FranceMutualite_568

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N° 568
Janvier 2017
REVUE MENSUELLE (10 numéros) fondée en 1959 par
L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE
255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81
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Directeur de la publication : Gérard Quittard
Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81
Christine Jorez, 01 40 43 61 27
Coordination éditoriale : Laurence Hamon
Rédactrice en chef : Sylvie Irissou
Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00
Ont collaboré à ce numéro :
Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue,
Réalisé par la CIEM
67, rue Blomet
75015 Paris
Benoît Saint-Sever, Léa Vandeputte, Aliisa Waltari
Numéro de CPPAP :
0518 G 83108
Numéro ISSN :
0015 – 9670
Dépôt légal :
janvier 2017
Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les
articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France
Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit.
SOMMAIRE
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers de « France Mutualité »
..............................................
3
SYSTÈME DE SOINS
Système de soins : ce qui change
pour le patient en 2017 (Léa Vandeputte) ................................................................................................ 5
Don d’organes : ce qui a changé
au 1er janvier 2017 (Delphine Delarue) ........................................................................................................ 8
Brèves
.......................................................................................................................................................................................
10
MÉDECINE
Accident ischémique transitoire :
reconnaître l’urgence (Isabelle Coston) ................................................................................................... 13
PRÉVENTION
Grossesse et alcool :
des risques bien réels (Catherine Chausseray) ............................................................................... 16
FORME – BIEN-ÊTRE – PSYCHO
Ecrans : comment protéger
les jeunes enfants (Aliisa Waltari) .................................................................................................................. 19
SANTÉ
Brèves
.......................................................................................................................................................................................
22
VIE PRATIQUE – EMPLOI
Le portage salarial :
une forme d’emploi atypique (Benoît Saint-Sever) ....................................................................... 24
Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface
imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale.
Janvier 2017 – N° 568 –
2
PRESSE
Les 50 derniers articles ou dossiers
de « France Mutualité »
Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue,
« France Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante
derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez
télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de
l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste » et « Collection “France
Mutualité” ».
Titre
Rubrique
Numéro 567 – Décembre 2016
PlacedelaSante.fr : mettre la santé au cœur
Système de soins
des débats électoraux
Nombre
de signes
4 575
L’Université des patients : reconnaître l’expertise des
malades pour améliorer les soins
Système de soins
6 799
Brèves et filets (6)
Automédication : les règles à respecter
Système de soins
Médecine
5 259
4 600
Des médecins engagés contre les perturbateurs
endocriniens
Prévention
6 046
Travailler devant un écran n’est pas sans risque
Prévention
7 144
Cinq remèdes maison qui ont fait leurs preuves
Forme – Bien-être
5 739
Santé
Vie pratique /
Education
Numéro 566 – Novembre 2016
Médicaments : acheter sur Internet en toute sécurité
Système de soins
5 397
5 899
Brèves et filets (6)
Réveiller la mémoire par les odeurs
Système de soins
Médecine
5 344
3 696
Cinétose : un mal bénin mais très désagréable
Prévention
4 065
Quand les cheveux se font vieux
Forme – Bien-être
4 118
Mon enfant fait des cauchemars
Forme – Bien-être
4 544
Brèves et filets (5)
Circuler à vélo : les règles à connaître
Santé
Vie pratique /
Droits
5 722
4 852
Brèves et filets (5)
Maladies chroniques à l’école : quels aménagements ?
3 980
Numéro 565 – Octobre 2016
Soins dentaires : encore trop d’abus
Système de soins
4 542
Brèves et filets (6)
L’otite séreuse : une maladie à ne pas négliger
Système de soins
Médecine
6 221
4 132
Intestin irritable : des solutions existent
Médecine
4 581
Enceinte à 40 ans : un suivi particulier
Prévention
5 605
Gauchers et droitiers : quelles différences ?
Forme – Bien-être
5 007
Brèves et filets (5)
Santé
4 914
Janvier 2017 – N° 568 –
3
Pollution intérieure : aérez votre logement !
Vie pratique /
Environnement
Numéro 564 – Septembre 2016
Contrats seniors : la Mutualité française opposée au projet Système de soins
de labellisation du ministère de la Santé
6 116
Pourquoi choisir une vraie mutuelle ?
Système de soins
5 454
Brèves et filets (5)
Endométriose : des douleurs à ne pas prendre à la légère
Cigarette électronique : où en est-on aujourd’hui ?
Pédiatrie : les idées fausses d’il y a trente ou quarante ans
Boissons énergisantes : une pratique de consommation à
risque
Brèves et filets (5)
Télétravail : des avantages et des inconvénients
Système de soins
Médecine
Prévention
Prévention
Forme – Bien-être
5 680
4 586
4 666
5 238
4 989
Santé
Vie pratique /
Environnement
5 325
5 772
Coopaname : le travail réinventé
Economie sociale
4 548
Ehpad : bien vieillir à l’abri des dérives sectaires
4 662
Numéro 563 – Juin 2016
Système de soins
4 605
Brèves et filets (5)
Système de soins
Est-il possible de détecter un risque de rupture d’anévrisme Médecine
?
5 680
3 311
Sel : attention aux abus
Prévention
4 107
Le sport, c’est bon pour mon enfant
Forme – Bien-être
4 921
Brèves et filets (5)
Faites maigrir votre poubelle
Santé
Vie pratique /
Environnement
5 325
4 828
Numéro hors-série – Mai 2016
Des Etats généraux pour la santé visuelle
Etats généraux de
la santé visuelle
Basse vision : une prise en charge de qualité encore peu
Etats généraux de
répandue
la santé visuelle
L’ophtalmologie, une discipline à la pointe de l’innovation
Etats généraux de
la santé visuelle
La coopération professionnelle comme solution à la pénurie Etats généraux de
d’ophtalmologistes
la santé visuelle
Numéro 562 – Mai 2016
Citiz-France : une coopérative pour développer l’autopartage Economie sociale
Le dossier médical partagé, pour une meilleure coordination Système de soins
des soins
Brèves et filets (5)
Système de soins
Résistance aux antibiotiques : où en est-on ?
Médecine
Compléments alimentaires : utiles ou dangereux ?
Prévention
Hammam et sauna : de nombreux bienfaits,
Forme – Bien-être
peu de contre-indications
Brèves et filets (5)
Santé
Congé parental d’éducation : c’est papa qui s’occupera de Vie pratique /
bébé
Famille
Brèves et filets (5)
Santé
Ateliers solidaires : donner une seconde vie aux objets
Vie pratique /
Environnement
4 876
4 735
5 187
6 270
5 789
6 326
4 852
5 616
4 493
3 092
4 960
4 075
5 078
4 058
Janvier 2017 – N° 568 –
4
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 5 641 signes
Système de soins : ce qui change
pour le patient en 2017
5 visuels :
01_SystemeDeSoins
2017
Généralisation du tiers payant, hausse du tarif des
consultations, nouvelles prérogatives pour les opticiens et les
orthoptistes : l’année 2017 amène en matière de santé un
ensemble de nouveautés qui auront un impact direct sur le
quotidien des patients.
