L’inspiration missionnaire de Montréal D’hier à aujourd’hui Par des extraits de Evangelii Gaudium du Pape François 36 1 Par conséquent, ne disons pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile; c’est différent. Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque. (EG 263; voir aussi 233) Dans le « nouveau monde » que nous habitons aujourd’hui, nous avons à reprendre leur geste, avec la même audace, le même goût de l’aventure, la même foi, et partir au large et devenir une Église en sortie, une Église qui retrouve son caractère missionnaire. Ce renouveau ecclésial, cette conversion missionnaire, on ne peut les différer. (EG 27) C’est en ayant à l’esprit cette conviction et fascinés par cet appel au renouveau de l’Église que nous examinerons ce que peut signifier pour les Églises du Québec la conversion missionnaire ou le renouveau ecclésial. Au moment où nous ne pouvons plus vivre des assurances que procurait la prospérité trompeuse des « temps de chrétienté », il nous faut retisser les liens avec la période missionnaire qui a marqué notre Église, alors que tout était à inventer et à créer : La mémoire des missionnaires nous soutient au moment où nous faisons l’expérience de la rareté des ouvriers de l’Évangile. Leur exemple nous attire, nous pousse à imiter leur foi. Ce sont des témoignages féconds qui engendrent la vie ! (Pape François, Homélie, 12 octobre 2014). CONSEIL COMMUNAUTÉS ET MINISTÈRES, Assemblée des évêques catholiques du Québec, Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes. p.6., janvier 2016.[en lignewww.eveques.qc.ca/ documents/2016/Le_tournant_missionnaire2016.pdf 2 35 À la suite du pape François qui nous partage la joie qu’il éprouve dans la rencontre de l’Évangile, les membres du Conseil Communautés et Ministères de l’Assemblée des Évêques du Québec veulent inviter leurs frères et sœurs à retrouver la joie de l’Évangile. Malgré les défis du moment présent, nous croyons que le vent de Pentecôte peut à nouveau envahir les Églises du Québec et les renouveler, à la condition que nous soyons disposés à accueillir ce grand vent qui vient ébranler la maison-Église et que nous soyons prêts à opérer une conversion missionnaire que l’Esprit lui-même saura inspirer. On ne peut pas se satisfaire en disant : Qu’aujourd’hui c’est plus difficile, nous devons reconnaître que les circonstances de l’Empire romain n’étaient pas favorables à l’annonce de l’Évangile, ni à la lutte pour la justice, ni à la défense de la dignité humaine . (EG 263) On ne peut pas dire que les circonstances du temps présent sont telles que l’annonce de l’Évangile est devenue aujourd’hui presqu’impossible, à comparer à la situation d’autrefois. Il est salutaire de nous souvenir de ceux qui ont ensemencé l’Évangile sur cette terre d’Amérique, notamment Saint François de Laval, Sainte Marie de l’Incarnation et Sainte Marguerite Bourgeois, mais aussi de tant d’autres qui ont contribué à implanter l’Église de Jésus chez nous. Les défis qui se présentaient à eux étaient immenses, démesurés. 34 Préambule Dans une entrevue donnée au directeur de Civiltà Cattolica, en 2013, le pape François souligne l’importance que deux jésuites français du 17e siècle ont joué dans sa vie spirituelle. Il s’agit des Pères Pierre Favre et Louis Lallemant. Par ailleurs, certains des jésuites venus en Nouvelle France à cette époque ont été formés par ces jésuites mystiques. La perspective proche du 375e anniversaire de Ville-Marie nous procure une occasion de relire de lumineux passages de l’Exhortation apostolique La joie de l’Évangile du pape François et plus particulièrement, le chapitre cinq intitulé : « Évangélisateurs avec Esprit ». En guise de préparation spirituelle aux célébrations qui approchent et à la lumière de la vie des saints et bienheureux canadiens, nous avons choisi quelques textes que chacun de nous peut relire avec joie et en tirer profit pour sa propre action pastorale. Nous avons retenu plusieurs figures de sainteté que nous connaissons bien, tout en étant conscient que bien d’autres figures auraient pu illustrer chacun des passages cités. Portraits, citations et commentaires sur ces saints (page de gauche) entreront en dialogue avec le texte du pape François (sur la droite). 