Les sanctuaires des provinces orientales aux époques hellénistique et romaine INTRODUCTION CADRE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE Docteur en Archéologie Thèse intitulée « Matériel cultuel et pratiques religieuses dans le Proche-Orient romain (Syrie, Phénicie, Palestine, Arabie) Thèmes de recherche Archéologie du Proche-Orient romain Pratiques religieuses Instruments de culte Religions antiques Sanctuaires et espaces cultuels Syncrétismes et interactions culturelles Où me trouver Secrétariat de l’Ecole doctorale d’Archéologie, Bureau 327, 3e étage Les lundi, mardi, mercredi, vendredi, de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h, Tél. : 01 53 73 70 95 Me contacter par mail [email protected] I/ PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU COURS A) DÉFINITION DU THÈME DU COURS • Au cours de ce semestre, nous allons étudier l’Orient romain entre 330 av. J.-C. et 330 apr. J.-C. Nous allons nous interroger sur la rencontre entre les traditions locales (orientales, sémitiques, égyptiennes et anatoliennes) et les influences grecques et romaines, ainsi que sur le « mixage » progressive de ces deux grandes composantes. B) SOURCES ET DOCUMENTS UTILISES On peut répartir les sources en deux grandes catégories : • Les documents archéologiques • Les documents textuels B) SOURCES ET DOCUMENTS UTILISES Les documents archéologiques comprennent : Les données de l’archéologie de terrain Les données iconographiques Les sources textuelles comportent : Les textes « littéraires » au sens large qui fournissent des informations très utiles sur l’architecture des sanctuaires, les rites, le personnel religieux. Les textes épigraphiques : de loin les textes les plus nombreux pour l’époque romaine. Leurs langues sont très variées : grec, langues sémitiques, démotique, latin. Pour l’Égypte, on peut ajouter les documents papyrologiques. C) BIBLIOGRAPHIE • Différents points permettant d’appréhender le cours • Repères historiques • Ouvrages de références sur l’architecture grecque, romaine et orientale • Ouvrages et articles consacrés aux sanctuaires • Études régionales • Textes antiques II/ LES LIMITES GÉOGRAPHIQUES ET HISTORIQUES DU COURS • D’un point de vue chronologique, nous étudierons la période entre 330 av. J.-C. et 330 apr. J.-C. C’est-à-dire les époques hellénistique et romaine. • D’un point de vue géographique, nous nous intéresserons à la Méditerranée orientale et aux pays qui les entourent : Égypte, Arabie, SyriePalestine, Mésopotamie et Anatolie. Carte de l’Empire romain en 116 ap. J.-C. A) L’ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE ET ROMAINE • • • • • La géographie de l’Égypte est divisée en quatre grandes composantes : La Basse Égypte : correspondant à la zone du delta du Nil : zone extrêmement fertile et très peuplée avec beaucoup de villes et de villages, en particulier la ville d’Alexandrie La Haute Égypte : on y trouve de nombreux grands sanctuaires dédiés aux grands dieux du panthéon égyptien Le désert occidental : le désert libyque : on y trouve de grands oasis : le Fayoum, extrêmement riche et densément peuplé tout près du Nil au sudouest du delta mais aussi les oasis de Dakhla et de Kharga dont l’occupation est renforcée à l’époque romaine. Le désert oriental ou arabique : plus montagneux que le précédent, aménagée et occupée pour des raisons commerciales : relier la vallée du Nil aux ports de la Mer Rouge (Myos Hormos, Béréniké) pour les besoins de la navigation vers les côtes de l’Afrique de l’Est, l’Arabie Heureuse et l’Inde. Carte de l’Égypte -La Basse Égypte -La Haute Égypte -Le désert occidental - Le désert oriental ou arabique A) L’ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE ET ROMAINE • La conquête de l’Égypte par Alexandre le Grand en 332 avant notre ère, puis la victoire d’Octave sur Cléopâtre VII en 31 avant notre ère, ont fait entrer l’Égypte dans deux mondes nouveaux : le monde hellénistique, puis le monde romain. Par deux fois, ce pays dont la civilisation est pluriséculaire, a vécu une transition institutionnelle, socio-économique et culturelle avec l’arrivée de nouveaux souverains : les Ptolémées, des Macédoniens venus de Grèce du Nord, puis les empereurs de Rome. La donnée fondamentale de l’époque est en effet la mutation de la société égyptienne en une société multiculturelle. Carte des conquêtes d’Alexandre le Grand 332 av. J.