers, une vision industrielle qui s’avère essentielle. Pour toutes ces raisons, il ne peut que regretter ce départ. M. Borotra remercie MM. Jouyet et Emmanuelli et leur exprime toute sa confiance, ainsi qu’à tous les membres de la Commission de surveillance. La séance est levée à 18 heures. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli procès-verbaux 8 e séance-15 avril 2014 * Le mardi 15 avril 2014, à 15 heures 30, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost, MM. Fernandez, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance Etaient excusés : MM. Arthuis, Malvy. Assistaient également à la réunion : M. Jouyet, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et secrétaire de la Commission de surveillance assistée de M. Coutarel ; M. Lataste, conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Silvent, Directeur du pôle stratégie, filiales et international. M. Jouyet informe le Président de la Commission de surveillance et ses membres que le Président de la République l’a appelé à occuper la fonction de Secrétaire général de la Présidence de la République. Investi du devoir de servir la France, il a accepté cette nomination. À son arrivée à la Caisse des dépôts, Institution qu’il ne connaissait que peu, M. Jouyet a été frappé par la volonté de tous les acteurs de servir, avec réactivité, l’intérêt général. Cette implication était visible, aussi bien au sein de la Commission de surveillance que parmi les personnels. Durant son mandat, il a particulièrement apprécié la qualité des relations qu’il a pu tisser avec le Président de la Commission de surveillance en particulier et avec les membres de la Commission en général. Il a également été très sensible à l’engagement des membres de la direction générale et de son cabinet. Ce n’est pas sans émotion qu’il quitte cet environnement de travail. Au moment de quitter ses fonctions, il a tenu à dresser un bilan de son action et à ouvrir plusieurs pistes de réflexion. Il s’est tout d’abord dit convaincu que le groupe Caisse des Dépôts doit davantage travailler de manière transversale et intégrée, cet avis étant d’ailleurs partagé par l’ACPR. Avec l’aide de la Commission de surveillance, il a cherché à contrôler les dépenses de fonctionnement et la masse salariale, même si des efforts restent encore à faire dans cette voie. Les chantiers informatiques, qui constituent un poste de dépense important, nécessitent un "commandement" rassemblé. Après avoir mis en place Bpifrance, il est important que la Caisse des Dépôts défende sa politique de co-investissement et d’investissement en capital. De même il est important que la Commission de surveillance et ses comités spécialisés soient informés des investissements réalisés par Bpifrance avec les fonds propres investis par la Caisse des Dépôts. Il a aussi estimé que Bpifrance doit encore progresser en termes de réactivité et d’innovation. Plus globalement, la Caisse des Dépôts incarnant la "foi publique ", il importe qu’elle garde sa spécificité d’investisseur à long terme. Sur le plan de la gouvernance, M. Jouyet a fait valoir à quel point le travail entre la Direction générale et la Commission de surveillance avait été constructif. Il a rappelé avoir toujours été partisan d’une étroite collaboration des deux instances. Au delà, il s’est dit favorable à voir la Commission de surveillance évoluer pour devenir un véritable conseil de surveillance. 115 M. Emmanuelli a indiqué comprendre la décision de M. Jouyet, estimant qu’il ne lui était pas possible de répondre négativement à la proposition de prendre ce poste. Ce choix lui semble, par ailleurs, correspondre à la position de grand serviteur de l’État que M. Jouyet a toujours incarné à ses yeux. Au terme de deux ans de mandat, le bilan de M. Jouyet lui semble plus que manifeste avec la maîtrise des dépenses de fonctionnement et le développement de partenariats à l’international. Il a également noté l’octroi à la Caisse des Dépôts de nouveaux mandats emblématiques comme le compte formation personnel ou la gestion des comptes et avoirs en déshérence. Il a relevé l’amélioration et le développement de l’utilisation des fonds d’épargne ainsi que la mise en place de Bpifrance qui est aujourd’hui en situation de trouver son rythme de croisière. Comme l’a indiqué M. Jouyet, M. Emmanuelli peut témoigner des grandes qualités et compétences existant au sein de la Caisse des Dépôts, notamment au sein de la gestion de portefeuilles. Relevant les perspectives proposées par M. Jouyet, il a dit souscrire à son appel pour que la Caisse des Dépôts œuvre à plus de transversalité. Il a fait part de sa 8e séance - 15 avril 2014 volonté de poursuivre en ce sens avec son successeur. M. Emmanuelli a, lui aussi, souhaité voir la Commission de surveillance évoluer vers un modèle de Conseil de surveillance. En conclusion, au nom de l’ensemble des membres de la Commission de surveillance, il a remercié M. Jouyet pour son action en tant que Directeur général. Dans ses prochaines fonctions, il peut être assuré de toujours trouver à la Caisse des Dépôts des personnes œuvrant au service de l’intérêt général. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 16 heures. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 116 procès-verbaux 9 e séance-30avril 2014 * Le mercredi 30 avril 2014, à 17 heures 05, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Arthuis, Bavagnoli, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance. Étaient excusés : MM. Beffa, Gailly. Assistaient également à la réunion : Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe, assurant les fonctions de Directeur général par intérim ; Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général ; M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Martin ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Silvent, Directeur du pôle finances, stratégie et participations ; Mme Grave, Directrice des retraites et de la solidarité (point 4) ; M. Kalifa, Directeur des prêts et de l’habitat à la Direction des Fonds d’épargne (point 5) ; Mme Gautier, Directrice des risques et du contrôle interne du Groupe (point 6) ; Mme Philippe, Responsable du département reporting risques Groupe (point 6) ; M. Keïta, Directeur du développement territorial et du réseau (point 7) ; M. Desjardins, Directeur de l’animation du réseau de la Direction du développement territorial et du réseau (point 7) ; Mme Ducombs, Directrice des finances de la Direction du développement territorial et du réseau (point 7). 1 – Approbation des procès-verbaux et des comptesrendus de la Commission de surveillance des 5, 12 et 19 mars 2014 M. Emmanuelli demande si les membres de la Commission de surveillance ont des remarques à formuler sur les procèsverbaux soumis à leur approbation. M. Picq observe que, lors des discussions sur le point 3 mentionnées dans le procès-verbal de la séance du 19 mars, M. Borotra s’est déclaré perplexe sur l’appréciation portée par la Cour des comptes au sujet du groupe SNI, estimant qu’elle "ne semble pas avoir bien saisi les conditions dans lesquelles se développe l’activité de cette entité qui est financée, pour moitié, par le résultat d’exploitation et pour moitié par des plus-values de cession ". M. Picq tient à préciser que cette déclaration a été faite avant que les membres de la Commission de surveillance n’aient eu connaissance des conclusions du rapport qui ont été publiées par le journal Le Monde au lendemain de la dernière réunion de cette instance. Le Directeur général avait d’ailleurs précisé qu’il avait lui-même demandé cette mission et qu’il en rendrait compte, ce qu’il n’a pas eu le temps de faire compte tenu de son départ. M. Picq considère qu’il serait malgré tout utile que la Direction générale présente un bref compte rendu des enseignements que ce rapport permet de tirer pour l’avenir, d’autant que, d’après la synthèse qui figure sur le site Internet de la Caisse des Dépôts, les inspecteurs semblent formuler des critiques sur les fondements de l’opération et sur son déroulement, qui ont pu laisser penser que la Caisse des Dépôts aurait fait primer une vision purement financière sur les notions d’intérêt général qu’elle défend. Ces problématiques se situant au cœur de la mission de la Commission de surveillance, elles doivent être discutées avant de rencontrer les dirigeants de la SNI et d’Icade. Mme Renaud-Basso confirme que le rapport en question a été remis bien après la séance de la Commission de surveillance du 19 mars. Elle juge effectivement légitime qu’une synthèse en soit prochainement présentée devant cette instance dans la mesure où les 117 conclusions du rapport comportent un certain nombre de recommandations pour l’avenir. Le rapport sera également transmis aux membres de la Commission de surveillance. Les procès-verbaux et comptes- rendus des Commissions de surveillance des 5, 12 et 19 mars 2014 sont approuvés. 2 – Compte rendu de la vérification de la caisse générale de mars 2014 M. Lavondès indique que la vérification de la caisse générale de mars 2014 n’appelle aucun commentaire. 3 – Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de juin 2014 M. Emmanuelli propose à M. Lavondès, qui l'accepte, de vérifier la caisse générale du mois de juin 2014. 9e séance - 30 avril 2014 4 – Projet de décret portant coordination entre les régimes de retraite applicables aux fonctions publiques de droit commun et de la Nouvelle-Calédonie Mme Grave explique que ce projet de décret concerne les agents de l’une des trois fonctions publiques métropolitaines qui ont intégré l’une des trois fonctions publiques de NouvelleCalédonie ou réciproquement. Jusqu’à présent, le dernier régime d’affiliation était chargé de la liquidation de la pension pour l’ensemble de la carrière du cotisant. Désormais, chaque régime de retraite liquidera les pensions proportionnellement au service effectué. L’application de ce projet de décret ne pose pas de difficulté puisque la population concernée à la CNRACL sera extrêmement limitée, estimée à environ 0,02 % des cotisants, soit 400 affiliés sur les 2 millions de cotisants. M. Lavondès, sans remettre en cause l’accord entre l’État français et le territoire de Nouvelle-Calédonie, redoute toutefois que la solution retenue ne soit pas avantageuse pour les retraités. En effet, pour les cotisants, il est plus simple que la dernière caisse de retraite à laquelle ils sont affiliés se charge de liquider l’ensemble de leur retraite, comme c’est le cas avec le système actuel. Avec ce décret, les cotisants seront désormais obligés de se souvenir de toutes les caisses auxquelles ils ont cotisé. En outre, pour un retraité de NouvelleCalédonie, il est tout de même préférable de s’adresser à une seule caisse plutôt que d’avoir à établir la liste de tous les postes qu’il a occupés pendant sa carrière. M. Emmanuelli ajoute que retrouver la caisse compétente pour un stage effectué à 18 ans peut parfois nécessiter trois mois de recherches. M. Lavondès le confirme. En conséquence, il estime qu’il est plus facile de confier ces recherches aux caisses plutôt qu’aux administrés. M. Emmanuelli partage les réserves exprimées par M. Lavondès, soulignant que les cotisants ne se souviennent pas forcément de l’ensemble de leur parcours et qu’ils ne conservent pas toujours tous les documents nécessaires. La Commission de surveillance émet un avis favorable. 5 – Bilan 2013 de la politique et de l’offre des prêts sur Fonds d’épargne M. Kalifa présente les principaux éléments du bilan 2013 des prêts sur Fonds d’épargne. Tout d’abord, il indique que le montant des prêts du Fonds d’épargne en faveur du logement social et de la politique de la ville n’a jamais été aussi élevé qu’en 2013, avec un total de signatures de 16,4 milliards d’euros, fortement concentrées sur le deuxième semestre. M. Emmanuelli demande si les prêts aux hôpitaux ou aux universités sont comptabilisés dans ce montant. M. Kalifa répond par la négative, précisant que les 16,4 milliards d’euros concernent uniquement le logement social et la politique de la ville. De leur côté, les autres activités (prêts aux collectivités, aux hôpitaux, aux universités, etc.) totalisent un peu plus de 4 milliards d’euros. En 2013, l’utilisation des prêts a donc particulièrement progressé sur le segment du logement social, notamment grâce à une forte mobilisation des organismes de logement social (OLS). Cette tendance a vocation à se poursuivre, conformément aux orientations des pouvoirs publics sur la construction et la rénovation de logements sociaux. L’activité consacrée au logement social et à la politique de la ville a été répartie en trois grandes catégories en 2013 : 14 milliards d’euros de prêts directs, un prêt spécial d’environ 1 milliard d’euros pour Action Logement, et les refinancements de banques distribuant les produits PLS, PSLA et PLI (qui sont en baisse significative par rapport à 2012). Le nombre de logements financés en direct par la Caisse des Dépôts reste lui aussi très élevé, à 110 000 en 2013, contre 118 105 000 l’année précédente. Enfin, les rénovations sont également nombreuses avec, notamment, un certain nombre de prêts de rénovation thermique des logements. Ensuite, M. Kalifa signale que le déploiement de l’enveloppe de 20 milliards d’euros et les prêts à destination du secteur public local appellent deux grandes remarques. Premièrement, il apparaît que l’enveloppe de 20 milliards d’euros constitue un relais efficace aux prêts thématiques aux collectivités et aux autres contreparties. En effet, sur les 4,3 milliards d’euros prêtés au titre de l’ensemble des enveloppes, environ 2 milliards d’euros proviennent de la nouvelle enveloppe de 20 milliards d’euros, le reste étant issu, pour partie, des enveloppes exceptionnelles et du solde des enveloppes thématiques existantes (1,5 milliard d’euros), notamment pour les secteurs du transport et des hôpitaux. Deuxièmement, l’année 2013 a été marquée par une évolution importante de l’environnement concurrentiel sur le marché du financement des collectivités territoriales avec un retour important des banques. Cette tendance a contribué à créer une offre quantitativement abondante, ce qui a eu pour effet un effritement des marges du marché bancaire. Plusieurs observateurs s’accordent ainsi sur le fait que les marges sur les prêts aux collectivités territoriales ont diminué de 100 points de base en 2013 et de 30 points de base sur le premier trimestre de l’année 2014. Dans ce contexte, les prêts sur Fonds d’épargne se sont avérés très avantageux en début de période, mais leur attractivité a progressivement diminué. Ils se concentrent logiquement sur les besoins de longue durée, mais l’évolution des marges bancaires pourrait les rendre moins compétitifs pour les grandes collectivités en bonne santé financière jugées attractives par le secteur bancaire. M. Emmanuelli note que, contrairement aux craintes exprimées par M. Bavagnoli, les banques n’ont pas souffert de la concurrence de l’enveloppe de 20 milliards d’euros puisqu’elles sont revenues en force en baissant leurs taux. procès-verbaux M. Bavagnoli précise que le Fonds d’épargne a capté environ 20 % du marché avec l’enveloppe des 20 milliards d’euros, ce qui représente autant que la SFIL ou d’autres n’ont pas pu réaliser. M. Kalifa annonce ensuite que la tarification des prêts a significativement évolué en 2013. En effet, une comparaison entre les flux de signatures de prêts par types de produits, les marges de ces prêts par rapport au taux du Livret A et le coût de la ressource (rémunération servie aux épargnants et commissions versées aux banques), fait apparaître que la tarification pivot de l’ensemble des prêts (taux du Livret A + 60 centimes qui correspond au prêt PLUS) est désormais légèrement supérieure au coût de la ressource (taux du Livret A + 52 centimes), ce qui est une conséquence de la réforme de l’épargne réglementée. Désormais, quasiment tous les prêts génèrent une marge positive, à deux exceptions près – les prêts au logement très social (PLAI) et les prêts dédiés à la réhabilitation thermique (éco-prêts). Même en prenant en compte le taux du Livret d’Épargne Populaire et les coûts de fonctionnement du Fonds d’épargne, liés à la gestion des prêts, qui représentent environ 5 points de base supplémentaires, la tarification pivot reste malgré tout supérieure au coût de la ressource. Une autre nouveauté en 2013 a été la décision d’octroyer des baisses de marge pour une enveloppe de 120 millions d’euros pour tous les agréments PLUS et PLAI de millésime 2013. La provision correspondante sera distribuée dans le courant de 2014 et de 2015 et l’accélération des demandes de prêts pour les agréments 2013 est manifeste. Concernant le système d’information, l’année 2013 a constitué une étape importante dans le déploiement du projet Orchestra, avec la mise en production, pour la partie front office, d’un nouvel outil plus performant d’instruction et de réaménagement des prêts. En outre, la livraison complémentaire pour l’analyse financière prévisionnelle (Symphonie) permet d’établir des projections sur les équilibres des contreparties à 10 ans, voire au- delà, ce qui est fondamental dans le contexte actuel, marqué par un choc de production chez les organismes de logement social. Désormais, certains prêts sont amortis sur des durées qui peuvent atteindre 60 ans. Ces outils permettent d’anticiper la manière dont les organismes assumeront la charge de leurs coûts sur le long terme. En outre, le développement de l’activité s’est accompagné d’un approfondissement de la démarche de maîtrise des risques. Ainsi, en matière de notation, la campagne de notation après publication des comptes des principales contreparties a été accélérée, les modèles de scores ont été revus (pour les collectivités territoriales) et les processus d’engagements ont été fluidifiés et fiabilisés. Enfin, l’accompagnement du réseau régional de la Caisse des Dépôts a également été renforcé dans la perspective de consolider l’activité dans les années à venir, en particulier sur le segment du logement social et de la politique de la ville. Cette ambition est d’ores et déjà confirmée par les chiffres des premiers mois de l’année, puisque 6,5 milliards d’euros de signatures nouvelles ont été enregistrés à fin avril, dont quelques 800 millions d’euros correspondent à l’enveloppe de 20 milliards d’euros. Ce rythme est comparable à celui du second semestre de 2013. M. Emmanuelli souhaite connaître les taux de sinistralité de l’activité par catégories. M. Kalifa répond que le taux de sinistralité est globalement très marginal, (correspond à 0,01 % de taux d’impayés). Mme Renaud-Basso confirme que la sinistralité est extrêmement faible étant donné que le dispositif de prêts dans le logement social reste très sécurisé, les encours des collectivités locales présentant aussi des taux d’impayés marginaux. M. Emmanuelli suppose que cela explique la nécessité d’accroître les exigences en établissant des projections à 10 ans sur l’équilibre des contreparties. 119 Mme Renaud-Basso le confirme, d’autant que le Fonds d’épargne est le principal bailleur des organismes de logements sociaux. Dans la mesure où les prêts courent sur de longues durées, il est normal d’établir des projections pour évaluer les résultats des stratégies des organismes sur le très long terme. M. Emmanuelli, sans contester l’intérêt théorique de cette démarche, avertit tout de même qu’elle ne doit pas entraîner une multiplication de dossiers pour des risques qui, somme toute, ne sont pas très élevés. Mme Renaud-Basso précise que le Fonds d’épargne essaie justement de mettre en place des prêts globaux avec des mécanismes simplifiés. M. Kalifa ajoute que ces dispositifs reposent sur des garanties les plus générales possibles afin de fluidifier le système. Il signale qu’au 31 décembre 2013, le stock d’impayés s’élevait à 15 millions d’euros, sur un encours total de 158 milliards d’euros. M. Picq fait observer que le Comité du Fonds d’épargne a relevé plusieurs faits marquants, notamment le nombre très élevé de logements réhabilités et construits par rapport à la moyenne annuelle, ou encore l’évolution du contexte concurrentiel, qui voit certaines grandes contreparties comme le STIF ou les régions se tourner vers les banques. À partir de ces constats, le Comité du Fonds d’épargne appelle l’attention de la Commission de surveillance sur le fait que les conditions d’équilibre du Fonds d’épargne supposent de maintenir un niveau de marge suffisant pour couvrir le coût de la ressource, d’autant qu’une réduction des marges serait interprétée comme une concurrence déloyale de la part des banques. Dès lors, pour soutenir l’investissement des collectivités locales et prêter davantage, le seul levier d’action est le coût de la ressource, c’est-à-dire le taux du Livret A. Or, pour des raisons politiques, ce taux a été maintenu à 1,25 %, alors qu’il aurait dû descendre à 1 % selon la formule de la Banque de France. Il apparaît donc que le choix des pouvoirs publics de maintenir un taux 9e séance - 30 avril 2014 de rémunération attractif pour les petits épargnants affecte directement l’équilibre du Fonds d’épargne. Il est également intéressant de noter que, pour 2014, le Fonds d’épargne a mis en place un nouveau type de prêts pour les logements intermédiaires, c’est-à-dire ceux qui se situent entre les logements sociaux et les logements de marché. Il faut espérer que ce dispositif recevra un accueil favorable. M. Lavondès souhaite revenir sur le volet informatique en rappelant qu’il avait été envisagé, il y a environ quatre ans, de renouveler l’ensemble du système d’information de la Direction des Fonds d’épargne, depuis l’instruction jusqu’à la gestion. Après que la société Temenos, qui avait été sollicitée dans un premier temps, se fut déclarée incapable de prendre en charge l’ensemble du projet, l’instruction et la gestion ont finalement dû être traitées séparément. Aujourd’hui, seule l’instruction bénéficie d’un nouvel outil informatique. En revanche, la gestion demeure problématique, malgré les dépenses consacrées à la remise à niveau des systèmes existants. Étant déjà très anciens, ces systèmes devront, à terme, être remplacés. Toutefois, l’informatique s’accommodant très mal de la diversité d’un dispositif comme le Fonds d’épargne, il faudra obligatoirement faire la part entre, d’un côté, la gestion de masse qui peut être informatisée avec profit et, de l’autre, les tâches spécifiques qui devront continuer à être administrées avec des outils ad hoc pour les emprunts très anciens. Il faut donc, dès aujourd’hui, se préparer à mettre en place l’informatisation de la gestion, tout en acceptant de conserver certains systèmes plus ou moins obsolètes qui correspondent aux emprunts les plus vieux. M. Bavagnoli revient sur le STIF en soulignant qu’il n’aurait probablement pas trouvé de meilleure offre auprès des banques. M. Emmanuelli ajoute que les banques ne proposent pas de prêts sur le long terme. M. Bavagnoli signale toutefois que l’étude qui a été effectuée il y a un mois, a montré que 15 % du marché bancaire se trouve sur le segment 20/25 ans, ce qui signifie que les banques ont allongé leur maturité. En réalité, la frontière entre les prêts inférieurs à 20 ans et les autres est mobile. M. Emmanuelli ne voit pas pour quelle raison les banques sont intéressées par de tels marchés. M. Bavagnoli explique cette attirance par le fait que les marges sont supérieures à celles des crédits immobiliers. Au sujet du taux de marge, M. Bavagnoli estime que le graphique qui a été présenté doit être légèrement corrigé, jugeant, en effet, que les 5 points de base attribués au Livret d’Epargne Populaire (LEP) dans les coûts de gestion semblent surévalués. M. Kalifa répond que l’évaluation est correcte. Le détail des contributions est de + 5 points de base pour le LEP, une évaluation de + 2 points de base pour les coûts de gestion liés aux prêts octroyés, – 2 points de base pour les effets de quinzaine, et – 0,2 point de base pour les commissions perçues par le Fonds d’épargne sur les nouveaux flux. Au total, l’ensemble des coûts liés à la ressource équivaut au taux du Livret A + 57 points de base. M. Bavagnoli en prend acte. Par ailleurs, il souligne que la rémunération des fonds propres doit également être inscrite en face des prêts, indépendamment du prélèvement de l’État. M. Emmanuelli demande comment est calculée cette rémunération. M. Bavagnoli répond que le montant dépend de la pondération du crédit. Enfin, M. Bavagnoli observe que, d’après le graphique situé en fin de document, la part des meilleurs risques dans l’encours de prêts diminue de manière continue depuis 2010. Il souhaite savoir quelles sont les causes de cette dégradation. En outre, il considère que pour évaluer précisément le vrai niveau de risque, il faudrait calculer le taux de sinistralité sans prendre en compte la garantie de la Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS). M. Ophèle observe que l’encours de bons risques est remonté depuis le deuxième 120 semestre de 2013, comme le montrera le rapport sur les risques qui sera présenté ultérieurement. En outre, il juge lui aussi surprenant que le LEP représente 5 points de base. Enfin, il souhaite avoir des précisions sur la nature des réaménagements de dettes. Il est, en effet, possible de penser que la sinistralité serait en réalité plus forte si un certain nombre d’échéances n’était pas reporté. Mme Renaud-Basso rappelle, comme l’a fait remarquer M. Picq, que le taux du Livret A a effectivement un impact sur la position concurrentielle du Fonds d’épargne, mais aussi sur le stock d’emprunts, puisque la baisse du taux du Livret A entraîne une diminution des taux des anciens prêts. D’un point de vue macro-économique, il s’agit là d’une manière de redonner des capacités de financement aux organismes et aux collectivités locales. En deuxième lieu, en ce qui concerne la gestion informatique, il n’est pas urgent de modifier le système de la gestion dans l’immédiat étant donné qu’il fonctionne correctement. Cela dit, un projet sera lancé dans les trois ou quatre prochaines années, en essayant d’appliquer, cette fois, une programmation progressive afin d’éviter les difficultés qui se sont produites dans le passé. En outre, elle confirme qu’une partie des stocks anciens sera toujours gérée de façon manuelle. En troisième lieu, même si le graphique ne comptabilise pas la rémunération des fonds propres, il permet tout de même de constater que l’équilibre est beaucoup plus favorable qu’au cours des années précédentes et que les conditions de marges s’améliorent globalement. En quatrième et dernier lieu, la majorité des réaménagements est accordée dans des conditions très spécifiques, non pas à cause de difficultés rencontrées par les emprunteurs, mais plutôt pour éviter des remboursements anticipés de la part des organismes HLM. M. Kalifa précise que plusieurs logiques peuvent, en effet, conduire à mettre en place des réaménagements avec des organismes HLM. Dans certains cas, procès-verbaux il s’agit de redonner des marges de manœuvre : par exemple, un organisme qui a besoin d’autofinancement pour produire davantage peut vouloir baisser temporairement le montant de ses échéances en allongeant la durée de sa dette. De même, les réaménagements peuvent sécuriser certaines dettes qui ne sont pas protégées par des indemnités de remboursement anticipé. Avec l’autorisation du Ministère de l’économie et des finances, la Direction du Fonds d’épargne peut ainsi appliquer des baisses de marges en contrepartie d’une sécurisation de l’encours. Enfin, certains réaménagements peuvent intervenir en cas de difficultés, actuelles ou anticipées, rencontrées par l’organisme. À l’occasion d’une demande de réaménagement, un prévisionnel financier est établi, à partir duquel un organisme peut être placé en défaut ou sous surveillance si une difficulté a été détectée, indépendamment de la décision de réaménagement. Toutefois, ce dernier cas de figure reste tout à fait marginal en termes de volume et de montant. Concernant les modalités de calcul, M. Kalifa indique qu’il transmettra le détail à la direction générale du Trésor. Le LEP représente environ 10 % de la ressource globale, ce qui conduit aux 5 points de base de plus. Pour le reste, les coûts de fonctionnement liés aux nouveaux prêts divisés par l’ensemble de la ressource représentent bien 2 points de base de plus. Enfin, d’autres effets techniques – les effets de quinzaine – permettent également de réduire la marge. Il convient de préciser que les modalités de calcul reposent sur les conditions de 2014 puisque c’est majoritairement au cours de cette année que les versements des prêts signés en 2013 seront effectués. Enfin, en 2014, la réforme de l’épargne réglementée produit quasiment tous ses effets, ce qui n’était pas encore tout à fait le cas en 2013. représenter un coût supplémentaire pour l’emprunteur. M. Kalifa le confirme. M. Arthuis juge, dans ce cas, qu’il faudrait faire apparaître l’ensemble du coût effectif, c’est-à-dire la rémunération et la cotisation CGLLS. À cet égard, il juge très contestable d’exiger cette cotisation dans la mesure où elle vient s’ajouter à la garantie qui est déjà donnée par la collectivité territoriale. M. Emmanuelli signale que la CGLLS s’avère très utile en cas de défaillance d’un office. Ayant lui-même été confronté à ce genre de situation, il souligne que l’intervention de la CGLLS a été tout à fait appréciable. M. Ophèle ajoute que la garantie de la CGLLS est mise en œuvre avant la garantie de la collectivité territoriale. M. Arthuis maintient qu’il serait judicieux d’intégrer le taux de cotisation CGLLS au taux d’intérêt afin d’apprécier précisément la rémunération. M. Kalifa précise qu’il faut distinguer deux coûts, la cotisation générale à la CGLLS et la garantie elle-même, qui n’est pas systématiquement utilisée. Ainsi, un organisme peut avoir recours à la CGLLS, indépendamment de son niveau de recours aux prêts sur Fonds d’épargne. Ensuite, il existe les garanties CGLLS des prêts sur Fonds d’épargne dans les cas où les collectivités territoriales ne souhaitent pas ou ne peuvent pas garantir les prêts. Mme Renaud-Basso estime que ces éléments ne font pas partie des critères d’équilibre du Fonds d’épargne. Ils sont plutôt à prendre en considération du point de vue des organismes pour évaluer leurs conditions globales de financement. M. Arthuis souhaite connaître l’assiette de cotisation et le taux de la CGLLS. M. Arthuis souhaite savoir qui est chargé de gérer la CGLLS. M. Kalifa ne connaît pas ces éléments de mémoire. Mme Renaud-Basso répond que la gestion est assurée par l’État, ajoutant qu’il s’agit d’un dispositif complètement indépendant de la gestion des prêts M. Arthuis demande si cela peut 121 sur Fonds d’épargne. Les cotisations s’ajoutent à l’emprunt des organismes, mais elles ne sont pas versées à la Caisse des Dépôts. Elles viennent uniquement réduire le risque de cette dernière. M. Bavagnoli confirme que la CGLLS est placée sous la responsabilité de la Direction du Trésor. Mme Tessier précise que le taux de cotisation à la CGLLS est fixé à 1,27 % des loyers. M. Arthuis souligne que ce coût de la garantie fait partie du coût global du financement pour les organismes HLM. M. Emmanuelli le confirme. Toutefois, ces coûts sont pris en compte dans les TEG des organismes et ne concernent pas directement le Fonds d’épargne puisque ce sont des garanties données par un tiers. Mme Renaud-Basso ajoute qu’un bilan de l’ensemble des coûts des organismes HLM sera communiqué. M. Kalifa précise que la Direction des Fonds d’épargne est très attentive aux TEG. Ainsi, lorsqu’une caution est apportée, que ce soit par la CGLLS ou par un autre organisme, son coût est systématiquement intégré dans le calcul du taux global. Dans les faits, la CGLLS n’intervient toutefois comme organisme de sûreté pour le Fonds d’épargne que sur une partie très minoritaire des encours, uniquement lorsque les collectivités territoriales ne sont pas en mesure d’apporter leur propre garantie. Ainsi, les prêts du Fonds d’épargne garantis par la CGLLS représentent actuellement environ 3 milliards d’euros, sur un encours total de 137 milliards d’euros pour le logement social. M. Emmanuelli souhaite savoir quelles sont aujourd’hui les principales difficultés rencontrées par les offices HLM. M. Kalifa répond que les deux grands problèmes sont la pénurie de terrains, pour développer les programmes et le manque de fonds propres. Cela dit, pour les OLS pris dans leur ensemble, 9e séance - 30 avril 2014 le niveau de fonds propres peut, dans certaines conditions, permettre de réaliser les programmes souhaités. Mme Renaud-Basso signale que le délai entre l’obtention de l’agrément de l’État et le décaissement du prêt reste très long, même s’il a tendance à se réduire légèrement. Ce délai peut atteindre 24 mois entre la date de l’agrément et la date de signature du prêt. M. Kalifa confirme que le délai moyen est d’environ 545 jours, contre près de 600 jours dans le passé. M. Emmanuelli s’interroge sur les causes de ce délai. Mme Renaud-Basso répond qu’après la signature de l’agrément, il faut respecter une procédure assez longue. M. Goua ajoute que les organismes déposent souvent leurs dossiers sur la base d’une estimation, avant même d’avoir lancé l’appel d’offres. Il faut donc ensuite suivre toute la procédure d’appel d’offres, ce qui prend un certain temps. M. Kalifa signale également que, lorsque le taux du Livret A est plus élevé, les organismes ont tendance à maximiser le recours à l’autofinancement ou aux financements de court terme avant de solliciter un prêt. De même, certaines mesures intervenues en 2012 et en 2013, notamment le prélèvement sur le potentiel financier, ont conduit les organismes à privilégier des préfinancements sur fonds propres afin de diminuer le montant du prélèvement auquel ils sont assujettis. 6 – Rapport semestriel sur les risques et le contrôle interne (2e semestre 2013) Mme Gautier explique que le rapport semestriel sur les risques est composé de trois documents : le corps du rapport et ses annexes, le rapport sur le contrôle interne (conformément aux articles 42 et 43 du CRBF 97-02), et une note de synthèse. L’effort de synthèse sur avis de la commission de surveillance bilan 2013 de la politique et de l'offre de prêts sur fonds d'épargne Faisant suite au Comité du Fonds d’Epargne du 2 avril 2014 qui a examiné le bilan de la politique de l’offre de prêts sur Fonds d’Epargne, la Commission de surveillance, lors de sa séance du 30 avril 2014, observe que les encours de prêts sur Fonds d’Épargne ont fortement augmenté depuis six ans et atteignent 158 Md€ en 2013, contre 147 Md€ en 2012. Pour la période 2014/2018, le Fonds d’Épargne anticipe le maintien d’une activité dynamique se traduisant par une croissance substantielle de l’encours de prêts, celui-ci pouvant avoisiner 220 Md€ à la fin de cette période. Tous les segments d’intervention du Fonds d’Epargne s’inscrivent en nette progression. Outre la production des prêts au logement social (+ 10 % par rapport à 2012) finançant la construction de près de 110 000 logements et la réhabilitation de 253 000 logements, les nouveaux prêts au secteur public local sont en augmentation, notamment au second semestre 2013 et ce, sur des durées très longues (les prêts ayant une durée d’amortissement supérieure à 30 ans représentent 56 % du volume global). le rapport semestriel sur les risques a été maintenu, tout en développant davantage le chapitre sur les filiales, qui représente désormais plus du tiers du rapport. Les nouveautés portent sur l’intégration de Bpifrance Financement (l’ex FSI était couvert dans les précédents rapports), l’approfondissement de CNP Assurances, et l’introduction d’une analyse nouvelle sur la SFIL, en complément de celle qui avait été précédemment réalisée sur La Poste au 30 juin 2013. Enfin, une analyse sur les évolutions conjoncturelles des deux 122 La Commission de surveillance observe que les marges sur prêts aux collectivités territoriales sont à la baisse en raison du retour des acteurs bancaires sur des prêts de long terme et de la concurrence des émissions directes de grosses collectivités territoriales à des conditions très attractives (Région Ile-de-France, STIF), ainsi qu’aux offres très compétitives de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). A cet égard, la Commission de surveillance convient que le maintien du niveau actuel du taux du Livret A défavorise l’équilibre financier du Fonds d’Epargne. Toutefois, la marge financière devrait s’améliorer en raison d’une meilleure rémunération de la production des prêts au logement intermédiaire. Enfin la Commission de surveillance attire l’attention de la Direction générale de la Caisse des Dépôts sur la nécessité de mettre en place un pilotage performant du projet de refonte du système informatique de gestion du Fonds d’Epargne. sections a été intégrée dans la note de synthèse, en complément des points de vigilance exposés lors du précédent semestre. Mme Gautier présente un bilan synthétique des principaux risques recensés à la Section générale et au Fonds d’épargne. Concernant la Section générale, plusieurs points de vigilance structurelle ont été identifiés. D’une part, le bilan est marqué par une certaine rigidité, alors que pèse procès-verbaux une incertitude sur le marché immobilier et, corrélativement, sur les dépôts des notaires. D’autre part, le corridor de solvabilité est fortement conditionné par l’amélioration du contexte macroéconomique, en particulier par les hypothèses de hausse de la Bourse. Enfin, la situation de liquidité de long terme est contrainte par la progression de l’actif investi en filiales, participations et actions sensibles, ce qui engendre des besoins de financement longs et croissants, ainsi qu’une dépendance accrue à l’endettement de moyen et de long termes et à de nouvelles sources de financement. Parmi les évolutions conjoncturelles intervenues pendant le semestre, le rapport attire l’attention sur le risque actions, dont les plus-values latentes et les provisions à caractère durable (PCD) évoluent à nouveau très favorablement. En revanche, la conjoncture économique et la baisse des dépenses publiques pèsent sur le risque d’affaires des participations stratégiques et des filiales, notamment immobilières. En outre, CNP Assurances et Transdev sont exposées à un risque actionnarial. À cet égard, la réorganisation des partenariats de CNP Assurances constitue évidemment un point de vigilance. Quant à la SFIL, elle est confrontée à un risque juridique aggravé par les incertitudes législatives. Enfin, au niveau des risques pays, un allégement du niveau d’exposition de l’Espagne est à noter. S’agissant du Fonds d’épargne, les points de vigilance structurelle concernent les concentrations sectorielles (logement social, collectivités locales, banques) et individuelles (BPCE, Italie), ainsi que la sécurisation du profil de liquidité et la reconstitution de la marge. Pour ce qui est des évolutions conjoncturelles, la restitution de normes de liquidité aux banques des dépôts sur livrets au secteur bancaire a eu un impact très favorable sur le besoin en fonds propres au titre du risque global de taux. Toutefois, la collecte sur 2013 n’a pas permis de compenser la restitution des dépôts aux banques. Enfin, le provisionnement des actions classées en titres de l’activité de portefeuilles est confortable, permettant d’améliorer la manœuvrabilité du portefeuille. Pour la première fois depuis 2008, le portefeuille actions est en situation de plus-value latente nette. Mme Gautier évoque ensuite les actions de maîtrise et de réduction des risques intervenues au cours du second semestre 2013. Pour répondre aux délibérations de la Commission de surveillance, la DRCI a en effet engagé une conduite du changement qu’elle poursuivra en 2014, visant à une plus grande affirmation de la fonction risques. Les quatre principaux faits marquants sur les risques financiers sont les suivants : • La DRCI a validé les principes de la première phase de mise en transparence des filiales investisseuses du deuxième cercle du modèle prudentiel. • Le pilotage des limites des portefeuilles de taux a été resserré dans les deux sections. • La DRCI a mis en mise en place un suivi en VaR ("valeur à risque ") sur les portefeuilles de trésorerie de la Section générale. Les premiers calculs confirment que le portefeuille ne présente pas de risque de marché significatif. • Enfin, un dispositif de poches de risques a été élaboré par la DRCI et la DDTR, ce qui permet, notamment, de préciser le profil de risques des nouveaux dossiers et d’isoler les dossiers dits "exceptionnels ", qui représentent 16 % du portefeuille. Concernant les risques opérationnels, cinq faits marquants ont été identifiés. • La DRCI a procédé à une importante mise à jour de son plan de contrôle de conformité. Les résultats des contrôles au 31 décembre 2013 attestent de la maturité des dispositifs de gouvernance du contrôle interne dans les métiers de l’Établissement public. • Les montants en matière d’incidents opérationnels sont contenus à un niveau inférieur à 2 millions d’euros. • L’avancement du chantier contre 123 la fraude a permis d’apprécier les dispositifs existants. • Une fonction de correspondant Tracfin a été créée en fin d’année pour renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment. • Enfin, le projet MAIA de refonte des outils de gestion des accès et des habilitations a été lancé, ce qui constitue le socle pivot de la sécurité du SI. Mme Gautier signale ensuite que le dispositif de suivi des risques des filiales et des participations stratégiques est désormais opérationnel au sein de DRCI. Ainsi : • Le Comité fédéral des risques compte un nouveau chapitre sur la supervision des filiales. • La DRCI a intégré Bpifrance dans son dispositif de suivi des risques financiers et opérationnels. À ce titre, la Directrice de la conformité et du contrôle interne de Bpifrance a été intégrée, dès sa nomination, à la filière de risques Groupe animée par la DRCI. • En 2013, la DRCI a également développé, en lien étroit avec le pôle FSP, son appui aux administrateurs de la Caisse des Dépôts dans l’analyse des données de risques des Conseils d’administration et des Comités d’audit. • Toujours en lien avec le pôle FSP, la DRCI a coordonné l’actualisation de la politique de gestion des risques financiers au niveau du Groupe, qui encadre davantage leurs financements sur les marchés obligataires et les démarches de notation des filiales par une agence. • Enfin, la remontée des incidents des filiales est désormais opérationnelle, avec 67 incidents recensés au cours du second semestre, en plus des remontées quotidiennes de Transdev sur les accidents de personnes. En conclusion, pour l’année 2014, la DRCI privilégiera les trois sujets suivants : la consolidation des interventions sur les risques financiers et sur le modèle prudentiel, la poursuite du déploiement du dispositif de supervision des filiales et l’amélioration 9e séance - 30 avril 2014 des dispositifs de suivi des risques opérationnels. M. Emmanuelli cède la parole à M. Houri pour présenter les conclusions du rapport du CECR. M. Houri tient tout d’abord, au nom du Comité, à féliciter une nouvelle fois les auteurs du rapport semestriel sur les risques pour sa richesse et sa qualité pédagogique. Ce document permet de bien évaluer les risques et d’élaborer les stratégies adaptées. M. Houri souhaite ensuite attirer l’attention sur quelques points. D’une part, l’assiette en risques de la Section générale se monte à plus de 120 milliards d’euros, à savoir près de 80 milliards d’euros de risques de crédit, 20 milliards d’euros pour les participations (consolidées ou non), 12 milliards d’euros pour les actions et 4 milliards d’euros pour l’immobilier. Or, les risques liés aux participations consomment à eux seuls les deux tiers des fonds propres, et pas moins de 80 % des fonds propres en ajoutant les risques actions. Ces chiffres montrent l’importance de ces participations stratégiques en termes de consommation de fonds propres au regard du modèle prudentiel. De manière connexe resurgit ainsi la problématique liée à la rigidité du bilan issue de la lourdeur et de l’inertie de La Poste, de Bpifrance, de Transdev, de CNP Assurances, d’Icade, et de la SNI. D’autre part, comme toutes les entreprises, la Caisse des Dépôts est affectée par les évolutions conjoncturelles qui ont un impact sur le niveau des risques : les changements de la conjoncture immobilière, qui laissent prévoir une baisse des dépôts des notaires et une éventuelle réduction des plus-values, les difficultés d’Icade dans le domaine de la promotion immobilière, la révision du plan d’affaires de La Poste, les impacts d’une éventuelle hausse des taux sur le portefeuille obligataire de CNP Assurances, les problèmes de partenariat avec la BPCE, ou encore ceux de Transdev avec la SNCM. En outre, le CECR souhaite également attirer l’attention sur la situation de la SFIL. Détenue à 75 % par l’État et à 20 % par la Caisse des Dépôts, la SFIL est aujourd’hui la première contrepartie du Groupe, avec 12,3 milliards d’euros. Compte tenu de la requalification des prêts toxiques et de la décision du Conseil Constitutionnel, les risques semblent aujourd’hui se préciser, aussi bien les risques d’affaires que les risques juridiques, les risques de crédit et les risques réglementaires. En tant que banque placée sous le contrôle de la Banque Centrale Européenne, la SFIL fera partie des 13 institutions financières qui seront contrôlées. En conséquence, sa gestion pourrait nécessiter une provision importante susceptible d’avoir un impact sur la Caisse des Dépôts, voire de nécessiter une recapitalisation, qui serait alors prise en charge par l’État. Par ailleurs, le niveau des liquidités peut être affecté par une baisse des dépôts des notaires, par l’organisation des participations et par la hausse de l’actif investisseurs, ce qui pourrait nécessiter un recours accru à l’endettement. À ce sujet, le CECR a découvert, avec étonnement, que Bpifrance a lancé un programme d’émissions de 20 milliards d’euros. Cette situation pourrait avoir un impact sur l’analyse que font les marchés sur la situation de la Caisse des Dépôts. Enfin, s’agissant du modèle prudentiel, la Caisse des Dépôts possède aujourd’hui un capital économique de 26,3 milliards d’euros qui est supérieur au besoin de fonds propres (23,8 milliards d’euros). Il serait intéressant d’essayer d’identifier les marges de manœuvre autorisées par ce "coussin" financier. M. Ophèle souhaite également saluer la qualité du travail qui a été effectué, en particulier l’effort d’adaptation du document à la nouvelle structure de la Caisse des Dépôts. Parmi les risques les plus importants, la SFIL représente avant tout un risque pour l’État. En revanche, la situation de La Poste et de CNP Assurances est plus inquiétante pour la Caisse des Dépôts. À CNP Assurances, la réorganisation des partenariats peut, en effet, avoir des effets 124 significatifs sur la valorisation et les dividendes. En outre, CNP Assurances se trouve sous le coup d’une procédure devant la Commission des sanctions de l’ACPR, en raison de la façon dont les contrats en déshérence ont été traités. Même si ce risque n’est pas démesuré, il n’est pas négligeable pour autant. Il a d’ailleurs été demandé à CNP Assurances de mentionner ce sujet dans son document de référence. M. Emmanuelli souhaite savoir quel serait le montant maximal de ce risque. M. Ophèle répond que l’amende peut atteindre un maximum de 100 millions d’euros. Ces manquements dans le traitement des contrats en déshérence ne sont pas récents puisqu’ils remontent aux années 2008, 2009, 2010 et 2011. M. Ophèle poursuit en indiquant que le deuxième grand risque concerne La Poste, en attirant une nouvelle fois l’attention sur la faiblesse de la capitalisation de La Banque Postale. Tout comme la SFIL, La Banque Postale passera prochainement sous la supervision directe de la BCE, ce qui pourrait avoir des conséquences tout à fait significatives sur ses traitements réglementaires, et donc sur ses fonds propres. Le ratio de levier de La Banque Postale, c’est-à-dire les passifs susceptibles d’être utilisés en cas de résolution dans le cadre de la directive du paquet CRD IV, est très faible. En outre, le traitement extrêmement favorable dont bénéficie La Banque Postale au titre de sa participation dans CNP Assurances pourrait ne pas être maintenu par la BCE. Ces risques méritent d’être mentionnés dans la mesure où la Caisse des Dépôts possède une participation significative dans La Poste. Enfin, M. Ophèle rappelle que l’autorité bancaire européenne a diffusé il y a quelques jours les caractéristiques du stress test qui sera appliqué à l’ensemble du système financier européen. Il repose sur des hypothèses de dégradation des conditions macro-économiques, de baisse des valorisations de l’immobilier et de variation des taux d’intérêt. À titre personnel, M. Ophèle juge que la Caisse procès-verbaux des Dépôts pourrait mettre à profit ce scénario pour vérifier sa solidité effective dans de telles conditions. M. Picq rappelle que plusieurs membres de cette instance, notamment son Président, ont souligné à plusieurs reprises l’importance que la Caisse des Dépôts doit avoir, notamment dans le cadre de son plan stratégique, en matière de financement de l’économie. Dans cette optique, il souhaite formuler quelques remarques. Premièrement, il conviendra de répondre à l’interrogation soulevée par M. Houri sur la nature des marges de manœuvre dont dispose la Caisse des Dépôts compte tenu de la rigidité de son bilan. En effet, par-delà le modèle prudentiel, il faut évaluer précisément les leviers dont dispose le Groupe pour déployer un plan d’actions stratégique. Deuxièmement, même si le risque lié à la SFIL n’est pas imputable à la Caisse des Dépôts, il représente tout de même les trois quarts du plafond d’émission autorisé par la Commission de surveillance, c’est-à-dire 12 milliards d’euros sur 16 ou 18 milliards d’euros. Troisièmement, l’effet de levier sur les 20 milliards d’euros d’emprunt de Bpifrance n’apparaît pas évident. En effet, si les agences de notation considèrent que le risque de la Caisse des Dépôts est faible, c’est en partie parce que son endettement est très raisonnable par rapport à celui des banques. Dès lors, la Caisse des Dépôts doit avoir conscience qu’elle ne peut pas, à la fois, prêter à la SFIL, emprunter, et soutenir Bpifrance sans évaluer précisément ses marges de manœuvre. Pour conserver et conforter sa position, pour investir et réindustrialiser le pays, la Caisse des Dépôts doit savoir ce qu’elle est réellement en mesure de réaliser. Mme Grosskost demande des précisions sur les motivations et sur le déroulement du programme d’émission de 20 milliards d’euros lancé par Bpifrance, jugeant que cette décision est assez surprenante. En outre, elle souhaite avoir des explications sur la nature des plus- values latentes, qui dépendent forcément, en partie, du niveau du CAC 40. d’euros doit donc s’analyser comme une anticipation face à des besoins futurs. M. Goua se déclare lui aussi surpris par l’émission de 20 milliards d’euros d’emprunt de Bpifrance, ajoutant qu’il n’en avait pas non plus connaissance. Quant aux plus-values latentes, il semble qu’elles ne puissent pas fournir de marge de manœuvre puisqu’il n’en resterait que 15 % après les prélèvements de l’État. Concernant La Poste, M. Silvent signale que le nouveau Président-Directeur général affiche une véritable volonté de redresser de façon énergique la situation de l’Entreprise, même s’il est encore trop tôt pour savoir si cela sera suffisant pour améliorer sa situation économique et financière. Pour ce qui est de La Banque Postale, les représentants de la Caisse des Dépôts évoquent la question de sa capitalisation lors de chaque Conseil d’administration. En effet, une partie des fonds propres de La Poste doit être utilisée pour développer l’activité bancaire, qui est le métier possédant le meilleur potentiel de croissance. Il est donc indispensable d’optimiser l’usage de ces fonds propres et d’évaluer les besoins associés au développement de l’activité, ce qui est, pour l’instant encore, difficile à réaliser compte tenu de certaines évolutions réglementaires et des discussions en cours avec les instances de régulation. Ces évolutions pourraient d’ailleurs avoir une influence sur les choix stratégiques de La Poste, y compris concernant son avenir au sein de CNP Assurances. M. Silvent explique que les 20 milliards d’euros d’emprunt de Bpifrance correspondent, en réalité, à un plafond d’émission autorisé par le Conseil d’administration de Bpifrance, dont l’utilisation sera étroitement surveillée par ses instances de gouvernance. Ces émissions seront lancées progressivement, sur plusieurs années, principalement pour accompagner le développement dynamique de Bpifrance sur son activité de crédit, conformément aux fortes ambitions fixées par son plan stratégique. Cette année, les émissions se situeront ainsi aux alentours de 3 ou 4 milliards d’euros. Les émissions arrivées à échéance seront, par ailleurs, refinancées. Un solde additionnel viendra s’ajouter au fur et à mesure du développement de l’activité de crédit de Bpifrance. Il est important de souligner que Bpifrance ne s’endette pas pour investir dans la partie fonds propres. Il s’agit uniquement d’accompagner le développement de l’activité de crédit. Les différents actionnaires de Bpifrance pourront d’ailleurs surveiller le déroulement de ces émissions, voire s’y opposer s’ils constatent une éventuelle dérive. Aujourd’hui, Bpifrance émet dans d’excellentes conditions, avec notamment une émission récente à maturité 2024 à 2,5 %, ce qui montre que les conditions actuelles de marché sont très favorables aux emprunteurs. Qui plus est, les conditions d’émission de Bpifrance sont améliorées par le fait que le risque évalué par les investisseurs est quasiment assimilé à un risque État. Enfin, sur le plan opérationnel, le programme d’émission de Bpifrance et celui de la Section générale seront coordonnés afin d’éviter de créer une concurrence de produits. Le passage du plafond d’émission de 8 à 20 milliards 125 S’agissant des plus-values latentes, des marges de manœuvre et des niveaux de fonds propres, M. Silvent rappelle que les règles fixées par le modèle prudentiel, et approuvées par la Commission de surveillance, permettent d’atteindre un niveau de solvabilité suffisant, c’est-àdire un excédent de capital économique par rapport à l’exposition aux risques. La projection sur les années à venir montre que la part des plus-values latentes sera de plus en plus importante dans le maintien de cet écart positif. Cela signifie que le capital économique, même s’il ne se détériore pas, sera plus volatil, notamment en raison de la très faible progression des fonds propres sociaux due aux règles de distribution et de versement à l’État. Il est donc difficile, sur la base de ces éléments, de mesurer très précisément l’amplitude des marges de manœuvre. M. Emmanuelli, tout en reconnaissant l’intérêt théorique d’un questionnement 9e séance - 30 avril 2014 sur les marges de manœuvre, considère toutefois qu’il s’agit peut-être d’une fausse problématique. En effet, même si la Caisse des Dépôts ne dispose pas de marge de manœuvre à un moment donné, elle peut en trouver en modifiant son périmètre. la Caisse des Dépôts a pour tradition d’acheter et de ne jamais vendre. M. Houri souligne que la rigidité et l’inertie rendent justement difficile de dégager des marges de manœuvre en cas de besoin. M. Houri considère que ces questions sont hautement stratégiques, la Caisse des Dépôts étant l’un des rares établissements en mesure de venir en soutien aux politiques publiques, qui sont actuellement mal en point à cause de la conjoncture. Pour réaliser des acquisitions nouvelles qui soient utiles à la société française, la Caisse des Dépôts doit d’abord avoir une vision claire de ses possibilités d’action. M. Houri souligne que sa remarque ne porte pas sur les participations stratégiques, ajoutant que la Caisse des Dépôts n’a évidemment pas vocation à choisir ses investissements en fonction des gains de court terme qu’elle pourrait en retirer. M. Silvent signale que les 3 milliards d’euros d’investissement de l’Établissement public prévus sur cinq ans ont précisément pour ambition de permettre à la Section générale de prendre des participations dans les secteurs stratégiques et, par un effet d’entraînement, de dynamiser les investissements dans l’économie française. M. Emmanuelli objecte que la Caisse des Dépôts est au contraire un investisseur de moyen et de long termes, ce qui ne correspond en rien au profil d’un prédateur. M. Silvent insiste sur le caractère pénalisant des règles de distribution, qui conduisent notamment à reverser à l’État 85 % des plus-values. Par ailleurs, le modèle prudentiel possède une vraie logique sous-jacente. En effet, lorsque des plus-values sont constatées, les assiettes en risques diminuent, mais le capital économique également. Ce modèle prudentiel doit donc être considéré comme un instrument de surveillance et de pilotage du Groupe, et non pas comme un carcan. Il reste que les projections d’investissements qui ont été réalisées aboutissent à un niveau de solvabilité satisfaisant. M. Arthuis rappelle que les plus-values latentes, si elles étaient réalisées, seraient amputées de 85 %. Dès lors, il demande si leur valeur estimative doit être ramenée à 15 % seulement. En outre, même si la Caisse des Dépôts disposait de marges de manœuvre, la question est de savoir ce qu’elle en ferait. M. Houri juge indispensable d’examiner les possibilités qui sont offertes à la Caisse des Dépôts pour dégager une latitude d’action. M. Emmanuelli ajoute que la modification du périmètre des filiales pourrait également être étudiée, soulignant qu’il ne s’agit pas d’un tabou intouchable. M. Silvent le confirme, signalant que, pour la première fois, cette position a d’ailleurs été affirmée dans le plan stratégique du Groupe, même si sa mise en œuvre ne sera toutefois pas aisée. M. Emmanuelli estime qu’une telle évolution sera d’autant plus difficile que M. Silvent confirme que les ventes significatives ne se sont généralement faites sous la contrainte que depuis le début des années 2000. Mme Renaud-Basso précise que ces 3 milliards d’euros ne comptabilisent pas les investissements qui sont réalisés, par ailleurs, dans les filiales. M. Silvent confirme que la capacité d’investissement de l’ensemble du Groupe est évidemment beaucoup plus élevée que ces 3 milliards d’euros. Mme Renaud-Basso ajoute qu’elle partage également l’idée selon laquelle la rotation des participations devra faire l’objet d’une réflexion. M. Houri souligne que le capital économique est constitué des fonds propres classiques et d’une fraction des plus-values, et non pas de la totalité des plus-values latentes. Si ces plus-values étaient réalisées, la Caisse des Dépôts se trouverait pénalisée par les prélèvements de l’État, représentant pas moins de 85 % du bénéfice. Par conséquent, la Caisse des Dépôts se trouve confrontée à un dilemme puisque, d’un côté, elle 126 doit regagner en agilité en dégageant des plus-values et, de l’autre, la réalisation des plus-values est pénalisante. Mme Renaud-Basso précise que les participations génèrent également un résultat régulier. M. Arthuis note que la Caisse des Dépôts est, en quelque sorte, un actionnaire "prédateur ". M. Arthuis observe tout de même que la Caisse des Dépôts ne vend pas ses participations, car elle ne souhaite pas que l’État lui prélève 85 % de ses plusvalues. Ce mécanisme n’encourage pas la mobilité ni l’initiative. M. Emmanuelli maintient que la Caisse des Dépôts est l’opposé d’un prédateur. M. Arthuis considère malgré tout que ce mécanisme n’est pas stimulant. Mme Renaud-Basso tient à préciser que les plus-values ne sont pas gérées en fonction des prélèvements de l’État, mais sont réalisées selon les besoins de financement qui se présentent. M. Houri confirme que la Caisse des Dépôts dégage chaque année plusieurs centaines de millions d’euros de plusvalues. Plus largement, il signale que l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution a invité la Caisse des Dépôts à revoir son modèle prudentiel. M. Ophèle partage cette position, rappelant que le modèle actuel a été mis en place à la fin de l’année 2011. Il juge qu’il serait utile de le réviser tous les cinq ans. procès-verbaux M. Silvent indique que le modèle évolue déjà très régulièrement. Plusieurs ajustements et modifications ont d’ailleurs été présentés devant la Commission de surveillance, notamment la mise en transparence des filiales. M. Ophèle reconnaît que des aménagements et des améliorations ont été apportés, mais il note que la structure même du modèle n’a pas été modifiée. M. Houri précise que l’évolution du modèle peut aller dans le sens d’un durcissement ou d’un assouplissement selon la conjoncture. Si l’expérience devait, par exemple, montrer que le modèle adopté est trop rigide et qu’il ne correspond pas à la réalité, il faudrait naturellement le faire évoluer. M. Emmanuelli souhaite avoir des précisions sur les conditions du stress test. Mme Renaud-Basso indique qu’elle ne voit pas l’intérêt d’appliquer un stress test à la Caisse des Dépôts puisqu’elle n’est pas une banque. En revanche, une analyse en interne de l’impact des scénarios macroéconomiques retenus par la BCE pourrait effectivement être utile. M. Ophèle rappelle que Bpifrance et la SFIL vont se livrer à cet exercice. Les résultats d’une telle mise en conditions pourraient d’ailleurs conduire à revoir le modèle prudentiel. M. Ophèle reconnaît toutefois que les spécificités de la Caisse des Dépôts sont trop nombreuses pour lui voir appliquer un stress test identique à celui des banques. Dans le système bancaire, l’exercice sera mené, à la fois en interne dans les banques et, en externe, sous l’impulsion du superviseur, qui mettra l’accent sur les indicateurs qui lui semblent les plus pertinents. 