Ali Malek Le Monde censuré Nonobs

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05/02/2015
Qu'on arrête de tout mélanger !... Perversions politiques des
écrits d'une religion.
Récemment, je mettais en ligne un article paru dans Sud-Ouest, un entretien avec Tareq
Oubrou, l'Imam de Bordeaux, dont un ami, un érudit, me disait encore récemment grand bien :
http://sortiedequiescence.blogs.nouvelobs.com/archive/201...
J'ai aussi plus récemment encore donné le point de vue de Boualam Sansal.
L'association des musulmans (origine marocaine) et le conseil paroissial de ma commune ont organisé
dimanche soir une réunion où un imam (l'imam de Pessac) et le prêtre qui dessert notre commune (le "curé")
se sont exprimés. Il y avait cent trente personnes (j'ai été surpris). La mort accidentelle le matin même d'une
amie qui avait œuvré, au nom des valeurs de notre République et de notre laïcité modératrice, pour une telle
réunion a été l'occasion d'un temps de recueillement collectif. Après deux exposés clairs et simples de
l'imam et du prêtre, il y a eu pour les pratiquants un temps de prière (avec une certaine gêne, je le confesse,
d'un petit groupe "laïc" dont quelques athées, mais aussi de personnes de confession protestante). En projet :
nouvelle rencontre "participative" avec cette fois débat et, si possible, présence d'un rabbin et d'un pasteur...
Le Monde daté de dimanche 1er février et lundi 2 février 2015 donne en page 11 un excellent
article signé Ali Malek :
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Par Ali Malek, écrivain algérien
image: http://s2.lemde.fr/image/2015/01/31/534x0/4567340_6_1f55_...
Le Prophète de l’islam est le plus
impopulaire parmi les fondateurs de
religion. Si vous évoquez Confucius,
Bouddha ou Jésus chez les nonchrétiens, on vous prête l’oreille. Dès
que vous évoquez Mahomet devant un
non-musulman, celui-ci est dubitatif, à
juste titre. On voit trop d’images
horrifiantes à la télé commises en son
nom pour être tenté d’avoir envie de le
connaître. Mes compatriotes algériens
ont manifesté dans les rues d’Alger
pour exprimer leur indignation devant
les caricatures de Charlie Hebdo et crier
que les frères Kouachi sont des
martyrs. Or, y a-t-il un seul verset
dans le Coran qui appelle à mettre à
mort celui ou celle qui insulte le
Prophète ? Aucun verset ne légitime le meurtre d’un blasphémateur, d’un hérétique ou
d’un apostat. Aucun ! (NdBL : en gras, c'est de mon chef)
Les musulmans ne puisent pas leur religion dans le Coran qu’ils prétendent être la parole de
Dieu transmise par l’archange Gabriel au prophète Mahomet.
Vous tombez à la renverse quand vous vous penchez sur ce que les musulmans appellent la
« charia »[loi islamique]et que certains d’entre eux, par ignorance, souhaitent voir
appliquée, et qui est en inadéquation avec le Coran. Vous découvrez, effarés, les massacres
que les oulémas [théologiens] ont infligés à cette religion.
Les références au Coran dans la charia sont minimes. Les oulémas s’appuient sur autre chose : le
« hadith ». Il s’agit d’un propos que l’on met dans la bouche du Prophète. Les
djihadistesfanfaronnent qu’ils vont conquérir le monde. Est-ce le Coran qui leur a annoncé ces
victoires ? Non. Mais le hadith, oui. Le Coran fait dire ceci au Prophète : « Dis : je ne connais pas
l’avenir, j’ignore ce qui sera fait de moi ou de vous… » Pourtant, les djihadistes croient que le
Prophète connaissait l’avenir et qu’il leur a même annoncé qu’ils conquerraient le monde.
Les hadiths
Tous les problèmes qui collent à la peau des musulmans proviennent de cette chose qu’on
appelle le hadith. Le hadithn’est pas apparu par hasard sur leur route. Il y a des choses factuelles
à savoir sur l’islam. D’abord, que le Prophète n’a pas désigné les califes qui lui ont succédé. Le
premier traité de théologie rédigé dans l’histoire de l’islam s’appelle El Muwata, de l’imam
Malik. Il ne contenait pas un seul verset du Coran. Il a été rédigé à la demande du calife – pour
donner un avant-goût de ses mœurs : il enterrait vivants les opposants. Contemporain de l’imam
Malik, il y a Ibn Ishaq, auteur de la première biographie de Mahomet. Ce livre a été la source de
toutes les autres biographies apparues ultérieurement.
