CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kévin– PELLAT Laurentin Analyse de secteur dans le cadre du Projet de Création d’entreprise Les Ressources Humaines Durables C CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin The human resource appeared during the 19 th century. This notion describes the way of the human management in the firms. Since the 19th century, the human management has evolved. Today the workers has been replace by the profits and the shareholders. This vision of the workforce is pathetic, that’s why a lot of organizations, politics and firms had been product different solutions to make up the worker and make lasting the human management. Les Ressources Humaines sont apparues au cours du XIXème siècle. Cette notion décrit le management de l’Homme dans l’entreprise. Depuis le XIXème siècle, la gestion des ressources humaines a beaucoup évoluée. Aujourd’hui l’importance des salariés a été remplacée par celle des bénéfices et des actionnaires. Cette vision de la main d’œuvre est déplorable, c’est pourquoi de nombreuses organisations, des hommes politiques et des entreprises ont créés différentes solutions pour former les employés et rendre durable la gestion des ressources humaines. 2 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Table des matières Introduction ....................................................................................................................................................................................... 4 I. Naissance & Développement DES Ressources Humaines .................................................................................... 6 A. Histoire des Ressources Humaines ................................................................................................................................. 6 B. Les théories d’H. Fayol sur le développement des RH durables ....................................................................... 9 II. Un constat actuel : une gestion inhumaine .............................................................................................................. 11 A. La vision des Ressources Humaines par le travailleur ....................................................................................... 11 B. Les obligations des employeurs, en matière de Ressource Humaine ......................................................... 13 C. La place du travail au sein de la vie du travailleur ............................................................................................... 17 III. Vers une gestion des ressources humaines durable............................................................................................ 20 A. La théorisation des nouvelles pratiques de gestion des ressources humaines ...................................... 20 B. Patagonia, modèle d’entreprise durable ? ................................................................................................................ 25 Conclusion ........................................................................................................................................................................................ 26 Annexes ............................................................................................................................................................................................. 27 3 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin INTRODUCTION Avant de commencer cette analyse de secteur il est important de définir les termes sur lesquels elle porte, à savoir le développement durable et les ressources humaines. Le but étant finalement, de voir comment les deux peuvent cohabiter au sein d’une même entreprise. Tout d’abord le développement, on peut considérer plusieurs notions du développement nous allons ici nous intéresser plus particulièrement aux notions de développement humain et de développement économique. Le développement humain est né en parallèle du développement économique mais considère que le bien être de l’humain ne se résume pas aux revenus et à l’économie. Il existe trois définitions de ce développement, la première nous dit que toute personne ne peut participer et bénéficier du développement économique, social, culturel et politique. La seconde nous explique que le développement humain doit permettre de développer sa personnalité et de prendre confiance en nous afin de se libérer de la peur du besoin. Enfin, la troisième dit que l’objectif de ce développement est d’élargir la gamme de choix offert à la population (accès aux revenus et à l’emploi, à l’éducation, aux soins de santé et à un environnement sans danger), l’individu devrait aussi participer aux décisions de la communauté ce qui le rend plus démocratique et participatif. Le développement économique (et social) fait référence à un ensemble de mutation positives (techniques, démographiques, sanitaires, sociale, …) sur une zone géographique donnée. Ce développement nécessitant une création de richesse il est généralement lié à l’augmentation du niveau de vie des habitants de cette zone géographique. Le terme de durabilité est lui utilisé pour définir une organisation de la société lui permettant d’assurer sa pérennité. Elle repose sur le maintient d’un environnement vivable, un développement économique et une équité sociale (respect des intérêts des employés dans leur entreprise). Le développement durable, est donc une notion relativement récente qui s’applique à la croissance économique tout en prenant en compte des aspects environnementaux et d’équité sociale. Le principe étant de réussir à répondre aux besoins des générations actuelles, sans compromettre la capacité des générations futures à accéder aux leurs. Ensuite les ressources humaines, globalement la gestion des ressources humaines est une pratique consistant à développer et utiliser les ressources humaines dans le but d’augmenter la performance d’une entreprise, en d’autres termes, augmenter sa productivité. Elle à aussi comme but d’améliorer la communication interne de l’entreprise. L’enjeu pour les entreprises est donc de réussir à gérer les ressources humaines de manière à augmenter leur productivité tout en respectant le développement humain et l’équité sociale (rémunérations justes, horaires conciliant travail et vie de famille, sécurité de l’emploi, formation et possibilité d’évolutions de carrière, …). Afin d’y parvenir plusieurs pistes peuvent être suivies. Premièrement conserver une relation à l’environnement afin de ne pas perdre notre capacité à apprendre. Deuxièmement développer l’expérimentation, l’innovation et l’ajustement afin de rester en contact avec un environnement en mouvement. Ensuite partager les expérimentations abouties afin que tous puissent en profiter. Et enfin se réorganiser à chaque intégration d’un nouvel élément afin de trouver un nouvel équilibre. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 4 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Il faut comprendre que la solidarité collective au sein d’une entreprise passe par la responsabilité individuelle. Elle créera une relation gagnant-gagnant entre l’entreprise et le salarié. Le développement des ressources humaines est un projet social et économique qui doit être construit par l’entreprise et le salarié dans lequel chacun s’engage et se responsabilise. Le défi consiste aussi à abandonner la culture de la formation pour passer à une culture développant l’autonomie, l’expérimentation et la valorisation de l’expérience. Les salariés doivent être intégrés de manière progressive à l’entreprise, les départs anticipés et gérés progressivement. Le salarié n’est donc plus qu’une simple ressource et son mieux être devient alors un facteur de productivité pour l’entreprise. Afin de voir si concilier ressources humaines et développement durable est possible et comment est-ce possible, nous allons dans cette analyse secteur premièrement voir comment s’est développé la gestion des ressources humaines depuis sa naissance, en voyant d’abord sa théorisation puis ses premières mise en pratique. Ensuite nous allons voir ce qu’elle est devenue, et qu’aujourd’hui on parle plutôt d’une gestion inhumaine de la « ressource humaine », pour cela on s’intéressera d’abord aux conditions de travail actuel puis aux enjeux. Et enfin nous allons voir que certaines théories commencent à voir le jour afin d’essayer de trouver une gestion des ressources humaines qui seraient durables et quelques exemples de leurs mise en application. 5 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin I. NAISSANCE & DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES A. Histoire des Ressources Humaines Les grandes étapes historiques Avant la Révolution Industrielle, la fonction " personnel " n'existe pas. C'est le superviseur qui se charge lui-même de recruter les employés dont il a besoin. A l'issue de la Révolution Industrielle, les entreprises sont confrontées à de nombreux problèmes sociaux et humains. C'est à ce moment qu'apparaît la fonction " personnel " dans l'entreprise. Dans un premier temps, son rôle était d'accommoder les salariés aux emplois et à leur évolution. On est encore très loin de la notion de Ressources Humaines. La dimension humaine se réduit à un simple facteur de production, le travail de l'individu étant considéré comme une marchandise soumise aux lois de l'échange économique du capitalisme. Les seules activités de cette fonction sont le recrutement, la paie, le règlement des conflits,… La dimension humaine s'efface devant la priorité de la production. Ainsi au début du siècle, c'est le concept d'Organisation Scientifique du Travail (OST), développé par Taylor, qui est le référentiel en matière d'organisation. La division, la rationalisation et le contrôle du travail sont au cœur du taylorisme. Le taylorisme déshumanise complètement le travail, l'homme est réduit à la notion de " main d'œuvre ". Cependant, dès l'application des méthodes de Taylor, divers problèmes humains sont apparus, déstabilisant les organisations : conflits, grèves ou encore absentéisme. Ces nombreux problèmes vont remettre en cause, peu à peu, la conception tayloriste du travail. Cette fonction va énormément évoluer durant la première moitié du vingtième siècle et ceci sous l'influence de nombreux facteurs : mouvements sociaux, progrès scientifiques et évolutions économiques. Au cours de cette période, la dimension sociale et humaine va apparaître et se développer peu à peu dans les organisations. L'école des relations humaines, un important courant de la sociologie du travail, va jouer un rôle majeur dans cette évolution. Entre 1930 et 1950, ce courant va réagir contre l'Organisation Scientifique du Travail en en montrant les limites et surtout en mettant en avant l'influence des facteurs d'ambiance et de relations sociales dans l'entreprise sur la productivité et le rendement. Les travaux les plus connus sont notamment ceux de Elton Mayo, effectués aux États-Unis dans