les origines
Du 17 au 24 août 1943, Churchill et Roosevelt se retrouvent pour préciser la cadre de l'ouverture d'un second
front. Ils prévoient la date et le nom de l'opération : cela sera "Overlord" pour le 1er mai 1944. Les trois dirigeants des
pays alliés, Churchill, Roosevelt et Staline se rencontrent pour la première fois, du 28 novembre au 1er décembre
1943, afin de prendre des décisions militaires communes contre les forces de l'Axe (Allemagne, Japon, Italie).
Cet accord de principe entre les dirigeants politiques alliés permet aux militaires de commencer leur travail de
préparation pour choisir le lieu du barquement. Une chose est certaine, l'assaut se fera à partir de l'Angleterre, pour
des raisons logistiques.
le choix de la Normandie
Les Alliés ont engagé une vaste réflexion pour déterminer le lieu ils tenteront de débarquer sur les côtes
européennes. Toutes les hypothèses ont été envisagées mais le choix est vite réduit entre le Pas-de-Calais et la baie de
Seine. Le Pas-de-Calais offre la meilleure solution : traversée courte pour rejoindre l'Angleterre, chemin rapide jusqu'au
cœur du Reich. Or, les Allemands connaissent aussi ces données et sont donc persuadés que l'assaut aura lieu dans
cette région ; les fortifications du Mur de l'Atlantique y sont d'ailleurs beaucoup plus redoutables.
Voilà pourquoi on opte pour la Normandie, dont les plages sableuses en majorité, sont relativement proches de
celles de l'ouest de l'Angleterre ; ainsi, les soldats peuvent s'entraîner outre-Manche. De plus, les défenses allemandes
y sont moins impressionnantes.
l'opération Fortitude
Ce gigantesque rassemblement de troupes, de véhicules et
de navires en Angleterre ne passe pas inaperçu et les Alliés
le savent très bien. Ces derniers, qui s'attendaient à ce
genre de situation, ont préparé l'opération "Fortitude",
chargée de désinformer les services de renseignements
allemands. Ainsi, une véritable armée fantôme va être créée,
composée de véhicules blindés en caoutchouc gonflables,
de canons de bois ; la nuit, des convois de camions, toujours
les mêmes, sillonnent la gion en tous sens. Une équipe de
techniciens entretient une activité radio débordante entre
des unités inexistantes.
Ces unités factices sont
positionnées en masse en
face du Pas-de-Calais.
Les avions de reconnaissance allemands vont observer et photographier cette
armée virtuelle. Aussitôt, les armées allemandes stationnées dans le Pas-de-Calais
sont mises en alerte.
pourquoi finalement le 06 juin 1944 ?
En décembre 1943, le général américain Eisenhower prend ses fonctions de commandant en chef de
l'opération "Overlord", assisté du général Montgomery. Les deux hommes jugent que le secteur du débarquement
retenu est trop étroit. Ils décident donc d'y ajouter deux plages supplémentaires. Mais cette modification exige des
moyens supplémentaires, notamment en avions et en péniches de transport et d'assaut. Le Jour J est donc repoussé
d'un mois, en juin 1944.
Trois conditions indispensables : mi-marée montante, l'aube, précédée d'une nuit de peine lune, obligent
Eisenhower à fixer le clenchement des opérations au 5 juin, avec une possibilité de report le 06 ou 07. Finalement,
le mauvais temps qui se leva sur la Manche début juin obligera Eisenhower à repousser le débarquement au 06, selon
les informations fournies par la météo, prévoyant une accalmie ce jour-là.
LE DÉBARQUEMENT
le déroulement du Débarquement
Peu de temps après minuit s'effectue le largage des premières
troupes aéroportées britanniques. Puis c'est au tour des parachutistes
américains. Pendant ce temps, les bombardiers lourds de la Royal Air
Force attaquent les batteries d'artillerie du Mur de l'Atlantique jugées
les plus dangereuses. A l'aube, les Allemands, n'en revenant pas,
découvrent devant leurs yeux une mer couverte de bateau. A 5h45, la
flotte ouvre le feu sur les défenses allemandes.
A 6h30, les premières vagues d'assaut américaines touchent
les plages d'Utah et d'Omaha. En secteur britannique et canadien,
l'attaque est lancée avec une heure de décalage en raison de l'heure
différente de la marée.
Au soir du 6 juin, 20 000 véhicules et 155 000 soldats ont été mis à terre. Les pertes (tués, blessés et disparus)
s'élèvent aux environs de 10 000 hommes.
sur les plages
- Utah beach : dans les plans initiaux, les Alliés n'avaient
pas prévu d'y débarquer. C'est Eisenhower qui prit la
décision d'ajouter cette plage afin de s'emparer plus
rapidement du port de Cherbourg. A 6h30 du matin, les
Américains, épaulés de chars amphibies débarquent. La
plage est rapidement nettoyée de ses obstacles par les
hommes du génie et le gros des troupes peut débarquer
sans encombre.
- la pointe du Hoc : les Allemands avaient édif une
puissante batterie d'artillerie qui constituait une menace
redoutable pour les deux plages choisies pour le
débarquement des troupes américaines, Utah beach et
Omaha beach. Conscients du danger représenté par les
canons de la pointe du Hoc, les stratèges alliés
décidèrent par prudence de prendre d'assaut la position
dès l'aube du jour, en envoyant par mer un commando
escalader la falaise à l'aide de cordages et d'échelles.
