La distribution ne veut pas de glissement des charges sur le travail vers la
consommation
Le Premier Ministre, Guy Verhofstadt, élaborerait un plan visant à déplacer les charges sur le
travail vers la consommation. C’est ce que rapportait ce matin un journal. Fedis, la fédération des
petites, moyennes et grandes entreprises de distribution, estime une telle mesure inappropriée et
demande au Premier ministre de ne pas mettre en pratique cette piste de réflexion. Fedis se réfère
pour cela à la faiblesse de l’indice de confiance des consommateurs belges, au haut taux de TVA
belge et aux conséquences de ce plan sur l’index et les salaires.
La TVA sur les biens de consommation dans notre pays est nettement plus haute que celle de nos pays
voisins. La Belgique applique des tarifs de TVA de minimum 6% et de maximum 21%. En France, cela
varie de 5,5% à 19,6%, aux Pays-Bas, de 6% à 19% et au Luxembourg, de 6% à 15%. Les conséquences
concrètes de la hauteur des taux de TVA belge et des autres impôts indirects se sont manifestées
clairement au début de cette année lorsque l’écotaxe sur les boissons a été augmentée, chassant ainsi
massivement les Belges à l’étranger pour l’achat de leurs boissons. Dès le début il était clair que le
gouvernement n’obtiendrait jamais les 130 millions d’euros de rentrées fiscales escomptées par
l’augmentation de l’écotaxe. Ce n’est pas un hasard si l’augmentation de la taxe sera annulée dès la fin
du mois.
Il est donc très surprenant que le Premier Ministre Verhofstadt envisage à nouveau de taxer plus les
biens de consommation. Dans le contexte économique actuel, c’est même totalement
incompréhensible
La confiance des consommateurs belges a en effet diminué en mai de cette année jusqu’à moins 11
points. L'indicateur se trouve ainsi à son niveau le plus bas depuis octobre 2003. Au premier trimestre
2005, l'économie belge a connu une croissance nulle. Le chiffre d'affaires du secteur alimentaire a
diminué de 1,65% les trois premiers mois de cette année et de l’enquête conjoncturelle de Fedis,
publiée en mars, il apparaît que le secteur de la distribution ne prévoit guère de redressement dans les
mois à venir. Dans ce contexte, un glissement de charges vers la consommation n'est absolument pas
une bonne idée. Appliquer l’augmentation des taux de TVA surtout aux produits bons marchés des pays
du tiers monde, rendrait la décision particulièrement cynique.
Enfin, le glissement des charges fiscales vers les biens de consommation aura un effet sur l’index, ce
qui mènera automatiquement à une augmentation des salaires. De cette façon, on obtient une
opération blanche où la baisse de la fiscalité sur les salaires sera suivie d’une hausse des salaires, de
sorte que toute l’opération aura été faite pour rien. A moins naturellement que le Premier Ministre ne
réussisse à supprimer l’indexation automatique des salaires.
La pression fiscale et parafiscale atteint un niveau record en Belgique. Non seulement les charges sur le
travail sont trop élevées, mais celles sur la consommation sont également supérieures à celles de nos
voisins. La priorité doit donc rester une diminution générale de la pression fiscale et non pas le
glissement des charges vers la consommation.
Baudouin Velge
Administrateur délégué
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