INTRODUCTION
Traiter des valeurs culturelles des confréries musulmanes au Sénégal, c’est
avoir l’occasion d’évoquer, entre autres faits, la forte prégnance de l’Islam sur le
vécu quotidien des Sénégalais qui se réclament aujourd’hui, à près de 95%, de
cette confession. En effet, cette religion y est d’implantation relativement
ancienne, sa pénétration remontant au XIe siècle, dans le sillage de la Mauritanie
voisine où transitèrent, via le Maghreb au nord, les premières influences arabo-
musulmanes qui avaient accompagné le commerce transsaharien dont le Sénégal
constituait un des terminus au sud du Sahara.
Rappelons, à cet égard, que c’est sur les bords du bas fleuve Sénégal,
toujours au XIe siècle, que le mouvement arabo-berbère des Almoravides, vit le
jour, avant de se fortifier et de se lancer, à travers le Maroc, à la conquête, à
l’occupation et à l’islamisation de la péninsule ibérique où la présence
musulmane dura quatre siècles, jusqu’en 1492, année de la prise de Grenade, en
Espagne, par les forces coalisées de l’Europe chrétienne.
Il y eut deux axes de pénétration de l’Islam au Sénégal. L’un, de direction
nord-sud, avec comme foyer de départ, dès le XIe siècle, la Mauritanie via le Fouta
Toro, était animé par des éléments d’ethnie maure et peule ; l’autre, de direction
est-ouest, fit son apparition au cours des XIIIe et XIVe siècles, périodes d’apogée
de l’empire du Mali d’où s’étaient lancés d’autres propagateurs de la religion du
Coran, d’ethnie soninké et mandingue, en direction des hauts fleuves Sénégal,
Gambie et Casamance, avec des ramifications vers le sud-est, dans la haute
Guinée-Bissau actuelle.
Depuis, de minoritaire et confiné, jusqu’à la fin du XVIIIe et au début du
XIXe siècle, dans les hautes sphères des monarchies traditionnelles de l’espace
précolonial sénégambien qui en faisaient une religion d’appoint à leurs croyances
ancestrales, l’Islam s’était, au fil des siècles, affirmé en se massifiant et en se
répandant dans la majeure partie du pays. Et cette montée en puissance, l’Islam
la devait à l’action patiente, mais déterminante, d’une catégorie sociale locale
dont les membres, désignés du terme de marabouts, devinrent, suivis en cela par
leurs descendants, les spécialistes de l’enseignement et de la diffusion de cette
religion, non seulement au Sénégal, mais aussi dans la quasi-totalité de l’Afrique
soudano-sahélienne où, de nos jours encore, leur influence demeure forte dans
les divers domaines de la vie sociale.
Aussi, n’est-il guère étonnant que les confréries, créées et/ou propagées
par nombre de ces marabouts dans le cadre de leur prosélytisme, aient fait l’objet
d’études donnant lieu, encore aujourd’hui, à des publications sous forme de