Réf. : BE8620 V1 Date de publication : 10 novembre 2016 De Volta aux accumulateurs Li-ion - Développement des batteries au lithium Cet article est issu de : Énergies | Ressources énergétiques et stockage par Frédéric LE CRAS, Didier BLOCH Mots-clés Batteries | Stockage électrochimique | Véhicules électriques et hybrides Résumé Depuis leur mise sur le marché en 1991, les accumulateurs lithium-ion ont envahi notre quotidien : ils alimentent en énergie nos smart phones, ordinateurs portables, tablettes, vélos électriques, etc. tandis que véhicules électriques et hybrides se répandent dans les rues. Comment cette technologie s’est-elle, en quelques années, substituée aux filières établies depuis des décennies? Comment l’industrie Asiatique a-t-elle réussi à occuper dans ce domaine une position dominante? Quelles seront les prochaines étapes du développement de ces systèmes de stockage électrique? En replaçant cette problématique dans un contexte historique, cet article a pour objectif de permettre de comprendre l’enchaînement des découvertes et des évolutions dans ce domaine, et d’apporter un éclairage sur les développements en cours Keywords batteries | electrochimical storage | electric and hybrid vehicles Abstract Since their introduction on the market in 1991, lithium batteries became ubiquitous: manufactured by tens of millions every month, they feed with energy not only our smartphones, tablets, electric bikes, but also electric and hybrid vehicles. How did this technology replace lead acid, nickel cadmium, and nickel hydride batteries existing so far so rapidly? How could the Asian industry win such a dominant position on the market? What are the next evolutions of these energy storage systems? This article proposes to the reader to get a better idea of how the present situation occurred by positioning these issues in a historical context, and to imagine what could be the possible challenges in the next future. Pour toute question : Service Relation clientèle Techniques de l’Ingénieur Immeuble Pleyad 1 39, boulevard Ornano 93288 Saint-Denis Cedex Document téléchargé le : 24/11/2016 Pour le compte : 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Par mail : [email protected] Par téléphone : 00 33 (0)1 53 35 20 20 © Techniques de l'Ingénieur | tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 De Volta aux accumulateurs Li-ion Développement des batteries au lithium par Frédéric LE CRAS Expert senior au CEA – LETI, Grenoble, France et Didier BLOCH Responsable de laboratoire au CEA – LITEN, Grenoble, France 1. De la pile Volta aux premières technologies d’accumulateurs commerciaux ......................................................................................... 2. 1965-1985 : développement des piles au lithium....................... — 3 3. 1970-1991 : boom des systèmes rechargeables ......................... Accumulateurs au sodium « haute température »................................ Accumulateurs au lithium(-ion) .............................................................. Accumulateurs nickel-hydrure de métal ................................................ — — — — 4 4 4 6 4.1 4.2 4.3 Développement des systèmes lithium-ion .................................... Spécificité des accumulateurs Li-ion...................................................... De nouveaux matériaux pour de meilleures performances................. Différents formats d’accumulateur Li-ion .............................................. — — — — 6 6 7 8 5. 5.1 5.2 5.3 5.4 Évolution des performances et des applications........................ Évolution des performances ................................................................... Évolution des applications ...................................................................... Principaux producteurs ........................................................................... Coût de fabrication des accumulateurs Li-ion....................................... — — — — — 9 9 10 14 16 6. 6.1 6.2 Perspectives d’évolution des accumulateurs au lithium.......... Principales évolutions en vue pour la technologie Li-ion .................... Nouveaux systèmes utilisant une électrode de lithium métallique .... — — — 19 19 20 7. Conclusion ............................................................................................. — 20 8. Glossaire ................................................................................................. — 20 3.1 3.2 3.3 Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 11 - 2016 4. tiwekacontentpdf_be8620 v1 Pour en savoir plus ........................................................................................ BE 8 620 - 2 Doc. BE 8 620 ans la longue histoire du développement des systèmes de stockage électrochimique de l’énergie (piles, accumulateur), l’avènement des accumulateurs au lithium métal, puis lithium-ion représente un tournant. Cette technologie d’accumulateur utilisant une électrode négative à fort pouvoir réducteur et par voie de conséquence un électrolyte non aqueux permet, une fois associée avec une électrode positive adéquate, de générer une force électromotrice d’environ 4 V. Cette tension élevée est un premier atout pour permettre de stocker une énergie électrique importante rapportée à la masse et au volume de l’accumulateur. L’optimisation du choix des matériaux et les progrès des techniques de fabrication réalisés depuis la mise sur le marché des premiers accumulateurs Li-ion en 1991 permettent d’atteindre aujourd’hui des densités d’énergies voisines de 250 Wh · kg–1 et 600 Wh · L–1. Ces valeurs sont de loin les plus élevées obtenues parmi les systèmes rechargeables fonctionnant à température ambiante. Les premiers accumulateurs Li-ion ont été conçus et commercialisés initialement par Sony (et Asahi Kasei) pour l’alimentation de caméscopes. Depuis D Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ lors, cette technologie a accompagné de manière synergique l’explosion du marché des appareils électroniques portables et a rapidement supplanté dans ces applications la technologie d’accumulateur aqueux la plus avancée, le nickel-hydrure métallique (Ni-MH). Par ailleurs, le rôle clef joué par cette technologie dans la conception et la réalisation des équipements électroniques portables, allié à la position de quasi-monopole prise par l’industrie asiatique sur ces marchés depuis la fin des années 1980, a rapidement conduit à une intégration de la fabrication des accumulateurs Li-ion au sein des firmes concernées. Ce positionnement stratégique explique en grande partie la prééminence actuelle des fabricants d’accumulateurs japonais, coréens, plus récemment chinois sur cette production. Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Parallèlement, dans un contexte global imposant la réduction de l’utilisation des énergies fossiles et le recours à des sources d’énergies renouvelables, la question du stockage de l’énergie électrique devient de plus en plus prégnante. Considérés il y a peu comme trop coûteux et insuffisamment sûrs, les accumulateurs Li-ion tirent aujourd’hui bénéfice de la maturité technologique de la filière et pénètrent chaque jour davantage le marché du véhicule électrique et hybride et du stockage stationnaire à grande échelle. Ces nouveaux domaines d’application, impliquant de plus forts volumes de production comparés à celui de l’électronique portable, imposeront sans nul doute de nouveaux développements à la technologie Li-ion, et motivent dès à présent la recherche de systèmes « post Li-ion » encore plus performants. tiwekacontentpdf_be8620 v1 1. De la pile Volta aux premières technologies d’accumulateurs commerciaux À l’aube du XIXe siècle, après plusieurs décennies d’études empiriques des phénomènes galvaniques, Alessandro Volta pose les premières bases scientifiques de l’électrochimie en étudiant la génération d’électricité aux bornes d’un empilement (d’où le terme « pile ») constitué de deux électrodes métalliques (zinc et cuivre) séparées par un tissu imprégné d’une solution saline. Quelques décennies plus tard, Michael Faraday énonce une première « théorie électrochimique » résistante à l’épreuve des faits expérimentaux, comprenant, entre autres, la loi qui porte son nom, selon laquelle la quantité de matière transformée au cours d’une réaction est proportionnelle à la quantité d’électricité qui a traversé la cellule électrochimique. Il propose de nouveaux termes : électrode, anode, cathode, électrolyte pour définir les constituants d’une telle cellule. Sur ces bases, de nombreuses initiatives vont contribuer au développement de nouveaux systèmes électrochimiques. Les premiers développements « industriels » de générateurs électrochimiques débutent vers 1836 avec John Frederic Daniell qui, pour répondre aux besoins naissants des télécommunications sans fil, conçoit une pile (–) Zn/H2SO4//CuSO4/Cu (+) générant une force électromotrice (fem) de 1,1 V. Il faut ensuite attendre 1859 pour que les accumulateurs au plomb soient découverts par Gaston Planté. Ceux-ci, constitués de deux électrodes de plomb séparées par une toile de lin et plongées dans de l’acide sulfurique, constituent les premiers systèmes rechargeables et génèrent une fem d’environ 2 V. Camille Fauré en propose une conception améliorée en 1881, facilitant sa production en masse pour différentes applications (éclairage ferroviaire, stationnaire) dès 1886. BE 8 620 – 2 Dès la fin du XIXe siècle, les limitations des accumulateurs au plomb motivent de nouvelles recherches dans le domaine. Dans ce contexte, Waldemar Jungner invente en 1899 les accumulateurs nickel-cadmium et Thomas Edison contribue en 1901 à l’émergence de la filière nickel-fer. Ces batteries, très robustes, offrent une cyclabilité remarquable, qui permet une durée de vie de l’ordre de vingt ans et une densité d’énergie (40 Wh · kg–1) supérieure à celle des accumulateurs au plomb. Cela explique pourquoi elles seront utilisées très tôt pour alimenter des véhicules électriques, et notamment la « Detroit » dès 1911. L’utilisation des accumulateurs Ni-Fe reste essentiellement cantonnée aux véhicules ferroviaires et sa production s’arrête en 1975 (Exide). En revanche, le domaine d’application des accumulateurs Ni-Cd n’a de cesse de progresser au cours du vingtième siècle. Leur utilisation s’impose dès les années 1930 pour beaucoup d’applications embarquées à forte valeur ajoutée telles que l’aéronautique et le spatial d’abord. La société SAFT (Société des accumulateurs ferroviaires et de traction), notamment, en commercialise pour l’alimentation de secours dans le ferroviaire, l’aéronautique et l’éclairage au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Dans les années 1980, ce système s’impose également pour l’alimentation d’appareils électroniques et d’outillages portables, et en particulier des premières générations de téléphones mobiles. Détrônés sur ce secteur par les accumulateurs Ni-MH, puis Li-ion à la fin des années 1990, ils restent encore largement utilisés dans les systèmes d’alimentation de secours (meilleure fiabilité que le Pb-acide) et dans le secteur aéronautique. Quant aux accumulateurs au plomb, ils représentent encore de nos jours près de 90 % du marché des accumulateurs vendus dans le monde (environ 60 % en valeur, figure 1). Peu coûteux, ils restent parfaitement adaptés aux applications stationnaires (sauvegarde centraux téléphoniques et serveurs informatiques, onduleurs, stockage d’énergie provenant de sources renouvelables sur sites isolés...), ainsi qu’à certaines applications embarquées, telles que les batteries de démarrage, les véhicules micro-hybrides et les chariots élévateurs. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION Dans tous les cas, la motivation de ces développements est la réalisation de systèmes d’alimentation et de stockage électriques embarqués présentant une densité d’énergie sensiblement plus élevée que celle des systèmes aqueux existants. Une des caractéristiques des métaux alcalins ( , Na, K...) est en effet leur fort pouvoir réducteur. La valeur des potentiels standards + des couples A /A est en effet particulièrement basse (– 3,05 V/ENH pour Li+/Li) et permet donc d’envisager la réalisation de générateurs électrochimiques présentant une force électromotrice, et donc une densité d’énergie, nettement supérieure à celle obtenue avec des électrodes négatives de Zn, de Pb ou de Fe. Par ailleurs, parmi ces métaux, le lithium et le sodium ont une masse molaire relativement faible, ce qui est un avantage supplémentaire pour l’obtention de générateurs électrochimiques à forte densité d’énergie. En contrepartie, ces matériaux sont extrêmement réactifs et s’oxydent rapidement notamment au contact de l’air et de l’humidité. Pour cette même raison, seuls des électrolytes aprotiques sont susceptibles de leur être associés. 70 Milliards de $ US 60 50 40 30 20 10 0 1990 2000 2005 2010 Année Plomb NiMH NiCd Li-ion 2013 2014 2015 Dans les années 1950, la démonstration de la stabilité du lithium métallique dans des solvants aprotiques ouvre la voie à la réalisation des premières piles au lithium fonctionnant à température ambiante [2]. Des électrolytes stables vis-à-vis du lithium sont synthétisés à base de solvants purifiés parfaitement anhydres (PC, γ -butyrolactone, di-méthoxy-éthane...), solubilisant différents sels de lithium (LiClO4 , LiAsF6 , LiPF6 , LiBF4) [3]. Cette stabilité découle en réalité de la formation d’une couche de passivation à la surface du lithium, formée par les produits de décomposition de l’électrolyte, constituée de différents composés inorganiques et organiques et appelée communément SEI (Solid Electrolyte Interphase ) [4]. Une grande variété de matériaux d’électrode positive est alors évaluée dans des cellules de ce type. Au final, cela a débouché sur la fabrication industrielle plus ou moins pérenne de différents types de piles [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] qui sont détaillés dans le tableau 1. Autres (NaS, redox flow…) Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Figure 1 – Évolution en valeur du marché des accumulateurs (doc. Avicenne Energy) tiwekacontentpdf_be8620 v1 2. 1965-1985 : développement des piles au lithium Les premiers travaux de recherche sur les générateurs au lithium et au sodium sont initiés à la fin des années 1950, puis s’intensifient sensiblement, aux États-Unis notamment, durant la décennie suivante sous l’impulsion de programmes gouvernementaux touchant principalement à la défense et au domaine spatial (NASA) [1]. Le début des années 1970, voit par la suite l’émergence de systèmes davantage dédiés aux applications électroniques grand public, développés principalement par des firmes japonaises (Sanyo, Matsushita). À l’heure actuelle, les piles Li/FeS2 , Li/MnO2 continuent d’être commercialisées pour des usages grand public, les piles Li/CFx pour des usages essentiellement industriels et les piles Li/I2-PVP et Li/Ag2V4O11 pour l’alimentation des pacemakers. D’autres technologies de piles sont également utilisées pour des applications plus spécifiquement industrielles et militaires : les piles à cathode soluble (Li/SOCl2 , Li/SO2) et les piles à activation thermique (Li(Si)/FeS2). Tableau 1 – Piles au lithium à cathode solide fonctionnant à température ambiante Cathode Tension nominale (V) Densité d’énergie (Wh · kg–1) Densité d’énergie (Wh · L–1) Température de fonctionnement (°C) Date de brevet ou de mise sur le marché Premiers déposants ou fabricants Cus 1,5 300 470 – 40 à + 60 1967 SAFT Dupont de Nemours FeS2 1,5 310 560 – 40 à + 60 1971 Eveready Dupont de Nemours CuO 1,5-1,2 280 650 – 20 à + 70 1975 SAFT V2O5 3,3 240 630 – 40 à + 60 1972 Honeywell Duracell Ag2CrO4 3,1-2,6 310 820 à 900 37 1972 SAFT MnO2 3,0 330 700 – 40 à + 70 1976 Sanyo CFx 2,8 260 620 – 40 à + 85 1969 Matsushita 1972 Catalyst Research Co. Wilson Greatbach I2-Polyvinylpyridine 2,8 200 à 270 850 à 1 000 37 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 3 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ 3. 1970-1991 : boom des systèmes rechargeables Le regain d’intérêt pour le véhicule électrique après le choc pétrolier de 1973, le développement exponentiel de l’électronique grand public à partir de la fin des années 1970 et le plafonnement des performances des accumulateurs Ni-Cd conduisent à une accélération des recherches dans le domaine des accumulateurs. Dans cette quête de sources d’énergie embarquées pour des applications grand public, les critères de performance tels que la densité d’énergie, la cyclabilité, le coût sont d’abord privilégiés, avant que la sûreté de ces systèmes ne devienne la préoccupation majeure. Différentes avancées conduisent au développement de filières d’accumulateurs distinctes : la découverte d’électrolytes solides céramiques ouvre la voie aux accumulateurs fonctionnant à haute température, celle d’alliages hydrurables à température ambiante permet la conception des accumulateurs aqueux « alcalins » Ni-MH, la connaissance des matériaux d’intercalation permet la conversion des piles au lithium en système rechargeables, et au bout du compte celle des premiers accumulateurs Li-ion. Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 3.1 Accumulateurs au sodium « haute température » tiwekacontentpdf_be8620 v1 Les premiers accumulateurs à électrode négative en métal alcalin à voir réellement le jour sont des systèmes fonctionnant à haute température (> 300 °C). Le plus emblématique d’entre eux est le système sodium soufre (Na-S) inventé et perfectionné par Ford Motors Co. et General Electric dès le milieu des années 1960 [15]. Sa conception tire parti de la découverte des propriétés de conduction ionique de matériaux céramiques, et notamment de l’alumine bêta (β’’-Al2O3) qui est un oxyde mixte d’aluminium et de sodium de composition 11Al2O3-xNa2O (x~1-2) dopé au Mg, dont la structure cristalline présente des chemins de conduction des ions sodium. Sa conductivité est faible à température ambiante (~ 10–2 S · cm–1), mais atteint une valeur nettement plus élevée à 300 °C (~ 0,2 à 0,4 S · cm–1), compatible avec une utilisation pratique [16]. Ces accumulateurs fonctionnent généralement à une température stabilisée autour de 350 °C, à laquelle le sodium et le soufre sont sous forme liquide. L’électrode positive est constituée d’un feutre de carbone imprégné de soufre liquide. La réaction réversible : se déroule à environ 2 V/Na+/Na et fait intervenir différents polysulfures de sodium Na2Sx comme intermédiaires réactionnels. De nombreux incidents émaillent le développement de cette technologie et mettent en évidence la fragilité de l’électrolyte céramique vis-à-vis des sollicitations thermomécaniques pouvant conduire à une mise en contact direct du soufre et du sodium fondus. L’application visée à l’origine, le véhicule électrique, est abandonnée au profit du stockage stationnaire de grande dimension. De telles installations dédiées à l’écrêtage des pics de production électrique ou couplées à des sources d’énergie renouvelables (éolien, photovoltaïque) fonctionnent actuellement au Japon (par exemple, l’installation de NGK insulators 245 MWh, 34 MW à Rokkasho). Une variante du système Na-S appelée accumulateur ZEBRA (Zeolite Battery Research Africa ) est développée à partir de 1985 en Afrique du Sud par le CSIR (Council for Scientific and Industrial Research). Dans ce système, le soufre est remplacé par du chlorure de nickel additionné d’un sel de sodium NaAlCl4 permettant d’assurer la conduction ionique dans le compartiment positif. À la température de fonctionnement nominale (270 à 350 °C), la réaction : BE 8 620 – 4 est réversible. Cette technologie permet d’atteindre des performances convenables (150 W · kg–1, 81 Wh · kg–1 pour une batterie de complète de 30 kWh). Elle est introduite dans des véhicules électriques en 1998 (Mercedes Classe A), mais doit être abandonnée pour des questions de sûreté. Ces accumulateurs sont produits actuellement par Fiamm SoNick en Italie pour des applications essentiellement liées au stockage stationnaire (onduleurs, couplage énergies renouvelables). De nouveaux travaux entrepris en 2010 par General Electric pour améliorer cette technologie ont été interrompus en 2015. Des systèmes rechargeables au lithium fonctionnant à haute température sont développés à partir du début des années 1970 au sein des laboratoires américains d’Argonne [17] et de Sandia, rapidement suivis par Toyota [18] après 1973. Après des essais infructueux de transposition du système Na-S au lithium, une technologie utilisant un électrolyte en sels fondus (eutectique LiCl-KCl) et le couple de matériaux d’électrode Li(Al)/FeS2 , solides à la température de fonctionnement (450 à 500 °C), a été développée. Il s’avère en effet que la réaction de conversion : est parfaitement réversible à haute température. C’est également le cas pour d’autres sulfures métalliques ; cependant, des considérations de coût amènent à privilégier le disulfure de fer. Le développement de ces accumulateurs se prolonge jusqu’au début des années 1990 [19] pour aboutir à des performances intéressantes (180 Wh · kg–1, 400 W · kg–1), sans pour autant que cela débouche sur une utilisation commerciale dans le domaine du véhicule électrique. 3.2 Accumulateurs au lithium(-ion) 3.2.1 Systèmes rechargeables à électrode de lithium métallique L’application des concepts d’électrodes à insertion [20] [21] aux dispositifs de stockage électrochimique de l’énergie, discutée au cours de la conférence « NATO Advanced Study Institute on Fast Ion Transport in Solids, Solid State Batteries and Devices » à Belgirate (Italie) en septembre 1972, jette les bases du développement des accumulateurs au lithium, puis par la suite Li-ion, fonctionnant à température ambiante. Les électrodes à insertion sont en effet constituées de matériaux, conducteurs mixtes ioniques et électroniques qui, de par leur structure cristallographique et leur composition, sont susceptibles de permettre l’insertion/désinsertion d’ions au sein de leur structure et de compenser ce transfert de charge ionique par un transfert électronique. Les dichalcogénures de métaux de transition (TaS2 , TiS2 , MoS2...), constitués de feuillets d’octaèdres MS6 maintenus entre eux par des liaisons faibles de type Van der Waals et offrant des sites cristallographiques vacants susceptibles d’accueillir des atomes supplémentaires entre ces feuillets, en sont des exemples emblématiques. En 1974, Stanley Whittingham démontre dans un premier temps la possibilité d’y insérer électrochimiquement des ions Ag+ [22], puis transpose ce travail au lithium. Il met en évidence la bonne réversibilité de cette réaction d’intercalation du Li+ (figure 2) et le comportement de solution solide des composés LixTiS2 (0 < x < 1). Logiquement, il dépose un brevet concernant l’utilisation du TiS2 comme électrode positive dans des systèmes réversibles (accumulateurs) au lithium en 1976 [23] [24]. Par la suite, la société Exxon Entreprises (division batteries) conçoit et commercialise durant la période 1976-1978 le premier système rechargeable fonctionnant à température ambiante, destiné à l’alimentation des montres. Il est constitué d’une électrode positive de TiS2 , d’un électrolyte liquide (LiBPh4 dans 1,3 dioxolane), d’un séparateur microporeux en polyoléfine (Celgard) et d’un alliage LiAl comme électrode négative. Le prix élevé du TiS2 stœchiométrique et la cyclabilité très modeste obtenue au bout du Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION Intercalation du Li+ Feuillets de TiS2 Charge TiS2 + Li+ + e– LiTiS2 Décharge Figure 2 – Réaction d’intercalation réversible du lithium dans le disulfure de titane compte ne permettent pas de pérenniser la production de ces accumulateurs. Moli Energy (Canada) et AT&T (États-Unis) perfectionnent ce concept au cours des années 1980 en utilisant d’autres matériaux d’intercalation (respectivement MoS2 et NbSe3). La densité d’énergie atteinte avec des accumulateurs au format AA est voisine de 100 Wh · kg–1 [25]. Parallèlement, un intérêt croissant est porté aux oxydes de vanadium de structure lamellaire (V2O5 [26], V6O13 [27], LiV3O8 [28]) pour lesquels l’intercalation réversible du lithium se déroule à plus haut potentiel que pour les sulfures. Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 3.2.2 Effets néfastes des cycles de dépôt/dissolution du lithium métal tiwekacontentpdf_be8620 v1 Les premières tentatives pour utiliser une électrode de lithium dans un système rechargeable utilisant des électrolytes liquides organiques montrent qu’une fraction du lithium déposé sur l’électrode négative lors de la charge n’est plus disponible lors de la décharge suivante. Le lithium ayant tendance à se redéposer sous forme divisée et quelque peu anarchique, cela conduit d’une part, à une réaction exacerbée avec l’électrolyte et une consommation de lithium dans la formation de la SEI lors de la charge, et d’autre part, à l’isolation électrique d’une partie du lithium lors de la décharge suivante. Afin de limiter la perte de capacité au cyclage, une solution est donc d’utiliser un large excès de lithium métallique à l’électrode négative. Parallèlement, l’influence de la composition de l’électrolyte sur l’ampleur de cette perte irréversible est clairement mise en évidence. Cela conduit notamment à remplacer le sel de lithium LiClO4 utilisé dans les piles par du LiAsF6 . Ce choix, allié à une conception adaptée de l’accumulateur (électrodes fines, pression mécanique exercée sur le lithium) permet à Moli Energy d’atteindre un rendement faradique de 99 % (alors qu’elle était de l’ordre de 60 % dans les tout premiers systèmes). Cependant, en dépit de cela, la morphologie du lithium continue d’évoluer au cours des cycles vers un état très divisé (une « mousse » de lithium) potentiellement très réactif. L’initiation d’un point chaud au sein de l’accumulateur (court-circuit localisé crée par une dendrite de lithium traversant le séparateur lors d’une charge) est alors susceptible de provoquer une réaction en chaîne avec un emballement thermique. Ce scénario se produit à plusieurs reprises sur des cellules Moli Energy, provoquant explosions ou incendies. Ces problèmes de sécurité, s’ajoutant aux limitations en termes de cyclabilité et de temps nécessaire à la recharge inhérentes à ces systèmes, conduisent à une cessation de la production en 1989 et à l’abandon général de la filière Li métal/électrolyte liquide. Cet échec relatif débouche sur deux nouvelles approches : – la première visant le remplacement de l’électrolyte liquide par un électrolyte polymère « sec » susceptible d’éviter l’apparition des dendrites sur le lithium ; – la seconde visant, quant à elle, le remplacement du lithium métallique par un composé d’intercalation insérant réversiblement le lithium à bas potentiel. La première voie inspirée des travaux de Michel Armand [29] conduit à la réalisation d’accumulateurs de type Li/(POE-LiTFSI)/(V2O5 , LiV3O8) notamment par Hydroquébec/Avestor (Canada) et Batscap (France). Mais la nécessité de faire fonctionner ces systèmes à 85 °C, du fait de la trop faible conductivité ionique de ce type d’électrolyte à température ambiante, va fortement limiter leur développement. La seconde va déboucher sur l’avènement de la technologie Li-ion. 3.2.3 Genèse des accumulateurs Li-ion Au début des années 1980, la technologie Ni-Cd est parvenue à maturité, la filière Ni-MH est toujours en développement, et la densité d’énergie limitée des accumulateurs devient un frein au développement des appareils électroniques portables, alors en plein essor. Dans ce contexte, Sony, qui n’a alors qu’une expérience limitée dans le domaine des piles (Zn/Ag2O, piles salines et alcalines) mais qui se positionne sur le créneau de l’électronique grand public (caméscopes, baladeurs, téléphones...), initie dans le plus grand secret les travaux qui vont aboutir à la commercialisation des premiers accumulateurs Li-ion, en collaboration avec la firme Asahi Kasei [30]. Tirant parti des travaux de John Banister Goodenough démontrant la désintercalation réversible du lithium dans l’oxyde lamellaire LiCoO2 publiés en 1979 [31], et de la démonstration faite par Rachid Yazami et Philippe Touzain en 1983 [32] de la possibilité d’intercaler réversiblement du lithium dans le carbone (graphite), Akira Yoshino associe ces matériaux à un électrolyte liquide adéquat à base de solvants organiques pour réaliser le premier prototype fonctionnel d’accumulateur Li-ion (cette dénomination ne sera donnée que par la suite) en 1983 [33]. Il brevète sa découverte en 1985 [34]. Sony procède alors au développement de cette nouvelle filière d’accumulateurs dès 1986 et met sur pied un outil industriel de production. En 1991, l’annonce de la mise sur le marché des premiers accumulateurs Li-ion, prend tout le monde de court, et notamment les fabricants d’accumulateurs spécialisés dans le Ni-Cd (SAFT, VARTA et Sanyo essentiellement), bien que certains d’entre eux aient également initié des recherches sur ce sujet. Le fonctionnement des accumulateurs Li-ion est ainsi basé sur des réactions d’intercalation/désintercalation des ions Li+ qui se déroulent simultanément à haut potentiel dans le matériau d’électrode positive et à bas potentiel dans le matériau d’électrode négative (figure 3). Dans le cas des accumulateurs LiCoO2/carbone, les réactions sont les suivantes : Les accumulateurs de première génération commercialisés par Sony (figure 4) sont de format cylindrique (∅ 20 mm, 50 mm) et sont constitués d’une électrode positive composite à base de LiCoO2 sur feuillard d’aluminium, d’une électrode négative de carbone graphitisable (coke) sur feuillard de cuivre, d’un séparateur microporeux en polypropylène et d’un électrolyte liquide organique aprotique (PC:DEC 1:1, 1M LiPF6) [35]. Utilisés entre 4,1 et 3,55 V, leur densité d’énergie est de 80 Wh · kg–1 et de 200 Wh · L–1. Nota : PC:DEC pour carbonate de propylène : carbonate de diéthyle. En termes de densité d’énergie, ils surclassent donc d’emblée les accumulateurs Ni-Cd existants (50 Wh · kg–1, 150 Wh · L–1) et se retrouvent au coude à coude avec les tout nouveaux accumulateurs Ni-MH (75 Wh · kg–1, 200 Wh · L–1). Par ailleurs, la température maximale de fonctionnement de ces accumulateurs Li-ion est également plus élevée que celle des accumulateurs « alcalins ». Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 5 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ (notamment en Europe) du fait de leur prix sensiblement inférieur (d’un facteur 3 en 1994) [36]. La concurrence féroce entre les deux technologies conduit à des progrès rapides sur la densité d’énergie des accumulateurs Ni-MH durant les années 1991-1996 (200 →310 Wh · L–1) grâce au remplacement du LaNi5 par des alliages complexes ayant des capacités spécifiques supérieures. S’inscrivant dans la continuité d’une technologie mature, la marge de progression de la technologie Ni-MH s’avère plus faible que celle du Li-ion. Rapidement rejoints en termes de performances et de coût par les accumulateurs Li-ion, les accumulateurs Ni-MH vont donc être progressivement remplacés par ceux-ci dans les appareillages portables. 5 Li0,5CoO2 Tension (V/Li+/Li) 4 3 Décharge LiCoO2 3,6-4,2 V Charge 2 1 C6 LiC6 0 0 20 40 60 80 100 Capacité (%) Fonctionnement du système lithium-ion intégrant ces deux types d’électrodes, avec un équilibrage de capacité considérant l’électrode négative en excès de 20 %. En vert, zone de stabilité électrochimique de l’électrolyte. Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Figure 3 – Courbes de tension des électrodes de graphite et de LiCoO2 tiwekacontentpdf_be8620 v1 Ils vont toutefois s’imposer dans le domaine du véhicule hybride. En 2006, celui-ci représente 50 % du marché du Ni-MH. Dès 1997, Toyota va en effet employer des batteries Ni-MH fabriquées par Panasonic dans plusieurs générations successives de Prius, suivi par Honda et la Civic. Dans ces versions de véhicules hybrides, le niveau d’autonomie visé en mode tout électrique reste modeste (quelques kilomètres, 1,5 km pour la Prius I) et la principale fonction du moteur électrique est d’aider à la propulsion du véhicule lors des phases d’accélération. Les points forts des batteries Ni-MH pour cette application sont leur bonne densité de puissance (W · kg–1) en particulier à basse température, leur coût modéré et un excellent niveau de sûreté. À titre d’exemple, la batterie Ni-MH de la Prius III lancée en 2009 est composée de 28 modules de 7,2 V (6 × 1,2), 6,5 Ah. Ses caractéristiques sont : 201,6 V, 1 300 W · kg–1, 46 Wh.kg–1 pour une masse d’environ 30 kg. 4. Développement des systèmes lithium-ion Figure 4 – Premières versions d'accumulateurs Li-ion de Sony (1992) 3.3 Accumulateurs nickel-hydrure de métal La substitution de l’électrode négative de cadmium, toxique et à l’origine de l’effet mémoire, dans les accumulateurs Ni-Cd par un alliage hydrurable à température ambiante de type LaNi5 donne naissance à la filière d’accumulateurs alcalins Ni-MH. Cette technologie est particulièrement attractive pour les fabricants historiques d’accumulateurs Ni-Cd dans la mesure où elle permet immédiatement des gains significatifs de performances (densité d’énergie, suppression de l’effet mémoire), tout en s’inscrivant dans la continuité de la technologie Ni-Cd (mêmes constituants, tension identique). Les premiers accumulateurs Ni-MH sont commercialisés en 1990 par des fabricants japonais tels que Toshiba, Yuasa ou Matsushita (Panasonic), qui prennent de vitesse leurs concurrents européens. Concurrencés très tôt par les accumulateurs Li-ion, ils s’imposent dans un premier temps sur le marché de la téléphonie BE 8 620 – 6 Dans la foulée de Sony, plusieurs sociétés (Sanyo, Mitsubishi batteries, Hitachi Maxell, Moli Energy, AT&T batteries...) essentiellement japonaises se lancent rapidement dans la production de masse d’accumulateurs Li-ion. Pendant une dizaine d’années (1991-2000), les applications visées seront essentiellement les téléphones mobiles, les ordinateurs portables et les caméscopes : des appareillages nomades à forte valeur ajoutée, dont la production est concentrée en Asie et principalement au Japon. Le développement de la filière Li-ion s’accompagne d’une montée en maturité technologique et d’une forte croissance des capacités de production, qui laisse rapidement entrevoir la possibilité de pénétration d’autres marchés, nouveaux ou existants (spatial, véhicules électriques, stationnaire et couplage réseau...). En 2015, la production d’accumulateurs Li-ion représente 15 à 20 fois celle des accumulateurs NiCd ou NiMH (figure 5). 4.1 Spécificité des accumulateurs Li-ion Les matériaux actifs composant le système Li-ion (électrodes, électrolyte), de par leurs caractéristiques intrinsèques, conditionnent fortement la conception, la fabrication et le fonctionnement de ces accumulateurs. À tous ces niveaux, la technologie Li-ion se distingue fortement de celles des accumulateurs à électrolyte aqueux. Parmi les caractères spécifiques de ce système, on peut notamment citer : – la faible conductivité ionique des électrolytes organiques utilisés (~ 10–2 S · cm–1 à 20 °C) qui impose la réalisation d’électrodes et de séparateurs de faible épaisseur (25 à 100 μm) ; – l’instabilité électrochimique de l’électrolyte au potentiel de fonctionnement de l’électrode négative (figure 3) qui nécessite la Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION 9 000 70 000 8 000 60 000 Énergie stockée (MWh) 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 40 000 30 000 20 000 10 000 NiCd NiMH 2015 2013 2011 2009 2007 2005 2003 2001 1999 1997 1995 1993 1t 000 0 50 000 Li-ion 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Millions de cellules 7 000 NiCd NiMH Li-ion Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Figure 5 – Évolution de la production d’accumulateurs NiCd, NiMH et Li-ion, exprimée en nombre de cellules ou en énergie stockée (doc. Avicenne Energy) tiwekacontentpdf_be8620 v1 formation contrôlée d’une couche de passivation sur l’électrode de carbone (SEI) lors des premiers cycles de charge/décharge ; – l’extrême sensibilité du système aux traces d’eau notamment, qui impose un séchage poussé des constituants solides, l’utilisation d’électrolytes d’une grande pureté et l’assemblage des cellules dans des locaux anhydres, voire en boîtes à gants ; – la réactivité de l’électrode négative lithiée (réduite) à l’air conduit à privilégier le montage de l’accumulateur dans une configuration déchargée (électrode positive à l’état réduit et lithié, électrode négative à l’état oxydé) ; – la nécessité de contrôler finement l’équilibrage de capacité entre les deux électrodes ; – le caractère inflammable de l’électrolyte et des solvants utilisés lors de la réalisation des électrodes. Ces différents éléments et les contraintes qui y sont liées exigent donc la mise en place de processus de fabrication et de contrôle qualité relativement complexes, onéreux, faisant appel à des équipements de grande technicité, à une main-d’œuvre qualifiée et nécessitant une grande maîtrise de la chaîne d’approvisionnement. Ce n’est donc pas un hasard que la technologie Li-ion a pu naître et se développer en premier lieu au sein de grands groupes industriels japonais. 