3 Tous ceux et celles qui ont marqué à travers les siècles l’histoire spirituelle de notre pays, l’ont fait au nom d’une foi qui prenait sa source dans une relation personnelle, intime, constante avec Celui qui fait le vouloir et le faire en tous et chacun : Jésus Christ. Après avoir lu, prié, approfondi ces textes comme bon vous semblera, vous trouverez à la toute fin de ce livret, un extrait du document : Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes paru en janvier 2016 et rédigé par le Conseil Communautés et Ministères de l’AECQ dont nous utilisons ci-dessous un extrait en guide de conclusion : Dans le « nouveau monde » que nous habitons aujourd’hui, nous avons à reprendre leur geste, avec la même audace, le même goût de l’aventure, la même foi, et partir au large et devenir une Église en sortie, une Église qui retrouve son caractère missionnaire 1. Louise Boisvert Office de l’éducation à la foi 286. Marie (…) est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la louange (…). Elle est la missionnaire qui se fait proche de nous pour nous accompagner dans la vie, ouvrant nos cœurs à la foi avec affection maternelle. Comme une vraie mère, elle marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu (…). 287. À la Mère de l’Évangile vivant nous demandons d’intercéder pour que toute la communauté ecclésiale accueille cette invitation à une nouvelle étape dans l’évangélisation. Elle est la femme de foi, qui vit et marche dans la foi, et « son pèlerinage de foi exceptionnel représente une référence constante pour l’Église ». Elle s’est laissée conduire par l’Esprit, dans un itinéraire de foi, vers un destin de service et de fécondité. Nous fixons aujourd’hui notre regard sur elle, pour qu’elle nous aide à annoncer à tous le message de salut, et pour que les nouveaux disciples deviennent des agents évangélisateurs. 1 CONSEIL COMMUNAUTÉS ET MINISTÈRES Assemblée des évêques catholiques du Québec, Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes. p.6. 4 33 Je [Marguerite Bourgeoys] fus voir Monsieur de Fancamp à Saulseuses, lequel me voulut donner quelque chose pour mon retour ce que je refusai. Je dis que je voudrais bien avoir une grande image pour notre église, mais il ne s'en trouva point chez les sculpteurs de Paris... et il fallait partir. Monsieur Le Prêtre lui donna celle qui y est à présent [à Notre-Dame-de-Bon-Secours] et Monsieur de Fancamp la garda quelques jours pour l'enchâsser mieux qu'elle n'était… Ne disons pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile; c’est différent. Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque. Pape François, La joie de l’Évangile, chapitre 5, 263 Oury 1991, p. 126, référence à Histoire de la Congrégation Notre-Dame de Montréal, 1ère partie, 1620-1700, vol. II, Montréal, 1913, p. 331-332. 32 5 Les Récollets furent les premiers missionnaires à s’installer au Canada en 1615 dans le but d’évangéliser les autochtones du territoire et ils s’établirent sur les rives de la rivière Saint-Charles. Leur amour pour la paix et leur esprit particulariste les tenaient généralement éloignés des affaires de l’État; leur pauvreté et leur zèle apostolique leur faisaient accepter les plus humbles emplois. Jacques Fortin Comité de commémoration, de généalogie et de toponymie 6 282. Cette attitude (l’intercession) se transforme aussi en remerciement à Dieu pour les autres : «Et d’abord je remercie mon Dieu par Jésus Christ à votre sujet à tous» (Rm 1, 8). C’est un remerciement constant : «Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus» (1 Co 1, 4) (…) c’est un regard spirituel, de foi profonde, qui reconnaît ce que Dieu même fait en eux. En même temps, c’est la gratitude qui vient d’un cœur vraiment attentif aux autres. De cette manière, quand un évangélisateur sort de sa prière, son cœur est devenu plus généreux, il s’est libéré de l’isolement et il désire faire le bien et partager la vie avec les autres. 