Le tiers payant généralisé
Depuis le 1 er janvier 2017, les professionnels de santé peuvent
appliquer le tiers payant partiel à tous les assurés. Cela signifie que
le patient n’a alors plus besoin d’avancer la part du prix de la
consultation prise en charge par l’Assurance maladie. Prévue dans la
loi de modernisation de notre système de santé portée par la ministre
de la Santé, Marisol Touraine, cette mesure deviendra obligatoire le
30 novembre. A compter de cette date, les malades pourront
également, si le professionnel le propose, bénéficier du tiers payant
total, comprenant la part du régime obligatoire et la part de la
complémentaire santé.
De plus, depuis le 31 décembre 2016, le tiers payant est devenu un
droit pour tous les assurés atteints d'une affection de longue durée
(ALD) ainsi que pour les femmes enceintes (à partir de six mois de
grossesse). Ces personnes, prises en charge à 100 % par
l’Assurance maladie, pouvaient déjà bénéficier d’un tel avantage
depuis le 1 er juillet 2016 chez les praticiens volontaires.
Le calendrier de la généralisation du tiers payant devrait être
respecté, sauf modifications liées aux échéances électorales
(présidentielle les 23 avril et 7 mai, législatives les 11 et 18 juin).
Le tarif des consultations en hausse
A partir du 1 er mai 2017, le prix de la consultation de base chez le
généraliste passera de 23 à 25 euros, mais cette augmentation ne
changera rien pour le patient. L’Assurance maladie rembourse à
hauteur de 70 %, moins 1 euro de participation forfaitaire, soit
16,50 euros. La complémentaire prend en charge les 30 % restants,
soit 7,50 euros.
La nouvelle convention nationale organisant les rapports entre les
médecins libéraux et l’Assurance maladie prévoit également la
Janvier 2017 – N° 568 –
5
revalorisation de nombreux actes médicaux. Ainsi, le 1 er juillet
prochain, le tarif de la consultation coordonnée – lorsque le patient
est dirigé vers un spécialiste par son médecin traitant – passera de
28 à 30 euros. De même, si la consultation chez le généraliste
concerne un enfant de moins de 6 ans, il faudra débourser 30 euros
dès le 1er mai. Jusqu’à présent, le tarif de consultation était fixé à
26 euros pour les 2 à 6 ans et à 28 euros pour les 0 à 2 ans. Cette
distinction d’âge disparaît donc.
Les actes médicaux les plus difficiles et les plus longs seront, eux
aussi, plus chers. A compter du 1 er novembre, les consultations dites
« complexes » coûteront 46 euros. Ce sera notamment le cas pour un
dépistage de mélanome, pour un rendez-vous de première
contraception ou encore pour les trois consultations obligatoires du
nourrisson. Les actes « très complexes », qui désignent les
consultations de mise en place d’une stratégie thérapeutique pour les
patients atteints d’un cancer ou d’une pathologie neurologique grave,
ou la prise en charge en cas d’infection par le VIH, par exemple,
seront facturés 60 euros.
Enfin, l’avis ponctuel d’un spécialiste conventionné sur demande du
médecin traitant passera de 46 à 48 euros en octobre 2017, puis à
50 euros en juin 2018.
La délivrance des lunettes et des lentilles assouplie
La durée de validité d’une ordonnance pour des lunettes correctrices
a été revue à la hausse. Il était jusqu’alors possible de changer de
lunettes sans reprendre rendez-vous chez l’ophtalmologiste avec une
ordonnance de moins de trois ans. Ce délai est allongé à cinq ans
pour les patients âgés de 16 à 42 ans. En revanche, la durée de
validité reste fixée à un an pour les moins de 16 ans et à trois ans
pour les plus de 42 ans.
Par ailleurs, en cas de perte ou de bris des verres correcteurs, les
opticiens-lunetiers pourront exceptionnellement délivrer, sans
ordonnance médicale, une nouvelle paire de lunettes. Ils ont
également obtenu de nouvelles prérogatives, puisqu’ils peuvent
désormais adapter les corrections optiques des lentilles de contact,
dans le cadre d’un renouvellement, sur présentation d’une
ordonnance datant de moins de trois ans, ou de moins d’un an pour
les patients âgés de moins de 16 ans.
Les orthoptistes autorisés à réaliser des bilans visuels
Un orthoptiste qui exerce dans un cabinet avec un ophtalmologiste
peut désormais réaliser le bilan visuel d’un patient. Il interviendra sur
la préparation de l’examen médical et l’ophtalmologiste ne se
chargera plus que de la prescription. Cette mesure vise
principalement à réduire le temps d’attente pour obtenir un rendez-
Janvier 2017 – N° 568 –
6
vous, qui peut aller jusqu’à plusieurs mois. Les orthoptistes sont
également autorisés, depuis décembre 2016, à dispenser des
séances d’apprentissage à la manipulation et à la pose de lentilles de
contact.
Les pharmaciens pourront vacciner contre la grippe
Depuis fin 2016, les pharmaciens sont autorisés à vacciner les
adultes contre la grippe saisonnière, à titre expérimental et pour une
durée de trois ans. L’objectif est d’améliorer le taux de couverture
vaccinale, puisqu’en 2015 moins d’une personne à risque sur deux
s’était fait vacciner. Cette mesure, prévue dans le projet de loi de
financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017, ne sera
toutefois pas effective avant la campagne de vaccination 2017-2018.
Un décret d’application doit en effet être publié afin de définir les
conditions de cette vaccination, concernant notamment la formation
des pharmaciens, le rôle du médecin traitant et les conditions
d'accueil et d'hygiène.
Léa Vandeputte
Janvier 2017 – N° 568 –
7
SYSTÈME DE SOINS
Calibrage
Texte principal : 4 115 signes
Encadré : 743
Don d’organes : ce qui a changé
au 1er janvier 2017
3 visuels :
02_DonOrganes
Janvier2017
Ceux qui s’opposent au don de leurs organes en cas de décès
peuvent désormais s’inscrire sur le registre national des refus
via Internet. Une mesure introduite par la loi de modernisation
de notre système de santé, qui réaffirme en outre le principe
de consentement présumé et qui clarifie le rôle des proches.