7 – Rapport d’activité 2013 de la DDTR Mme Renaud-Basso donne la parole à M. Keïta pour la présentation du rapport. avis de la commission de surveillance rapport semestriel sur les risques et le contrôle interne (2e semestre 2013) A la lecture du rapport sur les risques du second semestre 2013, établi par la Direction des Risques et du Contrôle interne, la Commission de surveillance prend acte que la solvabilité de la Caisse des Dépôts est satisfaisante à la fin de l’exercice 2013, le niveau de fonds propres étant supérieur de 2,4 Md€ aux pertes maximales en cas de crise évaluées par le modèle prudentiel. La liquidité de l’Établissement public se maintient à un excellent niveau, la baisse attendue de l’immobilier ne s’étant pas encore matérialisée. Quant à la situation du Fonds d’Epargne, la collecte de dépôts n’a pas compensé la restitution des 30 Md€ aux banques. Sur le dernier trimestre 2013, la tendance est à la décollecte. Le risque de liquidité, principal risque du Fonds, est partiellement couvert par les mécanismes de protection mis en place, mais qui pourraient s’avérer néanmoins incomplets face à la dégradation du ratio de liquidité qui passerait, dans certaines hypothèses (maintien de la dynamique de prêts), sous le seuil des 20 % d’actifs mobilisables BCE, dès 2017. La qualité des crédits s’est améliorée. Les pertes sur prêts au logement social sont encore marginales, alors que les impayés supportés par les organismes augmentent sensiblement. En préambule, M. Keïta signale que, contrairement à la version de l’année dernière, qui faisait pas moins de 220 pages, la nouvelle mouture du rapport a été allégée et harmonisée puisqu’elle comporte deux fois moins de pages et qu’elle présente l’activité de manière plus cohérente, permettant ainsi de mieux appréhender la dynamique de la DDTR. 127 La Commission de surveillance prend note du fait que le programme d’émission de 20 Md€ de Bpifrance est une enveloppe pluriannuelle, utilisée à hauteur de 4 Md€ environ en 2014. Ce programme est géré en coordination avec le calendrier d’émissions de la Caisse des Dépôts. La Poste et CNP Assurances constituent deux points d’attention. La Poste est confrontée à des incertitudes de son activité courrier et son activité bancaire, portée par La Banque Postale, est désormais sous la supervision de la Banque Centrale Européenne. CNP Assurances doit faire face à un double enjeu constitué par la réorganisation des partenariats et la forte sensibilité de la compagnie d’assurances à l’évolution des taux d’intérêt. La Commission de surveillance est favorable à ce que la Caisse des Dépôts simule les stress tests prévus par la BCE, tout en rappelant que la Caisse des Dépôts n’est, ni un établissement de crédit, ni soumise à la supervision prudentielle des régulateurs bancaires. Enfin, la Commission de surveillance souhaite que soient évaluées les marges de manœuvre du Groupe au-delà de la mesure de la solvabilité. M. Keïta présente ensuite rapidement la Direction du développement territorial et du réseau en rappelant que son rôle est d’être une sorte d’interface entre la Caisse des Dépôts (l’Établissement public et ses filiales) et l’écosystème dans les territoires (élus et parties prenantes). La DDTR est composée d’environ 1 000 collaborateurs, répartis 9e séance - 30 avril 2014 pour un quart au siège et pour trois quarts sur les territoires, soit 20 % de l’effectif de l’Établissement public. Avec un réseau de 25 Directions régionales, dont 8 Directions interrégionales, la DDTR intervient pour compte propre (investissements d’intérêt général) et réalise des activités sous mandat (prêts sur Fonds d’épargne, PIA, FIPHFP…). Elle propose par ailleurs un service gratuit d’informations et de conseils à destination des élus par le biais de Mairie-conseils et de Localtis. L’activité pour compte propre est gérée selon trois priorités : le développement économique et la compétitivité des territoires, la solidarité et la cohésion sociale, et la transition écologique et énergétique. Les diagnostics territoriaux ont d’ailleurs montré que la totalité de l’actif de la DDTR et de ses éléments sous-jacents peut être classée dans ces trois domaines d’intervention. Quant à l’activité sous mandat, elle consiste à déployer les métiers de la Caisse des Dépôts dans les territoires : les prêts sur Fonds d’épargne, l’offre bancaire de DSB, les huit actions du PIA 1 et celles du PIA 2 à venir, et le portage de l’offre d’intervention du FIPHFP. L’année 2013 a été complexe pour la DDTR, dont l’activité est particulièrement sensible à la variation des politiques publiques. En effet, le changement du modèle d’intervention des politiques publiques qui est intervenu en 2013 a entraîné la suspension des partenariats public/privé, l’absence de signature de la convention "Agir pour l’emploi ", la création d’une fonction de développement économique dévolue à l’ANRU, ou encore l’évolution de la doctrine de déploiement du très haut débit. Dans le même temps, le périmètre d’intervention de la DDTR a également évolué, notamment avec le lancement d’une offre de prêt de 20 milliards d’euros, la mise en œuvre d’un nouveau plan stratégique de la Caisse des Dépôts, la définition de différentes feuilles de route, et les effets de la création de Bpifrance. Pour autant, la DDTR a atteint ses objectifs dans l’activité pour compte propre, réalisant environ 368 millions d’euros d’engagements, soit 294 millions d’euros d’investissements, et 73 millions d’euros de charges. L’autofinancement s’élève à 30 %, soit 72 % pour un objectif de 50 millions d’euros. Pour la troisième année consécutive, l’autofinancement est ainsi supérieur aux objectifs. Au niveau de l’organisation, l’année 2013 a été une période cruciale. En effet, en début d’année, un certain nombre de points de vigilance ont été mis en évidence : le manque de visibilité de l’offre, un déficit d’outils et de méthodes d’évaluation des besoins territoriaux, la nécessité de sécuriser les procédures d’engagement de fonds propres, l’adaptation du pilotage des activités sous mandat, et le renforcement de l’articulation avec les filiales. Au cours de l’année 2013, des progrès considérables ont été réalisés dans tous ces domaines. • Malgré quelques incompréhensions à l’origine du projet, l’intégration de la DDTR dans le modèle prudentiel a finalement été parachevée. Grâce à la création d’une Direction des finances, un contrôle financier des opérations pour compte propre a été instauré. Ce contrôle n’existait pas auparavant, alors que la DDTR gère un actif de 1,7 milliard d’euros et qu’elle investit 200 millions d’euros nets par an. • Avec la création du Comité d’orientation et d’évaluation, la DDTR dispose désormais d’un organe de contrôle des orientations stratégiques en amont. Les orientations ne sont donc plus une simple consolidation des opérations. • Un Comité de gestion du portefeuille a été mis en place, conjointement avec la Direction des finances de l’Établissement public, afin de rendre la gestion d’actifs transparente à tous. • Un dispositif d’appétence aux risques de la DDTR a été instauré, avec la Direction des risques et du contrôle interne, ce qui permet de classer les opérations dans des poches de risques dès le Comité d’engagement de façon à 128 bien mesurer leur portée. • La procédure d’élaboration d’un plan à moyen terme a été lancée, qui devrait être finalisé en octobre, permettant à la Direction des finances de l’Établissement public d’avoir le contrôle sur les perspectives d’engagements et de résultats. • Le Comité d’engagement examine désormais les investissements et subventions inférieurs à 100 000 euros. • Chaque Directeur régional a pour objectif d’améliorer la coopération avec les filiales. • Enfin, l’élaboration des diagnostics territoriaux a été généralisée. Au vu de ces éléments, M. Keïta considère que le rapport de cette année présente, pour la première fois, une vision fidèle des axes d’intervention et des comptes de la DDTR. M. Keïta poursuit en présentant quelques éléments saillants du rapport. La DDTR entretient des relations étroites avec les filiales, notamment à travers le séminaire annuel avec Egis, le comité stratégique avec la Scet, et les participations communes avec la SNI ou encore avec la Compagnie des Alpes. Un groupe de travail stratégique existe sur le sujet des mobilités durables avec Egis et Transdev. Au niveau opérationnel, les activités sous mandat restent très centrées sur le métier de prêteur, en particulier grâce aux nouveaux dispositifs liés à l’enveloppe des 20 milliards d’euros destinée à financer les projets structurants pour les collectivités locales, d’autant que l’année 2013 a également connu des records en matière de logement social. En outre, la restructuration de la filière bancaire s’est poursuivie dans le cadre de la réforme de la DGFiP, qui entraîne des modifications de positionnement dans le mode d’organisation de la DDTR. La DDTR a également continué à mener des opérations au titre du PIA, notamment à travers le Fonds pour la Société Numérique, mais aussi en matière d’économie de la connaissance, procès-verbaux en matière d’économie sociale et solidaire, en matière de formation avec la contribution à la construction de centres de formation, ou encore au titre du programme "Ville de Demain ". Par ailleurs, le rapport financier détaille le bilan de la DDTR, qui s’élève, en valeur brute, à 1,747 milliard d’euros. Il est composé de 856 participations, desquelles la DDTR retire un produit lui permettant de constituer un autofinancement. Le contenu de ce portefeuille est détaillé dans le rapport, avec les 10 premières participations en valeurs brutes, les 10 premiers revenus hors cessions, les 10 premières plusvalues, et les 10 premiers stocks de provisions. Ces éléments permettent d’évaluer l’importance des actions menées et les risques qui y sont attachés. Deux histogrammes, retraçant l’historique de l’investissement, montrent que c’est à partir du début des années 2000 que la DDTR a augmenté significativement le volume de ses investissements (au-delà de sa traditionnelle participation financière dans les SEM). L’investissement reste donc une activité assez récente, progressant de façon continue, même si le portefeuille a été amputé d’une partie de son actif qui a été logé dans CDC Infrastructure. Le rapport présente également un focus sur le portefeuille Economie mixte. Le fonctionnement du Comité national d’engagement est détaillé dans le rapport. Cette instance a, en 2013, organisé 30 réunions plénières, regroupant au total 900 participants, et a examiné 2 350 dossiers en comités d’engagement national et régionaux, pour un montant total de 368 millions d’euros. Le rapport présente enfin les actions menées et les réalisations de chacune des Directions régionales. M. Marc remercie M. Keïta pour la clarté de sa présentation, qui a permis de mettre en lumière les éléments marquants de l’activité. Ayant eu l’occasion de visiter le bel immeuble des quais de Seine, il rapporte que la configuration des locaux et les conditions de travail de la DDTR sont très satisfaisantes, avec des équipes entièrement mobilisées par la mission qui leur est confiée. La Direction du développement territorial et du réseau étant le point d’entrée de l’action de la Caisse des Dépôts sur les territoires, il faut être particulièrement attentif à son rôle stratégique majeur. Pour autant, la DDTR bénéficie de faibles moyens d’action puisque les interventions pour compte propre ne représentent que 360 à 370 millions d’euros par an, soit 294 millions d’euros en investissements et 73 millions d’euros en exploitation. Ces volumes peuvent sembler quelque peu marginaux par rapport aux dizaines de milliards d’euros de l’ensemble du champ d’activité, mais la DDTR joue malgré tout un rôle déterminant sur les territoires. M. Marc observe ensuite que la DDTR a aujourd’hui lancé sa révolution, comme l’illustre la nouvelle version du rapport d’activité, plus claire, plus pédagogique, et deux fois plus courte. Au cours d’une rencontre au siège, M. Keïta avait d’ailleurs expliqué que son ambition était de faire de la DDTR une "maison de verre ". Les nombreuses réorganisations qui ont été effectuées en 2013 montrent que les efforts ont été remarquables. Ils se sont d’ores et déjà traduits par la création de nouveaux organes de décision (Comité d’orientation et d’évaluation, Direction des finances), par un travail de mise en transparence du portefeuille de participations, et surtout, par l’entrée de la DDTR dans le prisme du modèle prudentiel du Groupe, impliquant des réflexions nouvelles en termes de risque et de provisionnement. M. Marc salue également la capacité dont a su faire preuve la DDTR pour adapter et faire évoluer ses missions, comme l’ont montré la fin des groupes PPP, la création de Bpifrance, l’accent mis sur le numérique, les prêts du Fonds d’épargne aux collectivités, ou encore la réalisation des diagnostics territoriaux, ces derniers étant particulièrement utiles aux élus locaux pour évaluer le champ d’activité et le niveau d’intervention sur leurs territoires. M. Marc souhaite malgré tout soulever quelques points d’interrogation et des pistes de travail pour les exercices à venir. 129 Tout d’abord, concernant les interventions pour compte propre et la mission d’investisseur, il serait intéressant de connaître la tendance des engagements en fonds propres de la DDTR au cours des dernières années, s’agissant de l’évolution du ciblage sectoriel, de la rentabilité et de la rotation du portefeuille. Ensuite, au vu des données présentées sur les 10 principales participations, la façon dont le risque de concentration est traité mériterait d’être exposée, en particulier au niveau de la concentration géographique puisqu’il semble que les participations se focalisent sur quelques zones privilégiées notamment l’Ile-deFrance. Il est peut-être souhaitable de mieux répartir les investissements sur le territoire, et notamment dans le secteur rural, qui semble relégué au second plan. Par ailleurs, il serait tout à fait utile de présenter à la Commission de surveillance un bilan analytique de l’ensemble des portefeuilles de la DDTR, comme cela a été fait pour les SEM. S’agissant des activités pour compte de tiers, il conviendrait de préciser quel a été l’impact de l’enveloppe des 20 milliards d’euros sur l’activité des Directions régionales et quelle structuration a été adoptée pour que cette enveloppe soit dépensée au plus vite en faveur de la relance de l’investissement. Enfin, en matière d’analyse financière et de risques, la présentation d’un compte de résultat spécifique pour la DDTR, comme le fait déjà la Direction des retraites, permettrait d’obtenir une vision plus précise de l’ensemble des paramètres financiers. De même, d’autres indicateurs additionnels seraient également utiles pour apprécier la situation d’ensemble, par exemple une analyse des performances financières, une évaluation de l’utilité socio-économique des missions d’intérêt général, une comparaison du couple rendement/ risques par activité, ou encore la répartition des fonds propres mobilisés. M. Picq tient lui aussi à saluer l’effort de présentation et de clarté qui a été 9e séance - 30 avril 2014 fourni pour la rédaction du rapport de la DDTR. Dans le prolongement des remarques de M. Marc, il souhaite lui aussi formuler quelques observations générales. Premièrement, même si les missions de la DDTR sont présentées de façon beaucoup plus claire cette année, les résultats, en revanche, ne bénéficient pas de la même clarté. Pour l’instant, il n’existe pas de compte de résultat et le bilan est seulement esquissé. Il faut espérer que la nouvelle Directrice financière de la DDTR produira, pour l’année prochaine, un vrai compte de résultat permettant d’évaluer précisément les charges et les revenus. Deuxièmement, la page 17 du rapport montre que 44,6 millions d’euros ont été investis dans l’immobilier d’entreprise. Il est possible de se demander pour quelle raison la DDTR s’est engagée dans ce type d’activité, de quelle manière ces investissements s’articulent avec ceux d’Icade et s’il s’agit là d’une stratégie durable. Troisièmement, les listes des 10 premières participations en valeurs brutes et des 10 premiers stocks de provisions montrent que 94,1 millions d’euros ont été investis dans "Paris Nord-Est ", ce qui a justifié une provision à hauteur de 51,5 millions d’euros. Cela signifie qu’un peu plus de la moitié de l’investissement a été provisionnée. Il serait utile d’en fournir les raisons. Quatrièmement, il serait intéressant de clarifier le partage des rôles entre les Directions des finances et les Secrétariats généraux de l’Établissement public et de la DDTR, pour éviter les doublons. M. Ophèle juge également qu’un compte de résultat semble indispensable pour bien mesurer les équilibres de l’activité. En outre, les actions pour compte de tiers étant nombreuses, il serait intéressant de présenter plus précisément la partie de ces actions qui sont facturées. M. Keïta confirme qu’il existe bien des conventions entre la DDTR et la Direction des Fonds d’épargne, ainsi que la DSB, le PIA et le FIPHFP pour les refacturations. M. Ophèle estime, par ailleurs, qu’il serait utile de clarifier les conditions de l’équilibre économique de la DDTR, notamment quant à la charge analytique de ses 1 000 collaborateurs. M. Keïta indique qu’elle représente 137 millions d’euros. M. Ophèle observe également que, sur la valeur brute comptable des participations de 1,75 milliard d’euros, la provision représente 350 millions d’euros, soit 20 %, ce qui équivaut à six années de revenus. De même, dans la catégorie du développement économique et de l’économie sociale, les 88 millions d’euros de valeur brute comptable ont été provisionnés à hauteur de 52 millions d’euros. Il serait intéressant d’avoir des précisions sur ces choix. M. Emmanuelli partage les différentes observations qui ont été formulées sur la nécessité d’établir un compte de résultat et d’expliquer les niveaux de provisions. La DDTR comptant un réseau de 1 000 collaborateurs, il est indispensable d’avoir une vision analytique d’ensemble de son activité, même si tout ne sera pas forcément facile à chiffrer. Mme Renaud-Basso rappelle que le projet de modernisation de l’Établissement public prévoit justement la mise en place d’un compte de résultat pour chaque Direction métier d’ici la rentrée prochaine. M. Keïta précise que la DDTR possède déjà un compte de résultat, mais qu’il est encore trop imprécis et comporte des données insuffisamment stables pour être présenté. C’est pour cette raison que la DDTR participe pleinement au projet sur la comptabilité analytique placé sous le pilotage conjoint de Mme Renaud-Basso, de M. Silvent et de Mme Mayenobe, dans le cadre du chantier de modernisation de l’Établissement public. M. Keïta indique toutefois que, compte tenu de la nature des opérations d’investissement de la DDTR et du nombre considérable 130 de ses participations (856 sociétés), la rentabilité de l’activité est, par nature, beaucoup plus faible que si elle était regroupée dans quelques sociétés de gestion. Il s’agit là d’une contrainte imposée par la nécessité de travailler au plus près des territoires. S’agissant de l’articulation entre les investissements de la DDTR et ceux des autres directions de l’Établissement public, M. Keïta indique que celleci dépend de la nature du projet, des perspectives de rentabilité, du niveau de risque, de l’impact des décisions publiques, ou encore de la durée de portage des opérations. Ainsi, la Direction des finances de l’Établissement public a plutôt vocation à investir dans un actif du centre-ville parisien ou lyonnais, où la rentabilité est très élevée, alors que la DDTR investira plutôt dans un centre commercial en zone ANRU. Très souvent, si la Direction générale estime qu’un projet d’intérêt général doit être soutenu, mais que l’investissement ne correspond pas à la doctrine de la Direction des finances, alors le projet est transféré à la DDTR, qui travaille sur des durées plus longues et avec une rentabilité plus faible et une liquidité moindre. Concernant la concentration du risque en Ile-de-France, M. Keïta explique que cette situation est liée à deux facteurs. D’une part, en dehors des zones rurales et des zones de politique de la ville, l’Ile-de-France se trouve très intensément dans le marché. De fait, cela limite les occasions d’intervention de la DDTR qui, compte tenu de sa doctrine d’intervention, doit se concentrer sur les zones où il existe des carences ou des défaillances de marché. D’autre part, les opérations à laquelle la DDTR est associée se caractérisent souvent par une grande complexité, des durées de portage très longues, et des risques opérationnels significatifs. Ce sont précisément ces conditions qui expliquent la réticence des investisseurs classiques à s’engager sur ce type de projets. Le tableau sur les 10 premières participations montre d’ailleurs clairement que les portages s’étalent sur 8, 10 ou 12 ans. Aucun investisseur traditionnel n’accepterait de procès-verbaux rester aussi longtemps sur une opération avec de tels niveaux de risques. M. Marc considère que ces explications ne répondent pas à sa question sur la concentration géographique. M. Keïta répond qu’une telle concentration n’existe pas. Il se trouve seulement que deux ou trois participations importantes en Ile-deFrance ont été largement provisionnées en raison de leur risque élevé. D’ailleurs, la zone où le taux d’investissement est souvent le plus fort est la région RhôneAlpes, suivie de la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur (PACA). En Ile-deFrance, le nombre d’opérations est faible, mais leur montant est élevé. Mme Ducombs évoque ensuite les provisions en signalant que le portefeuille de la DDTR est atypique et comporte un niveau de risque plus élevé, ce qui se reflète sur le niveau de provisionnement. La politique de provisionnement était jusqu’à présent très prudente à cause d’une méconnaissance des sousjacent et des actifs. La clarification des méthodes de valorisation permettra désormais de mieux connaître le portefeuille et d’appliquer une politique de provisionnement beaucoup plus adaptée et conforme à la réalité. Jusqu’ici, par exemple, lors d’un investissement immobilier, non seulement les fonds propres étaient calculés pour faire face aux premières années difficiles, mais des provisions étaient également passées dès que des pertes étaient constatées, même si elles avaient déjà été prévues dans la mise de fonds propres. Le travail qui est mené actuellement sur le portefeuille permettra de définir le niveau de provisions de façon beaucoup plus adéquate. M. Keïta signale, par exemple, que le niveau de provisions très élevé en matière d’économie sociale et solidaire s’explique notamment par le fait que les fonds de garantie sont intégralement provisionnés. Cette aberration sera progressivement corrigée. Mme Renaud-Basso précise que ces niveaux de provisionnement élevés s’expliquent certes en partie par des questions de méthode, mais qu’ils reflètent également le fait que l’activité de la DDTR, qui se situe au cœur des missions d’intérêt général de la Caisse des Dépôts, est globalement plus risquée et moins rentable que les investissements classiques. M. Keïta ajoute que, sur les 856 participations inscrites au portefeuille, un examen de plus de 700 d’entre elles a révélé que les fonds propres investis par la Caisse des Dépôts dans les territoires génèrent un important effet de levier, multiple de 16. Par ailleurs, la décomposition des investissements par grandes périodes a montré que l’investissement est une activité très récente à la DDTR, ce qui explique, en partie, la politique de provisionnement qui a été appliquée jusqu’à présent. En réponse à la question de M. Marc, M. Keïta indique ensuite que les 370 millions d’euros d’engagements de la DDTR correspondent en réalité à 200 millions d’euros contractualisés par an, ce qui s’explique par le fait que de nombreuses opérations ne sont pas toujours menées à leur terme, du fait de délais de contractualisation longs et qui n’aboutissent pas. Les décaissements annuels sont donc bien inférieurs aux 370 millions d’euros, ce qui est totalement intégré par DFIN et plutôt positif pour les fonds propres de la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli souhaite connaître l'analyse de la DDTR au sujet du PIA. En effet, il rapporte certains échos selon lesquels le dispositif présenterait des dysfonctionnements. M. Keïta confirme que le champ d’intervention de la Caisse des Dépôts n’est pas idéal dans la mesure où elle ne dispose pas d’un mandat plein, contrairement, par exemple, aux activités sous mandat de la DFE. En outre, la DDTR a été contrainte de réaliser une montée en charges extrêmement rapide en recrutant et en spécialisant des effectifs sur certains domaines dans un délai très court. L’articulation entre la mission PIA et la DDTR sera précisée dans le cadre 131 d’une convention de services entre les deux entités, actuellement en cours de rédaction, destinée à mieux aménager le dispositif. Dans cette optique, la DDTR a désigné une Directrice des investissements en charge du PIA, qui jouera un rôle pivot au sein du système. M. Keïta se déclare plutôt optimiste, tout en notant que la Caisse des Dépôts a vu partir des enveloppes de PIA significatives à l’ANRU et à Bpifrance, ce qui nécessite un réajustement des positions. A cet égard, on ne peut que regretter le fait qu’avec une nouvelle dotation de 250 M€ supplémentaire sous gestion ANRU, pour le développement économique des quartiers sensibles, on se trouve maintenant en présence de trois structures publiques (Caisse des Dépôts, EPARECA, ANRU) ayant le même objet. Il est à noter que pour permettre à l’ANRU d’exercer cette activité, le gouvernement exige que la Caisse des Dépôts continue de lui verser une subvention de fonctionnement. Mme Renaud-Basso ajoute que le rôle de la Caisse des Dépôts, par rapport à l’État, doit être clarifié dans la mesure où elle instruit un mandat avec des comités de décision extérieurs au Groupe. Ce mode de fonctionnement aboutit parfois à des situations quelque peu désagréables puisque la Caisse des Dépôts est jugée responsable des refus, alors qu’elle ne prend pas la décision finale. Pour autant, l’option qui consisterait à renoncer à ce que la Caisse des Dépôts soit un opérateur du PIA ne serait pas pertinente d’un point de vue stratégique puisqu’elle réduirait le champ d’intervention du Groupe et ses moyens de financement. M. Emmanuelli observe tout de même que le fonctionnement actuel n’est pas très encourageant. Mme Renaud-Basso précise que des efforts de simplification ont été engagés. M. Emmanuelli souligne que le dirigeant du CGI change tous les deux ans environ, ce qui entraîne un renouvellement de la doctrine à chaque prise de fonction. Il juge indispensable de signaler ces problèmes de 9e séance - 30 avril 2014 fonctionnement au Ministre de tutelle. M. Bavagnoli reconnaît que les informations qui circulent laissent penser que le fonctionnement n’est pas satisfaisant. M. Keïta souhaite répondre à la remarque de M. Picq au sujet de l’immobilier d’entreprise en signalant que les investissements de la DDTR concernent des locaux dans des zones prioritaires de la politique de la ville, qui ne font donc pas partie du périmètre d’intervention d’Icade. M. Goua demande si les plus-values ou les moins-values des SEM ont été évaluées. Mme Ducombs répond que les plusvalues potentielles sur les SEM sont conséquentes, comme le montre le recensement de la valeur historique des titres en page 61 du rapport. Sur une valeur brute des investissements de 348 millions d’euros, la valorisation en capitaux propres représente 865 millions d’euros. M. Keïta ajoute que les plus-values latentes fournies par les SEM s’élèvent ainsi à 500 millions d’euros environ. Par conséquent, grâce à son autofinancement et à ses réserves de plus-values latentes, la DDTR ne se trouve pas dans une situation totalement déséquilibrée. Il signale d’ailleurs que la DDTR a poussé sa volonté de transparence donnant accès à la Direction des finances du Groupe à l’outil de gestion de son portefeuille de participations, ce qui est tout à fait normal. M. Emmanuelli remercie M. Keïta pour sa présentation. 8 – Question d’actualité Avant de conclure la séance, M. Emmanuelli cède la parole à M. Silvent pour présenter les décisions du Comité des investissements au sujet d’Icade. M. Silvent rappelle que le portefeuille d’investissement d’Icade comporte une avis de la commission de surveillance rapport d'activité 2013 de la direction du développement territorial et du réseau (ddtr) Lors de sa séance du 30 avril 2014, la Commission de surveillance a souligné : • la capacité d’adaptation de la DDTR dans un contexte conjoncturel et législatif en pleine mouvance et l’utilité des interventions en fonds propres sur les territoires à fort effet de levier, • l'amélioration de la présentation à la Commission de surveillance qui lui permet de mieux appréhender, à la fois l’activité et les résultats financiers de cette Direction. La Commission de surveillance souhaite que la présentation retenue sur le secteur de l’économie mixte soit adoptée sur les autres segments d’activité. Elle note qu’un véritable compte de résultat et plan à moyen terme sera intégré lors de la prochaine présentation et que activité partagée avec d’autres investisseurs – Icade Santé –, qui est spécialisée dans l’achat de locaux de cliniques. Icade a soumis au Comité d’engagement du Groupe et au Comité des investissements de la Commission de surveillance le dépôt d’une offre ferme en vue de l’acquisition des murs de sept cliniques, pour un montant total de près de 300 millions d’euros. Le Comité d’engagement et le Comité des investissements ont considéré qu’il s’agissait d’un projet de bonne qualité et digne d’intérêt d’un point de vue financier, puisque le rendement attendu est d’environ 6,5 % alors qu’Icade s’endette actuellement à 2,5 ou 3 %. Sur le plan stratégique, des discussions se poursuivent sur le devenir de l’activité d’Icade Santé au sein d’Icade. Toutefois, même si une dilution ou une cession étaient ultérieurement décidées, 132 le travail d’intégration dans le modèle prudentiel permettra, notamment, d’affiner la politique de provisionnement. La Commission de surveillance s’interroge, une fois, de plus sur le fonctionnement du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) et regrette que les difficultés et complexités ne soient pas plus identifiées. Elle souhaite qu’une nouvelle alerte à ce sujet soit diligentée auprès du Ministre en charge du PIA, faisant état notamment de la multiplication des opérateurs sur certaines actions (Ville durable). En interne, la Commission de surveillance prend acte qu’une convention de service avec la mission PIA est en cours de réalisation. l’acquisition de ce portefeuille présente un intérêt pour valoriser l’entité et diversifier son risque. Le Comité d’engagement et le Comité des investissements ont donc unanimement choisi d’autoriser Icade à déposer une offre ferme dans les jours à venir. M. Emmanuelli précise que le relevé de conclusions du Comité des investissements sera transmis aux membres de la Commission de surveillance. La séance est levée à 19 heures 35. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli procès-verbaux 10 e séance-14mai2014 * Le mercredi 14 mai 2014, à 17 heures 05, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Bavagnoli, Beffa, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance assistée de M. Carrère, Secrétaire général adjoint de la Commission de surveillance Était excusé : M. Arthuis. Assistaient également à la réunion : Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe assurant la fonction de Directeur général par intérim ; Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général, assistée de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Coutarel ; M. Silvent, Directeur du pôle finances, stratégie et participations (point 2) ; Mme Gautier, Directrice des risques et du contrôle interne du Groupe (point 2) ; M. Mareuse, Directeur des finances (point 2) ; Mme Grave, Directrice des retraites et de la solidarité (point 3) ; Mme Baïetto-Beysson, Inspectrice générale de l’administration du développement durable (point 4) ; M. Hanotaux, Inspecteur général des Finances (point 4). M. Emmanuelli annonce la démission de M. Malvy de la Commission de surveillance, liée à ses fréquentes difficultés pour assister aux séances. La personne qui le remplacera sera désignée par le président du Sénat. 2 – Rapport annuel 2013 de l’ACPR à la Commission de surveillance de la Caisse des Dépôts et présentation du programme de travail 2014 de l’ACPR M. Picq rappelle que le compte chèques propre à la Caisse des Dépôts est désormais tenu par le caissier général, selon le souhait émis par M. Lavondès en 2013. M. Carrère indique que l’ACPR a remis le 18 avril 2014 son projet de rapport annuel, qui a fait l’objet, le 30 avril, d’un examen par le Comité d’Examen des Comptes et des Risques (CECR), dont les principales conclusions et recommandations seront présentées à la Commission de surveillance par M. Houri. Ce rapport comporte deux parties : d’une part, un bilan des contrôles exercés en 2013 par l’ACPR sur le périmètre de la Caisse des Dépôts et, en particulier, l’analyse de la solvabilité, de la liquidité et du dispositif de contrôle interne et de contrôle des risques, d’autre part, la proposition de programme de contrôle pour l’exercice 2014. M. Picq évoque, par ailleurs, la migration de l’activité monétique, autrefois traitée par BPCE, vers les systèmes d’information des Banques populaires. Le nouveau compte ouvert chez Natixis a été fermé début 2014. M. Carrère précise que le rapport annuel de l’ACPR ne comporte aucun élément nouveau à porter à la connaissance de la Commission de surveillance : l’ensemble des points évoqués a déjà été analysé au sein de cette instance, notamment M. Emmanuelli souhaite la bienvenue à M. Beffa, qui remplace M. Borotra, estimant que le point de vue d’un industriel confirmé sera utile au sein de cette instance. 1 – Compte rendu de la vérification de la caisse générale du mois d’avril 2014 133 à travers la lecture des trois lettres de suite reçues l’année dernière – portant respectivement sur le pilotage consolidé du risque opérationnel, les risques financiers et les déclarations réglementaires relatives au ratio de solvabilité – qui ont déjà fait l’objet d’une délibération au mois de décembre 2013. Les principaux risques auxquels est confrontée la Caisse des Dépôts concernent les plans d’affaires des filiales et participations, ainsi que la rigidification de son bilan liée, notamment, au prêt à la SFIL. Sur ce dernier point, l’ACPR n’a formulé aucune observation quant à la qualité du risque de crédit porté par l’Établissement, à hauteur de 12,5 milliards d’euros. Bien que la solvabilité se maintienne à un niveau satisfaisant au regard du modèle prudentiel et du ratio de solvabilité réglementaire, l’ACPR considère que les marges de manœuvre de la Caisse des Dépôts apparaissent potentiellement fragiles, notamment à l’aune des difficultés rencontrées par certaines de ses filiales ou participations 10e séance - 14 mai 2014 et de sa forte sensibilité à la volatilité des marchés, notamment en actions. L’ACPR insiste sur l’importance de pérenniser le rétablissement de la solvabilité du Fonds d’épargne constaté en 2013, mais n'a émis aucune proposition de recommandation visant à préserver ou renforcer le niveau de solvabilité de l’une ou l’autre des sections. L'ACPR informe la Commission de surveillance qu’elle a terminé sa mission relative à la liquidité de la Section générale et du Fonds d'épargne. Nonobstant la problématique de rigidification du bilan et de recours plus marqué à l'endettement – notamment lié au refinancement accordé au mois de janvier 2013 à la SFIL –, l'ACPR considère que la liquidité du Groupe se situe à un niveau satisfaisant, mais que les dispositifs de pilotage du risque mériteraient d'être mieux encadrés et stabilisés. L'ACPR a également pris acte des progrès réalisés depuis deux ans par la Direction des risques et du contrôle interne et les directions financières, qui ont permis d'améliorer sensiblement le dispositif de contrôle interne et le reporting à la Commission de surveillance. contrôler l’application des obligations relatives à la lutte contre ces formes de criminalité, obligations auxquelles la Caisse des Dépôts est soumise de plein droit. Il a été convenu, avec le nouveau secrétaire général de l'ACPR, que l'examen des conditions de défraiement de l'Autorité au titre de ses missions de contrôle sur la Caisse des Dépôts serait rapidement relancé. Pour 2014, dernière année de la convention triennale entre l'ACPR et la Caisse des Dépôts, le défraiement, estimé dans un premier temps à 4 millions d'euros, tiendra notamment compte de la rémunération de 2,9 millions d’euros déjà versée par Bpifrance. Enfin, l'observation de l'ACPR sur la prise en considération par la Caisse des Dépôts des modifications réglementaires intervenues depuis 2010 devra être traitée dans le cadre du projet du nouveau décret, dès lors que la base juridique en sera totalement stabilisée. Concernant le programme de travail proposé pour 2014, outre son programme de contrôle permanent assis sur des entretiens avec les services de la Caisse des Dépôts, l'ACPR prévoit la réalisation de trois missions concernant : A propos de la SFIL, M. Emmanuelli observe que l’ACPR ne semble pas avoir intégré que les actions de préférence souscrites ne présentent théoriquement aucun risque pour la Caisse des Dépôts qui ne peut, en aucun cas, être appelée en capitalisation. La nouvelle législation, qui, après avoir fait l’objet d’un avis positif du Conseil d’État et d’un vote favorable du Sénat, devrait être approuvée par l’Assemblée, constitue également un signe rassurant quant au risque de la SFIL. • la revue de la méthode VaR Monte Carlo pour mesurer le risque financier sur les portefeuilles de la Section générale : la mission confiée à l'ACPR vise à rendre un avis à la Commission de surveillance sur le déploiement de la VaR Monte Carlo en substitution à la méthode actuelle de VaR paramétrique, déjà évoquée en 2011 au sein de cette instance. • la revue du système de notation interne du Fonds d'épargne, en complément de la mission réalisée en 2012 par l'ACPR sur le risque de crédit. • la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme : l’ACPR doit Mme Gautier indique que les risques évoqués dans le rapport de l'ACPR sont connus de l'Établissement et font, d'ores et déjà, l'objet d'un travail de la part des directions financières. Mme Gautier note positivement que l’ACPR s’est référée pour la solvabilité de la Section générale au modèle prudentiel et que cette dernière a relevé les progrès accomplis, par sa Direction, en matière de risques financiers et de pilotage des filiales. La DRCI a bien pris note des axes d'amélioration attendus par l'ACPR sur les risques opérationnels et demeure dans l’attente de la lettre de suite de la mission liquidité et du retour sur le défraiement. 134 M. Houri indique que l’analyse du CECR correspond à celle de l’ACPR : la Caisse des Dépôts présente un bilan relativement rigide, au sein duquel les filiales et participations constituent le risque principal, immobilisant une quantité considérable – et suffisante – de fonds propres, s’agissant notamment de la BPI et de La Poste. Malgré la croissance des emprunts et la diminution du résultat récurrent, la solvabilité et la liquidité se maintiennent à des niveaux tout à fait corrects. Il convient, cependant, de surveiller les fluctuations des marchés d’actions, dont dépendent en partie les fonds propres de l’Établissement et l’évolution des filiales, notamment en termes de besoins de capitaux. Le CECR constate, en outre, la stagnation des fonds propres sociaux, vraisemblablement due au prélèvement de l’État. Quant au Fonds d’épargne, le CECR souligne la nécessité de rétablir sa solvabilité, et observe que le risque lié aux prêts semble tout à fait maîtrisé. Les conclusions du CECR sont les suivantes : le CECR attendra d’examiner les lettres de suite et les propositions de l'ACPR relatives aux risques de liquidités avant de formuler ses recommandations à la Commission de surveillance. Il propose que le traitement du risque global de taux par la méthode des gaps soit confronté aux résultats de la méthode de valorisation économique du bilan. Il invite la Commission de surveillance à émettre un avis favorable au programme de travail proposé par l'ACPR pour 2014. Mme Renaud-Basso propose d’évoquer, dès à présent, le projet de transposition d’ordonnance, prévu dans les questions diverses. M. Ophèle juge, en effet, important d’aborder la question de l’actualisation du référentiel réglementaire de la Caisse des Dépôts, qui n’a pas évolué depuis 2010 et qui doit aujourd’hui être adapté aux évolutions du contexte. Mme Renaud-Basso indique qu’un accord a été trouvé avec le Trésor sur une approche équilibrée, similaire à celle de 2010 : les dispositions procès-verbaux applicables à la Caisse des Dépôts seront déterminées après avis de la Commission de surveillance, en prenant en compte le modèle prudentiel existant. Mme Renaud-Basso souligne l’importance du travail que demandera l’étude de chacune des dispositions. M. Emmanuelli dénonce la tentation récurrente d’appliquer Bâle III à la Caisse des Dépôts qui n’est pas un établissement de crédit. M. Ophèle souligne que l’éligibilité de la Caisse des Dépôts au refinancement par l’Eurosystème constitue un élément important du modèle prudentiel : s’il ne s’avère pas décisif dans le montant des financements, cet accès au refinancement revêt une certaine importance du point de vue conceptuel. Bien que la Caisse des Dépôts ne soit pas un établissement de crédit classique, auquel s’appliquerait automatiquement Bâle III, mais un investisseur de long terme présentant un certain nombre de particularités, parmi lesquelles les dépôts obligatoires des notaires qui lui confèrent une certaine stabilité, M. Ophèle estime que le corpus prudentiel de l’Établissement doit se rapprocher de celui des établissements de crédit. Ce rapprochement doit être documenté et vérifié par un tiers, comme c’est le cas pour certains organismes équivalents en Europe, tels que la Cassa Depositi italienne. S’il paraît légitime que l’État exerce un certain regard sur le Fonds d’épargne, auquel il apporte sa garantie, M. Emmanuelli déplore que la Caisse des Dépôts soit considérée par beaucoup comme une participation de l’État, y compris au sein des administrations ou des ministères. M. Houri souligne que la quote-part des capitaux propres de la Caisse des Dépôts figure dans les comptes de l’État en tant qu’immobilisation financière. L’État exerce un contrôle sur l’Établissement, avec certaines restrictions, parmi lesquelles le contrôle de la Commission de surveillance. M. Emmanuelli observe que certaines sociétés d’économie mixte, disposant elles aussi du statut d’entités publiques, bénéficient d’un traitement différent. M. Ophèle souligne que l’assimilation à l’État exerce une influence plutôt positive sur la perception du risque de la Caisse des Dépôts par les marchés et les agences de notation. Les titres émis par l’Établissement bénéficient, en outre, d’une clause dérogatoire permettant de les pondérer à 0 % lorsqu’ils sont détenus par des établissements de crédit, car ils sont considérés comme risques d’État. La Commission de surveillance ayant vocation à pointer les risques pour les fonds propres de l’Établissement, M. Marc estime qu’elle doit attirer l’attention, de façon plus marquée que le rapport de l’ACPR, sur la rigidification du bilan consécutive au versement à la SFIL. Bien qu’il espère que la SFIL soit en mesure à l’avenir de déployer son activité comme prévu, M. Marc a pu constater, notamment lors des débats de la veille au Sénat, que la situation était encore loin d’être stabilisée. M. Beffa demande à M. Houri l’avis du CECR concernant le niveau des fonds propres du Groupe. M. Houri indique qu’à l’heure actuelle, le niveau de capital économique de la Caisse des Dépôts – constitués des fonds propres sociaux auxquels s’ajoute une fraction des plus ou moins-values latentes – s’avère supérieur au besoin de fonds propres, très proche de l’objectif cible, et bien au-dessus du seuil de surveillance. Une série de mesures est prévue pour le cas où ces fonds propres atteindraient ou descendraient sous ce seuil. La seule inquiétude du CECR porte sur la volatilité des plus ou moinsvalues latentes, ce qui rend le niveau économique dépendant de l’évolution des marchés, sachant que la Caisse des Dépôts ne dispose pas d’actionnaire susceptible d’augmenter son capital en cas de besoin. M. Mareuse observe que les fonds propres sociaux de la Caisse des Dépôts s’élèvent à 19 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 7 milliards d’euros de plusvalues latentes prises en compte dans le 135 modèle prudentiel, tandis que le besoin de fonds propres évalué par le modèle prudentiel se situe à 24,5 milliards d’euros : si les plus-values latentes permettent d’atteindre 107 % de la cible, les seuls fonds propres sociaux s’avèrent donc insuffisants pour couvrir ce besoin. Ces fonds propres sociaux, constitués par la fraction des résultats non versée à l’État, connaissent, en outre, une croissance aujourd’hui très limitée, de l’ordre de 1 % par an. M. Beffa demande si la Caisse des Dépôts dispose d’une certaine flexibilité pour conduire d’éventuelles opérations d’investissement dans des filiales ou d’augmentation de capital et, dans le cas contraire, si cette question fait l’objet de discussions avec l’État, par exemple dans le cadre d’un plan triennal définissant les relations entre les deux entités et permettant d’améliorer les marges de manœuvre de l’Établissement. M. Houri indique que cette question des marges de manœuvre fait l’objet d’un débat permanent entre l’État et la Caisse des Dépôts. Suivant une approche classique, le niveau de fonds propres supérieur aux besoins semble donner à l’Établissement une certaine flexibilité. Le modèle prudentiel actuel invitant à considérer l’excédent de fonds propres comme un coussin de sécurité, il convient toutefois de s’interroger sur la réalité des marges de manœuvre dont dispose la Caisse des Dépôts. M. Goua souligne que les plus-values réalisées ne permettent pas de dégager de marge de manœuvre supplémentaire, puisque l’État en prélève 85 %. Mme Renaud-Basso convient que les marges de manœuvre du Groupe sont aujourd’hui limitées et moins importantes qu’elles ont pu l’être par le passé. Alors que la Caisse des Dépôts ne dispose que d’une latitude limitée pour procéder à des cessions de participations de son portefeuille, notamment du fait de sa présence au capital de BPI ou de La Poste, la reconstitution des fonds propres, par accumulation de résultat, fait l’objet d’un débat assez vif entre l’État et l’Établissement. 