2. Réflexion suscitée par le quatrième chapitre l’Encyclique
La lecture de ce chapitre nous permet de voir la raison et la foi comme deux voies qui
conduisent l’homme à une même destination. Le Pape dans son Encyclique soulignent : « les
voies d’accès à la vérité restent multiples ; toutefois, la vérité chrétienne ayant une valeur
salvifique, chacune de ces voies peut être empruntée, du moment qu’elle conduit au but final,
la révélation de Jésus Christ. »
En effet, l’homme n’est pas seulement un être sensible, dont les seules aspirations
consistent en la satisfaction de besoins matériels et à la satisfaction intellectuelle de quelques
curiosités à travers certaines connaissances. Il aspire à un plus être. Il y a en nous une
exigence de l’Absolu. « L’exigence de l’absolu vient à moi comme celle de mon moi essentiel
à l’égard de ma simple réalité vitale.»
Cette exigence ne prend pas forme dans notre
existence empirique. L’exigence de l’Absolu révèle l’homme à lui-même comme étant bien
plus qu’un être empirique, un être principalement spirituel. En ce sens donc, l’exigence de
l’Absolu appelle en nous la foi comme aptitude ou faculté à recevoir le mystère.
Remarquons que pour saint Augustin, la foi est acte de la pensée ; elle est de l’ordre de
la nature intellectuelle de l’homme. La foi est l’acte de pensée qui s’accompagne
d’assentiment ou d’acceptation (« credere est cum assensione cogitare.»). Pour saint
Augustin, croire est l’une des activités de la pensée si naturelle, si nécessaire.
L’homme est
donc capable d’acte de Foi parce qu’il est rationnel. Mais pour recevoir la Vérité de Dieu qui
se trouve en lui, l’homme doit forcément croire. Croire est une certaine manière de savoir.
Dans l’ordre de la connaissance, la Foi précède la Raison. Cette position d’Augustin ne traduit
pas simplement la primauté de la Foi sur la Raison. Il traduit un rapport plus complexe de la
foi et de la raison que nous réduisons en trois moments.
D’abord la raison précède à la foi. La foi est possible parce qu’avant elle, la pensée de
ce dont elle est foi a été conçue précédemment. La raison vient avant la foi signifie que, c’est
dans sa forme de pensée comme intellection, sans justification de ce dont est elle saisi, qu’elle
récède la foi. Pour qu’il y ait assentiment (croyance) à ce que l’on pense, il faut qu’il y ait au
départ la pensée de l’objet de foi. Ainsi se justifie donc la célèbre assertion Augustinienne :
«ergo intellige ut credas, crede ut intelligas » (je comprends pour croire, je crois pour
comprendre).
Ensuite, la raison suit la foi. La raison suit la foi car la connaissance rationnelle est
obscure et a besoin d’une illumination que seule la foi est capable de lui donner. L’acte de foi
ici est adhésion de l’esprit humain puisqu’il s’agit de la connaissance de l’Absolu, la seule
Karl JASPERS, Introduction à la philosophie, trad. Jeanne HERSCH, Le monde en 10/18, Plon,
Paris, p.56.
Ibid., p.32.