CH-1005 Lausanne
Lucia Candelise
Les pratiques médicales chinoises en Europe, un regard comparé entre différents pays
européens
Travaillant dans une optique comparative sur la diffusion des médecines chinoises dans différents
contextes nationaux européens, je présenterai quelques résultats de ma recherche menée en France
et en Italie amorçant le travail que je souhaiterais mener en Suisse.
Si les médecines venant de Chine telles qu’elles sont pratiquées dans différents pays dérivent toujours
d’une pensée liée à la civilisation chinoise et à un savoir médical se référant à des principes communs
(la circulation du qi, les principes des cinq mouvements, du yin et du yang, etc.), elles varient
fortement entre elles, dans la façon dont elles sont pratiquées, interprétées, intégrées avec d’autres
techniques et savoirs médicaux dans les différents pays européens. Je montrerai comment à partir
des années 1930 des connaissances et pratiques médicales (en particulier l’acupuncture) provenant
de la médecine chinoise ont pris forme et contenu dans une réalité nationale (locale) autre, celle de la
France et comment elles ont circulé dans différents pays européens. Je m’appuierai sur l’histoire des
institutions ayant accueilli et diffusé l’acupuncture en France et en Italie, sur l’étude des trajectoires
individuelles des principaux acteurs de l’apparition et réception de cette technique médicale, ainsi que
sur mes études de terrain pour commencer à les comparer avec d’autres situations nationales, en
particulier celle de la Suisse. L’idée sera d’examiner comment la pratique de l’acupuncture en Europe
peut se définir comme le résultat du dialogue entre les réalités locales et la globalisation ou
mondialisation des savoirs et des techniques médicales.
Florence Choquard
Les modifications du statut des œuvres des patients de Cery au XXème siècle: de l'utilisation
médicale des productions asilaires à la constitution d'un fonds littéraire.
En quoi les dessins et les textes rédigés par les patients psychiatriques alimentent les connaissances
des médecins? Comment s'opère la mutation des regards portés sur ces œuvres, qui passent d'un
statut d'objet clinique et scientifique à celui d'archive et de pièce de collection?
Le psychiatre helvétique Hans Steck (1891-1980), qui a travaillé à l’Asile psychiatrique de Cery de
1920 à 1960 et qui s’est fait connaître grâce à l’œuvre d’Aloïse Corbaz, reconnue comme auteure
d’art brut par Jean Dubuffet en 1945, constitue le fil rouge de mes recherches. Dans le contexte des
mouvements tels que l’« art psychopathologique » et l’« art brut », Steck, dans une perspective
épistémologique, étudie les théories de « la mentalité primitive et les peintures magiques des
schizophrènes ». En 1927, il se tourne vers les théories évolutionnistes de la régression et les
premières études de Lévy-Bruhl pour avancer l’idée qu’il existe un « parallélisme schizo-primitif ».
Puis il développe des explications de la pensée délirante, à partir des théories exposées lors du
Premier Congrès Mondial de Psychiatrie en 1950. Enfin, adoptant la perspective phénoménologique,
il explique que « la fonction de l’art et la fonction du délire visent à reconstituer un monde viable pour
le malade ». Sont conservées dans les archives de la psychiatrie les œuvres de cinquante patients-
auteurs, auxquels Steck s'était intéressé de près. Ces documents constituent aujourd'hui un véritable
fonds littéraire.