4.2 De nouveaux matériaux pour de meilleures performances La technologie d’accumulateurs Li-ion est en réalité un concept générique et elle ne se résume pas à l’utilisation du couple de matériaux d’électrode LiCoO2/carbone. Le choix des matériaux d’électrode et de la composition de l’électrolyte détermine, ou a minima, influence la plupart des caractéristiques fonctionnelles de l’accumulateur (le potentiel de fonctionnement, la densité d’énergie, la cyclabilité et la durée de vie, la cinétique de fonctionnement, la stabilité thermique, la résistivité ohmique, le domaine de température de fonctionnement, etc.), mais aussi son coût. ■ La première génération de cellules élaborée par Sony et Asahi Kasei utilise du carbone graphitisable (soft carbon ou coke) comme électrode négative. Celui-ci est rapidement remplacé dans les générations suivantes par du carbone non graphitisable (hard carbon) puis finalement par du graphite, malgré sa plus faible capacité spécifique (372 mAh · g–1). Cette évolution permet notamment de limiter la perte irréversible durant les premiers cycles, d’élever la tension moyenne de fonctionnement, d’augmenter la densité d’énergie et d’améliorer la cyclabilité. Des problèmes d’endommagement mécanique des électrodes liés à l’expansion volumique anisotrope des plaquettes de graphite durant l’intercalation du lithium sont surmontés par une modification de la morphologie de ces particules. Aujourd’hui, le graphite naturel ou synthétique reste le principal matériau utilisé comme électrode négative (figure 6). Des matériaux composites intégrant de l’étain ou du silicium (éléments alliables avec le lithium), délivrant une capacité spécifique deux à trois fois supérieure à celle du graphite, sont utilisés dans de rares cas. L’utilisation d’une électrode de type Sn-C-Co dans les accumulateurs Nexelion commercialisés par Sony en 2005 permet ainsi une augmentation notable de la densité d’énergie (+ 21 % en Wh · L–1, 10 % en Wh · kg–1). Par ailleurs, l’oxyde de titane de structure spinelle Li4Ti5O12 (LTO), fonctionnant à 1,55 V/Li/Li+ permet quant à lui d’absorber des régimes de charge très rapide en toute sécurité. ■ Concernant l’électrode positive, de nombreuses recherches ont été entreprises pour tenter de trouver une alternative au matériau LiCoO2 (LCO). Bien que présentant des atouts pour la réalisation d’accumulateurs à forte densité d’énergie pour les applications portables, ce matériau riche en cobalt s’avère en effet beaucoup trop coûteux pour envisager son utilisation dans des accumulateurs pour d’autres applications, véhicule électrique en tête [39]. Il est de plus assez instable à l’état chargé (délithié), ce qui a un impact négatif sur la sécurité des accumulateurs. La substitution d’une partie du cobalt par du nickel, du manganèse et de l’aluminium permet d’obtenir des matériaux lamellaires moins coûteux et présentant une stabilité accrue et une capacité spécifique plus élevée : LiNi0,8Co0,15Al0,05O2 (NCA) [37] [38] et Li(Ni0,33Mn0,33Co0,33)O2 (NMC) [40]. La recherche de matériaux encore meilleur marché a débouché sur la mise en évidence des bonnes propriétés des oxydes de manganèse de structure spinelle LiMn2-xMxO4 [41] (LMO) et du matériau LiFePO4 [42] (LFP) de structure olivine. Les matériaux de structure spinelle présentant des chemins de diffusion du lithium dans les trois dimensions sont plus performants à forts régimes de courant, mais présentent une capacité spécifique assez faible (110 mAh · g–1) et se dégradent assez rapidement lorsque la température est élevée. Le matériau LiFePO4 , élaboré sous forme de nanoparticules revêtues de carbone, présente une capacité spécifique élevée (170 mAh.g–1) et un potentiel de fonctionnement (3,45 V/Li+/Li) inférieur aux autres matériaux cités précédemment. Ses principaux avantages sont sa grande stabilité à l’état chargé (FePO4) et ses bonnes perfor- Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 7 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ 50 000 45 000 Production (t) 40 000 Graphite naturel 64 % 35 000 30 000 25 000 Graphite artificiel 26 % 20 000 15 000 LTO 1% 10 000 Carbone amorphe 4% 5 000 0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Graphite naturel Graphite artificiel MCMB Composites Sn ou Si Carbone amorphe LTO MCMB 4% Composites Sn ou Si 1 % MCMB = microbilles de méso-carbone Figure 6 – Évolution de la production des matériaux actifs d'électrode négative. Répartition en tonnage pour 2013 (doc. Avicenne Energy) 120 000 tiwekacontentpdf_be8620 v1 Production (t) LCO 40 % 80 000 LMO 19 % LFP 10 % 60 000 NCA 9% 40 000 NMC 22 % LCO NCA LMO LFP 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 0 2001 20 000 2000 Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 100 000 NMC Figure 7 – Évolution de la production des matériaux actifs d'électrode positive. Répartition en tonnage pour 2014 (doc. Avicenne Energy) mances à forts régimes de courant. Sa morphologie très divisée limite cependant la densité des électrodes. Ces cinq types de matériaux, présentant des caractéristiques complémentaires, sont produits industriellement (figure 7). 65 mm) qui est utilisé depuis longtemps essentiellement dans les batteries d’ordinateurs portables. D’autres formats plus imposants sont commercialisés pour des usages industriels. Les cellules Li-ion sont commercialisées aujourd’hui dans trois types de formats. Prismatique (rigide) : la cellule comprend des électrodes et un séparateur spiralés à plat, un électrolyte liquide et un contenant prismatique en alliage d’aluminium (Al-Mn) qui est clos par soudure laser. Leur format prismatique plat est particulièrement adapté aux téléphones portables. Les premières cellules de ce type ont été conçues par Sanyo à la fin des années 1990 [43]. Des cellules prismatiques de grandes dimensions sont également utilisées dans les véhicules. Cylindrique : la cellule comprend des électrodes et un séparateur spiralés, un électrolyte liquide et son contenant est un tube d’acier. Le format le plus répandu est le 18650 (∅ 18 mm, hauteur « Li-ion Polymère » ou « Pouch » : l’appellation « Li-ion polymère » désigne des cellules Li-ion conditionnées dans un emballage souple constitué d’un film tricouche du type (polyéthy- 4.3 Différents formats d’accumulateur Li-ion BE 8 620 – 8 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION lène téraphtalate/aluminium/polyéthylène) thermo-soudé. Les électrodes positives et négatives sont empilées à plat alternativement, puis connectées en parallèle. L’électrolyte liquide associé à un composant polymère (copolymère polyfluorure de vinylidène – hexafluoropropylène PVdF-HFP, par exemple) forme un gel qui contribue à la cohésion de l’empilement. Les avantages de ce conditionnement sont la faible masse de l’emballage et la grande adaptabilité des dimensions. Initialement développés pour les téléphones, leur production a pris récemment de l’ampleur avec leur utilisation dans les tablettes, les ordinateurs ultraportables, les drones. Les premiers accumulateurs de ce type ont été commercialisés par Sony en 1999. De plus, les fabricants peuvent choisir de proposer différentes déclinaisons de ces différents types de cellules. En modulant l’épaisseur des électrodes, il est en effet possible de privilégier soit leur densité d’énergie, soit leur densité de puissance. Les cellules à emballage rigide sont généralement équipées de dispositifs de sécurité se déclenchant en cas d’échauffement (résistor à coefficient positif de température) et de montée en pression (coupe-circuit mécanique, évent). 5. Évolution des performances et des applications tiwekacontentpdf_be8620 v1 Le principal critère de performance des accumulateurs Li-ion est la densité d’énergie massique et/ou volumique. En 1992, la densité d’énergie stockée dans une cellule cylindrique 18650 est de 80 Wh · kg–1 et de 200 Wh · L–1. Les progrès réalisés de manière continue par la suite aboutissent à un triplement de ces valeurs (245 Wh · kg–1 et plus de 650 Wh · L–1) en 2012 (figure 8). L’accroissement de la densité d’énergie est d’une part lié à l’évolution des matériaux constitutifs de l’accumulateur, et en premier lieu des matériaux d’électrodes. Dans le cas de ces cellules 18650 à forte densité d’énergie (dimensionnées pour répondre typiquement à des régimes de charge/décharge de 1C), des changements importants ont été réalisés aussi bien au niveau de l’électrode négative que de l’électrode positive [44] : – la substitution du coke (soft carbon) par du carbone non graphitisable (hard carbon) puis par du graphite permettant notam- 150 Graphite/LiCoO2 100 Carbone non-graphitisable/LiCoO2 Coke/LiCoO2 2000 2005 2010 2015 700 600 3 350 mAh Graphite/LiCoO2 + NMC 1995 – Instabilité thermique de l’électrode positive : modification de surface ou substitution du LiCoO2 par un matériau d’électrode plus stable (LFP > LMO > NMC > NCA > LCO) dégageant peu ou pas d’oxygène lors de sa décomposition. 800 200 0 1990 La sécurité de ces batteries a également progressé de manière significative depuis la mise sur le marché des premières cellules Sony. En effet, le taux de défaillance accidentelle actuel de ce type d’accumulateurs se situe désormais autour de 1/10 000 000. Des progrès dans la compréhension des mécanismes d’emballement thermique et l’identification de leurs causes ont permis de proposer des parades à différents niveaux. Charge à 4,2 V 250 50 Il est beaucoup plus difficile de quantifier les progrès réalisés en termes de densité de puissance dans la mesure où sa maximisation ne constitue pas une fin en soi, et que la valeur obtenue en pratique résulte toujours d’un compromis visant à obtenir à la fois une densité de puissance et d’énergie acceptables pour l’usage considéré. La réalisation d’électrodes moins épaisses est le moyen le plus immédiat d’augmenter cette densité de puissance, ce qui a pour conséquence directe d’augmenter la part prise par les constituants « inactifs » de la cellule et donc d’abaisser la densité d’énergie stockée dans la cellule. Parallèlement, l’usage de matériaux d’électrodes permettant une intercalation/désintercalation rapide du lithium est préconisé, avec le cas échéant l’utilisation de compositions d’électrolytes assurant un maintien de la conductivité ionique à forts régimes de courant. Cela explique en partie l’utilisation de matériaux de structure spinelle tels que le LMO ou le LTO, ou de matériaux nanostructurés tels que le LFP dans des accumulateurs développés pour les véhicules électriques hybrides ou pour l’outillage portatif. Les densités de puissance visées sont alors typiquement de 1 à 1,5 kW · kg–1. Si besoin, des cellules Li-ion spécifiques (par exemple, SAFT UHP) peuvent délivrer jusqu’à 10 kW · kg–1. 500 400 300 200 100 Cellules format 18650 900 mAh Charge à 4,1 V Par ailleurs, la part des matériaux d’électrodes (masse et volume) dans la cellule a crû considérablement grâce à une mise en forme optimisée des particules de matériaux actifs (grossissement des particules, amas sphériques) et à la fabrication d’électrodes composites plus chargées en matériaux actifs, vraisemblablement plus épaisses. Densité d’énergie volumique (Wh/L) 300 Densité d’énergie massique (Wh/kg) Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 5.1 Évolution des performances ment d’augmenter le potentiel de fin de charge et de limiter la perte de capacité irréversible durant les premiers cycles ; – l’ajout d’un oxyde lamellaire de type NMC à forte capacité spécifique en substitution du LiCoO2 ; – des compositions adaptées d’électrolyte alliées à une préparation adéquate de la surface active de l’électrode négative et des conditions de formation optimisées permettant de réduire fortement l’irréversibilité au premier cycle. 