Cette première biographie du Prophète a été écrite elle aussi à la demande du calife. Là, on est à
peu près un siècle et demi après le Prophète. C’est au cours de cette époque que vont être
écrites les premières compilations de hadiths et que va se cristalliser cette version de l’islam qui
nous est parvenue aujourd’hui. C’est sous le règne des Omeyyades [dynastie de califes de 661 à
750 de notre ère] que le hadith est né et qu’il a été utilisé comme outil de propagande. Les
Omeyyades ne se sont pas occupés de coucher par écrit les hadiths produits par leurs
propagandistes. Ce sera l’affaire des Abbassides [dynastie de 750 à 1258 de notre ère] pour
lesquels Ibn Ishaq a écrit une biographie du Prophète. Ibn Ishaq en a brossé un portrait sur
mesure pour des califes sanguinaires.
Arrêter cette culture de guerre
Le djihad dans le Coran n’a rien à voir avec celui pratiqué par les musulmans au
lendemain de la mort du Prophète et tel que les héritiers des premiers califes le
pratiquent aujourd’hui. Les fameuses conquêtes sont le premier grand péché commis
par les musulmans. Ils ont décrété un djihad offensif, alors que cela est
interdit par le Coran. Pendant les treize premières années de son apostolat, le
Prophète et les premiers convertis sont persécutés, mais le Coran les somme de
patienter. Ensuite, il y a eu ce verset : « Il est permis à ceux qui sont combattus en
raison de leur foi… » Il est permis, mais auparavant cela ne l’était pas.
Plus tard viendra un autre verset : « Combattez sur la voie de Dieu ceux qui vous combattent, ne
transgressez pas, Dieu n’aime pas les transgresseurs. » Le Coran ne demandait pas aux habitants de la
péninsule Arabique d’islamiser le monde, mais de s’islamiser eux-mêmes, ce qui signifie, quand
on interroge les sourates, de se pacifier et d’arrêter cette culture de guerre et de razzia qui était la
leur. Le Prophète n’a combattu que ceux qui l’ont combattu. On peut lui accorder ce crédit, ne
serait-ce que parce que, dans la mesure où il écrivait lui-même les sourates, il ne pouvait se
permettre de contredire l’enseignement dont il était porteur.
« Si ton Seigneur le voulait, tous les habitants de la Terre se convertiraient : est-ce à toi de contraindre les
gens pour qu’ils deviennent croyants ? » Ce verset date de la période mecquoise où le Prophète
mettait du zèle à prêcher ses concitoyens. Même ce zèle, le Coran le lui a reproché. «… Que celui
qui veut croire, croie, et que celui qui veut mécroire, qu’il mécroie… » Et pourtant ! On se demande
quel Coran ont lu les générations d’oulémas. Eux qui ont usé des rivières d’encre en fatwas
liberticides, en excommunications et en appels au meurtre.
Persécution
« Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait point de fitna dans la religion… » La fitna dans la religion, c’est
la persécution des autres en raison de leurs croyances. Faire cesser la persécution religieuse est
l’unique motif que le Coran assigne au djihad armé. Le Prophète de son vivant s’est tenu à un
djihad strictement défensif, dans la mesure où il ne pouvait aller à l’encontre des sourates qu’il
prétendait recevoir de Dieu.
« J’ai été envoyé, font-ils pourtant dire au Prophète, pour combattre jusqu’à ce que les gens se
convertissent. » Ce hadith est apparu à l’époque où les conquêtes faisaient rage. Les hadiths n’ont
pas été écrits du vivant du Prophète. La plus grande mystification de l’islam réside dans sa
définition même : quand vous demandez à un musulman ce qu’est l’islam, il s’empresse de
vous répéter, sûr de lui, que sa religion est basée sur la profession de foi, la prière, la zakat,
le ramadan et le pèlerinage : ils appellent cela les piliers de l’islam. Qui a arrêté cette
définition ? On vous répond que c’est le Prophète. C’est totalement faux !
Il s’agit certes de prescriptions coraniques mais ce ne sont pas des fins en soi. Elles ne sont
qu’un moyen d’accéder à un but supérieur, la taqwa, la crainte révérencielle de Dieu, et cette
taqwa signifie, quand on l’examine à la lumière des seuls versets du Coran,l’obligation faite au
musulman d’être en permanence dans une dynamique de paix avec son prochain, quel qu’il soit.
Ce sont les docteurs de la loi qui ont décidé que la définition de l’islam se limitait à une
profession de foi et à quatre pratiques rituelles. Or, les premières compilations de hadiths
apparues en contenaient beaucoup moinsque celles apparues plus tard. Ainsi, plus on s’éloignait
du Prophète dans le temps, plus le volume des propos qui lui sont prêtés grossissait.
Les ancêtres idéologiques
Ce hadith où ils font dire au Prophète qu’il a été envoyé pour combattre les autres jusqu’à leur
soumission est un de ces hadiths que les djihadistes ressassent. Ces derniers n’interrogent jamais
les textes qu’ils mettent en avant pour justifier leurs actions, ils s’en remettent à leurs ancêtres
idéologiques. Le contenu des prêches dans les mosquées est composé jusqu’à nos jours à 80 %
de hadiths. Les frères Kouachi et Coulibaly ne sont pas des martyrs. Ils sont tout au plus des
victimes de ce qu’un sage musulman contemporain appelle un « mensonge sophistiqué ». Les
califes ont cherché à persuader les musulmans que le califat est consubstantiel à l’islam. Cela est
faux, il n’y a aucun verset dans le Coran qui oblige les musulmans à être soumis à un calife.