10e séance - 14 mai 2014 M. Silvent souligne que l’écart présenté entre fonds propres et besoins en fonds propres correspond à une vision statique. D’après la trajectoire financière pluriannuelle validée il y a quelques mois par la Commission de surveillance, la Caisse des Dépôts serait en mesure de réaliser 3 milliards d’euros d’investissements additionnels dans des participations, tout en conservant un niveau de solvabilité satisfaisant. Cette capacité d’investissement est, cependant, de plus en plus dépendante de l’évolution des marchés d’actions, dans la mesure où la part des fonds propres sociaux dans le capital économique tend à diminuer au profit des plus-values latentes : une simple stagnation du CAC 40 dans les cinq mois à venir contribuerait ainsi à annihiler la marge de manœuvre "statique" de 2,5 milliards d’euros figurant dans les prévisions. M. Beffa demande si les 3 milliards d’euros d’investissements évoqués par M. Silvent ont fait l’objet d’un accord, au moins de principe, de la part de l’État, dans la mesure où la capacité de la Caisse des Dépôts à les réaliser dépend, en partie, du prélèvement qu’elle devra lui verser. M. Emmanuelli indique que l’État n’a pas à donner son accord sur les projets d’investissement de la Caisse des Dépôts. Il ajoute que cette prévision de 3 milliards d’euros d’investissement sur cinq ans lui paraît trop prudente. M. Emmanuelli estime, par ailleurs, que même si en l’état actuel des choses, ses marges de manœuvre semblent limitées, l’Établissement serait tout à fait en mesure, le cas échéant, de trouver les fonds nécessaires à une opération d’investissement en procédant à des cessions. M. Silvent précise que, pour ce faire, il ne faut pas que le produit de ces cessions soit capté aux trois-quarts par l’État. M. Mareuse indique que le portefeuille de participations de la Caisse des Dépôts s’élève à 22 milliards d’euros et le portefeuille de placements boursiers et actions à 11 milliards d'euros. avis de la commission de surveillance rapport annuel 2013 et programme de travail 2014 de l'acpr Conformément aux dispositions de l’article R518-30-2 du Code monétaire et financier, l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) rend compte, au moins une fois par an, des travaux qu'elle a réalisés dans le cadre des missions de contrôle qui lui sont confiées par la Commission de surveillance. Le rapport de l’ACPR a été préalablement examiné par le Comité spécialisé de la Commission de surveillance du 30 avril 2014. La Commission de surveillance partage l’analyse de l’ACPR quant aux principaux risques auxquels est confrontée la Caisse des Dépôts comme les risques sur les plans d’affaires des filiales et participations, ou la rigidification du bilan du fait, notamment, du prêt accordé à la SFIL en janvier 2013. A cet égard, la Commission de surveillance prend acte que, pour l’ACPR, la qualité du crédit SFIL ne constitue pas un point d’attention particulier. Concernant la solvabilité de la Caisse des Dépôts, même si celle-ci est à un niveau satisfaisant au regard du modèle prudentiel et du ratio de solvabilité règlementaire, l’ACPR considère que les marges de manœuvre de la Caisse des Dépôts apparaissent potentiellement fragiles, notamment à l’aune des difficultés rencontrées par certaines de ses filiales ou participations et de sa forte sensibilité à la volatilité des marchés actions. Quant au Fonds d’Epargne, l’ACPR fait également observer qu’il est important de pérenniser le niveau de la solvabilité constaté en 2013. 136 La Commission de surveillance attend les lettres de suite de l’ACPR puis les recommandations du Comité spécialisé, relatives au traitement du risque de liquidité des deux sections de la Caisse des Dépôts. La Commission de surveillance retient la proposition de l’ACPR visant à confronter les résultats des différentes méthodes d’approche du risque global de taux du Fonds d’Epargne. Cette comparaison permettra de confirmer, au vu des premières simulations déjà réalisées lors de l’élaboration du modèle prudentiel, qu’il existe des méthodes de traitement des risques plus exigeantes en fonds propres que celles retenues pour le traitement du risque global de taux du Fonds d’Epargne. Le résultat de cet exercice sera présenté d’ici la fin de l’année 2014. La Commission de surveillance émet un avis favorable au programme de travail proposé par l’ACPR pour 2014. Néanmoins, la Commission de surveillance restera vigilante au respect du principe de subsidiarité entre les missions confiées à l’ACPR et à la Direction de l’Audit interne de la Caisse des Dépôts. Enfin, la Commission de surveillance maintient sa volonté de voir réexaminées les conditions de défraiement. A ce titre, elle prend note, pour 2014, que le défraiement sera diminué de la contribution de Bpifrance à due concurrence du taux de détention dans cette filiale. procès-verbaux Il souligne que la question des marges de manœuvre dépend également de la nature des emplois et de la répartition des investissements additionnels entre actions et obligations, qui ne génèrent pas les mêmes besoins de fonds propres. M. Picq précise que le plafond d’émission, fixé chaque année par la Commission de surveillance, s’élève actuellement à 18 milliards d’euros, dont l’essentiel sert à soutenir la SFIL. Les agences de notation étant assez sensibles au ratio entre fonds propres et endettement, la décision stratégique d’accroître ce plafond pourrait les amener à revoir leur appréciation du risque de la Caisse des Dépôts. La question ne se pose toutefois pas pour l’instant, et il n’est pas certain qu’une augmentation du niveau d’endettement aurait automatiquement des conséquences négatives. M. Picq ajoute que les marges de manœuvre dépendent également des résultats des filiales et de la capacité de la Caisse des Dépôts à faire tourner son portefeuille de participations, diminuée par certaines participations lourdes évoquées par Mme Renaud-Basso. M. Houri confirme que CNP Assurances, La Poste, BPI ou encore Transdev peuvent difficilement faire l’objet de cessions. M. Emmanuelli estime que la réticence à vendre fait partie des caractéristiques de l’Établissement. M. Houri souligne la forte exigence du modèle prudentiel de la Caisse des Dépôts en matière de fonds propres : les participations stratégiques mobilisent à elles seules les deux tiers des fonds propres, et 80 % si l’on y ajoute les actions. 3 – Bilan2013etperspectives 2014 de la Direction des Retraites et de la Solidarité (DRS) Mme Grave indique que sa présentation du rapport d’activité 2013 de la Direction des retraites et de la solidarité s’appuiera principalement sur la note de synthèse remise aux membres de la Commission de surveillance. L’activité de la Direction des retraites et de la solidarité s’inscrit dans un contexte principalement marqué par la réforme des retraites votée par le Parlement fin 2013. Outre les mesures visant à assurer la pérennité financière des régimes de retraite, cette loi introduit des dispositions très importantes en termes de simplification des relations des affiliés avec leurs régimes de retraite, puisqu’elle prévoit, à terme, la création d’un compte et d’une demande de retraite uniques en ligne. Pour mettre en œuvre ces dispositions, il est prévu de créer une Union des Institutions et Services de Retraite, qui aura pour objet de piloter les projets de simplification, et à laquelle participera la Caisse des Dépôts. Mme Grave souligne que la Caisse des Dépôts ne participait pas jusqu’ici à la gouvernance du GIP Info-retraite, auquel cette Union viendra se substituer. Après les 10 années de mise en œuvre du droit à l’information, il s’agit à présent d’entrer dans une décennie de simplification, dans laquelle la Caisse des Dépôts aura un rôle important à jouer. Cette réforme porte aussi des objectifs d’optimisation des coûts de gestion, de l’ordre de 200 millions d’euros à l’horizon 2017. Mme Grave indique, en outre, que la Direction des retraites et de la solidarité a participé aux travaux de la commission Moreau, préalables à cette réforme. L’activité de la Direction des retraites et de la solidarité, en 2013, a été marquée par des avancées significatives dans la mise en œuvre du plan stratégique Oser 2014, parmi lesquelles : • la refonte de ses services en ligne et la définition d’un programme de communication numérique : mise en place de webconférences pour les employeurs, intégration d’un agent virtuel intelligent sur les sites, développement d’un prototype d’application sur tablette intitulée "Mon assistant retraite "; • le renforcement de son positionnement dans la sphère sociale, à la fois à travers une publication régulière intitulée 137 "Questions retraite et solidarité" et à travers la contribution aux travaux du Conseil d’orientation des retraites ; • la concrétisation de sa stratégie de développement, dans deux champs principaux : le premier est celui des régimes spéciaux, dans lequel la DRS a développé de nouvelles offres de services en s’appuyant sur l’expertise qu’elle avait pu acquérir dans la gestion de la retraite des Mines. Le second concerne des activités hors retraite, conciliant notamment le traitement de masse de prestations et un traitement individualisé, pour lesquelles la DRS peut s’appuyer sur les savoir-faire acquis dans le domaine des retraites. Cette stratégie de développement s’est concrétisée par l’obtention d’un nouveau mandat avec le Compte personnel de formation, pour lequel l’offre de services de la Caisse des Dépôts a été retenue ; • l’optimisation de son fonctionnement, à travers la constitution de filières métiers, et le lancement d’une étude d’organisation visant à réfléchir au rapprochement des établissements de Paris et d’Angers – le premier voyant son activité décroître, tandis que celle du second augmente –, dans une optique d’optimisation des coûts ; • la mise en place d’une démarche d’innovation participative, qui a permis aux collaborateurs de la DRS de faire remonter plus de 80 idées au cours de l’année 2013 ; • la reconnaissance de l’expertise ISR de la DRS, récompensée par l’obtention d’un prix européen aux IPE Awards pour la gestion financière de l’Ircantec ; • le travail sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences au sein de la direction, qui compte un peu plus de 2000 collaborateurs, et qui devra faire face à un grand nombre de départs à la retraite dans les années à venir. L’activité opérationnelle de la DRS a été marquée par une forte croissance du nombre de liquidations de retraites, consécutive à l’entrée en application, en novembre 2012, du décret carrières longues : les liquidations pour la CNRACL et le RAFP ont ainsi augmenté respectivement de 24,7 % et de 27,4 %, et les dépenses d’intervention sur le FIPHFP, de 27 %. 10e séance - 14 mai 2014 Afin de pouvoir procéder à des traitements de masse, la DRS se doit de disposer de systèmes d’information performants. A cet égard, l’année 2013 a vu l’aboutissement de plusieurs chantiers informatiques majeurs, livrés à la fois dans le respect des délais et des budgets initialement prévus. En outre, malgré un contexte économique plutôt contrasté selon les zones géographiques, Mme Grave souligne que la performance des portefeuilles confiés en mandat à la DRS – représentant un encours supérieur à 9 milliards d’euros – ont été équivalents aux indices de référence. Le rendement moyen de l’Ircantec durant l’année 2013 s’est, par exemple, élevé à 7,17 %. Mme Grave rappelle que l’activité de la DRS est très encadrée par diverses conventions d’objectifs et de gestion (GOG). L’année 2013 a vu la signature de la nouvelle COG Ircantec et la renégociation de la COG FIPHFP, qui a donné lieu à un renforcement des moyens, notamment informatiques, afin de faire face à la croissance des flux de demandes, les dépenses d’intervention de ce fonds ayant augmenté de 80 % en deux ans. Les produits facturés en 2013 représentent 272,5 millions d’euros, en hausse de 1,9 % par rapport à l’année précédente. Rapportée au coût direct de l’activité, cette facturation globale donne lieu à une contribution au résultat de la Section générale de la Caisse des Dépôts à hauteur de 24,7 millions d’euros. L’activité 2013 se caractérise par un quasi équilibre entre produits facturés et charges imputées. L’année 2014 sera marquée par la mise en œuvre de la réforme des retraites, ainsi que par la participation de la Caisse des Dépôts à la future Union des Institutions et Services de Retraite qui pilotera les projets de simplification, projets très structurants pour le secteur de la retraite. La création d’un compte carrière unique impliquera, en particulier, un important travail d’interfaçage au niveau des systèmes d’information des différents régimes et pourra nécessiter de recourir à des opérateurs pivots. Enfin, le mandat du compte personnel de formation, inscrit dans la loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle, prévoit l’ouverture des comptes individuels de formation au 1er janvier 2015, ce qui ne laisse que neuf mois à la DRS pour développer, avec ICDC, les systèmes d’information nécessaires. Mme Grave précise que le coût du projet a, pour l’instant, été chiffré à 15 millions d’euros en investissements. L’obtention de ce mandat, qui concerne 25 millions de bénéficiaires et 1,6 million d’entreprises, constitue donc, à la fois, un motif de fierté et de vigilance. Ayant eu l’occasion de visiter le site d’Angers, M. Goua a été impressionné par la complexité du processus de traitement des dossiers de retraite et par la rapidité de réponse des agents, à travers la plateforme téléphonique, et grâce aux moyens de plus en plus dématérialisés. Au vu de la technicité et de la puissance informatique exigées par les activités de retraite, le savoir-faire acquis par la Caisse des Dépôts en la matière constitue une source importante de développement et devrait lui ouvrir des marchés extérieurs. M. Lavondès remercie M. Goua de souligner la qualité du service fourni par la Caisse des Dépôts, qu’il a lui-même pu constater lors d’une visite sur le site d’Angers il y a quelques années. M. Lavondès souligne que l’une des caractéristiques essentielles de la Direction des retraites et de la solidarité est le fait qu’elle agit sous la pression des tutelles et le regard exigeant des conseils d’administration des différents régimes de retraite qu’elle gère en qualité de mandataire. Cette pression constitue, à la fois, une source de difficultés et l'un des éléments de sa réussite. Il cite l’exemple de la convention avec la CNRACL, qui devait initialement être examinée par la Commission de surveillance le 5 mars dernier, et qui ne sera probablement pas signée avant la fin du printemps, en raison des diminutions de coûts et de personnel demandées par les tutelles, dont la situation financière s’avère difficile. 138 Il est peu douteux que cette pression, parfois excessive, ait contribué à l'amélioration des performances de la direction au cours des années. Cette amélioration de la performance est détaillée dans les pages 20 à 22 de la note remise à la Commission de surveillance, pour chacune des étapes de la gestion et pour les quatre principaux régimes gérés par la direction. De manière plus globale, la page 19 retrace, sur cinq ans, l'augmentation constante du nombre de cotisants, de pensionnés, de liquidations et d'appels téléphoniques traités. Pour apprécier la performance globale, il faut rapprocher ces chiffres de l'évolution des effectifs de la direction, en légère diminution, puisqu'ils sont passés de 2098 à 2039 entre l’année 2009 et l’année 2013. M. Lavondès indique que ces bons résultats s'expliquent par le fait que la Direction des retraites et de la solidarité maîtrise mieux que d’autres ses problèmes de personnel, et plus encore ses problèmes d’informatique. S'agissant de l'informatique (pages 12 et 24 de la note), la Direction des retraites et de la solidarité a su cadrer sa dépense à un niveau annuel constant d'une quarantaine de millions d'euros, contrairement à d'autres directions qui entreprennent des opérations imprévues, dont les coûts, raisonnables au départ, finissent par être largement dépassés. La DRS privilégie l'amélioration des systèmes existants et réalise, étape par étape, les systèmes nouveaux, en évitant les systèmes trop globaux et trop ambitieux. Cette sagesse, certes aiguillonnée par la pression des mandants, résulte aussi de la proximité et de la meilleure collaboration au sein de la direction des équipes de maîtrise d'ouvrage et de celles chargées de la maîtrise d'œuvre. En matière de personnel (pages 6 et 7 de la note), la direction entame actuellement une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences qui, sur la base d'une bonne connaissance de la situation existante, doit permettre de discerner les besoins nouveaux en termes d'effectifs et de procès-verbaux compétences, compte tenu de l'évolution des métiers, des demandes des régimes et des aspirations des bénéficiaires. Il s'agit d'une démarche ambitieuse et difficile, mais nécessaire, dans laquelle les autres directions, en lien avec la Direction des ressources humaines, devront aussi s'engager. Ainsi, grâce à ces progrès, la Direction des retraites et de la solidarité a acquis au fil des années une place de plus en plus visible et respectée au sein des institutions qui s'occupent des retraites ou qui en sont gestionnaires. Par son exemple, par son expertise, par ses études, elle a été impliquée dans la réforme des retraites de 2013. Désormais membre en titre de l'Union des Institutions et Services de Retraite nouvellement créée, elle devra aussi participer à l'effort de contraction globale des coûts de gestion prévue à hauteur de 200 millions d'euros, perspective rigoureuse, dans la mesure où la Direction des retraites a déjà beaucoup fait pour réduire ses propres coûts. Cette qualité des résultats de la DRS lui a même permis de sortir du domaine strict de la retraite, en présentant une offre de service qui a été retenue pour la gestion du compte personnel de formation, dont la mise en place est prévue en 2015. Elle bénéficiera, pour ce projet, de son expérience avec l’Ircantec, qui présente une certaine analogie, puisqu'il s'agit de gestion d’heures de formation dans un cas, et de gestion de points de retraite dans l'autre. Compte tenu de son expérience, la Caisse des Dépôts pourrait également prétendre à un autre mandat, à savoir la gestion des retraites des agents de l'État, dont on sait qu'elle s’avère à l’heure actuelle plus onéreuse que celle à laquelle parvient la Direction des retraites pour les agents des collectivités locales. M. Lavondès comprend mal pourquoi l'État ne saisit pas cette occasion d'économie, à la fois, en argent et en personnel. Peut-être les relations existant entre la Direction des retraites et de la solidarité et les services de retraite de l'État permettront-elles des avancées progressives vers une telle réforme. Pour terminer, M. Lavondès voudrait rappeler que la gestion des retraites par la Caisse des Dépôts ne représente, somme toute, qu'un service public parmi d'autres. En tant que tel, son devoir est de fonctionner au meilleur coût, mais également de fournir le meilleur service. Il faut veiller à ce que, dans les années qui viennent, la volonté d'améliorer la qualité reste aussi impérieuse que celle de limiter les coûts. Bien que la Direction des retraites et de la solidarité affiche des performances en constante amélioration malgré un effectif constant, voire en légère diminution, il est impossible de peser en permanence sur les coûts et les effectifs tout en maintenant un niveau de service optimal. La négociation avec la CNRACL constitue une bonne occasion de rappeler aux régimes que leur intérêt ne doit pas porter uniquement sur des questions pécuniaires, mais également sur la qualité. Concernant la négociation avec la CNRACL, Mme Renaud-Basso confirme les exigences très poussées de la Direction de la Sécurité Sociale en matière de réductions d’effectifs : la Caisse des Dépôts s’est déclarée prête à consentir des efforts, à condition qu’ils demeurent réalistes. Elle souligne également que, contrairement aux idées reçues, la Caisse des Dépôts s’avère beaucoup moins chère que d’autres mandataires de gestion de régimes de retraite, notamment grâce à ses efforts d’informatisation et d’amélioration de la productivité. Comme M. Lavondès, elle estime que la gestion des retraites est un domaine où la Caisse des Dépôts peut aider à la réforme des services publics, en faisant rémunérer ses services à leur juste valeur. M. Emmanuelli demande des détails sur le CICE mentionné dans les 24,7 millions d’euros de résultat de la DRS. Mme Grave indique que la DRS présente l’un des plus faibles taux d’encadrement de l’Établissement, puisqu’elle ne compte que 20 % de cadres. Le CICE dont elle a bénéficié s’élève à environ 1,9 million d’euros. 139 M. Emmanuelli demande si la gestion du compte personnel de formation est prévue à effectif constant ou si des embauches sont envisagées. Mme Grave n’est pas en mesure de donner un chiffre précis. Bien que les développements informatiques aient déjà commencé, la Direction des retraites et de la solidarité ne dispose pas encore de cahier des charges sur le service qu’elle devra apporter. L’offre de services remise à l’État prévoyait d’affecter à cette activité entre 20 et 40 ETP. Dans l’hypothèse basse, un simple redéploiement d’effectifs devrait permettre d’absorber le surcroît de travail, notamment grâce au rapprochement des établissements d’Angers et de Paris. En revanche, si le cahier des charges imposait le recours à une quarantaine d’ETP, des embauches pourraient être envisagées. L’objectif étant de mettre en place un dispositif le plus dématérialisé et le plus simple possible pour les utilisateurs, les ETP prévus concernent principalement le centre d’appels, pour répondre à d’éventuelles difficultés de connexion. M. Picq demande quels arguments pourraient inciter le gouvernement à envisager le transfert à la Caisse des Dépôts de la gestion des retraites des agents de l’État, et si la Commission de surveillance et son président peuvent jouer un rôle pour le convaincre. M. Picq s’enquiert également de l’existence d’autres marchés à conquérir en matière de retraites. Mme Grave indique que la Caisse des Dépôts est plus en compétition qu’en véritable concurrence avec les autres régimes existants, dans la mesure où la retraite ne constitue pas un marché en tant que tel. Néanmoins, les objectifs de simplification et de réduction des coûts offrent des perspectives intéressantes pour la Caisse des Dépôts, qui aura la possibilité de proposer des offres de services de développement et d’accompagnement informatique à des régimes spéciaux de taille plus modeste. Les questions de simplification et de regroupement des systèmes de gestion, souvent peu évoquées, 10e séance - 14 mai 2014 mais présentes dans la réforme en cours, joueront à l’avenir un rôle fortement structurant pour le système de retraite français, et ouvriront certainement des opportunités pour l’Établissement. Pour ce qui est des relations avec le Service des pensions de l’État, la Caisse des Dépôts a adopté une stratégie plutôt partenariale, visant notamment à échanger sur un certain nombre de sujets, à rapprocher nos positions dans les projets de place et à envisager des développements communs : la refonte récente du système de paiement de la DRS pourrait, par exemple, le cas échéant, servir de base à celle prévue au SRE. Quoi qu’il en soit, une éventuelle attribution de la gestion des pensions des agents de l’État à la Caisse des Dépôts relèverait d’une décision politique, sur laquelle la Commission de surveillance peut effectivement s’interroger. M. Beffa estime qu’une analyse comparative des coûts et des résultats entre les diverses entités de gestion des retraites constituerait un moyen objectif de faire évoluer les structures. M. Lavondès indique que des analyses de ce genre ont déjà été effectuées : il est aujourd’hui possible de dire combien coûte la liquidation d’une pension à la CNAV ou au Service des retraites de l’État, et sous quel délai elle s’effectue. Mme Grave sera certainement en mesure de présenter ces informations à la Commission de surveillance. Les activités des différents régimes étant relativement différentes, il convient cependant de se méfier de telles comparaisons. M. Beffa demande si des comparaisons ont été effectuées avec les régimes des personnels hospitaliers, qui doivent eux aussi traiter un volume conséquent de dossiers. Mme Renaud-Basso ne sait pas si de tels travaux ont été menés. Il ressort, en revanche, des comparaisons avec des régimes étrangers que le système français, du fait de la multiplicité des régimes, s’avère deux fois plus coûteux que la moyenne européenne. Mme Grave confirme que la DRS suit avec attention le comparatif des différents organismes de protection sociale réalisé par la Direction de la Sécurité sociale, qui lui permet de se comparer aux autres régimes de retraite. Cependant, comme l’a souligné M. Lavondès, au vu des différences entre les activités des différents régimes, il s’avère plus pertinent de prendre en compte un panel d’indicateurs plutôt qu’un seul. A titre d’exemple, le coût de la liquidation serait dans un rapport de 1 à 3 entre la CNRACL et le SRE ; quant aux charges de gestion, elles représentent 0,6 % de l’ensemble des prestations versées par la Caisse des Dépôts pour la CNRACL, contre 1 % en moyenne pour les régimes de base. Si l’Établissement doit participer au plan d’économies de 50 milliards d’euros prévu par le Gouvernement, il ne manque pas de faire valoir dans les négociations en cours que les efforts demandés, qu’il s’agisse d’ETP, de frais de gestion ou de productivité, doivent être modulés en fonction du point de départ de la performance de chaque organisme et des marges de progression dont il dispose. M. Emmanuelli demande si le Gouvernement pourrait envisager le transfert de la gestion des pensions des agents de l’État à la Caisse des Dépôts, ou si cette activité, qui concerne environ 800 personnes à Nantes, est considérée comme intouchable. Mme Renaud-Basso estime que l’accroissement de la pression budgétaire pourrait amener l’État à reconsidérer un certain nombre de réformes jugées jusqu’ici inenvisageables. M. Beffa déplore que l’État demande à chaque organisme de réduire ses coûts plutôt que d’entreprendre des réformes permettant d’améliorer les performances et les marges de manœuvre. Mme Grave indique que lors la reprise en gestion de la retraite des Mines, la Caisse des Dépôts a également intégré les personnels qui y travaillaient. M. Emmanuelli observe qu’il aurait difficilement pu en être autrement, puisqu’il est impossible de licencier des fonctionnaires. M. Lavondès estime, lui aussi, que la 140 reprise de la retraite des Mines constitue un précédent favorable pour la Caisse des Dépôts. Bien que ce régime soit aujourd’hui clos, puisqu’il compte encore des retraités, mais plus de cotisants, son transfert au sein de la DRS s’est effectué sans aucune difficulté. M. Lavondès estime que dans ce genre de réorganisation, les réticences les plus fortes ne s’expriment pas chez les agents de proximité, mais au sein de l’encadrement qui risque de bloquer les négociations. Mme Grave souligne qu’il était souvent reproché à la Caisse des Dépôts un certain manque de transparence. Comme elle s’y était engagée auprès des tutelles, la DRS a donc fait réaliser un audit de son modèle de coûts par la direction de l’Audit de la Caisse des Dépôts, afin de démontrer que les services produits étaient bien refacturés aux mandants à l’euro, l’euro et que les clés de répartition des coûts mutualisés entre les régimes étaient auditables. M. Marc considère les régimes de retraites comme une source de revenus particulièrement intéressante. Les gains d’efficacité de la DRS dans sa gestion de ces régimes s’avéreront profitables pour la Caisse des Dépôts dans son ensemble. M. Ophèle évoque l’intention de la Banque de France de transférer la gestion de son régime de retraite à un organisme extérieur, si possible à la Caisse des Dépôts. La principale difficulté demeure d’ordre juridique : si un appel d’offres s’avérait nécessaire, l’opération deviendrait bien plus complexe. Mme Grave indique que la solution envisageable serait que le transfert de ce régime à la Caisse des Dépôts, s’agissant d’un régime obligatoire, soit inscrit dans une loi ou un décret. M. Emmanuelli invite Mme Grave à solliciter les parlementaires en ce sens. procès-verbaux 4 – Rapport de la mission d’évaluation BaïettoBeysson & Hanotaux M. Hanotaux rappelle que le Directeur général de la Caisse des Dépôts, par lettre de mission du 12 février 2014, a demandé à Mme Baïetto-Beysson et lui-même de porter une appréciation, d’une part, sur l’opération de cession, par Icade, de son pôle logement, acheté par un consortium mené par la SNI et, d’autre part, sur le modèle de développement du groupe SNI et sa contribution aux missions d’intérêt général de l’Établissement. La mission, conduite sur un délai de deux mois, a donné lieu à une soixantaine d’entretiens avec les dirigeants et les responsables opérationnels de la Caisse des Dépôts, de la SNI et d’Icade, actuellement en poste ou en poste au moment des opérations concernées, avec des acteurs du pôle social, des représentants des collectivités locales, des banques d’affaires, des organismes de contrôle (Cour des comptes, MIILOS), ainsi qu’avec des responsables ministériels et syndicaux. Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux ont étudié l’ensemble des informations publiées, qu’il s’agisse de procèsverbaux de conseils d’administration, de commissions de surveillance, de conseils de surveillance, de comités d’audit ou d’investissement, ainsi que les différents rapports d’expertise qui leur ont été communiqués. M. Hanotaux souligne que champ de la mission s’est strictement limité aux deux points mentionnés, sans aborder la question des achats de terrains au ministère de la Défense, évoquée récemment dans la presse, ni les opérations conduites lors de l’entrée en bourse d’Icade en tant que telles. En outre, Mme BaïettoBeysson et M. Hanotaux sont intervenus intuitu personae, et non en tant que représentants de leurs corps de contrôle respectifs : le rapport présenté, établi en toute indépendance, n’exprime donc que leur conviction personnelle. M. Hanotaux aborde tout d’abord la cession du pôle logement d’Icade au consortium mené par la SNI en commençant par un rappel des faits : en 2005, suite au rachat de la totalité de la relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif au bilan 2013 et aux perspectives 2014 de la direction des retraites et de la solidarité (DRS) Lors de sa séance du 14 mai 2014, la Commission de surveillance a constaté que les performances de la Direction des Retraites et de la Solidarité (D.R.S.), tant sur le plan de la gestion des ressources humaines, que sur le plan de la gestion informatique, lui permettent une activité équilibrée. Elle prend note des demandes, toujours plus fortes, des organismes mandants, notamment la CNRACL, dont la convention d'objectifs est toujours en discussion, et attire l'attention sur l'équilibre à trouver dans les efforts entre la poursuite des économies et la préservation d'un service de qualité. SNI, la Caisse des Dépôts a décidé de réorganiser son pôle immobilier autour des activités d’intérêt général, d’une part, et des activités concurrentielles, d'autre part. La SNI a pris la tête du premier pôle, Icade conservant le pôle dit concurrentiel. La participation d’Icade dans la SCIC Habitat, qui possédait environ 130 000 logements sociaux, a donc été transférée à la SNI, tandis qu’Icade a conservé 40 000 logements quasi-sociaux, mais qui n’étaient pas régis par le régime juridique des HLM. Icade a été introduit en bourse l’année suivante, adoptant le régime de la SIIC, et affinant peu à peu sa stratégie pour devenir une foncière tertiaire. Fin 2008, Icade, qui détenait encore 35 000 logements, a opéré un virage stratégique en décidant de se défaire de l'ensemble de son pôle logement. La SNI a exprimé rapidement son intérêt pour le rachat de ce pôle, mais la Caisse des Dépôts a refusé d'autoriser cet investissement, qu'elle jugeait trop important pour SNI seule. En février 2009, la SNI a formé un consortium, en invitant les élus 141 La Commission de surveillance constate que le coût de la prestation de la Caisse des Dépôts est l'un des plus faibles sur le marché et souhaite que cet avantage compétitif lui permette de proposer d'autres mandats dans la sphère publique (ou privée) dans un contexte de recherche d'économies de gestion. A cet égard, elle a rappelé qu'elle était prête à soutenir les initiatives de recherches de nouveaux mandats. Elle note que le déploiement du mandat du compte individuel de formation a démarré, même si, à ce stade, les hypothèses ne sont pas encore totalement précisées. des collectivités locales intéressées à désigner des opérateurs susceptibles de l'intégrer. À la tête de ce consortium de 26 opérateurs, la SNI a émis au cours de l'année 2009 plusieurs propositions d'acquisitions, dont la première s’avérait inférieure de 30 % à la valeur d'expertise des logements concernés. Les négociations ont achoppé sur le montant de la décote consentie pour l'achat de 30 000 logements, jusqu’au 30 juin 2009, où un accord d'exclusivité a été signé entre Icade et le consortium mené par la SNI afin de mener à bien la cession. Le 6 octobre 2009, le consortium rachetait 24 407 logements pour un montant de 1,636 milliard d'euros, avec une décote de 17,4 %, supérieure aux estimations de la plupart des experts indépendants et analystes financiers. Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux se sont attachés à répondre à deux questions principales concernant cette opération, dont la première est celle du conflit d'intérêts : selon les reproches le plus souvent exprimés, la Caisse des 10e séance - 14 mai 2014 Dépôts aurait favorisé sa filiale Icade afin que la vente se réalise au prix le plus élevé possible, la SNI consentant à accorder un prix de complaisance au détriment des intérêts du consortium qu’elle représentait. La seconde question est celle du prix de la cession, en essayant de déterminer s'il avait ou non été surévalué. Si, dans le cas d’une cession intra-groupe, le risque théorique de conflit d’intérêts était réel, M. Hanotaux et Mme BaïettoBeysson estiment qu’il n’est pas constitué en tant que tel : les entretiens conduits et les documents étudiés montrent que la Caisse des Dépôts s’est abstenue à juste titre de toute intervention, aucun de ses administrateurs n’ayant jamais participé aux débats, ou exercé de pression d’aucune sorte. Il apparaît au contraire qu'en se désintéressant de cette opération, la Caisse des Dépôts a laissé le champ libre aux actionnaires minoritaires d’Icade, qui, eux, avaient intérêt à vendre au prix fort, comme le laissent apparaître les comptes-rendus des débats au sein du conseil d’administration de la filiale. M. Hanotaux souligne que les ventes opérées à la même période – sur des lots bien moins importants, de l’ordre de 2 000 à 3 000 logements ont toutes fait l’objet de primes, de 4 à 17 % en 2009, et jusqu’à 60 % en 2008, tandis que les valeurs d'expertise – établies selon la méthode DCF (Discounted Cash Flow), prenant à la fois en compte les revenus locatifs futurs et ceux des cessions potentielles – ne cessaient d'augmenter. Il apparaît donc que le travail de la SNI, en tant que chef de file du consortium, a permis à ses membres d'obtenir une décote significative sur la transaction, au regard des estimations données par les experts indépendants. Pour ce qui est du prix de la cession, M. Hanotaux constate tout d’abord l’absence de transaction d’une importance similaire dans le domaine du logement social permettant d'établir une comparaison. Il précise, en outre, que les organismes de logement social prennent en général uniquement en compte dans leurs valorisations les revenus futurs des loyers, tandis qu’une société cotée telle qu'Icade recourt, comme c’est normal, à la méthode DCF afin d'évaluer également les plusvalues latentes. Différents éléments objectifs ont, par ailleurs, pu concourir à l’augmentation du prix de la cession. Le décret du 15 mai 2007, destiné à faciliter les éventuelles cessions de logements d'Icade, jusqu'alors très encadrées, a permis aux organismes d’HLM et à la SNI d’accéder au Fonds d'épargne ainsi qu’au tiers payant APL, et d’être exonérés de taxe foncière, représentant souvent 10 à 15 % du prix des logements. Par ailleurs, l’ensemble des logements concernés étant sortis de conventionnement à la fin des années 1990 ou au début des années 2000, Icade a pu augmenter leurs loyers de 5 à 7 %, comme le lui permettait l’article 7-17C de la loi de juin 1989, occasionnant de ce fait une hausse de leur valorisation. M. Hanotaux souligne enfin que la cession a obtenu l’accord de France Domaine, et a fait l’objet d’une attestation d’équité délivrée par un expert indépendant, à la demande du Directeur général de la Caisse des Dépôts de l’époque. L’AMF a également approuvé le taux de décote accordé par Icade, que l’ensemble des experts et analystes financiers situent dans la fourchette haute des taux généralement appliqués. Au vu de ces divers éléments, M. Hanotaux et Mme Baïetto-Beysson jugent le prix de cession tout à fait normal. Les honoraires des banquiers d’affaires, sociétés de conseil et avocats impliqués semblent eux aussi conformes aux usages : HSBC a ainsi prélevé une commission de 0,17 % du prix de la cession et la BNP 0,18 % ; M. SalatBaroux a, quant à lui, justifié du travail qu’il a accompli en matière de droit administratif et de droit public, rémunéré à hauteur de 100 000 euros. M. Hanotaux et Mme Baïetto-Beysson n’ont constaté aucune prestation non effectuée ou surévaluée. Toutefois, si la régularité de cette transaction n'est pas mise en doute, les fondements qui la sous-tendent appellent plusieurs remarques moins assises sur des considérations juridiques que sur des considérations d’opportunité. Tout d'abord, l’opération a pu donner l'impression à de nombreux acteurs 142 du logement social de répondre à une vision financière plus qu’à des motifs d'intérêt général, alors même que les logements concernés avaient été construits ou réhabilités grâce à des aides publiques et à l’accès au Fonds d’épargne. C’est suite à ce genre de critiques que l’État a pu se voir reprocher de procéder à un démembrement de sa politique immobilière en faveur de la Caisse des Dépôts, qui semble avoir perdu une partie de son crédit auprès d'un certain nombre d'élus et de collectivités, dont certaines avaient mis à disposition gratuitement les terrains destinés à la construction. Les élus de communes parmi les plus pauvres ont, en outre, mal vécu la baisse de la taxe foncière, selon eux insuffisamment compensée. Il peut également sembler discutable de procéder à l’acquisition de 24 000 logements pour un montant de 1,6 milliard d’euros sans en construire un seul nouveau, alors que, dans le même temps, les opérateurs de logement social grevaient une partie de leur capacité d’investissement pour produire de nouveaux logements. M. Hanotaux conçoit toutefois que la situation de 2009 n’ait pu laisser beaucoup d’autres choix. Le transfert incomplet des logements quasi-sociaux d’Icade à la SNI lors du partage des activités en 2005 ne semble pas non plus avoir constitué un choix opportun : ces constructions, souvent en relatif mauvais état, financées par des fonds publics, pouvaient difficilement être considérées comme relevant totalement du secteur concurrentiel et pouvant faire l’objet de plus-values importantes. Mme Baïetto-Beysson indique que la seconde partie de l’analyse qu’elle a conduite aux côtés de M. Hanotaux porte sur l’évaluation de la stratégie de la SNI et de ses filiales, et notamment de l’importance prise par la rotation des actifs, érigée en moteur du développement de la société. La stratégie de la SNI s’avère fondamentale pour l’entreprise elle-même, aussi bien que pour la Caisse des Dépôts, puisque la filiale est aujourd’hui devenue un acteur majeur du logement social – en grande partie grâce à l’aide de son actionnaire –, avec un parc de près de procès-verbaux 300 000 logements, pour partie sociaux et pour partie non couverts par le statut HLM. Du fait de sa visibilité, la stratégie de la SNI a souvent servi de référence, positive ou négative, dans le secteur du logement, et l’image de la filiale est indissociable de celle de la Caisse des Dépôts. Le financement du logement social faisant partie des missions centrales de la Caisse des Dépôts, notamment dans le cadre de la gestion du Fonds d’épargne, les rapporteurs jugent essentiel de réaffirmer le caractère central de cette activité pour la SNI. Or, la SNI se décrit, à l’heure actuelle, comme un opérateur global de l’immobilier, pour qui le locatif intermédiaire apparaît comme une activité essentielle et auquel le statut de société d’économie mixte confère une certaine flexibilité en termes de fonctionnement, d’objet social et de rémunération de ses actionnaires. Une dualité risque donc d’apparaître entre les contraintes réglementaires très fortes auxquelles sont soumises les filiales HLM et les velléités plus marchandes de la SNI. La stratégie de conquête et d’accroissement de territoire de la SNI émane d’une logique d’entreprise assez largement partagée par ses instances de gouvernance et par son encadrement, et s’appuie sur une bonne expérience professionnelle dans les domaines immobilier, financier et de la gestion locative. La SNI a souvent pu susciter des débats d’idées ou donner naissance à certaines initiatives, dans un secteur du logement plutôt conservateur. L’intervention en tant que chef de file du consortium dans le cadre du rachat d’Icade a permis à la SNI de redorer quelque peu son image auprès des opérateurs de HLM, qui ont reconnu le professionnalisme dont elle a fait preuve dans cette opération. La SNI s’est également illustrée en tant que chef de file lorsque le Gouvernement a engagé en 2008 le rachat de programmes neufs, ou actuellement, avec le lancement du programme Argos concernant le logement intermédiaire. Le développement de la société s’est en grande partie appuyé sur des cessions d’actifs, dont la contribution au résultat était au départ limitée à 40 %, avant que la Caisse des Dépôts ne décide de relever le seuil à 60 %. Une part non négligeable du résultat de la SNI provient donc d’une diminution de son patrimoine. Cette rotation des actifs a fait l’objet d’un débat politique, quelque peu faussé, opposant les défenseurs de l’accumulation indéfinie de patrimoine HLM aux tenants d’une vision plus moderniste, perçue par certains comme une tentative de privatisation rampante du logement social. Dans la pratique, les opérateurs HLM procèdent à un nombre limité de ventes sur du patrimoine amorti, dégageant ainsi des plus-values leur permettant de financer leurs constructions. Il s’agit cependant, en majorité, de ventes à des occupants, répondant à une demande forte des locataires d’accession à la propriété, tandis que la SNI, elle, vend la plupart du temps à d’autres organismes HLM. Mme Baïetto-Beysson souligne que de telles ventes – qui peuvent donner lieu à des prêts de la Caisse des Dépôts – ne peuvent être érigées en système général, dans la mesure où elles aboutissent à une hausse de l’endettement global du secteur, sans pour autant créer de richesse supplémentaire. Ces cessions sont, en outre, souvent réalisées dans des zones tendues, où sont réalisées les plus fortes plus-values, et où certains opérateurs sont prêts à refinancer des logements déjà construits. M. Emmanuelli suppose que ces opérations permettent parfois aux offices HLM d’atteindre le seuil légal de 20 % de logements sociaux. Mme Baïetto-Beysson souligne que les logements cédés sont déjà conventionnés : les cessions ne donnent donc pas lieu à la création de nouveaux logements sociaux, mais simplement à un transfert d’un organisme à un autre. Les offices HLM peuvent, en revanche, y voir une occasion de rationaliser leur gestion si, par exemple, les logements vendus se situent à proximité de ceux qu’ils possèdent déjà. Quoi qu’il en soit, il paraît dangereux d’ériger en système cette politique de cessions. La Caisse des Dépôts a pris certaines dispositions 143 pour l’éviter, notamment à travers une circulaire de la Direction des Fonds d’épargne exigeant que les prêts soient accordés dans des conditions prudentes : à titre d’exemple, un logement de 20 ou 30 ans d’ancienneté ne sera pas refinancé sur 30 années supplémentaires si sa durée de vie technique s’avère inférieure. Le débat ne porte donc pas sur la vente de logements HLM en elle-même, mais sur l’extension excessive de la pratique de refinancement de logements existants. Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux se sont également intéressés au contrôle exercé par la Caisse des Dépôts sur la SNI. Au vu de sa dimension, de sa puissance et de l’importance des résultats qu’elle génère, la SNI semble bénéficier d’une assez large autonomie. A la lecture des feuilles de route successives, il apparaît que la filiale a tendance à élaborer sa stratégie dans une logique d’entreprise – tout à fait légitime – qui lui est propre. M. Beffa rappelle que les fonds dont dispose la SNI appartiennent à la Caisse des Dépôts, et sont destinés à servir la stratégie du Groupe. Le fait d’être rentables n’autorise pas les filiales à élaborer des stratégies autonomes. Mme Baïetto-Beysson souligne la situation particulière de la SNI, qui bien qu’elle soit filiale de la Caisse des Dépôts, contrôle des sociétés HLM qui se situent en dehors du champ consolidé du Groupe. En outre, l’existence de structures de coopération – telles que des unités communes de maîtrise d’ouvrage – entre la société-mère, bénéficiant d’un statut ouvert au domaine concurrentiel, et ses filiales à statut HLM, risque potentiellement de diluer la vocation sociale de l’entreprise si des garde-fous ne sont pas mis en place. Sans faire de procès d’intention, Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux ont tenu à rappeler à la SNI son devoir d’exemplarité au regard des valeurs et du mode de fonctionnement du logement social et émettent les recommandations suivantes : • réaffirmer que le cœur de métier de la SNI est bien le logement social et non le logement intermédiaire, qui doit 10e séance - 14 mai 2014 simplement constituer un complément d’activité ; • faire preuve de prudence quant à l’ouverture du capital de la SNI, qui risquerait de faire entrer dans la société des acteurs à la logique plus concurrentielle que sociale : s’il paraît légitime qu’une entreprise recherche en permanence des fonds propres supplémentaires pour nourrir son expansion, la SNI semble d’ores et déjà disposer, à travers la Caisse des Dépôts, des moyens nécessaires pour se développer ; • doter la SNI de mécanismes de gouvernance permettant de mieux identifier le secteur social et le secteur concurrentiel, de s’assurer que la mission sociale de la filiale est bien remplie, et de prévenir toute dérive dans la gestion des GIE ; • dans le cadre d’une prise de contrôle d’Adoma, garantir que la valorisation de la société et de son patrimoine soit réinvestie dans le secteur social et très social, afin de couper court à tout procès d’intention concernant d’éventuelles visées spéculatives. Mme Renaud-Basso juge l’intervention de Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux très utile, à la fois en ce qui concerne l’opération SNI/ Icade et les recommandations en matière de stratégie. La SNI est une filiale importante pour la Caisse des Dépôts, à l’efficacité et au dynamisme reconnus, mais dont la gouvernance et les orientations stratégiques peuvent effectivement soulever quelques points de vigilance. La présentation prochaine de la SNI et de sa stratégie à la Commission de surveillance permettra de poursuivre le débat engagé ce jour. M. Emmanuelli distingue dans le rapport de Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux une allusion aux problèmes de gouvernance de la SNI qui s’expriment, par exemple, dans des comités stratégiques, présidés par des personnes qualifiées où l’actionnaire majoritaire ne joue qu’un rôle mineur. Pour ce qui est de la distinction entre logement social et intermédiaire, M. Emmanuelli se dit favorable à une certaine mixité : les bénéfices du second servent souvent à boucler les montages financiers du premier, rendus encore plus compliqués par la réduction des subventions d’État et la multiplication des normes techniques, qui provoque une hausse des prix de construction. M. Emmanuelli remercie et félicite Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux pour le travail qu’ils ont accompli. M. Picq remercie le président de la Commission de surveillance d’avoir fait inscrire ce point à l’ordre du jour et souligne que le rapport ne manque pas de soulever un certain nombre de questions, dont celle de la conciliation, souvent difficile, entre logique financière et intérêt général, qui se trouve au cœur des préoccupations de la Caisse des Dépôts. A partir du moment où l’Établissement cherche à réaliser des résultats lui permettant d’augmenter ses fonds propres, il semble malvenu de sa part de critiquer toute opération à caractère purement financier. Comme l’exprime très bien le rapport, il faut cependant veiller à ce que les opérations financières ne viennent pas contredire l’image sociale de la Caisse des Dépôts et la logique de recherche de l’intérêt général. Dans le cas de la cession d’Icade, Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux auraient ainsi jugé plus pertinent de transférer en bloc l’ensemble des logements avant l’entrée en bourse, plutôt que de procéder à une segmentation. Cette analyse devra servir d’exemple pour l’avenir. Quant au conflit d’intérêts potentiel occasionné par cette cession, M. Picq relève le caractère paradoxal de la situation : si elle était intervenue, la Caisse des Dépôts aurait été accusée de conflit d’intérêts ; n’étant pas intervenue, on lui reproche d’avoir suivi les actionnaires minoritaires et bénéficié des plus-values réalisées. Pour éviter ce genre de difficulté, M. Picq estime nécessaire de mieux prévoir en amont le pilotage et la stratégie des filiales. Comme l’a exprimé M. Beffa, à partir du moment où les sommes engagées sont issues des fonds propres du Groupe ou du Fonds d’épargne, l’actionnaire principal ne 144 devrait pas avoir à subir certains choix discutables de ses filiales. Etant donné que seuls 24 000 des 40 000 logements détenus par Icade ont été vendus au consortium, M. Beffa demande ce qu’il est advenu des 16 000 logements restants. M. Hanotaux indique qu’Icade a commencé, dès 2006, à vendre un certain nombre de logements par lots de 2000 à 3000, suite à des appels d’offres auprès de différents opérateurs. Ces cessions ont systématiquement été conclues à des prix supérieurs aux valeurs d’expertise, jusqu’à 60 % de plus en 2007, environ 30 % en 2008, et seulement 5 ou 6 % en 2009, du fait de la décote de 17,4 % accordée au consortium. Icade a ainsi vendu des lots à Moulin Vert ou Logement Français, avec des primes respectives de 17 et 11 %. M. Beffa s’enquiert du nombre de logements restants. M. Hanotaux indique qu’il reste 4 000 logements gérés par la SARVILEP, filiale détenue à 1 % par la SNI et à 99 % par Icade. Situés à Sarcelles, Villiers-leBel et Epinay, ces logements figurent parmi les plus difficiles à vendre. M. Beffa demande si la SARVILEP perd de l’argent. Mme Baïetto-Beysson indique que ce n’est pas le cas, puisque la filiale ne présente aucun endettement. M. Beffa s’enquiert d’une éventuelle raison juridique à la non-consolidation du pôle social dans les comptes de la SNI. Mme Baïetto-Beysson explique que le secteur HLM répond à des règles comptables spécifiques : les dividendes des sociétés d’HLM sont, par exemple, limités au Livret A + 1,5 % et les cessions de parts à 1,5 % du nominal. M. Beffa ne comprend pas pour autant que leurs résultats ne soient pas consolidés. Mme Baïetto-Beysson précise que les résultats sont agrégés aux comptes, mais procès-verbaux non consolidés : il n’y a pas de solidarité financière entre les sociétés HLM et la société-mère. M. Beffa fait le constat de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la construction de logements neufs en France, qu’il s’agisse de logements à loyer modéré ou de type intermédiaire. Au vu de sa mission, la Caisse des Dépôts doit intervenir de façon active pour dynamiser la construction dans les deux domaines. M. Beffa estime qu’il est autant d’intérêt général aujourd’hui de construire des logements intermédiaires que des logements sociaux, et que la distinction entre privé et public n’est pas nécessairement la plus pertinente. Dans un secteur où les niveaux de rentabilité peuvent dissuader les acteurs privés d’agir, il faut savoir accepter des rentabilités plus faibles ou différées. M. Beffa ne voit aucune objection au fait de rassembler, au sein de la SNI, des compétences sur l’intermédiaire et sur les HLM. L’essentiel reste que la filiale applique la stratégie définie par le Groupe. Dans cette optique, M. Beffa jugerait utile d’établir un plan à trois ans, définissant très clairement des objectifs quantitatifs en matière de constructions, tout en mettant en place les instances de gouvernance nécessaires pour s’assurer de sa mise en œuvre. M. Silvent indique que l’étude de la stratégie de la SNI lors de la prochaine séance de la Commission de surveillance permettra d’évoquer la politique générale du Groupe en matière de logement, qui constitue une priorité stratégique. La relance de la construction fait en tout cas partie des objectifs principaux de la Caisse des Dépôts, qu’il s’agisse de logement intermédiaire ou social, notamment à travers la mobilisation du Fonds d’épargne. M. Beffa souligne que la Caisse des Dépôts devra également jouer un rôle exemplaire dans la transition énergétique. M. Silvent ajoute que des objectifs chiffrés de production de logements ont déjà été définis. Pour nuancer les propos de Mme BaïettoBeysson et M. Hanotaux, M. Silvent souligne le caractère inapproprié à opposer au sein de la Caisse des Dépôts logique d’intérêt général et logique financière, puisque la poursuite de l’intérêt général est permise par les marges de manœuvre issues des résultats financiers. Force est de constater que la SNI se montre, à la fois, innovante et efficace sur le plan opérationnel, contribue de façon importante aux résultats du Groupe et aide, à sa façon, à relever les défis rencontrés par le pays en matière de logement. M. Emmanuelli invite M. Silvent à présenter le plan Argos. M. Silvent explique qu’il s’agit d’un plan visant à relancer la construction de logements intermédiaires, à travers la création d’un véhicule d’investissement d’un montant de 1,7 milliard d’euros, constitué de façon à permettre aux investisseurs institutionnels, notamment aux assureurs, de revenir sur ce marché qu’ils ont délaissé. La mise en place de ce plan a nécessité un important travail avec les pouvoirs publics, puisqu’il comporte un ensemble de dispositifs fiscaux lui permettant d’atteindre un équilibre financier. M. Silvent précise que le plan portera sur certaines zones très spécifiques. M. Beffa demande si la SNI fait preuve du même dynamisme dans sa partie HLM. M. Silvent le confirme, puisque la filiale prévoit une augmentation de son rythme de production de plus de 50 %, dans un secteur comme dans l’autre. Pour revenir sur la question des cessions, Mme Renaud-Basso insiste sur la nécessité, pour la SNI, de procéder à des ventes afin de mener à bien son programme de construction. Comme Mme Baïetto-Beysson et M. Hanotaux, M. Emmanuelli estime qu’il faut savoir à qui l’on vend. Mme Renaud-Basso souligne que la vente à des personnes physiques peut 145 aboutir à une dégradation des logements cédés, faut de moyens pour les entretenir. Les conséquences sociales sont alors pires que celles de la vente à des opérateurs privés. M. Bavagnoli insiste sur l’importance de la coexistence entre logique financière et recherche de l’intérêt général, parfois mal perçue par certains acteurs extérieurs – parmi lesquels les maires – qui peinent notamment à comprendre l’appartenance d’Icade, en tant que filiale de la CDC, au secteur concurrentiel, ce phénomène existant avant même sa cotation en bourse. Il estime, par ailleurs, que les conditions d’accès de la SNI au Fonds d’épargne doivent faire l’objet d’une attention particulière, dans une logique générale de distinction entre les missions que la Caisse des Dépôts mène pour son compte propre et celles qu’elle exerce pour compte de tiers. La validation des opérations par l’État doit notamment permettre de s’assurer de l’absence de conflit d’intérêts. Eu égard aux volumes de logements concernés, M. Emmanuelli conçoit que la gouvernance de la SNI s’avère parfois complexe et nécessite, comme le suggère le rapport, de mettre en place des structures adaptées. M. Silvent estime que la forme juridique adoptée par la gouvernance ne constitue qu’un facteur secondaire par rapport à la composition des instances et aux personnalités qui y siègent. Il paraît anormal que la Caisse des Dépôts, actionnaire à 100 %, ait laissé progressivement diminuer sa représentation, notamment dans les comités spécialisés et au sein du Conseil de surveillance, où elle n’est que très légèrement majoritaire. 