les années 30 à la Western Electric (société américaine spécialisée en ingénieries électrique et électronique). Ces travaux vont contribuer à humaniser les relations de travail. On assiste à un développement de la fonction personnel qui se voit accorder de nouvelles missions telles que l'hygiène et la sécurité, l'information, les relations sociales et aussi la formation. L'émergence et le développement du syndicalisme de masse durant la première moitié du XXème siècle va aussi fortement contribuer à faire évoluer la fonction vers un rôle plus humain et plus social. Entre 1960 et 1980, la fonction Ressources Humaines va encore considérablement évoluer sous l'influence de nombreux facteurs tels que l'accroissement de la législation du travail, le développement de l'informatique dans le traitement de la paie. La modernisation, la forte concurrence et les restructurations industrielles ont également appuyé les problèmes d'emploi dans les entreprises. Il faut notamment gérer les suppressions massives d'emplois, il faut les gérer sur le plan humain mais aussi en termes d'image pour l'entreprise. De plus, la globalisation de l'économie, la concurrence accrue, la nécessité de créer d'autres emplois Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 6 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin plus qualifiés impliquent la recherche des meilleurs candidats, leur formation et leur fidélisation. Aujourd'hui, la concurrence se fait par les prix, mais depuis peu se greffe une offre de services de plus en plus importante afin de capter et de conserver le client. Ces transformations de la concurrence touchent directement la Gestion des Ressources Humaines qui, dans la mesure où les parts de marché se gagnent sur la qualité de la prestation, s'oriente vers la sensibilisation à la relation au client dans le but d'obtenir une qualité de comportement qui détermine sa fidélité. L'objectif de la Gestion des Ressources Humaines est donc d'obtenir une compétitivité par l'implication des personnes dans leur travail. Il s'agit d'adopter une structure de production compatible avec les attentes du client et à moindre coût. Cette structure étant un déterminant de la compétitivité, la fonction Ressources Humaines se doit de la gérer et de l’organiser. Les mutations de la concurrence ont ainsi fait émerger de nouvelles dimensions à la compétitivité et la fonction Ressources Humaines a dû s'adapter à ces évolutions économiques et c'est pour cela qu'elle a ellemême connu d'importants bouleversements. Qu’est-ce que le salariat ? Désigne en général le régime salarial, caractérisé par un lien de subordination du salarié à l'égard de l'employeur, le versement d'un salaire et le financement des droits sociaux (protection sociale). Peut désigner aussi l'ensemble des salariés, c'est à dire des personnes qui sont liées à un employeur par un contrat de travail et qui reçoivent une rémunération, le salaire, en contrepartie d'un travail. Le salariat est donc un statut professionnel et social qui positionne l'individu dans la société : l'industrialisation de nos sociétés modernes s'est accompagnée d'une salarisation croissante de la population active, on parle d'une société salariale. C'est au début du 20ème siècle avec le développement de la production de masse et le taylorisme que s'est mise en place une véritable société salariale. L'âge d'or du salariat se situe pendant les 30 Glorieuses avec l'institution d'un rapport (ou compromis) salarial fordiste (quasi plein emploi, augmentation régulière des salaires réels avec les gains de productivité et la hausse des prix, développement de l'OST (organisation scientifique du travail), part grandissante des salaires indirects, consommation de masse,…). Le salariat devient alors un véritable statut, source de reconnaissance sociale et d'identité. L'évolution du salariat peut se mesurer par l'évolution de la part des salariés dans la population active, ainsi que par la part des emplois typiques et atypiques dans l'emploi salarié. Travailler oui, mais à quel prix ? Si les Ressources Humaines sont au cœur de nos préoccupations, encore faut-il savoir de quoi sont elles constituées. Comment faire de l’homme une ressource durable alors que celui-ci ne vit qu’un temps. Pour savoir vers où est ce que nous nous dirigeons, il faut d’abord commencer par définir d’où l’on vient. Comment la notion de RH est-elle née ? Et déjà, comment le travail, sous sa forme moderne a-t-il été crée ? Cela commence avec le salariat. Qu’est-ce que le salariat ? Comment et quand est il apparu en France ? Le salariat désigne l’ensemble des salariés par opposition au patronat ou aux professions indépendantes. Le salarié passe un contrat avec son employeur, à travers duquel un lien de subordination juridique les unis. En contrepartie du travail effectué, le salarié reçoit une rémunération ainsi que le financement de sa protection sociale. Mais cette définition n’a pas toujours été ce qu’elle est actuellement. En effet, le monde du travail s’est métamorphosé depuis les années 1900. A cette époque, les travailleurs ne possèdent rien hormis leur force de travail. Ils sont payés le plus bas possible et n’ont aucune protection sociale. C’est avec l’évolution de la responsabilité civile que va Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 7 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin apparaître la loi sur les accidents du travail. Avant 1898, lorsqu’il y avait un accident du travail, on faisait jouer la responsabilité pour faute. L’employeur devait alors rapporter devant la cour, la preuve d’une faute commise par son patron. Mais cette faute n’était pas toujours évidente à prouver. C’est pourquoi la responsabilité civile fondée sur le risque est apparue. Celle-ci permet de porter responsable l’employeur lorsqu’il y a un risque prouvé. Est instauré, à la même époque le contrat de travail avec la notion de subordination. Au début des années 1900, il n’existe qu’un seul syndicat : la CGT (Confédération Générale des Travailleurs) qui tente de rétablir un minimum d’égalité entre les différents partis (employeurs et employés). Afin de se faire entendre les employés commencent à user de leur droit de grève. Grâce à cela, une série de lois et d’avantages vont être crées en faveur des employés. C’est ainsi qu’ils obtiennent la réduction de leur temps de travail en passant à une journée de 8h (loi votée après fin de la 1ère GM), un jour de repos obligatoire par semaine, la création du Ministère du travail par Clémenceau, ainsi que le droit à l’allocation vieillesse à partir de 65 ans (durée de vie de l’époque : 55 ans). Après les deux guerres mondiales, les mentalités ont changé. La place de l’homme dans le monde du travail est valorisée. La semaine des 40h est votée, les 15 jours de congés payés apparaissent et le Conseil National de la Résistance crée la Sécurité Sociale. Après la crise des 30 glorieuses, les besoins et la croissance explosent. Apparait alors la notion de productivité : rapport entre une production de biens ou de services et les moyens qui ont été nécessaires pour sa réalisation (humains, énergie, machines, matières premières, capital, etc.). Elle mesure l’efficacité avec laquelle une économie ou une entreprise utilise les ressources dont elle dispose pour fabriquer des biens ou offrir des services. Cette productivité entraine alors la diminution du temps de travail. En effet, si le travailleur travaille moi, il aura plus de temps pour dépenser son argent et donc consommer. On entre alors dans l’air du pouvoir d’achat et de la société de consommation. Pour pallier aux inégalités, en 1950 est crée le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) qui deviendra le SMIC (salaire minimum interprofessionnel) en 1970. A partir des années 1990, la place de l’homme au travail n’est plus une priorité. On a stoppé le progrès avec Mitterrand : 39h par semaine, 5 semaines de congés payés par an, droit à la retraite à 60 ans. Avec la mondialisation et le chômage de masse (3 millions en 1993), on assiste à la gelée des salaires dans toute l’Europe, et 800 000 licenciements économiques par an. Le capitalisme se développe de plus en plus. Le capitalisme est le régime économique et juridique d'une société dans laquelle les moyens de production n'appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre. Les entreprises entrent dans une perpétuelle compétitivité pour avoir un maximum de capital. C’est avec ce changement de régime qu’on nous pouvons constater la dégradation des Ressources Humaines durables. En effet, le modèle de l’emploi stable pour toute une vie prend l’eau. On assiste à une dégradation de l’emploi. Le CDI qui était le contrat type de l’époque est aujourd’hui remplacé par le CDD ou par les contrats d’intérims. Les intérimaires sont apparus en même temps que les grèves. Les sociétés pallient au manque de salariés par des personnes qui ne sont embauchés que pour un temps. Cela leur permet de continuer à produire sans répondre aux demandes des salariés en grève. Le salarié a aujourd’hui un profil individualiste. Il doit savoir être autonome pour gérer luimême sa carrière et se développer de son côté, pour voir venir les éventuels licenciements. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 8 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin B. Les théories d’H. Fayol sur le développement des RH durables Henri Fayol, ingénieur français (1841-1925), est considéré comme l’un des pionniers de la gestion d’entreprise et du management, comme en témoigne son livre principal L’administration industrielle et générale. H. Fayol a trois axes d’étude : tout d’abord, il élabore ses pensées à partir d’un vécu de terrain qu’il possède. Ensuite, il est généraliste : alors que Taylor, qui exerce à la même époque avec l’OST s’adresse aux hommes de production, Fayol parle de politique générale de l’entreprise. Enfin, il insiste sur l’importance de la transmission des connaissances, notamment au sein des écoles d’ingénieurs françaises desquelles sont issues la majorité des dirigeants de l’époque. Fayol distingue cinq fonctions verticales : technique de production, commerciale (qui comprend l’achat, la vente et l’échange), financière (recherche et gestion des capitaux, sécurité et comptable), sécurité, comptable et une activité horizontale dite transverse (l’administration ou le fameux POCCC : Prévoir, Organiser, Commander, Coordonner, Contrôler). Selon Fayol toutes ces tâches sont présentes dans toutes les activités de l’entreprise, mais selon le poste, leur importance varie. Dès lors que ces activités peuvent être analysées pour chaque poste dans l’entreprise, il devient aussi possible d’organiser en conséquence la formation des hommes en vue d’optimiser leurs performances. De son travail ressortent finalement 14 principes du management : 1. La division du travail doit permettre, grâce à la spécialisation de l’individu, d’augmenter son expérience et ainsi d’améliorer sa productivité. 