Phrase simple et complexe, analyse logique A.Mela-Université Paul Valéry- Prépa à l’entrée à l’IUFM
LA PHRASE SIMPLE
Qu'est-ce qu'une phrase!?
La notion de phrase peut se définir d’un point de vue syntaxique ou logique. D’un point de vue syntaxique, la
phrase est une structure SN (syntagme nominal) + SV (syntagme verbal) qui n’entre dans aucune construction plus
vaste. D’un point de vue logique, la phrase (ou proposition) correspond à un sujet (ou thème)!!: ce dont on dit
quelque chose et à un prédicat (ou rhème)!!: ce qu’on en dit.
Structure Sujet-Prédicat
Les énoncés cités comme prototypes de la phrase simple, réduite à une proposition : Paul court, Je chante les
combats, Les nuages courent dans le ciel, sont constitués d’un groupe nominal qui assume le rôle de sujet et d’un
groupe verbal centré autour d’une forme conjuguée1 du verbe (court, chantent, courent).
Cas limites
Toutefois, ce premier repérage doit être complété par l’analyse des cas problématiques. En effet, ces deux éléments,
un sujet et un verbe conjugué sont-ils indispensables pour que l’énoncé forme une proposition ? Cette question se
subdivise en quatre :
- y a-t-il des propositions sans sujet ?
- y a-t-il des propositions sans verbe ?
- y a-t-il des propositions sans verbe conjugué ?
- y a-t-il des propositions sans verbe ni sujet ?
Propositions sans sujet
À l’impératif!:
Va, cours, vole et nous venge (Corneille)
aucun mot ne joue le rôle de sujet. Toutefois, « on considère que la personne du sujet, suffisamment marquée par la
désinence du verbe, est latente, et justifie seule l’accord de l’attribut ou du participe passé : « Sois courageux. Soyez
revenus à midi […]. Le cas de voici (voilà) est parent de celui de l’impératif » (Bonnard, Grand Larousse de la
Langue française, « Proposition », p. 4696) : en effet, voici est un mot composé de vois, impératif du verbe voir, et
ci, adverbe de lieu.
Propositions sans verbe!: phrases averbales
Un énoncé peut être organisé en structure sujet-prédicat2, sans contenir de verbe!!:
Excellent, ce café.
Ce tableau, quelle horreur !
Toi alors !
Pour pouvoir analyser ce type de phrase, il faudra déterminer ce qui joue le rôle de sujet et ce qui joue le rôle de
prédicat.
Propositions sans verbe conjugué
En phrase simple
Les propositions dont le prédicat est un verbe à l’infinitif font partie des phrases averbales : l’infinitif est une forme
nominale du verbe:
Moi partir d’ici !
À qui se fier ?
Ne pas fumer
Et grenouilles de sauter (La Fontaine)
En phrase complexe
On retrouve dans la phrase complexe les cas de non expression du verbe et d’emploi de l’infinitif rencontrés dans la
phrase simple :
On ne sait à qui se fier
Outre ces cas, la subordination peut fonctionner avec des structures centrées autour d’un participe ou d’un infinitif,
du type :
Mes bagages faits, je partis en voyage.
J’entends les enfants chanter.
L’analyse de ces structures comme des propositions est un sujet de débat dans les grammaires, on y reviendra dans
l’étude des subordonnées.
1 On entend par forme conjuguée du verbe les emplois du verbe aux modes personnels (indicatif, impératif, subjonctif). On considère que
l’infinitif est une forme substantive du verbe, et le participe, une forme adjective.
2 Le prédicat est ce qu’on affirme (rhème) d’un sujet (thème). Cf. Leçon1 Les parties du discours.
Propositions sans sujet ni verbe
Dans certains énoncés, la structure sujet-prédicat est sous-jacente et se déduit du contexte d’énonciation :
Bizarre.
Diable !
C’est la situation à laquelle il est confronté qui tient lieu de sujet pour ces énoncés qui jouent le rôle de prédicat.
Conclusion
En première analyse, un moyen commode de repérer les propositions est de repérer (par exemple en les soulignant)
les formes conjuguées du verbe.
LA PHRASE COMPLEXE.
Une phrase constituée de plusieurs propositions est appelée phrase complexe.
Dans une phrase complexe, les propositions peuvent donc être :
- en coordination,
- en juxtaposition
- en subordination,
- en insertion.
Coordination et juxtaposition
Pierre travaille et Paul joue.
juxtaposition !: coordination sans mot de liaison!:
Subordination
La subordination instaure une hiérarchie syntaxique, entre une principale et des subordonnées.
Le classement des divers types de subordonnées hésite entre divers critères selon que l’on veut indiquer la fonction
assumée par la proposition ou bien le constituant auquel elle correspond dans une phrase simple, ou encore son
mode d’introduction!!: une proposition qui fait fonction de COD comme dans j’attends qu’il s’en aille, est appelée
«!complétive!» mais ce terme ne rend pas compte du fait qu’elle peut devenir sujet (qu’il s’en aille m’étonne), d’où
la nécessité de poser une catégorie comme celle de «!proposition substantive!»!!; de même, on appelle
«!circonstancielles!» les propositions qui ont pour fonction celle d’un complément circonstanciel (Nous reviendrons
dès que nous pourrons) mais on parle aussi de propositions «!adverbiales!»!!; quant aux propositions «!relatives!»
(introduites par un pronom relatif!!: l’homme qui vous parle…) , elles sont aussi appelées «!adjectives!» puisque,
comme les adjectifs, elles ont pour but de restreindre l’extension du nom.
Enfin les deux premiers types envisagés, reçoivent aussi le nom de «!propositions conjonctives», compte tenu du
fait qu’elles sont introduites par des conjonctions. (La grammaire d’aujourd’hui)
L’insertion
L’insertion est l’introduction dans une phrase d’éléments qui ne dépendent d’aucun constituant de la phrase. Ces
éléments peuvent être soit des mots ou groupes de mots :
Pierre, _malheureusement_, n’a pas voulu venir. (malheureusement : adverbe de phrase)
_Pierre_, viens ! (Pierre : apostrophe)
soit des propositions :
Pierre, _reconnaissons-le_, n’a pas voulu venir.
Quand l’insertion concerne une proposition, on distingue deux cas :
- Quand le verbe de la proposition insérée n’est pas un verbe déclaratif, la proposition insérée est appelée incidente:
Pierre, _reconnaissons-le_, n’a pas voulu venir.
Pierre, _je le déplore_, n’a pas voulu venir.
La proposition incidente garde l’ordre canonique : Sujet (s’il y a lieu) Verbe Objet (s’il y a lieu).
- Quand le verbe de la proposition insérée est un verbe déclaratif, la proposition insérée est appelée incise :
« Pierre », _dit-il_, « n’a pas voulu venir ».
L’incise, en style normé, contraint à l’inversion du sujet.
Bibliographie
La phrase, A. Steuckardt, Université de Provence.
La grammaire d’aujourd’hui, M. Arrivé, F. Gadet, M. Galmiche. Flammarion.
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