10e séance - 14 mai 2014 relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif au rapport de la mission d'évaluation baïetto-besson & hanotaux Lors de sa séance du 14 mai 2014, la Commission de surveillance a souhaité entendre les conclusions des Rapporteurs de la mission d'évaluation Baïetto-Besson & Hanotaux, sur les conditions de cession du pôle logements d'Icade au consortium mené par la SNI et sur la stratégie de développement de la SNI. Concernant la stratégie de développement, la Commission de surveillance note qu'après avoir souligné le dynamisme de cette filiale, le rapport suggère un certain nombre de préconisations pour en améliorer le pilotage. Elle fait siennes ces préconisations qui doivent être mises en œuvre. Elle a salué la clarté du rapport qui met en exergue des questions de fond sur l'exercice de surveillance des filiales de la Caisse des Dépôts. Dorénavant, la poursuite de la politique de cessions du patrimoine sera envisagée au regard de la production nette de logements du Groupe. Concernant le processus de cessions, la Commission de surveillance a pris acte des conclusions sur la justification du niveau de prix des cessions du patrimoine locatif d'Icade au consortium mené par la SNI, ainsi que sur la gestion, par la Caisse des Dépôts, des éventuels conflits d'intérêts dans cette opération. Elle relève, qu'à l'avenir, les objectifs guidés par la logique financière doivent être confrontés aux objectifs de l'exercice d'une activité d'intérêt général et que ces objectifs financiers trouvent leur limite lorsqu'ils entrent en contradiction avec ceux portés par l'intérêt général. Le pilotage resserré des filiales par des objectifs très clairs et fixés en amont, constitue l'une des réponses pour limiter d'éventuels conflits d'intérêts. Les activités de construction et de gestion des logements sociaux et celles des autres logements doivent être plus nettement séparées pour éviter toute confusion. A cet égard, la Commission de surveillance sera destinataire des conclusions de l'audit sur les différents GIE et prend, d'ores et déjà, acte de la suppression de la redevance de marque. La gouvernance de la société doit être rééquilibrée au profit de son actionnaire. Enfin, la Commission de surveillance fait siennes les recommandations de la mission d'évaluation sur Adoma, dont le statut de SEM ne doit pas conduire à un traitement différent des autres ESH du Groupe, en termes de modèle économique. 146 5 – Question d’actualité Il n’y a pas de question d’actualité. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 45. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli procès-verbaux 11 e séance-22 mai2014 * Le jeudi 22 mai 2014, à 11 heures, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mmes d’Amarzit et Grosskost ; MM. Beffa, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance. Étaient excusés : MM. Arthuis et Ophèle. Assistaient également à la réunion : M. Lemas, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Martin ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Silvent, Directeur du pôle finances, stratégie et participations. 1 – Prestation de serment du Directeur général M. Emmanuelli rappelle que le Conseil des Ministres en date du 21 mai 2014, a ratifié la nomination de M. Pierre-René Lemas, Préfet, au poste de Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Conformément à l’article 8 de l’ordonnance du 22 mai 1816, le nouveau Directeur général doit prêter serment devant la Commission de surveillance. M. Lemas prête serment. M. Emmanuelli remercie Pierre-René Lemas et lui souhaite la bienvenue au sein du Groupe, rappelant que la Caisse des Dépôts possède un potentiel considérable qui mérite une grande attention. Même si la désignation du nouveau Directeur général a été effectuée dans des conditions quelque peu précipitées, M. Emmanuelli forme le vœu que la Commission de surveillance puisse travailler avec Pierre-René Lemas dans le même état d’esprit qu’avec son prédécesseur. À cet égard, il rappelle que la Commission de surveillance, au-delà de son rôle d’information, a également pour vocation d’aider le Directeur général et de partager avec lui certaines décisions importantes. M. Lemas remercie le Président et les membres de la Commission de surveillance, soulignant l’honneur et l’émotion qu’il a de se trouver en cette enceinte. Il donne l’assurance qu’il respectera absolument les engagements qu’il vient de prendre, mais aussi qu’il se conformera à l’esprit de la loi de 1816. En effet, comme il l’a rappelé à l’occasion de ses auditions devant les deux Commissions des Finances de l’Assemblée Nationale et du Sénat, M. Lemas considère que la légitimité, l’autonomie et l’indépendance de la Caisse des Dépôts reposent largement sur le Parlement et sur la Commission de surveillance. Dans cette optique, M. Lemas souhaite que le travail du Directeur général s’articule en toute confiance avec celui de la Commission de surveillance. Pour y parvenir, il fera en sorte qu’un certain nombre de sujets soient discutés le plus en amont possible, non seulement avant que des 147 annonces publiques ne soient diffusées, mais aussi avant que les décisions ne soient formellement prises. En effet, les relations entre le Directeur général et la Commission de surveillance constituent l’une des conditions de l’équilibre même et du mode de fonctionnement de la Caisse des Dépôts. Cette Institution reste tout à fait particulière, même si d’aucuns, ici ou là, ont la tentation de la banaliser dans un sens ou dans l’autre – depuis ceux qui considèrent que la Caisse des Dépôts appartient à l’exécutif ou à l’État, jusqu’à ceux qui sont tentés de l’assimiler à un établissement bancaire ou financier de droit commun, ce qu’elle n’est pas. M. Lemas souhaite également apporter quelques commentaires en écho à certaines remarques et observations au sujet de son parcours qui ont parfois été publiées dans la presse. Il confirme ainsi qu’avant de devenir haut fonctionnaire, il a exercé une série de métiers très variés, travaillant notamment dans la formation, dans la production théâtrale, dans l’enseignement (en tant que professeur de comptabilité au Centre de Formation de la Profession Bancaire) ou encore 11e séance - 22 mai 2014 dans le journalisme radio au sein de l’ancêtre de RFI. Puis, après avoir intégré l’École Nationale d’Administration, il a fait le choix de se consacrer au service public et à l’administration territoriale, successivement à la Direction Générale des Collectivités Locales, à la Direction de la Construction, qu’il a fusionnée avec la Direction de l’Urbanisme, puis à la Direction Générale de l’Administration. À cette époque, en effet, les acteurs de l’urbanisme ne collaboraient pas avec ceux de la construction, les financiers de la construction n’échangeaient pas avec les responsables de la réglementation thermique, les animateurs des grandes opérations d’urbanisme ne travaillaient jamais avec les villes nouvelles, etc. Il était donc nécessaire de regrouper ces univers pour dégager des synergies au sein d’une structure unique. M. Lemas a également dirigé le Journal Officiel, qui est une petite entreprise publique avec pour particularité d’être autofinancée et de verser un dividende à l’État. M. Lemas souligne que cette expérience s’est avérée tout à fait enrichissante. S’agissant plus précisément de sa nouvelle mission au sein de la Caisse des Dépôts, M. Lemas indique que les orientations qu’il souhaite retenir et proposer à la Commission de surveillance sont celles qu’il a présentées devant les deux commissions des finances du Parlement. Tout d’abord, il juge que le diagnostic du précédent Directeur général, qui a été élaboré à l’issue d’un travail collectif d’un an et demi, est tout à fait pertinent et juste. Après cette période de réflexions communes et d’élaboration des grands axes d’action, il faut aujourd’hui mettre en œuvre ces orientations stratégiques, sans pour autant exclure d’adapter ou de modifier tel ou tel point, après concertation avec la Commission de surveillance. En effet, dans un monde changeant, il est important qu’une grande institution comme la Caisse des Dépôts puisse, elle aussi, savoir évoluer, tout en restant fidèle à ses valeurs. Ensuite, au niveau méthodologique, M. Lemas insiste sur le fait que son premier objectif sera d’écouter et de rencontrer les collaborateurs et les instances de la Caisse des Dépôts afin de se faire une opinion éclairée sur le fonctionnement de l’Institution. Dans le cadre du plan stratégique – et suite aux remarques formulées par la Commission de surveillance et par les Commissions des Finances de l’Assemblée Nationale et du Sénat –, l’ambition sera de fixer, d’ici l’été prochain, quelques orientations en termes de gouvernance ainsi qu’une méthode de travail. De cette manière, les premières actions pourront commencer à être déployées à partir du mois de septembre. Enfin, M. Lemas rappelle que plusieurs échéances de court et de moyen termes se présenteront dans les semaines et les mois à venir, dont certaines sont essentielles pour la Caisse des Dépôts. En premier lieu, il prévoit de rencontrer Jean-Marc Janaillac dès la semaine suivante pour faire le point sur la situation de Transdev et de la SNCM. À ce sujet, M. Lemas signale qu’il connaît bien la SNCM puisqu’il a contribué à la réforme de la dotation de continuité territoriale dans le cadre de la première loi sur la Corse, élaborée par Gaston Defferre en 1982. Quelques années plus tard, il a également été obligé de gérer ce dossier dans des conditions assez particulières, et dont certains se souviennent peut-être avoir vu des images dans la presse, notamment à l’occasion du détournement du ferry Pascal Paoli. Tout en soulignant son respect pour le dialogue social – rappelant notamment qu’il a beaucoup négocié avec les représentants du Syndicat des Travailleurs Corses –, M. Lemas considère qu’il faut également savoir mettre fin aux blocages. Par ailleurs, il souhaite également s’entretenir avec l’ensemble des équipes de CNP Assurances et de l’Établissement public afin de définir, d’ici la fin du mois de juin, la marche à suivre pour l’évolution de CNP Assurances. À moyen terme, il sera également nécessaire de procéder à un point d’étape sur les évolutions du métier 148 de mandataire, afin de vérifier que la Caisse des Dépôts respecte bel et bien les échéances et les engagements qu’elle a pris vis-à-vis de ses mandants. Les nouveaux mandats de gestion publique constitueront, en effet, une étape fondamentale pour assurer la crédibilité de la Caisse des Dépôts dans l’avenir. Enfin, d’ici la fin du mois de juin, M. Lemas désire avoir une vision plus précise des participations de la Caisse des Dépôts sur l’ensemble de son arc d’intervention, depuis les placements destinés aux rendements jusqu’aux participations stratégiques et aux filiales. Cet état des lieux global permettra, à partir de la rentrée, de discuter de la politique de participations de la Caisse des Dépôts et de ses objectifs industriels. En conclusion, M. Lemas tient à souligner sa fierté et son bonheur de rejoindre la Caisse des Dépôts et de pouvoir s’appuyer sur ses équipes, avec lesquelles il a l’ambition de travailler de manière très étroite. M. Emmanuelli remercie le Directeur général. Au nom de tous les membres de la Commission de surveillance, il confirme que la Caisse des Dépôts possède de nombreuses compétences et des équipes incontestablement animées par un réel sens de l’action publique. À cet égard, M. Emmanuelli souhaite formuler un commentaire, à titre personnel, au sujet de la question de l’indépendance de la Caisse des Dépôts, ce sujet ayant fait l’objet de vifs débats à l’occasion des commissions parlementaires. Sans considérer que l’expression "bras armé de l’État" soit problématique en tant que telle, M. Emmanuelli déplore toutefois de lire régulièrement dans la presse régionale ou nationale, par exemple au moment de la vente de SFR, des affirmations selon lesquelles la Caisse des Dépôts vivrait de l’argent des contribuables. Il tient à rappeler que cette interprétation est totalement fausse : non seulement la Caisse des Dépôts n’est pas financée par l’impôt des Français, mais elle a même contribué, sans doute, à éviter quelques sacrifices budgétaires. Dès lors, la Caisse des Dépôts doit impérativement procès-verbaux améliorer sa communication afin de mettre un terme à cette confusion. En réalité, si la Caisse des Dépôts et l’État se rejoignent bel et bien dans leur action publique en faveur de l’intérêt général, l’expression "bras armé" est cependant équivoque en ce qu’elle laisse entendre que la Caisse des Dépôts vivrait de contributions fiscales. Certains ministères ont d’ailleurs tendance à considérer que la Caisse des Dépôts est, non seulement, le "bras armé" de l’État, mais aussi qu’elle est une sorte de caisse subsidiaire. Il ne s’agit pas là d’une simple problématique théorique ou sémantique, dans la mesure où l’issue de ce débat peut avoir des conséquences fiscales significatives. M. Emmanuelli rappelle que c’est pour cette raison que la Commission de surveillance, en accord avec le précédent Directeur général, a jugé nécessaire de revoir le protocole financier avec l’État. En effet, la Caisse des Dépôts ne bénéficiant pas du soutien d’actionnaires ni de contributions fiscales d’aucune sorte, elle ne peut agir que grâce à ses fonds propres. Or, avec un protocole financier aboutissant à une fiscalisation de 85 % du résultat social, ses fonds propres ne peuvent pas progresser. Une telle réflexion, qui serait certes probablement jugée inopportune par M. Sapin et M. Eckert dans la conjoncture actuelle, est néanmoins fondamentale pour permettre à la Caisse des Dépôts de faire progresser ses fonds propres et d’assurer ses missions. Une première réunion est d’ailleurs prévue à ce sujet. M. Silvent confirme qu’une réunion s’est tenue le 21 mai 2014. M. Emmanuelli demande si les premières discussions s’annoncent prometteuses. M. Silvent estime qu’à ce stade, il est encore trop tôt pour se prononcer. M. Emmanuelli reconnaît que le sujet sera très certainement complexe. M. Emmanuelli souhaite également insister sur le fait que l’État a introduit, dans le bilan de la Caisse des Dépôts, plusieurs rigidités très lourdes issues de certaines participations : La Poste, les prêts aux collectivités locales de la SFIL pour un montant de 12 milliards d’euros, les 50 % de fonds propres de la BPI, apportés par la Caisse des Dépôts ou encore Transdev. À cet égard, M. Emmanuelli tient à saluer les efforts de Jean-Marc Janaillac, qui est parvenu, contre vents et marées, à améliorer de façon très significative la situation et le résultat de Transdev, à tel point que cette dernière serait quasiment dans une situation équilibrée s’il n’y avait le dossier épineux de la SNCM. M. Emmanuelli propose ensuite que les membres de la Commission de surveillance se présentent au nouveau Directeur général. M. Marc se présente : il est le Rapporteur général de la Commission des Finances au Sénat, institution que le nouveau Directeur général connaît très bien puisqu’il a occupé une fonction éminente au Palais du Luxembourg. M. Marc se réjouit que Pierre-René Lemas, dont la détermination, le sens de l’intérêt général et la convivialité sont connus, préside aujourd’hui à la destinée de la Caisse des Dépôts. M. Gailly se présente : il préside la Chambre de Commerce de Paris/Ilede-France, après un parcours de chef d’entreprise, notamment dans les milieux du théâtre et de la presse. M. Picq se présente : après avoir été Président de chambre de la Cour des comptes, il occupe depuis deux ans et demi la fonction de Commissairesurveillant au sein de la Caisse des Dépôts. L’exercice de la surveillance, bien que délicat, est néanmoins fondamental et se doit absolument d’être le plus efficace possible. D’emblée, M. Picq souhaite évoquer un sujet qu’il juge très important, à savoir le futur bicentenaire de la Caisse des Dépôts : sur le modèle de ce qu’avait entrepris M. Philippe Séguin à la Cour des comptes – avec la puissance de travail que tout le monde lui connaissait –, la Caisse des Dépôts doit profiter de son bicentenaire pour médiatiser son action et faire connaître clairement sa stratégie et ses perspectives. 149 M. Houri se présente : également membre de la Cour des comptes, il a été successivement professeur à HEC (où il a notamment eu pour élève M. François Hollande), Directeur général du groupe HEC, et Président de banque. M. Houri signale qu’il fait également partie du Comité d’Examen des Comptes et des Risques, sous l’égide de Marc Goua, et du Comité du Fonds d’Epargne, dont Jean Picq est le Rapporteur. M. Goua se présente : membre de la Commission des Finances à l’Assemblée Nationale, il a été nommé par ses pairs au sein de la Commission de surveillance de la Caisse des Dépôts. Il préside également le CECR et le CFE M. Lavondès se présente : doyen de la Commission de surveillance et plus ancien membre de cette instance, il y consacre aujourd’hui sa quinzième année, qui sera également la dernière. À cet égard, M. Lavondès précise que son grand âge le conduit régulièrement à revenir sur l’histoire passée, qu’elle soit récente ou plus ancienne, ce qui est en général assez peu entendu. Pourtant, il se déclare convaincu que le présent, même s’il doit évidemment s’appuyer sur une projection dans l’avenir, est toutefois aussi très largement éclairé par le passé. M. Emmanuelli rappelle que M. Lavondès est également Conseiller d’État honoraire. Mme Grosskost se présente : elle signale qu’elle possède un point commun avec le nouveau Directeur général puisqu’elle a, elle aussi, été professeure de comptabilité durant ses études. Après avoir fait carrière en droit, notamment en fondant un cabinet d’avocats spécialisé en droit des affaires et en fiscalité, elle a intégré le monde politique. Elle se réjouit aujourd’hui que la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale ait très favorablement accueilli l’arrivée de Pierre-René Lemas à la tête de la Caisse des Dépôts. M. Beffa se présente : ayant rejoint très récemment la Commission de surveillance, il souhaite y apporter l’expérience et la compétence industrielle 11e séance - 22 mai 2014 et économique qu’il a acquises pendant 21 ans au poste de Président-Directeur général de Saint-Gobain. M. Beffa se déclare très intéressé par le programme fixé par le nouveau Directeur général, confirmant qu’il est indispensable d’analyser rapidement plusieurs sujets importants. De même, il juge fondamental que la Commission de surveillance se penche sur la problématique des fonds propres : en effet, comme l’a souligné le Président de la Commission de surveillance, la Caisse des Dépôts ne pourra pas jouer pleinement son rôle au service de l’intérêt général sans une réflexion précise sur les leviers d’action dont elle dispose. Mme d’Amarzit se présente : membre de la Direction du Trésor, elle dirige le service du financement de l’économie. Au sein de la Commission de surveillance, elle représente le Directeur Général du Trésor – qui n’a malheureusement pas été en mesure d’être présent aujourd’hui –, le rôle des représentants du Trésor en cette instance consistant parfois à rappeler certaines obligations importantes. Mme d’Amarzit partage, par ailleurs, les observations qui ont été formulées au sujet du positionnement de la Caisse des Dépôts et de son action en faveur de l’intérêt général, jugeant que, même si cette institution est une sorte de "Tiers État ", la notion de "bras armé" peut, en effet, sembler excessive. Dans ce contexte, la Commission de surveillance joue un rôle déterminant, d’autant que, comme l’a souligné M. Lavondès, les décisions qui ont été prises à certaines époques lointaines ont parfois tendance à être oubliées. terme, c’est-à-dire qu’elle regroupe tous ceux qui, en permanence, œuvrent au nom de l’intérêt général. Cette conception de l’État, qui peut apparaître comme ancienne, n’est toutefois pas si inactuelle qu’elle le semble. 2 – Question d’actualité Ce point n’a pas été traité. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 11 heures 35. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli M. Lemas précise qu’il commencera immédiatement à travailler puisqu’il réunira un premier Comité de Direction, après cette séance, et qu’il s’adressera aux organisations syndicales et à l’ensemble des personnels dès le 23 mai. Pour revenir sur les remarques qui ont été formulées, M. Lemas tient à souligner que, fort de son long parcours de fonctionnaire, il considère que la notion d’État ne se réduit pas à l’exécutif et doit être entendue au sens large du 150 procès-verbaux 12 e séance-28mai2014 * Le mercredi 28 mai 2014, à 17 heures 05, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mmes d’Amarzit et Grosskost ; MM. Beffa, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance Était excusé : M. Arthuis. Assistaient également à la réunion : M. Lemas, Directeur général du Groupe assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Coutarel ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Peny, Directeur des ressources humaines du Groupe (point 1) ; M. Silvent, Directeur du pôle stratégie, filiales et international (point 4) ; M. Mareuse, Directeur des finances (point 4) ; M. Minczeles, Directeur du département de la gestion financière (point 4) ; M. Grzybowski, Président Directeur général d’Icade (point 5) ; Mme Palladitcheff, membre du comité exécutif, en charge des finances, du juridique, de l’informatique et du pôle services à l'immobilier chez Icade (point 5). 1 – Prestation de serment de M. Paul Peny M. Lemas présente M. Peny en tant que Directeur des ressources humaines du Groupe. M. Peny a exercé de nombreuses fonctions au service de l’État : il a été chef de bureau des affaires sociales à la Direction générale des collectivités locales, directeur de cabinet du directeur général des collectivités locales, conseiller technique du ministre de la Fonction publique, sous-directeur des élus locaux, puis directeur du personnel, de la formation et de l’action sociale au Ministère de l’Intérieur, et surtout directeur général de l’administration et de la fonction publique. A ce titre, il a donc piloté l’ensemble de l’administration locale pendant quelques années et a accompli de nombreuses réformes avec beaucoup de courage. Il a ensuite rejoint la RATP comme directeur général adjoint chargé de la gestion des relations sociales, c’està-dire des ressources humaines. Nul doute que la Caisse pourra tirer profit de son expérience du dialogue social ainsi que de son habitude à travailler dans une entité où coexistent des statuts différents. Il connaît, en effet, aussi bien le secteur privé que le secteur public, qu’il s’agisse de la fonction publique de l’État ou de la fonction publique hospitalière puisqu’il est également Président de l’Observatoire national des emplois de la fonction publique hospitalière. 2 - Approbation du procès-verbal et du compte rendu de la Commission de surveillance du 2 avril 2014 À l’invitation de M. Emmanuelli, M. Peny prête serment. Le procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 2 avril 2014 est approuvé. M. Emmanuelli souhaite la bienvenue à M. Peny et lui souhaite également bon courage, même si les conditions de l'exercice des ressources humaines à la Caisse des Dépôts sont assez difficiles et différentes de celles qui régnaient à la RATP. Il reviendra à M. Peny de négocier l’accord-cadre. Il rappelle que la Caisse des Dépôts s’est engagée à ce que la progression de la masse salariale ne dépasse pas l’inflation. Or, il semble que ce soit le cas avec le GVT (Glissement Vieillissement Technicité). 151 M. Emmanuelli constate l’absence d’observation sur le procès-verbal et compte rendu du 2 avril 2014. M. Emmanuelli annonce que M. Arthuis s’est excusé. Celui-ci est devenu député européen et il ne peut donc plus représenter le Sénat, les deux mandats étant incompatibles. M. Marc précise que tel est effectivement le cas, sauf à ce qu’il y ait un délai d’option possible entre les deux mandats. Quoi qu’il en soit, M. Arthuis a fait son choix et le Sénat sera amené à lui désigner un remplaçant, ce qui sera effectué dans les délais les plus brefs, dès lors qu’il aura été saisi de la vacance constatée. 12e séance - 28 mai 2014 3 - Désignation d’un membre de la Commission de surveillance chargé de vérifier la caisse générale du mois de juillet 2014 M. Emmanuelli propose à M. Picq de vérifier la caisse générale au mois de juillet. M. Picq accepte avec plaisir cette mission. 4 - Point d’information sur le contrat SFIL M. Lemas donne la parole à M. Silvent. M. Silvent précise que la Commission de surveillance sera saisie ultérieurement de l’ensemble de la problématique relative à la SFIL. Il souhaite toutefois resituer la problématique de la renégociation de la convention de crédit entre SFIL et la Caisse des Dépôts dans une perspective plus large sur l’ensemble du dossier SFIL. Un ensemble de points positifs peut être observé dans l’actualité récente. La SFIL continue à émettre sur les marchés dans des conditions extrêmement favorables. Elle a commencé progressivement à transiger avec un certain nombre de collectivités locales et donc à réduire le volume de prêts susceptibles de faire l’objet d’un contentieux. 116 transactions ont été menées avec 116 emprunteurs, aboutissant à sécuriser le sort d’un peu plus de 600 millions d’euros sur un encours de prêts toxiques évalué à près de 8 milliards d’euros, avec potentiellement 865 collectivités locales concernées. Ainsi, même si la progression n’est pas très rapide, les premiers résultats apparaissent. En revanche, un certain nombre de facteurs suscite de l’inquiétude. Le premier est lié à l’instabilité juridique qui entoure la SFIL. La situation créée par les jurisprudences successives (jugements des tribunaux de grande instance et censure du Conseil constitutionnel sur la loi de validation rétroactive) a entraîné une multiplication des contentieux. A ce jour, 206 contentieux sont en cours, contre à peine 70 quelques semaines auparavant, avec tous les risques associés à ce phénomène : obligation de provisionner des montants importants dans les comptes de la SFIL, voire remise en cause de viabilité de la SFIL si le problème n’est pas résolu. Les débats qui sont en cours au Parlement, sur un nouveau dispositif de validation rétroactive, revêtent donc une importance cruciale. Les comptes 2013 ont été arrêtés et certifiés par les commissaires aux comptes sur la foi d’un engagement ferme du Gouvernement de déposer un projet de loi en ce sens. A ce jour, le Sénat a adopté une proposition de loi et l’Assemblée nationale devrait en être saisie le 19 juin 2014. La sécurité juridique de ce texte a été particulièrement travaillée au regard du droit interne, en répondant à un certain nombre d’objections formulées par le Conseil constitutionnel lors de sa dernière décision. Pour autant, le dispositif ne peut pas couvrir l’ensemble des cas litigieux. Il vise un certain nombre de situations comme, par exemple, l’absence de mention du TEG dans les contrats, mais d’autres cas d’annulation pourraient être reconnus par les tribunaux de première instance, à l’instar du défaut de conseil. Indépendamment de ce sujet, le rythme d’activité de la SFIL n’est pas celui escompté par les projections initiales. La production nouvelle de prêts de La Banque postale est en retard par rapport aux projections transmises à la Commission européenne. Ce n’est pas un hasard, puisque les autres acteurs bancaires sont revenus sur le marché. La production annuelle s’élève actuellement à 3 milliards d’euros, alors que les projections initiales prévoyaient 4 milliards d’euros. Surtout, une forte baisse des marges est constatée par rapport à ce qui était anticipé au départ. Il en résulte que la SFIL subit des pertes assez significatives. Un résultat négatif de 70 millions d’euros a été enregistré en 2013 et il n’est pas prévu de retour à l’équilibre au cours des deux prochaines années. Cette situation peut constituer un facteur de fragilité relativement sérieux, non pas que les montants en jeu 152 soient considérables ou que la société soit en péril sur un plan strictement financier, mais en raison des engagements pris auprès des autorités communautaires. Face à ce risque, il est proposé un ensemble de mesures destinées à restaurer partiellement la rentabilité de la SFIL. Ces mesures visent notamment à élargir l’activité pour dégager de la marge. Ce point est en discussion et doit être mis en regard de l’objet précisément défini de la SFIL. Il faudra donc demander aux instances communautaires un éventuel élargissement des activités. M. Emmanuelli demande dans quelles directions porterait cet élargissement. M. Silvent répond que d’autres types de prêts sont envisagés, par exemple des prêts aux organismes de logement social, éventuellement des prêts à l’export, etc. Ces sujets sont en cours de discussion. Ils n’ont pas fait l’objet d’arbitrage et leur instruction n’est pas terminée. L’enjeu décisif porte donc sur la sécurité juridique la plus large possible pour le dispositif rétroactif, qui certes ne résoudra pas tous les problèmes, mais au moins les principaux. Dans ce contexte, il est apparu utile pour la SFIL et sécurisant pour la Caisse des Dépôts de réaménager la convention de crédit, dans un double sens : faciliter le fonctionnement de la SFIL sur un certain nombre de sujets qui n’engagent pas de risques additionnels pour la Caisse des Dépôts et diminuer l’engagement de la Caisse des Dépôts, afin de réduire son exposition au risque SFIL. Tel est l’objet des amendements à la convention de crédit qui sont proposés. Mme d’Amarzit souhaite apporter des précisions sur la décision du Conseil constitutionnel. Celui-ci a considéré que la validation effectuée par le Gouvernement était trop large et il en a réduit le champ. Il en résulte qu’un certain nombre de cas ne sont donc plus validés, d’où une partie des surcoûts potentiels. De toute façon, il n’a jamais été envisagé de couvrir par cette loi le défaut de conseil. Les contentieux procès-verbaux portant sur ce sujet continueront de se purger devant les tribunaux. M. Mareuse indique que l’engagement de la Caisse des Dépôts envers la SFIL peut aller jusqu’à 12,5 milliards d’euros, et qu’il est actuellement utilisé à hauteur de 10,3 milliards d’euros, ce qui représente plus de 10 % du bilan de la Section générale de la Caisse des Dépôts. Ce prêt a pour objet principal de financer le surdimensionnement, c’est-à-dire que la SFIL est tenue de posséder davantage d’actif qu’il n’y a de passif en obligations foncières. Dans les réseaux bancaires, cet écart est financé par la maison mère, et dans le cadre de la SFIL, conformément au dispositif mis en place en 2013, il est financé par la Caisse des Dépôts. M. Mareuse explique quelles sont les raisons de la renégociation de ce prêt. Tout d’abord, la SFIL a demandé que soient revus certains éléments du contrat, en particulier sur la partie à court terme. Le contrat comprend une partie minoritaire à très court terme, qui porte sur un montant de 600 millions d’euros, et qui était soumise à un certain nombre de conditions. Or, ces conditions étaient telles que la SFIL n’était pas en mesure de prendre en compte cette ligne de financement dans le calcul de ses ratios de liquidité, notamment vis-à-vis de l’ACPR. La SFIL souhaitait donc une renégociation sur ce point. La Caisse des Dépôts, quant à elle, souhaitait revoir la convention, dans la mesure où les besoins effectifs de surdimensionnement de la SFIL avaient sensiblement diminué, les agences de notation ayant revu à la baisse, au cours de ces derniers mois, leurs exigences dans ce domaine. La Caisse des Dépôts souhaitait donc revoir son engagement total à l’égard de la SFIL. Après quelques semaines de discussions, la Caisse des Dépôts et la SFIL sont parvenues à un accord qui pourrait être signé dans les prochaines heures. L’accord prévoit, sur la tranche à court terme, de lever la conditionnalité pour en faire une véritable ligne de liquidités disponibles, que la SFIL serait en mesure de comptabiliser dans le calcul de ses ratios de liquidité prudentiels. Cette modification comporterait peu d’inconvénients pour la Caisse des Dépôts. En contrepartie, la Caisse des Dépôts obtient une baisse significative de ses engagements. Le montant de ses concours serait diminué progressivement, et surtout le plafond de ses engagements, qui est actuellement de 12,5 milliards d’euros, serait abaissé jusqu’à 10 milliards d’euros en 2016, soit une baisse de 20 %. Concernant les conditions de rémunération des prêts de la Caisse des Dépôts, il est prévu de maintenir le dispositif actuel, qui repose sur une référence bancaire, la moyenne des coûts de refinancement des quatre plus grandes banques françaises. Il est appliqué à la SFIL à peu près les mêmes conditions de financement. Ce dispositif, mis en place en 2013, a été validé par la Commission européenne et sera confirmé dans ce nouvel accord. L’accord semble équilibré. Il permet à la SFIL de mieux tirer profit des concours de la Caisse des Dépôts dans le cadre du calcul de ses ratios de liquidité et permet à la Caisse des Dépôts de diminuer de façon significative ses engagements et, en particulier, le plafond de ses engagements, tout en maintenant les mêmes conditions de marge. M. Marc souhaiterait pouvoir apprécier les conséquences de cette modification sur l’exploitation de la SFIL. L’avenant devrait alléger la charge financière de la SFIL et donc ses conditions d’équilibre budgétaire. M. Marc demande quel pourcentage d’amélioration est attendu après la signature de cet avenant, par rapport aux 70 millions d’euros de déficit de la SFIL. M. Silvent répond qu’une dizaine de millions d’euros seront économisés par la SFIL. M. Marc juge cette amélioration mineure. M. Silvent fait observer qu’il s’agit d’une dizaine de millions d’euros de rémunération en moins pour la Caisse des Dépôts, mais qu’elle ne se traduira pas par une baisse de marge. Cette diminution est liée à une maturité des concours qui est différente. 153 M. Emmanuelli s’interroge sur la durée du contrat, qui court jusqu’en 2032. M. Mareuse précise qu’il s’agit d’un engagement sur 19 ans. La SFIL a un besoin permanent de ce surdimensionnement. Il est prévu, dans l’accord, que la SFIL développe ses levées de fonds sur le marché pour contribuer au surdimensionnement, de sorte qu’il y aura une substitution progressive et partielle des concours de la Caisse des Dépôts par les émissions sur le marché. M. Silvent ajoute que cet avenant permet de mieux qualifier le surdimensionnement. La convention de crédit finance le surdimensionnement et, jusqu’à présent, la SFIL en avait une libre appréciation. L’avenant précise que ce surdimensionnement ne peut pas excéder le taux exigé par les agences de notation plus 2 %. Il s’agit d’un des acquis de l’accord. M. Picq indique qu’il a bien compris l’économie du dispositif pour la SFIL, mais qu’il a néanmoins deux interrogations. La Caisse des Dépôts est aujourd’hui engagée à hauteur de 10,3 milliards d’euros. La perspective que cet engagement soit réduit à 10 milliards d’euros dans deux ans est présentée comme un résultat satisfaisant, le plafond étant abaissé de 12,5 à 10 milliards d’euros. Il convient donc de relativiser ce résultat, même si, pour l’instant, l’engagement de la Caisse des Dépôts pourrait augmenter jusqu’à 12,5 milliards d’euros. M. Picq se demande, par ailleurs, s’il n’existe pas un risque que dans quelques mois, la SFIL demande que ce plafond soit à nouveau rehaussé, compte tenu des perspectives assez sombres retracées par M. Silvent. Il rappelle que lors de ses débats, la Commission de surveillance a constaté que sur les 18 milliards d’euros, plafond fixé pour les engagements de la Caisse des Dépôts, 12,5 milliards d’euros sont gelés par cette convention avec la SFIL. Certes, abaisser le plafond à 10 milliards d’euros augmentera de 2 milliards d’euros les marges de manœuvre de la Caisse des Dépôts, mais M. Picq se demande s’il ne s’agit pas d’une opération "en trompe-l’œil ". 12e séance - 28 mai 2014 M. Mareuse répond qu’il faut considérer deux niveaux différents : le plafond d’engagement avec la SFIL, qui passe de 12,5 à 10 milliards d’euros et le tirage effectif, actuellement de 10,3 milliards d’euros et qui devrait diminuer rapidement jusqu’à 8 milliards d’euros, toutes choses égales par ailleurs. L’avenant devrait entraîner une diminution parallèle de ces deux valeurs. En réponse à la deuxième question de M. Picq, M. Mareuse explique que le nouveau dispositif qui a été négocié, prévoit une indexation sur les exigences des agences de notation, avec une marge de sécurité de deux points. L’avenant fixe donc de manière objective le besoin de surdimensionnement et ne permet pas de revoir le plafond à la hausse, sauf si les agences révisent à nouveau leur barème. Par ailleurs, concernant les risques encourus par la SFIL, il s’agit essentiellement de pertes sur certaines créances, donc de risques de solvabilité plus que de risques de financement, si l’on retient l’hypothèse que la SFIL pourra continuer à s’endetter sur les marchés par l’émission d’obligations foncières. Le risque pour la SFIL est donc de devoir reconstituer sa solvabilité, mais non de devoir contracter beaucoup plus. M. Ophèle fait observer que le fait que les tirages soient peu élevés représente plutôt une mauvaise nouvelle, puisque cela signifie que les besoins sont faibles. La SFIL, issue de DexMa, n’est pas utilisée pleinement. Par ailleurs, M. Ophèle signale que l’avenant s’adapte à la nouvelle réglementation sur le ratio de liquidité à court terme (LCR), qui n’était pas calibré de façon définitive lorsque les premiers accords avec la SFIL ont été passés. Il s’agit d’une question purement technique. Enfin, M. Ophèle rappelle que la SFIL, comme tous les grands établissements de crédit français, fait l’objet actuellement du compréhensive assessment (c’est-à-dire une évaluation complète de la situation des banques qui passent sous supervision directe de la BCE), puisqu’elle passera sous la supervision directe de la BCE le 4 novembre. Cette évaluation comporte une revue de la qualité des actifs, qui naturellement prend en compte le risque de contentieux, puis un test de solidité de l’établissement dans le cadre d’un scénario sur trois ans, avec deux variantes, un scénario standard et un scénario stressé très défavorable. Cet exercice est extrêmement sévère. La SFIL risque de se heurter à un problème de solvabilité et de fonds propres. Les 30 millions d’euros de pertes annuelles attendues sur les années à venir n’entameront pas à elles seules les fonds propres, mais il existe un risque que la trajectoire ne se redresse pas. Le diagnostic de ce risque sera connu courant septembre 2014 trop nombreux, une entité s’engage dans un autre métier que le sien. Il se demande si l’extension des métiers de la SFIL ne va pas créer plus de problèmes qu’elle n’en résoudra. Il conviendrait, sans doute, parallèlement, de mettre en place une gestion plus rigoureuse, qui permettrait également de diminuer les charges. M. Beffa s’interroge, par ailleurs, sur d’éventuelles conséquences pour la Caisse des Dépôts elle-même, si le stress test de la SFIL donnait de mauvais résultats et démontrait la nécessité d’un renforcement des fonds propres. Il demande si, en ce cas, l’augmentation de capital serait à la charge de l’État ou de la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli rappelle que le gouverneur de la Banque de France met régulièrement en garde contre les stress tests. M. Emmanuelli indique que cette obligation pèserait sur l’État, en vertu de la convention qui a été signée. Mme Grosskost s’enquiert des raisons du déficit chronique de la SFIL. M. Beffa demande à la représentante du Trésor si celui-ci juge que de mauvais résultats au stress test sont une hypothèse envisageable. M. Silvent explique que plusieurs facteurs entrent en jeu. Le volume d’activité est moindre que prévu, puisque la part de marché de la SFIL et de La Banque Postale est inférieure à celle qui était anticipée. Les conditions de marge ont été divisées par deux par rapport aux prévisions. Enfin, la structure de la société semble surdimensionnée. Mme d’Amarzit rappelle qu’il a été choisi de maintenir la structure, car du point de vue des finances publiques il aurait été extrêmement coûteux de mettre DexMa en extinction. La SFIL doit gérer un stock de créances qui nécessite des moyens peut-être un peu surdimensionnés et dont la SFIL a, en tout cas, hérité. L’enjeu consiste à mettre en place une nouvelle activité qui, grâce à des synergies, apporterait de la marge. Or, cette activité est insuffisante. A l’époque où le dossier a été monté, une attrition des crédits aux collectivités locales était constatée, sur lesquels le secteur privé est revenu en même temps que les instruments publics devenaient très présents. L’offre est donc abondante et les marges sont moins élevées. M. Beffa explique qu’il s’inquiète toujours quand, en raison d’un personnel 154 M. Emmanuelli ajoute qu’il n’est pas question de revenir sur ce qui a été signé. M. Ophèle fait observer que plusieurs scénarios sont possibles : soit il n’apparaît pas de besoin en fonds propres supplémentaire, soit le besoin ressort d’un diagnostic complet, soit le besoin est mis en évidence par le scénario stressé. Les moyens et le calendrier de la recapitalisation ne seront pas les mêmes dans ces différents cas. Si l’on juge, après la revue de la qualité des actifs, qu’il manque, à titre d’exemple, 500 millions d’euros, il faudra amener ces fonds très rapidement. Si l’on considère, d’après le scénario stressé, qu’une insuffisance, à titre d’exemple, de 500 millions d’euros se manifestera en 2016, la pression ne sera pas la même et les moyens employés pour y faire face ne seront pas identiques. Dans ce cas, il sera même envisageable d’avoir recours à l’ingénierie financière. M. Lemas souligne que, pour ce qui concerne la SFIL, on pouvait légitimement se demander si la Caisse des Dépôts devait revenir sur ce dossier. Il s’agit d’un choix des pouvoirs publics et non d’une initiative spontanée de procès-verbaux la Caisse des Dépôts. Le dispositif se met en place progressivement et une convention a été signée. M. Lemas estime qu’un travail utile et efficace a été accompli et que l’avenant correspond à une demande exprimée par la SFIL. Il en résulte un aspect positif pour la Caisse des Dépôts, puisque le plafond d’engagement sera diminué de 2,5 milliards d’euros, et l’engagement effectif diminuera parallèlement. M. Lemas salue donc le travail réalisé par les équipes. Il reste à franchir une troisième étape, à savoir l’étape parlementaire. Le directeur général de la Caisse des Dépôts n’a pas à s’exprimer sur ce sujet, sinon pour espérer que le texte, qui résulte d’un premier rejet par le Conseil constitutionnel d’une version antérieure, fera l’objet d’un vote favorable des deux chambres du Parlement. Il semble cependant que le projet ne fasse pas nécessairement l’unanimité auprès de l’ensemble des acteurs, notamment auprès des collectivités locales qui ont été victimes de prêts toxiques. M. Emmanuelli fait observer que lors de la précédente version, une rumeur avait déjà couru selon laquelle la loi serait rejetée par l’Assemblée nationale et elle a pourtant été votée très facilement. Les personnes qui contestent cette loi sont extrêmement rares. M. Lemas fait valoir que le texte adopté devra ensuite franchir l’examen du Conseil constitutionnel. Il rappelle que personne n’avait anticipé la censure globale dans le premier cas et qu’il convient donc de rester prudent. En ce qui concerne les tests sur la SFIL, il faudra tirer toutes les conséquences des résultats qui seront connus à l’automne. Si des difficultés apparaissaient, il est clair qu’une réponse devrait être apportée par l’État et non par la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli constate qu’effectivement, en théorie, la Caisse des Dépôts est à l’abri, même si parfois, il peut exister certains décalages entre la théorie et la pratique. relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif au contrat sfil Lors de sa séance du 28 mai 2014, la Commission de surveillance a accueilli favorablement la proposition d'avenant du contrat SFIL, qui lui semble équilibrée et qui préserve les intérêts de la Caisse des Dépôts, grâce notamment à : • une baisse de l'exposition globale : le financement de long terme devrait passer de 10,5 Md€ à 8 Md€, dès le mois d’août prochain et le plafond contractuel diminuer de 12,5 Md€ à 10 Md€, à échéance 2017 ; • la préservation des marges ; • le cantonnement du surdimensionnement (14 % puis 12,5 % en 2016). Elle rappelle, néanmoins, que la situation de la SFIL demeure préoccupante, tant en ce qui concerne 5 - Point sur les filiales immobilières : SNI Icade M. Emmanuelli annonce que le point relatif à la SNI ne sera pas abordé ce jour. Icade M. Grzybowski indique être accompagné de Nathalie Palladitcheff, qui est notamment en charge des finances au sein d’Icade. Il rappelle, tout d’abord, que la société Icade, depuis 2007, a connu une longue série de mouvements de croissance et de développement. Icade est aujourd’hui détenue à hauteur de 52 % par HoldCo, dont la Caisse des Dépôts détient 75 % et Groupama 25 %. Les 48 % restants sont, pour l’essentiel, du capital flottant. HoldCo est issue des négociations liées à la fusion avec Silic. La Caisse des Dépôts a apporté sa participation dans Icade à HoldCo et Groupama a fait de même avec sa participation dans Silic. Un autre 155 le traitement des risques juridiques liés aux prêts toxiques( pour lesquels le projet de loi de validation en cours d’adoption ne constitue qu’une réponse partielle), qu'en ce qui concerne le développement de la nouvelle production qui doit lui permettre de restaurer sa rentabilité et de respecter ses engagements. La Commission de surveillance rappelle que l'exposition en fonds propres de la Caisse des Dépôts est limitée à la mise de fonds initiale. Elle souhaite examiner la situation de la SFIL, dans sa globalité, lors d'une prochaine séance et attire l'attention de la Direction générale sur la nécessité d'intégrer le suivi renforcé de ce risque dans la revue semestrielle des risques. investisseur institutionnel, Predica, est entré au capital et n’est pas tout à fait assimilable à du capital flottant, puisqu’il a annoncé qu’il détenait dorénavant 5,8 % de la société. Icade est aujourd’hui la première foncière de bureaux en France. Elle a démontré sa capacité à consolider le secteur. Elle n’est pas uniquement investisseur, mais aussi promoteur et accompagnateur de grandes métropoles. Les données financières montrent un bilan robuste. En termes de valeur de patrimoine, Icade est la première foncière de bureaux en Europe même si d’autres foncières, telles que Gecina, ont un patrimoine plus important. En effet, Gecina a en portefeuille 2 ou 3 milliards d’euros de logements, ce qui explique que la capitalisation de Gecina soit plus élevée que celle d’Icade, mais que le portefeuille de bureaux soit plus important chez Icade. Tout en opérant ces mouvements de consolidation importants, Icade 12e séance - 28 mai 2014 a poursuivi l’affinage stratégique de son portefeuille. Progressivement, à la suite d’opérations de cessions successives, le patrimoine stratégique, c’est-à-dire principalement le tertiaire en Ile-de-France, a pris de plus en plus d’importance. Icade a également développé un patrimoine alternatif, à travers une filiale dédiée aux investissements dans les murs de santé. Icade est la seule société à disposer de véritables implantations foncières d’une importance très significative : 500 000 mètres carrés de constructions à Paris Orly sur plus de 60 hectares d’un seul tenant et à Paris Saint-Denis Aubervilliers, 600 000 mètres carrés de construction sur près de 80 hectares d’un seul tenant. Cette spécificité ne se retrouve pas chez les concurrents. Les implantations géographiques étaient l’un des facteurs de complémentarité entre Icade et Silic. La fusion entre ces deux sociétés est intervenue en décembre 2013 de façon parfaite et selon le schéma prévisionnel, même si elle a demandé un peu plus de temps que prévu. Mme Palladitcheff indique que l’effet de la fusion se traduit dans les comptes au 31 décembre 2013. Le changement de périmètre modifie, de manière significative, la lecture des comptes présentés en 2012 et en 2013, et impactera aussi les comptes 2014, puisqu’en 2013, seuls cinq mois étaient concernés par la fusion avec Silic, alors qu’en 2014, il s’agira d’une année pleine. En raison de ce changement de périmètre, seuls les chiffres par action reflètent la réelle performance dégagée après la fusion avec Silic. Lors de cette fusion, tous les actionnaires ont été payés en titres. Les revenus locatifs pour 2013 se sont élevés à 474 millions d’euros. Ce chiffre significatif place Icade, en termes de taille, dans un environnement à forte visibilité. La taille des revenus est effectivement importante dans cet environnement, car elle donne à Icade une force de manœuvre et une force de discussion vis-à-vis de l’ensemble de ses partenaires, en particulier financiers. Cette force a permis à Icade de réaliser, dans d’excellentes conditions, plusieurs emprunts obligataires. La société présente désormais un compte de résultat orienté sur la foncière, cœur de métier d’Icade, et qui traite la promotion et les services comme des contributions annexes à ce compte de résultat. Ces activités sont regroupées sous la mention "résultats des autres activités ". Cette présentation rend le compte de résultat plus directement comparable à celui des autres sociétés du secteur, et permet d’attirer ainsi plus facilement les investisseurs. M. Grzybowski rappelle que la tour Eqho, ancien siège d’IBM France, a été achetée par Icade en 2006. Lors de l’achat, IBM France a dénoncé son bail et est parti en décembre 2009. L’acquisition, en 2006, s’est effectuée sur des bases de calcul qui ont été fortement contrariées par la crise de 2008. Néanmoins, la tour rénovée a été livrée en juillet 2013 et une signature portant sur la location d’une partie significative de surface est prochainement envisageable. Le résultat net part du groupe a été arrêté à 127 millions d’euros pour l’exercice 2013, à comparer aux 53 millions d’euros en 2012. Le cash-flow net courant, qui constitue la référence de la performance de l’entreprise s’est établi, pour l’ensemble du groupe, à 4,59 euros par action. Dans le bilan de l’entreprise, deux indicateurs sont particulièrement importants. Le premier est l’actif net réévalué qui s’élève à 77,3 euros par action et qui pâtit de la provision qui a été constituée sur la tour Eqho. Le second est le LTV, le ratio de dettes sur la valeur des actifs, qui permet les comparaisons entre les différentes sociétés du secteur. Icade avait affiché un objectif autour de 40 % et cet objectif est respecté puisque ce ratio s’élève à 38,2 % seulement fin 2013, ce qui constitue une véritable performance, compte tenu de l’intégration de Silic qui présentait une dette supérieure. Mme Palladitcheff présente les résultats des autres activités, c’est-à-dire la promotion et les services. L’année 2013 a été difficile pour l’activité de promotion, mais Icade a réussi à s’en sortir le mieux possible. Le taux de marge (excédent brut opérationnel) sur le chiffre d’affaires s’élève à 5,7 % pour 2013, à comparer au taux de 6,4 % en 2012. Comme il est possible de le constater sur les publications effectuées par d’autres promoteurs du secteur, l’année 2013 s’est révélée assez compliquée. L’année 2014 se présente à peu près sous les mêmes auspices. Icade a réussi, cependant, à préserver son résultat net qui a contribué au résultat du Groupe, à hauteur de 49 millions d’euros. La taille de la branche services est plus limitée puisqu’elle contribue, à hauteur de 48 millions d’euros, au chiffre d’affaires pour l’exercice 2013 et à hauteur de 2 millions d’euros au résultat net. La valeur d’entreprise de ces deux activités est prise en compte dans l’actif net réévalué à hauteur de 484 millions d’euros pour la promotion et 37 millions d’euros pour les services. Si l’on considère les indicateurs de gestion qui sont révélateurs de l’activité d’Icade, le taux de vacance s’établit, pour l’ensemble de la foncière, à 11,7 %. Ce taux, au 31 décembre 2013, souffre de la situation désavantageuse de la tour Eqho, livrée en juillet 2013, et qui était encore vide au 31 décembre. Cette situation pèse considérablement sur le taux de vacance des bureaux en France, puisque ce taux, qui s’élève à 15,5 %, ne représenterait plus que 1,6 % si la tour Eqho était louée. Or, de bonnes nouvelles peuvent être anticipées à ce sujet. Sur l’immobilier de santé, aucune vacance n’existe, puisque pour chaque clinique réalisée par Icade, il y a nécessairement un locataire qui est l’exploitant. 