283. Les grands hommes et femmes de Dieu furent de grands intercesseurs. L’intercession est comme « du levain » au sein de la Trinité. C’est pénétrer dans le Père et y découvrir de nouvelles dimensions qui illuminent les situations concrètes et les changent. Nous pouvons dire que l’intercession émeut le cœur de Dieu, mais, en réalité, c’est lui qui nous précède toujours, et ce que nous sommes capables d’obtenir par notre intercession c’est la manifestation, avec une plus grande clarté, de sa puissance, de son amour et de sa loyauté au sein de son peuple. 31 259. Évangélisateurs avec esprit veut dire évangélisateurs qui s’ouvrent sans crainte à l’action de l’Esprit Saint. (…) Invoquons-le aujourd’hui, en nous appuyant sur la prière sans laquelle toute action court le risque de rester vaine, et l’annonce, au final, de manquer d’âme. Jésus veut des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu. Saint Frère André, ou Alfred Bessette à l'état civil, né le 9 août 1845 à Saint-Grégoire-le-Grand au Québec et décédé le 6 janvier 1937, est un frère religieux, membre de la congrégation de Sainte-Croix. Portier au collège Notre-Dame, le frère André est à l’origine de la construction de l’Oratoire St-Joseph. Il accueillait les personnes malades et souffrantes et leur recommandait de prier St-Joseph. [en ligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Frère_André Ou il parlait du bon Dieu aux autres, ou il parlait des autres au bon Dieu. Toute la journée». 261. (…) Une évangélisation faite avec esprit est très différente d’un ensemble de tâches vécues comme une obligation pesante que l’on ne fait que tolérer, ou quelque chose que l’on supporte parce qu’elle contredit ses propres inclinations et désirs. Comme je voudrais trouver les paroles pour encourager une période évangélisatrice plus fervente, joyeuse, généreuse, audacieuse, pleine d’amour profond, et de vie contagieuse ! Mais je sais qu’aucune motivation ne sera suffisante si ne brûle dans les cœurs le feu de l’Esprit. En définitive, une évangélisation faite avec esprit est une évangélisation avec l’Esprit Saint, parce qu’il est l’âme de l’Église évangélisatrice (...) Arthur Marcil 30 7 Les Martyrs canadiens étaient six missionnaires jésuites et deux laïcs qui furent martyrisés au e XVII siècle au Canada. Jean de Brébeuf († 1649), prêtre Noël Chabanel († 1649), prêtre Antoine Daniel († 1648), prêtre Charles Garnier († 1649), prêtre René Goupil († 1642), frère Isaac Jogues († 1646), prêtre Jean de La Lande († 1646), donné Gabriel Lalemant († 1649), prêtre Dans leurs relations quotidiennes, ils ont fait preuve entre eux d’une merveilleuse magnanimité. Ces hommes s’appliquent à exalter leurs compagnons d’apostolat, tandis qu’ils mettent un délicieux acharnement à se faire oublier et à travailler dans le rang. Brébeuf disait: «Dieu nous a donné le jour pour être au service du prochain et la nuit pour converser avec lui». Contemplatifs dans l'action, ils voient Dieu en toutes choses. 280. Pour maintenir vive l’ardeur missionnaire, il faut une confiance ferme en l’Esprit Saint, car c’est lui qui «vient au secours de notre faiblesse» (Rm 8, 26). Mais cette confiance généreuse doit s’alimenter et c’est pourquoi nous devons sans cesse l’invoquer. Il peut guérir tout ce qui nous affaiblit dans notre engagement missionnaire. (…) Il n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il veut. Il sait bien ce dont nous avons besoin à chaque époque et à chaque instant. On appelle cela être mystérieusement féconds ! 