officiellement engagé comme organiste de l’église – il le restera toute sa vie –, et
c’est sur ce contrat d’engagement que figure la première mention connue du nom
de Du Mont, traduction française de son nom wallon. Saint-Paul, église paroissiale
d’une ancienne paroisse royale, reste l’une des églises les plus importantes de la
capitale. Son organiste doit un service relativement chargé, mais la rémunération est
en conséquence. Henry Du Mont, dès son engagement officiel, est l’un des orga-
nistes les mieux payés de Paris. Il bénéficie en outre d’un logement gratuit situé
dans le “passage Saint-Pierre”, maison qu’il occupera jusqu’à sa mort quelque
quarante années plus tard. Son talent, ses qualités d’im provisateur, et peut-être une
protection haut placée, ont permis cette rapide ascension. Dès lors, la position du
musicien est assurée, et il va consacrer les années suivantes à asseoir sa notoriété.
Outre son activité d’organiste, Henry Du Mont com pose, enseigne probable-
ment. Également claveciniste, comme tous les maîtres du clavier, le musicien
participe à des concerts privés donnés dans les salons mondains. Avec ses
confrères luthistes, violistes, et de célèbres chanteurs, ils ravissent les mélo-
manes qui se retrouvent régulièrement à ces “assemblées de concerts”. Ainsi se
fait peu à peu connaître notre homme, et se répandent ses com positions vocales
et instrumentales, bien avant qu’elles soient imprimées.
Dès 1647, l’organiste reçoit ses “Lettres de naturalité”. Désormais sujet de
Louis XIV, il obtient un premier béné fice ecclésiastique en France – la cure de
Saint-Germain d’Alizay, dans le diocèse de Rouen. Peu après la parution de ses
Cantica sacra – sa première publication, en 1652 –, il pénètre enfin à la Cour grâce
à sa nomination comme claveciniste du duc d’Anjou, frère du roi. Les musiciens
du futur Philippe d’Orléans sont d’ailleurs les mêmes que ceux qui se produi-
sent ensemble au cours des réunions musicales parisiennes. Au Louvre, près de
l’enfant qu’est encore le duc d’Anjou, le surcroît de travail ne doit pas être très
lourd, et Du Mont peut encore aisément concilier ses diverses activités.
Malgré une notoriété grandissante, il n’a pas renié sa patrie d’origine, puisqu’il
y retourne en 1653 pour épouser la fille d’un notable de Maastricht, Mechtel
Loyens – celle-ci disparaîtra prématurément en 1660. Pendant les an nées 1650,
Henry Du Mont n’a guère la possibilité de se rendre à Maastricht. Son frère
Lambert, prêtre de la cathédrale Notre-Dame, règle pour lui un certain nombre
de formalités notariales. En revanche, lorsqu’il s’agit de mettre en place d’impor-
tantes dispositions concernant sa mère, Du Mont n’hésite pas à faire le voyage en
pays de Liège – comme en septembre 1658 – en compagnie de son épouse.
À la même époque, nous voyons le musicien entretenir une correspondance
assidue avec l’érudit hollandais Constantin Huyghens, compositeur à ses heures.
Comme il se plaît à le faire avec les plus grands musiciens de son temps,
L. DECOBERT : HENRY DUMONT ET LE GRAND MOTET 129