Depuis le début de l’année, les personnes qui refusent de donner leurs
organes peuvent s’inscrire en ligne dans le registre national des refus
(Registrenationaldesrefus.fr), et non plus seulement par courrier postal
comme c’était le cas jusque-là. « Depuis la loi Cavaillet de 1976, c’est le
principe du consentement présumé qui prévaut en matière de don
d’organes : chaque Français est un donneur présumé à moins qu’il ne
s’y oppose clairement », rappelle le professeur Olivier Bastien, directeur
du prélèvement et de la greffe pour l’Agence de la biomédecine. Ce
principe de consentement présumé vient d’être réaffirmé par la loi de
modernisation de notre système de santé entrée en application au
1er janvier.
Pour exprimer un refus de prélèvement, il existe deux autres
solutions (précisées par un décret d’août 2016). La première est de
rédiger un écrit d’opposition et de le confier à un proche, celui-ci
ayant ensuite la responsabilité de le transmettre à l’équipe médicale
au moment du décès. La seconde possibilité est de faire part de son
refus de vive voix à un membre de son entourage. Cette personne
devra alors retranscrire par écrit les circonstances précises de
l’expression du refus, puis signer cette retranscription avant de la
remettre à l’équipe médicale.
Les trois démarches – inscription sur le registre des refus, opposition
par écrit ou refus par oral – permettent également de ne s’opposer au
prélèvement que pour certains organes ou tissus.
Faire respecter sa volonté
« Les circonstances de décès ouvrant la possibilité d’un don d’organes
sont, dans la grande majorité des cas, des situations brutales et
inattendues (accidents vasculaires cérébraux, accidents de la route…),
explique l’Agence de la biomédecine. Pour faire respecter sa volonté
– et pour être sûr de respecter celle des autres –, il est donc essentiel
Janvier 2017 – N° 568 –
8
d’en avoir parlé à ses proches. » Précisons aussi que la carte de
donneur, celle qui certifie que vous êtes d’accord pour donner vos
organes à votre mort, n’a pas de valeur légale. Téléchargeable sur le
site France-adot.org, elle est surtout destinée à orienter la décision des
proches, mais elle est rarement retrouvée en cas de décès. Si le défunt
n’est pas inscrit sur le registre des refus, c’est donc vers l’entourage que
les équipes médicales se tournent pour s’assurer de son éventuelle
opposition écrite ou orale. Faire la démarche de s’inscrire sur le registre
des refus, c’est « éviter à ses proches de vivre une situation
douloureuse qui viendrait s’ajouter au deuil », ajoute l’agence.
Favoriser le dialogue avec les proches
Par ailleurs, de nouvelles règles de bonne pratique ont été élaborées
à l’intention des professionnels de santé, pour les aider à dialoguer
avec les proches dans le cadre d’un décès permettant d’envisager un
prélèvement d’organes. Fruit d’une concertation entre l’Agence de la
biomédecine et l’ensemble des parties prenantes (sociétés savantes,
coordinations hospitalières, associations, etc.), elles stipulent que les
services doivent disposer de locaux spécifiques pour l’entretien, mais
aussi « respecter la temporalité de la famille, ne pas la bousculer, lui
donner la possibilité de téléphoner à d’autres proches pour recueillir
leur avis et d’être suivie si nécessaire après la restitution du corps »,
précise le professeur Bastien.
Autant de mesures dont l’objectif est d’encourager le dialogue autour du
don d’organes. Clarifier les modalités du refus, c’est aussi permettre au
grand public de prendre le temps de réfléchir à la question. Sur son site
Internet, l’agence souligne que les besoins de greffes demeurent
importants. En 2015, 21 464 patients étaient encore inscrits sur liste
d’attente.
Delphine Delarue
Encadré
Le don d’organes en France
L’accès à la greffe progresse rapidement en France : en vingt ans, il
a quasiment doublé. En 2015, le nombre de greffes d’organes a
augmenté de 7 % par rapport à l’année précédente. Au total, 5 746
organes ont été greffés, dont 3 486 reins, 1 355 foies, 471 cœurs,
345 poumons et 78 pancréas. Les médecins peuvent également
greffer des tissus tels que des os, des artères, des valves cardiaques,
des veines, des tendons ou des ligaments. Les yeux ne sont quant à
eux jamais prélevés, seule l’est la fine membrane de surface, la
cornée. Cette dernière représente à elle seule 96 % des
prélèvements de tissus (4 048 greffes en 2015). Enfin, 54 659
personnes étaient, toujours en 2015, porteuses d’un greffon
fonctionnel.
Janvier 2017 – N° 568 –
9
SYSTÈME DE SOINS
(brèves)
Calibrage : 1 324 signes
031_QualiteSoinsHopital
Qualité des soins à l’hôpital : un Français sur deux estime
être mal informé
D’après un sondage Odoxa commandé par Ramsay générale de santé,
un groupe d’hospitalisation privée, la qualité des soins est le premier
critère cité par les patients hospitalisés (85 %) et par l’ensemble des
Français (83 %) lorsqu’il s’agit de choisir un établissement hospitalier.
La localisation arrive en deuxième position (35 % des personnes
sondées), suivie par la réputation de l’établissement (30 %), la
préconisation du médecin traitant (26 %), puis le confort (8 %), avec des
chiffres équivalents pour les patients et pour l’ensemble des Français. Si
la qualité des soins dispensés par un hôpital prime, près d’un Français
sur deux (45 %) estime cependant être mal informé à ce propos. C’est la
raison pour laquelle 81 % des personnes interrogées souhaiteraient que
soit établi un classement officiel des hôpitaux fondé sur ce critère. La
plateforme Scope Santé, mise en place par la Haute Autorité de santé
(HAS) en 2016, permet justement à ceux qui ont séjourné dans un
hôpital d’évaluer leur prise en charge en prenant comme critères
l’accueil, la prise en charge, la chambre et le repas, ainsi que
l’organisation de la sortie. Chaque année, en novembre, les notations
des établissements sont mises à jour et publiées sur Scopesante.fr.
Calibrage : 1 464 signes
032_DonneesSante
Données de santé : les conditions d’accès définies pour les
chercheurs
Pour favoriser la recherche et « améliorer les politiques publiques en
santé », le gouvernement a précisé, par décrets, les conditions d’accès
au Système national des données de santé (SNDS), confié à
l’Assurance maladie. Celui-ci rassemblera, dès le mois d’avril, des
masses d’informations personnelles sur les soins, tout en garantissant
l’anonymat des patients, par l’attribution de pseudonymes notamment.