156 M. Grzybowski indique que sur le marché de la promotion, les chiffres sont en baisse, tant sur les réservations, que sur les ventes. Icade, en tant que promoteur, n’exerce pas seulement son activité sur le logement, mais aussi sur le domaine des bureaux et celui du secteur public. Icade est le premier constructeur d’EHPAD et de résidences médicalisées en France, mais elle a construit aussi des commissariats, le bâtiment du Conseil régional de Rhône-Alpes qui a été livré deux ans auparavant, etc. Le spectre des activités de promotion est donc très large. Le groupe affiche cependant la procès-verbaux volonté que cette promotion ne soit pas une promotion captive d’un promoteur chez un investisseur, Icade n’a pas voulu prendre un tel risque, ce qui explique la décroissance voulue du chiffre d’affaires intra-groupe. Presque toutes les opérations de promotion sont vendues à l’extérieur. Le cas échéant, si Icade, en tant qu’investisseur, produisait une opération chez le promoteur, ce serait véritablement une opération de qualité. Une telle opération passerait par toutes les instances de gouvernance, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Icade, à travers son activité de promotion, est aussi l’accompagnateur des grandes métropoles. Elle possède un savoirfaire de développement d’opérations complexes sur de nouveaux quartiers, qui nécessitent, à la fois, un savoir-faire en matière de bureaux, de commerces, de logements, voire d’activités. Ainsi, Icade intervient sur le projet Lyon Confluence au niveau de l’îlot A3, qui est la première opération de la phase 2 de cette superbe entreprise de reconquête du quartier "au-delà des voûtes ". De même, à Bordeaux, de façon un peu pionnière, Icade a livré, en 2013, le premier immeuble de l’opération d’intérêt national Euratlantique. Icade mène également une mission d’accompagnement relativement innovante sur le quartier des Docks à Strasbourg, sur des bâtiments qui sont les anciens entrepôts Seegmüller, le long d’une darse qui mène au canal de Kiel. Là aussi, Icade mène une opération complexe, à la fois sur le plan de la mixité des activités, sur le plan architectural et sur le plan du développement urbain. Enfin, parmi les activités d’Icade, un vrai succès est remporté par Icade Santé, filiale dédiée à l’acquisition de murs de cliniques (médecine, chirurgie, obstétrique). Mme Palladitcheff précise que cette filiale a été constituée avec l’idée qu’à un moment ou à un autre, Icade pourrait être amenée à s’en séparer compte tenu de sa stratégie clairement affichée de foncière du Grand Paris. Icade Santé est perçue par le marché comme un investissement alternatif, qui contribue au cash-flow de la société, mais qui ne doit pas devenir plus important que la foncière du Grand Paris. Icade a toujours cultivé l’ambition de faire croître ce véhicule, en ayant des options de sortie possible. Telle est la raison pour laquelle elle a accepté de faire entrer dans le capital d’Icade Santé des partenaires qui sont, à ce jour, des assureurs-vie : Predica, Cardif, Sogécap, Macifimo et CNP Assurances, qui sont venus accompagner le développement du véhicule. Celui-ci, avec quasiment 2 milliards d’euros d’actifs, est le chef de file dans son secteur, mais il est peut-être arrivé aux limites de ce qu’il est possible de réaliser sur le marché domestique. En effet, récemment, a été soumis à la Commission de surveillance un dossier d’acquisition d’un des derniers portefeuilles de cette taille disponible sur le marché. A ce jour, se pose donc un certain nombre de questions sur l’avenir de ce véhicule. Il est important d’avoir engrangé plusieurs succès et de pouvoir présenter Icade Santé comme un leader dans son secteur. La répartition géographique des établissements de santé peut être considérée comme idéale. Il en est de même pour la répartition par exploitant qui ne fait pas apparaître de risque lié à une signature qui serait dominante, ce qui différencie Icade Santé de son principal compétiteur, Gecimed, dont le portefeuille, moins diversifié, a une forte connotation Générale de Santé. Les données financières font apparaître une progression très significative au cours de ces dernières années avec un pilotage bien orienté qui a permis à la société de garder du cash-flow tout en faisant monter au capital des investisseurs de renom. Aujourd’hui, plusieurs options sont possibles pour poursuivre le développement de ce véhicule, probablement avec des ambitions qui peuvent aller au-delà des frontières françaises. Icade travaille sur ces différentes options. A ce stade, on peut considérer qu’il n’y a pas eu d’erreur commise sur la stratégie. La qualité des contreparties, la qualité des partenaires financiers, mais aussi la qualité des données financières sont conformes aux attentes. 157 Mme Palladitcheff présente ensuite quelques éléments relatifs à la dette d’Icade. Les équipes d’Icade ont beaucoup travaillé sur ce sujet en amont de l’intégration légale de Silic. En effet, au début de l’opération, Icade s’est substituée aux banquiers de Silic et elle a été ainsi amenée à assurer la gestion du passif de Silic, avant même que la consolidation soit effective, ce qui a permis de gagner beaucoup d’argent, plus rapidement que sur l’actif. En effet Icade n’est propriétaire de l’actif que depuis août 2013, alors qu’elle a pu travailler très rapidement, à la fois, sur ses propres dettes et sur celles de Silic. La comparaison entre les dettes de Silic et d’Icade avant la fusion et de celles de l’ensemble consolidé Silic plus Icade, fait apparaître une réduction du coût moyen de la dette à 3,8 % pour l’ensemble du groupe, alors que celui de Silic se situait historiquement à 4,5 %. Icade s’est engagée à baisser encore ce coût de la dette d’environ 40 à 60 points de base. Cet engagement est d’ores et déjà atteint, compte tenu des refinancements mis en place en début d’année et de l’emprunt obligataire effectué en septembre 2013 (avec une maturité de 5 à 10 ans) et renouvelé avec grand succès le mois dernier, sur la base d’une nouvelle tranche à sept ans. La situation s’avère donc suffisamment confortable pour considérer que toutes les nouvelles mesures qui seront prises sur l’endettement jusqu’au 31 décembre 2014, sachant que les conditions sont encore très favorables, constitueront une forme de bonus par rapport à cet engagement. Cette réduction du coût de la dette s’est accompagnée d’une augmentation de la durée moyenne, qui se situe aujourd’hui à 4,6 ans, même si ce travail n’est jamais achevé, puisque chaque mois qui passe vient rajeunir la dette et que l’objectif est à chaque fois de chercher des maturités plus longues. Ces maturités sont aujourd’hui disponibles sur le marché alors qu’elles avaient disparu dans les années 2009 à 2012. Icade essaie de tirer parti des conditions favorables du marché en utilisant la notation BBB + attribuée par l’agence Standard & Poor’s à l’été 2013, ce qui lui permet d’obtenir des niveaux de 12e séance - 28 mai 2014 marge très satisfaisants. Icade peut ainsi afficher des objectifs sereins en matière de diversification de la dette. Elle vise une cible de 30 % d’emprunts obligataires, objectif qui est en passe d’être atteint. La diversification est une diversification choisie et non pas forcée, grâce aux excellentes relations que Icade entretient avec ses banques. Elle n’était pas contrainte d’aller sur le marché obligataire, mais elle a souhaité ne pas se trouver en situation de dépendance visà-vis des banques. Elle a choisi de saisir les opportunités qui se présentaient sur le marché financier. Mme Palladitcheff souligne que lorsqu’une société gère une dette de près de 4,5 milliards d’euros, elle se doit d’être extrêmement attentive à ces questions. M. Grzybowski évoque la politique RSE, partie intégrante de la gestion d’Icade. Une direction du développement durable a été créée. La politique RSE est pilotée à partir de 4 thèmes, 12 programmes et 90 actions concrètes avec des objectifs fixés pour chacune de ces actions. Une attention particulière est apportée à la certification des immeubles. Les superficies et le nombre d’immeubles qui obtiennent la certification HQE (haute qualité environnementale) sont en progression constante. Icade vise une certification de 100 % de son patrimoine, sachant qu’à ce jour, ce chiffre est de l’ordre de 30 à 35 %. M. Grzybowski présente ensuite quelques éléments de comparaison avec les compétiteurs d’Icade : Gecina, foncière essentiellement tertiaire, Foncière des Régions et Société Foncière Lyonnaise (SFL), également tertiaires, ainsi qu’avec Unibail-Rodamco et Klépierre, qui sont des foncières essentiellement spécialisées dans les centres commerciaux. Les chiffres et les ratios concernant ces deux dernières sociétés n’ont donc pas tout à fait la même portée ni la même interprétation. L’évolution du marché depuis 2008 a été largement plus favorable aux foncières de commerce qu’aux foncières de bureaux. Seuls les cours en bourse des foncières de commerce bénéficient, actuellement, d’une prime sur l’ANR alors que les cours des foncières de bureaux se traitent avec une décote sur l’ANR de l’ordre de 10 à 20 % en moyenne. Cette situation reflète une appréciation du marché différente sur les risques respectifs liés à l’évolution du marché tertiaire et à ceux liés à l’exploitation de centres commerciaux. Icade, dans ses perspectives pour l’année 2014 et au-delà, a décidé de mettre l’accent sur la poursuite de l’effort de commercialisation dans le contexte d’un marché tertiaire locatif relativement fermé. Elle devra également veiller à l’achèvement de ses projets majeurs sur le parc d’affaires. Les efforts entrepris les années précédentes pour réaliser des économies de coûts se poursuivront, notamment en utilisant la fusion avec Silic comme un possible accélérateur de synergies. Icade, parce qu’il s’agit d’une attente forte du marché, maintiendra son niveau d’endettement, apprécié à travers le ratio LTV (dette sur actif net), aux alentours de 40 %. Le recentrage du portefeuille se poursuivra. La politique de distribution de dividendes se maintiendra à hauteur de 75 % du cash-flow net courant. M. Grzybowski précise que les chiffres prévisionnels figurant sur le document transmis à la Commission de surveillance sont fournis à titre indicatif, mais ne comportent pas d’engagement formel de la part d’Icade. En tout état de cause, ils fournissent un éclairage sur la volonté de développement de l’entreprise. L’une des politiques essentielles d’Icade consiste à développer, à partir du foncier qu’elle détient, des opérations utilisateurs : elle évite les opérations spéculatives et elle développe des opérations dès lors qu’elle est capable d’en identifier les utilisateurs. Cette politique est notamment illustrée par la construction du futur siège de Veolia, d’une superficie de 45 000 m2 à Aubervilliers ou par l’immeuble du Millénaire 3, destiné à accueillir une grande partie de l’administration centrale du Ministère de la Justice, ainsi que par d’autres immeubles répartis sur divers sites. Au-delà de ce pipeline actif, pour lequel les utilisateurs sont connus, Icade gère des dossiers "prêts à lancer" pour lesquels elle cherche les futurs 158 utilisateurs, mais où elle possède d’ores et déjà presque toutes les autorisations de construire. Dès lors que les utilisateurs auront été identifiés, le pipeline pourra être rechargé. Ainsi, Icade connaît de façon certaine la progression de son résultat net récurrent EPRA pour les cinq ans à venir. L’EPRA est un organisme de référence des foncières en Europe, présidé par M. Grzybowski. Il sert à définir des benchmarks et les meilleures pratiques pour l’ensemble des foncières. Une progression de 34 % du résultat net récurrent est escomptée si Icade est capable de livrer, à la fois, le pipeline en cours et le pipeline rechargeable et de commercialiser des opérations. Les performances pourront être multipliées quasiment par cinq au regard des enjeux définis par Icade. M. Houri remercie M. Grzybowski pour la qualité de son exposé et de la documentation fournie. Il s’avoue surpris par l’importance d’Icade. Il note qu’Icade exerce ses activités dans un secteur concurrentiel où la notion d’intérêt général n’intervient pas ou peu. Il se demande comment mesurer la performance et la rentabilité de la société. De nombreux indicateurs sont, en effet, présentés. Le bénéfice consolidé augmente ou diminue chaque année, l’actif net augmente. Par ailleurs, dans cette période difficile pour le secteur de l’immobilier, M. Houri s’enquiert des perspectives pour les trois ou quatre ans à venir et notamment dans le domaine de la promotion où des hauts et des bas sont constatés, avec des bas extrêmement sévères. Enfin, M. Houri fait observer que la Caisse des Dépôts cherche des marges de manœuvre supplémentaires. Or, elle possède 75 % du groupe Icade. M. Houri se demande ce qui se passerait si elle ne possédait que 52 %, en mettant sur le marché une partie de ses actions. M. Emmanuelli précise que la Caisse des Dépôts possède 75 % de 52 % des actions d’Icade. M. Goua évoque ses inquiétudes sur le domaine de la santé où des mouvements actionnariaux sont nombreux comme, par exemple, chez Vedici qui exploite des cliniques détenues par Icade Santé. Or, procès-verbaux 3i a fait part de son intention de vendre Vedici. Vedici a perdu judiciairement un contentieux important et M. Goua pense que telle est la raison pour laquelle 3i essaie de se désengager de Vedici. M. Beffa s’interroge sur l’activité d’Icade Bricolage. Par ailleurs, il demande ce que signifie la mention SASU apposée après Icade Santé. M. Grzybowski répond que SASU signifie "société anonyme simplifiée à actionnaire unique ". M. Beffa demande si Icade, de par ses ratios et Icade Santé, si elle était mise en bourse, seraient soumises à la loi "Florange ". Cette loi confère automatiquement des droits de vote doubles, sauf si ceux-ci étaient supprimés par une décision des deux tiers des actionnaires. Cette disposition permet une dissociation du contrôle de la société par rapport au montant détenu dans le capital. Il serait ainsi possible d’avoir une stratégie différente vis-à-vis du contrôle et vis-à-vis des sommes investies. Cette démarche permettrait d’alléger la participation de la Caisse des Dépôts si l’objectif visé est seulement le contrôle de la société et non un objectif patrimonial. M. Marc indique qu’il partage les préoccupations exprimées par M. Houri. Icade exerce une activité largement concurrentielle. Or, la contribution au résultat est assez limitée depuis quelques années. M. Marc souhaiterait un éclairage au point de vue financier sur ce sujet afin de porter une appréciation sur le maintien ou la réduction de l’exposition de la Caisse des Dépôts dans ce domaine. Toutefois, le contexte du secteur immobilier étant un peu perturbé actuellement, ce n’est peut-être pas le moment de poser cette question. M. Marc n’a pas le sentiment que les perspectives d’avenir fassent apparaître une amélioration. Il se demande si les profits à venir qui sont escomptés du Grand Paris sont réellement correctement évalués. M. Ophèle souhaiterait obtenir quelques précisions sur le scénario projeté jusqu’en 2018. Il demande sur quelle hypothèse d’évolution des prix est fondée la prévision d’actif net réévalué. Il est observé un taux de vacance dans les bureaux en Ile-de-France qui s’approche des plus hauts historiques, alors même que les prix moyens de location des bureaux n’ont pas singulièrement baissé et, en particulier, ils n’ont pas baissé autant que les taux de rendement des emprunts d’État. Lorsque l’on rapproche ces deux éléments, on peut envisager une très forte baisse des prix de marché sur les bureaux et des renégociations à la baisse significatives des loyers. M. Ophèle demande quelle probabilité pourrait être octroyée à ce type de scénario. Mme d’Amarzit évoque d’éventuelles évolutions actionnariales, Groupama détenant un put qu’il peut exercer cette année. Elle souhaiterait savoir si les intentions de Groupama sont connues. M. Emmanuelli répond qu’il semble inopportun d’évoquer ces questions en présence du management d’Icade. Mme d’Amarzit s’interroge sur la stratégie de tertiarisation qui a été menée. Elle constate que dans le périmètre du Grand Paris, les besoins de logements sont très importants et qu’Icade possède des réserves foncières étendues. Elle se demande s’il ne faudrait pas envisager de mettre en place un axe stratégique dans le domaine du logement. M. Emmanuelli remercie les responsables d’Icade de cette présentation très complète et très documentée. Il évoque, par ailleurs, le contrôle de la Cour des Comptes. Il fait aussi observer que les résultats d’Icade sont quasiment équivalents aux cessions réalisées, ce qui signifie que sans les cessions, ces résultats ne seraient pas aussi bons. Vendre les actifs pour dégager du résultat peut cependant trouver certaines limites et M. Emmanuelli juge que cette démarche ne saurait constituer un modèle économique. Il constate que trois métiers sont exercés par Icade. La promotion se porte mal en raison du contexte difficile. Les services emploient un personnel nombreux pour des résultats qui semblent quasiment inexistants : 2 millions d’euros pour 159 400 personnes. M. Emmanuelli s’interroge sur cette situation qui peut poser des difficultés pour l’avenir, même s’il comprend que la problématique est difficile. Enfin, concernant le pôle santé, M. Emmanuelli reprend les remarques formulées par M. Goua au sujet des difficultés du groupe Vedici. Il s’interroge surtout sur la stratégie adoptée qui consiste à faire monter en puissance Icade Santé pour faire évoluer le portefeuille. A partir du moment où le portefeuille santé deviendra très important, le faire passer éventuellement sous le contrôle d’un autre investisseur peut poser problème, surtout s’il s’agit d’un groupe américain. Le fait que des cliniques françaises passent sous contrôle de ce groupe risque d’attirer l’attention, notamment des élus des circonscriptions sur lesquelles sont implantées ces cliniques. M. Emmanuelli s’interroge tout d’abord sur la finalité d’une telle opération et également sur sa faisabilité, cette opération risquant d’être plus compliquée qu’une simple opération classique de marché immobilier. Globalement, M. Emmanuelli constate que le business plan fait état d’une augmentation importante du chiffre d’affaires et se demande sur quelles bases s’appuie cette prévision. M. Grzybowski explique que la croissance prévisionnelle du chiffre d’affaires s’appuie essentiellement sur l’existence du pipeline. Par exemple, mi-2016, 45 000 m2 d’immeubles de bureaux seront livrés à Veolia, ce qui se traduira immédiatement par une augmentation de16 millions d’euros des loyers et donc du chiffre d’affaires. Le même raisonnement est valable pour toute une série d’immeubles mentionnés dans les documents fournis. A l’horizon de quatre ou cinq ans, il s’agit davantage d’hypothèses de développement. Mais sur les deux ou trois prochaines années, la croissance du chiffre d’affaires est étayée par la livraison d’immeubles, dont certains sont en cours et d’autres sont quasiment livrables. Mme Palladitcheff précise qu’il s’agit là d’un point de différenciation par 12e séance - 28 mai 2014 rapport aux concurrents d’Icade, qui sont dépendants de leur capacité à trouver des actifs sur le marché, puisqu’ils ne possèdent pas de réserve foncière. Même si le marché est favorable, ils ne peuvent pas décider du jour au lendemain de lancer un projet. Il faudra d’abord qu’ils trouvent un terrain, puis un promoteur. Icade bénéficie donc d’un atout particulier par rapport à d’autres foncières plus traditionnelles. M. Grzybowski revient sur la stratégie de tertiarisation. Icade, en tant qu’investisseur, est une foncière tertiaire. En revanche, Icade continue à jouer un rôle efficace dans le secteur du logement en tant que promoteur. La production d’Icade se situe, selon les années, entre 3 000 et 5 000 logements, dont traditionnellement 30 % sont vendus aux organismes de logement social. Dans le cadre même d’une logique du Grand Paris, Icade essaie de discuter avec les élus sur une programmation à long terme - comme c’est le cas actuellement avec les élus d’une intercommunalité sur laquelle elle possède 80 hectares - en s’appuyant sur des contrats de développement territorial ou sur le dispositif qui leur succédera. Les discussions portent sur la possibilité de densifier en tertiaire les sites appartenant à Icade, mais en proposant parallèlement d’abandonner certains fonciers qui n’auront plus de destination tertiaire et sur lesquels Icade, en tant que promoteur, est prêt à produire des logements. Ainsi, derrière le centre commercial du Millénaire, dans un secteur qui était initialement tertiaire, Icade a lancé une opération de 160 logements. L’idée est de garder l’unité tertiaire des parcs, mais en jouant, pour une partie des marges de ces parcs, sur la possibilité de consacrer un certain nombre de fonciers disponibles à du logement. Icade étudie, par ailleurs, la reconversion de certains parcs et notamment de certains parcs de Silic qui comprennent des entrepôts quasiment obsolètes. Sur le secteur de Cergy, il est envisagé de détruire ces entrepôts pour produire, le cas échéant, des logements en tant que promoteur, ce qui suppose de trouver des investisseurs institutionnels ou particuliers prêts à acheter ces logements. Concernant le secteur médical, M. Grzybowski indique que plusieurs hypothèses de désengagement progressif d’Icade pourraient être envisagées. La première consisterait à réaliser une vente d’un seul bloc, mais serait probablement dommageable en termes d’espérance de valorisation. M. Grzybowski fait observer que ce sont les équipes d’Icade qui, aujourd’hui, créent de la valeur, et que c’est pour ce motif qu’Icade Santé a réussi à intéresser des investisseurs. Une autre solution de type IPO (introduction en bourse) pourrait être envisagée, mais il existe peu de chances d’atteindre une valorisation supérieure à l’ANR. La troisième solution est actuellement explorée avec des investisseurs potentiels. M. Emmanuelli précise que ce n’est pas la qualité en elle-même de ces investisseurs qui pose problème, mais le ressenti sur le terrain. M. Grzybowski en est conscient. Il ajoute que cet investisseur potentiel serait prêt à reprendre environ 50 % de la participation d’Icade, mais considérant qu’une partie de la valeur de la société est liée aux équipes d’Icade, il souhaiterait que celle-ci reste pour assurer un accompagnement dans un premier temps. A partir de là, il serait possible de développer une plateforme d’investissements dans les murs de santé à partir de la France sur l’ensemble de l’Europe, ce qu’Icade n’a pas les moyens de faire, mais ce qu’un outil, comme la foncière qui a été constituée à partir de 2 milliards d’euros d’actifs, permet de réaliser. Compte tenu des discussions informelles qui ont eu lieu, il est possible d’espérer une cession d’une partie de la participation d’Icade à un prix supérieur à l’ANR. Il ne s’agit pas de céder la société Icade Santé, mais seulement une partie de la participation d’Icade dans Icade Santé. M. Grzybowski souligne que les principaux acteurs fonciers dans le domaine de la santé sont les Américains, avec des capitalisations très élevées. De plus, une clinique ne peut pas être délocalisée à Zürich ou à Bruxelles, ce qui garantit que les emplois resteront sur place. Par ailleurs, la plupart des intervenants exploitants sont d’ores et déjà des étrangers. Le groupe Ramsay 160 est australien, la Générale de Santé est italienne et passera prochainement dans d’autres mains étrangères et Capio est suédois. D’une certaine façon, l’opération aboutirait à attirer des capitaux étrangers qui viendraient se positionner en France. M. Emmanuelli signale que le groupe (Capio) continue à acheter des cliniques. M. Grzybowski estime que la nationalité, dans le domaine de la santé, peut être plus problématique pour les exploitants que pour les propriétaires d’actifs immobiliers. Il rappelle qu’un tiers des bureaux de Paris sont déjà détenus par des fonds étrangers. M. Grzybowski évoque ensuite Vedici et souligne que dans le secteur de la santé, le risque n’est pas seulement immobilier : il s’agit d’un risque de contrepartie. Une attention extrême doit être portée à la solvabilité des partenaires. Chaque année, une présentation est effectuée par le management de ces partenaires sur les évolutions de la situation, qu’il s’agisse de l’actionnariat, des cliniques ou des résultats. Dans ce cadre, M. Nouzarède et son équipe sont venus présenter la situation de Vedici la semaine précédente. Concernant l’application de la loi Florange, Mme Palladitcheff souligne que la décision appartiendra à la Caisse des Dépôts. Une résolution devra être portée, le cas échéant, devant l’assemblée générale. Icade sera soumise à la loi Florange comme toutes les sociétés. M. Beffa en conclut qu’une dissociation entre le contrôle de la société et la détention des parts est possible, ce qui permet d’ouvrir les réflexions. Mme Palladitcheff, en réponse à la question portant sur les critères d’efficacité, précise que plusieurs indicateurs sont fournis et notamment la marge d’EBO (excédent brut opérationnel), qui représente réellement la richesse créée par la société après avoir perçu les revenus et payé l’ensemble des charges opérationnelles afférentes à son activité. La comparaison avec les autres entreprises du secteur démontre qu’Icade procès-verbaux est plutôt bien placée de ce point de vue. Le second indicateur significatif est le cash-flow net courant par action, qui représente ce qui reste à la société en termes de trésorerie, une fois qu’elle a encaissé l’ensemble des revenus afférents à son activité et payé l’ensemble de ses fournisseurs, le premier d’entre eux étant le marché financier. Cet indicateur est important et sa progression est observée par le marché, car elle reflète la capacité à mener à bien des acquisitions relutives, c’est-à-dire qui créent davantage de richesse pour l’entreprise. Icade, comme le démontrent son budget et son plan à moyen terme, a effectivement l’ambition de faire progresser cet indicateur. Cette ambition est assortie d’un certain nombre d’hypothèses, car au-delà du pipeline qui garantit une progression sur les deux ou trois ans à venir, il reste une incertitude dans le domaine de la promotion sur la capacité à maintenir le même niveau de revenus chaque année, cette activité étant actuellement soumise à une forte pression du marché. Au-delà des deux ou trois prochaines années, la progression dépendra de la capacité à réinventer un nouveau pipeline afin de créer de nouvelles ressources à venir. L’activité prévisionnelle qui est indiquée ne prend en compte que les entrées et sorties, c’est-à-dire les acquisitions et cessions qui sont programmées, sans projeter d’augmentation des valeurs dans les années à venir. Il est, en effet, méthodologiquement interdit de le faire, car la principale composante de l’actif net réévalué est établie par les experts externes. De plus, dans l’environnement actuel, prévoir une augmentation des prix paraîtrait extrêmement hasardeux, car il n’est pas certain que le cycle qui s’annonce soit immédiatement haussier en termes de valeur. En réponse à la question concernant les services, M. Grzybowski remarque que les trois métiers d’Icade répondent effectivement à des logiques financières radicalement différentes : la promotion, avec sa volatilité, la foncière, avec son inertie et son aspect fortement capitalistique et les services, qui sont un métier de centimier, c’est-à-dire un métier où les marges sont faibles et où chaque centime compte. Les services sont présents au sein d’Icade pour une raison historique : les principaux donneurs d’ordres dans ce domaine sont la Caisse des Dépôts et CNP Assurances. Pour la plupart, ces services sont issus d’une ancienne structure de la Caisse des Dépôts, Agifrance, qui a été en quelque sorte transférée chez Icade. Durant les cinq dernières années, cette branche des services occupait plus de mille personnes. Icade a réussi par des cessions successives à vendre un certain nombre de ces activités. Ainsi, l’activité de facility management, c’est-à-dire la gestion technique des immeubles, a été vendue au numéro un français du secteur, Atalian. De même, l’administration de biens pour les particuliers a été vendue à Procivis, qui est l’activité d’administration de biens du Crédit Immobilier de France. Chaque fois, Icade a veillé à ce que les acquéreurs aient comme cœur d’activité les métiers vendus. M. Emmanuelli suppose que de tels acquéreurs ne sont pas faciles à trouver. M. Grzybowski le confirme. Icade pourrait, à ce stade, lancer des processus compétitifs pour son activité d’administration de biens pour les institutionnels, mais compte tenu de l’ensemble des évolutions du groupe, elle a préféré délibérément ralentir ces cessions afin de ne pas créer davantage de perturbations sur le plan social, sur un sujet qui n’est plus stratégique. En effet, ce secteur n’est plus stratégique car sa contribution au résultat n’est quasiment plus visible par le marché, alors que ce n’était pas le cas lorsque cette branche employait 1 000 personnes. Mme Palladitcheff précise que les prévisions présentées sont très prudentes, car Icade ne pense pas avoir les moyens de modifier radicalement les paramètres de performance de ces activités. Le marché est extrêmement compétitif, ce qui pourrait donner lieu, le moment venu, à des possibilités d’alliance, car de nombreux acteurs cherchent à augmenter leurs parts de marché. Il ne semble pas possible d’obtenir davantage de 161 performance de la part de cette entité au sein de Icade, d’où une grande prudence au niveau des budgets et des plans à moyen terme pour les années à venir. M. Beffa évoque la gestion de la tour Montparnasse. Il suppose que personne d’autre n’était prêt à prendre le relais en la matière, car même si ce contrat est très rentable, il n’est pas certain que cette activité soit souhaitable. Mme Palladitcheff indique que ce contrat n’est pas extrêmement rentable, mais qu’il est lié à des motifs historiques. M. Grzybowski annonce qu’Icade a demandé une renégociation de ce contrat, en déclarant clairement qu’il fallait lui donner les moyens nécessaires. Cette tour comprend 350 copropriétaires et 4 ou 5 sous-syndicats de copropriété. Certains copropriétaires sont des institutionnels, alors que d’autres sont des personnes physiques qui possèdent des magasins de 20 m2. Certains sont à l’âge de la retraite. Les intérêts en présence sont irréconciliables. Icade a réussi à réduire le renouvellement de son mandat à deux ans au lieu de trois ans, de telle sorte qu’elle puisse, le cas échéant, envisager de se retirer dans deux ans. M. Grzybowski insiste sur le fait que la situation est quasiment ingérable. La copropriété est incapable de prendre les décisions qui s’imposent, c’est-à-dire vider la tour, négocier avec la ville de Paris des charges foncières additionnelles pour construire sur la galette des bureaux ou des logements additionnels et à partir du résultat de cet investissement, financer la restructuration complète de la tour et de la galette commerciale. Répondant à la question portant sur Icade Bricolage, Mme Palladitcheff explique qu’Icade détient des murs de l’enseigne Monsieur Bricolage, répartis sur l’ensemble du territoire français. Ces murs sont considérés comme un actif non stratégique pour lequel un plan de cession est en cours. Cette activité est néanmoins fortement rentable et les responsables d’Icade sont donc relativement confiants sur l’aboutissement du plan de cession. 12e séance - 28 mai 2014 En réponse à M. Emmanuelli, M. Grzybowski souligne que les enjeux principaux d’Icade, même s’ils n’ont pas tous été évoqués dans la présentation, sont clairement détaillés dans la note transmise à la Commission de surveillance. Mme Palladitcheff souhaite apporter quelques éléments d’information sur le contrôle fiscal. Les responsables d’Icade ont saisi la Commission nationale des Impôts qui les a auditionnés au mois de juillet 2013. Cette commission a reconnu que la méthode utilisée par Icade, c’est-àdire la méthode d’actualisation des flux dite DCF, était effectivement la bonne et que la méthode par comparaison, retenue par l’administration fiscale n’était pas adaptée. La question concernait l’évaluation des actifs qui a servi de base à l’entrée d’Icade dans le régime SIIC en 2007. Le contrôle et le redressement fiscal portaient uniquement sur les actifs de logement. Contrairement à la position de la Cour des comptes, l’administration fiscale considère que ces logements ont été sous-valorisés et n’ont pas été vendus à un prix assez élevé. Le président de la commission a effectivement donné raison à Icade sur ce sujet. Il aurait souhaité qu’une transaction avec l’administration fiscale soit possible, mais celle-ci a décidé de ne pas suivre la position de la Commission nationale des Impôts et elle a mis Icade en recouvrement. Icade, qui aurait dû verser 200 millions d’euros, a mis en place une caution bancaire auprès de la BNPP pour la durée de la procédure afin d’éviter de débourser cette somme. Cette procédure risque d’être assez longue puisque la date d’audience au tribunal administratif n’a pas été encore fixée. Il n’est absolument pas certain que cette audience se tiendra en 2014. M. Emmanuelli demande si une provision a été constituée à ce sujet. Mme Palladitcheff répond négativement. En accord avec les commissaires aux comptes et les conseils d’Icade, considérant que la méthode utilisée est la bonne et que l’ensemble des autres foncières qui ont été redressées pour le même motif ont obtenu gain de cause, aucune provision n’a été constituée. De plus, le conseiller Bruno Martin-Laprade a confirmé que cette méthode était la bonne. Auprès du tribunal administratif, cette position pourra être mise en avant. d’Icade. L’opération avec Silic s’étant déroulée dans des délais extrêmement contraints, il a été jugé utile, à l’époque, de monter un tel dispositif pour ne pas avoir à engager un dossier de privatisation. M. Beffa demande si le marché est correctement informé sur cette question. Groupama est lié par un engagement d’inaliénabilité de ses titres jusqu'au 6 août 2014. A partir de cette date, Groupama peut exiger la liquidité de sa participation, sous deux formes. Soit la Caisse des Dépôts assure cette liquidité, ce qui signifierait engager environ 700 millions d’euros d’investissements dans Icade. Ceci ne correspond pas aux hypothèses retenues dans la politique d’investissement du Groupe présentée à la Commission de surveillance début 2014. Soit la Caisse des Dépôts permet à Groupama de reconvertir ses titres HoldCo SIIC dans des titres Icade, sans d’ailleurs que Groupama soit obligé de les vendre, auquel cas, de facto, Icade sera privatisée, la structure juridique rejoignant la structure économique. Une telle évolution conduirait à une privatisation de l’entreprise. M. Grzybowski le confirme. Le marché est, à la fois, informé du détail du contentieux et de la décision d’Icade de ne pas provisionner, ainsi que de la caution accordée par la banque. M. Grzybowski précise que 200 millions d’euros représentent 3 euros par action. M. Lemas constate que la contribution d’Icade au résultat du Groupe reste modeste. Il espère donc que cette contribution s’améliorera. Il a comparé les chiffres à ceux de la SNI. M. Grzybowski objecte que la SNI est une filiale à 100 % de la Caisse des Dépôts, alors qu’Icade, au point de vue économique, ne l’est qu’à hauteur de 39 %. La comparaison doit donc s’opérer avec un coefficient multiplicateur de l’ordre de 2,7. M. Emmanuelli remercie M. Grzybowski et Mme Palladitcheff pour leur présentation. M. Grzybowski et Mme Palladitcheff quittent la séance. M. Emmanuelli propose qu’une réponse soit apportée à Mme d’Amarzit au sujet du put de Groupama. M. Silvent explique qu’il existe un pacte d’actionnaires conclu avec Groupama, qui détient 25 % de la structure intermédiaire HoldCo SIIC, qui elle-même détient 52 % d’Icade. Cette structure intermédiaire a été créée de manière à ne pas privatiser, au sens juridique, l’entreprise, lorsque le rapprochement avec Silic a été décidé. A défaut, la Caisse des Dépôts n’aurait détenu que 39 % du capital de l’ensemble Icade - Silic. De fait, la Caisse des Dépôts ne possède plus que 39 % d’intérêt économique dans le capital 162 A ce jour, les responsables de Groupama ont indiqué qu’ils n’étaient pas pressés de vendre. En effet, ils considèrent que la valorisation actuelle d’Icade est décotée par rapport au potentiel de la société. Groupama n’a plus les problèmes de solvabilité qu’elle rencontrait deux ans auparavant. Les responsables de Groupama n’ont donc pas l’intention d’exercer cette option de liquidité au 6 août. Les discussions en cours portent sur une prorogation de l’engagement d’inaliénabilité afin de ne pas avoir une épée de Damoclès sur la tête, puisque les accords qui avaient été négociés prévoient qu’à partir du 6 août 2014, Groupama peut exercer cette option en permanence. M. Beffa estime que la Caisse des Dépôts aurait intérêt à mettre ses actions de la holding immédiatement sous le régime des droits de vote doubles. Ainsi, la Caisse des Dépôts ne perdrait pas l’essentiel de son contrôle sur Icade. Ce dispositif permettrait de résoudre une partie du problème. De plus, la question des OPA obligatoires ne se poserait pas. procès-verbaux Mme Renaud-Basso considère que cette question est indépendante de la problématique de privatisation au sens de la loi. M. Beffa précise que le statut de la société ne sera pas modifié, mais que grâce à ce dispositif, la Caisse des Dépôts maintiendra un contrôle important sur Icade, qu’elle perdrait sinon. M. Silvent indique que cette question doit être examinée en relation avec Groupama. M. Beffa signale que si la Caisse des Dépôts acquiert des droits de vote doubles, Groupama bénéficiera également de droits de vote doubles transférés. En effet, le texte voté par le Parlement prévoit que les droits de vote doubles, si l’on change le contrôle "en haut ", ne sont pas perdus. M. Beffa suggère à M. Silvent d’examiner cette possibilité susceptible d’apporter une flexibilité stratégique. relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif à la filiale immobilière icade Lors de sa séance du 28 mai 2014, la Commission de surveillance a pris bonne note du fait que le développement des projets en portefeuille ou à venir devrait permettre d'accroître la valorisation et le dégagement de résultats d’exploitation et, par là même, la contribution d'Icade aux résultats de la Caisse des Dépôts, qui doit s'apprécier au regard des performances attendues d'une société exerçant dans le champ concurrentiel. S'agissant de l'évolution possible du périmètre d'Icade Santé, la Commission de surveillance demande à être consultée suffisamment en amont, eu égard M. Silvent fait observer qu’il serait possible d’envisager que la Caisse des Dépôts soit l’actionnaire de référence d’Icade dans une société privatisée, mais qu’une telle solution doit aussi intégrer des considérations relatives à l’ensemble des parties prenantes et notamment les salariés. M. Beffa considère que l’enjeu consiste à dépasser au moins le seuil de 30 % en droits de vote. 6 – Question d’actualité Il n’y a pas de question d’actualité. La séance est levée à 19 heures 05. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 163 aux intérêts publics portés par l'activité de santé. Elle sera également vigilante quant aux réponses apportées aux différents rapports de la Cour des comptes sur Icade, rapports à ce stade encore provisoires et souhaite en être informée. Concernant l'évolution de l'actionnariat de la holding Holdco, la Commission de surveillance préconise la recherche de stabilité de l'actionnariat et invite la Direction générale à poursuivre ses réflexions sur l'optimisation des droits de vote de la Caisse des Dépôts. 13 e séance- 11juin 2014 * Le mercredi 11 juin 2014, à 17 heures 10, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Bavagnoli, Beffa, Gailly, Houri, Lavondès, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance. Étaient excusés : MM. Arthuis, Goua et Marc. Assistaient également à la réunion : M. Lemas, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général, et de M. Rizk, Conseiller du Directeur général ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe (point 2) ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Martin ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Silvent, Directeur du pôle Finances, stratégie et participations ; M. Keïta, Directeur du Développement territorial et du Réseau (point 3) ; M. Costrejean, Président de France Brevets (point 3) ; M. Hourcade, Directeur général de France Brevets (point 3) ; Mme Duprat-Briou, Directrice chargée de la mission Programme d’Investissements d’Avenir (point 4). 1 - Approbation du procès-verbal et du compte rendu de la Commission de surveillance du 30 avril 2014 M. Emmanuelli constate l’absence d’observation sur le procès-verbal et le compte rendu du 30 avril 2014. Le procès-verbal et compte rendu de la Commission de surveillance du 30 avril 2014 est approuvé. 2 – Projet de décret fixant le montant du prélèvement de l’État sur les Fonds d’épargne Mme Renaud-Basso indique que le décret formalise la proposition, approuvée par la Commission de surveillance, de reverser à l’État la totalité de l’excédent des fonds propres disponibles sur les Fonds d’épargne, soit un montant de 733 millions d’euros au titre de l’année 2014, en adéquation avec les règles en vigueur en matière d’allocation et de rémunération de la garantie apportée par l’État sur les Fonds d’épargne. M. Picq souligne que le modèle prudentiel, adopté récemment par la Caisse des Dépôts, est censé prévenir toute nécessité de mise en œuvre de la garantie de l’État. Dès lors, même si l’existence de cette garantie s’avère nécessaire, il conviendrait de s’interroger sur son coût. Par ailleurs, la garantie de l’État est accordée pour l’ensemble des épargnants déposant des fonds sur les Livrets A, y compris auprès des banques. Or, M. Picq ne croit pas que les banques payent – fut-ce de manière symbolique – le coût de cette garantie. Ces deux points mériteraient d’être évoqués lors des discussions concernant la révision des relations financières entre l’État et la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli indique avoir écrit une lettre à M. Sapin afin de l’inciter à engager ces discussions. Un premier contact a d’ores et déjà eu lieu, sans permettre de faire véritablement évoluer la situation. Mme Tessier communiquera la lettre de M. Emmanuelli aux membres de la Commission de surveillance. M. Silvent explique que ce premier contact a permis de faire le point sur les positions des uns et des autres et de présenter les raisons pour lesquelles la Caisse des Dépôts considère la question des relations financières avec l’État comme essentielle pour son avenir. 164 La prochaine réunion, programmée le 30 juin 2014, devrait permettre d’entrer dans le vif du sujet. M. Lemas estime qu’il convient de distinguer les négociations sur les conditions de rémunération au titre de la Section générale, qui renvoient à la question de l’évolution des fonds propres et engagent le devenir de l’Établissement et les négociations concernant le prélèvement sur les Fonds d’épargne. Les questions soulevées par M. Picq méritent toutefois d’être examinées et, en particulier, celle du coût supporté par les établissements bancaires : à partir du moment où l’évolution du taux de centralisation a permis aux banques de gérer une partie de l’épargne réglementée, il paraîtrait légitime que la Caisse des Dépôts ne soit pas la seule à prendre en charge le coût de la garantie de l’État. M. Bavagnoli rappelle que le prélèvement ne représente que le coût de la garantie de l’État sur les Fonds d’épargne. Les sommes qui ne sont pas centralisées font l’objet d’une autre garantie au bénéfice des épargnants. M. Emmanuelli constate tout de même que l’État exige une certaine somme de procès-verbaux la Caisse des Dépôts en contrepartie de sa garantie sur les fonds qu’elle gère, mais pas des banques. Mme Renaud-Basso nuance ce propos : les banques payent au titre de la garantie des dépôts pour les mandats collectés sur le Livret A, mais dans une moindre proportion que la Caisse des Dépôts où tout l’excédent des fonds propres est prélevé chaque année. M. Ophèle considère, quant à lui, que les conditions de rémunération des banques sur les fonds qu’elles collectent et qui sont centralisés à la Caisse des Dépôts s’avèrent insuffisantes. Il estime, par conséquent, que c’est l’ensemble du dispositif qu’il conviendrait de réexaminer. M. Emmanuelli observe que la question soulevée par M. Picq concernait les inégalités fiscales entre les banques et la Caisse des Dépôts. M. Bavagnoli propose d’expliquer, lors d’une prochaine réunion de la Commission de surveillance, le fonctionnement de la garantie de l’État pour le Fonds d’épargne de la Caisse des Dépôts et pour les particuliers déposant leur épargne auprès des banques, qui règlent également le coût de la garantie de l’État. M. Emmanuelli souhaite connaître le taux appliqué pour les particuliers et les banques. M. Bavagnoli indique que les particuliers ne paient pas pour la garantie de l’État. Pour ce qui est des banques, lors du lancement de la SFEF en 2008, le taux pratiqué était, par exemple, proche de 60 points de base. La tarification pratiquée à l’égard des banques s’avère proportionnellement supérieure au prélèvement de l’État sur le Fonds d’épargne. M. Beffa objecte que le risque n’est en aucun cas comparable. Quoi qu’il en soit, il jugerait utile de connaître le taux appliqué aux banques par l’État. avis de la commission de surveillance sur le projet de decret fixant le montant de prélèvement sur le fonds d'épargne Lors de sa séance du 2 avril 2014, la Commission de surveillance avait acté que l’excédent de fonds propres s'élève à 733 M€ à fin 2013, par rapport aux besoins de fonds propres en couverture des risques qui s’établissent à 7 372 M€. Cet excédent permet ainsi le prélèvement de l’État, au titre de sa garantie, à due concurrence. Conformément aux dispositions de l’article R221-11 du Code monétaire Sans aller jusqu’à suggérer la suppression de la garantie de l’État, qui affecterait fortement le crédit de l’Établissement, M. Picq insiste sur le fait que le modèle prudentiel, adopté par la Caisse des Dépôts, rend peu probable la mise en œuvre de cette garantie. Il souligne, en outre, les bonnes performances obtenues dans la gestion du portefeuille du Fonds d’épargne, qui ne sont pas pour autant rémunérées. M. Picq souligne que ces deux éléments doivent être pris en compte dans les discussions concernant les relations financières entre l’État et la Caisse des Dépôts. M. Beffa observe que le coût des garanties sur les marchés a eu tendance à baisser au cours des dernières années et jugerait logique qu’il en aille de même pour le prélèvement de l’État. M. Bavagnoli souligne que le caractère spécifique des Fonds d’épargne rend peu pertinente toute comparaison avec les taux pratiqués sur les marchés classiques. M. Lemas ajoute que la Direction du Budget considère que le surplus de la couverture des besoins en fonds propres du Fonds d’épargne doit être prélevé pour le financement du budget de l’État. S’agissant d’un texte réglementaire, le prélèvement opéré sur les Fonds d’épargne peut légitimement faire 165 et financier, la Commission de surveillance du 11 juin 2014 émet un avis favorable au projet de décret du Ministre des Finances et des Comptes publics, fixant le montant du prélèvement de l’État sur la section du fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignations, en rémunération de la garantie, à 733 M€ pour l’année 2014 sur les comptes arrêtés de 2013. l'objet, chaque année, d’un débat, mais M. Lemas estime que la question prioritaire est celle de la contribution de la Section générale. M. Emmanuelli insiste sur la nécessité de faire avancer les discussions sur les relations financières entre la Caisse des Dépôts et l’État. Il en va de l’avenir du modèle de l’Établissement, qui, en l’absence d’actionnaire, doit trouver des moyens d’augmenter ses fonds propres. La Commission de surveillance émet un avis favorable au projet de décret fixant le montant du prélèvement de l’État sur les Fonds d’épargne. 3 - Point sur France Brevets M. Costrejean propose de présenter une brève description de France Brevets, de son modèle économique et de sa situation, avant de laisser place aux échanges. Issu d’un dispositif législatif datant de 2010, France Brevets s’intègre dans l’initiative globale du Fonds national de valorisation, doté d’1 milliard d’euros, en majorité dédiés aux SATT (Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies). 