2. L’autorité des dirigeants, qui doit être équilibrée avec la fonction occupée. 3. La discipline : fonctionne à double sens, autrement dit, les employés n’obéissent que si le management joue également leur jeu en fournissant un bon leadership. 4. L’unité de commandement se réfère au fait qu’il ne doit y avoir qu’un seul patron, ceci évitant ainsi qu’il y ait des directives contradictoires et contreproductives. 5. L’unité de sens se réfère quant à elle au fait que les employés ayant la même activité doivent avoir des objectifs communs, ce qui est essentiel pour assurer la coordination de l’entreprise. 6. La subordination de l’intérêt individuel à l’intérêt général : chaque employé de l’entreprise, à chaque échelon, doit comprendre que les buts des sociétés sont primordiaux. 7. La rémunération, est un incitateur important. 8. La (dé)centralisation, est une histoire de degré selon l’état de l’activité économique et la qualité du personnel. 9. La chaîne scalaire, ou ligne d’autorité, se rapporte au nombre de niveaux dans la hiérarchie de l’organisation, depuis le bas jusqu’à son sommet. Mais pour Fayol, cette chaîne scalaire ne doit pas être trop grande, et elle doit également être en parallèle d’une communication latérale, qui est fondamentale et essentielle, tant que le dirigeant est au courant qu’elle existe. 10. La commande : l’une, matérielle, réduit le temps perdu et les manipulations inutiles de matériaux, l’autre, sociale, est menée par l’organisation et la sélection. 11. L’équité est une « combinaison de gentillesse et de justice » afin que les employés travaillent bien. 12. La stabilité d’emploi permanent du personnel, ainsi que les perspectives de carrière, conduisent les employés à mieux travailler, alors qu’un fort turn over a des conséquences négatives sur l’activité de l’entreprise. 13. L’initiative doit être promue : chacun est force de proposition au sein de l’organisation (même si cela doit froisser la vanité des dirigeants) Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 9 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin 14. L’esprit de corps a trait au fait que le management doit développer le moral des employés : « le talent réel est nécessaire pour coordonner l’effort, pour encourager l’enthousiasme, pour utiliser les capacités de chaque personne, et pour récompenser chacun mérite sans réveiller des jalousies potentielles et déranger des rapports harmonieux ». Mais Fayol concède quelques faiblesses dans sa théorie, comme le montre l’historien et spécialiste Jean-Louis Peaucelle dans le 34ème numéro de la revue Entreprise et histoire : tout d’abord, Fayol possède un profond mépris des syndicats, favorisant avant tout les rapports sociaux au sein de l’organisation. Ensuite, alors qu’il considère l’organigramme comme une base fondamentale de l’organisation, il n’en parle que très peu, évoquant avant tout le fait que l’organisation doit prendre exemple sur l’administration des services publics, et annonce à titre d’exemple qu’il ne faudrait que 6 ministres, pour que le Premier Ministre puisse tous les gérer. De plus, il met en relief le fait que les réunions des chefs de service sont un outil de coordination privilégié, mais il n’en fait aucune description. Enfin, lors de ses évocations des abus d’autorité de la part des dirigeants, il n’évoque qu’un seul garde-fou, la « valeur personnelle », alors qu’on aurait souhaité avoir autre chose à nous mettre sous la dent pour éviter de tels abus d’autorité. Fayol a reconnu la ressource humaine comme telle. En ce début de millénaire où la gestion des ressources humaines est plus d’actualité que jamais, les principes du management de Fayol gardent leur fraîcheur. 10 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin II. UN CONSTAT ACTUEL : UNE GESTION INHUMAINE Même si au cours de l’histoire, plusieurs économistes ce sont penchés sur la question, plusieurs indices nous prouvent que des améliorations sont nécessaires. Dans cette partie nous tenterons de mettre en évidences les difficultés rencontrées au sein des entreprises à l’heure actuelle. A. La vision des Ressources Humaines par le travailleur La déprime au travail Le travail qui est à l’origine synonyme de souffrance peut-il rimer avec bonheur ? Le travail peut-il être source d’épanouissant ? Les hommes cherchent d’abord du lien social et un sens à leur vie, les possibilités d’épanouissement au sein d’un travail sont devenues une réelle condition pour les travailleurs. Les objectifs du travail à son apparition étaient clairs, augmenter les richesses produites, acquérir un revenu pour l’individu et faire du profit pour la classe capitaliste. Allait alors de soit que le travail soit soumis à une logique d’efficacité. Avec l’émergence du capitalisme, l’accent a été mis sur la volonté d’accroître les profits. Si l’on suit la théorie des marxistes, le capitalisme est un système politique, économique et social dont le principe fondamental est la recherche systématique de plus-values. Pour se faire, les propriétaires des moyens de production et de distribution ont recours à l’exploitation des travailleurs. Le travailleur est alors considéré comme une simple ressource, dans laquelle le propriétaire n’hésite pas à puiser afin de parvenir à ses fins. Le travailleur est devenu une marchandise comme les autres, sur un marché comme les autres. Cependant, cette logique d’efficacité, cette recherche perpétuelle de plus-values, ne va pas de paire avec les besoins du travailleur. Considérant le fait que l’homme recherche son épanouissement personnel, comment pourrait-il s’épanouir dans un milieu à tendance capitaliste, résumé par la volonté du « toujours plus de plus-values » et où les besoins du travailleurs ne sont nullement pris en compte ? En quoi l’Homme peut-il trouver en son travail une source de bonheur ? Pour l’opinion commune, l’emploi caractérise entre autre, la personne que l’on est, si bien que dès lors que nous nous présentons nous parlons de notre poste. Ceci est très significatif, puisque cela montre le lien existant entre ce que nous faisons, et ce que nous sommes. Pourtant une personne au chômage dit ne rien faire, cela signifierait donc qu’elle n’est rien ? Non, suffit d’accorder de l’importance à ce que l’on fait, puisque en parallèle cette personne peut s’adonner à plusieurs tâches. Outre les ressources financières que procure un poste, chacun recherche en un poste des besoins à assouvir, le dépassement de soi, le sentiment d’utilité par exemple. Mais pourquoi attacher tant d’importance au milieu professionnel ? Ce choix peut s’expliquer par les résultats concrets que génèrent un poste. Voici pourquoi certain ont tendance à considérer plus glorifiant un poste de responsable plutôt que de femme au foyer. L’occupation d’un poste peut aussi être source de stress, de déprime lorsque ce que nous faisons n’est pas le reflet de nos valeurs. De plus, le travail est aussi l’occasion de se créer un cercle d’amis, ou au contraire, d’ennemi. L’Homme peut développer des liens avec autrui qui vont lui permettre de s’épanouir, les compliments de sa hiérarchie lui procurer de l’assurance, et au contraire si le travail fourni n’est pas reconnu, cela peut procurer un sentiment d’échec. La pression au sein du travail peut d’ailleurs forte. Les conditions de travail ont un lien avec la qualité de vie de l’Homme, ils peuvent conduire au bonheur, mais peuvent aussi au contraire conduire au suicide. De nombreux suicides ont été recensés dans les entreprises françaises, la société France Télécom a été pointée du doigt notamment pour tous les suicides qui y ont été constatés. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 11 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin On constate donc que certaines personnes ne se sentent pas à l’aise dans l’exercice de leur fonction. Mais l’employeur donne t’il toutes les chances aux travailleurs de bien s’intégrer et s’épanouir au sein de leur profession ? La Discrimination Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. (Art. 1 de la DDHC). Ce principe fondamental qui régit les lois françaises, n’est pas toujours respecté. Même si les employeurs savent que la discrimination à l’embauche est interdite par la loi, on se rend compte qu’aujourd'hui cette loi est très peu appliquée. La discrimination est l'acte de mettre de côté ou de distinguer une personne pour sa couleur de peau, son genre, sa sexualité, sa religion, un handicap, etc. Le mot discrimination vient du latin discriminatio, qui signifie sépare. Des personnes appartenant à des groupes traditionnellement vulnérables – telles les femmes, les personnes d’origine étrangère ou handicapées – affrontent des situations de précarité sur le marché du travail. Ceci s’est vu lors d’une étude récente, effectuée par l’observatoire des discriminations dans le cadre de recrutements. Le principe de ce test étant de répondre à une même offre d’emploi en proposant 7 candidatures identiques, ne se différenciant que par le genre, l’origine ethnique, le lieu de résidence, l’apparence, l’âge et le handicap. Sur 258 offres d’emplois, le candidat de référence a reçu 75 convocations à un entretien d’embauche, la femme 69, l’individu résidant en zone sensible 45, celui avec un visage disgracieux 33, le candidat âgé 14, et enfin la personne handicapée 5. Les résultats de cette étude prouvent bien qu’à un niveau identique, un employeur aura toujours des préférences même si celles-ci ne sont pas forcément justifiées. Par ailleurs, on distingue, au sein de l’entreprise une autre forme de discrimination : la sous-évaluation systématique des compétences. Celle-ci se traduit par le fait de dévaloriser une personne de part son genre ou sa couleur de peau. Les conséquences de cette discrimination peuvent être le fait de ne pas accéder à une promotion (phénomène du « plafond de verre » que l’on retrouve chez la discrimination envers les femmes) alors que l’employé à toutes les conditions requises pour. Il peut se voir attribuer des tâches ingrates ou une diminution de sa rémunération. Les personnes victimes de discrimination sont les plus susceptibles à se voir licencier. Dans le cas de réduction d’effectifs, l’entreprise aura tendance à se séparer des individus considérés comme les « moins utiles ». Ainsi les femmes considérées comme les moins flexibles, les personnes d’origines étrangères considérées comme les moins polyvalentes, ou les personnes âgées sont celles qui seront le plus susceptible d’être touchées par le chômage. La parité homme/femme Parmi les différentes formes de discrimination dans le monde du travail, on retrouve fréquemment celle entre les hommes et les femmes. Cette discrimination n’est pas récente car, élargie à l’ensemble des sociétés, l’homme a toujours eu un caractère dominant sur la femme. La lutte contre cette disparité homme/femme est, en revanche plutôt récente car elle s’est mise en place à partir du XXème siècle. Quelques exemples de lois éditées à cette époque seront plus parlant : 