Les chercheurs auront ainsi accès à un nombre colossal de données
fournies à la fois par le Système national d’information interrégimes de
l’Assurance maladie (Sniiram) et le Programme de médicalisation des
systèmes d’information des hôpitaux (PMSI), soit 1,2 milliard de feuilles
de soins, 500 millions d’actes médicaux et 11 millions d’hospitalisations
par an. Les organismes « bénéficiant d’accès permanents » à ce SNDS
du fait « de leurs missions de service public » sont l’Agence nationale de
la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la Haute
Autorité de santé (HAS), mais aussi les agences régionales de santé
(ARS), le service de statistiques du ministère de la Santé ou encore les
chercheurs des centres hospitaliers universitaires (CHU) ou de l’Institut
national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les autres
Janvier 2017 – N° 568 –
10
demandes d’accès seront soumises à l’obtention d’une autorisation de
la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Calibrage : 795 signes
033_Allergologie
L’allergologie devient une spécialité médicale à part entière
Les allergologues voient enfin leur souhait exaucé : dès la rentrée
2017, les étudiants en médecine (trente par promotion) pourront
choisir comme spécialité l’allergologie, qui fera désormais partie de la
liste des disciplines médicales reconnues, au même titre que la
cardiologie, la gynécologie ou la neurologie par exemple. Jusqu’alors,
il fallait passer un diplôme universitaire d’allergologie, qui était validé
en fin d’études et venait en complément d’une autre spécialité
comme la pédiatrie ou la nutrition. Cette mesure, que les
allergologues demandaient de longue date, permettra une formation
plus adéquate face à la complexité de ces maladies dont le nombre
ne cesse de croître. Elle améliorera également l’accès aux soins.
Calibrage : 1 131 signes
034_DepensesSante
Les dépenses des complémentaires santé en hausse en 2017
Le montant des prestations pris en charge par les complémentaires
devrait augmenter de 2,6 % en 2017, estime la Mutualité française
dans la nouvelle édition de son dépliant « Les dépenses d’assurance
santé ». Ce surcoût proviendrait de la prise en compte des mesures
introduites dans la nouvelle convention médicale et du plan
d’économies pour atteindre l’objectif national des dépenses
d'assurance maladie (Ondam). La Mutualité ajoute que, en se basant
sur l’augmentation de 0,7 % de la population couverte, « les
prestations par personne protégée prises en charge par l’assurance
maladie complémentaire devraient augmenter de 1,9 % en 2017 ».
En 2015, la dépense de soins et biens médicaux était évaluée à
194,6 milliards d’euros, soit une moyenne d’environ 2 930 euros par
habitant. Cette année-là, le financement par les complémentaires
santé s’élevait à 26 milliards d’euros, en augmentation de 11 %
depuis 2010. Entre 2005 et 2015, la part financée par la Sécurité
sociale avait ainsi baissé de 0,5 point alors que celle des
complémentaires avait augmenté de 0,5 point.
Calibrage : 1 099 signes
035_CongeProcheAidant
Congé de proche aidant : un nouveau droit pour les salariés
Depuis le 1 er janvier 2017, les salariés peuvent bénéficier du congé
de proche aidant. Remplaçant le congé de soutien familial, il permet
de suspendre ou de réduire son activité professionnelle pour
accompagner un proche. Il est ouvert au salarié justifiant d'une
Janvier 2017 – N° 568 –
11
ancienneté minimale d'un an dans l'entreprise et résidant ou
entretenant des liens étroits et stables avec une personne
handicapée ou en perte d’autonomie, sans être forcement lié avec
elle par un lien de parenté. Bien que non rémunéré, il garantit le
maintien de l’emploi du salarié. Sa durée globale cumulée,
renouvellements compris, est fixée à un an maximum pour l'ensemble
de la carrière professionnelle. Le congé peut être fractionné, la durée
minimale de chaque période étant fixée à une journée. Il peut
également être transformé en période de travail à temps partiel, sous
réserve de l'accord de l'employeur. La demande de congé doit être
formulée au moins un mois à l'avance. Ce délai est réduit à quinze
jours en cas d'urgence ou pour une demande de renouvellement.
Janvier 2017 – N° 568 –
12
MÉDECINE
Calibrage
Texte principal : 5 275 signes
Encadré: 1 470 signes
Accident ischémique transitoire :
reconnaître l’urgence
L’accident ischémique transitoire (AIT) est une pathologie peu
connue et dont les symptômes sont largement sous-estimés.
C’est pourtant un signe d’alerte à ne pas négliger, car il peut
annoncer un accident vasculaire cérébral (AVC).
5 visuels :
04_AccidentIschemique
Transitoire
L’accident ischémique transitoire (AIT) est à prendre au sérieux :
30 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont en effet
précédés, quelques heures ou quelques jours plus tôt, par un AIT.
Une prise en charge dédiée et réalisée en urgence permet une
réduction de 50 à 80 % du risque d’AVC après un AIT.
Caractère passager
Alors que tout le monde connaît les manifestations de l’accident
vasculaire cérébral, beaucoup ignorent en revanche ce qu’est un AIT.
La plupart des AVC (80 %) sont ischémiques, c’est-à-dire causés par
l’obstruction d’un vaisseau. La présence d’un caillot dans l’une des
artères cérébrales, qui provoque l’interruption de la circulation du sang,
est le plus souvent à l’origine de l’AIT comme de l’AVC ischémique.
Mais dans le premier cas, ce défaut d’irrigation, qui entraîne une perte
de fonction cérébrale, est de courte durée (de quelques minutes à moins
d’une heure) et ne laisse généralement pas de séquelle. « Les
symptômes de l’AIT sont transitoires, mais ce sont les mêmes que ceux
d’un AVC », indique Nathalie Nasr, maître de conférences, praticien
hospitalier de neurologie et responsable de la clinique AIT et AVC
mineurs au CHU de Toulouse. Cette spécialiste de la neurologie
vasculaire engage à consulter sans attendre toute personne ressentant,
même de manière très brève, « une paralysie d’un bras ou d’une jambe,
d’une partie du visage, un trouble de la parole, une instabilité, une
amputation du champ de vision, une perte de la sensibilité ». La
praticienne met en garde ceux qui négligeraient ces signes en raison de
leur caractère passager, car l’AVC, lorsqu’il survient après un AIT, peut
se déclencher dans les heures qui suivent. « Dès que l’on soupçonne un
AIT, il faut donc alerter son médecin ou se rendre tout de suite aux
urgences, conseille-t-elle, surtout ne pas attendre en se disant que ce
n’est pas si grave puisque les symptômes sont passés. »
Janvier 2017 – N° 568 –
13
« Une occasion en or » de prévenir l’AVC
« La moitié du risque d’AVC à trois mois après un AIT est concentrée
dans les premières quarante-huit heures, prévient-elle, d’où l’intérêt
de faire le plus rapidement possible les examens nécessaires au
diagnostic (évaluation neurologique par interrogatoire et examen
clinique, imagerie cérébrale des artères du cou et du cerveau, prise
de sang, électrocardiogramme et, selon les cas, échographie
cardiaque). » Actuellement, en France, seuls deux établissements,
l’hôpital Bichat, à Paris, et le CHU de Toulouse, disposent d’un
service spécialement dédié à la prise en charge de l’AIT. « Le patient
qui se présente à la clinique des AIT de Toulouse est immédiatement
reçu. Tout ce qui se faisait en trois jours est ici contracté en quelques
heures », explique la spécialiste, qui ajoute : « Pour fluidifier la filière
et éviter tout retard dans l’accès des patients à notre service, nous
avons formé les infirmiers du service d’accueil et d’orientation des
urgences à reconnaître un AIT. Ils réorientent ainsi le patient, sans
délai, vers la clinique des AIT. » Nathalie Nasr précise que « cette
prise en charge ambulatoire est adaptée au profil actuel des AVC
dans les pays d’Europe occidentale, où 65 % des nouveaux accidents
cérébrovasculaires ischémiques sont des AIT (30 %) ou des AVC
mineurs (35 %), c’est-à-dire des AVC responsables d’un déficit léger
(discrète asymétrie faciale ou diminution de la sensibilité d’un bras ou
d’une jambe par exemple) ». Les cliniques AIT de Paris et de
Toulouse affichent d’ailleurs d’excellents résultats : « La réduction du
risque d’AVC précoce après un AIT est ici de l’ordre de 50 à 80 %* »,
souligne le docteur Nasr, déplorant qu’il n’y ait « pas encore
suffisamment de cliniques des AIT en France ».
