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A. La convergence des économies a fortement progressé
1. Les commentateurs parlent peu de ce qui va bien. Souvenons-nous du début
des années 80 : une dizaine d’Etats européens connaissaient un taux
d’inflation à deux chiffres, qui érodait la valeur de l’épargne et freinait
l’investissement. Par comparaison, en 1997, la hausse des prix ne devrait pas
dépasser 2.2% en moyenne dans l’union européenne. Et selon nos prévisions,
l’inflation ne devrait pas non plus dépasser 2.2 % en 1998. La quasi totalité
des pays de l’Union européenne respectent d’ores et déjà le critère fixé par le
traité. Certains objecteront qu’une moyenne n’a pas toujours grand sens, car
elle peut cacher des écarts importants. J’ajouterai donc qu’il s’est opéré ces
dernières années un mouvement sans précédent de convergence des rythmes
d’inflation. En 1982 le différentiel était de sept points entre la France et
l’Allemagne. L’écart est aujourd’hui de trois dixièmes de point. Ce
ralentissement général de l’inflation est un élément nouveau en Europe. Il est
essentiel. La stabilité des prix garantit aux européens la préservation de leur
pouvoir d’achat et leur donne l’assurance que leurs salaires, leurs revenus ou
leurs pensions de retraite conserveront durablement leur valeur.
2. Les déficits publics ont été substantiellement réduits dans tous les Etats
membres. Ils s’établissaient en moyenne à 6.3% en 1993. Ils devraient être
cette année inférieurs ou égaux à 3% dans la très grande majorité des Etats
membres. La dette publique diminue également, quoiqu’à un rythme plus lent.
La décision sur la liste des participants sera prise sur la base des
performances économiques effectivement constatées de l’année 1997, des
budgets de 1998 qui seront votés par les Etats membres fin 1997 et des
prévisions pour l’avenir. Le respect des valeurs de référence pour la seule
année 1997 n’est pas une condition suffisante pour passer à l’euro. La
Commission s’assurera, en mars 1998, dans l’établissement de son rapport sur
la convergence des économies, du caractère durable des performances
obtenues en matière d’assainissement des finances publiques.
En d’autres termes, les mesures ponctuelles
(one-off measures
), prises pour
1997, devront donc être remplacées par des mesures à effet permanent. En
effet, il ne s’agit pas d’atteindre un seuil magique à un instant “ t “ sans
certitude sur la continuation du mouvement de convergence. Il faut être certain
de la mise en place des conditions qui garantissent une maîtrise durable des
finances publiques dans la zone euro. Celle-ci est nécessaire, non seulement
pour permettre un fonctionnement harmonieux de l’union économique et
monétaire, mais aussi pour donner à l’économie européenne des taux d’intérêt
durablement bas, favorables à l’investissement, à la croissance et à l’emploi.
J’ajoute qu’il n’est pas de l’intérêt d’un Etat membre d’intégrer l’union
économique et monétaire avec des performances précaires ou insuffisantes,
car cela pénaliserait tous les Etats participants à l’euro. Et, par ailleurs,
l’éventuel dérapage des finances publiques de cet Etat membre serait
sanctionné par la mise en oeuvre des sanctions du pacte de stabilité et de
croissance.
Les deux autres critères - à savoir les taux d’intérêt et la stabilité des changes
- ne posent pas de problèmes particuliers.