1944 : Les femmes ont accès au droit de vote 1942: Les femmes mariées peuvent travailler; 1965: Les femmes mariées peuvent travailler sans le consentement de leur mari Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 12 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Même si aujourd'hui plusieurs lois ont été crées en faveur des femmes, la lutte contre la discrimination ne cesse de se développer. Selon une enquête de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre la Discrimination et pour l’Égalité), 34% des femmes actives ou retraités déclarent avoir été victimes de discrimination au travail. Dans la plupart des cas, cette discrimination est liée à la grossesse. Celle-ci constitue également un frein à l’embauche car l’employeur préférera embaucher un homme, qui n’a pas de risque de tomber enceinte et ainsi de se voir bénéficier d’un congé maternité de longue durée. De plus, le phénomène du « plafond de verre », apparu récemment, empêche les femmes de progresser davantage. On remarque que peu de femmes sont présentes à haut échelon hiérarchique. Mais il y a également le problème de la différence de salaire qui se pose. A compétences et niveau de poste équivalents, les femmes gagnent en moyenne 18,9 % de moins que les hommes. De plus, on constate que le taux d’emploi et de chômage des femmes reste plus faible que celui des hommes. Une femme mettra plus facilement, qu’un homme, sa carrière de côté pour pouvoir élever ses enfants. C’est elles qui occupent le plus d’emplois à temps partiel. Ce choix s’explique bien souvent par l’insuffisance des modes de gardes, par l’inadaptation des horaires de travail au rythme des modes d’accueil et de l’école, ou par la faible participation des pères aux tâches parentales. Cependant, le temps partiel n’est pas toujours choisi, il peut être également subi : 947 000 femmes en sous emplois souhaiteraient travailler davantage. Le paradoxe dans le sexisme est que la femme doit se mettre en avant à travers plusieurs mouvements ou associations qui lui sont propres pour pouvoir se faire respectée : la Journée de la Femme en mars, ou la création du Ministère du Droits de la Femmes (1981), montrent que si on ne créer pas spécifiquement des choses pour la femme, celle-ci ne se fera pas respectée. En effet, s’il y a une journée de la Femme, cela signifie donc que les 363 jours restant sont des journées de l’homme ? B. Les obligations des employeurs, en matière de Ressource Humaine Même si les employeurs ont la possibilité de recruter les personnes qu’ils souhaitent, il ne faut pas oublier que certaines règles et principes doivent être respectés. La discrimination positive Une autre forme de discrimination existe dans notre société et est de plus en plus répandue. Il s’agit de la discrimination positive. Ce principe consiste à promouvoir l’égalité en accordant aux personnes victimes de discrimination, un traitement préférentiel. La discrimination positive est née au États-Unis, pour favoriser les minorités noires et hispaniques. Elle est mise en place par l’intermédiaire de quotas ou de places réservés par l’entreprise pour les employés discriminés. En France, la loi de 1987 impose aux entreprises de plus de 20 salariés d’avoir au sein de leur effectif un quota de 6% de salariés handicapés. Malheureusement ce principe n’est pas toujours respecté. Les entreprises ne respectant pas ce quota doivent reverser des cotisations à l'AGEFIPH (Association de GEstion du Fond pour l'Insertion des Personnes Handicapées). En 2010 sur 128 400 entreprises soumises à cette obligation, 9% ont un accord, 51% remplissent leur obligation et 40% versent une contribution à l'AGEFIPH. Le montant des contributions versées à l'AGEFIPH, en 2010, par les entreprises soumises à l'obligation d'emploi, s'élève à 539 millions d'euros. Cette somme Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 13 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin démontre bien que la France est bien loin d’arrivée aux résultats espérés et que beaucoup de travail reste à faire. Les Contrats Au cours des trente glorieuses l’emploi typique s’est imposé sur le marché du travail. Il s’agit d’un emploi salarié, avec un contrat à durée indéterminée, un employeur unique et à temps plein. C’est un emploi stable. A partir des années 70 vont se développer des formes d’emplois atypiques, des emplois précaires, témoins de la flexibilité du travail. Aujourd’hui en droit du travail français, coexiste plusieurs types de contrats de travail : Le contrat à durée indéterminée (CDI), le contrat à durée déterminée (CDD), le contrat temporaire ou d'intérim, le contrat à temps partiel, les contrats jeunes (contrat d'apprentissage, contrat de professionnalisation), le contrat initiative emploi (CIE), ... En fonction du type de contrat, le travailleur ne dispose pas des mêmes droits, des mêmes avantages, et surtout, tous les types de contrat n’offrent pas la même stabilité. Voici pourquoi il est judicieux de s’informer quant aux règles de conclusion de nos contrats de travail au préalable. Même si en théorie l’Etat français recherche une situation stable pour l’ensemble des français, l’appellation d’emploi typique et atypique caractérisé par la stabilité qu’ils procurent ou non prouvent que l’emploi ne rime pas toujours avec stabilité. En règle générale, l’emploi typique se définit par trois critères principaux : il doit s’agir d’un emploi à temps-plein dont le contrat est à durée indéterminée (CDI) et offrant une protection garantie par la convention collective. Un emploi ne remplissant pas ces trois conditions sera donc par définition un emploi atypique. Les exemples les plus courants d’emplois atypiques sont sans nul doute l’emploi à durée déterminée et l’emploi indépendant. Ces derniers ont connu un important développement depuis le début des années 1970. Nous constatons que le taux de salariés ayant un emploi dit précaire est en progression depuis une trentaine d’années, ce phénomène ne traduit aucunement la volonté de rendre durable les ressources humaines. D’après le graphique effectué par l’INSEE, 4,6% des salariés avait un emploi à temps partiel au début des années 70, contre 17,6% au début des années 2000, il s’agit donc d’une hausse de l’ordre de 13 points. Le développement de la précarité est donc bien réel. En 2000, 24,9% des salariés était soit en CDD, en intérim ou à temps partiel. La situation ne tendant pas à s’améliorer, l’idée d’une gestion des ressources humaines durable est donc une idée plus que judicieuse. 14 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Nous pouvons nous demander quelles sont les raisons qui poussent l’employeur à préférer tel type de contrat à un autre, par exemple, dans de plus en plus d’offre d’emploi est mentionné la formule « CDD pouvant déboucher sur un CDI » qu’est ce qui se cache derrière cette formule ? En tant que travailleur est ce plus judicieux de préférer un CDI avec période d’essai ? Pour commencer, il faut savoir que cette nouvelle formule est avant tout un véritable plus pour l’employeur. D’une part le CDD lui permet d’augmenter son activité sans qu’il ait l’obligation de garder le travailleur si cette activité ne devait pas se poursuivre et d’autre part, le travailleur a l’obligation de travailler durant l’intégralité de la période en CDD. De plus, un employeur ne peut décider d’interrompre un CDI en cours de période d’essai sous prétexte d’un changement d’activité de l’entreprise. Positions nous maintenant du côté du salarié, pour se faire, voici un tableau récapitulatif des avantages et inconvénient des deux formules : Avantages CDD puis CDI CDI avec période d’essai Emploi assuré pendant toute la durée du CDD. Le CDD évite la période d'essai en CDI. Indemnité touchée s’il n’y a pas prolongation du contrat en CDI Inconvénients Aucune garantie sur la "prolongation" en CDI. Le travailleur ne peut décider d’arrêter de travailler durant le CDD Rassure le travailleur Risque que le contrat s’arrête durant la période d’essai Aucune indemnité si le contrat s’arrête au cours de la période d’essai Dans tous les cas, le CDI n’est pas assuré, l’employé n’est dans aucune des deux formules considéré dans le long terme, puisque son avenir dans la société n’est pas garanti. Chacune des deux formules présentent des avantages et des inconvénients, reste à l’employé de définir ses priorités, un contrat rassurant mais qui peut se terminer durant la période d’essai ? Des indemnités perçues mêmes si le contrat ne débouche pas sur un CDI ? La gestion prévisionnelle du travail La gestion prévisionnelle peut-elle représenter une solution au développement des ressources humaines ? Commençons par définir ces termes, la gestion prévisionnelle part de l’hypothèse suivante : moins l’entreprise n’anticipe l’évolution auxquelles elle risque d’être exposée, plus elle se trouve dans l’obligation de réagir à chaud, en urgence. Il s’agirait donc d’anticiper les changements éventuels, afin de réagir au plus vite et donc de limiter les mauvaises surprises. La gestion prévisionnelle s’applique dans divers branches de gestion, mais, appliquée à la GRH elle se décline de la manière suivante : Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 15 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Phase 1 Phase 2 (Instant t) (Horizon t + x) Ressources actuelles Ressources futures Phase 3 Constats et analyses des écarts Emplois actuels - Phase 4 Mesure et réduction des écarts Ressources actuelles L’entreprise commence par analyser l’environnement, elle prend en considérations plusieurs critères comme les âges, l’ancienneté, les compétences etc. de manière à anticiper les ressources dont elles disposeraient dans l’avenir. Elle émet alors des hypothèses telles que les futurs départs à la retraite grâce à la pyramide des âges Elle émet des hypothèses quant aux évolutions de l’environnement : modification des lois, évolutions technologiques anticipables, afin de déterminer les besoins en ressources humaines. Elle constate les écarts entre les ressources dont elle disposera et les besoins dont elle nécessitera. Vient ensuite l’action de régulation, l’entreprise cherche un moyen d’ajuster l’équilibre entre les besoins et les ressources ce qui peut passer par les licenciements, la mise en place de CDD, la réduction de temps de travail etc. Ce processus n’est pas sans faille, peut-ont vraiment le qualifier de durable quant on voit que les besoins du travailleur ne sont nullement considérés ? Une gestion des ressources humaines intelligente, durable, ne serait elle pas celle qui satisfait à la fois l’employeur et l’employé ? Or, après avoir identifié les besoins dont l’entreprise dispose, il est fréquent que pour réguler la situation l’Homme soit licencié. Le travailleur n’a d’ailleurs pas tardé à exprimer son mécontentement : grève afin de dénoncer le licenciement beaucoup trop fréquent, refus du changement… L’homme se sent oublié, considéré non pas comme un humain mais comme une ressource, cible de