Eviter les récidives
« Une fois le patient évalué, son risque précoce d’AVC est stoppé,
poursuit-elle. Parmi les malades que nous accueillons, 70 à 75 %
quittent l’hôpital avec un traitement adapté à la suite de leur
évaluation et 25 à 30 % restent à l’hôpital parce qu’ils ont un risque
significatif d’AVC précoce. » Comme pour l’AVC, le traitement de
l’AIT consiste à empêcher l’agrégation des plaquettes par
l’administration d’antithrombotiques. Pour certains patients, la cause
de l’AIT est une sténose de la carotide. Il faudra alors la faire opérer
en urgence pour éviter la récidive.
Concernant le dépistage et la mise en place rapide du traitement de
l’AIT, l’enjeu est énorme : « Au-delà des économies réalisées pour
la santé publique, le véritable gain, c’est le nombre d’années de vie
sans handicap », rappelle le docteur Nasr. En France, ce sont
150 000 personnes qui sont touchées chaque année par un AVC,
avec des conséquences parfois très lourdes. « Il y a eu une grande
campagne de prévention de l’AVC, mais on parle encore trop peu de
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l’AIT », regrette la spécialiste, qui insiste sur la nécessité de
sensibiliser le grand public, mais aussi les médecins généralistes.
Isabelle Coston
* Résultat fourni par le docteur Lavallée, responsable de la clinique des AIT à
l’hôpital Bichat, à Paris.
Les conséquences psychologiques de l’AIT
Une étude allemande, parue en 2014 dans la revue spécialisée
Stroke, a montré que, chez les personnes étudiées, qui avaient
connu un accident cérébral ischémique transitoire (AIT) trois mois
auparavant, les scores d’anxiété et de dépression étaient plus élevés
que la moyenne, tandis que la qualité de vie physique et mentale était
dégradée. Les chercheurs ont aussi mis en lumière une conséquence
inattendue des AIT : près de 30 % des patients étaient dans un état
de stress post-traumatique. Ce syndrome correspond à la persistance
(plus de trente jours après un événement impliquant une mort, des
blessures graves ou une agression sexuelle) d’un ensemble de
symptômes tels que des pensées dites intrusives, des
comportements persistants d’évitement des stimulations rappelant
l’événement initial, une altération de l’humeur et de la cognition, et
plus généralement une hypervigilance. On a noté également chez
ces patients une tendance à moins bien suivre leur traitement. « Ces
données incitent à se préoccuper de telles conséquences, commente
le docteur Nathalie Nasr, neurologue au CHU de Toulouse, car le
stress post-traumatique est associé à un évitement de tout ce qui fait
repenser à l’AIT, avec notamment la non-prise des médicaments et le
fait de ne pas se rendre aux rendez-vous médicaux de suivi. Cela fait
perdre à ces patients le bénéfice de la réduction de risque qui est
associée à la prise en charge de l’AIT. »
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PRÉVENTION
Calibrage
Texte principal : 5 742 signes
Grossesse et alcool : des risques bien réels
Une femme enceinte peut-elle s’autoriser un verre de temps
en temps ? Beaucoup de Français pensent que oui, malgré les
mises en garde de la part des professionnels de santé. Même
si l’on n’a pas de certitude absolue quant aux risques pour le
fœtus d’une consommation modérée et exceptionnelle, la
consigne est de ne pas boire une seule goutte d’alcool
pendant la grossesse.
4 visuels :
05_GrossesseAlcool
Les futures mamans doivent en avoir conscience : une consommation
d’alcool, même modérée, peut avoir de graves répercussions sur la
santé de l’enfant à naître, car l’alcool traverse la barrière placentaire.
Un seul verre peut ainsi entraîner un fort taux d’alcoolisation du
fœtus, en raison du faible poids de ce dernier et de l’immaturité de
son foie et de ses reins, qui ne peuvent éliminer l’alcool.
Appliquer le principe de précaution
Toutes les étapes de la grossesse sont critiques, c’est pourquoi
l’Académie de médecine recommande le sevrage total pendant
celle-ci – et même, si possible, avant la conception. « On ne peut
pas dire que consommer un peu d’alcool est sans danger au premier,
second ou troisième trimestre : quelle que soit la période, le principe
général est zéro alcool », confirme Isabelle Derrendinger, conseillère
au Conseil national de l’ordre des sages-femmes et directrice de
l’école de sages-femmes de Nantes, avant de préciser : « Il y a une
totale iniquité concernant l’alcool chez la femme enceinte : les
risques sont réels, mais inconstants. »
La première cause de handicap mental non génétique
Comme l’on peut s’y attendre, ce sont les consommations d’alcool
importantes et régulières qui sont à l’origine des problèmes les plus
graves, à savoir le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Selon
l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES),
« la prévalence du SAF dans le monde occidental est estimée entre
0,5 et 3 pour mille naissances vivantes ». D’après une étude de
l’Inserm datant de 2001, 700 à 3 000 enfants seraient concernés sur
les 800 000 naissances survenant chaque année en France, des
chiffres confirmés par l’INPES.