0 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Figure 8 – Évolution de la densité d'énergie massique et volumique des accumulateurs Li-ion de format cylindrique 18650 depuis 1991 (doc. Sony, Sanyo, Panasonic) Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 9 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ – Instabilité de la SEI : protocole de formation de la SEI adapté (additifs d’électrolyte, sel de lithium, température et profil électrochimique de formation). – Surcharge : gestion électronique du potentiel de fin de charge, équilibrage de tension dans les systèmes multicellules ; adjonction d’additifs servant de navettes redox dans l’électrolyte. – Inflammabilité : addition de retardateurs de flamme (produits organophosphorés) ; substitution partielle de solvants volatils contenus dans l’électrolyte par des liquides ioniques. – Courts-circuits internes : amélioration de la qualité de fabrication des cellules et du contrôle qualité ; utilisation d’un séparateur partiellement fusible en cas d’échauffement local ou au contraire séparateurs thermomécaniquement très stables (films composites organiques-inorganiques). – Propagation thermique dans les systèmes multicellules : conception de réceptacles compartimentés utilisant des cloisons ignifugées isolantes. Un nombre important de normes (type UL, UN, IEC, IEEE, ISO...) réglemente désormais le transport et l’utilisation des accumulateurs et batteries au lithium. Ces normes définissent de multiples tests de sécurité réglementaires (surcharge, chocs, tenue en température, écrasement, court-circuitage externe, etc.) auxquels doivent répondre les accumulateurs. tiwekacontentpdf_be8620 v1 À l’origine, conçus exclusivement pour l’alimentation de certains dispositifs électroniques portables à forte valeur ajoutée, les accumulateurs Li-ion ont été progressivement intégrés dans la plupart des appareils nomades. Le développement exponentiel de ce marché depuis les années 1990 a été accompagné par une croissance importante des capacités de production et du nombre de fabricants d’accumulateurs Li-ion, et par la mise en place de filières dédiées d’approvisionnement en matières premières et composants, l’ensemble débouchant sur une baisse progressive des coûts de production. Dans le contexte du développement des énergies 5.2.1 Véhicule électrique (VE) ou hybride (VEH) Depuis des décennies, le développement du véhicule (automobile) électrique est subordonné à l’obtention d’un dispositif de stockage et de conversion présentant une densité d’énergie suffisante pour garantir une autonomie appréciable et un prix acceptable par le consommateur. Au début des années 1990, les performances des technologies d’accumulateurs disponibles (Pb/acide et Ni/Cd) sont encore insuffisantes pour permettre une réelle émergence du marché du véhicule électrique. De réelles perspectives de développement s’ouvrent dans ce domaine avec les performances des premiers accumulateurs au lithium et Li-ion. Cependant, le coût élevé des premiers accumulateurs graphite/LiCoO2 et la maîtrise insuffisante de leur fiabilité et de leur sûreté ne permettent pas alors d’envisager leur utilisation dans des véhicules électriques à court terme. Une intensification des recherches visant en premier lieu à développer des systèmes Li-ion moins coûteux, intrinsèquement plus sûrs et davantage adaptés aux sollicitations liées à une application véhicule, s’est donc engagée. Celles-ci ont en particulier visé à faire émerger des matériaux d’électrode positive moins coûteux, plus stables et plus performants que LiCoO2 , ainsi que des formulations d’électrodes et des architectures de cellules mieux adaptées à la fourniture de fortes puissances. Sans attendre l’aboutissement de ces travaux, Toyota fait le choix de développer un véhicule de type Full hydrid équipé d’une batterie Ni-MH, qui sera commercialisé en 1997 au Japon, la Prius I. Dans ce type de véhicule, le moteur électrique fonctionne seul à faible puissance et fournit un appoint pour aider le moteur thermique lorsqu'une puissance importante est nécessaire (accélérations, en côte...). En régime de croisière, le moteur thermique assure la recharge de la batterie. La densité d’énergie et la capacité de la batterie nécessaires sont sensiblement plus 60 000 40 000 35 000 Capacité (MWh) 50 000 Capacité (MWh) 40 000 30 000 20 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 10 000 5 000 0 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 5.2 Évolution des applications renouvelables et du nécessaire développement des modes de transport électriques, la levée progressive du verrou lié au prix alliée à des progrès dans l’adaptation de cette technologie générique à des besoins spécifiques, a ouvert la voie à l’utilisation des accumulateurs au lithium dans le véhicule hybride/électrique, le stockage stationnaire et dans une très large gamme de dispositifs. Comme le montre la figure 9, cette évolution est particulièrement marquée depuis 2010. 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Véhicules Tablettes Téléphones portables \/élos électriques Outillage PC portables Appareils photos Caméscopes Autres Jeu vidéos MP3 Jouets Appareils ménagers Autres Figure 9 – Évolution du marché des accumulateurs Li-ion et de la capacité installée par secteur d’application (doc. Avicenne Energy) BE 8 620 – 10 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION Tableau 2 – Caractéristiques des différents types de voitures hybrides ou tout électriques Micro et Micro-Mild hybrid Mild hybrid Full hybrid Hybride rechargeable Véhicule électrique Récupération d’énergie au freinage (mild) Aide à la propulsion pendant quelques secondes (mild) Fonction Démarrage/arrêt Propulsion électrique sur une distance moyenne (usage urbain) Propulsion électrique sur de longues distances + recharge sur le réseau Puissance électrique (kW) 1,5 à 10 5 à 20 30 à 75 70 à 100 30 à 100 0,5 1 2à3 5 à 15 25 à 90 Citroën C2 Honda Civic Toyota Prius GM Volt Nissan Leaf Capacité de la batterie (kWh) Exemple de véhicule Tableau 3 – Caractéristiques de différents modèles de voitures tout électriques Année de commercialisation Capacité de la batterie (kWh) Puissance du moteur (kW) Autonomie (km) Prix indicatif (€) Nissan Leaf 2010 24 80 130 26 000 Tesla S 70 2015 70 245 370 63 000 Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Modèle de véhicule tout électrique tiwekacontentpdf_be8620 v1 Tesla P90D 2015 90 560 480 128 000 Chevrolet Volt 2016 18,4 100 85 30 000 Tesla Modèle 3 2017 > 50 Non divulgué 320 31 500 Aston Martin Rapide E 2017 > 70 600 > 320 > 180 000 Chevrolet Bolt 2017 > 50 < 100 320 34 000 Porsche Mission E 2018 90 440 500 Non divulgué faibles que pour un véhicule purement électrique. Dans le cas de la Prius I, une batterie d’accumulateurs NiMH de taille modérée (1,8 kWh, 45 kg : 40 Wh · kg–1) est suffisamment adaptée au besoin. Ainsi, au lieu d’aborder frontalement le problème du développement d’un véhicule tout électrique, et donc celui d’une batterie adaptée, Toyota choisit de privilégier une approche a priori moins ambitieuse, mais au final plus pragmatique qui lui a permis de développer – dans un premier temps à perte – un vrai marché et un portefeuille conséquent de brevets. Il est rapidement suivi par Honda, puis par d’autres fabricants automobiles. Depuis 1997, différentes catégories de véhicules électriques ont finalement vu le jour, caractérisées par la part plus ou moins importante de la traction assurée par le moteur électrique et son mode de couplage avec le moteur thermique, avec, par conséquent, des besoins différents en termes de puissance électrique installée et de capacité de stockage électrique de la batterie (tableau 2). Les progrès réalisés dans les performances des accumulateurs Li-ion (densité d’énergie et/ou de puissance, sécurité) et la baisse importante de leur coût de fabrication enregistrée ces dernières années ont finalement permis d’aboutir à la commercialisation de voitures électriques ou hybrides alimentées par ce type de batteries. Étant donné la part malgré tout conséquente du coût de la batterie dans le coût total du véhicule, de nouvelles stratégies commerciales ont été adoptées par les fabricants de véhicules (électriques) pour développer ce marché. Celles-ci se sont traduites en particulier par des alliances privilégiées entre fabricants automobiles et fabricants historiques d’accumulateurs Li-ion, avec le cas échéant une intégration plus ou moins poussée d’unités de production chez les fabricants automobiles, et par des approches ciblant des catégories particulières de consommateurs : grand public urbain pour des véhicules de prix modérés (Renault, Nissan, GM...), clientèle de luxe (Tesla, Porsche...) (tableau 3). Les cellules d’accumulateurs spécifiquement développées pour les applications automobiles sont essentiellement de format prismatique (contenant souple type « polymère » ou métallique rigide) pour faciliter l’assemblage en batterie et limiter les volumes morts. Leur capacité est d’environ 40 à 50 Ah. Les versions à emballage souple (format Li-ion polymère) permettent d’atteindre des densités d’énergie plus élevées, typiquement ~ 150 Wh · kg–1. Différents types de matériaux d’électrode positive sont utilisés suivant les fabricants (tableau 4). Ces matériaux sont principalement des oxydes lamellaires de type NCA ou NMC, éventuellement en mélange avec un composé de structure spinelle de type LMO. Seuls des fabricants chinois ont pour l’instant utilisé un matériau de type LiFePO4 (LFP). L’oxyde lamellaire permet d’atteindre une densité d’énergie élevée (NMC : capacité spécifique plus élevée, NCA : meilleure stabilité des performances). L’oxyde de type spi- Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 11 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ Tableau 4 – Différents types de cellules Li-ion pour VE ou VEH commercialisés en 2015 Fabricant Chimie (anode/cathode) Capacité (Ah) Type Tension (V) AESC G/LMO-NCA 33 Polymère 3,75 0,80 0,40 309 155 Nissan Leaf LG Chem G/NMC-LMO 36 Polymère 3,75 0,86 0,49 275 157 Renault Zoe Li-Tec G/NMC 52 Polymère 3,65 1,25 0,60 316 152 Daimer Smart Li Energy Japan G/LMO-NMC 50 Prismatique 3,7 1,70 0,85 218 109 Mitsubishi i-MiEV Samsung G/NMC-LMO 64 Prismatique 3,7 1,80 0,97 243 132 Fiat 500 Lishen Tianjin G/LFP 16 Prismatique 3,25 0,45 0,23 226 116 Coda EV Toshiba LTO/NMC 20 Prismatique 2,3 0,52 0,23 200 89 Honda Fit Panasonic G/NCA 3,1 Cylindrique 3,6 0,05 0,02 630 233 Tesla Modèle S nelle LMO, présentant une meilleure cinétique d’insertion/désinsertion du lithium, est une composante garantissant une meilleure réponse aux pics de puissance, avec cependant une durée de vie calendaire sensiblement plus faible que celle des oxydes lamellaires. Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ces différentes cellules (56 pour la Prius IV rechargeable) sont ensuite assemblées en modules, puis en batterie complète intégrant notamment les dispositifs de gestion électronique et de gestion thermique du pack batterie. tiwekacontentpdf_be8620 v1 À la différence de l’ensemble des constructeurs automobiles, Tesla a choisi d’aborder l’intégration de la technologie Li-ion sous un angle original. Partant du constat que les cellules 18650 de type graphite/NCA de dernière génération, fabriquées en gros volume pour l’électronique portable, présentent des densités d’énergie particulièrement élevées, et que leur coût production (€ · Wh–1) est, de ce fait, bien plus faible que celui des cellules spécifiquement développées pour le véhicule électrique (ce à quoi s’ajoute une surcapacité de production conjoncturelle des cellules cylindriques), ce fabricant a ainsi conçu ses véhicules autour d’un pack batterie intégrant environ 7 000 cellules cylindriques 18650. L’implantation de la technologie Li-ion se propage désormais aux véhicules hybrides, moyennant des adaptations dans le choix des matériaux d’électrode (en particulier utilisation d’électrodes négatives à base de LTO) et dans l’architecture des cellules pour privilégier davantage la densité de puissance (> 1 kW · kg–1). Après trois générations successives de Prius équipées d’une batterie Ni-MH, Toyota propose ainsi depuis 2016 une version équipée d’une batterie Li-ion. Face à l’ensemble des fabricants de véhicules électriques et d’accumulateurs, la société Batscap continue de faire cavalier seul en intégrant dans ses petites citadines BlueCar, des batteries spécifiques lithium-polymère sec développées en interne depuis plus de vingt ans. Ces accumulateurs utilisant une électrode négative de lithium métallique et un électrolyte polymère sec à base de poly(oxyde d’éthylène) (POE) ne peuvent malheureusement fonctionner qu’au-dessus de 65 à 80 °C, ce qui impose au véhicule de rester branché sur le secteur à l’arrêt pour maintenir la température de la batterie. Utilisé dans : Fabricant Modèle duite à partir de sources intermittentes (éolien, photovoltaïque...), pour l’écrêtage de la production électrique traditionnelle ou pour une gestion intelligente de la consommation. À la différence du stockage hydraulique (barrages) notamment, cette solution n’est cependant adaptée qu’à du stockage s’opérant sur une durée relativement courte (0,01 à 10 h). L’intérêt d’unités de stockage électrochimique ESS (Energy Storage Systems ) réside notamment dans leur modularité, leur capacité à répondre rapidement aux sollicitations électriques et leur rôle dans l’intégration des sources d’énergie renouvelables au réseau électrique. La technologie Na-S, commercialisée notamment par NGK Insulators et Tepco au Japon depuis 2002, s’est tout d’abord imposée sur ce secteur avec environ 400 MW installés. En 2008, A123 systems, fabricant d’accumulateurs « bas coût » de type graphite/LiFePO4 , livre ses premières unités de stockage en Californie. Les avantages mis en avant pour promouvoir la technologie Li-ion sont : – une durée de vie calendaire et en cyclage excellente (facilitant l’amortissement de l’installation) ; – un rendement énergétique > 95 % ; – de très bonnes performances en puissance sur une large gamme d’état de charge. La baisse continue du coût des accumulateurs Li-ion, qui devrait se poursuivre, a permis depuis une progression rapide en termes de parts de marché sur ce secteur (figure 10). Parmi les principaux fabricants actuels, on peut notamment citer NEC Energy solutions qui a repris les activités d’A123 systems, SAFT, Samsung SDI et Tesla. Ces fabricants proposent désormais une large gamme de systèmes de stockage répondant à un large spectre de besoins, du stockage résidentiel domestique (~ 1 à 10 kWh) à la régulation du réseau (> 1 MWh) (figure 11). Ces systèmes sont par ailleurs à même de répondre à d’autres besoins : SAFT a par exemple livré en 2012 à Philadelphie une installation de 1,5 MW permettant de stocker l’énergie de freinage des trains et de la réinjecter au démarrage, avec une prévision d’économie de 10 % sur la consommation électrique. La baisse accrue de la technologie Li-ion prévue dans les prochaines années, conséquence du développement du marché du véhicule électrique, devrait donc contribuer à une accélération du déploiement de ces systèmes de forte capacité. 5.2.3 Systèmes miniaturisés 5.2.2 Stockage stationnaire L’utilisation de batteries Li-ion pour le stockage stationnaire aurait été considérée il y a peu comme un non-sens économique et technique. C’est pourtant aujourd’hui une réalité, avec une puissance installée de plus de 250 MW de par le monde. D’une manière générale, l’utilisation de batteries de plus moins ou grande dimensions peut être considérée dans certains cas comme une solution optimale pour le stockage d’électricité pro- BE 8 620 – 12 Masse Volume Densité d’énergie (kg) (L) (Wh/L) (Wh/Kg) Un tout autre contexte, celui de la miniaturisation des dispositifs électroniques et de l’émergence des objets communicants (Internet des objets (IoT)), motive la conception et la fabrication de sources d’énergies miniatures. Les microbatteries tout solide au lithium, réalisées par dépôt sous vide de films minces similaires à celles utilisées en microélectronique, sont des dispositifs de stockage detaille réduite particulièrement adaptés et facilement intégrables. Leur capacité est à leur échelle, de l’ordre de 0,2 à 0,5 mAh · cm–2. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION 800 NaS 700 600 Coût (US $/kWh) Li-ion Pb avancé Redox-flow 500 Autres batteries 100 200 300 400 550550 535 500 500 465 400 350 300 300 200 100 600 550 535 488 400 NiCd 0 680 200 0 500 2014 2017 2020 MW Puissance installée en 2012 Intallation en 2013-2014 a puissance des différents systèmes de stockage électrochimique (ESS) déployés en 2012 et en cours d'installation en 2013-2014 Redox-flow NaS Pb avancé Na-NiCI2 Li-ion b comparaison du coût au kWh installé pour les différentes technologies de stockage et évolution prévue à l’horizon 2020 (doc. Avicenne Energy) Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Figure 10 – Évolution du parc et du coût des systèmes de stockage stationnaire tiwekacontentpdf_be8620 v1 a unité de stockage de 2,8 MWh (2,8 MW, 92 m3, 50 t) à base d'accumulateurs Graphite/LiFePO4 (NEC Energy solutions) b unité de stockage résidentiel de 10 kWh (10 kW) (SAFT batteries) Figure 11 – Exemples d’unités de stockage L’utilisation d’un électrolyte inorganique vitreux leur confère une excellente cyclabilité, durée de vie et résistance thermique. La plupart des microbatteries commercialisées actuellement (Cymbet, FrontEdge, ST Microelectronics...) sont des empilements de type (Li)/LiPON/LiCoO2 (figure 12), et découlent des travaux initiés au début des années 1990 à Oak Ridge National Laboratory (États-Unis). Les applications visées sont notamment les cartes bancaires et les cartes à puces sécurisées, les étiquettes RFID, les microcapteurs autonomes. 5.2.4 Applications spatiales Jusqu’au début des années 1980, les différents types de satellites (orbite basse (LEO), orbite géostationnaire (GEO)) ont été équipés principalement d’accumulateurs NiCd, malgré leur faible densité d’énergie (~ 30 Wh · kg–1). Cette technologie est encore utilisée ponctuellement de nos jours. Les accumulateurs Ni-H2 , présentant une densité d’énergie deux fois supérieures et une plus faible dissipation thermique les ont ensuite remplacés partiellement, notamment dans les satellites de communications au cours des années 1990. Par la suite, malgré la mise sur le marché des Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 13 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ – une faible autodécharge ; – un vieillissement très progressif (durée de vie prévisible) ; – un large domaine de température de fonctionnement. À partir de 1999, les accumulateurs Li-ion produits par ABSL (États-Unis, Grande-Bretagne), SAFT (France), Mitsubishi (Japon) puis Quallion (États-Unis) vont progressivement équiper les nouveaux satellites. Aujourd’hui, plus de 99 % des nouveaux satellites lancés sont alimentés par des accumulateurs Li-ion. 5.3 Principaux producteurs accumulateurs Li-ion dès 1991 et la démonstration rapide de leurs performances surclassant les accumulateurs alcalins, il faudra plusieurs années de développements spécifiques et de qualification de cette technologie pour que son application dans le domaine spatial se concrétise. Les atouts de ce type de batteries sont notamment : Initiée au Japon, la production d’accumulateurs Li-ion a été quasi intégralement monopolisée par ce pays pendant une dizaine d’années avec l’initiateur Sony et des grands acteurs du domaine des accumulateurs Sanyo, Matsushita (Panasonic), Yuasa... Suivant un processus assez similaire, impliquant la synergie de développement industriel dans les secteurs de l’électronique nomade et des accumulateurs à haute densité d’énergie, la Chine puis la Corée ont vu naître des fabricants de premier rang avec respectivement BYD et Lishen, Samsung SDI et LG Chemicals, qui jouent désormais jeu égal en termes de volume de production avec les fabricants japonais (figure 13a ). Si les atouts de la Chine s’avèrent être principalement le faible coût de sa main-d’œuvre et la forte demande intérieure, ceux du Japon et la Corée résident essentiellement dans la haute technicité de leurs outils de production [45]. En 2015, ces trois pays regroupaient 84 % de la capacité de production mondiale d’accumulateurs Li-ion. A contrario, la production est restée comparativement très peu développée aux États-Unis (7 %) et en Europe (4 %) et, semble-t-il, principalement concentrée sur des marchés de niche à forte valeur ajoutée (militaire, industriel, spatial, énergies renouvelables...) (figure 13b ). – une forte densité d’énergie massique (115 Wh · kg–1) ; – une forte densité d’énergie volumique (160 Wh · L–1) ; – une détermination de l’état de charge aisée à partir de la courbe de tension ; Les figures suivantes montrent les parts de marchés des différents producteurs d’accumulateurs Li-ion pour les trois principaux types de cellules utilisées dans les appareillages électroniques portables : cylindrique (figure 14), prismatique rigide (figure 15), prismatique « polymère » (figure 16). tiwekacontentpdf_be8620 v1 80 3,77 7% 70 1,798 4% 2,44 5% 10,778 21 % 16,704 32 % 60 Part de marché (%) Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Figure 12 – Microbatteries tout solide Infinite Power Solutions, ST Microelectronics/FrontEdge Technologies, Cymbet 50 40 30 20 10 16,059 31 % 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Japon Corée Chine a évolution des parts de marché des fabricants d’accumulateurs Li-ion en Asie Japon États-Unis Corée Europe Chine Reste du monde b répartition des capacités de production annuelles (en GWh) dans le monde en 2015 Figure 13 – Évolution et répartition du marché des fabricants d’accumulateur Li-ion dans le monde (doc. Avicenne Energy) BE 8 620 – 14 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION 2 000 Sony 7% 1 800 Millions de cellules 1 600 Autres 7% LG Chemical 18 % 1 400 SanyoPanasonic 39 % 1 200 1 000 800 600 400 200 0 Samsung SDI 29 % 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Sanyo-Panasonic Maxell ATL Samsung SDI BAK Autres LG Chemical Lishen Sony BYD a évolution de la production 3 000 tiwekacontentpdf_be8620 v1 Millions de cellules Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 18650 pour PC portables et autres 18650 pour automobiles TESLA b répartition entre les différents fabricants en 2013 et part de la production destinée aux véhicules électriques Tesla Figure 14 – Parts de marché des accumulateurs Li-ion de type cylindrique (doc. Avicenne Energy) On peut constater que la production de cellules cylindriques, essentiellement dédiées jusqu’à présent aux ordinateurs portables et dans une moindre mesure à l’outillage, est répartie entre très peu d’acteurs et à parts égales entre le Japon et la Corée : Panasonic + Sony (46 %), Samsung + LG (47 %). Dans un contexte de tassement des débouchés pour ces cellules cylindriques au profit des cellules de type polymère, le partenariat établi fin 2011 entre Panasonic et le fabricant d’automobiles Tesla a permis de relancer sensiblement la croissance de la production de ce type de cellules. Les cellules prismatiques rigides sont essentiellement utilisées dans les téléphones portables. Le volume de production en termes de nombre de cellules est assez voisin de celui des accumulateurs cylindriques. On note ici la présence plus importante des fabricants chinois (~ 25 % du marché) et un fort positionnement des fabricants coréens (45 % du total). La production de ce type de cellules apparaît globalement en perte de vitesse (– 25 % entre 2011 et 2014) au profit des cellules prismatiques « polymère » en fort développement sur le marché du téléphone portable. Avec un rythme