Cabinet de la Ministre du Logement
et de l’Habitat durable
Marrakech, jeudi 10 novembre 2016
Seul le prononcé fait foi
Intervention d’Emmanuelle COSSE
Showcase Habitat de l’Alliance mondiale pour
les bâtiments et la construction
Monsieur le Ministre marocain de l’Habitat et de la Politique de la Ville
Mesdames et messieurs
Je suis particulièrement heureuse d’être présente aujourd’hui à Marrakech pour
assister au building day.
En effet nous sommes à un tournant en matière de transition énergétique et bas
carbone.
Et si nous en sommes là aujourd’hui, c’est grâce à l’engagement de pays, de
collectivités, d’associations, d’entrepreneurs qui avant les autres
- ont porté les questions cruciales de mix énergétique, de changement
climatique, de réduction des gaz à effet de serre, d’investissement dans les
énergies renouvelables ;
- ont milité pour en faire des enjeux majeurs de nos politiques publiques ;
- ont donné l’exemple par des réalisations concrètes.
Et c’est dans cette dynamique que la ratification de l’accord de Paris prend tout
son sens.
Le secteur du bâtiment est responsable d’un tiers des émissions de GES.
Si le parc existant constitue un enjeu majeur, pour répondre à l’échelle mondiale
aux immenses besoins des populations il faudra doubler le parc immobilier d’ici
2050 !
Le défi est de taille. Pour y répondre, nous savons qu’il faudra agir sur tous les leviers
en :
- assurant une meilleure efficacité énergétique des bâtiments, existants et à
construire ;
- alimentant les bâtiments par des énergies renouvelables et décarbonnées ;
- favorisant les matériaux, les systèmes et des équipements plus performants
pour le confort, notamment le chauffage, le refroidissement ou la ventilation ;
- en faisant évoluer nos habitudes et nos usages.
L’Alliance mondiale Bâtiments et Constructions pour le Climat permet d’avancer
résolument dans ce sens.
L’ambition de sa première année d’existence était :
- de solidifier et d’étendre le partenariat, l’installant durablement dans le
paysage international ;
- d’accélérer au niveau mondial la prise de conscience de l’importance
d’agir et de mobiliser le secteur de l’immobilier, du bâtiment et de la
construction ;
- de mettre en place des manières de travailler entre ses nombreux
partenaires ;
- et de mettre en œuvre de premières actions concrètes.
Comme en témoignent les nombreuses interventions durant ce showcase, cette
année a été particulièrement riche et active.
Et l’implication d’un grand nombre de pays a permis, je le crois sincèrement,
d’inscrire cette jeune initiative dans une perspective durable et pérenne au niveau
international.
J’étais chef de délégation lors de la conférence onusienne de Quito sur Habitat 3.
Et j’ai pu voir l’ampleur des attentes suscitée par cette alliance dans le domaine de
l’aménagement et de construction durable. Sous l’impulsion de l’Alliance, la
déclaration finale de la conférence Habitat III prend largement en compte
l’importance des bâtiments durables.
Dans le prolongement de l’accord de Paris, c’est une avancée majeure et décisive
pour le climat et la solidarité mondiale.
Je tiens donc à saluer le travail accompli par l’alliance en cette année 2016.
Plusieurs chantiers majeurs ont été lancés dont :
- la mise en place de groupes de travail opérationnels chargés d’apporter des
solutions sur des sujets prioritaires tels que les politiques publiques, les
engagements financiers, la mesure des résultats ou l’éducation et la
professionnalisation des acteurs ;
- La publication d’un premier rapport mondial sur le bâtiment et la
construction en lien avec le climat a été réalisée ;
- L’élaboration d’une feuille de route de la transition bas carbone de
l'immobilier ;
- Et surtout le lancement à Marrakech du site internet de l’Alliance qui offre un
portail unique et une lisibilité inédite sur les initiatives en cours.
L’année 2016 a permis d’étendre le champ du réseau en intégrant de nouveaux
partenaires : l’Argentine, la Fédération de Russie, la Mongolie.
Et d’autres ont manifesté un vif intérêt pour nous rejoindre : l'Iran, l‘Inde, l’Indonésie,
les Maldives et le Cambodge mais également de nombreux acteurs majeurs,
notamment financiers tels que l’IFC.
Des dialogues régionaux se sont tenus pour l’Asie Singapour) et en Amérique
latine (Lima) et ont permis de lancer des initiatives communes, notamment entre
pays demandeurs d’assistance technique et organisations capables de répondre
aux besoins exprimés.
Enfin, le secrétariat permanent de l’Alliance est installé à l’UNEP depuis le 1
er
septembre 2016.
Nous sommes prêts, c’est à présent le moment de l’action. C’est pourquoi l’année
2017 est si importante à mes yeux. Nous devons avancer ensemble pour qu’elle soit
pleinement efficace.
- Les Etats se sont engagés à la COP 21 et devront prendre en compte les
émissions dues au secteur du bâtiment. Ils ne l’ont pas tous fait et ne sont pas
tous en capacité technique ou financière de le faire. Notre responsabilité
commune est de les aider. Pour la France, l’aide aux pays francophones est
une priorité.
- Les collectivités territoriales sont nombreuses à s’être engagées lors de la
COP 21.