« Les enfants touchés par le syndrome d’alcoolisation fœtale présentent
des retards de croissance, leurs poids et taille de naissance sont
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inférieurs à la moyenne », explique Isabelle Derrendinger. Cette
exposition du fœtus à l’alcool peut entraîner, plus tard, des anomalies
physiques, cognitives et comportementales. Les enfants atteints du SAF
possèdent ainsi certaines caractéristiques physiques, comme une lèvre
supérieure plus fine, un espace entre les paupières plus étroit, un sillon
nasolabial lisse ou aplati. L’alcoolisation de la mère pendant la
grossesse peut aussi avoir pour conséquences des atteintes du
système nerveux, avec à la clé des problèmes neurologiques, une
déficience mentale, des difficultés d’apprentissage, des troubles de la
mémoire ou du comportement, qui se manifesteront au fur et à mesure
que l’enfant grandira. « En France, comme dans d’autres pays
occidentaux, la consommation d’alcool pendant la grossesse est la
première cause de handicap mental d’origine non génétique chez
l’enfant », souligne l’INPES.
Un diagnostic difficile à établir
« Il est cependant très complexe d’établir le diagnostic de SAF, car ce
n’est pas parce qu’un enfant présente l’un de ces troubles que l’on peut
en conclure que sa mère a ingéré de l’alcool pendant la grossesse,
nuance Isabelle Derrendinger. Les impacts d’une consommation
d’alcool sont divers et plus ou moins marqués, et peuvent se manifester
longtemps après la naissance. » Ainsi, l’échec scolaire, des problèmes
psychologiques ou un comportement social inadapté seront peut-être
liés à l’alcoolisation de la mère au cours de la grossesse. Des
consommations même ponctuelles peuvent aussi augmenter le risque
de faire une fausse couche, d’accoucher prématurément, d’avoir un
bébé de faible poids ou un enfant présentant un retard d’acquisition du
langage.
Responsabiliser sans culpabiliser
« Il faut une communication responsable, mais qui ne soit pas pour
autant alarmiste, déclare Isabelle Derrendinger. Nous recommandons
de poser systématiquement la question aux femmes enceintes, mais
aussi à celles qui ne le sont pas. Il faut parler de la consommation
d’alcool chez la femme en âge de procréer avec ou sans désir de
grossesse, notamment chez les adolescentes, qui présentent souvent
des comportements à risque. » Afin de vérifier « s’il y a eu ou non
consommation d’alcool », la sage-femme préconise aux professionnels
de santé qui suivent la femme enceinte d’aborder le sujet « à n’importe
quel stade de la grossesse ». Pour lever les inquiétudes, les
échographies feront l’objet d’une attention particulière en cas de prise
d’alcool, même si celle-ci a été exceptionnelle, à l’occasion d’une fête ou
d’un anniversaire par exemple.
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Des messages de prévention efficaces
Isabelle Derrendinger salue les effets positifs de la campagne
d’information « Zéro alcool pendant la grossesse », menée en 2006, qui
a permis « une modification de l’attitude générale en France ». D’après
une étude de l’INPES réalisée auprès de 200 femmes enceintes, en
2004, 29 % avaient déclaré avoir bu de l’alcool pendant leur grossesse
(moins de deux verres par jour) ; en 2006, elles n’étaient plus que 13 %.
Isabelle Derrendinger met aussi en exergue le problème de
l’alcoolisation familiale, « qui a un retentissement sur le développement
de l’enfant », et dénonce certains préjugés : « Il faut briser la
représentation que l’on peut avoir de l’alcoolisation, car cela ne se
produit pas que dans les familles socialement défavorisées ; le
problème existe dans tous les univers sociaux, même chez les cadres
supérieurs. »
Catherine Chausseray
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FORME – BIEN-ÊTRE – PSYCHO
Calibrage
Texte principal : 4 583 signes
Encadré 1 : 1 263
Encadré 2 : 1 253
Ecrans : comment protéger les jeunes enfants
4 visuels :
06_PediatresUsage
Ecrans
Le temps passé devant la télévision ou sur les tablettes et les
smartphones ne cesse d’augmenter, et les enfants y sont
exposés de plus en plus tôt. Or on sait désormais que
l’utilisation inadaptée des écrans a des conséquences négatives
sur le développement des plus jeunes. Pour donner des repères
aux parents, l’Association française de pédiatrie ambulatoire
(Afpa) a récemment émis de nouvelles recommandations.
En France, près d’un enfant de moins de 3 ans sur deux utilise
régulièrement des écrans interactifs et 35 % regardent des programmes
télévisés non appropriés à leur âge (notamment les informations pour 61
% d’entre eux). C’est ce que nous apprend une étude récente menée
par l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) auprès de
144 familles. Or les spécialistes sont aujourd’hui d’accord pour dire
qu’une utilisation excessive et non adaptée de ces supports peut avoir
des conséquences négatives sur le développement et le bien-être des
plus jeunes. « Les enfants d’âge scolaire exposés à plus de trois heures
de télévision par jour présentent davantage de troubles de l’attention et
de la concentration, ainsi que des retards dans l’acquisition du langage,
constate le docteur François-Marie Caron, pédiatre à Amiens et
spécialiste des écrans pour l’Afpa. Ce sont aussi des enfants chez qui la
créativité et l’imagination sont souvent altérées. » Les programmes
diffusés, la succession très rapide des images et la publicité incessante
provoquent chez les plus jeunes (et en particulier chez les moins de 3
ans) une forte charge émotionnelle ainsi qu’un état d’insécurité et de
sidération. Plusieurs études prouvent en outre que, même si l’enfant ne
la regarde pas, la télévision allumée en continu crée une tension qui nuit
à ses apprentissages fondamentaux.
Des conséquences sur le sommeil
Les écrans peuvent aussi affecter le sommeil : contrairement aux
idées reçues, regarder la télé avant d’aller se coucher ne calme pas
les enfants, bien au contraire. Cette pratique a plutôt tendance à les
exciter et à retarder leur endormissement. A cela s’ajoute, chez les
plus âgés, l’impact des écrans nomades utilisés jusque tard dans la
nuit. La lumière bleue qu’ils diffusent leurre le cerveau : celui-ci se
croit en plein jour et la sécrétion de mélatonine, l’hormone du
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sommeil, diminue. Sans parler des conséquences soupçonnées sur
la vision : selon certains, les écrans pourraient être en partie
responsables de l’épidémie de myopie qui touche actuellement près
de huit jeunes sur dix en Asie et presque un sur deux en Europe.
Pour donner des repères aux parents, l’Afpa a émis des
recommandations qui rejoignent celles de l’Académie américaine de
pédiatrie publiées en octobre dans la revue Pediatrics. Qu’ils soient
français ou américains, les pédiatres insistent sur les besoins
relationnels de l’enfant et sur le rôle d’accompagnateur des parents.
« Avant 3 ans, un tout-petit a surtout besoin d’échanger et d’interagir
avec son environnement, explique le docteur Caron. Il construit ses
repères spatiaux et temporels et a besoin de vivre en 3D, de toucher,
de mettre à la bouche, de secouer, de jeter. On conseille donc
d’éteindre la télé et de privilégier les livres et les jeux traditionnels. »
De son côté, l’Académie américaine de pédiatrie préconise de ne pas
dépasser une heure d’écran par jour entre 2 et 5 ans. Enfin, l’enfant
peut être initié à la tablette dès 2 ans et demi s’il est vraiment
demandeur.