100 millions d’euros 13e séance - 11 juin 2014 ont été alloués au fonds France Brevets, codétenu par l’État dans le cadre du PIA et en fonds propres par la Caisse des Dépôts. Dédié à la valorisation de la propriété intellectuelle, ce fonds devait initialement constituer un outil de politique industrielle permettant, à la fois, de valoriser la recherche publique, de créer des synergies avec les entreprises, de défendre la propriété intellectuelle des entreprises, considérée comme un actif incorporel et d’en faire un élément de leur compétitivité. France Brevets est aujourd’hui opérationnel depuis deux ans et demi et son capital a été libéré à hauteur de 50 %. Le modèle économique de France Brevets est fondé sur trois activités. La première concerne les grands programmes : il s’agit d’acquérir des brevets ou des droits d’utilisation de brevets afin de constituer des grappes thématiques, facteurs de création de valeur, de défendre des procédés industriels et de protéger la propriété intellectuelle des entreprises et de la filière française de recherche. France Brevets intervient, par exemple, dans le domaine des NFC (Near Field Communication), pour participer à la constitution de grappes d’innovations conséquentes, à la recherche de valorisation à travers des débouchés commerciaux et à la défense des droits de propriété intellectuelle générés. L’action du fonds concerne également des programmes de taille plus modeste, menés auprès de PME et d’ETI. France Brevets conduit enfin des programmes de standardisation, visant à valoriser des actifs de propriété intellectuelle issus de la recherche publique française. Après deux ans et demi de fonctionnement, il apparaît clairement que le modèle économique du fonds devra se construire dans la durée, l’acquisition et la défense de brevets impliquant des négociations assez longues. France Brevets affiche, à l’heure actuelle, un retard sur son plan d’affaires initial, notamment dû à un nombre de programmes lancés inférieur aux prévisions. En outre, alors qu’il visait, au moment de sa création, un spectre plus large, le fonds a eu tendance à se spécialiser dans les technologies de l’information, qui constituent un secteur plus mature et plus propice à la valorisation des droits de propriété intellectuelle. M. Costrejean souligne également le sous-développement des actions réalisées en collaboration avec les organismes de recherche publique. Le plan d’affaires, récemment mis à jour, prévoit un taux de rentabilité cible à très long terme de l’ordre de 13 %, une utilisation incomplète du capital et une création de valeur tardive : au vu de ces différents éléments, force est de constater que le modèle économique de France Brevets s’avère, à la fois, long et risqué. Les équipes de France Brevets sont actuellement fortement mobilisées par le projet NFC, qui s’avère déterminant pour la réalisation du plan d’affaires. La technologie NFC consiste à utiliser des connexions à haute fréquence et à faible distance, par exemple, pour effectuer des paiements via des bornes grâce à un smartphone. Les applications possibles sont multiples, mais M. Costrejean propose de revenir sur ces aspects techniques ultérieurement. Si le modèle d’intervention de France Brevets s’avérait, dès le départ, risqué et expérimental, les moyens qu’il mobilise paraissent trop modestes eu égard à l’ambition d’en faire un outil de politique industrielle. Le retard constaté dans la réalisation du business plan initial peut en partie être relié au contexte français : il est aujourd’hui, à la fois, extrêmement difficile de créer des synergies et des partenariats avec les différentes agences de la recherche publique, telles que le CNRS ou le CEA et avec les grandes entreprises françaises, dont la culture les incite à utiliser les brevets uniquement sur un mode défensif, pour protéger des droits d’utilisation, sans chercher à les valoriser. Les conditions ne semblent donc pas réunies, à l’heure actuelle, pour faire de France Brevets un véritable outil de politique industrielle : le fonds mériterait un portage public plus fort, lui permettant de profiter de la production de droits de propriété intellectuelle, notamment dans la filière publique et d’atteindre un marché assez vaste pour lui permettre de réaliser son plan d’affaires. Il serait utile que l’État 166 s’interroge sur l’utilisation de cet outil dans le cadre d’une stratégie publique. M. Lemas est bien conscient du travail extrêmement important fourni par l’équipe de France Brevets, notamment en ce qui concerne les NFC. Il souligne, par ailleurs, que la gestion de brevets, en France comme partout ailleurs dans le monde, comporte une part non négligeable de traitement des contentieux. M. Lemas considère que France Brevets a pâti d’un certain manque de continuité de la part des pouvoirs publics : présenté comme un outil majeur lors de sa création en 2010, le fonds a été quelque peu déconsidéré depuis. Il est aujourd’hui envisagé de créer, dans le cadre du PIA 2, un Fonds souverain des brevets, dont on ne sait pas quelles relations il entretiendrait avec France Brevets. La question est aujourd’hui de savoir si France Brevets, dans sa forme actuelle, entre en cohérence avec le projet des pouvoirs publics et notamment avec le PIA 2. La Caisse des Dépôts a d’ores et déjà annoncé qu’elle n’interviendrait pas financièrement dans le futur Fonds souverain des brevets tant qu’elle ne disposerait pas d’une première évaluation de l’action accomplie jusqu’ici et d’une vision prospective assez claire du projet de l’État. M. Lemas souhaite donc qu’un échange ait lieu au cours de l’été avec les équipes de France Brevets afin de déterminer l’avenir du fonds au sein du groupe Caisse des Dépôts. Comme l’a expliqué M. Costrejean, France Brevets est voué à intervenir en fin de processus, une fois le travail de recherche accompli, pour faciliter la valorisation des brevets et les croisements avec les industriels intéressés. Or, le fonds a probablement été créé trop tôt, avant que le travail autour des sociétés d’accélération du transfert de technologie (SATT) ait véritablement été engagé. Dans ces conditions, il paraît injuste de reprocher à France Brevets de ne pas avoir atteint ses objectifs. Il convient aujourd’hui de s’assurer que l’implication des ministères concernés est à la hauteur de celle des équipes de France Brevets. M. Lemas juge, en outre, la gouvernance de France Brevets peu adaptée : bien que la Caisse procès-verbaux des Dépôts dispose de représentants au sein du conseil d’administration, dont son président, elle peine à contrebalancer l’implication très mesurée dont font parfois preuve les représentants de l’État, pourtant également présents au sein de ce même conseil d’administration M. Beffa s’étonne que l’État préfère investir des montants importants dans des structures censées aider la recherche, plutôt que de financer directement les chercheurs ou les entreprises susceptibles de valoriser cette recherche. Alors que les fonds manquent pour financer des projets essentiels, parmi lesquels les 34 programmes définis par le ministère de l’Economie et du redressement productif, M. Beffa s’interroge sur la pertinence de consacrer des moyens à des structures de soutien. M. Beffa estime que la logique de France Brevets, selon laquelle les chercheurs qui déposent des brevets et les entreprises qui les utilisent se rencontreraient sur un marché, ne correspond pas à la réalité. Il n’existe pas de marché mondial des brevets. Si France Brevets éprouve des difficultés à dialoguer avec les entreprises, c’est avant tout parce que celles-ci souhaitent conserver la gestion de leurs brevets en interne et non pas la déléguer à un intermédiaire dont elles ne sont pas persuadées de l’utilité. Il s’avère fondamental, pour les entreprises comme pour les organismes de recherche, de disposer de leur stratégie propre en matière de brevets. Il ne s’agit pas de produire un bien classique pour le diffuser ensuite sur un marché. M. Beffa recommanderait donc de mettre fin à l’expérience France Brevets, dans les meilleures conditions possibles, malgré les difficultés que pourrait créer un désengagement du programme NFC. M. Gailly souscrit totalement à l’analyse de M. Beffa concernant l’inexistence du marché des brevets. Il s’enquiert de l’existence d’une analyse extérieure, juridique et financière, des risques liés au contentieux NFC. Mme Grosskost demande quelles sont les chances de France Brevets de remporter ce contentieux, qui, d’après ce qu’elle a pu lire dans la presse, donne une image assez négative du fonds. M. Emmanuelli constate que le cas de France Brevets illustre une fois de plus la difficulté de mettre en œuvre des partenariats avec l’État. Le plan d’affaires présenté lui semble par trop optimiste, au vu des réalisations accomplies jusqu’ici. Le champ d’intervention de France Brevets concerne des activités très différentes, qu’il s’agisse de grands brevets ou de licensing et le fonds a déjà pu être accusé d’agir en tant que patent troll ("chasseur de brevets "), ce qui ne manque pas de nuire à son image. Enfin, pour ce qui est des difficultés de France Brevets à nouer des partenariats avec les grands organismes de recherche tels que le CEA ou le CNRS, elles nécessiteraient une intervention de l’État qui risque, toutefois, de se heurter au poids des habitudes au sein de ces structures. M. Costrejean indique que France Brevets n’agit pas en tant que patent troll : son action inclut toujours des phases de négociation très constructives et motivées par une véritable stratégie industrielle. M. Emmanuelli en est bien conscient ; il évoquait simplement les risques en termes d’image. M. Costrejean affirme, par ailleurs, qu’il est aujourd’hui trop tôt pour fixer de façon précise un taux de rentabilité. La prévision de TRI, revue à la baisse à 13 %, semble un objectif atteignable. La conduite d’une analyse et les avancées sur le dossier NFC permettront d’ici la fin de l’année d’avoir une meilleure visibilité sur le plan d’affaires. M. Emmanuelli s’enquiert des prévisions de résultats pour l’année 2014. M. Hourcade indique que les résultats 2014 dépendront entièrement de l’avancée des négociations sur le programme NFC, dont les revenus pourraient s’élever à environ 25 millions de dollars. Pour avoir traité par le 167 passé des négociations de droits de brevets sur d’autres sujets industriels d’ampleur mondiale, M. Hourcade sait cependant que le chiffre final pourrait s’avérer bien inférieur ou bien supérieur. Quoi qu’il en soit, les brevets de NFC gérés par le fonds sont incontournables pour l’implémentation et le déploiement des futurs services de paiement par mobile : la loi chinoise rend, par exemple, obligatoire, depuis le 1er mai 2014, l’application de normes impliquant l’utilisation de ces brevets. L’ensemble des fabricants d’équipements téléphoniques a également annoncé l’adoption de ces normes et les brevets en question sont d’ores et déjà utilisés dans leurs produits. Au vu de son expérience, M. Hourcade considère donc que l’exécution du programme NFC semble plutôt bien engagée. Si ce programme sur les NFC paraît voué au succès, M. Beffa serait d’avis de le laisser se poursuivre. Pour autant, une seule opération, aussi réussie soit-elle, ne constitue pas une politique. Un succès éventuel n’impliquerait en rien que la Caisse des Dépôts doive poursuivre son soutien à France Brevets, dont les activités s’avèrent particulièrement risquées, notamment du fait du manque de coopération des diverses entités, qui préfèrent gérer elles-mêmes leurs brevets. M. Beffa souligne, en outre, que des entreprises telles que LG et HTC savent défendre leurs intérêts. Mme Grosskost demande si France Brevets dispose d’une trésorerie suffisante, notamment pour assumer le coût de tels contentieux, ou si une partie du capital restant devra être libérée. M. Hourcade indique que le plan d’affaires prévoit un besoin d’augmentation de capital de l’ordre de 10 millions d’euros en 2014, en prenant en compte une hypothèse prudente en termes de revenus. M. Emmanuelli observe que le plan d’affaires de France Brevets se fonde sur beaucoup d’hypothèses. M. Keïta indique que l’issue des discussions avec LG jouera un rôle 13e séance - 11 juin 2014 fondamental pour l’avenir du fonds. Malgré sa dimension, LG connaît actuellement un certain nombre d’aléas et s’interroge notamment sur sa possible éviction du marché du smartphone, qui changerait nécessairement son rapport aux NFC. Pour France Brevets, le programme NFC ne constitue pas simplement l’opportunité de réussir une opération, mais de gagner une référence sur laquelle capitaliser pour des opérations futures. M. Keïta insiste, par ailleurs, sur l’importance pour France Brevets de s’inscrire dans une politique publique, qui semble à l’heure actuelle insuffisamment définie. M. Emmanuelli demande pour quelle raison France Brevets relève de la Direction du Développement territorial et du Réseau et non de l’Établissement public. M. Keïta pense que cette décision a été prise du fait de la relation entre le fonds et les SATT. M. Lemas rappelle que la mise en place de France Brevets s’inscrit dans le cadre du PIA, dont le décideur et le donneur d’ordres est l’État. Il convient donc de demander au Gouvernement de clarifier sa politique sur le sujet : si un Fonds souverain des brevets doit être créé, il faut en définir le cadre, les moyens, le financement, le calendrier, le cheminement et les outils. Une fois de plus, il paraît anormal de demander aux équipes de France Brevets d’accomplir leurs missions – avec un indéniable enthousiasme – sans être certain que les donneurs d’ordres la considèrent comme prioritaire. Un succès dans le contentieux LG représenterait, certes, une référence pour permettre à France Brevets de poursuivre son activité, mais encore fautil savoir dans quelle direction. M. Keïta souligne que le modèle économique de France Brevets implique des pertes initiales importantes. Il s’avérerait peu pertinent, après avoir subi ces pertes, d’interrompre l’activité du fonds sans lui laisser le temps de se développer. Il faut donc choisir entre une cessation immédiate des activités ou une prise de risque à plus long terme. La question est de savoir si un tel niveau de risque s’avère acceptable pour une filiale de la Caisse des Dépôts, sachant que les fonds tels que France Brevets demeurent, à l’heure actuelle, peu développés dans le monde. Dans le cas d’une cessation des activités de France Brevets, M. Beffa s’enquiert des éventuelles pertes liées à l’abandon de l’opération NFC, compte tenu des engagements déjà pris. M. Hourcade répond que les actions entreprises pourraient être interrompues sans occasionner de pertes conséquentes. M. Lemas insiste sur la nécessité de clarifier la situation de France Brevets, à la fois dans l’intérêt de ses équipes et dans celui de la Caisse des Dépôts. Le sujet sera à nouveau abordé devant la Commission de surveillance à la rentrée. M. Emmanuelli convient de la complexité du travail accompli par les équipes de France Brevets, dans un domaine encore peu jalonné. La Commission de surveillance attendra pour se prononcer sur l’avenir de France Brevets que des conclusions plus formelles soient apportées. M. Ophèle insiste sur l’importance du marché représenté par les NFC. M. Beffa estime que les entreprises concernées préféreront gérer par ellesmêmes les questions de propriété intellectuelle. Il doute, par ailleurs, que France Brevets soit en mesure de remporter le contentieux en cours face à des entreprises telles que LG et HTC, respectivement coréenne et taïwanaise et capables d’engager des sommes considérables dans ce genre d’affaires. En outre, une éventuelle victoire encouragerait France Brevets à prendre un nouveau pari sur une autre grappe de brevets. Or, M. Beffa considère que de telles activités sortent du cadre des missions d’intérêt général de la Caisse des Dépôts. M. Lemas ajoute qu’il semble peu pertinent de créer une grappe de brevets 168 en licence sur des technologies de NFC développées par Sony et Philips, grands producteurs de produits de téléphonie et de smartphones. A l’origine, la mission de France Brevets consistait à aider la recherche et le développement, en créant notamment des outils de valorisation des brevets universitaires, mais l’idée ne correspondait peut-être pas à la réalité industrielle. M. Beffa souligne que des organismes, tels que le CEA et le CNRS, déjà bien organisés pour valoriser leurs brevets, tout comme les entreprises, ne voient en France Brevets qu’un intermédiaire venu empiéter sur leurs plates-bandes. Le fonds est perçu comme un intrus, à la fois par les producteurs et par les utilisateurs de brevets. Mme Renaud-Basso observe qu’à l’origine, France Brevets était destiné à aider des entités de taille plus modeste, telles que les SATT, disposant d’une faible expertise en matière de valorisation de brevets. M. Beffa jugerait plus utile d’employer de l’argent pour permettre aux PME de faire de la recherche, comme le fait la BPI dans son secteur innovation. 4 – Point d’étape du PIA et Convention PIA Modernisation de l’action publique Mme Duprat-Briou indique que le PIA, dont le pilotage est assuré à la Caisse des Dépôts par l’équipe de la Mission PIA, mobilise des expériences très variées au sein du Groupe, que ce soit à la DDTR, chez bpifrance, à la DRS ou au pôle FSP pour le front office et à la DSB pour le back office. A fin mars 2014, les 6,1 milliards d’euros gérés par l’Établissement public au titre du PIA 1 ont été investis à 65,6 % et décaissés à hauteur de 11,6 %. En ce qui concerne bpifrance, le montant total de 5 milliards d’euros a été engagé à 74 %. Pour ce qui est du PIA 2, le montant des fonds s’élève à 710 millions d’euros pour l’Établissement public et 3 milliards d’euros pour bpifrance et les deux tiers procès-verbaux des conventions devraient être signées d’ici la fin juillet. Mme Duprat-Briou souligne cependant que le rythme effectif des signatures est soumis à l’avancée des négociations avec l’État. Le PIA permet de soutenir efficacement des actions innovantes, parmi lesquelles les projets Très haut débit, Ville de demain ou encore le Meilleur du cinéma, qui vise à développer un portail de vidéo à la demande. Le PIA présente également l’intérêt de générer des cofinancements : les 3,5 milliards d’euros mobilisés par l’Établissement public ont ainsi donné lieu à 7 milliards d’euros de cofinancements. Le principal risque qui pèse aujourd’hui sur le PIA est celui du redéploiement des crédits : 50 millions d’euros consacrés à l’action Ville de demain ont d’ores et déjà été redéployés et le ministère de l’Economie envisagerait d’autres redéploiements, concernant principalement les actions bénéficiant de subventions et non encore totalement engagées. M. Emmanuelli demande une estimation du montant global de ces redéploiements. Mme Duprat-Briou indique que le gouvernement Ayrault avait pris la décision de redéployer sur les collectivités locales une enveloppe non consommée de près de 800 millions d’euros, destinée à l’origine à financer des prêts aux opérateurs de très haut débit. Cet accord n’a cependant pas été confirmé et pourrait encore être remis en cause. M. Lemas explique que le Gouvernement est actuellement en train de finaliser le projet de loi de finances rectificative et a confirmé les orientations de la loi de programmation militaire élaborée en fin d’année dernière. Audelà des 50 millions d’euros évoqués, les redéploiements de crédits du PIA concerneront vraisemblablement des sommes plus importantes, de l’ordre de 200 ou 250 millions d’euros. M. Lemas n’est cependant pas en mesure de dire quels programmes seront touchés, ni dans quelles conditions. relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif à france brevets La Commission de surveillance a souhaité organiser une nouvelle audition de France Brevets, lors de sa séance du 11 juin 2014, afin que lui soit présenté le plan d’affaires qu’elle avait demandé lors du premier examen de cette filiale le 22 janvier 2014. A cette occasion, la Commission de surveillance a émis plusieurs réserves relatives au modèle économique de France Brevets et à son devenir en tant que filiale codétenue avec l’État. La Commission de surveillance s’interroge sur le caractère très optimiste des hypothèses fondant le nouveau plan d’affaires, qui vise un résultat net positif à partir de 2016. Elle rappelle que les résultats déficitaires enregistrés en 2012 et 2013 s’écartent assez sensiblement des prévisions du premier plan d’affaires établi en 2011, lors du lancement de la filiale. De plus, elle relève la très forte dépendance de France Brevets au programme NFC, unique programme d’envergure de la filiale, alors que, d’une part, la société n’a pas trouvé, à ce jour, d’opportunité permettant de développer ce programme et que, d’autre part, il est l’objet d’un contentieux en Allemagne et aux États-Unis avec La partie consacrée aux subventions, qui est la plus susceptible d’être affectée dans le cadre de la loi de finances rectificative, ne représente toutefois pas l’essentiel des fonds alloués. Dans tous les cas, l’État devra procéder à des montages juridiques complexes pour pouvoir prélever une partie des crédits du PIA. Mme Renaud-Basso précise que 250 millions d’euros ont déjà été 169 les sociétés LG et HTC, dont l’issue est incertaine et qui consomme une part très significative des ressources humaines et financières de la société. De manière plus générale, la Commission de surveillance doute de l’existence d’un marché mondial du brevet, ainsi qu’en attestent les difficultés de France Brevets à conclure des accords avec les entreprises, mais également les centres publics de recherche (CNRS, CEA, etc.). Alors que l’État a annoncé la mise en place d’un "fonds souverain des brevets" dans le cadre du deuxième Programme d’Investissements d’Avenir, elle s’interroge sur le niveau de convergence des objectifs entre l’État et la Caisse des Dépôts quant à la stratégie de développement de cette filiale. Dès lors, eu égard à ces réserves, elle accueille favorablement la proposition du Directeur général de prendre, d’ici septembre prochain, après que lui auront été communiqués la position de l’État actionnaire ainsi que les éléments de résolution du contentieux NFC, une décision quant à l’avenir de cette filiale dans le Groupe. redéployés pour la loi de programmation militaire, dont 200 millions d’euros issus des fonds de l’ADEME et 50 millions d’euros des programmes de la Caisse des Dépôts. Mme Duprat-Briou ajoute que les redéploiements risquent principalement de toucher la parité de l’enveloppe de 500 millions d’euros de l’action Ville de demain qui n’a pas été engagée et, de 13e séance - 11 juin 2014 façon plus marginale, les actions liées à la formation professionnelle. La seconde difficulté du PIA concerne le fonctionnement du dispositif en tant que tel : la réunion du 19 mai 2014 à l’Elysée a mis en relief les mêmes problèmes que la Commission de surveillance du 22 janvier dernier, à savoir la nécessité de simplifier les procédures, d’accélérer la libération effective des fonds et de mieux valoriser les réussites et les effets concrets des projets du PIA, qui risque sinon d’apparaître comme un pur objet technocratique. Il s’agit également de mieux rappeler le rôle des différents acteurs impliqués, afin que l’État ne soit pas tenté de s’attribuer les mérites de la réussite du PIA ou, au contraire, de rejeter sur la Caisse des Dépôts la responsabilité d’un éventuel échec. Dans cette optique, la Mission PIA a tenu à se positionner en tant que force de proposition en matière de simplification. La plupart des actions du PIA 1 ayant déjà été engagée, peu de modifications peuvent aujourd’hui être apportées aux conventions, hormis pour ce qui est de l’action Ville de demain, qui court jusqu’en 2017 : un certain nombre de propositions a été adressé au CGI qui, pour l’instant, n’a pas donné suite. Les conventions du PIA 2 seront, en revanche, établies en prenant en compte les enseignements du PIA 1, afin de mettre en œuvre un dispositif plus simple et plus efficient. M. Emmanuelli demande combien de temps a été consacré à l’élaboration des deux conventions présentées ce jour. Mme Duprat-Briou indique que les travaux sur le PIA 2 ont commencé au dernier trimestre 2013. M. Emmanuelli s’étonne qu’un délai de six mois ait été nécessaire. Mme Duprat-Briou précise les deux conventions qui doivent être signées entre l’État et la Caisse des Dépôts. La première porte sur la transition numérique et a pour objectif d’aider le développement de projets numériques portés par l’État, dans lesquels la Caisse des Dépôts intervient à la fin du front office, sur des missions administratives et financières. Il s’agit de la seule convention PIA pour laquelle l’Établissement n’agit pas en son nom et pour le compte de l’État, mais pour le compte de l’État. La seconde convention porte sur le partenariat pour la formation professionnelle et l’emploi et vise à appuyer des initiatives permettant de créer des synergies entre acteurs locaux et de développer des logiques de filières. Cette convention, qui servira de modèle aux suivantes, comporte des procédures d’examen simplifiées, des délais normalisés et des échéances types pour la réponse à apporter aux porteurs de projets ou la signature des contrats. Les objectifs ont été mieux définis et des indicateurs mis en place afin de mesurer les impacts concrets des actions. L’accent a également été mis sur la prévention des conflits d’intérêts, sur une formule protectrice sur la refacturation des frais de gestion de la Caisse des Dépôts à l’État. Mme Duprat-Briou ajoute que les modifications proposées par la Mission PIA doivent faire l’objet d’une validation finale de l’État : si la convention sur la modernisation de l’action publique se présente d’ores et déjà sous sa forme définitive, la seconde convention sur la formation professionnelle doit encore être validée par les ministères concernés. M. Emmanuelli demande combien de temps peut prendre la validation par les ministères. Mme Duprat-Briou estime le délai de validation nécessaire à un mois. De manière générale, les discussions avec l’État peuvent être très lentes et un raccourcissement général du temps de négociation serait évidemment le bienvenu : à titre d’exemple, la Caisse des Dépôts a pris contact avec l’État sur la convention de l’action du PIA 2 portant sur les projets territoriaux intégrés au mois d’octobre 2013, mais à l’heure actuelle, aucun objectif n’a été défini et aucune réunion n’a encore eu lieu. Mme Duprat-Briou indique qu’un plan de communication a également été proposé au CGI. Les points sur lesquels la Caisse des Dépôts dispose de véritables marges de 170 manœuvre relèvent plutôt du domaine de l’efficience et de la mise en œuvre du plan : un suivi des participations a ainsi été mis en place et une démarche de conventionnement avec les différentes directions de l’Établissement public a été lancée, afin de préciser la répartition des rôles et de fixer des critères de qualité de service. Un travail sur la facturation et les frais de gestion a également été mené, de façon à aboutir à une facturation par processus, fondée sur des inducteurs de coûts et reliée à l’activité, permettant au CGI de ne plus avoir à étudier l’organisation interne de la Caisse des Dépôts de façon systématique. M. Lemas a jugé utile de rencontrer M. Montebourg, qui assure le copilotage du PIA aux côtés de M. Sapin, ainsi que M. Schweitzer, remplaçant de M. Gallois et toute l’équipe du CGI, pour échanger à propos du PIA et leur faire part de ses observations – qui rejoignent très probablement celles de la Commission de surveillance. Le Commissaire général à l’investissement a déclaré, lors de cette rencontre, que Bpifrance était chère, mais efficace, sous-entendant que l’Établissement public était, quant à lui, peu cher, mais peu efficace. La gestion du PIA représente pourtant un coût important pour la Caisse des Dépôts, puisqu’elle mobilise environ 50 ETP et a pu impliquer de près ou de loin environ 300 collaborateurs certaines années. M. Lemas a convenu avec M. Schweitzer – dont les vues semblent correspondre en grande partie à celles de la Caisse des Dépôts – de passer en revue avec les équipes du CGI les actions des PIA 1 et 2, en s’appuyant notamment sur les résultats de l’audit en cours, afin d’être en mesure de tirer un certain nombre de leçons à la rentrée prochaine. Il paraît nécessaire de prendre en compte les enseignements du PIA 1 avant de s’engager dans le PIA 2. M. Lemas déplore que le PIA soit perçu par le grand public comme une grande machine technocratique sans aucune visibilité. Il rappelle, en outre, que le plan a été mis en place en 2010 dans une simple optique de mobilisation, en évitant au maximum les engagements et les décaissements. Un certain nombre procès-verbaux de projets sur lesquels se sont engagés le Gouvernement et les plus hautes autorités de l’État sont aujourd’hui à l’arrêt, sans que les entreprises ou collectivités locales partenaires ne sachent quel sera leur avenir. M. Lemas préconise donc d’organiser, cet été, quelques réunions de travail avec la nouvelle équipe du CGI, afin de produire un mode d’emploi du PIA plus explicite, d’éviter la double instruction – puisqu’à l’heure actuelle, les dossiers sont à la fois instruits par la Caisse des Dépôts et par le CGI – et surtout, de définir des orientations claires. M. Lemas prend l’exemple du développement du cloud computing : le fonds pour la société numérique mis en place dans le cadre du PIA a permis de créer deux entreprises dans ce domaine, qui se retrouvent aujourd’hui désœuvrées, puisque les entreprises privées préfèrent recourir à des concurrents plus expérimentés qu’à des entités nouvelles soutenues par l’État, et que la commande publique s’est dirigée vers d’autres fournisseurs. Comme M. Beffa l’a dit à propos de France Brevets, si l’État se désintéresse aujourd’hui de certaines initiatives mises en œuvre par le passé, il vaut mieux les abandonner et passer à autre chose. M. Lemas craint que si la situation actuelle perdure, la Caisse des Dépôts fasse office de bouc émissaire et soit accusée du mauvais fonctionnement du PIA, de par un supposé manque de réactivité et d’efficacité : or, si des améliorations sont possibles, il est indéniable que les torts sont partagés avec les autres acteurs impliqués. M. Beffa estime que l’État agit dans un certain nombre de domaines cruciaux, tels que la formation ou le financement de l’innovation, sans créer de véritables interconnexions entre les dispositifs qu’il met en place. Plutôt que de lancer des appels d’offres sur des sujets déterminés par l’État, il vaudrait mieux se focaliser sur les domaines dans lesquels des entreprises françaises présentent des compétences avérées. A l’heure actuelle, seules des PME répondent aux appels d’offres, car les grandes entreprises capables de faire face à la concurrence internationale sont inquiètes de s’adresser aux pouvoirs publics. M. Beffa tient à féliciter la Caisse des Dépôts qui, dès le lancement du PIA, a fait preuve d’une forte implication, en prônant une collaboration étroite avec le CGI. Il souhaiterait néanmoins aujourd’hui que le travail accompli dans le cadre du plan soit relié aux 34 programmes définis par M. Montebourg, qui bien que présentant un intérêt inégal, lui semblent avoir été définis de façon sérieuse. Une telle interconnexion permettrait d’établir des contacts avec des acteurs de terrain et de s’impliquer dans de grands enjeux nationaux, aux côtés d’entreprises capables de relever les défis actuels en matière d’innovation et de concurrencer leurs homologues étrangers. M. Beffa considère également que la Caisse des Dépôts doit prendre l’initiative d’aller vers une amélioration et une simplification des procédures, notamment en ce qui concerne l’instruction administrative des dossiers. Au-delà du CGI, il conviendrait de s’assurer que la DGCIS ne vienne pas rajouter un certain nombre de démarches inutiles. S’agissant des redéploiements de crédits, M. Beffa souhaiterait aussi que la Caisse des Dépôts mobilise son expérience de terrain pour participer au choix des projets devant subir des réductions d’enveloppes, plutôt que de voir le Gouvernement procéder à des coupes à l’aveugle au cours de réunions interministérielles. M. Emmanuelli prend acte de l’intention exprimée par M. Lemas de revoir avec le CGI le fonctionnement du PIA. Il déplore cependant les lenteurs excessives constatées jusqu’ici et juge inadmissible qu’un délai de plus six de mois s’avère nécessaire pour élaborer deux conventions entre la Caisse des Dépôts et les directions concernées. M. Emmanuelli a également eu des retours extrêmement négatifs de la part d’élus locaux concernant le temps de traitement des dossiers. Il faut désormais tout mettre en œuvre pour parvenir à des résultats rapides. En outre, si M. Emmanuelli ne doute pas de la détermination de M. Schweitzer, il 171 s’inquiète des remarques que ce dernier a pu faire, dès son arrivée, concernant le manque d’efficacité de la Caisse des Dépôts. Pour contrebalancer les remarques majoritairement négatives émises jusqu’ici concernant le PIA, M. Picq souhaiterait que Mme Duprat-Briou commente les projets réussis présentés dans le dossier remis à la Commission de surveillance, aux thématiques et aux dimensions extrêmement variées et explique les raisons pour lesquelles elle a souhaité les inclure dans cette documentation. Mme Duprat-Briou indique avoir choisi d’inclure ces différents projets dans le dossier afin d’illustrer la grande diversité des actions du PIA. Le Réseau mutualisé d’eau tiède, inscrit dans le projet Ville de demain, constitue un bon exemple de démarche de surperformance énergétique et d’accompagnement de solutions innovantes au niveau urbain. La SATT Conectus, en Alsace, illustre, quant à elle, les possibilités offertes par la collaboration entre public et privé pour favoriser la continuité entre la recherche et la valorisation d’une innovation, puis son exploitation par des entreprises. Ce projet a, par ailleurs, permis la création de plusieurs start-ups. Les projets en matière d’économie sociale et solidaire et de formation professionnelle en alternance représentent la partie sociale du PIA, et fournissent un exemple de l’impact social des diverses subventions et prêts participatifs accordés. En matière de projets numériques, Mme Duprat-Briou a, à la fois, souhaité illustrer les interventions au niveau des infrastructures, à travers l’exemple du très haut débit en Bretagne et au niveau des applications et usages, avec le développement de la plateforme de vidéo à la demande Le Meilleur du cinéma, qui prend tout son intérêt dans le contexte de l’arrivée en France de Netflix. Le fait d’avoir réussi à fédérer une cinquantaine de producteurs indépendants autour de ce projet constitue, en soi, une réussite. M. Ophèle constate que les frais de gestion des différentes actions ne sont pas toujours clairement quantifiés dans 13e séance - 11 juin 2014 le dossier. Pour prendre l’exemple du projet Economie sociale et solidaire, il est indiqué que 64,74 % de l’enveloppe ont été engagés hors frais de gestion, et 67,6 % en comptant les frais de gestion : M. Ophèle en déduit que les frais de gestion représentent environ 4 à 5 % de l’enveloppe globale. De même, si 40,4 millions d’euros ont été décaissés hors frais de gestion, et 43 millions d’euros en les incluant, les frais de gestion sur les décaissements s’élèveraient à environ 6 ou 7 %. Sachant que les taux évoqués dans les conventions pour les frais de gestion de la Caisse des Dépôts sont plutôt compris entre 0,5 % et 1,5 %, M. Ophèle souhaite savoir à quoi correspondent les montants cités et s’ils n’incluent que les frais de gestion de l’Établissement ou également ceux d’autres intervenants. Mme Duprat-Briou indique que les pourcentages de frais de gestion indiqués dans les conventions entre l’État et la Caisse des Dépôts sont calculés par rapport à l’enveloppe globale. Ramener le montant de frais de gestion en valeur absolue, aux montants engagés ou aux montants décaissés et non plus à la totalité de l’enveloppe, fait nécessairement apparaître un pourcentage supérieur. M. Lemas convient qu’il serait utile de procéder à des opérations de comptabilité analytique pour déterminer les coûts réels des différents projets. Quoi qu’il en soit, chaque convention impose un dispositif de facturation spécifique. M. Emmanuelli s’étonne tout de même que Mme Duprat-Briou ne puisse donner, sur le champ, d’informations plus précises concernant les frais de gestion des différentes actions. Mme Duprat-Briou précise qu’elle ne peut pas immédiatement donner cette information de manière agrégée, car elle est variable et propre à chaque convention, mais qu’elle peut communiquer par écrit le taux de facturation établi convention par convention. M. Emmanuelli souhaiterait avoir des explications sur le fait que les frais de gestion semblent plus proches de 6 ou 7 % que des 1 à 2 % prévus. Mme Renaud-Basso indique que les frais de rémunération perçus par la Caisse des Dépôts, au titre de son mandat de gestion des crédits du PIA, représentent un montant compris entre 11 et 13 millions d’euros par an, correspondant bien à 1 à 2 % de l’enveloppe globale. Le taux peut cependant apparaître supérieur si l’on rapporte les frais de gestion aux engagements effectués à un moment donné, sur des actions précises. M. Ophèle demande confirmation que les frais évoqués ne représentent que la rémunération de la Caisse des Dépôts. Mme Duprat-Briou confirme qu’il s’agit des frais perçus par les opérateurs, à savoir la Caisse des Dépôts et, éventuellement, Bpifrance dans le cas d’opérations conjointes. M. Lemas observe que le taux de rémunération fixé dans chaque convention, qui diffère selon les actions, requiert un suivi analytique détaillé pour vérifier l’équilibre financier de ces conventions. Il souligne que Bpifrance, ayant tiré les leçons de l’expérience de la Caisse des Dépôts, a inclus dans sa rémunération l’ensemble des coûts directs et indirects exposés. M. Emmanuelli rappelle que la Commission de surveillance a exigé à plusieurs reprises la mise en place d’une comptabilité analytique sur les opérations du PIA. Il estime, en outre, qu’avant même de chercher à rationaliser ses relations avec le CGI, la Caisse des Dépôts devrait revoir certains de ses process en interne. Pour sa part, M. Houri croyait comprendre le PIA, au moment de sa création, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui : le plan apparaît comme un dispositif obscur, sans orientation claire, sans véritable gouvernance, ni calcul sérieux des coûts. Le contexte économique ayant connu de profonds changements au cours des quatre 172 dernières années, il convient de déterminer au plus vite si les orientations stratégiques actuelles du Gouvernement sont les mêmes que lors de la création du PIA, puis de les expliciter avec force et de façon compréhensible. M. Houri juge également nécessaire de clarifier les responsabilités de chacun, les moyens disponibles pour mener les différentes actions, ainsi que le rôle de la Caisse des Dépôts. Il paraît inquiétant qu’une grande partie des membres de la Commission de surveillance ne comprenne pas clairement les tenants et les aboutissants du PIA. M. Lemas déplore lui aussi les lourdeurs de fonctionnement et le caractère procédurier du PIA. Il ne paraît toutefois pas anormal qu’un grand nombre de changements soient intervenus depuis 2010, avec le passage du Grand emprunt aux Investissements d’avenir et la mise en place du CGI. La difficulté est à présent d’opérer une mise en cohérence du dispositif entre le PIA 1 et le PIA 2, comme le souhaite M. Schweitzer. Parmi les projets présentés, M. Lemas considère celui de la transition numérique de l’État et de la modernisation de l’action publique comme tout à fait crucial, en ce sens qu’il donnera à la Caisse des Dépôts l’occasion de démontrer ses capacités de bon gestionnaire et devrait permettre à l’État de réaliser des économies considérables, d’ores et déjà anticipées d’ailleurs dans le programme d’économies de 50 milliards d’euros. Au vu des coûts considérables nécessaires à la modernisation informatique, le recours aux financements du PIA paraît être une idée certes iconoclaste, mais pertinente. Si les exemples très divers présentés dans le dossier peuvent donner une impression d’éparpillement, Mme Renaud-Basso souligne que le PIA comporte des axes stratégiques et se focalise sur des programmes d’une certaine taille critique, permettant des avancées dans le domaine de la recherche ou encore dans le financement des filières industrielles. Bien que la présence de différents opérateurs rende le dispositif parfois peu lisible, les programmes financés procès-verbaux correspondent bien à un certain nombre d’orientations prioritaires et innovantes. Pour ce qui est de l’organisation interne à la Caisse des Dépôts, Mme RenaudBasso indique qu’elle devra évoluer pour prendre en compte la diminution des crédits gérés dans le cadre du PIA 2. M. Emmanuelli estime que le PIA, qu’il croyait au départ destiné à améliorer l’appareil de production français, a eu tendance à se disperser. Il souhaite revenir sur l’exemple du cloud computing, évoqué par M. Lemas. Il y a deux ans, le PIA et la Caisse des Dépôts avaient décidé d’investir 75 millions d’euros dans les projets Cloudwatt et Numergy. OVH, opérateur privé, est ensuite entré en scène. Au moment de l’affaire Snowden, le Président de la République française et la Chancelière allemande ont affirmé conjointement la nécessité de mettre en place un cloud européen sécurisé, en faisant allusion à la Caisse des Dépôts et à la KfW, sans que ces déclarations soient suivies d’effet. Pour finir, la commande publique française est allée vers d’autres opérateurs. Pour M. Emmanuelli, la stratégie française en matière d’investissements d’avenir est marquée par une trop grande dispersion, qui s’avère pénalisante face à ses concurrents internationaux. 5 – CNP Assurances Ce point a été reporté à une séance ultérieure. 6 – Rapport au Parlement Ce point n’a pas donné lieu à débat. relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif au programme d'investissements d'avenir (pia) Lors de sa séance du 11 juin 2014, la Commission de surveillance a réitéré les réserves qu’elle avait émises le 22 janvier 2014 quant aux performances du dispositif du PIA 1. Ainsi qu’il a été décidé lors de la réunion sur le financement à long terme du 19 mai 2013, qui s’est tenue sous l’égide du Président de la République, la Commission de surveillance insiste sur la nécessité d’accélérer le travail en cours de simplification du programme. La Commission de surveillance prend note de ce que l’essentiel des leviers de réforme du dispositif est du ressort du Commissariat général à l’Investissement (CGI). Il n’en demeure pas moins que la Caisse des Dépôts doit être force de proposition pour améliorer le dispositif. D’une part, elle doit poursuivre son travail de proposition au CGI, notamment en ce qui concerne les enjeux de simplification des procédures d’instruction et d’accélération des décaissements, mais également dans l’identification des actions à conduire lors des redéploiements du programme. La Commission de surveillance prend note des échanges positifs récemment tenus avec le Ministre de l’Economie et du Redressement productif et le nouveau Commissaire général à l’Investissement, afin 173 de procéder à la simplification du dispositif. Du point de vue du périmètre du programme, la Commission de surveillance regrette que les fonds du PIA ne participent pas davantage au financement des 34 plans de reconquête industrielle présentés par le Ministre de l’Economie et du Redressement productif. D’autre part, elle souhaite que l’articulation, au niveau du groupe Caisse des Dépôts, entre les différentes entités chargées de la gestion du mandat qui lui est confié (Mission PIA, DDTR, BPI, DRS principalement), soit simplifiée. Si la convention de service qui sera conclue entre la mission PIA et DDTR constitue une étape essentielle pour clarifier les responsabilités respectives de chaque entité et gagner en efficacité, la Commission de surveillance agrée la proposition du Directeur général de procéder, d’ici le mois de septembre prochain, à une revue générale de l’organisation de la gestion du mandat. Enfin, la Commission de surveillance adresse un avis favorable sur les conventions "transition numérique de l’État et modernisation publique" et "partenariats territoriaux pour la formation professionnelle et l’emploi" qui lui ont été soumises et souhaite que celles-ci soient mises en œuvre dans les meilleurs délais. 13e séance - 11 juin 2014 7 – Question d’actualité SNCM M. Houri souhaiterait des précisions quant à la société qui s’est récemment intéressée à la reprise de la SNCM. M. Lemas indique que des discussions sont en cours, mais que rien n’est encore finalisé. Il estime qu’aujourd’hui, l’essentiel est que la SNCM élabore un plan stratégique, avec ou sans renouvellement de sa flotte, sur lequel pourra se baser un éventuel investisseur extérieur. Le nouveau management, mis en place il y a 10 jours, doit désormais s’atteler à cette tâche. M. Emmanuelli demande quel accueil a été réservé à ce nouveau management. M. Lemas indique que l’accueil a été plutôt froid, mais que le préavis de grève avait été lancé avant son arrivée. M. Houri demande en quoi consisterait un plan stratégique pour la SNCM. M. Lemas indique qu’il s’agit d’étudier les opportunités concernant la délégation de service public entre la Corse et le continent, l’éventuel abandon de destinations déficitaires depuis plus de 20 ans, ou encore la création de nouvelles lignes entre Marseille et divers ports de la Méditerranée, notamment en Tunisie, au Maroc et en Algérie. A l’heure actuelle, certains usagers se retrouvent, par exemple, dans l’obligation d’emprunter la ligne régulière mise en place entre Gênes et Tanger, faute de solution au départ de la France. En dehors de la ligne Corse-continent, qui procure un revenu récurrent et en bonne partie financé par des fonds publics, la plupart des repreneurs potentiels s’intéresse à ce marché méditerranéen. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 10. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 174 procès-verbaux 14 e séance- 25juin 2014 * Le mercredi 25 juin 2014, à 17 heures, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; MM. Bavagnoli, Beffa, Goua, Houri, Lavondès, Marc, Ophèle et Picq. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance, assistée de M. Carrère, Secrétaire général adjoint de la Commission de surveillance. Étaient excusés : Mme Grosskost ; M. Gailly. Assistaient également à la réunion : M. Lemas, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet et de M. Rizk, Conseiller ; Mme Renaud-Basso, Directrice générale adjointe , Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance, assistée de M. Martin et Mme Rousseau ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; M. Silvent, Directeur du pôle finances, stratégie et participations ; M. Yché, Président du directoire du groupe SNI (point 3) ; M. Chazelle, Directeur général du groupe SNI (point 3) ; M. Flamarion, Directeur financier des Fonds d’épargne (point 4). M. Emmanuelli fait part de ce que M. Arthuis, n’étant plus sénateur, il a donné sa démission de la Commission de surveillance. Il indique qu’il appartient désormais au groupe d’opposition du Sénat de lui désigner un remplaçant. M. Marc précise que la Commission des Finances du Sénat désigne deux représentants au sein de la Commission de surveillance, issus de la majorité et de l’opposition. L’opposition doit à présent choisir la personne qu’elle souhaite voir siéger à la Commission de surveillance en lieu et place de M. Arthuis. M. Emmanuelli ajoute que M. Malvy doit également être remplacé. Il indique que le Président du Sénat devrait désigner sous peu une personne qualifiée. 1 - Approbation des procès-verbaux et des comptesrendus de la Commission de surveillance des 14 et 22 mai 2014 M. Emmanuelli constate l’absence d’observation sur les procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 14 et 22 mai 2014. Les procès-verbaux et comptes-rendus de la Commission de surveillance des 14 et 22 mai 2014 sont approuvés. 2 – Compte rendu de la vérification de la caisse générale du mois de mai 2014 M. Houri informe la Commission de surveillance du fait qu’il a constaté lors de sa vérification de la caisse générale la présence d’avoirs détenus par l’Institut de France et conservés par la Caisse des Dépôts. Il s’est alors interrogé sur les avoirs détenus par d’autres institutions publiques. Il a ainsi noté que l’Assemblée nationale détenait un compte-titres à la Caisse des Dépôts, sur lequel se trouve un fonds commun de placement d’un montant de 263 millions d’euros, géré par Natixis et déposé auprès de Caceis Bank. La Caisse des Dépôts assurant uniquement la fonction de conservation des parts et non de dépositaire, elle n’exerce aucune responsabilité sur les instruments financiers détenus par ce fonds. Le Sénat, quant à lui, ne détient aucun compte-titres à la Caisse des Dépôts. M. Houri souhaitait faire part à la Commission de surveillance de ses 175 interrogations quant à la sécurisation des instruments financiers détenus par les assemblées parlementaires, qui jouent un rôle important au sein de la Caisse des Dépôts, et à la nécessité de confier à l’Établissement la conservation des comptes-titres et la fonction de dépositaire d’organismes de placement collectif, lorsque les avoirs sont gérés par un fonds commun de placement dédié. M. Emmanuelli s’interroge sur les raisons pour lesquelles le fonds en question est géré par Natixis, et non par la Caisse des Dépôts. 