Edition n°02 - Mai 2016
EDITORIAL
Activité physique et maladie de Parkinson : Introduction
(Ana Marques, Service de Neurologie, Hôpital Gabriel-Montpied, CHRU Clermont-Ferrand).
De nombreuses études ont démontré depuis quelques années les bénéfices de l’activité physique à court terme chez les patients
parkinsoniens (1-3) à la fois sur les scores moteurs (UPDRS III), la qualité de vie, la force, la souplesse, l’équilibre et la vitesse de marche,
permettant d’améliorer l’indépendance et la participation aux activités de la vie sociale et familiale (1, 2). Néanmoins il existe une grande
hétérogénéité parmi les techniques employées en rééducation actuellement chez les patients parkinsoniens et il persiste la question du
contenu optimal de cette activité physique (quelle intensité ? quelle fréquence ? quels types d’exercices ?) à différents stades de la maladie
(1, 2). Ainsi le nombre d’études randomisées concernant l’exercice physique dans la maladie de Parkinson ne cesse d’augmenter (3), afin
d’essayer de déterminer des recommandations qui permettraient d’optimiser les pratiques. Quatre grands types d’exercices semblent
actuellement les plus efficaces : les stratégies ciblées pour améliorer la marche, l’entrainement cognitif pour des taches spécifiques
(transferts…), le travail de l’équilibre, et l’amélioration de la condition physique (renforcement musculaire et endurance cardiovasculaire) (4).
Néanmoins, deux revues systématique de la littérature (sur la période comprise entre 2001 et fin janvier 2012) publiées récemment
montrent que les études contrôlées et en aveugle mais aussi à long terme manquent encore (5, 6) et que, bien que le bénéfice à court terme
de l’activité physique soit démontré sur de nombreux paramètres le bénéfice à long terme reste à établir (5). Elles montrent par ailleurs
qu’il n’y a pas encore assez de données pour recommander l’utilisation d’un type d’exercice plutôt qu’un autre dans le traitement de la
maladie de Parkinson (6). Enfin, il reste difficile, pour les patients parkinsoniens, de s’engager dans la pratique d’une activité physique de
façon régulière et il serait intéressant de comprendre les barrières perçues par les patients pour essayer de favoriser l’adhésion à l’activité
physique.
Références :
1. Tomlinson CL, Patel S, & al. Physiotherapy intervention in Parkinson's disease: systematic review and meta-analysis. BMJ 2012; 345:e5004.
2. Goodwin VA & al. The effectiveness of exercise interventions for people with Parkinson's disease: a systematic review and meta-analysis. Mov Disord 2008; 23:631-40.
3. Keus SH & al. Physical therapy in Parkinson's disease: evolution and future challenges. Mov Disord 2009; 24:1-14.
4. Keus SH & al. Evidence-based analysis of physical therapy in Parkinson’s disease with recommendations for practice and research. Mov Disord 2007; 22:451–60.
5. Tomlinson CL, Patel S, & al. Physiotherapy versus placebo or no intervention in Parkinson's disease. Cochrane Database Syst Rev 2013; 9: CD002817.
6. Tomlinson CL, Herd CP, & al. Physiotherapy for Parkinson's disease: a comparison of techniques. Cochrane Database Syst Rev 2014;6.
Vous pourrez retrouver une analyse d’articles plus complète sur cette thématique sur le site du Réseau Parkinson Sud-Est.
Activité physique et maladie de Parkinson : Articles commentés
(Ana Marques, Service de Neurologie, Hôpital Gabriel-Montpied, CHRU Clermont-Ferrand).
Randomized clinical trial of 3 types of physical exercise for patients with Parkinson’s disease. Shulman LM & al. JAMA Neurol 2013;
70:183-90.
L’objectif primaire de cette étude était donc de comparer l’effet de trois types d’exercices sur l’amélioration de la marche, de la force
musculaire et de la condition physique chez des patients parkinsoniens : (1) marche sur tapis à haute intensité (30 minutes à 70 % - 80 % de
la fréquence cardiaque max), (2) marche rapide sur tapis a moins haute intensité (50 minutes à 40 % - 50 % de la fréquence cardiaque Max),
(3) étirement et résistance à l’effort (2 séries de 10 répétitions pour chaque jambe sur des machines de résistance (leg press, leg extension,
et curl). Les objectifs secondaires étaient d’évaluer l’effet de l’exercice physique sur le handicap et les symptômes non moteurs. Les 3 types
d’exercices ont permis d’améliorer la distance parcourue sur une marche de 6 mn : 12 % d’amélioration (48 m sur 6 mn) pour le groupe avec
Chers amis, chers collègues,
Nous allons continuer sur notre lancée, afin de vous apporter des éléments de réflexion, et une actualisation de vos connaissances sur la
maladie de Parkinson et les syndromes apparentés.
Ce mois-ci nous allons évoquer comme thématique principale les liens entre l’exercice physique sous toutes ses formes, la rééducation et
la maladie de Parkinson. Au début des années 2000, j’avais participé à un groupe de travail de l’HAS portant sur ce sujet et, peu de
données scientifiques dans la littérature à l’époque, allaient dans le sens d’un bénéfice de l’exercice dans la MP. Grace à une revue de la
littérature récente du Dr Ana Marques, plusieurs études ont changé cette vision, et mis en évidence un bénéfice réel et significatif de
l’activité physique. Dans la même lignée, l’équipe de Montpellier nous propose une étude portant sur un programme d’auto-rééducation à
la marche, par stimulation rythmique auditive dans la maladie de Parkinson.
Une autre étude très attendue sur le plan national dans le domaine de la neuroprotection, à savoir l’étude FAIR PARK, étudiant la chélation
du fer dans la MP, sera bientôt opérationnelle en France, en particulier dans notre RPSE sur le centre de Marseille (JP. Azulay, A. Euzebio ;
Marseille) dès le mois de Juin 2016, portant sur des patients parkinsoniens de novo. En effet, l’heure est venue de trouver de nouvelles
pistes, concernant des traitements véritablement neuroprotecteurs, pouvant faire l’objet d’études pharmacologiques à un stade précoce
(pré moteur), objet de notre première newsletter…
Amicalement à toutes et à tous.
Dominique Gayraud