Privilégier le dialogue
Après 3 ans et jusqu’à 6 ans environ, l’enfant a besoin d’explorer toutes
ses capacités manuelles et sensorielles (sa motricité, son langage, son
graphisme, sa créativité, etc.). Il cherche à comprendre le monde qui
l’entoure et sa démarche mérite d’être encouragée. « L’utilisation des
tablettes ne doit donc pas monopoliser son attention », précise l’Afpa.
Les applications éducatives et ludiques (qui ont aussi leur intérêt)
peuvent être intégrées dans l’apprentissage, mais toujours sur des
périodes courtes, en présence d’un adulte ou d’un aîné, et sans
remplacer les jouets traditionnels.
Les pédiatres recommandent aussi de ne jamais installer de poste de
télévision dans la chambre des enfants et d’établir des règles claires
sur le temps de visionnage, en veillant à respecter les âges indiqués
pour les programmes. N’hésitez pas à parler en famille de ce qui a
été vu et ressenti par les jeunes téléspectateurs. Et dans tous les
cas, quel que soit l’âge de votre enfant, tous les écrans doivent être
éteints au moins une heure avant le coucher.
Aliisa Waltari
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Encadré 1
Et Internet ?
L’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) conseille aux
parents d’accompagner leurs enfants dans la découverte d’Internet
dès l’âge de 9 ans, l’idée étant notamment de les mettre en garde
contre les risques d’exposition de la vie privée. Vous pouvez par
exemple expliquer que tout ce qui est posté sur le Web y reste et
peut être vu de tous. Vos enfants doivent aussi savoir que les
informations diffusées ne reflètent pas toujours la réalité. Dès que
votre pré-ado commence à surfer, vers 10 ou 11 ans, veillez
également à lui parler des sujets sensibles comme le téléchargement
illégal ou la pornographie. Quant aux réseaux sociaux, les
spécialistes recommandent de les proscrire totalement avant l’âge de
12 ans : « Ils représentent certes un nouvel espace d’expérimentation
sociale et assouvissent le besoin de divertissement et de
communication des jeunes adolescents, mais ils peuvent aussi,
paradoxalement, engendrer un sentiment de solitude, une baisse de
l’estime de soi et surtout des risques de harcèlement », explique le
docteur François-Marie Caron, pédiatre à Amiens et membre de
l’Afpa. Discuter avec l’adolescent de ce qu’il fait sur le Net est donc
essentiel, sachant que l’espionner n’est pas forcément une bonne
idée.
Encadré 2
Jeux vidéo et risques de dépendance
Très répandue chez les jeunes et en particulier chez les garçons, la
console de jeux doit rester un support occasionnel. Certains jeux de
stratégie peuvent favoriser les « capacités de concentration,
d’innovation, de décision rapide, de résolution collective des
problèmes et des tâches chez l’enfant à condition qu’il soit bien
accompagné », indique l’Association française de pédiatrie
ambulatoire (Afpa). Le temps passé à jouer doit être fixé à l’avance et
les logiciels doivent être adaptés (vérifiez bien les âges minimums
indiqués sur les boîtes de jeux). Avant 6 ans, l’enfant « ne doit pas
disposer de console personnelle, au risque de présenter un
comportement vite stéréotypé, compulsif et répétitif ». Et lorsqu’il
commence à découvrir les jeux en réseau, entre 9 et 12 ans, « il est
primordial de mettre en place une communication familiale sur leur
contenu et sur l’interaction avec les autres joueurs ».
L’Afpa recommande enfin aux parents de rester vigilants quant au
mésusage (par exemple des séances de jeux de plusieurs heures,
la nuit), car ces pratiques peuvent révéler une dépression sousjacente. La chute des résultats scolaires constitue toujours un
système d’alerte particulièrement efficace.
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SANTÉ (brèves)
Calibrage : 999 signes
071_RisquesCardiovasculaires
Les Français ne prennent pas suffisamment soin de leur cœur
Une majorité de Français (65 %) considèrent le cœur comme l’organe le
plus important du corps, d’après une enquête Ifop pour l’Observatoire du
cœur des Français, mis en place par la Fédération française de
cardiologie (FFC). Pourtant, ils sont beaucoup moins nombreux à avoir
une bonne hygiène de vie. Le professeur Claire Mounier-Vehier,
présidente de la FFC, constate en effet « un décalage important entre
une connaissance globale des habitudes à prendre pour protéger son
cœur et une réelle difficulté à les mettre en pratique au quotidien ».
Activité physique, tabac, alimentation…, il y a encore beaucoup de
progrès à réaliser pour faire reculer les maladies cardiovasculaires, car
même si les Français sont informés sur ce sujet, ils en sous-estiment
l’ampleur et la gravité. Les trois quarts (77 %) pensent qu’elles
provoquent moins de 200 décès par jour en France, alors qu’elles en
entraînent le double, soit 150 000 décès par an.
Calibrage : 1 053 signes
072_PrescriptionSport
MaladesALD
073_AmpoulesLED
Risques
Du sport sur ordonnance pour les affections de longue durée
A partir du 1er mars 2017, le médecin traitant pourra « prescrire une
activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au
risque médical » aux personnes atteintes d’une affection de longue
durée (ALD). Cette mesure, qui concerne potentiellement 10 millions de
patients en France, a pour objectif de réduire les facteurs de risque dus
à la maladie. Les séances de sport adaptées seront essentiellement
dispensées par les masseurs-kinésithérapeutes, les ergothérapeutes,
les psychomotriciens, mais aussi par les différents acteurs du monde
sportif titulaires d’un diplôme universitaire (master 1 ou 2) orienté APA-S
(Activité physique adaptée et santé), d’un brevet d’Etat (BE) ou d’un
brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
(BPJEPS). Malheureusement, le décret publié le 31 décembre, qui
précise l’ensemble des conditions pratiques d’accompagnement du
patient, ne fait pas mention d’une quelconque prise en charge par
l’Assurance maladie.
Calibrage : 1 138 signes
Les ampoules LED dangereuses pour la vue ?
Les ampoules LED sont soupçonnées d’être dangereuses pour la vision.
Une équipe de scientifiques de l’Institut national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm) a prouvé que, chez le rat, certaines de
leurs longueurs d'onde, et notamment celles correspondant à la lumière
bleue, étaient néfastes pour la rétine. « Grâce à nos observations, nous
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avons montré que la lumière émise par les LED engendre deux
phénomènes toxiques parallèles : l'apoptose (la mort cellulaire, NDLR),
mais également […] la nécrose. Or, en se nécrosant, une cellule
endommage ses voisines. Cela explique pourquoi la toxicité de la
lumière bleue est plus élevée que celle des autres longueurs d'onde »,
précise la chercheuse Alicia Torriglia. Même si les observations faites
chez le rat ne permettent pas de tirer directement de conclusion pour
l'homme, la question du risque sanitaire lié aux LED se pose donc. « On
peut se demander si nos ampoules domestiques ne favorisent pas
l’épuisement précoce de notre vue, et ainsi l'évolution vers la
dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) », conclut la chercheuse.