3 – Point sur la filiale immobilière SNI M. Lemas invite M. Yché à présenter le bilan de l’activité de la SNI en 2013. M. Yché expose que la SNI a connu, en 2013, un niveau d’activité aussi soutenu qu’à l’accoutumée, voire en sensible augmentation. Du point de vue de la production physique, un total de 6 500 mises en chantier a été réalisé, soit 1 000 de plus que l’année précédente. L’évolution de la production sur une 14e séance - 25 juin 2014 dizaine d’années laisse apparaître des cycles liés à la succession des plans de relance. L’année 2012, correspondant à une phase d’atterrissage après le plan de relance 2009/2011, avait ainsi été marquée par une diminution de la production à un niveau de 5 500 logements. L’année 2013 marque le retour à un niveau de production normal, bien qu’inférieur à celui attendu en 2014, notamment sous l’effet du plan de relance mis en place en début d’année. Le total de 6 500 mises en chantier se décompose en 2 500 logements intermédiaires et 4 000 logements sociaux, répartition qui ne correspond pas tout à fait au ratio classique d’un tiers de logements intermédiaires pour deux tiers de logements sociaux. La forte augmentation de la production de logements intermédiaires devrait se poursuivre en 2014, sous l’effet de la mise en œuvre du marché conclu, il y a deux ans avec EDF, pour la construction de 4 000 maisons d’ici 2015, auxquelles s’ajoutent 1 000 autres commandées ultérieurement. Le volume de réhabilitations s’avère équivalent à celui des constructions neuves, avec une répartition comparable entre logement social et intermédiaire. Parallèlement à ces constructions, M. Yché expose que des ventes sont intervenues. Il précise que les ventes sur le pôle intermédiaire, contribuant à un effet stabilisateur vis-à-vis du précédent plan de relance, se maintiennent à un niveau élevé : 1 900 ventes de logements anciens ont été réalisées, auxquelles il faut ajouter 200 opérations d’accession à la propriété dans le neuf. Le pôle social a connu une activité légèrement supérieure, avec un total 2 300 ventes, ici encore sous l’effet du plan de relance, mais également du ratio habituellement appliqué pour équilibrer les opérations de la société, selon lequel la plus-value réalisée pour chaque vente de logement ancien permet de financer la production de 2 ou 2,5 logements neufs. Les ventes se sont réalisées dans de très bonnes conditions, puisque les objectifs de plus-value globale ont été dépassés d’environ 10 %, alors que la SNI a vendu 1 000 logements de moins que prévu. La société est, en outre, parvenue à maintenir un niveau appréciable de 1 263 ventes à l’unité, notamment grâce à un processus d’accession réversible, qui garantit aux acquéreurs le rachat du bien à première demande, à 85 % du prix de vente indexé sur les cours de l’immobilier et ce, durant huit ans. La mise en place de ce dispositif a permis de réduire le nombre de ventes annulées suite à un refus bancaire. En période de crise, il pourrait s’avérer utile de réfléchir à l’extension – y compris dans le secteur privé – de ce type de garantie qui permet, à la fois, de rassurer les banques et de sécuriser les accédants. M. Yché ajoute que le taux de réalisation du risque est quasiment nul, la garantie n’ayant jusqu’ici presque jamais été mise en œuvre. M. Emmanuelli demande si cette garantie s’accompagne d’une hypothèque. M. Yché ne connaît pas les détails du dispositif mis en œuvre, mais pense que c’est parfois le cas. M. Ophèle s’étonne que ce soit le cas. Il indique que la pratique de l’hypothèque demeure minoritaire sur le marché, puisque seul un tiers des prêts à l’habitat y est associé. Il demande à M. Yché s’il s’agit d’une véritable hypothèque ou d’un simple mécanisme de garantie. M. Chazelle précise qu’il s’agit d’un mécanisme de garantie de type caution, mais pas d’une hypothèque au sens juridique du terme. Quoi qu’il en soit, M. Yché insiste sur le fait que le dispositif d’accession réversible a permis d’augmenter le nombre de ventes à l’unité. D’un point de vue financier, le groupe SNI a réalisé une année convenable. Le pôle intermédiaire a enregistré un résultat avant impôt de 204 millions d’euros. M. Yché signale l’alourdissement considérable de la fiscalité subie par le groupe SNI. Il explique que la réduction de 100 % à 75 % de l’assiette de déductibilité des frais financiers liés à l’endettement a occasionné le paiement 176 d’environ 15 millions d’euros d’impôt sur les sociétés supplémentaires par rapport à 2012, soit un total de 65 millions d’euros en 2013. Le résultat net du pôle logement intermédiaire a ainsi diminué pour s’élever à environ 140 millions d’euros. Celui du pôle logement social s’est élevé à 168 millions d’euros. Ces bons résultats sont, en grande partie, issus de rotations d’actifs, qui ont permis à la SNI de reconstituer ses fonds propres. M. Yché rappelle que les équilibres bilanciels de la SNI avaient été ébranlés par le premier plan de relance, qui avait donné lieu à l’absorption, par la SNI, de 30 000 logements en l’espace de trois ans. Dans ce contexte, l’évolution du gearing constitue un indicateur particulièrement important : alors que le ratio entre la dette et les capitaux propres du groupe s’était fortement dégradé, passant de 1,8 à 2,2, il est revenu en 2013 à son niveau antérieur au plan de relance. Il devrait encore s’améliorer pour se stabiliser aux environs de 1,5, ce qui est convenable. Malgré le tassement des valeurs immobilières, le loan-to-value, c’est-àdire le rapport entre l’endettement et la valeur des actifs se maintient, quant à lui, à un niveau honorable de 43 %. Le stock de plus-values latentes dans le patrimoine du groupe s’est également maintenu ; la baisse modérée des valeurs immobilières ayant été compensée par les nouveaux investissements réalisés. M. Yché évoque ensuite les objectifs de la SNI sur un plan plus qualitatif, parmi lesquels la participation à la stratégie énergétique d’économie d’énergie. Alors qu’en 2008, la consommation unitaire au mètre carré de l’ensemble du parc détenu par le groupe s’élevait à 229 kW par an, elle est passée en 2013 en dessous de 190 kW, l’objectif étant d’atteindre les 150 kW en 2020. Même dans l’hypothèse d’une dégradation des conditions de financement des économies d’énergie, il serait possible d’atteindre à cet horizon une consommation de 175 kW par an et par mètre carré. M. Yché souligne que les économies d’énergie sont de plus en plus difficiles à réaliser au fur et à mesure des progrès accomplis, les aspects les plus critiques étant traités en premier lieu. Une partie significative procès-verbaux des travaux a été financée par la vente de certificats d’économies d’énergie. La SNI a été le premier bailleur à engager ce type d’opération avec EDF, à travers la signature, en 2008, d’une première convention dont l’impact s’est avéré significatif, puisqu’elle a permis, à elle seule, de réaliser 6 des 54 TW CUMAC d’économies d’énergie attendus au niveau national, soit plus de 10 % de celles-ci. Le succès de cette première convention a permis à la SNI de négocier avec EDF des conditions très avantageuses pour les deux suivantes, une quatrième convention étant actuellement en cours d’étude. La vente de certificats d’économies d’énergie aura ainsi rapporté au groupe un total de 80 millions d’euros, représentant une contribution non négligeable au financement des travaux d’économie d’énergie. M. Yché mentionne le programme Losange, avec EDF, qui a connu des développements plutôt favorables. Le nombre de constructions réalisées s’avère conforme aux objectifs et comme il l’a évoqué plus tôt, un contrat pour 1 000 logements supplémentaires a été signé. La SNI fait aujourd’hui figure de fournisseur quasi exclusif d’EDF sur ce genre de produits, difficiles à financer, puisqu’ils nécessitent habituellement des prêts bancaires sur 25 ans très onéreux, auxquels le groupe a substitué des émissions obligataires relativement bon marché. L’adoption de cette pratique a permis à la SNI de se positionner en tant que leader sur le marché du logement intermédiaire, alors même que la concurrence se multiplie sur le logement social. M. Yché évoque ensuite Adoma, qui a enregistré en 2013 des résultats encourageants. La société dégage un résultat annuel récurrent de l’ordre de 40 millions d’euros, intégralement réinvestis dans les travaux de remise à niveau du patrimoine. Suite à une reprise de titres de la Caisse d’Epargne, la SNI détient à présent 43 % du capital d’Adoma. M. Yché rappelle qu’un programme d’investissements de 1,4 milliard d’euros est en cours d’élaboration. La SNI doit aujourd’hui s’interroger sur les perspectives d’évolution du capital d’Adoma, ainsi que sur sa participation au réinvestissement de plusieurs centaines de millions d’euros destinés à accélérer le programme de réhabilitation du parc de la société. M. Emmanuelli remercie M. Yché. Il souhaiterait que celui-ci présente un point sur Argos. Il s’enquiert, par ailleurs, de l’évolution du parc de logement social et du risque de rentrer dans un cercle vicieux où la diminution des ventes entraîne une diminution des fonds propres et, par conséquent, une réduction du nombre de constructions. M. Emmanuelli souhaiterait, en outre, savoir où en est la réflexion concernant le viager HLM. M. Beffa s’étonne de la tendance de la SNI à fixer des budgets présentant systématiquement un résultat net très dégradé dans les deux pôles. Il juge, par ailleurs, préoccupant que la masse salariale du pôle ESH soit passée de 85,6 millions d’euros en 2012 à 88 millions d’euros en 2013, puis à 90,8 millions d’euros en 2014, alors que dans le même temps, son résultat courant a diminué de 97,5 à 87,3 puis à 83 millions d’euros. M. Beffa constate que cela n’est pas le cas pour le pôle consolidé. En revanche, il note que le ratio de masse salariale par rapport aux loyers au niveau du pôle consolidé est sensiblement supérieur à celui de l’ESH. M. Beffa indique qu’il a été quelque peu déçu par le caractère succinct de la note présentée en ce qui concerne la stratégie énergétique. Il souligne qu’un simple chiffre moyen ne permet pas de suivre l’évolution réelle de la performance énergétique des logements. M. Beffa demande si l’ensemble des logements de la SNI subit une évaluation énergétique, donnant lieu à un classement par catégories de A à G et, le cas échéant, si un tableau de bord reprenant les résultats pourrait être communiqué à la Commission de surveillance. M. Ophèle souhaiterait connaître l’opinion de la SNI, en tant que bailleur social, sur le plan Argos lancé par le Fonds d’épargne. Il s’interroge quant à la solvabilité, à terme, des organismes 177 qui y auront recours. En outre, certaines des conditions du plan lui paraissent étranges : lorsqu’il est dit que la modification de la progressivité des annuités d’amortissement permet de réduire de 25 % les frais financiers, il semble que l’on confonde des flux de trésorerie avec des charges financières. M. Goua s’enquiert de l’état d’avancement du programme de rénovation du parc d’Adoma. M. Yché indique, en ce qui concerne le plan Argos, que la phase de closing en cours prendra fin courant juillet 2014. Toutes les parties prenantes ont confirmé leur participation aux fonds propres pour un total de 500 millions d’euros, dont 163 millions d’euros pour la SNI. M. Emmanuelli observe que la participation de la SNI représente 33 % du total, au lieu des 20 % prévus au départ. M. Yché précise que la participation de la SNI est plafonnée à 200 millions d’euros. L’objectif final porte sur un total de 800 millions d’euros de fonds propres. Le plan devrait permettre, dans un premier temps, de financer de 5 000 à 6 000 logements, qui font actuellement l’objet d’une expertise et d’un tri. M. Emmanuelli rappelle que le plan prévoyait initialement le financement de 10 000 logements. M. Yché indique que la dette sera financée aux deux tiers par le Fonds d’épargne, le tiers restant étant couvert par un financement issu d’un dispositif spécifique pratiqué en Allemagne. Cette répartition permettra d’obtenir un coût de la dette de l’ordre de 3,8 %, conforme aux objectifs retenus. Sur le plan de la production, environ 13 000 offres de logements ont été reçues à ce jour, réparties sur 260 programmes différents. Environ la moitié de ces offres a été écartée, du fait de conditions de localisation ou de prix ne répondant pas aux critères du plan. 3 000 logements font actuellement l’objet d’une étude approfondie, parmi lesquels 1 000 ont déjà fait l’objet d’une décision favorable 14e séance - 25 juin 2014 du comité d’engagement. Des préengagements sont, pour l’instant, pris au titre de la SNI, en attendant que le dispositif Argos soit complètement opérationnel. Le principal point de blocage du dispositif Argos concerne la circulaire définissant le périmètre dans lequel sera comptabilisé le quota de 25 % de logements sociaux, qui fait toujours l’objet de négociations. En l’absence de cette circulaire, les préfets ne disposent d’aucun critère objectif indiquant s’ils doivent ou non approuver les opérations proposées. La SNI a tout intérêt à ce que le périmètre défini soit le plus large possible, afin de rendre les opérations plus facilement éligibles. M. Lemas mentionne qu’il a récemment attiré l’attention de la ministre du Logement sur la nécessité de faire paraître au plus vite cette circulaire. Il s’est vu répondre qu’elle devrait être publiée dans la semaine du 30 juin 2014. Quoi qu’il en soit, l’absence de cette circulaire n’empêche aucunement de faire avancer le plan. M. Yché confirme que si cela est bloquant pour le démarrage du véhicule Argos cela ne l’est pas pour passer les premières commandes au titre de la SNI, avec faculté de substitution. Il précise que sur Argos l’étape suivante consistera à compléter les fonds propres en poursuivant, au second semestre 2014, les négociations avec des investisseurs, parmi lesquels Predica et Axa qui ont, dans un premier temps, refusé de participer au projet. En revanche, des contacts positifs ont été établis avec Humanis et Generali. M. Lemas rappelle que l’opération Argos a été lancée en espérant que la participation initiale de la SNI inciterait d’autres investisseurs institutionnels – notamment des compagnies d’assurances – à intervenir, générant un effet démultiplicateur qui permettrait de favoriser la relance du logement intermédiaire. La SNI et la Caisse des Dépôts restent à l’heure actuelle les principaux acteurs du plan. La première option envisageable consiste à démontrer l’intérêt du projet sur la base du premier fonds Argos, en mettant en avant la nature des logements construits, mais également les avantages fiscaux et financiers dont pourraient bénéficier les investisseurs potentiels, qui ne sont pas uniquement animés d’intentions sociales. La deuxième option consiste à faire participer l’État aux côtés de la Caisse des Dépôts et de la SNI, afin de pallier l’absence d’investisseurs institutionnels et de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour une véritable relance du logement intermédiaire. Cette seconde solution suppose cependant que l’État soit en mesure d’apporter une participation financière au projet, que ce soit à travers le PIA ou à travers le portefeuille de l’Agence des participations de l’État, tout en respectant les critères européens en matière de dépenses publiques. Dans cette éventualité, un certain nombre de questions juridiques et techniques devraient encore être résolues. M. Lemas a invité les pouvoirs publics à engager prochainement une série de réunions interministérielles, afin de définir la façon dont l’État pourrait venir en abondement du plan Argos. La question semble constituer une priorité pour le Gouvernement, puisqu’elle figurait dans le communiqué du Conseil des ministres de ce jour et M. Lemas a bon espoir qu’elle soit traitée rapidement. il ne dispose pas de parc initial lui procurant des revenus. Si ses actionnaires demandent à être rémunérés dès le début, il sera nécessaire de souscrire à un emprunt avec un différé de paiement très important. M. Lemas signale, par ailleurs, qu’une dépêche -correctrice, suite à une première dépêche comportant des inexactitudes- indique que "la SNI, filiale de la Caisse des Dépôts, prendra sa part dans l’effort de construction en faveur du logement intermédiaire ". Il observe que cette formulation laisse une certaine latitude à la SNI sur la manière d’intervenir dans ce dossier. Pour répondre à la question de M. Emmanuelli concernant la production de logement social, M. Yché indique que la SNI se situe dans une tendance conforme à son PMT, de l’ordre de 4 500 logements par an. M. Bavagnoli souligne que si l’État abonde des fonds dont la SNI serait mandataire, dans la mesure où cela concernera du logement intermédiaire, il devra intervenir en tant qu’investisseur avisé, en exigeant des conditions de retour sur investissement, comparables à celles des investisseurs institutionnels classiques. Le risque est alors de retomber dans les difficultés évoquées lors de la création du projet. En effet, Argos étant un véhicule dédié à la construction de logements neufs, 178 M. Lemas souligne que les difficultés décrites par M. Bavagnoli pourraient être évitées par une disposition législative. M. Emmanuelli demande quel serait le contenu exact de cet amendement. Mme Renaud-Basso indique qu’il confierait à la SNI la gestion des fonds apportés par l’État au plan Argos, comme c’est le cas pour la BPI dans le cadre du PIA. M. Emmanuelli objecte que le mandataire désigné devrait être la Caisse des Dépôts, qui pourrait ensuite confier la gestion des fonds à l’une de ses filiales, en l’occurrence la SNI. Il lui paraît peu envisageable de faire apparaître la SNI en tant que telle dans un texte législatif. Mme Renaud-Basso rappelle que dans le cadre du PIA, le Parlement vote l’allocation des fonds et l’identité de l’opérateur. M. Emmanuelli demande où en sont les constructions à fin juin 2014. M. Yché répond que le rythme de construction est globalement conforme aux attentes, avec quelques disparités selon les sociétés. Si Osica réalise une performance légèrement supérieure à son objectif, Efidis présente un certain retard, notamment lié à des propositions de construction de logements étudiants dans des zones comptant très peu d’étudiants, qui ont donc été refusées. Ce retard devrait cependant être rattrapé d’ici la fin de l’année. Il observe que les nombreux changements de majorités municipales ne semblent pas procès-verbaux avoir eu l’impact négatif attendu sur les programmes de logement social. M. Yché cite cependant l’exemple de l’Immobilière 3F, qui compte 1 800 logements à l’arrêt en Ile-de-France suite à une remise à plat des projets de construction par les nouvelles équipes municipales. Il est toutefois probable qu’une partie de ces projets ait dès le départ présenté des lacunes. Si la situation globale du secteur HLM ne semble pas préoccupante, il n’en demeure pas moins que l’analyse générale plaide en faveur d’une accélération de la production de logements sociaux. C’est pourquoi la direction des Fonds d’épargne a accepté d’allonger à 60 ans, sous certaines conditions, la durée des prêts correspondant à la composante foncière sur les marchés tendus. Cette décision a amené la SNI à revoir ses plans de financement, en diminuant la part des fonds propres au profit de la dette. Comme l’a souligné M. Ophèle, cet allongement de la durée des prêts ne réduit en rien les frais financiers, au contraire, mais il permet de les étaler dans le temps. L’équilibre financier global de chaque société a été passé en revue avec la direction des Fonds d’épargne, afin d’évaluer la soutenabilité de leur endettement. M. Yché souligne cependant que le soutien à la production par l’augmentation de la dette ne constitue qu’une solution temporaire, qui ne résout en rien les tensions sous-jacentes en termes de financement, en partie comblées par les rotations d’actifs. A cela vient se greffer la question d’Action Logement et du 1 % Logement : les dotations aux ESH étant actuellement alimentées en haut de bilan à travers les CIL et le GIC, l’accord national en cours de négociation entre Action Logement et l’État, s’il était plus rigoureux dans ses conditions, risque de créer de nouvelles tensions sur la capacité de production du secteur HLM. En l’état actuel des choses, l’effort de relance portant sur 6 800 logements sur trois ou quatre ans demeure soutenable, mais la SNI ne pourra pas aller plus loin, à moins de s’endetter au-delà du raisonnable. M. Lemas insiste sur le problème soulevé par M. Yché à savoir que le plan de relance risque d’épuiser les capacités de l’ensemble des organismes HLM qui sont déjà dans une situation difficile. Il observe qu’ils pourront difficilement s’engager dans de nouvelles opérations, à moins d’abaisser le niveau de leurs fonds propres, déjà faible, à des niveaux excessivement risqués. M. Lemas demande qu’une réflexion soit, dès à présent, menée sur les moyens de permettre aux organismes HLM de retrouver un niveau de fonds propres qui leur permette de poursuivre le plan de relance, sans se retrouver, dans deux ans, dans une situation intenable. Une prise de position rapide paraît peu vraisemblable, dans un monde du logement social caractérisé par un temps de décision excessivement long, qui contribue d’ailleurs à créer un certain attentisme chez les acteurs. Quoi qu’il en soit, il paraît difficile d’annoncer de grands progrès durant les deux ans qui viennent, tout en sachant que la troisième année sera beaucoup moins bonne. M. Lemas a suggéré au Ministre du logement et au Ministre de l’économie et des finances, Mme Pinel et M. Sapin, d’organiser au plus vite des groupes de travail pour tenter d’anticiper les difficultés au terme du plan de relance. Il ne fait aucun doute que la Caisse des Dépôts sera sollicitée pour venir en aide aux organismes HLM, mais M. Lemas peut d’ores et déjà affirmer qu’elle ne sera pas en mesure de procéder à des apports en fonds propres. M. Yché laisse à M. Chazelle le soin de répondre aux questions concernant la dégradation du budget, l’augmentation de la masse salariale et le plan stratégique. A propos des résultats du pôle consolidé, M. Chazelle indique que tous les PMT consécutifs au plan de relance de 2008/2009 prévoyaient une dégradation des résultats comptables, inévitable après une période de forte production, puisque les opérations de logement s’avèrent toujours déficitaires durant les premières années d’exploitation. A ce titre, la baisse du résultat courant s’est révélée tout à fait conforme aux prévisions, voire légèrement inférieure. A l’excédent brut opérationnel courant de 308 millions d’euros, 179 légèrement au-dessus des 300 millions prévus, sont venues se conjuguer des plusvalues de 10 millions d’euros supérieures aux prévisions, liées aux signatures d’actes authentiques qui ont lieu aux mois de décembre 2013 ou de janvier 2014 et ne laissent qu’une faible possibilité de régulation vis-à-vis des acquéreurs de logements. M. Yché a évoqué l’impact significatif de la hausse de l’impôt sur les sociétés, supérieur de 15 millions d’euros aux prévisions. En 2014, hors éléments exceptionnels liés aux plus-values et à l’impôt sur les sociétés, le résultat devrait à nouveau rentrer dans le cadre des prévisions du PMT. M. Beffa demande pourquoi le coût de l’endettement net est passé de 100 à 114 millions d’euros entre 2013 et 2014. M. Chazelle explique que le coût de l’endettement net est très fortement lié au niveau de la trésorerie et à sa rentabilité. L’année 2013 a été marquée par une excellente rentabilité, liée au choix effectué fin 2011/2012 de placer la trésorerie sur des comptes à terme, au moment où les banques connaissaient des difficultés de liquidité. Les placements financiers ont ainsi atteint en 2013 un rendement exceptionnel de 3,24 %, alors que l’endettement de 450 millions d’euros contracté en 2013, principalement sous la forme de Schuldschein et de placements privés en Allemagne, s’est effectué sur des durées de 15, 20 ou 25 ans in fine et à un taux fixe de 3,14 %. Le taux de financement était donc inférieur au taux de placement. En 2014, le rendement de la trésorerie devrait redescendre aux alentours de 3 %. M. Chazelle précise que les placements, très sécurisés, ont été réalisés auprès de banques dont la notation n’est pas contestable, sur une durée de trois, quatre ou cinq ans et offrent des fenêtres de sortie en cas de nécessité. M. Chazelle revient sur la dégradation du résultat courant du pôle social. Il explique qu’il est également dû au phénomène de suractivité de production, qui conduit à des résultats comptables déficitaires au cours des premières années. 14e séance - 25 juin 2014 M. Beffa observe que l’EBE du pôle ESH, qui constitue pourtant le ratio le plus significatif, ne présente pas de véritable continuité, passant de 480 à 490 millions d’euros entre 2012 et 2013, avant de redescendre à 483 millions d’euros en 2014. à l’endettement, tout en reconstituant la valeur du patrimoine. Les explications techniques et détaillées de M. Chazelle ne font jamais que traduire la stratégie de la SNI, qui consiste à accroître la valeur de son patrimoine, afin de capitaliser pour l’avenir. M. Chazelle souligne que le budget initial 2014 a été constitué au mois d’octobre, avant de connaître le résultat 2013, qui n’est arrivé qu’au mois de janvier ou février 2014. L’écart constaté dans l’EBE demeure toutefois faible, de l’ordre de 1 à 2 %. Pour ce qui est de l’augmentation de la masse salariale, M. Chazelle indique que la croissance du nombre de logements et du chiffre d’affaires dans l’ensemble des ESH nécessite une force de travail plus importante. Par ailleurs, les mesures fiscales concernant la taxe d’apprentissage ou le forfait social sur l’intéressement et la participation versés aux salariés ont eu des impacts très importants sur la masse salariale en 2012 et 2013. M. Beffa constate une tendance à la prudence excessive dans les prévisions de la SNI. Concernant la fiabilité des prévisions de la SNI, M. Yché convient que les marges prises à chaque étape de la construction budgétaire peuvent aboutir à des écarts, que la société veille néanmoins à réduire autant que possible. Dans le métier d’opérateur immobilier, le point clé se situe dans la rentabilité des opérations mises en œuvre. De ce point de vue, l’audit réalisé par la Caisse des Dépôts a permis de constater que les prévisions et simulations de la SNI se sont réalisées dans 98,4 % des cas et que sur les 1,6 % restants, les écarts s’avéraient toujours favorables, les opérations étant au final plus rentables que prévu. Pour ce qui est du résultat d’exploitation courant, M. Yché souligne que la meilleure manière de l’améliorer ou d’éviter qu’il ne se dégrade, serait tout simplement de ne pas construire. Comme l’a dit M. Chazelle, les programmes immobiliers sont toujours déficitaires dans leurs 10 ou 15 premières années. Dans un modèle tel que celui de la SNI, le résultat courant s’appuie sur des ensembles immobiliers amortis. Néanmoins, une stratégie de forte production permet de préparer des plus-values latentes pour l’avenir et donc cesser de produire revient à laisser la valeur moyenne du patrimoine se dégrader et à détruire la valeur du stock d’actifs. Il s’agit de trouver un équilibre permettant de conserver un résultat d’exploitation suffisant pour couvrir les besoins de financement, notamment liés M. Beffa s’enquiert de l’évolution de la masse salariale au sein du pôle consolidé. M. Chazelle indique que la stratégie du pôle consolidé consiste à viser une croissance du chiffre d’affaires avec un parc stable. La SNI applique une politique stricte de maîtrise de sa masse salariale, la NAO 2013 n’ayant, par exemple, abouti qu’à une augmentation moyenne de 0,7 % sur l’ensemble des personnels des trois UES du groupe. M. Beffa ne remet nullement en question le suivi de la masse salariale au sein du pôle consolidé, mais la situation dans le pôle ESH lui semble moins bien encadrée. M. Yché observe que l’on reproche fréquemment à la SNI son pilotage par trop centralisé et directif, ce qui lui semble toutefois exagéré. Il insiste sur le fait que les NAO au sein du groupe sont parfaitement cadrées. Les pratiques de négociation avec les organisations syndicales prévoient deux cas de figure : en cas d’obtention d’un accord majoritaire, un léger bonus est accordé sur l’évolution de la masse salariale ; dans le cas contraire, c’est un malus qui s’applique. L’augmentation – raisonnable – de la masse salariale est également liée, en partie, à la politique d’intéressement et de participation, dont les salariés 180 bénéficient à partir du moment où le résultat global demeure bon. Pour ce qui est de la performance énergétique, M. Yché ne voit pas de difficulté à fournir des éléments concernant le classement des différents logements détenus par le groupe. La politique de la SNI consiste à traiter en priorité les 20 % de logements représentant 80 % des problèmes énergétiques. Pour sa part, M. Yché juge plus pertinents les chiffres communiqués, qui illustrent une diminution réelle de la consommation globale du parc de la SNI, passée de 229 kW à 190 kW par an, qu’un classement par catégories de A à G, qui demeure un exercice totalement théorique. M. Yché indique que ce classement ne prend en compte qu’un certain nombre de critères, n’incluant pas, par exemple, l’orientation du logement ou l’étage auquel il se trouve. M. Yché signale que la comparaison entre le classement énergétique des bâtiments et leur consommation réelle pourrait réserver quelques surprises. M. Beffa convient que le chiffre moyen communiqué est intéressant, il souhaitait simplement comprendre comment il avait été bâti. Au-delà du simple classement énergétique, si la SNI dispose des données de consommation réelles par types de bâtiment, M. Beffa se dit preneur. M. Yché précise que l’évolution de la consommation globale prend en compte la performance des bâtiments existants ayant subi des travaux, ainsi que celle des nouveaux logements. M. Beffa observe que les mauvaises performances énergétiques des HLM sont souvent dues à une mauvaise isolation extérieure. Il serait intéressant de voir, par exemple, comment ce facteur peut jouer sur la consommation d’énergie des bâtiments. Dans tous les cas, l’amélioration de la performance énergétique est un sujet important et peut représenter des économies conséquentes. M. Lemas souligne les performances remarquables de la SNI dans le domaine procès-verbaux énergétique, qui devraient servir d’exemple dans le monde des HLM. Il propose aux membres de la Commission de surveillance de revenir lors d’une séance ultérieure sur la participation de la Caisse des Dépôts à une démarche plus globale en matière de performance énergétique. Pour revenir sur la distinction entre pôle consolidé et pôle social, M. Lemas rappelle que les ESH (ex-sociétés anonymes HLM), disposent d’un statut spécifique, justifié par le fait que les fonds nécessaires à la construction des HLM ne proviennent pas d’apporteurs de capitaux, mais des loyers perçus cumulés depuis les origines. La définition du logement social recouvre divers cas de figures, des HLM aux ESH, en passant par certains types de logements aidés. La distinction entre pôle consolidé et pôle ESH, qui se justifie par des motifs juridiques et comptables, ne semble pas la plus pertinente. M. Lemas lui préférerait la distinction entre activités relevant ou non du domaine du social. La vocation d’un organisme public tel que la Caisse des Dépôts reste – dans le cadre d’une activité rigoureuse et rentable – de produire du logement social. Malgré les complications de gestion pour la SNI, il paraîtrait légitime de faire apparaître clairement ce qui relève du logement social et ce qui n’en relève pas. Comme pour les autres activités de la Caisse des Dépôts, M. Lemas juge important de se focaliser sur les objectifs et non sur les outils. Si le Groupe crée une multitude de fonds et autres dispositifs d’investissement, ce n’est en aucun cas pour rivaliser avec les fonds de pensions américains, mais pour remplir sa mission sociale dans les meilleures conditions. De même, si le Groupe compte parmi ses filiales la SNI, premier opérateur du secteur en France, c’est pour répondre à sa vocation de production de logement social, ou à la lisière du social, puisqu’il s’agit également de promouvoir la mixité. M. Lemas jugerait dommageable de faire simplement de la SNI une immense société multicarte de construction. M. Lemas sait que l’équipe qui dirige la SNI accorde la plus grande importance à sa vocation sociale. Sans promouvoir un quelconque passéisme, il convient de se souvenir des fondamentaux de l’Établissement. Si la Caisse des Dépôts dispose d’outils en matière de logement, c’est bien pour aider à la création de logements sociaux ou intermédiaires que le marché n’est pas en mesure de produire. La technicité, l’efficacité, la modernité, la capacité de s’adapter à un monde ouvert, globalisé et financiarisé, constituent des forces formidables qu’il convient de développer, mais elles n’ont de sens que si elles servent un objectif de bien commun. M. Yché indique que si les objectifs du plan de relance sont tenus, entre 2008 et 2018, la SNI aura construit au total près de 88 000 logements, dont 55 000 logements sociaux et plus de 32 000 logements intermédiaires. De tels chiffres illustrent bien la vocation sociale de la SNI : bien que le logement intermédiaire soit celui qui contribue le plus au résultat du groupe, le logement social représente les deux tiers de la production. M. Yché ajoute que le taux de réalisation de logements sociaux par rapport au patrimoine détenu est égal à 163 % de la moyenne du secteur HLM. La société ne met sans doute pas suffisamment en avant, ou de façon maladroite, ce genre d’informations. M. Emmanuelli revient sur le sujet du viager HLM. M. Chazelle indique que la réflexion en cours porte sur un dispositif laissant la possibilité à la famille de vendre ou de conserver le bien. Il s’agirait de prendre en gestion un bien et de le faire refinancer par une banque, qui donne à la personne les moyens de financer sa fin de vie. Une fois le décès survenu, les héritiers pourront choisir de rembourser le prêt, d’exploiter le bien, ou de le vendre. M. Yché ajoute que le modèle de viager habituellement pratiqué par la Caisse des Dépôts s’avère économiquement viable. La difficulté dans le cadre d’un viager HLM réside dans la destruction de valeur liée au plafonnement du loyer d’exploitation. L’application de ce modèle serait pertinente sur des marchés 181 très tendus, où il s’avère difficile de construire une offre nouvelle, et où la collectivité dispose des moyens financiers de compenser massivement la perte de valeur résultant du statut HLM. La mise en place d’un viager HLM serait donc uniquement envisageable à Paris intramuros et dans la première couronne et, éventuellement, sur quelques territoires en région PACA. Il en est de même pour le logement intermédiaire, cela n’a de sens qu’à partir du moment où l’écart entre le loyer plancher et le loyer HLM maximal est de l’ordre de 30 %. D’après une étude, les 300 communes françaises répondant à ces critères regroupent 24 % de la population et représentent 46 % du potentiel de croissance démographique. Sachant que le besoin annuel s’élève à 120 000 logements, toutes catégories confondues, dont 45 000 logements sociaux et 18 000 logements intermédiaires, force est de constater que le logement intermédiaire constitue un marché territorialement très ciblé. Qu’il s’agisse de viager HLM ou de logement intermédiaire, il paraît difficilement envisageable de généraliser ces pratiques à l’ensemble du territoire. M. Emmanuelli demande quel est l’organe collecteur du 1 % Logement pour la SNI. M. Yché indique qu’il s’agit du Gic, qui est finalement demeuré dans le périmètre de la Caisse des Dépôts bien qu’un an auparavant il ait été annoncé le contraire. La SNI a négocié avec Action Logement une hausse de 30 % à 50 % du taux d’attribution des subventions aux ESH du groupe, qui représentent une ressource annuelle de 60 millions d’euros. M. Emmanuelli a cru comprendre que La Poste menaçait de quitter le Gic. M. Yché confirme que La Poste et Thales ont menacé de partir, mais que depuis, la situation s’est stabilisée. La préservation de clients aussi importants s’avère essentielle pour l’avenir du Gic, qui semble menacé. Il rappelle qu’alors qu’il existait 123 collecteurs il y a moins de 10 ans, il n’en compte aujourd’hui plus que 20, l’objectif à terme étant de parvenir à huit. Pour continuer à 14e séance - 25 juin 2014 fonctionner dans un cercle aussi réduit, le Gic devrait s’allier à d’autres collecteurs, comme la SNI l’incite à le faire. La société souhaiterait également voir le Gic intervenir en fonds propres dans ses ESH, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. M. Beffa revient sur le pourcentage de réhabilitation du parc d’Adoma. M. Chazelle indique que le seul plan stratégique de patrimoine d’un montant de 1,4 milliard d’euros permettra de procéder à la moitié des réhabilitations dans un délai de 10 ans. M. Yché précise que le recours à la capacité d’endettement complémentaire et un apport éventuel de fonds propres découlant d’une prise de contrôle majoritaire par la SNI permettraient de réaliser un investissement supplémentaire d’environ 800 millions d’euros, soit un total de 2 milliards d’euros sur 10 ans et de réhabiliter les trois-quarts du parc. L’ensemble des ministères concernés paraissant désormais favorables à cette évolution, il est permis d’espérer qu’elle survienne avant la fin de l’année 2014, apportant ainsi une bouffée d’oxygène au BPT. 4 – Fonds d’épargne : perspectives quinquennales 2014/2018 Mme Renaud-Basso indique que les perspectives quinquennales ont été établies sur l’hypothèse d’une d’activité dynamique, cohérente avec celle de la période précédente. En termes de prêts, les prévisions font état d’un montant de 21,4 milliards d’euros en 2014, puis 23 à 24 milliards d’euros par an entre 2015 et 2018. Ces estimations prennent notamment en compte l’augmentation des prêts au logement social et à la politique de la ville, l’enveloppe dédiée aux collectivités locales devant atteindre 3,5 milliards d’euros par an. M. Emmanuelli observe que l’objectif initial se situait à 4 milliards d’euros. relevé de conclusions de la commission de surveillance relatif à la filiale immobilière SNI La Commission de surveillance a pris note des perspectives d’activités volontaristes, tant sur le pôle intermédiaire, avec le maintien de l’objectif de production de 10.000 logements intermédiaires via le fonds Argos, que sur le pôle social avec le plan de relance qui contribuera à la création de 6.825 logements sociaux supplémentaires pour la période 2014/2018. S’agissant du fonds Argos, la S.N.I. poursuit la recherche d’investisseurs et il est envisagé que l’État, à travers un mécanisme qui reste à trouver (de type PIA), puisse y contribuer.La production 2014 est en ligne avec les prévisions du plan à moyen terme, à fin juin, avec une répartition de 2/3 logements sociaux, 1/3 logements locatifs intermédiaires. L’effort important sur le pôle social est envisagé à fonds propres constants, grâce aux mesures financières récemment adoptées sur les prêts sur fonds d’épargne Mme Renaud-Basso indique que les prévisions s’appuient sur des hypothèses prudentes de production de prêts. Mme Renaud-Basso expose ensuite que les projections de résultat prévoient une marge en augmentation par rapport à 2013, notamment liée à la réforme de l’épargne réglementée. Une baisse est en revanche prévue en 2016, liée à l’hypothèse retenue d’une hausse du taux du Livret A à 1,50 % en 2016 - contre une stabilité en 2014. Dans la mesure où cette augmentation s’appliquera immédiatement sur les dépôts, mais seulement une fois par an sur les prêts, elle aboutirait nécessairement à un décalage de marge durant l’année de transition. Elle signale, par ailleurs, 182 (allongement des durées sur la partie foncière, différé). Néanmoins, cet effort pourrait conduire à une situation plus tendue dans deux ans et grever les capacités de construction des opérateurs sociaux au-delà, notamment si certaines hypothèses économiques ou de financement évoluaient négativement. La Commission de surveillance prend note que la SNI engage une réflexion sur la reconstitution des fonds propres, au-delà de l’apport généré par les cessions de logements. Elle souhaite que les conclusions lui soient soumises. Enfin, la Commission de surveillance rappelle à la Direction générale qu’elle a fait siennes les préconisations du rapport BaïettoBeysson-Hanotaux et qu’elle sera attentive à leur mise en œuvre, notamment en ce qui concerne la gouvernance (renforcement de la présence de la Caisse des Dépôts, suivi renforcé des GIE). l’importance des provisions pour prêts déficitaires qui connaissent une forte hausse, pour atteindre sur la période 2014/2018 un montant annuel compris entre 400 et 500 millions d’euros par an. Ces provisions sont liées aux éco-prêts et au PLAI, très bonifiés, qui viennent peser sur le résultat d’exploitation. Il en résulte des prévisions de résultat opérationnel comprises entre 500 et 700 millions d’euros par an. Les plus-values réalisées sur le portefeuille financier, très bien provisionné, sont évaluées de 400 à 500 millions d’euros par an. Le besoin de fonds propres devrait augmenter, essentiellement sous l’effet de la croissance du volume de prêts. En procès-verbaux revanche, le besoin de fonds propres sur le portefeuille financier devrait régresser, de même que sur le risque global de taux. L’excédent de fonds propres cumulé sur la période atteindrait 3,7 milliards d’euros, intégralement reversés à l’État selon les règles de prélèvement en vigueur, qui font actuellement l’objet de négociations avec le Trésor. Elle attire l’attention sur un nouvel indicateur qui montre la répartition de la richesse créée par le Fonds d’épargne, issue de la marge sur les prêts et des dividendes sur le portefeuille financier, déduction faite des charges d’exploitation. Sur la période 2014/2018, celle-ci est affectée à hauteur de 55 % au prélèvement de l’État, de 29 % au financement des prêts déficitaires dans le domaine de l’écologie ou du logement social, les 16 % restants servant à alimenter les fonds propres. Mme Renaud-Basso indique que la trajectoire de solvabilité est prévue à la hausse, s’écartant de plus en plus de l’objectif cible et du seuil de surveillance en matière de besoins de fonds propres. Elle ajoute que si la situation de liquidité à court terme ne présente aucune difficulté particulière, la réserve de liquidités devrait cependant connaître une diminution progressive, du fait de l’augmentation des encours et ce, malgré les deux augmentations successives du plafond du Livret A anticipées en 2015 et 2016, dont l’effet sur la collecte devrait s’avérer plus limité que par le passé. Selon les hypothèses centrales prises en compte, le ratio entre dépôts et prêts atteindrait 135 % en 2017, conduisant à une augmentation du taux de centralisation et ce ratio atteindrait 125 % en 2020. Le seuil prudentiel de 20 % d’actifs éligibles à la BCE serait alors franchi en 2020. En cas de réalisation d’un scénario plus dégradé, marqué par une stabilisation ou une régression de la collecte du Livret A, la question de la liquidité se poserait évidemment plus rapidement. Mme Renaud-Basso observe néanmoins que la collecte du Livret A sur le premier semestre de l’année 2014 est en ligne avec les prévisions. Mme Renaud-Basso aborde l’activité de l’année 2014. Celle-ci demeure relativement dynamique avec un volume de prêts au logement social qui s’avère bien plus élevé qu’en 2012 et 2013 et le montant des financements aux collectivités locales qui a atteint 800 millions d’euros à fin avril 2014. L’impact des élections municipales semble pour l’instant limité, mais un effet de ralentissement n’est pas à exclure sur le logement social par la suite, dans la mesure où les prêts signés à l’heure actuelle correspondent à des agréments antérieurs. M. Picq considère, du point de vue du modèle prudentiel, que les perspectives présentées sont rassurantes, avec une marge stable aux alentours de 1 milliard d’euros annuels et des résultats cumulés permettant de couvrir les besoins en fonds propres et de dégager des excédents qui bénéficieront à l’État. Il observe, en revanche, que du point de vue économique et financier, le modèle semble plus fragile. Ainsi, les provisions pour prêts déficitaires, de l’ordre de 500 millions d’euros par an, ne demeurent tolérables que parce qu’elles sont couvertes par les plusvalues dégagées sur le portefeuille d’actifs financiers. M. Picq rappelle que la vocation première du portefeuille d’actifs financiers n’est pas de dégager des plus-values, mais de limiter le risque de liquidité. En outre, la situation du portefeuille d’actifs demeure tributaire de celle des marchés financiers : en cas de revirement spectaculaire de conjoncture, le Fonds d’épargne, aussi bien provisionné soit-il, serait confronté à un arbitrage délicat, puisqu’il ne serait plus en mesure de couvrir les prêts déficitaires par des plus-values. M. Picq relève cependant que ces ressources à court terme permettent de financer des prêts à très long terme et se réjouit que la gestion avisée du Fonds d’épargne permette, grâce à un portefeuille de taux, de gérer les risques de taux et grâce au portefeuille financier, de couvrir le risque de liquidité et les prêts déficitaires. Bien que les arbitrages en la matière ne soient pas de son ressort, M. Picq 183 souligne la difficulté à concilier la satisfaction de l’épargnant et le financement du logement social. En période de taux globalement bas, il paraît difficile de maintenir des taux élevés et de générer un nombre excessif de prêts déficitaires. M. Picq rappelle que, du point de vue de la surveillance, le maintien de la marge du Fonds d’épargne s’avère stratégique. Par ailleurs, si les prévisions ne font état d’une atteinte des ratios d’alerte en termes de liquidité qu’à un horizon de trois ans, M. Picq jugerait pertinent d’anticiper la situation et de prévenir le monde bancaire de l’éventualité d’un recours aux mécanismes de rappel. M. Picq juge enfin intéressant de constater que la richesse créée par le Fonds d’épargne est consacrée, pour plus de la moitié, à la rémunération de la garantie de l’État. M. Beffa constate, en ce qui concerne le risque lié à la conjoncture sur les marchés financiers, que le provisionnement très conséquent du portefeuille d’actions du Fonds d’épargne permettrait d’absorber sans peine un éventuel choc boursier en vendant une partie de ces provisions. Parmi les hypothèses sur lesquelles sont fondées les perspectives quinquennales, M. Beffa s’interroge sur celles qui seraient susceptibles de créer de véritables difficultés pour le Fonds d’épargne. Il suppose qu’une variation massive de l’épargne du Livret A constituerait une de ces hypothèses. En revanche, la hausse du taux du Livret A anticipée en 2016, par exemple, ne semble pas avoir de conséquences trop néfastes, puisque son effet serait corrigé mécaniquement dès l’année suivante. M. Ophèle observe que les taux de Livret A retenus pour les prévisions ne correspondent pas à la formule de calcul du taux de rémunération. M. Ophèle constate, par ailleurs, que les perspectives présentées n’incluent pas de véritable scénario de stress. A l’instar de M. Beffa, il jugerait intéressant de définir quelles circonstances risqueraient 14e séance - 25 juin 2014 véritablement de dégrader la situation du Fonds d’épargne. La chute du taux de liquidité à un niveau inférieur à 20 %, envisagée dans les scenarii les plus négatifs, ne paraît pas particulièrement inquiétante en elle-même, les buffers de liquidité pouvant être mobilisés, le cas échéant. La question est plutôt de savoir comment rétablir par la suite le niveau de liquidité. En outre, en cas de besoin, un taux de liquidité supérieur à 20 % pourrait être maintenu en changeant la structure des actifs liquidés au profit d’actifs non éligibles à la BCE. M. Emmanuelli entend ces points, mais indique que si des demandes sur la centralisation devaient conduire à une évolution de la réglementation, ceci ne pourra se faire sans des conditions précises et définies. M. Lemas indique que le scénario le plus périlleux pour la situation du Fonds d’épargne combinerait plusieurs éléments. D’une part, le maintien, voire l’augmentation du niveau de rémunération du Livret A, qui situerait le coût de la ressource à un niveau élevé par rapport à l’inflation. Enfin, les difficultés de liquidité des banques, qui pourraient justifier une nouvelle évolution des règles de centralisation. L’addition de ces trois éléments exogènes à la Caisse des Dépôts aboutirait à une situation extrêmement dégradée. La liquidation des actifs qui peut, en effet, apparaître comme une solution commode, risquerait de faire entrer la gestion des Fonds d’épargne dans une spirale négative et de remettre en cause le principe de transformation évoqué par M. Picq, selon lequel des ressources à court terme peuvent financer des prêts à 60 ans. M. Lemas rappelle que la première tâche de la Commission de surveillance, en vertu de la mission de contrôle que lui confie le Parlement, consiste à veiller sur l’épargne des Français. Or, une hypothèse d’un taux du Livret A, déconnecté de l’inflation et de diminution du taux de centralisation, ne relève pas de la pure théorie. M. Houri jugerait utile de présenter à la Commission de surveillance une analyse des scenarii macroéconomiques sur lesquels se fondent les prévisions quinquennales. M. Ophèle confirme que si une certaine cohérence n’est pas assurée, une situation catastrophique pourrait en résulter. M. Bavagnoli cite comme principal facteur la remontée des taux longs. Il précise qu’à ce jour La Banque Postale est l’établissement bancaire le plus impacté par la centralisation, avec une position problématique si la réglementation n’évolue pas. M. Lemas souhaiterait que, si ce type de menace devait se concrétiser, la Commission de surveillance puisse contribuer à l’élaboration d’un mécanisme de protection du ratio de liquidité et à sa défense auprès du Parlement. M. Bavagnoli constate que le modèle du Fonds d’épargne, auquel le Trésor est, par ailleurs, très attaché, subit aujourd’hui un certain nombre de contraintes. D’une part, la rentabilité du portefeuille de prêts tend à diminuer, s’avérant quasiment nulle sur la nouvelle production en matière de logement social, sans qu’aucun facteur d’amélioration ne soit perceptible. D’autre part, le portefeuille d’actifs financiers enregistre des pertes, puisque sa rentabilité moyenne est inférieure au coût de la ressource. La rentabilité du portefeuille de prêts étant issue de prêts anciens à forte marge – la marge sur les nouveaux prêts conclus étant en général nulle, voire déficitaire –, l’amélioration du résultat prévue dans le plan d’affaires repose sur l’hypothèse centrale d’un redressement de la rentabilité des actifs financiers. M. Beffa demande quels facteurs permettraient d’améliorer cette rentabilité. M. Beffa s’enquiert de la relation entre une éventuelle remontée de ces taux et le niveau du TLA. M. Bavagnoli explique qu’un écart peut exister, puisque le TLA est calculé en fonction de la moyenne des taux courts. 184 M. Beffa observe qu’une remontée significative des taux n’est en rien certaine. Il serait curieux de bénéficier de l’analyse des experts de la Caisse des Dépôts sur cette question. Mme Renaud-Basso insiste sur le rôle central du taux du Livret A, dont la baisse entraînerait automatiquement un effet de redressement. Par ailleurs, bien que le contexte de taux bas s’avère extrêmement pénalisant pour le Fonds d’épargne, elle conteste l’analyse de M. Bavagnoli selon laquelle les portefeuilles de prêts et d’actifs financiers réalisent des pertes. La rentabilité des actifs s’avère supérieure au coût de la ressource, tandis que le stock de prêts permet de maintenir un certain niveau de marge. M. Beffa ajoute que la production nouvelle de prêts, certes peu rentable, demeure marginale par rapport au stock existant, sur lequel la marge réalisée est plus élevée. M. Bavagnoli convient que sa remarque ne valait que pour la production de nouveaux prêts. M. Picq estime que le principal facteur de difficulté pour le Fonds d’épargne demeure une éventuelle décollecte. Mme Renaud-Basso en convient. Or, le Livret A étant distribué par les banques, la Caisse des Dépôts n’a pas de maîtrise directe sur ce facteur. M. Beffa indique que la collecte bénéficie de la survalorisation du Livret A. Mme Renaud-Basso ajoute que les mesures destinées à élargir le champ des personnes éligibles de LEP n’ont eu aucun effet, dans la mesure où les banques ne diffusent pas ce produit, qu’elles considèrent comme trop cher. On constate, en revanche, une forte augmentation du nombre de livrets fiscalisés et de comptes courants rémunérés. procès-verbaux avis de la commission de surveillance relatif aux prévisions de résultats de fonds propres et de liquidité du fonds d'épargne A la suite des recommandations du Comité du Fonds d’Epargne du 12 juin 2014, la Commission de surveillance, lors de sa séance du 25 juin 2014, a examiné les prévisions de résultats et de solvabilité du Fonds d’Epargne, sur la base d’une projection quinquennale. Elle a également pris connaissance de la liquidité du Fonds d’Epargne sur un horizon de 10 ans. Les nouvelles prévisions quinquennales retenues pour le scénario central, permettent d’anticiper un résultat net de 884 M€ pour 2014, niveau comparable avec celui enregistré en 2013. La légère contraction du résultat par rapport à l’exercice antérieur est liée, pour l’essentiel, à d’importantes dotations aux provisions pour risques et charges résultant de la forte production des prêts bonifiés (prêts très sociaux, éco-prêts et prime exceptionnelle à la construction) et ce, malgré le doublement attendu du résultat opérationnel. Conséquence de la baisse continue des taux d’intérêt et de la diminution du portefeuille de taux suite à la restitution des 30 Md€, les produits sur actifs financiers sont attendus en léger recul, passant de 1,9 Md€ en 2013 à 1,8 Md€ en 2014. Le rendement global des portefeuilles financiers, y compris les plus-values de cession estimées à 334 M€, s’établit, pour 2014, à 2,15 %, soit un rendement supérieur au-dessus du coût prévu de la ressource (1,8 %, y compris la commission supplémentaire de 242 M€ versés à La Poste). En moyenne, sur la période 2014/2018, le résultat avant ajustement éventuel du Fonds pour Risques Bancaires Généraux pourrait s’établir autour de 1 Md€, à l’exception de l’exercice 2016 pour lequel il est prévu une diminution de la marge d’intérêt d’environ 300 M€, due à l’anticipation d’une hausse du taux du Livret A, répercutée avec un léger décalage sur les taux des prêts sur Fonds d’Epargne. La Commission de surveillance observe que le Fonds d’Epargne mobilise, à la fois, son bilan en accompagnement des politiques publiques nationales et territoriales tout en allégeant la charge de l’État. Ainsi, sur la période 2013 à 2018, le résultat accumulé du Fonds d’Epargne (8,2 Md€) est affecté à hauteur de 55 % (soit 4,5Md€) au versement à l’État, à 29 % (soit 2,4 Md€) à la bonification de prêts, et à 16 % (soit 1,3 Md€) à la consolidation des fonds propres du Fonds d’Epargne, lui permettant de couvrir les risques de ses activités et de son développement. recentralisation et la restitution des banques vers le Fonds d’Epargne, à hauteur de 0,5 Md€ en 2017 et 15 Md€ en 2018. Les actifs financiers, qui doivent assurer, à la fois, la liquidité, et la couverture du risque global de taux, après avoir diminué d’environ 15 Md€ en 2013, du fait de la réforme de la centralisation, baissent de 34 Md€ supplémentaires au cours de la période, pour atteindre 62 Md€ en 2024 (dont 48 Md€ mobilisables à la BCE à conditions d’éligibilité et de répartition du portefeuille inchangées). Compte tenu de la trajectoire des fonds propres et de l’exposition en risques, la solvabilité du Fonds d’Epargne, mesurée par le corridor de solvabilité mis en place en 2013, est satisfaisante sur l’horizon de projection de 5 ans. Néanmoins, la Commission de surveillance tient à rappeler que cette projection est fondée sur un scénario central et non sur un scénario macro-économique dégradé. Le ratio de liquidité (actifs financiers mobilisables à la BCE comparés aux dépôts), inscrit dans le code d’investissement du Fonds d’Epargne, passerait de 31,7 % en 2013, pour diminuer progressivement au cours de la période et atteindre le seuil minimum, dès 2017, (19,5 %), puis 14,4 % en 2024. La Commission de surveillance observe que cette situation, tendue à moyen terme, repose sur des hypothèses qui ne constituent pas un scénario de "stress". Elle observe également qu’il n’est pas prévu, aujourd’hui, de dispositif réglementaire, propre au ratio de liquidité qui doit être supérieur à 20 %, visant à le maintenir par remontée du taux de centralisation. Compte-tenu du scénario central de production dynamique des prêts, la Commission de surveillance constate que la liquidité du Fonds d’Epargne sera à un niveau satisfaisant jusqu’en 2016. Toutefois, à partir de 2017, le ratio de 135 % devra être activé, puis celui de 125 % à partir de 2020. En conséquence, le taux de centralisation, aujourd’hui à 59,5 % devrait passer à 59,7 % en 2017, puis à 65 % en 2019, par la mise en œuvre du mécanisme de Sur proposition du Comité du Fonds d’Epargne et du Directeur général de la Caisse des Dépôts, la Commission de surveillance demande à ce que soit étudié un mécanisme visant à respecter le seuil du ratio de liquidité, en anticipation de la dégradation prévue à partir de 2017. Cette étude devra prendre en compte les constats et propositions de recommandations du Secrétaire général de l’ACPR lorsqu’il communiquera sa lettre de suite sur le traitement du risque de liquidité du Fonds d’Epargne. 185 14e séance - 25 juin 2014 5 – Revue du modèle prudentiel (intégration des filiales, dont BPI) Ce point a été reporté à une séance ultérieure. 