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Arabie
une pétromonarchie
Ce qui a permis à Ibn Saoud d'unifier le pays,
de consolider son pouvoir, et de le garder,
c'est certes la religion, mais c'est surtout le pétrole.
L'Arabie Saoudite est le premier producteur de pétrole au monde,
c'est un pays dirigé par une monarchie,
qui s'appuie sur deux légitimités :
celle du pétrole, et celle des lieux saints de l'Islam.
(d'après "le Dessous des Cartes" – sept. 2001)
l'Arabie Saoudite : un jeune État
La péninsule arabique est au Moyen-Orient.
Au centre de cette péninsule se situe l'Arabie Saoudite :
2 millions de km², soit 4 fois la France,
avec seulement 20 millions d'habitants.
C'est un État récent, né en 1932, qui porte le nom de son fondateur, Ibn Saoud.
la Région du Nedj
Situé au centre du pays, le Nedj, “plateau" en arabe, est peu élevé
traversé de wadis et d'oasis, dont Ryad, la capitale du pays.
C'est la région d'origine des Saoud.
les Déserts du Nefoud et d'Ad-Dahna
Les désert du Nefoud et d’Ad-Dahna sont situés au nord du pays,
ils isolent l'Arabie Saoudite du Croissant fertile.
Là, vivent des populations nomades.
A l'ouest, le Hedjaz
Le Hedjaz est une barrière montagneuse qui s'étend tout le long de la Mer Rouge
sur 2000 km, du port d'Aqaba en Jordanie, jusqu'au Yémen.
C'est là que se trouve Djeddah, grand port de commerce,
mais qui représente surtout l'accès, pour les pèlerins musulmans, à La Mecque et à Médine,
les villes saintes de l'Islam.
le Rub'al-Khali et le Hassa
Le Rub’al-Khali, le grand "Quart vide", est un immense désert aride au sud du pays.
Enfin à l'est, le Hassa est le centre économique du pays,
là où se trouve la richesse du pays, c'est-à-dire le pétrole.
la Découverte du pétrole
Découvert en 1938 près de Daman,
le pétrole devient, dès les années 1950, une telle source de richesse
qu'il se révèle un moyen pour la monarchie saoudienne de consolider son pouvoir
face aux autres tribus.
De l'or noir pour de l’or bleu
Le pétrole apporte à l'Arabie saoudite des ressources financières
pour lancer le développement du pays et mettre en place une agriculture irriguée.
C’est pourquoi les usines de déssalinisation et les stations de pompage se multiplient.
Les nappes phréatiques sont surexploitées.
De l'or noir pour de l’or bleu
Les résultats sont impressionnants
puisque le pays est proche de l'autosuffisance alimentaire,
et devient même exportateur de blé.
le Pétrole, facteur de développement industriel
Le pétrole a permis d’industrialiser le Hedjaz
avec la construction du terminal pétrolier de Yanbu
et l'oléoduc transarabique
(Golfe Persique - Mer rouge).
le Plus grand gisement du monde
C’est dans la région de Hassa, à Ras Tanura,
que l’on a construit la plus importante raffinerie au monde,
pour exploiter le gisement d'Alghawar, le plus grand du monde
avec des nappes de 250 km de long.
le Pétrole, une arme économique et politique
Ces recettes du pétrole ont aidé à la construction d'un État aux infrastructures développées,
avec un système de protection sociale et des villes qui ont sédentarisé les nomades :
80 % de la population saoudienne vit en ville.
Mais les villes, cela permet de regrouper les populations, donc de mieux les contrôler.
l'Arabie Saoudite, une "pétromonarchie" absolue
C'est le roi, ses fils et les membres de la dynastie Al Saoud, avec quelques 4200 princes de sang,
qui sont installés aux postes clés de l'État.
Au fond, ce dernier s'est constitué autour d'une sorte de pacte social et politique :
la pérennité du pouvoir pour la famille Saoud en échange d'une protection permise par le pétrole,
dans le cadre d'un État Providence où toute contestation est impossible.
l'Islam, second instrument de légitimation
Le drapeau du pays est aux couleurs de l’Islam.
Le vert est la profession de foi musulmane
"Il n'y a que Dieu, et Muhammad est son prophète".
Le sabre rappelle le caractère indissociable du politique et du religieux,
et la conquête guerrière de Ibn Saoud pour unifier le pays.
l'Islam, second instrument de légitimation
Les Saoud se retrouvent gardiens des lieux saints de l'Islam : La Mecque et Médine.