281. Il y a une forme de prière qui nous stimule particulièrement au don de nous-mêmes pour l’évangélisation et nous motive à chercher le bien des autres : c’est l’intercession. Regardons un instant l’être intérieur d’un grand évangélisateur comme saint Paul, pour comprendre comment était sa prière. Sa prière était remplie de personnes : «En tout temps dans toutes mes prières pour vous tous […] car je vous porte dans mon cœur» (Ph 1, 4.7). Thomas Rosica, csb, 26 septembre 2013 Sel et lumière 8 29 Eulalie Durocher, dite mère Marie-Rose, fondatrice des Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie au Canada, née le 6 octobre 1811 à SaintAntoine-sur-Richelieu, décédée le 6 octobre 1849 à Longueuil. Marie-Rose Durocher a agi avec simplicité, avec prudence, avec humilité, avec sérénité. Elle ne s’est pas laissée arrêter à ses problèmes personnels de santé ni aux premières difficultés de l’oeuvre naissante. Son secret résidait dans la prière et l’oubli de soi-même qui atteignait, selon l’estimation de son Évêque, une véritable sainteté. Jean-Paul II lors d’une homélie, en 1979 28 262. Évangélisateurs avec esprit signifie évangélisateurs qui prient et travaillent . Du point de vue de l’Évangélisation, il n’y a pas besoin de propositions mystiques sans un fort engagement social et missionnaire, ni de discours et d’usages sociaux et pastoraux, sans une spiritualité qui transforme le cœur (…). Il faut toujours cultiver un espace intérieur qui donne un sens chrétien à l’engagement et à l’activité. Sans des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, les tâches se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint. L’Église ne peut vivre sans le poumon de la prière, et je me réjouis beaucoup que se multiplient dans toutes les institutions ecclésiales les groupes de prière, d’intercession, de lecture priante de la Parole, les adorations perpétuelles de l’Eucharistie. 263. Il est salutaire de se souvenir des premiers chrétiens et de tant de frères au cours de l’histoire qui furent remplis de joie, pleins de courage, infatigables dans l’annonce, et capables d’une grande résistance active (…). Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque. 9 Sainte Kateri Tekakwitha «Celle qui avance en hésitant» en langue iroquoise (connue comme le « lys des Mohawks») est née à Ossernenon en 1656, ville aujourd'hui située dans l'État de New York. C'est une jeune Agnière convertie au christianisme. Elle rend l'âme le 17 avril 1680, à l'âge de vingt-quatre ans. Kateri vécut comme converse, se rendant à l'église dès quatre heures du matin, assistant à la messe pour les Français puis celle pour les gens de son peuple, repartant travailler, revenant passer le reste de la journée en prières. http://classiques.uqac.ca/contemporain/rigal_cellard_bernadette/ Vierge_est_amerindienne/vierge_est_amerindienne.doc. 10 279. Comme nous ne voyons pas toujours ces bourgeons, nous avons besoin de certitude intérieure, c’est-à-dire de la conviction que Dieu peut agir en toutes circonstances, même au milieu des échecs apparents, car «nous tenons ce trésor en des vases d’argile» (2 Co 4, 7). Cette certitude s’appelle “sens du mystère”. C’est savoir avec certitude que celui qui se donne et s’en remet à Dieu par amour sera certainement fécond (cf. Jn 15, 5). Cette fécondité est souvent invisible, insaisissable, elle ne peut pas être comptée. La personne sait bien que sa vie donnera du fruit, mais sans prétendre connaître comment, ni où, ni quand. Elle est sûre qu’aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue, (…). Parfois, il nous semble que nos efforts ne portent pas de fruit, pourtant la mission n’est pas un commerce ni un projet d’entreprise, pas plus qu’une organisation humanitaire, ni un spectacle pour raconter combien de personnes se sont engagées grâce à notre propagande ; elle est quelque chose de beaucoup plus profond, qui échappe à toute mesure. Peut-être que le Seigneur passe par notre engagement pour déverser des bénédictions quelque part, dans le monde, dans un lieu où nous n’irons jamais. L’Esprit Saint agit comme il veut, quand il veut et où il veut ; nous nous dépensons sans prétendre, cependant, voir des résultats visibles. Nous savons seulement que notre don de soi est nécessaire. 