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Ce qui veut dire que notre Église est
aussi divine et sainte
C'est pourquoi nous n'avons pas à
avoir peur. « Sois sans crainte, petit
troupeau, car votre Père a trouvé bon
de vous donner le Royaume » (Lc 12,
32). L'Église est une longue histoire
d'amour. Elle a commencé par un
amour fou pour Jésus, un coup de
cœur pour Jésus chez les premiers
apôtres : « Pierre m'aimes-tu ? Oui,
Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que
je t'aime ! » (Jn 21, 15-17). Et ça conti-
nue par un amour fou pour Jésus, à
chaque génération. « Chaque idéal
trahi, écrivait François Mauriac, trou-
ve un jeune cœur qui le recueille et,
cette même Face que le père avait
outragée, le fils l'essuie avec un im-
mense amour » (in Le jeune homme,
éd. Hachette).
C’est ce qui pousse le Père Manaran-
che à dire encore : j'aime beaucoup
mieux l'Église d'aujourd'hui que cer-
taines tranches de l'Eglise d'hier. Et je
n'ai nullement envie de revenir en
arrière, ni surtout de la quitter. Nos
papes sont quand même beaucoup
plus sortables que ceux du 16
e
siècle,
à quelques exceptions près. D'ailleurs,
ils sortent beaucoup plus, mais non
pas casqués et bottés. La seule force
de l'Église, c'est de dire la Vérité. Ce
n'est pas pour rien que le plus grand
hebdomadaire du monde, Time Maga-
zine (Etats-Unis, 5 millions de lec-
teurs), a décerné au Pape Jean-Paul II
le titre d' « Homme de l'année 1994 ».
Pourquoi ? Parce qu'à une époque de
confusion morale, Jean-Paul II est ré-
solu dans ses idéaux. Pourtant, il se
trouve, comme annoncé dans l'Evan-
gile, devant un monde souvent en
désaccord avec lui. Lisez sa Lettre
apostolique sur le 3
e
millénaire : fin
de règne ? Notre Pape a été capable
de jeunesse et de fraîcheur, entière-
ment tourné vers l'Espérance. Il suffit
de voir tous ces jeunes lors des Jour-
nées Mondiale de la Jeunesse.
Bien sûr l'Église contemporaine tra-
verse des crises et connaît des malai-
ses ; mais, comme le disait avec hu-
mour un évêque au Concile Vatican II,
les femmes aussi ont des malaises, et
cela ne les empêche pas de faire des
enfants.
Elle est « experte en humanité » (Paul
VI à l'O.N.U.), depuis le temps qu'elle
« sait (...) ce qu'il y a dans l'hom-
me » (cf. Jn 2, 24).
Un jour, le cardinal Danneels, lors
d'une conférence, répondait à un sé-
minariste : « Aimez l'Église. Si vous
n'aimez pas l'Église, ne vous faites pas
prêtre. Aimez-la telle qu'elle est, et
non telle que vous la rêvez. Portez-la,
et même, de temps en temps, suppor-
tez-la ! » C'est vrai qu'elle est une mè-
re très attentionnée : un peu comme
une mère qui répète à son fils adoles-
cent : « Attention ! N'attrape pas
froid ! Ne cours pas si vite ! »... De tels
conseils agacent l'adolescent. Nous
sommes tous d'éternels adolescents
en face de l'Église.
Si nous savions exactement la pensée
de l'Église sur la mort et la vie, sur le
véritable sens de l'amour humain, sur
les problèmes de justice sociale, etc.,
Nous courrions près d'elle et à ge-
noux, nous dirions : « Parle ! Toi tu
nous intéresses, tu as quelque chose à
nous dire, et toi, au moins, tu ne cher-
ches jamais à nous tromper ni à nous
flatter. » Mais on constate une telle
épaisseur de préjugés, entretenus
systématiquement par les médias,
pires pour l'Église que les pires lions
du cirque de Néron ! C'est que la per-
sécu-tion n'est pas annoncée : elle est
là, et les catholiques risquent de deve-
nir eux-mêmes ces exclus dont on
parle toujours. Ce qu'il nous faudrait,
ce sont des journalistes capables de
faire connaître, sans tailler dedans, la
pensée véritable et pleine d'Espéran-
ce de l'Église.
Le philosophe français Bernard-Henri
Lévy a publié un livre, « La Pureté dan-
gereuse », où il dénonce à juste titre
tous les intégrismes contempo-
rains ; or, au moment où l'on s'at-
tend à ce qu'il fasse passer à la trap-
pe l'Eglise catholique, voilà au
contraire que lui – qui est agnosti-
que – affirme qu'elle demeure un
vrai rempart contre l'intégrisme.
Pourquoi ? Parce qu'elle accepte en
son sein le pur et l'impur. Pourquoi ?
Parce qu'elle croit au péché originel.
Et, selon lui, la première entreprise de
tous les régimes totalitaires en vue de
s'imposer, c'est précisément de nier le
péché originel pour retrouver l'hom-
me à l'état de nature et ainsi éradi-
quer toute forme d'impureté, à savoir
tout ce qui s'oppose à leur idéologie.
L'Église catholique, rempart contre
l'intégrisme... Elle sera sans doute, à
l'avenir, la seule institution capable de
concilier les particularismes légitimes
et le désir d'universalisme qui, en mê-
me temps, nous hante. Voici une
chance exceptionnelle pour l'Église, si
du moins ses fils cessent de l'humilier.
Une chance, car elle peut aujourd'hui
témoigner de sa foi dans un grand
dépouillement et sans aucune volonté
de puissance. Mais ses fils l'humilient
parfois, parce qu'elle a aussi ses fai-
blesses.
Quand un membre de notre famille,
un ami, tombe dans une addiction
(drogues, alcool, sexe, etc.), on ne va
pas l’étaler dans les médias. Nous
chercherions d'abord à savoir si c'est
vrai. Si c'est vrai, nous chercherions à
l’accompagner par notre amour et
notre prière.
Georges Bernanos a traduit avec force
son attachement à l'Église : « Nul ne
remet en cause l'Église qui ne sente
aussitôt sur lui le regard anxieux de la
vieille mère au cœur pur, ce regard
chargé de pitié, de patience et d'at-
tente ». (in La grande peur des bien-
pensants, éd. Pléiade p.345). Ou enco-
re : « Je ne vivrais pas 5 minutes hors
de l'Église et, si l'on m'en chassait, j'y
rentrerais aussitôt, pieds nus, en che-
mise, la corde au cou, enfin aux condi-
tions qu'il vous plairait de m'imposer,
qu’importe ! »
Un grand moment d’Église : les JMJ à Madrid (suite)
Si nous savions !