de croissance annuelle de + 35 %, le secteur des cellules prismatiques « polymère » est quant-à-lui florissant, porté notamment par l’important essor du marché des tablettes et Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 15 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ 1 800 1 600 BYD 8% Lishen 8% 1 400 Autres 5% SanyoPanasonic 15 % 1 200 1 000 BAK 7% 800 600 Maxell 12 % 400 200 0 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Sanyo-Panasonic Maxell ATL Samsung SDI BAK Autres LG Chemical Lishen Sony BYD 2013 Samsung SDI 26 % LG Chemical 19 % 2014 Figure 15 – Évolution de la production d'accumulateurs Li-ion de type prismatique rigide et répartition entre les différents fabricants en 2014 (doc. Avicenne Energy) 2 500 ATL 16 % Autres 26 % tiwekacontentpdf_be8620 v1 Millions de cellules Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 2 000 SanyoPanasonic 3% BYD 5% 1 500 Lishen 8% 1 000 BAK 2% 500 SONY 15 % 0 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Sanyo-Panasonic Maxell ATL Samsung SDI BAK Autres LG Chemical Lishen Sony BYD 2013 Samsung SDI 13 % LG Chemical 12 % 2014 Figure 16 – Évolution de la production d'accumulateurs Li-ion de type « polymère » et répartition entre les différents fabricants en 2014 (doc. Avicenne Energy) des ordinateurs « ultraportables » équipés de ce type de cellules. On note la présence historique de Sony dans ce secteur, celle d’un acteur chinois ATL (Amperex technology Ltd) spécialisé dans ce format de cellules et la faible implication de Panasonic. États-Unis. Le manque d’implication actuel des industriels occidentaux dans le domaine des batteries pour véhicules électriques peut ainsi apparaître comme quelque peu surprenant. En 2015, la production d’accumulateurs spécifiques pour le véhicule hybride VEH et électrique VE est quant à elle fortement dominée par les fabricants japonais Panasonic et AESC (joint-venture entre NEC et Nissan) en tête (figure 17). Hormis le fabricant allemand ACCUMotive, on note ici encore l’absence d’acteurs européens et américains. À la différence du secteur de l’électronique grand public, dont la production est concentrée en Asie, le secteur automobile reste fortement implanté en Europe et aux 5.4 Coût de fabrication des accumulateurs Li-ion BE 8 620 – 16 Les différentes contributions au coût actuel de fabrication des accumulateurs Li-ion sont indiquées figure 18. Cette répartition moyenne (fabricants, types d’accumulateurs) fait notamment apparaître la part importante des matériaux (~ 40 %) et de l’investisse- Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION matique ou du moindre degré d’amortissement de l’outil industriel. Si on s’intéresse maintenant plus spécifiquement aux batteries pour véhicules hybrides ou électriques (figure 19b ), on constate que le prix au Wh est encore sensiblement plus élevé, malgré le fait que ces cellules unitaires sont de plus grandes dimensions. Cela est lié en particulier au fait que la mise en production de ces cellules est relativement récente, que chaque fabricant développe son propre format et que leur conception se doit d’être plus robuste. Le différentiel entre cellules pour véhicule électrique et véhicule hybride s’explique principalement par le fait que les cellules pour VEH sont conçues pour délivrer des densités de puissance plus importantes que dans le cas du VE ; l’énergie stockée pour une taille de cellule donnée y est alors relativement plus faible et le coût d’ensemble rapporté au Wh est donc plus élevé. 2 726 Panasonic AESC 1 620 LG Chem 886 BYD 461 Mitsubishi/GS Yuasa 451 Samsung SDI 314 Beijing Pride Power (BPP) 121 Air Lithium 103 ACCUmotive 103 Tianneng Les études prospectives du ministère de l’énergie américain (DOE) établissent le prix de 0,1 $ · Wh–1 comme objectif à atteindre pour le coût des batteries pour véhicule électrique à l’horizon 2020 et pour permettre ainsi de commercialiser des véhicules électriques à prix et autonomie comparables à ceux des véhicules à moteur thermiques actuels. Malgré l’évolution asymptotique des coûts de fabrication des accumulateurs Li-ion enregistrée ces dernières années, une nouvelle phase de réduction drastique de ces coûts est envisagée grâce à plusieurs leviers. 77 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 Vente 2014 de cellules pour VE (MWh) Figure 17 – Classement des 10 premiers fabricants d'accumulateurs Li-ion pour VE ou VEH en 2015 Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ment (infrastructure, matériels) relativement au coût de la main-d’œuvre (~ 10 %) et de la marge dégagée (~ 6 %). Le haut degré d’automatisation et la haute technicité des procédés de fabrication expliquent en grande partie cela. S’agissant de la contribution des matériaux, on note la part importante prise par le matériau d’électrode positive. tiwekacontentpdf_be8620 v1 Cette répartition rend compte de la situation actuelle d’une technologie mature et de capacités de production globalement stabilisées, dédiées essentiellement au marché de l’électronique portable. En retraçant l’évolution du prix des accumulateurs Li-ion depuis leur origine (figure 19a ), on constate que celui-ci est passé en une douzaine d’années, de 1992 à 2004, d’environ 6 à 0,2 $ · Wh–1 et est resté stable autour de cette valeur depuis. Cette baisse spectaculaire est essentiellement liée à la montée en puissance des capacités de production (effet d’échelle) et à l’amortissement progressif de l’outil de production, que ce soit chez les fabricants d’accumulateurs, mais aussi chez leurs fournisseurs de matières premières et de composants. Le prix actuel (2015) de 0,2 $ · Wh–1 ne concerne cependant que les cellules de type cylindrique 18650. Les autres formats sont encore de 30 à 50 % plus chers du fait du coût du container pris- R&D 6% Autres coûts 6% Au niveau du processus de fabrication, ces leviers sont potentiellement [46] : – la suppression des procédés d’enduction d’électrode utilisant des solvants organiques tels que la N-méthylpyrrolidone, en les remplaçant par des procédés en phase aqueuse. Les avantages en sont le plus faible coût des solvants et de leur retraitement, la suppression des contraintes de sécurité au niveau des équipements de séchage des électrodes liées à l’inflammabilité des solvants, une diminution de l’énergie consommée lors de l’étape de séchage liée à l’utilisation d’un solvant à plus basse température d’ébullition ; – la réalisation d’électrodes plus grammées (épaisses) permettant de maximiser la densité d’énergie des cellules et d’abaisser de manière indirecte le coût de fabrication rapporté à l’énergie stockée (€ · Wh–1) ; – le raccourcissement des étapes d’imprégnation par l’électrolyte et de formation électrochimique de la SEI, qui durent actuellement de 1,5 à 3 semaines et constituent donc des goulots d’étranglement dans le flux de fabrication. La première étape comprend en effet une longue phase de pompage des gaz contenus dans la cellule avant l’introduction de l’électrolyte, qui est nécessaire à la bonne imprégnation des électrodes et du séparateur. La seconde étape implique la réalisation de plusieurs cycles de charge/décharge à faible régime de courant au-dessus de la température ambiante et nécessite donc l’utilisation d’un nombre important de voies de galvanostat ; Marge 6% Frais généraux 8% Cathode 14 % Anode 5% Matériaux bruts 17 % Séparateur 5% Énergie/Consommablas 8% Électrolyte 3% Transformation des matériaux 22 % Main d’œuvre 10 % Collecteur Cu 5% Liant 5% Amortissement 17 % Collecteur Al 1% Figure 18 – Répartition typique des coûts de production d’un accumulateur Li-ion Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 17 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ 10 1,20 1,01 0,76 1 Prix ($/Wh) 0,80 Production de masse Prix de cellule ($/Wh) 1,00 0,60 0,52 0,40 0,34 0,19 0,20 Prismatique llu le Ce Ce Polymère Ba Cylindrique llu le 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 18 0,1 po 65 0 tte ur r VE Ce ie p ou llu rV le Ba p E tte ou rie r V po EH ur VE H 0,00 a b Figure 19 – Évolution du prix des cellules Li-ion (applications grand public) pour les trois types de conditionnement (cylindrique, prismatique, « polymère »). Comparaison avec le prix des cellules et des batteries complètes pour VE et VEH tiwekacontentpdf_be8620 v1 Capacité : 7 GWh 350 Capacité : 35 GWh Nanjing Capacité de production (GWh) Batterie VE ($/kWh) Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 400 300 250 200 150 100 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Capacité : 15 GWh Nevada Capacité : 20 GWh Capacité : 10 GWh Anhui Divers sites Divers sites 125 100 75 50 25 Capacité actuelle 0 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Nissan (passage à NMC – Polymère, 5 GWh, États-Unis) General Motors (passage à NMC – Polymère, 3 GWh, États-Unis) BYD (LFP – Polymère, 30 GWh, Chine) Tesla ( NCA – Cylindrique, 5 à 35 GWh, États-Unis) a prévision d’évolution du coût des cellules pour applications VEH et VE b prévision de démarrage d’unités de production dédiées de forte capacité (« Gigafactories ») Figure 20 – Prévisions de coût et d’unités de production – l’utilisation de matériaux d’électrode à plus forte capacité spécifique. Cependant, à l’horizon 2017-2020 (figure 20a ), la part la plus significative de la réduction des coûts devrait provenir d’une rationalisation de la production et de la logistique recouvrant : – la concentration de la production dans des unités de production dédiées de grande taille (production annuelle > 7 GWh) ; BE 8 620 – 18 – une automatisation accrue de la fabrication et du contrôle qualité, permettant d’augmenter le flux de production et de limiter les coûts de main-d’œuvre ; – une uniformisation du format des cellules ; – le positionnement des unités de production à proximité des sites de fabrication de véhicules ; – l’adressage vers d’autres marchés à fort volume tel que celui du stockage stationnaire. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 ________________________________________________________________________________________________ DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION fiques supérieures et/ou des matériaux d’électrode positive opérant à plus haut potentiel. Les familles de matériaux les plus prometteuses de ce point de vue sont les oxydes lamellaires dits , Co...), les oxydes de structure surlithiés Li(LixMnyM1-x-y)O2 ( spinelle LiNi0,5Mn1,5O4 , le silicium. Cette stratégie se trouve être parfaitement illustrée par la politique de Tesla. Ce fabricant automobile prévoit en effet de produire des cellules cylindriques de format 22700 (∅ 22 mm, hauteur 70 mm) sur son site de Sparks au Nevada en partenariat avec Panasonic dès 2017. La capacité de production de cette usine de 90 ha est annoncée à 35 GWh · an–1 pour 2020, ce qui équivaut presque à la totalité de la capacité de production mondiale installée en 2015. Cette production sera dédiée aux véhicules électriques de la marque, produits aux États-Unis, et aux dispositifs de stockage stationnaire, notamment domestiques, avec un prix de 190 $ · kWh pour la batterie à l’horizon 2020. Tesla semble désormais envisager une réplication de ces installations en Chine et en Europe. D’autres fabricants (Foxconn, BYD, LG Chem, General Motors) ont également annoncé la construction de telles « Gigafactories ». Les capacités spécifiques mesurées pour les oxydes lamellaires surlithiés peuvent avoisiner les 300 mAh · g–1, ce qui les rend particulièrement attractifs. Leur comportement est cependant quelque peu particulier. La première charge de ces matériaux fait apparaître une étape entre 4,0 et 4,4 V/Li+/Li qui correspond au fonctionnement habituel des oxydes lamellaires (oxydation des espèces Co3+ et Ni2+, Ni3+) puis un plateau étendu à 4,5 V/Li+/Li qui représente la majeure partie de la capacité. Les études récentes ont démontré que cette dernière étape met en jeu l’oxydation des anions oxygène. Le comportement électrochimique de ces matériaux à forte capacité est assez satisfaisant en termes de cyclabilité, mais fait apparaître une perte irréversible de capacité au premier cycle et un abaissement progressif du profil de tension. L’enjeu des travaux de recherche est donc actuellement de comprendre les évolutions structurales sous-jacentes et de proposer des solutions pour stabiliser le comportement de ces matériaux, afin de rendre possible leur utilisation commerciale. 