27 Délia Tétreault, née le 4 février 1865 à Marieville au Québec, décédée en 1941 à Montréal. Fondatrice de la communauté des Missionnaires de l'Immaculée-Conception. Pendant près de 20 ans, Délia doit chercher patiemment sa route, sa manière de travailler à la mission. (…) elle continue d'être préoccupée par l'idée des missions lointaines et s'interroge : Le Canada qui a reçu la foi par des missionnaires venus de France, ne doit-il pas à son tour porter ce don inestimable dans d'autres contrées? Ne faut-il pas organiser au pays un centre de formation pour les vocations missionnaires? Dynamisée par la certitude que rien n'est impossible à Dieu… Cette certitude la fortifie et la rend capable des "oui" les plus audacieux comme les plus douloureux. [en ligne] www.soeurs-mic.qc.ca/mic-fr.php 26 264. La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus (…). Nous avons besoin d’implorer chaque jour, de demander sa grâce pour qu’il ouvre notre cœur froid et qu’il secoue notre vie tiède et superficielle (…). Qu’il est doux d’être devant un crucifix, ou à genoux devant le Saint-Sacrement, et être simplement sous son regard ! Quel bien cela nous fait qu’il vienne toucher notre existence et nous pousse à communiquer sa vie nouvelle ! (…) Donc, il est urgent de retrouver un esprit contemplatif, qui nous permette de redécouvrir chaque jour que nous sommes les dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres. 265. (…) « Le missionnaire est convaincu qu’il existe déjà, tant chez les individus que chez les peuples, grâce à l’action de l’Esprit, une attente, même inconsciente, de connaître la vérité sur Dieu, sur l’homme, sur la voie qui mène à la libération du péché et de la mort. L’enthousiasme à annoncer le Christ vient de la conviction que l’on répond à cette attente ». L’enthousiasme dans l’évangélisation se fonde sur cette conviction. Nous disposons d’un trésor de vie et d’amour qui ne peut tromper, le message qui ne peut ni manipuler ni décevoir. C’est une réponse qui se produit au plus profond de l’être humain et qui peut le soutenir et l’élever. C’est la vérité qui ne se démode pas parce qu’elle est capable de pénétrer là où rien d’autre ne peut arriver. 11 Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, est né le 15 février 1612 à Neuville-sur-Vanne en France, il meurt à Paris le 9 septembre 1676. C'est un officier français choisi par Jérôme le Royer de la Dauversière pour fonder une colonie sur l'île de Montréal. Il arrive en Nouvelle-France en 1641. On lui doit, avec Jeanne Mance, la fondation de la ville de Montréal. Paul de Chomedey de Maisonneuve, que l'on dit peu loquace, réplique avec dignité au gouverneur de Montmagny: «Monsieur, ce que vous me dites serait bon si on m'avait envoyé pour délibérer et choisir un poste; mais ayant été déterminé par la Compagnie qui m'envoie que j'irais au Montréal, il est de mon honneur et vous trouverez bon que j'y monte pour y commencer une colonie, quand tous les arbres de cette île se devraient changer en autant d'Iroquois.» Dictionnaire de la biographie canadienne ©1966-2016 Université de Toronto/Université Laval 12 276. Sa résurrection n’est pas un fait relevant du passé ; elle a une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble être mort, de partout, les germes de la résurrection réapparaissent. C’est une force sans égale (…). Chaque jour, dans le monde renaît la beauté, qui ressuscite transformée par les drames de l’histoire. Les valeurs tendent toujours à réapparaître sous de nouvelles formes, et de fait, l’être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles. C’est la force de la résurrection et tout évangélisateur est un instrument de ce dynamisme. 