L'entrée d'Aristote dans la Philosophie chrétienne occidentale
et les courants doctrinaux du 13e siècle.
Aux premiers siècles du monde quand dans son allure noble et fiere le
cheval apparaît pour la première fois aux yeux des peuples émerveillés, bien dif-
férentes sont les impressions des hommes. Quelques-uns à la vue de cette bête
tré-
pignante et nouvelle qui piaffe, galoppe, amble et caracole, fuient avec effroi,
continuant a porter sur leur propre dos bagages et provisions. D'autres, moins crain-
tifs parce qu'ignorants du danger, s'approchent avec ïmprudense du sauvage solipede;
ils sont vite piétines par celui qu'ils veulent adorer. Soudain un colosse s'appro-
che.
B'un geste sur de sa main puissante il
s'empare
du fringant destrier, l'arrê-
te dans sa course, le monte avec aplomb et malgré les ruades, les saccades et les
sauts,
le dompte en un instant et le livre aux humains en précieux héritage.— "La
plus noble conquête que
l'homme
ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux
animal qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats."»(l)
Ainsi en fut-il de la doctrine aristolécienne quand elle surgit dans toute
son intégrité au sein de
l'élite
intellectuelle du treizième siècle. Etrangère ou
opposée en beaucoup.de points a la pensée chrétienne, comme on devait s'y attendre,
elle œe fut pas acceptée par tous avec les mêmes sentiments. Quelques-uns la rejetè-
rent avec opiniâtreté, effrayés
d'une
aussi forte inclination vers la matière et de
cette rigidité logique ou métaphysique qui ne laisse aucune place pour le coeur.
Entêtés dans leur position, ils s'attachèrent a l'eveque d'Hippone, du moins ils le
croyaient. D'autres, moins prudents, acceptèrent•sans compromis non seulement
Aris-
tote,
mais tout le paganisme du plus fameux de ses commentateurs arabes. Beaucoup