Calibrage : 861 signes
074_UltrasonsTumeursSein
Tumeur bénigne du sein : le traitement par ultrasons autorisé
La Haute Autorité de santé (HAS) a autorisé, mi-décembre, le traitement
par ultrasons des tumeurs bénignes du sein. Les ultrasons à haute
fréquence détruisent la tumeur en la brûlant, grâce à un appareil
d’échothérapie, avec une précision au millimètre. Cette technique
promet d'être aussi efficace que la chirurgie, tout en étant moins
invasive. Dans un premier temps, elle ne sera disponible que dans
douze hôpitaux en France et seules 300 patientes pourront bénéficier du
remboursement intégral du traitement qui coûte 1 300 euros. Ces
patientes seront suivies pendant dix-huit mois. Si cette première phase
se révèle concluante, la technique pourra être généralisée. En France,
chaque année, 60 000 tumeurs bénignes du sein sont détectées, dont
10 000 font l’objet d’une intervention chirurgicale.
Calibrage : 1 126 signes
075_EmploiDiabetes
Pétition : les diabétiques doivent pouvoir choisir leur métier
La Fédération française des diabétiques (FFD) et l’Aide aux jeunes
diabétiques (AJD) ont mis en ligne, sur Jefaisunvoeu.fr, une pétition
pour en finir avec la discrimination professionnelle dont sont victimes les
diabétiques. Aujourd’hui, il leur est interdit d’entrer à l’école des Mines
ou de devenir marin, policier, pilote, hôtesse de l’air ou encore pompier.
Une situation injuste selon les associations, qui rappellent que les textes
réglementant l’accès à ces professions datent de plusieurs décennies et
ne correspondent pas à la prise en charge actuelle des malades. Avec
cette pétition, la FFD et l’AJD sollicitent les candidats à l’élection
présidentielle et les encouragent à « actualiser de façon urgente la
réglementation inutilement discriminante […] ; à imposer un nouveau
cadre d’évaluation […] ; à créer un groupe interministériel qui réévalue
au moins une fois par an, au regard des évolutions technologiques et
médicamenteuses, la liste des professions interdites aux personnes
diabétiques ; et à inscrire ces engagements dans leur programme ».
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VIE PRATIQUE – EMPLOI
Calibrage
Texte principal : 4 223 signes
Le portage salarial :
une forme d’emploi atypique
3 visuels :
08_PortageSalarial
A mi-chemin entre le travail en indépendant et le salariat, le
portage salarial noue une relation entre trois acteurs : un
collaborateur « porté » signe un contrat de travail avec une
société de portage salarial et effectue une prestation pour le
compte d'une entreprise cliente.
Créé il y a une vingtaine d’années, le portage salarial concerne
aujourd’hui 50 000 travailleurs. Il offre les avantages du salariat, tout en
permettant la liberté d’entreprendre. Le Code du travail définit cette
forme d’emploi comme « un ensemble de relations contractuelles
organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des
entreprises clientes, comportant pour la personne portée le régime du
salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par l'entreprise
de portage ». Ce mode de fonctionnement atypique connaît un certain
succès. Le chiffre d’affaires du secteur a en effet affiché une croissance
de 42 % entre 2012 et 2015, pour atteindre environ 550 millions d’euros.
En 2015, plus de 250 entreprises de portage salarial étaient recensées.
Selon la Fédération des entreprises de portage salarial (Feps), ce
dispositif peut être utilisé dans plus de 750 métiers. Les « portés »
interviennent dans divers domaines comme les prestations
intellectuelles (consultant en recrutement ou développeur Web, par
exemple), commerciales (courtier en travaux, apporteur d’affaires…) ou
artisanales (écrivain public, paysagiste...). Il est toutefois interdit
d'effectuer en portage salarial des missions de service à la personne,
comme la garde d'enfant ou les travaux ménagers.
Une relation tripartite
Concrètement, et quel que soit le secteur professionnel, le futur porté
signe avec une société de portage une convention qui fixe les
modalités de son activité. Il prospecte ensuite sa clientèle et négocie
lui-même les termes de son intervention (objet, conditions
financières, calendrier…). Une fois cette négociation achevée, deux
contrats sont signés : un contrat de prestation entre la société de
portage et le client, et un contrat de travail entre le salarié et la
société de portage. Cette dernière se charge d’envoyer les factures
au client et de verser le salaire du « porté ». Pour se rémunérer, elle
ponctionne entre 3 et 10 % du chiffre d'affaires généré par le salarié.
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Indépendance et protection
Le salarié peut être embauché en contrat à durée déterminée (CDD)
ou indéterminée (CDI). Il bénéficie également d’une rémunération
minimale définie par un accord de branche étendu ou, à défaut,
correspondant à 75 % du plafond mensuel de la Sécurité sociale, soit
2 452 euros brut par mois pour une activité à temps plein en 2016.
Angélique, consultante en informatique, a opté pour le portage, une
forme d’emploi qui lui permet « de disposer du cadre administratif,
juridique et comptable de la société de portage ainsi que d’un
accompagnement » : « Je conserve une certaine liberté dans mes
missions sans avoir à m'occuper de formalités administratives, tout
en cotisant à la retraite et au chômage », souligne-t-elle. Ces
avantages intéresseraient d’ailleurs de plus en plus d’actifs. Selon
une étude Ifop menée pour la Feps en avril 2016, « 57 % des
personnes interrogées seraient prêtes à devenir indépendantes tout
en conservant des éléments de protection liés au statut de salarié
(affiliation au régime général, assurance chômage, complémentaire
santé). […] Les générations les plus jeunes (64 % des moins de
35 ans) et les actifs en reprise d’études (75 %) apparaissent comme
les plus attirés » par ce mode de fonctionnement.
Une nouvelle branche professionnelle
Face à de tels chiffres, le secteur s’organise. Depuis le 1 er décembre
2016, le portage salarial est officiellement reconnu comme une
branche d’activité professionnelle. Suite à cette annonce,
une commission mixte paritaire a été mise en place pour ouvrir les
négociations en vue de la rédaction d’une convention collective. Sa
priorité sera, notamment, de fixer les critères permettant au salarié
porté de bénéficier des allocations chômage après la fin de son
contrat, de définir le budget réservé à la formation, mais aussi
d’ajuster le niveau minimal de rémunération.
Benoît Saint-Sever
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