278. La foi signifie aussi croire en lui, croire qu’il nous aime vraiment, qu’il est vivant, qu’il est capable d’intervenir mystérieusement, qu’il ne nous abandonne pas, qu’il tire le bien du mal par sa puissance et sa créativité infinie. C’est croire qu’il marche victorieux dans l’histoire «avec les siens : les appelés, les choisis, les fidèles» (Ap 17, 14) (…). La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante. 25 266. (…) Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. C’est pourquoi nous évangélisons. Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Esther Blondin naît en 1809 à Terrebonne, elle est fondatrice de la communauté des sœurs de Sainte-Anne, décédée le 2 janvier 1890 à Lachine. Pour le reste de ses jours, elle continuera, dans l'ombre et l'humilité des modestes occupations, de travailler pour sa chère communauté. Même au sein de la congrégation, on en vient à passer sous silence son rôle de fondatrice. Elle entre dans le rang des petites, mais dans cette épreuve inouïe, elle comprend que ce chemin en retrait en est un qui se situe aux racines de l'arbre, caché aux yeux du monde mais combien important pour la vie et la survie de l'ensemble. Jamais elle ne perdra la paix, même devant les injustices les plus crucifiantes. 267.(…) C’est la gloire du Père que Jésus a cherchée durant toute son existence. Lui est le Fils éternellement joyeux avec tout son être « tourné vers le sein du Père » (Jn 1, 18). Si nous sommes missionnaires, c’est avant tout parce que Jésus nous a dit : « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit » (Jn 15, 8). Au-delà du fait que cela nous convienne ou non, nous intéresse ou non, nous soit utile ou non, au-delà des petites limites de nos désirs, de notre compréhension et de nos motivations, nous évangélisons pour la plus grande gloire du Père qui nous aime. [en ligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Anne_Blondin 24 13 Sainte Marguerite Bourgeoys, est née à Troyes en France le 17 avril 1620 et est décédée le 12 janvier 1700 à Ville-Marie. Elle fonde la Congrégation de Notre-Dame de Montréal. Elle est considérée comme la cofondatrice de Montréal avec Jeanne Mance, ainsi que la cofondatrice de l’Église du Canada. L'amour de Dieu et du prochain résume toute la vie de Marguerite. Elle écrit un an avant sa mort: "II est vrai que tout ce que j'ai toujours le plus désiré, et que je souhaite le plus ardemment, c'est que le grand précepte de l'amour de Dieu par-dessus toutes choses et du prochain comme soi-même soit gravé dans taus les coeurs." Elle voudrait pour sa communauté "le vrai esprit de cordialité et d'amour qui faisait la gloire et le bonheur du premier christianisme" quand les chrétiens "n'étaient tous, en Dieu, qu'un coeur et qu'une âme" et que "tous les biens étaient communs entr'eux." www.cccb.ca/site/images/stories/pdf/Saint_Marguerite_Bourgeoys 14 274. Pour partager la vie des gens et nous donner généreusement, nous devons reconnaître aussi que chaque personne est digne de notre dévouement. Ce n’est ni pour son aspect physique, ni pour ses capacités, ni pour son langage, ni pour sa mentalité ni pour les satisfactions qu’elle nous donne, mais plutôt parce qu’elle est œuvre de Dieu, sa créature. Il l’a créée à son image, et elle reflète quelque chose de sa gloire. Tout être humain fait l’objet de la tendresse infinie du Seigneur, qui habite dans sa vie. Jésus Christ a versé son précieux sang sur la croix pour cette personne. Au-delà de toute apparence, chaque être est infiniment sacré et mérite notre affection et notre dévouement (…). 