Cinquante ans après la mort du Prophète [632 de notre ère], les musulmans en sont arrivés à
bombarder La Mecque et à endommager la Kaaba. Le calife auteur de ces bombardements
s’appelle Yazid. Il est le premier dans l’histoire de l’islam à être arrivé au pouvoir par voie
héréditaire. Yazid a régné pendant trois ans : il a massacré la famille du Prophète dont il a fait
décapiter les mâles et pris les femmes en captivité.
Savez-vous que des groupes de rebelles syriens donnent à leurs contingents les noms de ce
Yazid et de son père ? Comment peut-on concilier l’islam avec des califes semblables ? Cela est
la conséquence du grand malentendu qu’il y a dans la tête de ces musulmans, qui ne voient dans
le passé que le prestige des victoires militaires. Ce sont ces dernières qui ont recouvert de
prestige des califes sanguinaires et ont fait d’eux des modèles que les ahuris du djihadveulent
égaler aujourd’hui. Ben Laden n’a pas interrogé le Coran pour savoir s’il avait le droit de
détourner des avions remplis de civils innocents et de les lancer contre des bâtiments peuplés de
civils innocents. Oussama Ben Laden est un pur produit des compilations de hadiths.
« Quand vous frappez sur la voie de Dieu, faites attention, et ne dites pas à celui qui vous dit paix : tu n’es
pas un croyant… » « Quand vous frappez sur la voie de Dieu », signifie : quand vous êtes en pleine
bataille – contre un ennemi qui a commencé lui-même la guerre. Même dans ces cas, le verset
enseigne au musulman qu’il n’a pas le droit de tuer son adversaire si celui-ci dit paix et dépose
son arme. Si vous rappelez aux djihadistes les rudiments des lois coraniques, ils s’empressent de
vous répondre par des hadiths et par des traditions qui remontent au Prophète et dans lesquelles
on voit celui-ci tuer les prisonniers et massacrer les juifs. Ces abominations que les musulmans
eux-mêmes ont imputées à leur Prophète, le Coran les récuse catégoriquement. Elles sont le fruit
de la vassalité et de l’absence de scrupules des oulémas.
Les musulmans européens font un grand tort à leur religion en la réduisant au port du
voile et à la viande halal. Il y a dans le Coran des valeurs plus importantes que la prière, le
ramadan et le pèlerinage réunis. « Dieu ordonne la justice, la bienfaisance… » Il est rare dans le
Coran qu’un verset prenne un ton aussi solennel pour énoncer les priorités. Dans les
compilations de hadiths, il n’y a aucun chapitre qui évoque la justice.
Si on juge à l’aune du seul Coran, un pays comme la Norvège est cent fois plus musulman
que l’Arabie saoudite.
Ali Malek, écrivain né en Algérie, a commencé à publier des nouvelles et des romans aux éditions
Barzakh, à Alger. En France, il a publié deux romans aux éditions Non Lieu, « Une terre bénie de Dieu »
(2006), qui évoque les années de guerre civile, et « La Mise à pied » (2014), une parabole sur l’Algérie
contemporaine.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/31/comment-l-...
Mardi 3 février 2015 (après-midi)
12:45 Écrit par BL dans AgroÉcologie, Histoire, Politique, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags
:islam, origines, coran, djihad, perversion politique |
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Commentaires
Il y a de nombreuses approches concernant une réforme de l'islam, mais actuellement les hadiths font partie du corpus religieux à plein
titre. D'autre part le Coran lui-même comporte par exemple des versets concernant les combats de l'époque du fondateur, qui ordonnent de tuer
les associateurs ou les mécréants, sur la base desquels les djihadistes fondent leur combat.
Écrit par : nolats | 05/02/2015 | Avertir le modérateur
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C'est bien pour cela que tant de musulmans éclairés souhaitent, demandent, pratiquent... une relecture des textes, en les resituant dans
leurs contextes historiques, géopolitiques s'il le faut, et en faisant leur aggiornamento, tout comme d'autres branches "du Livre" (religions
"abrahamiques"), entre autres l'Église catholique romaine (et il y a encore du boulot à faire !...).
Et en séparant la spiritualité et la pratique religieuse de la vie de la cité. Nos religions aussi ont "dirigé" la cité (et spolié les fidèles), ont fait et
défait les rois, les empereurs, ont constitué le "Parquet" (l'Administration judiciaire) et les tribunaux, ont décreté des "satans", ont accepté la
pratique du "jugement de Dieu" (Daesh brûle vivant.. nos clercs l'ont accepté et "béni" il y a un pas mal de siècles...).
Écrit par : BL | 05/02/2015 | Avertir le modérateur
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