-C. : arrivée d’Alexandre en Égypte 1) L’ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE : UN ROYAUME HELLÉNISTIQUE • 332 av. J.-C. : Alexandre arrive en Égypte • La courte présence d’Alexandre est marquée par trois faits marquants : • le pèlerinage à l’oasis de Siwa où il met en scène sa vocation à dominer la région • la fondation d’Alexandrie • une politique de partenariat avec les élites non grecques. L’arrivée d’Alexandre semble perçue comme une libération par les Égyptiens • 331 av. J.-C. : Alexandre est intronisé comme roi d’Égypte. 1) L’ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE : UN ROYAUME HELLÉNISTIQUE • Les fondements de la monarchie ptolémaïque • 323 av. J.-C. : à la mort d’Alexandre, le manque d’héritiers entraine le morcellement des territoires conquis par Alexandre : • Un royaume ptolémaïque (lagide) : Égypte, Syrie-Phénicie, Chypre avec pour capitale : Alexandrie • Un royaume séleucide : moitié nord de la Syrie, Mésopotamie, Iran, Est de l’Anatolie avec pour capitale Antioche • Un royaume antigonide : Ouest de l’Anatolie et Grèce 1) L’ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE : UN ROYAUME HELLÉNISTIQUE • Les fondements de la monarchie ptolémaïque • L’Égypte revient à Ptolémée, premier régent de la dynastie des Lagides (les Ptolémées) dont la capitale est Alexandrie. • Les Ptolémées ont réuni en leur personne deux conceptions de la monarchie, qui n’ont pas fusionné. La conception grecque du basileus hellénistique cohabite avec celle du pharaon égyptien. 1) L’ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE : UN ROYAUME HELLÉNISTIQUE • La succession patrimoniale des Ptolémées • Pendant trois siècles, la dynastie ptolémaïque est scandée par la succession de 15 Ptolémées, ayant le statut de roi-pharaon. Cette succession est régie suivant le principe général de la primogéniture mâle, mais des puînés et surtout des femmes ont pu accéder au pouvoir. L’action des reines, les quatre Arsinoé, les quatre Bérénice et les sept Cléopâtre ont eu une grande influence sur le pouvoir, et tout particulièrement Cléopâtre VII. 2) L’ÉGYPTE ROMAINE • 31 av. J.-C. : bataille d’Actium : victoire d’Octave face à MarcAntoine • Invasion de l’Égypte par Octave. Assassinat de Césarion et suicide de Cléopâtre VII. • Statut particulier de la province romaine d’Egypte : Tacite (Annales II, 59, 3) parle d’une province « mise à part » (Aegytus seposita). • Elle est administrée par un préfet qui représente l’empereur qui réside à Rome mais elle est dirigée en réalité par ce dernier. Ce statut particulier s’explique par l’importance stratégique de la région, en particulier pour sa fabuleuse richesse agricole, en blé notamment, qui permet d’approvisionner Rome. 2) L’ÉGYPTE ROMAINE • Les empereurs romains : des pharaons égyptiens • Le système pharaonique s’est perpétué sous la domination romaine. Les prêtres égyptiens continuent à accomplir les rites traditionnels qui maintiennent l’ordre du monde, et les noms des empereurs romains remplacent sur les murs des sanctuaires ceux de Ptolémées. L’iconographie les représente avec la couronne de Haute et Basse Égypte. 2) L’ÉGYPTE ROMAINE • L’Égypte romaine sous le Haut Empire : entre adhésion et résistance • L’Égypte soumise apparut dès le début du principat comme une province difficile, nostalgique de son indépendance et source d’inquiétude pour le pouvoir impérial. • >> Crise économique et affrontements judéos-alexandrins • Un « âge d’or » pour l’Égypte de Vespasien à Commode • Les empereurs portent beaucoup d’attention à l’Égypte avec des mesures pour redresser l’économie de la province, de grands projets de construction et de rénovation. B) LE PROCHE-ORIENT ROMAIN : LES PROVINCES DE SYRIE ET D’ARABIE Par Syrie on entend ici la Syrie au sens antique, c’est-à-dire l’ensemble des régions comprises entre le Taurus et la frontière d’Égypte, entre la Méditerranée et l’Euphrate. On prendra en