- Les entreprises et concepteurs sont sormais engagés dans ces nouveaux
marchés plus qualitatifs. Ils ont un fort potentiel d’innovation. Ce sont des
partenaires incontournables, quelle que soit leur échelle, puisque fournisseurs,
bâtisseurs ou prescripteurs.
- Les organismes financiers sont prêts à agir, il faut leur permettre de financer
plus de bons projets.
Il faut profiter de cette dynamique positive pour sortir de l’expérimentation et passer
rapidement à une dynamique de massification; peser ensemble pour mobiliser des
moyens pertinents (notamment financiers) et mettre en marche un mouvement
irréversible pour mobiliser l’énorme potentiel que représente le secteur du bâtiment.
Car nous sommes pressés : l’urgence climatique est avérée !
L’Alliance doit donc relever de nouvelles priorités.
D’abord il faut partout et tout de suite des bâtiments plus performants. La
rénovation massive et exigeante des bâtiments existants et les bâtiments neufs à
zéro énergie doit devenir la règle générale, au niveau mondial. Je n’ignore pas,
bien entendu, les situations particulières de chaque pays. Ce défi est technique,
économique, social et environnemental. Il nous faut le relever au plus tôt, car nous
savons que les timents construits aujourd’hui sont les contraintes énergétiques de
demain. Plus les investissements nécessaires seront rapides, plus ils seront rentables.
Votre groupe de travail sur les politiques publiques s’est fixé comme priorité que d’ici
2020 chaque Etat et chaque grande collectivité locale se soit fixé une stratégie
pour une transition vers un immobilier décarbonné d’ici 2050. Nous pourrions donc
proposer comme objectif de former d’ici 2018 autant d’alliances locales pour le
bâtiment et la construction que possible. Ce serait un objectif mesurable, utile, et
dont nous pourrions vérifier la réalisation ensemble chaque année. Cela nécessitera
une implication importante des ministres compétents et des maires.
Nous pourrions également chercher à velopper partout, en cohérence avec les
orientations d’habitat III des logements sociaux bas carbone. Nous y travaillons en
France ou les bailleurs sociaux disposent d’aides importantes pour rénover les
logements anciens et lutter ainsi contre la précarité énergétique. Nombreuses sont
les expériences de logements sociaux neufs à forte performance énergétique. Nous
pourrions, notamment par l’intermédiaire de l’Ademe et avec l’aide technique du
réseau habitat et francophonie, développer des programmes de coopérations
avec les opérateurs qui produisent des logements sociaux pour les aider à mieux
prendre en compte l’efficacité énergétique dans les programmes qu’ils
développent.
Nous pourrions aussi collaborer avec l’hôtellerie afin que les nouveaux bâtiments
prennent pleinement en compte les enjeux climatiques. Je sais, par exemple, que le
groupe Accor partage ces préoccupations.
Ensuite, il faut développer des systèmes de mesure cohérents. C’est ce que montre
le rapport de cette année, il est urgent que tous nous puissions parler de la même
chose, comparer nos acquis. Les groupes de travail de l’Alliance ont montré que
nous étions encore loin de partager des mesures cohérentes.
Il faut également une montée en compétence générale des acteurs
Pour le développement des bâtiments neufs à zéro émission ou à énergie positive
dans le monde, nous pourrions orienter notre travail vers la formation des
prescripteurs. Les architectes et ingénieurs, dont les orientations sont si importantes
pour la qualité de la construction manquent souvent, au terme de leurs études, de
dispositifs de formation professionnelle appropriés. C’est un chantier indispensable
auquel je sais qu’un certain nombre d’entre vous, tels, l’UIA le WGBC ou
Architecture 2030, se sont déjà attelés.
Nous pourrions proposer de choisir dans chaque pays ou chaque ville un certain
nombre de bâtiments publics emblématiques pour des rénovations exemplaires. Le
Programme d’Efficacité Energétique des Bâtiments pourrait, sous certaines
conditions, participer au financement de ces actions.
Enfin, s’il faut agir vite, il faut aussi agir massivement. Il faut que de nombreux pays et
de nombreux partenaires rejoignent encore notre mouvement. Il faut que chaque
ministre concerné, les ministres chargés de la construction mais aussi ceux chargés
de l’énergie ou de l’environnement se saisissent ensemble de cette urgence. C’est
aussi le rôle de l’Alliance que de pousser chacun à s’engager plus avant.
Pour tout cela, il nous faut réunir les moyens nécessaires à l’action. La France,
Présidente de la COP, a largement investi pour la création de cet outil au service de
tous. Nous l’avons fait parce qu’il était absolument nécessaire que le bâtiment
prenne enfin toute sa place dans la lutte contre le changement climatique.
De nombreuses actions sont possibles et il ne tient qu’à nous et à vous ensemble,
d’en déterminer les priorités à partir de votre connaissance et de votre expertise
des réalités mondiales.
Nous continuerons à soutenir cet élan, qui ne gagnera la puissance à laquelle peut
prétendre qu’avec l’aide de tous. Nous n’avons, collectivement, d’autre choix que
de réussir.
Je vous souhaite des travaux fructueux et je souhaite à l’alliance de nombreux
nouveaux partenaires !
Contact presse :
Ministère du Logement et de l’Habitat durable : 01 44 49 89 13
55 rue Saint-Dominique – 75007 PARIS
www.logement.gouv.fr
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