275. (…) Si nous pensons que les choses ne vont pas changer, souvenons-nous que Jésus Christ a vaincu le péché et la mort et qu’il est plein de puissance. Jésus Christ vit vraiment. Autrement, « si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message » (1 Co 15, 14). L’Évangile nous raconte que les premiers disciples allèrent prêcher, «le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole» (Mc 16, 20). Cela s’accomplit aussi de nos jours. Il nous invite à le connaître, à vivre avec lui. Le Christ ressuscité et glorieux est la source profonde de notre espérance, et son aide ne nous manquera pas dans l’accomplissement de la mission qu’il nous confie. 23 La Bienheureuse Émilie Gamelin, née Émilie Tavernier le 19 février 1800 à Montréal et emportée le 23 septembre 1851 par l'épidémie de choléra. Mère Gamelin a le mérite d’avoir été la première fondatrice canadienne-française d’une communauté religieuse au BasCanada depuis la Conquête. Par le dévouement qu’elle a manifesté envers les vieillards, les malades et les pauvres et par les oeuvres qu’elle a fondées et qu’elle a contribué à mettre sur pied, elle y a définitivement ouvert les avenues de la charité aux générations futures dans la première moitié du XIXe siècle. Dictionnaire biographique du Canada, 2003-2016 Université Laval/University of Toronto,[en ligne] http://www.biographi.ca/fr/bio/tavernier_emilie_8F.html J’ai prié pour que vous aimiez toujours les pauvres et que la paix et l’union se conservent toujours parmi vous. Bienheureuse Émilie Tavernier-Gamelin, 10 septembre 1851 22 268. La Parole de Dieu nous invite aussi à reconnaître que nous sommes un peuple : « Vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu » (1 P 2, 10). Pour être d’authentiques évangélisateurs, il convient aussi de développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de joie supérieure (…). Quand nous nous arrêtons devant Jésus crucifié, nous reconnaissons tout son amour qui nous rend digne et nous soutient, mais, en même temps, si nous ne sommes pas aveugles, nous commençons à percevoir que ce regard de Jésus s’élargit et se dirige, plein d’affection et d’ardeur, vers tout son peuple. Ainsi, nous redécouvrons qu’il veut se servir de nous pour devenir toujours plus proche de son peuple aimé. 269. (…) Le don de Jésus sur la croix n’est autre que le sommet de ce style qui a marqué toute sa vie. Séduits par ce modèle, nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres. Toutefois, non pas comme une obligation, comme un poids qui nous épuise, mais comme un choix personnel qui nous remplit de joie et nous donne une identité. 15 Vénérable Jeanne Mance, née le 12 novembre 1606 à Langres (Haute-Marne, France) et morte le 18 juin 1673 à Montréal, Québec, est une pionnière de la Nouvelle-France. Elle est considérée cofondatrice de Montréal, où elle a fondé puis dirigé l’hôpital Hôtel-Dieu. Les grâces que Dieu me fait m’obligent à me rendre plus fidèlement attachée à son bon plaisir. Il n’y a rien au monde que je ne fasse pour accomplir cette divine et tout adorable volonté, qui est le seul désir et amour de mon coeur. C’est là toute ma passion; ce sont là toutes mes affections, c’est mon seul amour… 270. Parfois, nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. Quand nous le faisons, notre vie devient toujours merveilleuse et nous vivons l’expérience intense d’être un peuple, l’expérience d’appartenir à un peuple. 271. (…) Il est évident que Jésus Christ ne veut pas que nous soyons comme des princes, qui regardent avec dédain, mais que nous soyons des hommes et des femmes du peuple.