6. Perspectives d’évolution des accumulateurs au lithium 6.1 Principales évolutions en vue pour la technologie Li-ion Les oxydes de structure spinelle de type LiNi0,5Mn1,5O4 , également souvent dénommés spinelles « 5 V », fonctionnent en réalité autour de 4,8 V/Li+/Li. La délithiation (charge) de ces matériaux met en jeu l’oxydation des ions Ni2+ en Ni4+. Leur capacité spécifique restant limitée à environ 145 mAh · g–1, leur principal intérêt est de pouvoir conduire à la réalisation d’accumulateurs à plus forte densité de puissance. Malgré la stabilité du comportement intrinsèque de ces matériaux, le verrou à leur utilisation commerciale reste l’absence d’électrolyte électrochimiquement stable à ce potentiel de fonctionnement. Les principaux développements en cours concernent donc la recherche d’électrolytes résistants à l’oxydation ou des solutions permettant de passiver l’électrode. L’augmentation de la densité d’énergie des accumulateurs Li-ion passe par l’utilisation de matériaux présentant des capacités spéci- Le silicium réagit électrochimiquement avec le lithium à bas potentiel (~ 0,4 V/Li+/Li) pour former des alliages LixSi. Sa capacité Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Les développements en cours dans le domaine des accumulateurs au lithium visent à permettre la poursuite de l’augmentation de la densité d’énergie stockée, de l’amélioration de la sécurité et de la baisse des coûts, avec comme marché privilégié celui du véhicule électrique. Les principales évolutions envisagées sont résumées dans la figure 21. tiwekacontentpdf_be8620 v1 2000 2005 2010 2015 LCO 2025 LiMMnO2 LiNiPO4 5 V forte capacité LiCoPO 5 V LMO 2030 Spinelle 5 V NMC/NCA Électrode positive 2020 Soufre Air 4 LFP LiMnPO4 4 V Composite C/Alliage Électrode négative Électrolyte Graphite Hard carbon LiPF6 + solvants organiques Soft carbon LTO Autres sels Li métal Alliages Sn Polymère gélifié Alliages Si « Électrolyte 5V» Membrane Électrolyte polymère solide Séparateur Polyoléfine Polyoléfine + céramique D’abord marché des applications portables Cellulose Non-tissé Marché Véhicules et applications portables Figure 21 – Principales évolutions dans le domaine des accumulateurs au lithium (aspects matériaux) Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 BE 8 620 – 19 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ pouvant atteindre 10 fois celle du graphite, son faible coût et son absence de toxicité en font une alternative de choix aux matériaux d’électrode négative actuels. Cependant, la formation de ces alliages induit de fortes variations volumiques au niveau matériau qui endommagent mécaniquement l’électrode et nuisent à la stabilité de l’électrode vis-à-vis de l’électrolyte. Tout l’enjeu est donc actuellement de résoudre ces deux principaux problèmes. Par ailleurs, dans la mesure où la capacité spécifique actuelle des matériaux d’électrode positive reste inférieure à 200 mAh · g–1, on peut déterminer que les gains de densité d’énergie au niveau de la cellule complète deviennent relativement négligeables au-delà de 1 000 mAh · g–1 pour le matériau d’électrode négative. Dès lors, les principales solutions à l’étude sont l’incorporation et la « dilution » de silicium sous forme nanométrique dans des matrices inertes, généralement à base de carbone. Des travaux en rupture visent à développer également l’utilisation d’électrodes positives à base de matériaux organiques [47]. L’intérêt potentiel de ces matériaux réside dans leur plus faible empreinte environnementale (synthèse, recyclage), leur capacité spécifique élevée (> 400 mAh · g–1), une cinétique de fonctionnement élevée, ainsi qu’une grande modularité. Les principales familles étudiées sont les composés organosoufrés, les composés à radicaux libres, les composés à fonction carbonyle, les polymères conducteurs, les polymères non-conjugués à fonction redox. Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 6.2 Nouveaux systèmes utilisant une électrode de lithium métallique tiwekacontentpdf_be8620 v1 Le développement d’accumulateurs de type Li-soufre fonctionnant à température ambiante représente un enjeu important. La réduction du soufre en Li2S, qui se déroule à environ 2 V/Li+/Li et met en jeu une capacité de 1 670 mAh · g–1, laisse en effet entrevoir la réalisation d’accumulateurs à bas coût présentant une forte densité d’énergie massique (~ 600 Wh · kg–1). Dans ce cas, l’utilisation d’une électrode négative de lithium semble obligatoire pour ne pas réduire davantage le potentiel de fonctionnement de la cellule. Le fonctionnement réversible de l’électrode positive est fortement handicapé par la très faible conductivité électronique et ionique des matériaux (S8 , Li2S), la formation d’espèces intermédiaires solubles (Li2Sn) au cours de la réaction et les variations volumiques importantes de l’électrode. De plus, les espèces solubilisées génèrent des navettes redox et un dépôt fortement passivant sur l’électrode de lithium. La voie la plus prometteuse pour limiter ou éliminer ces phénomènes semble être le confinement du soufre dans des nanostructures carbonées, tels les nanotubes de carbone. Plusieurs sociétés (Sion Power/BASF, Oxys Energy, NOHMs, GS Yuasa) annoncent la réalisation de cellules performantes (300 à 400 Wh · kg–1, 400 à 500 Wh · L–1) pour lesquelles le marché aéronautique semble un débouché prometteur. Les accumulateurs Li-O2 ou Li-air représentent une autre voie pour accéder à des densités d’énergie élevée, dans la mesure où la masse de matériau d’électrode positive est très faible. Cette technologie associant une électrode de lithium et une électrode à air est donc le croisement entre accumulateur au lithium et pile à combustible. Des versions à électrolyte aqueux ou organique existent. Cependant, la réaction conduisant en milieu aprotique à la formation de Li2O2 voire Li2O à ~ 3 V/Li+/Li à l’électrode positive est la plus intéressante. L’estimation de la densité d’énergie qui peut être réellement atteinte avec ce type de système est difficile à donner. En faisant un rapide parallèle avec les accumulateurs Li-ion et le différentiel entre densité théorique et pratique, il est possible de donner un ordre de grandeur autour de 800 à 1 100 Wh · kg–1. Les électrolytes organiques stables vis-à-vis de Li2O et Li2O2 , la réalisation d’électrodes à air optimisées, la protection de l’électrode de Li par un électrolyte solide sont les principaux axes de recherches actuellement. Des projets de développement sont notamment en cours chez IBM, EDF et Toyota. BE 8 620 – 20 Le remplacement de l’électrolyte organique inflammable par un électrolyte solide inorganique est également envisagé pour garantir une sécurité optimale des accumulateurs au lithium(-ion). Le choix des matériaux d’électrolyte solide présentant une conductivité ionique suffisante à température ambiante et peu denses est relativement restreint. Toyota, en particulier, travaille à la réalisation de cellules tout solide à architecture bipolaire utilisant un électrolyte de type Li2S-P2S5 . 7. Conclusion L’émergence de la technologie d’accumulateurs Li-ion constitue une rupture importante dans le domaine du stockage électrochimique de l’énergie. Son développement a accompagné, et dans une certaine mesure assuré, pendant plusieurs décennies l’expansion du marché de l’électronique nomade. L’évolution et la diversification des matériaux d’électrodes et d’électrolytes employés, ainsi que des technologies de fabrication, conduisent aujourd’hui à des performances inégalées en termes de densité d’énergie et à des déclinaisons adaptées à de multiples usages. Cette technologie, désormais mature, est malgré tout encore amenée à progresser en termes de densité d’énergie grâce à l’utilisation de nouveaux matériaux d’électrode. La forte croissance de la production destinée aux applications nomades a débouché sur une baisse importante des coûts de fabrication, désormais stables à environ 0,2 $ · Wh–1. Ce niveau de prix permet aujourd’hui la pénétration de cette technologie sur le marché du véhicule électrique/hybride et du stockage stationnaire. Dans cette perspective, de nouveaux sites de production de grandes dimensions sont en train de voir le jour. Les gains de productivité induits devraient conduire à une nouvelle baisse significative des coûts et assurer en retour une nouvelle phase de développement. On ne pourra au final que regretter l’absence de fabricants européens dans ces projets stratégiques de grande ampleur ; le rachat en 2016 de la société SAFT par le géant pétrolier TOTAL préfigure, peut-être, une évolution significative de cette situation. 8. Glossaire SEI (Solid Electrolyte Interphase) Produits solides générés par la décomposition électrochimique de l’électrolyte (liquide) à la surface d’une électrode. Pour assurer le bon fonctionnement de l’accumulateur Li-ion, la SEI formée sur le graphite doit être passivante (dense, insoluble) et conductrice ionique Li+. Carbone graphitisable/non graphitisable ; soft carbon/hard carbon Carbones plus ou moins désordonnés du point de vue cristallographique. Le carbone graphitisable se présente sous la forme d’empilements de feuillets de graphène relativement ordonnés mais de petites dimensions. Soumis à traitement thermique à haute température, il peut se transformer en graphite. Dans le cas du carbone non graphitisable, les feuillets de graphène sont trop désorientés pour pouvoir s’ordonner et se rassembler sous l’effet de la température. À la différence du graphite où le lithium s’intercale dans des sites cristallographiques bien définis (LiC6), le carbone non graphitisable présente de plus nombreux sites (de surface) susceptibles d’accueillir le lithium, d’où une capacité spécifique plus élevée et un profil de tension plus distribué. Intercalation ; intercalation Incorporation d’un élément étranger dans un site vacant d’une structure cristallographique. Cette incorporation perturbe en principe peu la structure hôte (réaction topotactique), ce qui favorise la réversibilité de la réaction. Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 De Volta aux accumulateurs Li-ion Développement des batteries au lithium par Frédéric LE CRAS P O U R E N Expert senior au CEA – LETI, Grenoble, France et Didier BLOCH Responsable de laboratoire au CEA – LITEN, Grenoble, France Sources bibliographiques [1] [2] [3] [4] [5] Parution : novembre 2016 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 Doc. BE 8 620 11 - 2016 [6] tiwekacontentpdf_be8620 v1 [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] JASINSKI (R.). – High energy batteries. Plenum Press (1967). HARRIS (W.). – Thèse de doctorat, Université de Californie (1958). DEY (A.N.). – Thin Solid Films, 43, p. 131-171 (2007). PELED (E.) et STRAZE (H.). – J. Electrochem. Soc., 124, p. 1330 (1997). 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BE 8 620 – 1 S A V O I R P L U S Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222 P O U R E N S A V O I R DE VOLTA AUX ACCUMULATEURS LI-ION ________________________________________________________________________________________________ Sites Internet Systèmes de stockage sodium-soufre installés au Japon par la société NGK Insulators https://www.ngk.co.jp/nas/case_studies/rokkasho/ Accumulateurs haute température type ZEBRA commercialisés par la société Fiamm Sonick http://www.fiammsonick.com/ Eurobat. A review of batteries for automotive applications http://www.eurobat.org/sites/default/files/a_review_of_batteries_for_automotive_applications_-_full_report_0.pdf (page consultée le 7 mars 2016) LiCoO2 (LCO) Autres Chine 8 % Autres Interne 3% 2% International Renewable Energy Agency (IRENA). 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BE 8 620 – 2 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés Ce document a ete delivre pour le compte de 7200083534 - cea saclay // 132.166.84.222