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Pratique clinique
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est parfois nécessaire jusqu’à ce qu’elles
soient suffisamment stables d’un point de
vue médical pour suivre un traitement en
consultation externe. Une psychothérapie
hebdomadaire est vivement recomman-
dée. Des rendez-vous mensuels avec le
diabétologue ou l’éducateur en diabète
de l’équipe sont parfois nécessaires et des
rendez-vous mensuels avec le nutritionniste
sont également recommandés. Des analy-
ses en laboratoire (en particulier l’HbA1c et
les électrolytes) et un suivi du poids doivent
être réalisés lors de chaque visite et les
résultats doivent être communiqués aux
professionnels de la santé mentale.
Concernant la gestion du diabète, le trai-
tement doit commencer par des objectifs
modestes, faciles à atteindre et progressifs.
Au début du traitement, une gestion intensive
de la glycémie n’est pas un objectif appro-
prié. En fait, l’objectif initial du traitement
peut être simplement d’éviter toute nouvelle
crise d’acidocétose diabétique. L’objectif
principal doit être de garantir la sécurité
médicale de la personne atteinte de diabète.
Petit à petit, l’équipe peut augmenter les
doses d’insuline et l’apport alimentaire, en
permettant une plus grande flexibilité du
programme alimentaire et en instaurant des
habitudes alimentaires plus régulières et une
surveillance glycémique plus fréquente.
Les personnes traitées ont besoin d’être sou-
tenues pour anticiper les défis futurs. Par
exemple, le premier défi auquel la plupart
des personnes sont confrontées est la prise
de poids associée à la reprise du traitement
insulinique. Ces personnes doivent appren-
dre à distinguer les gonflements (œdèmes)
liés à l’insuline (donnant un sentiment d’être
gros, ballonnés et lourds) comme la rétention
d’eau temporaire, du développement de tissu
adipeux. Il peut également s’avérer utile de
souligner que le traitement de l’hypoglycé-
mie – par la consommation d’aliments riches
en calories plutôt que l’ingestion d’hydra-
tes de carbone d’absorption rapide – peut
provoquer une suralimentation et le risque
d’une prise de poids. Pour réduire ce risque,
il est utile de les informer des portions ap-
propriées pour le traitement d’urgence de
l’hypoglycémie.
Certains prestataires de soins bien inten-
tionnés peuvent se sentir frustrés par des
objectifs de traitement aussi modestes et
lents à atteindre, en particulier parce qu’ils
ne correspondent pas aux directives clini-
ques actuelles. Pourtant, dans le traitement
de cette population à risque, il est essentiel
d’adopter une vision à long terme. Plus la
personne traitée aura le sentiment qu’elle
est capable de contrôler le rythme de son
traitement, plus elle sera susceptible de s’y
tenir et donc d’améliorer son état de santé
général et sa qualité de vie.
Conclusion
Il est particulièrement complexe et difficile
de traiter le cycle des sentiments négatifs
relatifs à son corps et à son poids, de la
glycémie régulièrement élevée, de la dé-
pression, de l’anxiété, de la honte et de la
mauvaise surveillance autonome du dia-
bète. Etant donné l’ampleur du problème
chez les jeunes femmes atteintes de diabète
en particulier et les risques médicaux graves
associés, de nouvelles recherches visant à
élaborer des traitements ciblés et efficaces
sont essentiels pour leur santé future.
Ann Goebel-Fabbri
Ann Goebel-Fabbri est psychologue
clinicienne auprès du
Joslin
Diabetes Center
et formatrice en
psychiatrie auprès de la
Harvard
Medical School
, Etats-Unis.
Le présent article est une adaptation
d’un article publié précédemment
dans
Practical Psychology for Diabetes
Clinicians
, 2
nd
Edition. American Diabetes
Association. Alexandria, 2002.
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diabetes. Diabetes Care 2007 [E-pub
ahead of print 10.2337/dc07-2026].
Mars 2008 | Volume 53 | Numéro 1