(…). Ainsi, nous ferons l’expérience de la joie missionnaire de partager la vie avec le peuple fidèle à Dieu en essayant d’allumer le feu au cœur du monde. Extrait d’une lettre de Jeanne Mance adressée au Père Saint-Jure. 16 21 Sainte Marie-Marguerite d'Youville est née à Varennes (Québec) le 15 octobre 1701 et est décédée à Montréal le 23 décembre 1771. Fondatrice des Sœurs de la Charité de Montréal, communément appelées Sœurs Grises. Dans un ouvrage récent, soeur Estelle Tardif s.g.m, interprète de la façon suivante la pensée de Marguerite : « Le cri des pauvres ne lui arrive pas seulement de l’extérieur. Il surgit d’elle-même, pauvre parmi les pauvres. Femme de silence, elle vit en profonde communication avec la paternité de Dieu et entend le pauvre sans qu’il crie. Pour elle, le plus pauvre est celui qui a le plus besoin de Dieu pour devenir un homme ou une femme. Son rêve : « libérer le plus pauvre dans une rencontre de pauvre à pauvre. Le libérer en lui apprenant, par le service, qu’il est aimé ». Sources : Sr Nicole Fournier, s.g.m., Capsules, Si Marguerite d’Youville nous était racontée, rédigées par , [ en ligne] www.sgm.qc.ca. 20 272. (…) Benoît XVI a dit que « fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu », et que l’amour est la source de l’unique lumière qui «illumine sans cesse à nouveau un monde dans l’obscurité et qui nous donne le courage de vivre et d’agir » (…) Chaque fois que nous rencontrons un être humain dans l’amour, nous nous mettons dans une condition qui nous permet de découvrir quelque chose de nouveau de Dieu. Chaque fois que nos yeux s’ouvrent pour reconnaître le prochain, notre foi s’illumine davantage pour reconnaître Dieu (…). Un missionnaire pleinement dévoué, expérimente dans son travail le plaisir d’être une source, qui déborde et rafraîchit les autres. Seul celui qui se sent porter à chercher le bien du prochain, et désire le bonheur des autres, peut être missionnaire. Cette ouverture du cœur est source de bonheur, car «il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir» (Ac 20, 35). 273. La mission au cœur du peuple n’est ni une partie de ma vie ni un ornement que je peux quitter, ni un appendice ni un moment de l’existence. Elle est quelque chose que je ne peux pas arracher de mon être si je ne veux pas me détruire. Je suis une mission sur cette terre, et pour cela je suis dans ce monde. Je dois reconnaître que je suis comme marqué au feu par cette mission afin d’éclairer, de bénir, de vivifier, de soulager, de guérir, de libérer. 17 Jeanne Le Ber est née à Montréal le 4 janvier 1662 et est décédée en 1714. Maisonneuve lui sert de parrain et Jeanne Mance de marraine. Très tôt, elle se retire en réclusion dans une partie isolée de la maison paternelle. En 1695, lors de la construction de la chapelle des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame, Jeanne défraie la majeure partie de la construction à condition qu'on lui aménage un logement contigu à la chapelle pour lui servir de reclusoir. Jeanne poursuit la vie de prière qu'elle avait connue dans la maison paternelle. La nuit, elle en profite pour pénétrer dans la chapelle pour adorer le Saint-Sacrement. Dans son reclusoir, elle confectionne des vêtements sacerdotaux ainsi que des vêtements pour les démunis qu'elle brode à la perfection . Elle aura vécu trente-quatre années en réclusion. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Le_Ber 18 288. Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie, nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. En la regardant, nous découvrons que celle qui louait Dieu parce qu’« il a renversé les potentats de leurs trônes » et « a renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 52.53) est la même qui nous donne de la chaleur maternelle dans notre quête de justice. C’est aussi elle qui « conservait avec soi toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). Marie sait reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans le monde, dans l’histoire et dans la vie quotidienne de chacun de nous et de tous. Elle est aussi bien la femme orante et laborieuse à Nazareth, que notre NotreDame de la promptitude, celle qui part de son village pour aider les autres « en hâte » (cf. Lc 1, 39-45). 19