l’entreprise. La flexibilité La gestion des ressources humaine semble s’organiser de manière à optimiser la compétitivité de l’entreprise au détriment des attentes du travailleur. La flexibilité est sans nul doute une illustration de cette tendance puisque par définition elle désigne la gestion des ressources humaines selon les besoins ponctuels de l’entreprise, en claire, l’entreprise embauchera le salarié si elle en a besoin et au contraire, s’en séparera si ce n’est plus le cas. La flexibilité est une des réponses à la théorie des libéraux qui pensent que le chômage est dû à l’existence de rigidités sur le marché du travail. Il faudrait donc la rendre plus flexible pour revenir à l’équilibre sur le marché du travail. La théorie des libéraux n’a pas contribué seul à la création d’une gestion plus flexible du travail, les entreprises ayant vu leurs activités fluctuées davantage depuis les années 70 ont souhaité pouvoir adapter rapidement leur volume d’emploi aux variations conjoncturelles de la production. Aussi, émerge l’idée que la flexibilité devrait favoriser la baisse des couts suite à la volonté de faire face à une Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 16 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin concurrence plus massive. Les politiques publiques créent des emplois aidés, encouragent les stages, le temps partiel par divers avantages, et contribuent ainsi au développement de la flexibilité. La flexibilité peut prendre plusieurs formes on parle ainsi de flexibilité quantitative externe (fluctuer les effectifs selon les besoins, recours aux CDD, intérimaires etc.), flexibilité quantitative interne (fluctuer la durée du travail, recours à l’annulation du temps de travail par exemple), l’externalisation c’est-à-dire reporter sur une autre entreprise une partie de la production, la flexibilité fonctionnelle qui consiste à développer la polyvalence des salariés par le biais de formation continue ou encore la flexibilité des rémunérations qui varient en fonction des performances individuelles et des résultats de l’entreprise. Si la flexibilité est vécue pour l’entreprise comme une opportunité d’ajuster l’équilibre besoin/ressource librement, elle est vécue pour l’opinion commune comme un type de gestion n’apportant guère de stabilité mais au contraire créant un sentiment d’insécurité et même de précarité. La durée constitue l’essentiel mesure de stabilité, en observant les mesures mises à la disposition de l’entreprise pour permettre sa flexibilité, on ne peut s’interroger quant au sentiment de sécurité qu’elle procure chez le travailleur. Comment peut-on trouver de la sécurité grâce à un CDD, un travail à temps partiel, des changements de postes incessants ? Le développement des emplois précaires (intérim, CDD, stages, emplois aidés comme les emplois jeunes ou les contrats emplois-solidarités) et du temps partiel concerne surtout les nouveaux entrants sur le marché du travail (jeune et femme surtout pour le temps partiel) et plus les ouvriers et les employés que les cadres. Coexiste alors deux types d’emplois, ceux procurant la stabilité, travail correctement rémunéré, qualification etc. et ceux aux caractéristiques inverses. C. La place du travail au sein de la vie du travailleur Les hommes ont des besoins à satisfaire. Pour y parvenir, le célèbre théoricien Maslow, a réalisé une classification hiérarchique de ces besoins. Ci-dessous une représentation de cette pyramide : Maslow distingue cinq grandes catégories de besoins. Il considère que le consommateur passe à un besoin d’ordre supérieur quand le besoin de niveau immédiatement inférieur est satisfait. o Les premiers besoins à satisfaire sont les besoins psychologiques. Ceux-ci sont directement liés à la survie de l’individu, c'est-à-dire les besoins concrets tels que la faim, la soif ou encore la sexualité. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 17 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin o o o o Le second est le besoin de sécurité. Il consiste en le principe de pouvoir maîtriser les choses, d’avoir un emploi pour ainsi accéder à une protection physique et morale. Ce besoin s’inscrit dan une dimension temporelle. Le troisième est le besoin d’appartenance. Il s’inscrit dans le principe d’appartenir à un groupe social, que ce soit au niveau du travail, de la famille ou des amis. Le quatrième besoin est celui d’estime. Il consiste à ce que l’individu se sente considéré, respecté et utile aux groupes. Ce besoin prolonge celui de l’appartenance. Enfin, le dernier besoin est celui de l’accomplissement. Il vise à sortir d’une condition purement matérielle pour atteindre l’épanouissement. L’individu accomplit sa réalisation personnelle. Ainsi, on considère que le travail peut entre dans ces 5 catégories. En effet, il est indispensable car c’est une source de revenus essentielle aux hommes, il permet à l’homme d’appartenir à un groupe social puis ainsi de s’estimer à travers ce groupe. Et enfin pourquoi pas de permettre à l’homme d’effectuer sa réalisation personnelle. Le travail comme facteur de lien social et de source de revenus Même si l’étymologie du mot travail signifie la torture, il n’en demeure pas moins indispensable aux hommes pour survivre dans notre société actuelle. Avec l’extension des sociétés de consommation, on a aujourd'hui besoin de revenus pour pouvoir subvenir à nos besoins quotidiens. Ceci signifie donc que le travail joue un rôle primordial car il est devenu la source principale de la rémunération. Il devient indispensable, autant pour accéder à une dépendance financière, que pour s’intégrer dans les normes de consommation de masse. Cette dépendance financière se traduit également par le droit à une protection sociale qui va de paire avec le travail, notamment avec l’accès aux droits du chômage, de l’arrêt maladie ou de la retraite. De plus, le revenu procurer va donner à l’individu une certaine reconnaissance sociale. Le travail se révèle donc être un facteur d’intégration. On le voit notamment à travers les liens humains qu’il crée. En effet, la plupart des postes proposés sont à caractère collectifs. On travaille rarement seul toute sa vie sans aucun contact humain. De ce fait, l’homme va se socialiser grâce aux nombreuses heures passées à travailler. Le travail est donc source de lien social. Par ailleurs, nous assistons aujourd'hui de plus en plus, à l’individualisation de l’homme au travail. Cet individualisation est caractéristique des sociétés modernes (après la révolution industrielle). L’individu est moins contraint à la solidarité de par la conscience collective. La division et la compétitivité du travail, impose aux hommes l’interdépendance. Selon Karl Marx, à force de créer de nouveaux besoins aux hommes, et de vouloir produire toujours davantage, le travail devient une source d’asservissement. De plus, avec la création de nouvelles technologies (smartphone), la frontière entre le travail et le loisir tend peu à peu, à disparaitre. Le travail s’accapare les individus, pour le plus grand plaisir des patrons, qui font des salariés des marchandises. De plus, avec la tertiarisation des activités, les relations au sein du monde du travail, s’individualisent. On assiste également à l’exclusion sociale des populations les plus fragiles. Ceci s’explique, en partie, par la forte augmentation du chômage, la précarité des emplois disponibles (Intérims, stages non rémunérés…), favorisant l’exclusion de la vie professionnelle, voir l’exclusion sociale. Avec la conjoncture économique actuelle, l’insertion professionnelle pour les nouvelles générations de diplômés est difficile. Et même s’il y a une insertion, cela ne signifie par pour autant l’acquisition d’un statut durable et la préservation de l’exclusion. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 18 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Même si le travail est source de revenus et de socialisation, il peut néanmoins devenir un facteur d’exclusion et de division, s’il n’est pas maîtrisé. Afin d’éviter cela, l’homme doit se renouveler perpétuellement pour être le meilleur et faire la différence vis-à-vis de toute la concurrence. Les conflits au travail Jusqu’aux années 70 les conflits du travail apparaissent comme le type même de l’action collective. Depuis, le nombre de conflits du travail ont dimininué mais représentent toujours la majorité des conflits. On mesure le nombre des conflits par le nombre de journées de grève. Ils concernent en majorité une seule entreprise. On explique cette diminution par les transformations du travail et de l’emploi : l’augmentation du chômage (le travailleur a peur du licenciement), l’augmentation de la part des salariés moins syndiqués et moins revendicatifs, tendance à preferer conserver de bons rapports employeur/employé. L’affaiblissement des syndicats contribuent à cette diminution, c’est l’un des taux les plus bas en Europe même si la pluparts des pays constituant ont aussi connu une baisse de l’adhésion syndicale. La baisse du taux de syndicalisation tient d’abord au déclin des catégories et secteurs les plus syndiqués à savoir les ouvriers, la sidérurgie). Les syndicats n’ont plus le même impact, leurs actions sont moins suivis, ceci peut s’expliquer par la montée du chômage. La société s’est transformée, elle est devenu moderne souvent caractérisée par l’émergence de l’individualisme. En quoi l’individualisme contribue à la baisse du taux de syndicalisation puisque l’individualisme tend l’homme a penser à son intérêt propre ? L’individualisme entraine l’Homme à adopter un comportement de passager clandestin c'est à dire profiter de l’impact d’une action collective sans pour autant sacrifier du temps et de l’argent. On appelle cela le paradoxe d’Oslow. 