Cette mission fut confié à un bataillon de Rangers qui
réussirent l'exploit de parvenir au sommet en quelques
minutes seulement malgré une paroi très glissante, des
cordes alourdies par l'eau de mer et le feu des défenseurs.
- Omaha beach : c'est l'endroit le Débarquement a failli échouer. Le lieu choisi n'était pas idéal mail il était le seul
possible (pour éviter les falaises calcaires abruptes). Elle entre dans l'Histoire sous le nom de "Bloody Omaha" (Omaha
la Sanglante) en raison des pertes effroyables qu'y subit le Vème corps de l'armée américaine.
Débarquant à 6h30, les premières vagues, accueillies par un feu nourri, sont clouées sur la plage. Les bombardements
aériens de la nuit, comme les tirs déclenchés par l'artillerie de marine avant l'assaut se sont révélés fort peu efficaces.
De plus, les chars amphibies ont presque tous sombré avant d'atteindre la côte. Après un calvaire de plusieurs heures
pour les soldats américains, la situation évolue enfin à leur faveur. Ils parviennent à prendre l'ennemi à revers. Les
pertes s'élèvent à plus de 3000 morts.
- Gold beach : l'assaut commence à 7h25. Ce secteur est volu aux Britanniques. Après avoir débarqué sans trop
d'encombre, la brigade se heurte à une forte opposition. Il faut plusieurs assauts, des blindés et de nombreux renforts
pour nettoyer la position. Au soir du 06 juin les Britanniques ont mis à terre 25 000 hommes.
- Juno beach : cette portion du littéral est affectée aux Canadiens. Ici, pas de batteries lourdes, mais nombre de petits
ouvrages étalés le long du rivage, abritant canons antichars ou mitrailleuses.
Les pertes sont lourdes ; le retard dans l'arrivée des chars laisse l'infanterie livrée à elle-même face aux tirs de
l'ennemi. Néanmoins, en fin de journée, plus de 21 000 hommes ont été débarqués.
- Sword beach : c'est la seconde plage ajoutée par le général Eisenhower. Compte tenu des risques que comportait un
assaut direct contre les puissantes défenses allemandes et l'impossibilité de débarquer, en raison des récifs côtiers,
l'attaque eut lieu sur un front assez étroit. Ici débarqua l'armée britannique ; l'encombrement des plages du aux tirs
d'artillerie allemands ralentirent l'avancement des troupes.
le rôle de la marine
L'armada alliée qui traverse la Manche dans la nuit du 05 au 06
juin ne compte pas moins de 4300 navires de toutes tailles. Elle
est pour l'essentiel constituée de navires britanniques et
américains, mais aussi norvégiens, hollandais, polonais, danois,
grecs et français libres.
Ces navires ouvriront le feu sur les défenses allemandes 45
minutes avant l'heure H, prenant le relais des bombardements
aériens de la nuit et du petit jour.
De leur côté, les bateaux de transports auront acheminé et mis
à terre sur la côte normande 130 000 hommes et plus de 20
000 véhicules de toutes sortes au cours de la journée du 06
juin.
Au total, environ 150 000 marins ont pris part aux opérations du Débarquement, soit autant que les troupes engagées
sur terre.
les ports artificiels
Pour alimenter les armées alliées en munitions, carburants, vivres et équipements, le déchargement
directement sur la plage du matériel par des bâtiments de la Marine est insuffisant. Les Alliés ont prévu d'assembler
des pièces préconstruites et tractées d'Angleterre jusqu'en Normandie afin de former deux ports artificiels, l'un pour les
Britanniques devant Arromanches et l'autre pour les Américains devant Saint-Laurent-sur-Mer (nom de code Mulberry I
et II).
A partir du 10 juillet, le port d'Arromanches manipulera
chaque jour 6000 tonnes d'approvisionnement. Dès le 4
juillet, la marine peut se vanter d'avoir amené à terre un
million d'hommes, 183 500 véhicules et 650 000
tonnes d'approvisionnements. Dès lors, les Allemands
ont perdu la supériorité local du nombre et du matériel.
Mais les 19 et 20 juin, une très forte tempête détruit le
port de Saint-Laurent et endommage celui
d'Arromanches qui peut toutefois être réparé.
le rôle de l'aviation
Depuis le printemps, elle accomplit de nombreuses missions sur le territoire français, bombardant sans répit
les aérodromes, les stations de radars, les dépôt de munitions et les batteries du Mur de l'Atlantique afin d'affaiblir au
maximum les capacités défensives allemandes avant le jour J. Puis vient le tour des gares, des ponts routiers et
ferroviaires dans le but d'isoler progressivement la Normandie.
Depuis juin 1944, les Alliés disposent de plus de 11 000 avions de tous types, alors que les Allemands ont
moins d'un millier d'appareils. Cette supériorité des forces aériennes sera l'une des clés de la réussite du
Débarquement. Tout au long de la journée du 06, l'aviation alliée
multiplie les sorties en appuyant les troupes au sol.
la réaction des batteries côtières allemandes
Des 28 batteries côtières en fonctionnement, 11 seulement ont
tiré sur les assaillants. Les 12 autres n'ont pu tirer un seul coup.
Malgré ces échecs partiels, on peut considérer que les
batteries du secteur de débarquement et de la région de Cherbourg ont
pleinement joué leur rôle. La défaillance allemande n'est pas venue de
ce côté, mais de la perte de la suprématie aérienne et de la réaction
lente d'Hitler à mettre en route les décisions cuirassés.
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