second cas, l’entreprise supporte une perte réelle du fait de la manipulation illégitime.
2.1. Fraudes et faux au profit de l'organisation
Les fraudes au profit de l’entreprise sont souvent celles qui camouflent le mieux les cas de corruption. En effet, elles
augmentent l’actif du bilan des organisations [4] concernées ou permettent de ne pas faire apparaître un déficit. Elles
portent sur tout ce qui permet soit de majorer la facturation (alimentation du flux corrupteur), soit de finaliser la fraude
comptable. En effet, par définition, la fraude à des fins de corruption repose sur la création de faux. Le constat de
l’existence de faux ou du camouflage des opérations qui auraient pu être frauduleuses, autant au travers du contrôle
interne que des contrôles externes, est un indicateur pertinent de risque.
L’opération commerciale telle qu’elle est décrite sur le contrat [5] constitue le référentiel (opération telle qu’elle
devrait être) et l’analyse de la situation telle qu’elle apparaît dans la comptabilité fait ressortir son irrégularité.
Exemples :
1- Une société obtient un marché public car elle est la seule à détenir une grue hors norme et nécessaire dans
l’exécution du marché (il est précisé que les voisins refusent de laisser passer les engins sur leur voie privée). Or l’un
des soumissionnaires propose un prix sensiblement moins élevé car il déclare pouvoir obtenir l’autorisation des
voisins réticents. Il lui est répondu que son offre ne correspond pas aux termes du marché et c’est le propriétaire de
la grue qui l’obtient fort logiquement. En revanche, l’analyse du dossier a fait apparaître que cette dernière n’avait
pas été utilisée. Aucune trace de sa présence n’a été constatée dans la comptabilité analytique, pas plus dans les
feuillets d’utilisation des matériels que dans les feuillets constatant les remboursements des déplacements et des
heures supplémentaires versés aux grutiers.
On dispose ici d’un indice fort du risque de corruption ou plutôt d’un indicateur du caractère falsifié des spécifications
figurant sur le cahier des charges. La nécessité d’engager des analyses complémentaires pour mettre en évidence la
sortie possible des fonds apparaît alors.
Le gain pour la société est certain ; elle a facturé une prestation non rendue et le marché a donc été surfacturé à
due concurrence.
Dans ce cas, il est nécessaire de rechercher dans tout marché présentant des indicateurs de risque l’existence de
fausses factures majorant le coût d’un marché. En effet, à partir de l’analyse du déroulement de l’exécution des
travaux, par exemple, il a été démontré que la prestation avait été rendue au coût prévu, les factures litigieuses ne
correspondant à aucune réalité autre qu’à une manipulation.
2- À l'occasion de l'obtention d'un marché, le bénéficiaire utilise des pièces depuis longtemps inscrites dans les
stocks et faisant l'objet d'une provision, qui peuvent être utilisées, tout en ne correspondant pas aux spécifications
figurant au cahier des charges. Cela permet de réaliser une opération de "libération" des stocks et de prise de marge
afférente. En effet, pour des matériaux enfouis ou peints, donc non susceptibles d'une visualisation directe, le
titulaire a tout intérêt à pratiquer de cette manière; il vide ses stocks des pièces dont il a constaté la dépréciation
comptable et il évite l'achat d'éléments neufs plus onéreux.
La complicité du surveillant des travaux est nécessaire car il est la seule personne susceptible de constater
l’anomalie.
Ces exemples peuvent être déclinés à l’infini par poste comptable ou par type de fraude. Ces fraudes sont dites
organisées au profit de l’entreprise car elles augmentent à première vue la marge, les produits, et au final, leur actif.
Elles peuvent aussi être d’habiles leurres et n’être guère profitables pour l’entreprise. Mais, dans ce cas, c’est un
autre type de contrôle qu’il faut engager.
2.2. Fraudes et faux à l'encontre de l'organisation
Les fraudes à l’encontre de l’organisation sont plus surveillées et sans doute mieux analysées. Cependant, dans
certaines entreprises à fort chiffre d’affaires, le risque n’est considéré comme significatif qu’au delà de plusieurs
millions d’euros et il ne sera procédé à des investigations internes ou externes approfondies qu’au delà de ce seuil.
La marge de manœuvre qui est ainsi laissée aux fraudeurs est donc considérable et le risque de se faire prendre
reste relativement faible si le montage fonctionne sans heurts avec des montants relativement limités.
Ce type de fraude constitue le second volet de l’analyse. Le faux, ici, majore les charges de la société et contribue à
une minoration des résultats.
Le principe de fraude est encore une fois assez simple. Quel que soit le type de montage, il consiste à détourner des
valeurs de l’entreprise à titre personnel et à en masquer la perte.
Ces fraudes sont, généralement complexes, donc difficiles à appréhender depuis l’extérieur par un non spécialiste.
C’est pour cette raison que la prévention des fraudes comme celle de la corruption exige le développement d’une
approche par processus.
Ainsi pour une entreprise privée ou publique, les processus suivants seront analysés au regard du risque de fraude
RAPPORT 2006 : Chapitre IV