19 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin III. VERS UNE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES DURABLE Comme nous l’avons vu dans les parties précédentes, ces dernières années les entreprises ont trop souvent fait passer leur propre intérêt avant ceux de leurs salariés. Cette volonté de productivité à tout prix a conduit à une gestion des ressources humaines qui est tout sauf durable (licenciements, mutations forcées…). Le but de cette dernière partie sera donc de voir par quels moyens les entreprises pourront réussir à maintenir leur compétitivité tout en gérant leurs ressources humaines de manière durable et en maintenant le bien être de leurs salariés. A. La théorisation des nouvelles pratiques de gestion des ressources humaines La Responsabilité Social des Entreprises La Responsabilité Sociale des Entreprises (ou RSE) pourrait être une des premières théories pour une gestion durable au sein des entreprises. C’est un concept relativement ancien, puisqu’il apparaît pour la première fois durant les années 1960 dans des livres consacrés à la gestion des entreprises. Il a cependant été remis à l’ordre du jour au début des années 2000 notamment pendant le « sommet de la Terre de Johannesburg » en 2002. Réunion à laquelle ont participé de grandes entreprises, notamment française, des secteurs de l’environnement et de l’énergie. La responsabilité sociale des entreprises est une notion générale, et mondiale qui englobe les trois grands thèmes du développement durable, à savoir les aspects environnementaux, sociaux et économiques. Le livre vert de la commission européenne définit la RSE de la manière suivante : la RSE couvre les matières sociales et environnementale, elle n’est pas et ne doit pas être séparée de la stratégie de l’entreprise et des ses opérations commerciales puisqu’il s’agit d’intégrer les préoccupations sociales et environnementales à ces stratégies et opérations. La RSE n’est pas imposé aux entreprises c’est un concept volontaire. Et enfin l’aspect important de la RSE est la manière dont les entreprises interagissent avec leurs parties prenantes internes et externes (employés, clients, autorités publiques…). La responsabilité sociale des entreprises demande donc aux entreprises qui veulent la mettre en pratique d’être capable de faire les changements nécessaires afin de prendre en considération l’intérêt des parties prenant part à l’entreprise (dans le cas qui nous intéresse les salariés). Mais aussi d’avoir des connaissances managériales qui contribueront à améliorer les processus sociaux dans ces organisations. Depuis les années 2000, l’Europe développe des outils pour fixer des normes et noter les entreprises qui mettent en place une responsabilité sociale. Par exemple en France la norme « ISO 26000 » définit comment les organisations peuvent et doivent contribuer au développement durable. Le but de cette norme étant de guider et de valoriser les organisations souhaitant mette en application les responsabilités sociales. 20 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin De plus depuis 2004 un « label de responsabilité sociale » a été créé pour récompenser les entreprises qui respectent les principes de la RSE, ce qui souligne l’importance « nouvelle » d’intégrer les principes du développement durable dans la gestion des entreprises. En 2009 les critères d’évaluation, mesuré par des cabinets indépendants portaient sur les critères suivants : - Le recrutement L’accueil et l’intégration des salariés Le suivi de carrière L’intégration des travailleurs handicapés La reconversion et la fidélisation des salariés Le Baromètre social de l’entreprise Le dialogue social L’analyse détaillé du processus de formation La surveillance et observation électronique et vie privée (CNIL) Les conditions de travail La responsabilité sociale de l’entreprise On voit donc bien à travers tous ces critères, que le suivi et le mieux être des salariés au sein de l’entreprise sont devenus des aspects primordiaux d’une entreprise souhaitant avoir une gestion que l’on pourrait qualifier de « durable ». En France la situation est légèrement différente, depuis 2001 et le vote de la loi sur les nouvelles régularisations économique les entreprises cotées en bourse ont l’obligation de publier dans leur rapport annuel des informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités. De plus depuis le Grenelle de l’environnement de 2007 plusieurs lois ont été votés renforçant les devoirs des entreprises et les exigences concernant les publications en matière de RSE. Depuis ces lois les entreprises non cotées ont aussi le devoir de réaliser ces publications, et des sanctions sont prévus pour les entreprises de répondant aux exigences de la loi. Les premiers retours d’expérience en France date de 2005. On sait par exemple les entreprises du CAC 40 ont dans 90% des cas respectés la loi, et que 53% d’entre elles font même vérifier leur rapport par un cabinet d’audit indépendant. Cinq grands groupe français se montrent même exemplaire en ayant instauré au sein de leur conseil d’administration un comité chargé de la stratégie de développement durable (GDF Suez, Danone, Total, Lafarge et Suez Environnement). On peut donc conclure cette sous-partie en précisant qu’organiser un tel programme est très complexe pour une entreprise et nécessite une révolution culturelle et stratégique passant par la prise en compte des besoins des salariés. Il s’agit en effet de prendre compte les besoins des salariés mais aussi de réussir à les valoriser, eux et leur parcours, au sein de l’entreprise. L’entreprise citoyenne La notion d’entreprise citoyenne découle directement des principes de la responsabilité sociale des entreprises. En fait la RSE sert de modèle aux entreprises qui se voudrait citoyenne. On définira donc une entreprise citoyenne comme une entreprise qui prend en compte les dimensions sociale et environnementale dans ses activités et dans ses relations avec ses partenaires (salariés, fournisseurs, clients …). Une entreprise citoyenne est donc une organisation où les facteurs économiques et sociaux cohabitent, prouvant que le bénéfice financier n’est pas forcement le seul et unique objectif. La notion d’entreprise citoyenne se développe en France à partir des années 1980 et commence par valoriser les Comité d’Entreprise et le Comité d’Hygiène de Sécurité et des Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 21 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Conditions de Travail comme des institutions primordiales pour une entreprise que se veut citoyenne. Du fait qu’aujourd’hui il n’existe aucune norme ou label pour déclarer si une entreprise est citoyenne ou non, il faut se rattacher aux principes de la RSE. On peut donc dire qu’une entreprise ne pourra se considérer comme citoyenne que si elle respecte les principes dictés par la RSE. Le rôle d’une entreprise citoyenne sera donc d’offrir des emplois stables et des respecter ses salariés en leur proposant de bonnes conditions de travail. Elle devra aussi veiller à valoriser le travail des handicapés, à prendre en compte leurs besoins et s’y adapter. Une entreprise citoyenne se doit aussi d’anticiper les difficultés et de planifier sa stratégie afin d’éviter les plans de licenciement. Une entreprise qui licencie, mute à tout va ou qui se délocalise ne pourra évidemment pas être considérée comme citoyenne. L’entreprise citoyenne devra aussi aller plus loin et s’assurer que ses fournisseurs et sous traitants respectent les droits de l’Homme. La formation étant une des missions centrale de l’entreprise, l’entreprise citoyenne devra proposer des formations internes et des possibilités d’évolutions de carrières à ses employés. Les formations offrent des perspectives de carrière et enrichissent les compétences des salariés, les entreprises ont donc tout intérêts à en proposant puisqu’elles deviennent, à travers la qualification de leurs salariés, plus compétitive. Les préoccupations concernant l’environnement et le développement durable se faisant de plus en plus pressantes, les entreprises ont tout intérêt à devenir citoyenne. En effet on n’observe déjà que les consommateurs (ou les clients d’une manière plus générale) sont de plus en plus sensibles aux notions de responsabilité (sociale et/ou environnementale) des entreprises. Une entreprise qui se déclare citoyenne devrait donc gagner des clients, elle en devient donc plus rentable et plus compétitive. Pour conclure cette sous-partie, on peut donc dire qu’une entreprise qui fait des efforts pour devenir citoyenne ne peut avoir que des retours positifs, elle va en effet former et fidéliser ses employés mais aussi gagner de nouvelles parts de marché ce qui la rend beaucoup plus compétitive. Il est donc possible pour une entreprise ayant une vision sur le long terme d’être rentable. L’entreprenariat L’entreprenariat est une notion bien différente des autres « solutions » apportée jusqu’ici. En effet il ne s’agit plus ici de changer la stratégie de gestion des ressources humaines au sein d’une entreprise mais de créer sa propre entreprise. L’entreprenariat est une notion relativement récente, on doit sa naissance à un marché du travail devenu compliqué et instable. Aujourd’hui la situation du marché du travail et tel qu’être compétent et motivé n’est plus forcement suffisant pour trouver ou conserver son travail. Une des solution avancée pour retrouver une situation stable et durable est donc de créer son entreprise. Aujourd’hui toutes les tranches d’âges sont confrontées aux difficultés de trouver (ou retrouver) un travail. La solution est simple, si vous ne trouvez pas travail, créez votre propre emploi. L’avantage de l’entreprenariat est qu’il est une solution viable pour tout les profils, il convient en effet aussi bien aux jeunes diplômés n’ayant jamais travaillé qu’aux personne plus âgés et ayant déjà une expérience professionnelle. En effet les jeunes diplômés n’ayant encore disposent souvent d’une forte motivation et créer sa propre entreprise est un défi extrêmement enrichissant. Les jeunes diplômés n’ayant pas encore de vie de famille c’est le moment idéal pour se lancer dans un tel projet. De plus la sécurité que procure la signature d’un contrat à durée indéterminé est souvent un frein à l’envie de créer sa propre entreprise et ils enfin ils n’ont souvent rien à perdre. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 22 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Mais l’entreprenariat peut aussi intéresser des personne plus âgés et ayant déjà une expérience de l’entreprise. Ils peuvent en effet mettre leur expérience à profit d’autre entrepreneur n’ayant pas encore les moyens d’engager une personne à temps plein et donc intervenir en tant que consultant. Ils peuvent ainsi intervenir auprès de différentes entreprises de manière ponctuelle ou pour des tâches précises, leur expérience devenant un précieux atout. Mais ils peuvent aussi profiter de cette expérience pour créer leur propre entreprise. La période de recherche d’emploi étant en moyenne de plus en plus longue, elle s’accompagne de plus en plus souvent d’une lassitude, d’un découragement voir d’un état dépressif pour le chômeur. L’entreprenariat est donc une réponse idéale puisqu’elle le remotive grâce à un projet neuf. Cela étant dit il faut quand même préciser que l’entreprenariat est une mission très difficile et que de très nombreux projets de créations d’entreprise n’aboutissent jamais ou ne devienne jamais rentable. En conclusion de cette sous-partie on peut donc dire que l’entreprenariat est une situation au sens elle s’adresse à tout les profils et qu’on ne dépend plus de personne pour avoir un travail, mais c’est une solution qui ne peut être choisit qu’après mûre réflexion car elle reste très risquée. La stratégie créative Une des stratégies à développer pour une entreprise souhaitant avoir une gestion des ressources humaines durables est la stratégie dite créative. Elle nécessite une vision à long terme est cherche à utiliser la créativité de chacun des employés afin de singulariser l’entreprise. En effet la stratégie créative consiste à créer, identifier, renforcer et déployer des