compte ici la province romaine de Syrie, puis les provinces qui en sont retranchées, la Judée – devenue Syrie-Palestine – et la Syrie-Phénicie, celle d’Arabie (même si une large partie échappe à la définition ci-dessus). Carte de la région syro-palestinienne 1) LA SYRIE D’ALEXANDRE A POMPEE Alexandre, le pouvoir macédonien Alexandre s’empare de la région en 333 avant notre ère. Elle devient un point stratégique qui permet de rallier les différents parties du royaume macédonien. La guerre de succession : Séleucides contre Lagides la Syrie est très convoitée. Division en deux parties de la Syrie : Ptolémée possède la moitié Sud de la région, y compris la côté phénicienne Séleucos occupe la partie Nord. >>Deux clans se forment les Séleucides d’Antioche et les Lagides d’Alexandrie. Carte royaumes Lagide et Séleucide 1) LA SYRIE D’ALEXANDRE A POMPEE Le morcellement de la Syrie séleucide et l’émergence d’état indépendants les Juifs formant le royaume hasmonéen le royaume Nabatéen (Syrie du Sud, Jordanie) d’autres cités-états dans le Nord de la Syrie : à Edesse, en Commagène, dans la vallée de l’Euphrate. L’invasion des Parthes et la fin des Séleucides La pression qu’ils exercent sur les Séleucides contribue au déclin rapide de l’autorité de ceux-ci. I/ LA SYRIE D’ALEXANDRE A POMPEE : La Syrie sous le contrôle de Rome : Pompée proclame l’annexion du royaume séleucide en 64 sous la forme d’une nouvelle province : la Syrie. Cette province couvre un territoire relativement restreint : les zones urbanisées de la côte, de la Syrie du Nord et de quelques secteurs de la Syrie du Sud (Damas et la Décapole). 2) LA PROVINCE ROMAINE DE SYRIE La Syrie fut une des provinces romaines les plus importantes de l'Empire romain, tant par sa richesse que par son importance militaire. Enjeu majeur de l’Empire romain : gouvernée par un gouverneur de très haut rang. Quatre légions y sont stationnées en permanence, avec une triple mission : contrôler les villes de Syrie dont on craint l’agitation, surveiller les Parthes, et fournir les contingents nécessaires aux expéditions romaines au-delà de l’Euphrate. 2) LA PROVINCE ROMAINE DE SYRIE Les frontières de la province connurent à plusieurs reprises des modifications. En 194, Septime Sévère divisa la province de Syrie en deux : la Syrie Coele au nord, avec Antioche pour capitale, et la Syrie-Phénicie au sud, avec Tyr comme capitale. En 195 : fondation de la province d’Osrhoène audelà de l’Euphrate En 198 : fondation de la nouvelle province de Mésopotamie qui complète le dispositif jusqu’au Tigre. Carte des provinces romaines de Syrie (SeptimeSévère) 2) LA PROVINCE ROMAINE DE SYRIE Au IIIe siècle, quelques troubles sous la menace des Perses Sassanides aux frontières de la Mésopotamie. L’empereur Aurélien réussit à stabiliser la province. L’empereur Dioclétien procède à une réorganisation de l’Orient romain à travers d’importantes réformes administratives (nouvelles subdivisions des provinces). Du IIIe au VIIe siècles, les Perses ne vont cesser de lutter pour le pouvoir dans la région, jusqu’à l’invasion arabe qui début au milieu du VIIe siècle ap. J.-C. 3) LA PROVINCE D’ARABIE • La province romaine d'Arabie ou Arabie pétrée est créée en 106 par la conquête du royaume Nabatéen. • En 106, A. Cornelius Palma, légat de Syrie, occupe ce royaume sans difficulté, et en fait une province impériale nommée Arabia, gouvernée par un légat propréteur, installé au nord de la nouvelle province à Bosra. Carte des provinces romaines 4) LES NABATEENS Les « Nabatéens » en tant que groupe humain et politique font leur apparition dans nos sources classiques au IVe siècle avant notre ère. Les auteurs gréco-romains les situent dans la zone transjordanienne, entre les rives orientales de la mer Morte et la région de Pétra, leur capitale. La civilisation nabatéenne se caractérise par : Une production céramique originale Une écriture le nabatéen, dérivant de l’araméen Des techniques architecturales et décoratives propres à une sphère culturelle nabatéenne. Une capitale : Pétra Carte royaume nabatéen Céramique nabatéenne Architecture (tombeaux) Sculpture 4) LES NABATEENS Les Nabatéens doivent