petite économie excentrée comme la
Finlande,la question des débouchés est
essentielle et les nouveaux marchés ainsi
ouvertsàses entreprises ont relancésa
croissance économique.L’adoption de
l’euro a permis d’éliminer tout risque de
change sur des pays aussi important que
l’Allemagne, la France ou l’Italie,et a de
ce fait constituéun facteur de stabilité.
Dans une zone économique de l’impor-
tance de l’Union européenne,la concur-
rence qui s’installe entre les différents
pays conduit àleur spécialisation.La
Finlande,grâce àson effort sur la
recherche et sur l’éducation, s’est spé-
cialisée dans les industries innovantes.
Elle a construit en très peu d’années une
industrie des télécommunications qui
est une référence mondiale.Les indus-
triels finlandais n’ont pu le faire et s’en-
gager dans une telle voie que parce qu’ils
avaient la certitude de pouvoir écouler
avec une certaine sécuritéleurs produits
sur le marchévaste et solvable de
l’Union européenne. C’est grâce aux
économies d’échelle dues àla dimension
du marchéeuropéen que la Finlande a
pu mettre sur pied une des économies
les plus compétitives du monde.
Sur le plan politique, le bénéfice est réel. Il
est d’ailleurs partagé.Grâce àla Finlande,
l’Union européenne a une dimension
nordique.Elle a une frontière avec la
Russie au travers d’un pays qui, dans les
années récentes, a toujours entretenu
avec elle des relations apaisées. Une des
ambitions de la Finlande est d’être un élé-
ment d’équilibre dans la Baltique,jouant
pleinement la solidaritéavec les autres
membres de l’Union européenne qui
bordent cette mer tout en ayant un lien
historique privilégiéavec la Russie.
CULTURE, CUISINE …
DEVENIR PLEINEMENT
EUROPÉEN
La Finlande se flatte aujourd’hui de ne
plus être un pays un peu provincial
perdu dans le Grand Nord. La Finlande
est désormais un pays qui compte en
Europe et pour qui l’Europe compte.
Cela se voit non seulement dans les sta-
tistiques mais également dans la vie quo-
tidienne des Finlandais. Ils sont devenus
des Européens àpart entière,passionnés
par tout ce qui se passe dans l’Union.
Ils sont plus tolérants et plus curieux
des autres, et cette évolution n’est
due ni àla ruse des autorités ni àdes
contraintes juridiques pour les changer
mais bel et bien àleur volontéet à
leur enthousiasme.
Leur attitude a changéau fur et à
mesure qu’ils ont voyagéet accueilli des
visiteurs étrangers. Se rendre en vacan-
ces dans un pays de l’Union européenne
est devenu banal au point qu’en 2004,
18 % des Finlandais l’ont fait. Dans le
même temps,il est de plus en plus fré-
quent que des touristes viennent en
Finlande.Et le monde des affaires se
déplace énormément. Les autorités
d’Helsinki se félicitent de cette évolution
et cherchent àl’encourager chez les jeu-
nes. 30 000 étudiants finlandais se sont
rendus àl’étranger dans le cadre du pro-
gramme Erasmus et presque autant d’é-
tudiants européens sont venus en
Finlande dans ce même cadre.
Les coutumes européennes pénètrent en
Finlande.La mode, l’architecture, l’urba-
nisme,la gastronomie,tout un monde
nouveau se construit autour de référen-
ces venues de Londres,Milan,Paris ou
Berlin.Des cafés semblables àceux que
l’on trouve dans les capitales européen-
nes se multiplient dans les grandes villes
et une vie nocturne tend às’y développer.
Une chose toutefois demeure:la culture
du respect de l’autre,de l’écoute et de la
curiositéintellectuelle. Selon des rap-
ports récents sur les modes de vie euro-
péens, il y aurait un lien direct entre
l’habitude des jeunes Finlandais de lire
une grande quantitéde journaux et les
résultats particulièrement brillants qu’ils
obtiennent aux tests PISA servant à éva-
luer le niveau scolaire des différents pays.
ÉVITER TOUT RETOUR
AU PROTECTIONNISME
La Finlande a montréces dernières
années qu’un pays excentrépouvait
jouer un rôle non négligeable dans la vie
politique et économique de l’Europe. Il
suffit de vouloir se situer au cœur des
décisions prises en commun et non de
chercher àles fuir.Pour un petit pays, le
Conseil européen et la Commission
sont les éléments-clés du processus de
décision en Europe.Il faut que ces deux
institutions soient puissantes et efficaces
car sinon le pouvoir serait confisquépar
les trois ou quatre pays les plus impor-
tants. Pour la Finlande,plus on avance
vers une Constitution définissant claire-
ment le rôle de chacun, plus on intensi-
fie l’intégration économique,et mieux
l’Europe se porte.
En Finlande, en été,il y a des millions de
moustiques qui font un bruit d’enfer.
Mais ce bruit, on ne peut l’entendre
qu’en Finlande, car ces moustiques sont
en fait minuscules.On peut dire la même
chose de l’Europe.Certains pays peu-
vent faire beaucoup de bruit mais,seuls,
ils sont minuscules et ne peuvent gêner
que leurs voisins. Il est dommage que
certains dirigeants européens aient ten-
dance àl’oublier.Des exemples inquié-
tants de protectionnisme,des discours
nationalistes grandiloquents sont appa-
rus en Europe ces derniers temps.
Certains dirigeants, notamment àla tête
des grands pays, reviennent des Conseils
européens en proclamant devant les
représentants de la presse qui les
accueillent qu’ils ont bien défendu l’inté-
rêt national et qu’ils ont remportéune
grande victoire sur les autres pays. Ils ne
réalisent pas que leur victoire est à
courte vue,qu’elle se fait non seulement
au détriment de leurs partenaires mais
aussi de l’Union tout entière,et qu’ils
finiront eux-mêmes par en subir les
conséquences négatives. Ce genre d’atti-
tude sape la crédibilitéde l’Europe et
menace son existence même.
L’Union européenne est un plus pour
ses membres. Ceux qui ont attendu pen-
dant des années avant de pouvoir la
rejoindre veulent qu’elle vive, car elle
signifie plus de sécurité,plus d’efficacité
économique, plus de puissance politique.
La libre circulation des hommes et des
biens, des capitaux et des idées est
essentielle,elle améliore la vie de tous et
prépare l’avenir.Chaque citoyen euro-
péen de bonne foi peut le mesurer.Il faut
donc aller de l’avant. g
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Sociétal N° 52 g2etrimestre 2006
EN QUOI L’EUROPE A CHANGÉ LA FINLANDE