Le pays est donc vu comme un espace sacré,
considéré dans son entier comme une mosquée,
donc interdit aux non musulmans.
Une légitimité internationale
Les deux instruments de légitimation du pouvoir des Saouds que sont le pétrole et l’Islam,
confèrent à l’Arabie Saoudite une légitimité internationale.
l'Arabie Saoudite, gardienne de l'Islam
Chaque année, près d'un million et demi de pèlerins musulmans se rendent à La Mecque.
L'Arabie Saoudite fait donc d'importants travaux d'aménagements,
comme le nouveau terminal à l'aéroport de Djeddah en 1981,
ou même le dallage en marbre qui neutralise la chaleur du soleil pour les pèlerins aux pieds nus.
Leader de l'Islam sunnite
L'Arabie Saoudite veut être le leader de l'Islam sunnite, face à l'Iran chiite.
Elle a donc initié à Djeddha la Conférence Islamique
qui accueille de nombreuses ONG islamiques.
Soutien aux sunnites
Au travers de la Ligue Islamique Mondiale,
l’Arabie Saoudite soutient financièrement les guérillas sunnites :
les Palestiniens, les Talibans en Afghanistan, le mouvement Moros aux Philippines,
les partisans de la Charia au Nigeria,
les combattants bosniaques ou les combattants tchétchènes.
les Premières réserves mondiales de pétrole
Avec 26 % des réserves mondiales de pétrole
et en tant que l'un des 5 membres fondateurs de l'OPEP,
l’Arabie Saoudite joue un rôle modérateur sur la fixation des prix du pétrole.
le Premier exportateur mondial
L’Arabie Saoudite est le principal fournisseur de pétrole
de l'Union Européenne, du Japon et des États-Unis.
Des relations privilégiées avec Washington
En échange d’une alliance avec les États-Unis
pour protéger la richesse pétrolière et assurer la sécurité du royaume,
Riyad leur garantit un accès au pétrole.
Les États-Unis ont ainsi installé une base américaine à Dahran dès les années 1950
où il y a aujourd'hui 40 000 Américains plus 5000 soldats postés en permanence en Arabie Saoudite.
70 % du PNB !
Le pétrole représente 70 % du Produit National Brut du pays.
Une telle proportion induit évidemment une forte dépendance
et augmente la vulnérabilité du pays.
On peut constater au moins trois fractures.
le Poids de la main d'œuvre étrangère
Depuis les années 1950, le développement de l'industrie saoudienne
s'est appuyé sur la main d'œuvre étrangère surtout d'origine arabe et du sous-continent indien.
Cette main d'œuvre représente aujourd'hui 20 à 25 % de la population totale
et presque 70 % de la population active.
le Poids de la main d'œuvre étrangère
Cette vulnérabilité est aujourd’hui plus nette,
avec le développement du chômage
et l'arrivée sur le marché de l'emploi de diplômés saoudiens.
la Fracture religieuse
Les Saoudiens sont Wahabites.
Or la communauté chiite est importante dans le pays : environ 500 000 personnes,
qui vivent surtout dans le Hassa, la région pétrolière du pays
soit 40 % de chiites qui travaillent dans le secteur stratégique des hydrocarbures
or l'Iran chiite n'est pas loin.
Un voisinage instable
L’Arabie Saoudite s’est opposée idéologiquement à l’Iran chiite, à l’est,
militairement contre l’Iraq, au nord, pendant la guerre du Golfe.
Enfin, depuis la réunification de 1990, le Yémen est une République démocratique,
ce qui est un peu perçu comme une menace pour la stabilité de la monarchie absolue saoudienne.
La dynastie des Saoud a voulu trouver un alliage
entre modernisation et respect des valeurs traditionnelles,
entre solidarité arabo-musulmane
et alliance stratégique avec les États-Unis.
Mais le coût est élevé à l'intérieur du pays.
Selon le rapport Amnesty 2000,
- le système politique saoudien favorise :
la persécution des opposants politiques ;
- les discriminations de la minorité chiite, et de celle des femmes ;
- les violations quotidiennes des droits fondamentaux,
- et un recours très répandu à la torture.
Mais pourtant il n'y a pas ou peu de condamnations politiques
du régime saoudien.
D'abord c'est un allié américain,
mais plus encore, tout le monde a besoin de son pétrole.
L'Arabie Saoudite, c'est aujourd'hui un pouvoir absolu,
dans les seules mains de la famille royale.
C'est un pays d'une grande stabilité stratégique,
mais accompagnée d'un grand immobilisme social.