l’essentiel de leur richesse à leur activité commerciale. Rome, dans un premier temps a maintenu en place la dynastie nabatéenne, mais décide en 106 de passer à l’administration directe du territoire en créant la province d’Arabie, dont la capitale devient Bosra et non Pétra. Carte royaume nabatéen IV/ L’ANATOLIE D’un point de vue géographique, elle est constituée d’ensemble très différents. Le seul élément d’unité, celui qui nous le fait considérer comme un tout cohérent, c’est son aspect de longue péninsule cernée par quatre mers : le Pont-Euxin, La Propontide (mer de Marmara), l’Egée et la Méditerranée. Ce vaste rectangle rassemble des régions très diverses autant par la topographie que par le climat. Carte de l’Anatolie 1) D’Alexandre aux Diadoques : libération et morcellement (324-281 av. J.-C.) • L’Anatolie est achéménide depuis 546 av. J.-C. • C’est au printemps 334 av. J.-C. qu’Alexandre franchit l’Hellespont et commence sa conquête du territoire anatolien. La conquête reste cependant inachevée . • Après la mort d’Alexandre, les Antigonides (Antigone le Borgne, Lysimaque) et les Séleucides (Séleucos Ier) vont s’opposer pour diriger la région. 2) L’Anatolie déchirée (281-188 av. J.-C.) • La puissance séleucide reste de 281 à 188 av. J.-C., prépondérante dans la région. • Emergence d’états indigènes hellénisés des anciennes satrapies non conquises, en Bithynie, Paphlagonie, Pont, Cappadoce. • Cité-état de Pergame dès 281/280 av. J.-C. • Le contrôle du territoire est donc maintenu par les Séleucides mais contesté de toutes parts par de nouveaux états indigènes et sous la menace des Galates (celtes). 3) De la tutelle à la provincialisation : les débuts de l’Anatolie romaine (189-31 av. J.-C.) • La dynastie séleucide est vaincue par Rome vainqueur d’Antiochos III à Magnésie du Sipyle en 189 av. J.-C. • La paix d’Apamée en 188 av. J.-C. élimine le pouvoir séleucide d’Anatolie. • Les deux principaux bénéficiaires de cette disparition : Pergame et Rhodes sont redevables à Rome . • De 188 à 133 av. J.-C. : Pergame s’affirme comme la principale puissance anatolienne. 3) De la tutelle à la provincialisation : les débuts de l’Anatolie romaine (189-31 av. J.-C.) • La mort d’Attale III en 133 av. J.-C. et la création de la province d’Asie en 129 av. J-C. placent Rome au centre des problèmes anatoliens. • Longue guerre mithridatique de 88 à 63 av. J.-C. opposant Rome à Mithridate VI Eupator pendant 25 ans. • Victoire de Rome et débuts de la provincialisation de la région. • De Pompée à Auguste, l’Anatolie connaît une série de transformations importantes, dont la plus importante, due à Antoine, est la constitution progressive de tous les États-clients. LES PROVINCES ET ETATS-CLIENTS (Ier s. av. – Ier s. apr. J.-C.) 4) L’Anatolie sous le Haut-Empire • Les trois premiers siècles de notre ère marquent d’abord pour l’Anatolie le retour à la paix. • La domination romaine repose sur l’existence simultanée de provinces confiées à des pro-magistrats romains, et d’États-clients, plus ou moins étendus, administrés soit par des princes indigènes possédant leur principauté à titre héréditaire, soit par des hommes choisis par Rome et promus à cette fonction par sa seule volonté. 4) L’Anatolie sous le Haut-Empire Deux provinces coexistent à cette période : La province d’Asie qui correspond à la façade occidentale de l’Anatolie, depuis les rives de la Propontide (mer de Marmara) jusqu’à la Carie, elle s’enfonce vers l’intérieur jusqu’en Phrygie et Pisidie. La province de Bithynie est constituée à la fois de la Bithynie proprement à dite à l’Ouest et des parties occidentales et centrales de l’ancien royaume du Pont. 4) L’Anatolie sous le Haut-Empire • Toute l’Anatolie obéit à Rome jusqu’à l’Euphrate et l’AntiTaurus, grâce à la création des États-clients. • Trois grands royaumes : au centre le royaume de Galatie ; à l’est le royaume de Cappadoce ; au nord-est le royaume du Pont. • Ces États-clients sont par la suite intégrés à l’Empire et transformées en provinces romaines : – – – – – Asie Bithynie Pont Lycie Pamphylie Galatie Cappadoce LES PROVINCES D’ASIE MINEURE AU MILIEU DU IIe siècle apr. J.-C.