6 – Question d’actualité Point non traité. M. Emmanuelli remercie les participants et clôt la séance. La séance est levée à 19 heures 30. Le Président de la Commission de surveillance Henri Emmanuelli 186 procès-verbaux 15 e séance- 9 juillet 2014 * Le mercredi 9 juillet 2014, à 17 heures 30, la Commission de surveillance s’est réunie au lieu ordinaire de ses séances. Assistaient à la réunion : M. Emmanuelli, Président ; Mme Grosskost ; MM. Bézard, Gailly, Goua, Houri, Lavondès, Marc, et Ophèle. Mme Tessier, Secrétaire générale de la Commission de surveillance. Étaient excusés : MM. Beffa et Picq. Assistaient également à la réunion : M. Lemas, Directeur général du Groupe, assisté de Mme Quatrehomme, Directrice de cabinet du Directeur général ; M. Lataste, Conseiller du Président de la Commission de surveillance ; Mme Mayenobe, Secrétaire générale du Groupe et Secrétaire de la Commission de surveillance assistée de M. Coutarel; M. Silvent, Directeur du pôle stratégie, filiales et international ; Mme Grave, Directrice des retraites et de la solidarité (points 1 et 2) ; M. Michelson, Directeur de l’exécution des opérations financières du Groupe (points 2 et 3) ; Mme Hardré-Schille, Secrétaire générale de la Direction de l’exécution des opérations financières (point 3) M. Lamy, Chargé de mission auprès du Directeur de l’exécution des opérations financières (point 3) ; M. Lavenir, Directeur général de CNP Assurances (point 4) ; M. Ducret, Président-Directeur général de CDC Climat (point 5) ; M. Sicard, Directeur général délégué de CDC Climat (point 5). M. Lemas aimerait, avant d’aborder l’ordre du jour, informer la Commission de surveillance d’un certain nombre de mesures d’organisation qu’il a présentées devant le Comité directeur du Groupe qui s’est tenu le 7 juillet. Il rappelle, en effet, que conformément à ce qu’il a annoncé devant cette instance, il souhaitait pouvoir apporter, avant l’été, quelques légères adaptations en matière de gouvernance. L’objectif de ces modifications n’est pas de bouleverser l’organisation générale, mais de resserrer quelque peu le dispositif. Premièrement, s’agissant des instances du Groupe, M. Lemas annonce la création d’un Comité exécutif qui rassemblera les principaux Directeurs – à savoir Mme Renaud-Basso, M. Silvent, la Secrétaire générale, le Directeur des ressources humaines et la Directrice de cabinet du Directeur général –, et auquel seront associés le Directeur des finances et le Directeur de la communication. Les différents Directeurs seront également invités à y contribuer en fonction des thèmes abordés. Cette instance resserrée aura vocation à se réunir chaque semaine. En outre, M. Lemas signale qu’il a décidé, au terme de nombreuses consultations, de maintenir dans sa configuration actuelle le Comité de direction de l’Établissement public, qui reste donc l’instance de gouvernance de l’Établissement public . Enfin, le Comité de direction du Groupe est lui aussi maintenu, mais ses séances seront moins fréquentes qu’aujourd’hui. Cette instance n’a pas vocation à être un outil de gouvernance, il s’agit plutôt d’un espace d’échanges et de dialogue entre les différentes filiales du Groupe et de l’Établissement public, essentiellement pour préparer les dossiers qui sont présentés devant la Commission de surveillance. Désormais, il élargira son rôle à l’examen collectif de sujets d’intérêt commun, selon un ordre du jour qui sera fixé par le Directeur général. Deuxièmement, M. Lemas juge indispensable que l’Établissement public, et par conséquent le Directeur général, assurent la responsabilité d’un certain nombre de fonctions au niveau des filiales. Pour cette raison, M. Lemas annonce qu’il représentera lui même la CDCau sein de plusieurs conseils de surveillance et conseils d’administration – notamment ceux de Bpifrance et de la SNI pour lesquels il 187 entend être candidat à leur présidence– et qu’il sera également administrateur des grandes filiales comme CNP Assurances et La Poste. La Caisse des Dépôts étant un actionnaire majeur de ces entreprises, il est fondamental que son Directeur général soit présent dans leurs instances et qu’il joue pleinement son rôle d’actionnaire. Troisièmement, M. Lemas souligne que l’Établissement public se doit impérativement d’assurer le pilotage du Groupe. L’Établissement public possède, en effet, deux piliers : d’un côté, les différentes Directions, qui doivent être coordonnées ; de l’autre, l’équipe chargée de piloter le Groupe, c’est-àdire d’assumer son rôle d’actionnaire et de conduire la réflexion sur la stratégie globale. En conséquence, M. Lemas fait savoir qu’il a demandé à Mme RenaudBasso d’assurer la coordination de l’Établissement public et à M. Silvent de prendre en charge la fonction de pilotage des filiales et des participations. Ce pilotage ne s’apparente pas à un simple suivi, il suppose un diagnostic, mais aussi des décisions proposées au Directeur général. En conséquence, dès lors que le pilotage est assuré par l’Établissement 15e séance - 9 juillet 2014 public – c’est-à-dire par le Directeur général et ses équipes –, M. Lemas juge qu’il n’est pas nécessaire de maintenir la fonction de référents chargés de préparer l’élaboration des feuilles de route. En outre, pour plus de cohérence, les moyens de pilotage de l’Établissement public qui se trouvent dans l’un des deux pôles seront transférés dans le pôle qui assure le pilotage du Groupe, ce qui signifie qu’une partie de l’équipe de M. Silvent rejoindra le périmètre de Mme RenaudBasso. Quatrièmement, concernant la dimension territoriale du Groupe, M. Lemas explique que, bien que n’ayant pas encore mené la réflexion à son terme, il a d’ores et déjà décidé que le réseau territorial serait désormais rattaché au Directeur général. En effet, dans la période actuelle, deux enjeux majeurs se profilent : le premier enjeu sera l’activation des Directions régionales, qui doivent être plus réactives, c’est-à-dire se placer en synergie avec le Groupe et l’Établissement public ; le second enjeu concernera les conséquences, sur le découpage des Directions régionales de la Caisse des Dépôts, des réformes en matière d’organisation territoriale. Cinquièmement, M. Lemas considère qu’il existe deux priorités dans le processus de modernisation de l’Établissement public. La première concerne la réforme des ressources humaines de l’Établissement public et du Groupe : pour l’Établissement public, il s’agira, par exemple, d’introduire une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, qui est encore embryonnaire dans son état actuel ; pour le Groupe, il faudra définir un certain nombre de règles communes, quel que soit le statut juridique des filiales, notamment concernant les rémunérations. La deuxième priorité est liée aux systèmes d’information de l’Établissement public, dont la situation a déjà été maintes fois analysée à travers les rapports et les bilans qui ont été réalisés au cours des dernières années : compte tenu des constats qui ont déjà été dressés, M. Lemas souhaite que le pilotage de ces projets soit assuré par la Secrétaire générale, mais aussi que la maîtrise d’ouvrage, qui est actuellement dispersée dans les différentes Directions, soit coordonnée et, à terme, centralisée au sein d’une Direction des systèmes d’information. En effet, si des liens doivent forcément exister entre la maîtrise d’ouvrage des métiers et la maîtrise d’ouvrage globale, il est inconcevable d’avoir autant de donneurs d’ordres que de Directions. Enfin, il conviendra également de lancer une réflexion globale sur la maîtrise d’œuvre, y compris sur Informatique CDC. M. Lemas prévoit que l’ensemble de cette refonte de l’organisation informatique et des ressources humaines devra produire des résultats concrets d’ici deux ans, avant le bicentenaire de la Caisse des Dépôts. Enfin, M. Lemas rappelle que l’histoire de la Caisse des Dépôts, au cours des quarante dernières années, a été jalonnée de plusieurs grandes étapes. À la grande époque de l’aménagement du territoire, les objectifs étaient assez clairs, qu’il s’agisse de l’éradication des moustiques dans le LanguedocRoussillon ou du réaménagement de la côte Aquitaine. Ensuite, à partir de la présidence de Robert Lion, la Caisse des Dépôts a été investie de missions très précises en matière de logement et de reconstruction, préfigurant la future politique de la ville. Enfin, la période suivante a été marquée par une adaptation à l’ouverture du monde, notamment dans le domaine financier, avec deux coupures dans la vie de la Caisse des Dépôts : la première fut la sortie de CDC Ixis, aboutissant à la création de Natixis, ce qui pose des questions sur l’organisation du Groupe ; la seconde a été la création du FSI, qui a changé la nature même du Groupe puisqu’une partie de sa substance a été prélevée pour être transférée dans un objet distinct, cogéré avec l’État. Aujourd’hui, la Caisse des Dépôts s’apprête à entrer dans une nouvelle période au cours des années à venir, caractérisée par deux thématiques fondamentales : la transition écologique et énergétique et la nouvelle économie numérique. Au croisement de ces deux enjeux se trouve un projet à bâtir. Pour le préparer, M. Lemas annonce 188 l’organisation, à la rentrée, d’un séminaire réunissant les cadres de la Caisse des Dépôts ainsi qu’un certain nombre d’experts européens et internationaux afin de partager les expériences et de réfléchir à de nouvelles formes d’ingénierie financière adaptées à ces nouveaux enjeux. Au-delà des effets de mode, ces thématiques font sens dans l’ensemble du Groupe. Elles concernent, à la fois, le logement, l’aménagement du territoire, l’activité économique et l’industrie, le tourisme, la gestion interne, etc. Il s’agit donc d’un projet fédérateur susceptible de structurer l’activité du Groupe et ses ambitions communes pour les années à venir. En conclusion, M. Lemas indique qu’il transmettra les mêmes messages le 10 juillet devant les organisations syndicales et, à la presse, à partir de la rentrée. M. Emmanuelli souhaite connaître la position du Directeur général au sujet de CDC Infrastructure. M. Lemas précise que sa réflexion à ce sujet n’a pas encore abouti. Cependant, il souligne l’importance d’avoir une vision cohérente et coordonnée de l’ensemble des investissements territorialisés engagés à travers les différents acteurs que sont la DDTR, CDC Infrastructure, ou encore CDC Climat. De plus, l’État ayant pris la décision de débloquer 20 milliards d’euros au titre des fonds d’épargne pour le financement des collectivités locales, la Caisse des Dépôts se trouve aujourd’hui en position de redevenir un acteur du financement et de l’accompagnement de ces collectivités. Concernant l’investissement, M. Lemas considère que l’internalisation doit être la règle et que la filialisation doit être l’exception. En conséquence, toute externalisation qui ne possède pas de justification n’a pas de raison d’être. Qui plus est, l’internalisation permettra de dégager des économies d’échelle, y compris en termes de fonctionnement. Cette règle doit toutefois être mise en pratique de façon progressive et à bon escient, l’objectif étant que ce mode de fonctionnement devienne durable. Les éléments d’analyse et des scénarios procès-verbaux alternatifs seront présentés à la rentrée par les responsables, ce qui conduira, en octobre 2014, aux premières décisions. M. Emmanuelli note que la position du Directeur général est de rattacher Informatique CDC au Secrétariat général. M. Lemas confirme que l’ensemble du pilotage informatique sera placé sous la responsabilité du Secrétariat général, sur la base d’un véritable schéma directeur. Après cinq années de prévisions qui ne sont désormais plus crédibles, la priorité est aujourd’hui de remettre l’informatique dans une trajectoire financière qui fasse sens. Dans l’immédiat, M. Lemas annonce donc sa décision de geler les projets nouveaux, estimant qu’il convient d’abord d’identifier les priorités par rapport à la capacité financière disponible. M. Emmanuelli se félicite de ces annonces, recommandant au Directeur général de ne pas agir avec parcimonie. Par le passé, la Commission de surveillance a eu l’occasion de manifester son souhait que l’organisation du Groupe soit moins transversale et plus verticale, c’est-à-dire que les responsabilités puissent être identifiées de façon plus claire. Par conséquent, toutes les décisions qui s’orienteront dans cette voie seront soutenues par cette instance. 1 – Projet de décret portant sur l’organisation des élections des représentants au CA de la CNRACL 2 – Projet de décret relatif à l’Établissement public des fonds de prévoyance militaire et de l’aéronautique Les points 1 et 2 sont traités conjointement. Mme Grave présente les deux projets de décrets. Le premier concerne l’Établissement public des fonds de prévoyance militaire et de l’aéronautique (EPFP), pour lequel la Caisse des Dépôts assure la gestion administrative, financière et comptable et le caissier général réalise les opérations financières et comptables. Le projet de décret modifie un certain nombre de dispositions réglementaires en mettant notamment en conformité l’EPFP avec le décret gestion budgétaire et comptable publique de novembre 2012 relatif aux règles de la comptabilité publique, ce qui conduira à la désignation d’un comptable public. En conséquence, la Caisse des Dépôts n’interviendra plus dans les missions de production comptable de cet établissement. Le projet de décret supprime donc les dispositions se référant au rôle du caissier général. La mise en œuvre de ces modifications nécessitant un peu de temps, la date d’application du décret est prévue au 1er janvier 2015, avec, selon les scénarios qui seront retenus, un impact situé entre 0 et 3,5 ETP sur les prestations qui sont actuellement facturées par la Caisse des Dépôts. M. Emmanuelli souhaite connaître l’avis de Mme Grave sur ce projet de décret. Mme Grave indique que le projet de décret n’appelle pas d’observation de la part du gestionnaire Caisse des Dépôts. M. Michelson rappelle qu’en 2007, la Commission de surveillance avait ellemême expressément écarté la possibilité que le caissier général de l’EPFP soit agent comptable. Pour autant, le texte prévoyait qu’un agent comptable soit désigné, ce qui est également exigé par le décret gestion budgétaire et comptable publique de novembre 2012. Dès qu’il a pris ses fonctions de caissier général en février 2014, M. Michelson a signalé l’anomalie que constituait l’absence d’agent comptable à l’EPFP pour qu’il y soit remédié. Tel est précisément l’objet des changements qui sont présentés aujourd’hui. L’application du décret se fera de sorte que l’agent comptable de l’EPFP prenne la pleine responsabilité de l’exécution des opérations financières à partir du 1er janvier 2015. M. Emmanuelli en déduit que M. Michelson partage la position de Mme Grave. 189 M. Michelson le confirme, ajoutant qu’il a milité pour cette réforme. Mme Grave souligne que l’EPFP joue un rôle très important et particulièrement sensible pour le Ministère de la Défense, puisque cet établissement assure la couverture prévoyance des militaires blessés lors des opérations. Le Ministère semble satisfait de la gestion actuelle par la Caisse des Dépôts. M. Lemas signale qu’il a eu l’occasion, au cours de précédentes fonctions, de demander que le versement des indemnités des militaires soit accéléré, d’autant que les militaires qui sont blessés pendant les opérations sont souvent de jeunes pères de famille. Mme Grave évoque ensuite le second décret en indiquant qu’il régit l’organisation, par la Caisse des Dépôts, des élections des représentants au conseil d’administration de la CNRACL. Le texte définit les modalités de vote, les différents collèges et le calendrier. Conformément à ce qu’annonçait la note d’information, un second décret précise plus particulièrement les modalités d’organisation du vote électronique. Mme Grave fait savoir qu’elle n’a pas de remarque à apporter sur ce texte, d’autant qu’il a été établi en étroite coopération entre la Caisse des Dépôts et les services du Ministère. La Commission de surveillance émet un avis favorable sur ces projets de décrets. 3 – Direction de l’exécution des opérations financières : bilan d’activité 2013 M. Michelson explique, en préambule, qu’il a sollicité la présence de Mme Hardré-Schille, Secrétaire générale de la Direction de l’exécution des opérations financières, pour l’assister dans le cas où il ne serait pas en mesure de répondre sur certains sujets antérieurs à sa prise de fonction en février 2014. À cet égard, il signale que Mme HardréSchille prendra prochainement la tête du secrétariat général de la Direction 15e séance - 9 juillet 2014 des Fonds d’épargne. Elle sera remplacée dans ses fonctions de Secrétaire générale par M. Lamy, Conseiller Maître à la Cour des comptes et précédemment Directeur général des services de la Comédie Française, qui lui succédera à partir du 1er septembre 2014. En introduction, M. Michelson rappelle que la Direction de l’exécution des opérations financières est associée à la caisse générale. Alors que cette dernière existe depuis deux siècles, la Direction de l’exécution des opérations financières est, quant à elle, le prolongement de l’ancienne Direction des back-offices qui a été créée en 2003. À cette époque, la Cour des comptes a, en effet, jugé anormal que la caisse générale ne prenne pas en charge certaines opérations, alors même qu’elles étaient susceptibles de relever de la responsabilité statutaire. Il a donc été décidé de réunir, sous une même entité, tous les back-offices financiers de la Caisse des Dépôts en plus des opérations traditionnelles du caissier général. Toutefois, selon le rapport publié en 2012 par la Cour des comptes, le périmètre de la Direction de l’exécution des opérations financières ne serait pas tout à fait complet puisqu’il reste un back-office financier à la Direction des services bancaires (avec une comptabilité de premier niveau) et que les prêts sur la Section générale aux professions juridiques sont gérés par la Direction des Fonds d’épargne. Il faudra analyser ces observations de la Cour des comptes, pour savoir s’il s’agit d’une simple recommandation d’efficacité ou d’une demande de mise en conformité imposant des mesures plus contraignantes. Cette question sera analysée dans le courant de l’année 2014. M. Michelson poursuit en indiquant que la Direction de l’exécution des opérations financières est également le lieu où se dénouent toutes les opérations financières initiées par la Caisse des Dépôts en termes de titres et de numéraire. Cette Direction gère ainsi 3 000 milliards d’euros de flux chaque année et un stock de titres de 340 milliards d’euros. Son activité est d’autant plus sensible qu’elle achemine notamment, à la demande de la Direction des retraites et de la solidarité, les virements aux bénéficiaires de prestations sociales (familiales, RSA, pensions). Par conséquent, un éventuel dysfonctionnement dans ces dispositifs de paiement pourrait avoir des conséquences néfastes sur ces allocataires et, ainsi, mettre en cause l’image de la Caisse des Dépôts. Pour autant, cette Direction reste assez mal connue au sein de la Caisse des Dépôts. M. Michelson juge que la Direction de l’exécution des opérations financières doit être mieux représentée et mieux connue. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Directeur général, comme le Directeur des ressources humaines, ont rendu visite à cette Direction dans les semaines qui ont suivi leur arrivée. Les autres Directeurs seront également invités à venir prendre connaissance de la nature de l’activité de cette Direction. et la gestion des back-offices comptables associés (comptabilité de la DRH, de la Direction juridique et fiscale, et des fonctions support). Concernant plus précisément l’activité, M. Michelson attire l’attention sur le fait que la Direction de l’exécution des opérations financières est une Direction des back-offices particulière puisqu’elle n’exécute pas les opérations de masse. Celles-ci sont, en effet, assurées par plusieurs prestataires, dont les principaux sont BP2S, filiale de BNP Paribas (tenue et conservation des titres), la BPCE (paiements) et Natixis (change). De son côté, la Direction se concentre sur les métiers les plus sophistiqués, qui exigent des profils de compétences assez élevés afin de garantir la fiabilité de l’ensemble du dispositif. L’activité se caractérise donc par une recherche permanente de performance et de limitation des coûts refacturés, dans le but de maintenir un bon niveau de compétitivité. S’agissant de l’évolution des activités de production, M. Michelson note que leur volume est globalement en progression. Quelques éléments marquants méritent d’être précisés au titre de l’exercice 2013. Aujourd’hui, la Direction de l’exécution des opérations financières exerce trois métiers. Le premier est la gestion de l’ensemble des flux numéraires de la Caisse des Dépôts ; le deuxième est la gestion des instruments financiers pour le compte de la Caisse des Dépôts et de clients (traitement des flux de titres, tenue et conservation, valorisation des portefeuilles, etc.) ; le troisième est l’exécution des dépenses de fonctionnement de la Caisse des Dépôts (mission historique qui remonte à 1816) 190 Une partie de ces activités est déléguée en externe, notamment à la BPCE (flux numéraires), à BP2S (conservation des valeurs), ou encore à Barclays et à la Deutsche Bank pour la compensation des dérivés. Les principaux clients de la Direction de l’exécution des opérations financières sont les Directions de la Caisse des Dépôts : la Direction des finances, la Direction des fonds d’épargne, la Direction des services bancaires, la Direction des retraites et de la solidarité, la DDTR, la DRH, mais aussi le Fonds de réserve des retraites, l’Établissement public de la retraite additionnelle de la fonction publique, Bpifrance et l’État. D’une part, l’encours de titres affiche une baisse entre 2012 et 2013, passant de 343 milliards d’euros à 308 milliards d’euros. Ce recul a deux explications : la première est que les fonds d’épargne ont décentralisé 30 milliards d’euros de liquidités dans les banques ; la seconde trouve son origine dans le fait que la comptabilité tenue par le nouveau prestataire BP2S ne valorise pas les actifs non cotés, contrairement à ce que pratiquait CACEIS, l’ancien prestataire. D’autre part, l’activité de moyens de paiement a progressé depuis que les paiements des notaires pour l’immobilier sont effectués par virements et non plus par chèques (1er janvier 2013), ce qui a occasionné une augmentation substantielle des transactions bancaires qui transitent par la Caisse des Dépôts. Quant à l’activité d’exécution des dépenses et de la comptabilité, qui constitue la fonction la plus traditionnelle, elle est marquée par une augmentation des règlements, mais aussi par une dématérialisation d’un plus grand nombre de factures procès-verbaux (avec l’accord de la Cour des comptes). Cette modernisation est d’autant plus indispensable avec l’obligation de régler les fournisseurs à 30 jours, faute de quoi chaque créance en retard est sanctionnée par une pénalité de 40 euros et 8 % d’intérêts. Il semblerait que la Caisse des Dépôts soit en avance dans l’application de ces règles (y compris par rapport à l’État), le montant des intérêts supplémentaires ayant été limité à 200 000 euros en 2013. M. Michelson évoque ensuite les principaux projets qui ont été conduits en 2013. Tout d’abord, le basculement de l’activité de conservation de titres de CACEIS à BP2S a constitué une évolution tout à fait significative. Bien que l’appel d’offres se soit avéré assez long à mettre en œuvre, ce changement de prestataire s’est toutefois traduit par une baisse substantielle du coût annuel de la conservation, qui est passé de 24 millions d’euros à 12 millions d’euros, soit une économie de 12 millions d’euros par an pour un service de même niveau. Ensuite, la Direction de l’exécution des opérations financières a également participé à l’élaboration d’un nouveau projet de place résultant de la grande crise financière : baptisé "EMIR ", ce projet consiste à imposer une compensation des opérations dérivées de gré à gré afin de mieux les surveiller. D’ores et déjà, la Direction de l’exécution des opérations financières s’est formée à ces nouvelles règles obligatoires, elle est même plutôt en avance par rapport à d’autres acteurs. Pour mettre en application ces règles, deux prestataires ont été retenus – la Deutsche Bank et Barclays –, qui sont les plus actifs et les plus performants sur le marché pour ce type de prestations bancaires. Pour ce qui est de l’activité des moyens de paiement, la montée en puissance du GIE Victoires Paiements avec la Banque de France permet de mutualiser les paiements de masse et de réduire les coûts supportés par la Direction de l’exécution des opérations financières. À cet égard, il existe plusieurs projets visant à élargir ce GIE à d’autres acteurs (notamment La Banque Postale), ce qui permettrait de diminuer encore les coûts et de rendre cet outil plus utile pour le secteur public. Enfin, il est à noter que 50 % des factures de l’activité d’exécution des dépenses ont été dématérialisées en 2013, ce qui constitue un progrès très significatif. M. Michelson conclut le bilan de l’activité en présentant quelques indicateurs chiffrés sur l’activité de la Direction de l’exécution des opérations financières en 2013 : les coûts globaux ont baissé de 0,6 % ; les charges de personnel sont relativement maîtrisées, progressant de 2,4 % ; les coûts de l’assistance à maîtrise d’ouvrage sont en hausse, mais leur montant reste peu significatif (1,7 million d’euros en 2013). La Direction de l’exécution des opérations financières s’attache à maintenir des rapports réguliers avec ses clients, notamment à travers les comités de direction communs avec toutes les Directions de la Caisse des Dépôts, ou encore les rencontres avec le Fonds de réserve pour les retraites et l’Établissement public de la retraite additionnelle de la fonction publique pour évoquer les sujets d’intérêt commun et améliorer les prestations. Avant de conclure, M. Michelson souhaite dire quelques mots sur les effectifs en soulignant que la Direction de l’exécution des opérations financières, du fait de son activité extrêmement exigeante, a besoin de se reposer sur des équipes compétentes, réactives, mobilisables en cas d’incidents de paiement (parfois jusqu’à 21 heures, voire au-delà) et disponibles les jours fériés. Enfin, M. Michelson annonce que la Direction de l’exécution des opérations financières poursuivra la mise en œuvre de plusieurs projets en 2014 : la collaboration au projet EMIR, la contribution au projet de modernisation du GIE Victoires Paiements, et les réflexions sur l’évolution du périmètre de la Direction en fonction des attentes de la Cour des comptes, sous l’autorité 191 du Directeur général. En outre, la Direction de l’exécution des opérations financières mettra également en œuvre et à jour son plan baptisé "Target 2015 ", qui consiste à projeter, sur cinq ans, les objectifs en matière d’offres de services, de performances à risques maîtrisés et de renforcement de la professionnalisation des équipes pour répondre aux exigences de technicité de ses métiers. Mme Grosskost note que les charges sont en diminution. M. Ophèle aimerait avoir quelques précisions sur le projet EMIR, demandant quels dérivés ont été migrés ou sont voués à l’être. En effet, il signale que la Direction de l’exécution des opérations financières est en avance, puisque l’ESMA n’a pas encore décidé quels contrats devront obligatoirement être compensés de manière centrale. M. Michelson n’est pas en mesure de répondre à cette question. Il précise toutefois que la Direction de l’exécution des opérations financières se conforme aux règles en vigueur, notamment les contraintes supplémentaires issues de son classement en NFC +. M. Ophèle souligne que ces migrations sont particulièrement lourdes à gérer, nécessitant notamment un certain nombre de tests préalables et le recours à des intermédiaires agréés. M. Emmanuelli demande des éclaircissements sur ce sujet, en particulier sur la nature de ces migrations. M. Michelson explique que les opérations éligibles, et actuellement traitées en bilatérale, devront désormais passer par une chambre de compensation centrale, ce qui fournit aux autorités financières un moyen de contrôle beaucoup plus efficace. D’aucuns pensent qu’une partie de la crise de 2008 provient de cette absence de centralisation. M. Ophèle prévoit également que les nombreux swaps d’inflation bilatéraux seront, eux aussi, amenés, un jour ou l’autre, à passer par des chambres 15e séance - 9 juillet 2014 de compensation, ce qui nécessitera également l’intervention d’une institution. C’est d’ailleurs ce qu’a choisi de faire la Direction de l’exécution des opérations financières en faisant appel à Deutsche Bank ou à Barclays. M. Emmanuelli souhaite savoir si le coût de cette intermédiation sera élevé. M. Ophèle répond par l’affirmative. Ces migrations contribueront, cependant, à améliorer la sécurité puisque la nature du risque sera modifiée. 4 – CNP Assurances M. Lavenir propose de présenter le modèle d’affaires de CNP Assurances, puis d’évoquer les résultats de 2013, avant de conclure en détaillant les enjeux stratégiques principaux de CNP Assurances. La première caractéristique de CNP Assurances est qu’elle dispose d’une plateforme opérationnelle exceptionnelle qui lui confère la capacité de gérer des volumes très importants, avec notamment 27 millions de clients dans les métiers de prévoyance et de protection et 14 millions de clients en épargne. Grâce à son efficacité et aux volumes qu’elle gère, CNP Assurances est reconnue comme l’entreprise européenne la plus productive de son secteur. La deuxième caractéristique de l’entreprise est qu’elle assoit son activité sur une logique partenariale très forte, nouant des partenariats avec de très grandes institutions à travers le monde : La Banque Postale, les Caisses d’Épargne et le Crédit Agricole en France, la Caixa Econômica Federal au Brésil, Barclays en Espagne, en Italie et au Portugal, ou encore UniCredit en Italie. Dans le même temps, CNP Assurances travaille également avec de multiples partenaires plus petits ou évoluant dans d’autres secteurs, notamment les mutuelles et les institutions de prévoyance. Ce métier multipartenarial présente un avantage concurrentiel considérable puisque la quasi-totalité des coûts de distribution de CNP Assurances sont des coûts variables. Même si le fait de ne pas être propriétaire du portefeuille de clients est une fragilité, il s’agit toutefois également d’un atout dans une période où la totalité des acteurs financiers travaille sur la révolution des mécanismes et des circuits de distribution, dans un univers en voie de digitalisation rapide. La troisième caractéristique de CNP Assurances réside dans son caractère fortement technologique, l’entreprise étant, par exemple, la première à avoir intégralement dématérialisé une chaîne de souscription de produits d’assurance, depuis la signature du contrat jusqu’à la conservation des actes, grâce à un coffrefort électronique. Enfin, la quatrième caractéristique de CNP Assurances est qu’elle dispose historiquement d’un savoir-faire technique assurantiel exceptionnel, ce qui en fait l’un des acteurs européens majeurs dans ses métiers. La preuve en est que CNP Assurances est un opérateur incontournable lorsque d’importants distributeurs lancent des appels d’offres à la recherche d’un producteur d’assurances. Cette reconnaissance se renforce de plus en plus, notamment grâce aux efforts qui ont été réalisés pour améliorer la visibilité et moderniser l’image de l’entreprise. M. Lavenir propose ensuite de présenter quelques données chiffrées illustrant le modèle d’activité de CNP Assurances. L’entreprise intervient sur deux continents, en Europe et en Amérique latine, commercialisant deux types de produits très différents : d’un côté, les produits d’épargne, qui sont les plus connus ; de l’autre, les produits de protection, c’est-à-dire la prévoyance individuelle, l’assurance des emprunteurs, la prévoyance collective, la santé, ou encore l’assurance multirisques habitation et l’assurance automobile en Amérique du Sud. Ces deux grands univers de produits possèdent des caractéristiques extrêmement différentes. Ainsi, les métiers d’épargne traditionnelle en euro affichent en univers de taux bas une rentabilité faible, voire nulle, 192 alors que les produits de protection permettent de dégager des marges brutes de 20 à 30 %, aussi bien en Europe qu’en Amérique latine. L’un des enjeux majeurs de CNP Assurances réside donc dans l’évolution de son modèle d’affaires et dans le développement de ses activités dans les métiers de prévoyance/ protection. Un autre enjeu fondamental est le bon emploi du capital, les métiers d’épargne étant extrêmement coûteux en capital, a fortiori dans le cadre des nouvelles réglementations prudentielles. L’entreprise doit donc trouver les moyens d’optimiser l’emploi du capital confié par ses actionnaires en diversifiant le risque, c’est-à-dire en faisant en sorte qu’un risque financier soit équilibré par un risque technique (mortalité, longévité, chômage, invalidité, etc.). Aujourd’hui, environ 60 % du revenu total de CNP Assurances est généré par les métiers d’épargne et de retraite, contre 40 % pour les métiers de risques. En outre, environ 60 % du revenu total provient d’Europe (dont 50 % en France) et 40 % sont réalisés en Amérique du Sud. M. Lavenir poursuit en passant en revue les principaux indicateurs de l’activité au cours de l’année 2013. Le chiffre d’affaires en épargne euro a accusé une baisse de 5,8 %, alors que le chiffre d’affaires en prévoyance et en protection a progressé de 3,4 %. La croissance sud-américaine s’est poursuivie à un rythme extrêmement rapide, avec + 22 % sur le revenu net d’assurance au Brésil. Cette hausse a malheureusement été fortement atténuée par l’évolution du cours de change entre le réal et l’euro. Enfin, la gestion rigoureuse des frais de gestion conduit à améliorer le coefficient d’exploitation d’année en année. En termes d’investissements, CNP Assurances a fait des choix de diversification en s’engageant fortement sur un certain nombre de classes d’actifs relativement nouvelles. L’entreprise s’est ainsi fixé pour ambition d’investir près de 3 milliards d’euros dans les infrastructures au cours des années à venir, en partenariat avec La Banque Postale, Natixis et plusieurs autres acteurs du marché. CNP Assurances a également investi dans les dettes procès-verbaux d’entreprises sur des supports obligataires traditionnels, mais aussi en engageant 100 millions d’euros par l’intermédiaire des fonds Novo destinés aux PME et aux PMI. Enfin, CNP Assurances a également investi dans les actions, avec un taux d’allocation en actions d’environ 8,7 %. Il s’agit du niveau le plus élevé du marché, où la moyenne se situe entre 5 et 6 %. Ce taux a diminué au cours des dernières années, mais cette baisse s’explique essentiellement par des raisons réglementaires, prudentielles et comptables. M. Emmanuelli s’enquiert du montant du portefeuille en actions. M. Lavenir répond qu’il représente 300 milliards d’euros au total. M. Bézard souhaite connaître le plafond historique du taux d’allocation. M. Lavenir indique que le taux d’allocation le plus élevé a atteint 13 %. M. Ophèle demande si les unités de compte sont comptabilisées. M. Lavenir répond par la négative, précisant qu’il s’agit là d’un taux hors unités de compte. En tant qu’investisseur de long terme, CNP Assurances considère que ce taux d’allocation est tout à fait justifié, même s’il a également un coût en fonds propres. M. Lavenir poursuit en signalant que CNP Assurances a également été très active en matière d’investissement dans les ETI et les PME, avec 600 millions d’euros engagés en private equities et environ 700 millions d’euros sur de petites capitalisations hors CAC 40. Enfin, l’entreprise a commencé à se réorienter sur les classes d’actifs dans le domaine du logement, qui avaient été largement abandonnées par les assureurs, en étant notamment le premier investisseur sur le fonds Argos piloté par la Caisse des Dépôts. Le montant engagé dépendra de l’investissement global puisqu’il faut tenir compte des limites de concentration. Si le fonds est un succès, CNP Assurances investira environ 100 millions d’euros sur 1 milliard d’euros. Il s’agit d’un investissement tout à fait significatif, qui s’inscrit dans le long terme. M. Lavenir souhaite conclure en évoquant les grands enjeux que doit maintenant relever CNP Assurances. L’entreprise se trouve, en effet, confrontée à des choix d’évolution de son modèle économique, décidant très clairement d’investir ses moyens humains et informatiques et sa dynamique commerciale sur les métiers de protection. Pour ce qui est des métiers d’épargne, CNP Assurances a pour ambition de s’orienter vers le segment de la protection haut de gamme, qui est aujourd’hui le plus dynamique et qui offre les produits les plus rentables. À partir de ces choix stratégiques, CNP Assurances a réalisé un certain nombre d’investissements et a élaboré ses grands partenariats pour soutenir cette stratégie, en particulier avec La Banque Postale et BPCE. Concernant BPCE, celle-ci a fait part de sa volonté de réinternaliser la gestion des nouveaux contrats d’épargne souscrits par ses clients. Une telle décision, qui peut apparaître paradoxale étant donné qu’elle s’inscrit à contretemps des choix de nombreux acteurs du secteur, conduit CNP Assurances à faire valoir ses intérêts dans le cadre d’une négociation difficile, mais qui s’est récemment accélérée. En effet, compte tenu de sa stratégie consistant à se développer dans ses métiers prioritaires (protection et assurance-vie haut de gamme), et au vu des commissions significatives qu’elle verse à BPCE, CNP Assurances se trouve en position de négocier une évolution de son partenariat qui prenne en compte les priorités stratégiques de l’entreprise et la préservation de ses intérêts en termes de valeur et de développement. Pour ce qui est de La Banque Postale, quelques échanges préliminaires sur la configuration possible d’un partenariat ont déjà été engagés, toujours dans le même objectif de développer l’assurance haut de gamme et la protection. D’ores et déjà, le lancement d’un produit patrimonial haut de gamme au sein du 193 réseau de La Banque Postale – baptisé "Cachemire Patrimoine "– s’est révélé un grand succès, permettant à CNP Assurances de reprendre progressivement, sur ce segment, la place qu’elle avait perdue au sein du réseau de La Banque Postale au profit de son concurrent Allianz. Au-delà des partenaires traditionnels, CNP Assurances possède également des ambitions plus larges de multiplication des partenariats. Cette stratégie se traduit d’abord par des accords avec des réseaux bancaires sur les métiers de prévoyance et de protection individuelle, notamment à travers le projet d’investissement avec Santander qui est en train d’être négocié. Une fuite à ce sujet a d’ailleurs eu lieu il y a quelques semaines, ce qui a placé CNP Assurances dans une position délicate, puisque des plafonds de négociation ont été dévoilés. M. Emmanuelli demande si des prix ont également été révélés. M. Lavenir le confirme, précisant que le montant de l’autorisation maximale de négociation qui a été donnée à CNP Assurances a été divulgué. Malgré ces complications, les discussions avec Santander se trouvent toujours dans une phase très active. Elles pourraient donc aboutir rapidement, mais la prudence commande de ne pas se prononcer sur l’issue des négociations pour l’instant. Ce partenariat concernerait l’ensemble de l’Europe continentale (hors France) sur les métiers de protection. Santander étant le premier groupe bancaire européen, le potentiel de ce projet est tout à fait significatif et parfaitement en ligne avec les orientations stratégiques de CNP Assurances. Enfin, CNP Assurances a également pour ambition de nouer des partenariats dans le secteur de l’assurance collective, qui correspond tout à fait à son histoire et à son savoir-faire unique. Pour y parvenir, l’entreprise s’attache à reconstruire des relations dans l’univers de la mutualité et des institutions de prévoyance, en particulier en construisant une offre fondée sur la retraite et la 15e séance - 9 juillet 2014 prévoyance (assurances emprunteurs, indemnités journalières pour incapacité de travail, chômage, décès, retraites, etc.). Ce marché s’annonçant extrêmement dynamique dans les années à venir, CNP Assurances a choisi d’y investir de manière significative, à la fois en ressources humaines, en outils, et en présence médiatique. Cet univers est particulièrement attractif dans la mesure où il combine, d’une part, un marché appelé à croître fortement pour des raisons démographiques et, d’autre part, une activité historique et traditionnelle de CNP Assurances. L’appartenance au secteur public et au groupe Caisse des Dépôts fait de CNP Assurances un acteur naturel de la protection sociale. M. Lemas partage l’ensemble des analyses qui ont été présentées par M. Lavenir. Aujourd’hui, la problématique de CNP Assurances est de déterminer quelle est la meilleure stratégie pour l’avenir. Le choix qui a été fait semble tout à fait pertinent, ce qui signifie que trois grandes voies sont possibles. La première est d’orienter l’activité vers les produits de protection, sur lesquelles les marges sont importantes. La seconde, qui est plus embryonnaire, mais qui correspond à l’histoire de CNP Assurances, concerne les activités d’assurance collective. Enfin, le troisième axe consiste à élargir l’activité sur d’autres marchés que la France, comme l’illustre le succès des investissements au Brésil. Il reste maintenant à consolider cet élargissement en recherchant d’autres opportunités en Amérique latine. Quant aux négociations qui sont en cours avec un certain nombre de partenaires, elles semblent être cohérentes avec l’objectif de développer les produits de protection. Concernant plus particulièrement les discussions entre CNP Assurances et BPCE, M. Lemas signale qu’il s’est récemment entretenu avec M. François Pérol, Président du Directoire de BPCE, en attirant son attention sur quelques points importants. D’une part, il lui a rappelé que les Banques Populaires, BPCE, La Banque postale, la Caisse des Dépôts et l’État sont liés par un pacte d’actionnaires, ce qui signifie que l’ensemble des actionnaires sont responsables du développement de cette entreprise commune. Or, à travers sa stratégie actuelle, BPCE envisage de rompre les liens de distributeurs qui l’unissent à CNP Assurances, souhaitant désormais fabriquer elle-même ses propres produits dans une logique de bancassurance, c’est-à-dire un fantasme français qui n’est d’ailleurs pas partagé par les autres acteurs européens, ni même par les directives européennes. D’autre part, M. Lemas ajoute qu’il a concédé à M. Pérol que la BPCE se trouve dans un équilibre fragile entre ses responsabilités d’actionnaire et le risque que comporte la remise en cause de la création de valeur de l’entreprise en tant que distributeur. Toutefois, du point de vue de la Caisse des Dépôts, il est fondamental que la suite des négociations n’entraîne pas de perte de valeur pour CNP Assurances. L’exposé de M. Lavenir montre, en effet, que CNP Assurances possède une véritable stratégie, indépendamment du débat ouvert par la remise en cause des accords de distribution par BPCE. Il apparaît clairement que la logique dans laquelle s’engage l’entreprise correspond à des opportunités réelles de création de valeur immédiate et à venir. Pour autant, M. Lemas souligne qu’il convient de réfléchir aux risques que représenterait une rupture entre les Banques Populaires et CNP Assurances. Avant d’accepter une telle évolution, la Caisse des Dépôts doit s’assurer qu’elle n’entraîne pas de destruction de valeur. En effet, même si les métiers de la protection possèdent des marges de développement, CNP Assurances et la Caisse des Dépôts ne doivent pas adopter une position défensive, elles devront négocier sans préjuger de l’issue des discussions. M. Emmanuelli note que CNP Assurances a consenti des efforts pour améliorer ses coûts de gestion, soulignant que la Commission de surveillance ne peut qu’encourager cette démarche, voire soutenir CNP Assurances dans ses efforts visant à clarifier certaines classifications de rémunérations qui appellent sans doute un réexamen. M. Lavenir signale qu’il a justement annoncé aujourd’hui aux cadres de CNP Assurances un projet de gel et 194 de réduction du système de retraiteschapeaux de CNP Assurances. Il fait également savoir que la rémunération de l’ensemble des dirigeants a diminué de manière significative entre 2012 et 2013. M. Emmanuelli considère, à titre personnel, que la meilleure stratégie que CNP Assurances puisse adopter dans ses relations avec BPCE et Natixis consiste à attaquer. En effet, CNP Assurances ne doit pas donner le sentiment d’être une forteresse assiégée, mais au contraire savoir réagir très rapidement. M. Emmanuelli aimerait, par ailleurs, avoir des précisions sur le rapprochement de CNP Assurances avec le secteur mutualiste, en demandant notamment si les produits envisagés concernent à la fois l’épargne et la prévoyance. M. Lavenir répond que les partenariats avec le secteur mutualiste concernent presque exclusivement la prévoyance, soit en réassurance, soit en assurance directe. M. Emmanuelli constate que CNP Assurances participe également à plusieurs partenariats avec la Caisse des Dépôts à travers le fonds Argos et le fonds Novo, ce dernier souffrant d’ailleurs sans doute d’un manque de publicité puisque les chefs d’entreprise ne semblent pas bien le connaître. Il s’agit pourtant de produits qui mériteraient d’être mieux promus par Bpifrance, même s’il n’est évidemment pas toujours facile de communiquer autour d’une gamme aussi riche. Enfin, M. Emmanuelli s’enquiert de la nature de la stratégie de CNP Assurances dans les infrastructures. M. Lavenir précise que les infrastructures représentent des investissements unitaires beaucoup plus volumineux que les financements corporate ou les engagements immobiliers. Pour un investisseur institutionnel comme CNP Assurances, la difficulté de ces nouvelles classes d’actifs est de gérer le risque dans le respect de l’intérêt des assurés. Pour y parvenir, il est absolument indispensable de travailler avec des banquiers : d’un point de vue prudentiel, il serait, en effet, extrêmement dangereux que les banques se déchargent de leurs risques procès-verbaux sur les investisseurs institutionnels, comme c’est le cas, par exemple, dans les mécanismes de type subprimes, où les investisseurs institutionnels détiennent l’intégralité des risques. Dans ce mouvement de désintermédiation, il faut donc être particulièrement attentif à ce que les banquiers, qui connaissent les entreprises et qui possèdent la capacité et les compétences pour les suivre au quotidien, conservent une partie significative des risques, y compris lorsqu’un institutionnel est associé au projet. Les banques étant les plus à même de suivre l’évolution du compte courant, le niveau du découvert, les retards de paiement, etc., elles sont les seules à être en mesure d’accompagner correctement les projets au plus près. M. Emmanuelli s’interroge sur les causes du différentiel entre La Banque Postale et BPCE au niveau de la collecte. M. Lavenir répond que, pendant les années de fortes tensions, le décalage était lié au fait que La Banque Postale est une institution "surliquide ". Par conséquent, à l’époque où tous les banquiers cherchaient à retrouver de la liquidité et à assécher la collecte d’assurance-vie pour internaliser leurs ressources, La Banque Postale, de son côté, essayait de placer des liquidités en dehors de son bilan, n’obtenant que des rémunérations peu avantageuses. Aujourd’hui, la situation est revenue à la normale, les banques disposant de liquidités plus importantes. Ainsi, les Caisses d’Épargne ont connu une fin d’année 2013 et un début d’année 2014 extrêmement dynamiques, avec une reprise très rapide de la collecte d’assurance. Quant à La Banque Postale, après une période d’attrition, elle amorce une amélioration grâce aux nouveaux produits. M. Emmanuelli souhaite connaître le niveau du risque imposé par l’ACPR à CNP Assurances concernant les contrats de déshérence, rapportant un chiffre de 100 millions d’euros. M. Ophèle précise que les 100 millions d’euros en question constituent le plafond maximal de la pénalité. M. Lavenir indique qu’il n’a pas d’information à ce sujet. M. Emmanuelli en déduit que, malgré les efforts de CNP Assurances, elle pourrait tout de même se voir infliger une amende. M. Goua note que la contribution du Brésil aux résultats de CNP Assurances est de 23 %. Il redoute que cette concentration ne soit trop élevée alors que s’annoncent des difficultés importantes dans ce secteur. M. Lavenir rappelle que la France représente la moitié des résultats de l’entreprise, ce qui est une concentration encore plus forte. Il indique que la meilleure protection est la diversification géographique. M. Goua considère que la situation française est différente puisqu’il s’agit du marché domestique de CNP Assurances. M. Lavenir souligne que le Brésil représente à lui seul un continent. En outre, il est aujourd’hui fondamental de diversifier les risques, non seulement ceux qui sont liés aux actifs et aux placements, mais aussi ceux qui concernent l’activité. Pendant les années de crise violente de la zone euro, CNP Assurances était ainsi extrêmement heureuse d’être implantée au Brésil, profitant d’une croissance de 20 % par an et d’un cours avantageux du Réal. Maintenant que la zone euro s’est stabilisée et que la croissance brésilienne s’est ralentie, il ne faut pas pour autant renoncer à cette politique de diversification, d’autant que CNP Assurances possède une bonne connaissance du marché brésilien et qu’elle y lance régulièrement, sur de nouveaux segments, des produits prenant le relais de ceux qui sont arrivés à maturité. C’est particulièrement le cas sur les métiers de la santé, qui se trouvent en très forte croissance au Brésil, grâce à la demande des classes moyennes locales. M. Lavenir considère donc que cette concentration n’est pas excessive, il s’agit d’un choix équilibré, dans l’intérêt des actionnaires et de la pérennité de l’activité sur le long terme. 195 M. Ophèle, revenant à la question des contrats en déshérence, signale que l’ACPR a déjà dressé un certain nombre de constats dans son collège de supervision, puis elle a transmis le dossier à la commission des sanctions. Une procédure est en cours, qui aboutira probablement d’ici la fin de l’année. À titre de comparaison, M. Ophèle rapporte que Cardif Assurance a été condamnée à environ 15 millions d’euros d’amende pour des faits du même ordre sur des contrats en déshérence. Quant au montant de 100 millions d’euros qui a été évoqué, il constitue la sanction maximale prévue par la loi. Plus largement, M. Ophèle considère que deux réformes importantes impacteront l’activité de CNP Assurances à court terme. La première est la directive Solvabilité II, dont l’entrée en vigueur au 1er janvier 2016 nécessitera une adaptation lourde des systèmes d’information des assureurs. La seconde réforme est liée à l’accord national interprofessionnel (ANI) consacré par la loi relative à la sécurisation de l’emploi de juin 2013. À ce sujet, M. Ophèle souhaite savoir si les activités d’assurance collective en prévoyance couvrent également la complémentaire maladie. M. Lavenir indique que les métiers de prévoyance/protection incluent la santé collective. Il confirme que Solvabilité II représente un enjeu particulièrement significatif pour toutes les compagnies d’assurance. En termes de solvabilité, CNP Assurances n’a pas d’inquiétude sur ses capacités à atteindre les futurs ratios puisqu’elle a pris depuis longtemps des mesures pour s’y préparer et que son modèle d’affaires est assez robuste. De plus, CNP Assurances a d’ores et déjà mis en œuvre les éléments du deuxième pilier de Solvabilité II concernant le dispositif de pilotage de l’entreprise par le capital économique, avec l’adoption par le conseil d’administration de l’appétence au risque, c’est-à-dire d’un cadrage du risque global que l’entreprise est autorisée à prendre. M. Emmanuelli comprend qu’il s’agit d’une sorte de couloir de solvabilité. M. Lavenir répond par l’affirmative, ajoutant que l’objectif est de tester 15e séance - 9 juillet 2014 différents paramètres (taux d’intérêt, actions) pour s’assurer que l’entreprise continue à respecter les règles de solvabilité, y compris dans certaines circonstances extrêmes. mise en concurrence avec un très grand assureur américain (AIG), a montré que CNP Assurances est un acteur de premier rang par sa puissance financière, sa capacité technique et ses références. M. Emmanuelli demande si ces tests reposent uniquement sur les critères de Solvabilité II ou s’ils sont plus stricts encore. Enfin, pour répondre à la question sur l’ANI, M. Lavenir signale que le réseau de distribution propre à CNP Assurances, issu du Trésor public, sera dédié à l’approche des clientèles de PME et de TPE qui doivent souscrire des assurances collectives pour leurs salariés. Dans ce domaine, CNP Assurances engage une approche mixte entre patrimoine et ANI étant donné que, dans les très petites entreprises, la couverture personnelle du chef d’entreprise est souvent indissociable de la manière dont il perçoit la couverture de ses salariés. CNP Assurances interviendra en association avec de petites mutuelles qui sont elles-mêmes menacées par l’ANI puisqu’elles ne sont pas habituées à travailler sur de l’assurance collective. À travers ces opérations, CNP Assurances vient donc renforcer le tissu mutualiste local et apporter ses solutions sur les sujets de prévoyance, de couverture et de préparation de la retraite pour les chefs d’entreprise, alors que les mutuelles amènent leurs produits de santé et leur légitimité historique. D’ores et déjà, plusieurs expériences à petite échelle ont produit des résultats satisfaisants. CNP Assurances possède donc tous les atouts nécessaires pour travailler sur l’ANI, mais elle devra évidemment y consacrer une forte présence sur le terrain, des investissements, du savoir-faire humain, et du relationnel. M. Lavenir indique qu’ils reposent, dans un premier temps, sur les critères de Solvabilité II. Ensuite, les modèles sont "surchoqués" pour vérifier que les ratios sont encore respectés. Ces derniers ont, en effet, pour caractéristique d’être extrêmement volatils, ce qui rend le pilotage de l’entreprise et l’allocation des fonds propres particulièrement difficiles. Lors de la clôture des négociations de Solvabilité II, les pouvoirs publics français ont d’ailleurs cherché à limiter cet inconvénient. Malgré tout, il existe toujours de manière intrinsèque, avec des ratios qui peuvent évoluer de façon très rapide, soit pour des raisons purement macroéconomiques et externes à l’activité des entreprises (notamment l’évolution des taux d’intérêt), soit à cause d’une évolution marginale du modèle d’activité. M. Lavenir compare cette situation à une sorte d’effet papillon, c’est-à-dire qu’un petit mouvement peut, compte tenu de la complexité du modèle, provoquer des effets relativement conséquents sur les ratios. Dans ce contexte, il est indispensable de disposer d’outils de gestion du capital qui soient très sophistiqués. En outre, Solvabilité II nécessite un investissement technique d’envergure pour établir les suivis et les reportings demandés. L’ACPR est d’ailleurs en train d’effectuer un contrôle sur ce sujet et CNP Assurances a également présenté l’état d’avancement des travaux liés à Solvabilité II devant le collège de superviseurs européens. M. Lavenir répond que CNP Assurances possède de nombreuses idées et des ambitions très fortes. En réalité, il apparaît que l’entreprise est incontournable sur un certain nombre de métiers. Ainsi, l’appel d’offres mondial lancé par Santander, au cours duquel CNP Assurances a notamment été Mme Grosskost s’interroge sur le montant du manque à gagner qui serait généré par la rupture du partenariat avec BPCE. M. Lavenir répond que CNP Assurances réalise environ 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Sur ce montant, environ 7,5 milliards d’euros sont générés dans le cadre du partenariat avec BPCE, dont environ la moitié pour les contrats en portefeuille. En termes de collecte, l’enjeu porte donc sur 3,5 à 4 milliards d’euros. Concernant la valeur actualisée des contrats en portefeuille, les impacts d’un éventuel désengagement de BPCE dépendront grandement 196 des négociations qui sont en cours puisque les niveaux de rentabilité des différents produits communs à CNP Assurances et à BPCE sont très variables (risques, assurance-vie haut de gamme, épargne en euro, etc.). Enfin, les enjeux immédiats sur le compte d’exploitation sont limités : à titre d’exemple, dans les métiers d’épargne, sur 1 milliard d’euros de revenu annuel, seulement 50 millions d’euros sont liés à la production de l’année, tout le reste provenant du passé. Par conséquent, si la production de l’année sur les métiers d’épargne diminue, l’effet immédiat sur le revenu sera faible. En revanche, dans les métiers de prévoyance et de protection, le chiffre d’affaires de l’année se répartit sur trois ans. Par conséquent, sur