AVANT-PROPOS
Il serait mensonger de prétendre que la rédaction de ce travail fut aisée : l’obstacle majeur
ayant été en grande partie de définir clairement la problématique. Cela transparaît aujourd’hui
encore dans la version finale, de part l’étendue des thématiques abordées. En effet, le sujet choisi
— la dialectique chez Platon — est nécessairement vaste, et recoupe tous les aspects de la
philosophie platonicienne : c’est par la dialectique que Platon parle de métaphysique, de
politique, de morale, d’art, du pêcheur à la ligne, de l’âme… Il n’était donc jamais simple de
savoir ce qui constituait pleinement un élément important pour la rédaction du travail. Or, si tout
semble intéressant dans une recherche, plus rien ne l’est véritablement. Il faut nécessairement
mettre en place des critères discriminants clairs, sans quoi rien ne progresse. Ceci prit du temps.
De plus, le projet initial portait davantage sur les Éléates que sur Platon à proprement parler, il y
eut donc un glissement de la lecture, allant de la dialectique comme simple support de l’héritage
éléate, à la dialectique comme cœur même du travail, dont l’héritage éléate ne serait qu’un des
angles étudiés.
Mais il existe un problème plus profond encore. Quelques curieux se demandent ce que
peut être l’activité d’un chercheur en philosophie de l’Antiquité. Et après trois ans de travail,
dont un an consacré en grande partie à cette recherche, il ne m’est toujours pas aisé d’être
pleinement en mesure de répondre. Que cherche-t-on véritablement ? L’objectif est-il de
retrouver la pensée d’un auteur, ou bien plutôt de tenter d’en faire le plus beau système
possible ? Si l’on s’en tient à cette seconde approche — celle du littéraire, inscrite dans le
profond sillon de la philosophie continentale — alors on voudrait lire Platon comme on lirait
Proust ou Hugo, et l’on ne fait rien d’autre que du commentaire littéraire. On cherche la figure de
style, on essaie de tout embellir, comme pour faire plaisir à l’auteur. On termine par faire de
Platon un mystique et l’on trouve cela très joli d’imaginer que la philosophie se développe
comme un poème. Et ainsi, doucement, est ajoutée une nouvelle pierre à l’édifice du miracle
grec, fier de participer à un si bel ouvrage qui traverse déjà les âges depuis des siècles.
Dans notre cas, il fallut se faire violence et tenter de garder le cap, comme Ulysse pendant
son retour vers Ithaque ; ici, le lit de Calypso est remplacé par les travaux de Luc Brisson, de