patienter. Ensuite, il y a eu ce verset : « Il est permis à ceux qui sont combattus en
raison de leur foi… » Il est permis, mais auparavant cela ne l’était pas.
Plus tard viendra un autre verset : « Combattez sur la voie de Dieu ceux qui vous combattent, ne
transgressez pas, Dieu n’aime pas les transgresseurs. » Le Coran ne demandait pas aux habitants de la
péninsule Arabique d’islamiser le monde, mais de s’islamiser eux-mêmes, ce qui signifie, quand
on interroge les sourates, de se pacifier et d’arrêter cette culture de guerre et de razzia qui était la
leur. Le Prophète n’a combattu que ceux qui l’ont combattu. On peut lui accorder ce crédit, ne
serait-ce que parce que, dans la mesure où il écrivait lui-même les sourates, il ne pouvait se
permettre de contredire l’enseignement dont il était porteur.
« Si ton Seigneur le voulait, tous les habitants de la Terre se convertiraient : est-ce à toi de contraindre les
gens pour qu’ils deviennent croyants ? » Ce verset date de la période mecquoise où le Prophète
mettait du zèle à prêcher ses concitoyens. Même ce zèle, le Coran le lui a reproché. «… Que celui
qui veut croire, croie, et que celui qui veut mécroire, qu’il mécroie… » Et pourtant ! On se demande
quel Coran ont lu les générations d’oulémas. Eux qui ont usé des rivières d’encre en fatwas
liberticides, en excommunications et en appels au meurtre.
Persécution
« Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait point de fitna dans la religion… » La fitna dans la religion, c’est
la persécution des autres en raison de leurs croyances. Faire cesser la persécution religieuse est
l’unique motif que le Coran assigne au djihad armé. Le Prophète de son vivant s’est tenu à un
djihad strictement défensif, dans la mesure où il ne pouvait aller à l’encontre des sourates qu’il
prétendait recevoir de Dieu.
« J’ai été envoyé, font-ils pourtant dire au Prophète, pour combattre jusqu’à ce que les gens se
convertissent. » Ce hadith est apparu à l’époque où les conquêtes faisaient rage. Les hadiths n’ont
pas été écrits du vivant du Prophète. La plus grande mystification de l’islam réside dans sa
définition même : quand vous demandez à un musulman ce qu’est l’islam, il s’empresse de
vous répéter, sûr de lui, que sa religion est basée sur la profession de foi, la prière, la zakat,
le ramadan et le pèlerinage : ils appellent cela les piliers de l’islam. Qui a arrêté cette
définition ? On vous répond que c’est le Prophète. C’est totalement faux !
Il s’agit certes de prescriptions coraniques mais ce ne sont pas des fins en soi. Elles ne sont
qu’un moyen d’accéder à un but supérieur, la taqwa, la crainte révérencielle de Dieu, et cette
taqwa signifie, quand on l’examine à la lumière des seuls versets du Coran,l’obligation faite au
musulman d’être en permanence dans une dynamique de paix avec son prochain, quel qu’il soit.
Ce sont les docteurs de la loi qui ont décidé que la définition de l’islam se limitait à une
profession de foi et à quatre pratiques rituelles. Or, les premières compilations de hadiths
apparues en contenaient beaucoup moinsque celles apparues plus tard. Ainsi, plus on s’éloignait
du Prophète dans le temps, plus le volume des propos qui lui sont prêtés grossissait.
Les ancêtres idéologiques
Ce hadith où ils font dire au Prophète qu’il a été envoyé pour combattre les autres jusqu’à leur
soumission est un de ces hadiths que les djihadistes ressassent. Ces derniers n’interrogent jamais
les textes qu’ils mettent en avant pour justifier leurs actions, ils s’en remettent à leurs ancêtres
idéologiques. Le contenu des prêches dans les mosquées est composé jusqu’à nos jours à 80 %
de hadiths. Les frères Kouachi et Coulibaly ne sont pas des martyrs. Ils sont tout au plus des