singularités au sein de l’entreprise. Cette stratégie n’est pas en contradiction avec les stratégies plus classiques mais elle permet à l’entreprise, en se distinguant, d’échapper à la concurrence frontale (ce qui est un facteur crucial de compétitivité). La stratégie créative permet de trouver des solutions qui favorisent toutes les parties prenantes de l’entreprise en donnant de la valeur à ses salariés. Le salarié qui sent qu’il a de la valeur pour son entreprise travaille donc mieux, ce qui motive le client à l’achat d’un produit de meilleure qualité. L’entreprise devient donc plus compétitive. La stratégie créative libère le potentiel créatif et innovant de chacun des employés, elle puise donc dans un réservoir quasi inépuisable de créativité de et de valeurs que possèdent ses salariés. L’entreprise profite donc d’un maximum d’opportunités. L’articulation du projet individuel et du projet collectif est donc un facteur primordial de la stratégie créative. La question est donc de savoir comment une entreprise peut attirer et surtout retenir un jeune travailleur recherchant un traitement qui lui est propre au sein de l’entreprise. Les entreprises de demain devront donc identifier tous les talents dont elle dispose qu’elle qu’en soit la nature, donner la possibilité à tous de s’épanouir et d’innover, de rassembler tout les talents dont elle dispose et leur donner des responsabilités. Aujourd’hui si l’on commence à constater que ces questions commencent à se poser, rare sont les entreprises qui apportent de réelles solutions dans leur gestion des ressources humaines. Afin de conclure cette sous-partie on peut donc dire que la stratégie créative cherche à fidéliser les salariés et à rendre l’entreprise plus compétitive en utilisant tout les « talents » à sa disposition. Mais cette stratégie reste encore difficile à mettre en place. 23 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin La nouvelle mission du Directeur des Ressources Humaines Dans une optique de développement durable la place et la mission du directeur des ressources humaine d’une entreprise vont devoir évoluer. Le principal outil du DRH du troisième millénaire sera la communication et il deviendra un des piliers de la gouvernance de son entreprise. Le Directeur des ressources humaines du troisième millénaire devra avoir comme volonté de valoriser le capital humain. Sa mission sera donc de quantifier et de mettre en valeur le capital immatériel de son entreprise (les salariés). De ce fait, les ressources humaines d’une entreprise devront être considérés comme un actif, et donc un investissement sur le long terme, et non plus un simple ligne de coûts. Le DRH du troisième millénaire est un humaniste est son outil est la communication. Il doit être capable de communiquer auprès de tout les salariés en s’adaptant au profil de chacun. Il devra avoir la capacité de mettre en avant sa créativité, la créativité des autres salariés de l’entreprise et donc plus généralement celle de son entreprise. Il saura libérer la créativité de chacun en traitant chacun de manière singulière et en dialoguant dans un processus de coopération. Le DRH du troisième millénaire contribuera donc de manière fondamentale à la nouvelle gouvernance de son entreprise en devenant un expert de la valorisation du capital humain. C’est pour cela qu’il deviendra l’un des piliers de la gouvernance de son entreprise. En plus de ses missions habituelles le DRH devra prendre des nouvelles responsabilités qui sont : le développement durable, le management des connaissances, la mise en cohérence de la communication interne en lien avec la communication de la marque et la communication financière et enfin la gestion de la diversité socioculturelle et intergénérationnelle. Au-delà de ces nouvelles responsabilités le DRH du troisième millénaire aura à développer une véritable « écologie de l’homme ». Le DRH du troisième millénaire incarnera donc la vision durable de l’entreprise en s’inscrivant dans le long terme. Il sera en quelque sorte le rempart contre les effets pervers d’une gestion à court terme. De plus dans un contexte mondial où embaucher des jeunes talents devient de plus en plus difficile et concurrentiel, l’éthique de l’entreprise devient un facteur majeur pour le recrutement. La mission de ce DRH sera donc de réussir à gérer les talents individuellement, en suivant leur profil (personnalité, compétences, ambitions…) et en même temps de réussir à les fédérer autour d’un projet commun. De plus on voit bien aujourd’hui que les entreprises les plus performantes sont celle qui libère la créativité de leurs salariées en créant des business modèles originaux. Il est donc important de changer le management pour permettre à tous les salariés de trouver du sens dans l’entreprise. Pour conclure on peut donc dire qu’à l’avenir les DRH seront de plus en plus important au sein de leur entreprise, ils se rapprocheront de plus en plus des fonctions de directions puisque la gestion des ressources humaines va devenir un facteur primordial de la compétitivité des entreprises. La politique La crise existant depuis maintenant plusieurs années, les partis politiques commencent à s’immiscer dans la gestion des entreprises Avec un chômage en hausse depuis plusieurs mois, l’emploi était une question centrale de la campagne présidentielle 2012. Certains partis ont donc proposé des solutions pour lutter contre la précarisation de l’emploi, améliorer la gestion des ressources humaines et l’inscrire dans le long terme. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 24 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Le programme du Parti Socialiste, parti qui à remporter les élections proposait par exemple pendant la campagne de mettre en place un dispositif de notation sociale obligeant les entreprises de plus de cinq cent salariés à faire certifier annuellement la gestion de leurs ressources humaines au regard de critère de qualité de l’emploi et de condition de travail. Pour conclure on peut donc dire que la politique essaye d’apporter des solutions aux problèmes de chômage, et de rendre les emplois plus durables mais ces solutions restent encore trop timides. B. Patagonia, modèle d’entreprise durable ? Malgré tous ces programmes et théories prônant la gestion durable du travailleur, peu d’organisations appliquent une gestion durable des travailleurs. La majorité des entreprises se contentent d’adhérer à différents programmes tel que la RSE, qui sont difficilement applicable aux PME. Toutefois ils représentent un progrès vers le durable dans la notion de gestion des ressources humaines. Ce phénomène de désintéressement aux pratiques durables doit être nécessairement nuancé dans la mesure où il existe des cas isolés d’entreprises, d’entrepreneurs ou de managers, qui poussent leurs méthodes de management vers une vision durable du travailleur au sein de leurs organisations. Ainsi nous pouvons citer l’exemple type des organisations qui croient en cette vision durable, qui est Patagonia. Cette société détenue par son dirigeant charismatique, Yvon Chouinard, est réputée pendant des années pour la qualité de ses produits d’escalade et d’habillement sportwear, se plaçant ainsi leader dans la vente de python d’escalade. Emmenée par un dirigeant visionnaire et fan de l’environnement, la société a pu mettre en place différentes opérations visant à améliorer la qualité de vie au travail de ses employés ainsi que leur durée de vie au sein de l’entreprise, au détriment du chiffre d’affaire. Yvon Chouinard ne voit pas l’homme comme un employé ou un associé mais plutôt comme un citoyen ayant un rôle à jouer dans la société, c’est pourquoi il a mit en place dans son organisation le principe de « slow management », qui consiste à autoriser une grande liberté de l’employé au travail, notamment pour les horaires ou encore la tenue vestimentaire. Les employés sont libres de quitter l’entreprise pour aller pratiquer des activités sportives à tout moment ou encore d’aménager leurs temps de travail pour obtenir une journée de repos en plus par semaine. De plus, les locaux sont aménagés de manière à se sentir bien et créer un effet de cohésion au sein du groupe avec des open-spaces ou une salle pour la sieste, par exemple. L’employeur pousse également les salariés qui le décident, ou qui en ont la nécessité, à travailler chez eux. Il les encourage également à rejoindre des organismes environnementaux pendant plusieurs mois tout en gardant leur salaire. Tout cela permet aux employés d’adhérer aux projets de leur société et de s’y investir le plus possible. Cette philosophie suivie par ce gestionnaire, depuis toujours, se retrouve dans les produits de la marque, et est plutôt efficace dans la mesure où l’entreprise réalise des bénéfices importants et emploie aujourd’hui près de 1 000 salariés. De plus, ce mode de gestion est de plus en plus apprécié et reconnu, aussi bien par les clients que par les politiques et les autres entreprises, ce qui a permis à Patagonia de se placer parmi les 100 compagnies les plus intéressantes pour travailler aux USA. Patagonia fait figure d’OVNI dans le monde économique actuel, tant son mode de gestion est loin des méthodes employées par les compagnies de même ampleur qu’elle. En ce sens elle sert d’exemple et doit ouvrir la voie aux autres, notamment aux firmes multinationales dont les méthodes de management sont de plus en plus montrées du doigt. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 25 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin CONCLUSION C’est à partir du XIXème Siècle que la notion de ressource humaine ou de la mise en valeur des travailleurs au sein des organisations productives, sont apparues en France. La notion de ressources humaines a muté à plusieurs reprises en fonction des conditions politiques et sociales. De nombreux visionnaires ont élaboré des théories avec différentes visions de l’homme au travail. Le précurseur dans l’application de ces théories est Henri Fayol qui, au début du XXème Siècle, a mis en place les premières techniques de management dans son entreprise en qualité de Directeur général. Depuis, les ressources humaines ont parcouru du chemin et de nombreuses autres théories ont été élaborées, puis appliquées. Le problème de cette évolution réside dans le fait que les profits et les actionnaires sont privilégiés, au détriment du travailleur qui est de moins en moins valorisé. Cela a abouti à un constat actuel déplorable, flexibilité, gestion prévisionnel du travail, discrimination, « déprime au travail »… Le monde de l’entreprise en a pris conscience, c’est pourquoi l’émergence de différents programmes tels que le CNR et la RSE, sont apparus, visant à réduire ce phénomène. Pour autant la gestion inhumaine n’est pas terminée et de nombreuses théories tendent à une gestion dite durable du travailleur. Ces théories, sont soutenues par certaines politiques car elles visent à instaurer une gestion plus respectueuse et durable du travailleur. Pour autant elles sont peux appliquées et les exemples d’entreprises utilisant ce type de management sont encore trop rare. 26 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin ANNEXES La répartition du travail : Mise en page Laetitia Fiche Synoptique de Synthèse Lisa Abstract Anglais/Français Laurentin et Kevin Introduction Kevin I. NAISSANCE & DÉVELOPPEMENT DES RH A. Théories Les grandes étapes historiques Antoine Qu’est-ce que le salariat Laetitia B. Pratiques Les théories d’Henri Fayol Antoine II. CONSTAT ACTUEL : UNE GESTION INHUMAINE A. La vision des Ressources Humaines par le travailleur Déprime au travail Lisa Discrimination Laetitia Parité homme/femme Laetitia B. Les obligations des employeurs, en matière de Ressource Humaine Discrimination positive Laetitia Les contrats Lisa Gestion prévisionnel du travail Lisa Flexibilité Lisa C. La place du travail au sein de la vie du travailleur Travail comme facteur de lien social et source de revenus Laetitia Regard sur les mouvements sociaux : grève, syndicats Lisa III. VERS UNE GESTION DES RH DURABLE ? A. Théorisation des nouvelles pratiques de management Kevin RSE Entreprise citoyenne Entreprenariat Stratégie créative Nouvelles missions du DRH Politique B. Mise en application Laurentin Exemples Conclusion Laurentin Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 27 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Les documents utilisés : - Introduction http://www.fmk-consulting.com/themes-inter/drhd.php DEFINITIONS Le développement durable est généralement associé à la sauvegarde de l’environnement et à l’investissement socialement responsable. L’investissement des entreprises dans le développement durable est souvent plus orienté vers l’externe que vers le développement et la préservation de sa ressource interne. Nous proposons une approche du développement des ressources humaines durables à travers cinq thèmes : 1-Les lois du vivant La notion du durable est à l’origine reliée à la notion du vivant et de la préservation. Dans ce concept du vivant nous avons retenu quatre lois ou macro compétences qui contribuent au développement du vivant et renforcent les facteurs de durabilité internes de l’entreprise. Se relier à son environnement : nous existons par et dans la relation à notre environnement. Dès que nous en sommes coupés, nous perdons une grande partie de notre capacité d’apprentissage et donc de vitalité Innover : Pour rester en permanence en contact avec un environnement sans cesse en mouvement, nous devons développer notre capacité d’expérimentation, d’innovation et d’ajustement Partager : le vivant se multiplie dans le partage. Dès qu’une expérimentation aboutit, elle doit pouvoir se propager rapidement pour que tout le monde puisse en profiter Se réorganiser : Dès qu’un élément nouveau intègre le système, celui-ci doit se réorganiser pour trouver un nouvel équilibre entre tous les éléments. Chacune de ces macro compétences se développe au trois niveaux de l’entreprise : organisationnel, collectif et individuel 2-La responsabilité Cela consiste à décider par nous-mêmes de nos actes et à respecter nos valeurs. C’est un acte existentiel qui affirme notre liberté. Nous distinguons la responsabilité sociale des entreprises qui les engage à investir et à assumer leurs actes vis-à-vis de l’environnement, du sociétal et du social, et la responsabilité individuelle des salariés qui les amène à se sentir acteurs et engagés auprès de leur entreprise. La solidarité collective passe par le développement de la responsabilité individuelle qui est essentielle pour générer des mécanismes gagnant-gagnant entre l’entreprise et le salarié. 3-Le DRHD© Le développement des ressources humaines durables (DRHD©) vise à améliorer la compétitivité de l’entreprise par le développement de sa performance sociale. Il ne s’agit pas de signer une nouvelle charte et/ou de l’imposer. Il s’agit de co-construire avec les parties prenantes un projet social et économique dans lequel chacun s’engagera et se responsabilisera. Elle décline un concept RH global de l’intégration jusqu’au départ du salarié. Cette approche comprend 14 points clés répartis entre 6 axes RH. Chaque point clé est co-construit avec un groupe représentatif des salariés, faisant ressortir pour chacun d’eux les droits et devoirs de chaque partie prenante. C’est donc une approche intégrée, globale, participative, responsabilisante et progressive dans le temps. Cette charte peut véritablement servir de projet d’entreprise car elle relie performance économique et sociale. Elle n’a d’utilité que si elle représente la volonté réelle de la direction générale d’en assurer sa mise en œuvre. 4-la culture d’apprenance C’est le ciment du vivant, les fondations d’une entreprise apprenante. Le défi pour les entreprises est de passer d’une culture de formation à une culture d’apprenance qui Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 28 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin développe l’autonomie, l’expérimentation, l’employabilité, la valorisation de l’expérience. Là aussi, l’apprenance ne peut se développer que dans une co-responsabilité salariéentreprise. L’apprenance ne se mesure pas en pourcentage du budget formation sur la masse salariale. Elle se vérifie notamment par les pédagogies utilisées et l’accroissement de l’autonomie des salariés 5-L’écomanagement Aborder les RH sous l’angle du DD, c’est en permanence se poser les questions du comment : comment les préserver en capitalisant et en transférant les savoirs, les actualiser par le renforcement de l’employabilité et les développer par le travail sur soi, l’ouverture au changement. L’écomanagement propose un modèle intégré en trois niveaux qui va de l’organisation à l’individu en passant par l’équipe. Ce modèle intègre les grands principes du développement durable dans le développement de l’organisation et le management des hommes. Nous y retrouvons nos trois concepts essentiels : 1- Les quatre macro compétences du vivant qui renforcent les facteurs internes de durabilité 2- Le P.A.D. (Préserver, actualiser, développer) qui permet à chaque manager d’orienter son action managériale en fonction des besoins de son équipes et des individus. Dans ce cadre là, la ressource humaine est considérée comme porteuse de valeur et non centre de coût 3- Le manager jardinier qui propose 14 étapes pour individualiser son management en fonction des besoins de chacun de ses collaborateurs. Ces trois concepts écomanagement ouvrent une voie originale pour apporter un cadre porteur de sens au management des hommes et des nouveaux processus générateurs de performance durable. « Développer le durable, c’est préserver le vivant et favoriser la pérennité de ce qui existe. L’entreprise en tant que système humain est un système vivant qui répond à des lois identiques à celles de la nature ». Francis Karolewicz LE DRHD ET LES ENJEUX RH La finalité du Développement des ressources humaines durables © et de l’écomanagement se situe à plusieurs niveaux : Construire de la performance durable en s’appuyant sur l’accroissement de la performance sociale et donc le mieux être des salariés, Consolider les facteurs internes de durabilité de l’entreprise pour mieux résister et accompagner les phases de changement, Renforcer la durabilité de l’entreprise et de ses salariés par le développement de l’apprenance et de l’employabilité. Les enjeux sont multiples et varient en fonction de la maturité de l’entreprise, de son contexte économique, de sa santé financière et de son secteur d’activité. Nous avons retenu quelques enjeux que nous entendons relever avec la démarche DRHD© et notre modèle d’écomanagement. L’ajustement permanent au changement Le développement continu des compétences pour maintenir la compétitivité de l’entreprise L’attractivité de nouveaux talents et de compétences pour pallier le départ massif des retraités La mobilisation et la motivation des collaborateurs La fidélisation des hauts potentiels pour garder la richesse vive de l’entreprise Le transfert des compétences pour assurer la pérennité des savoirs d’entreprise L’accroissement de la performance sociale pour faciliter l’adhésion des salariés La notoriété RH de l’entreprise en terme d’innovation sociale en lien avec ses engagements DD. « Le changement durable ne peut être obtenu de manière précipitée, il est le fruit de l’apprentissage. Il prend du temps, il a besoin de mûrir et de se développer à l’image de tous les systèmes vivants ». Peter Senge Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 29 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin - Le salariat : http://esprit-riche.com/histoire-du-salariat/ : le texte écrit sur l’histoire du salariat a été effectué à partir de la vidéo du site. - La déprime au travail : http://1libertaire.free.fr/travailgeorg2.html LE TRAVAIL : UNE VALEUR EN VOIE DE DISPARITION ? Ce texte a été réalisé essentiellement à partir de la première partie du livre de Dominique MEDA "Le Travail une valeur en voie de disparition" chez Aubier. Il se veut donc un condensé avec toutes les limites que cela peut avoir. Tous les discours actuels de droite comme de gauche, visent à légitimer le travail, (en dehors du travail point de salut). Tous les plans emplois depuis 1974 visent soit à empêcher les gens de ne plus travailler, soit à remettre au travail les millions de personnes qui n'en trouvent pas, soit à les installer dans des sas pour qu'ils ne perdent pas la valeur travail (formation, CES, stage, ...). Ce qui importe, c'est de sauver le travail, cette activité qui serait fondamentale pour l'homme. Le travail serait : * un invariant de la nature humaine, dont on trouve la trace toujours et partout. Cet invariant permet la réalisation de soi (lié à la souffrance). * il est au centre et au fondement du lien social. Il permet d'être mis en contact avec l'extérieur, la sociabilité. Le lien social est aussi fondé sur la réciprocité, le contrat social, l'utilité sociale. Par le travail, l'être humain est utile à la société et la société a besoin de l'être humain. * il exprime notre humanité, notre condition d'êtres finis, de créateurs de valeurs, d'êtres sociaux. Par conséquent il est notre essence et notre fondement. Pourquoi notre société veut-elle sauver à tout prix le travail ? Essentiellement parce qu'il structure notre rapport au monde, nos rapports sociaux. Il est le rapport social fondamental. Il modèle notre vision du monde depuis le XVIIème siècle. Il a été construit comme valeur pour répondre à une situation politico-sociale particulière. Sa disparition remettrait en cause les ordres qui structurent nos sociétés. Certes là où il faut inventer de nouveaux rapports sociaux, il y a de la place pour l'arbitraire, la contestation, la violence et la guerre. Notre tendance immédiate va à la conservation. NAISSANCE DE LA VALEUR TRAVAIL. Le travail n'a pas toujours été au centre de la société. Les sociétés primitives ne connaissent pas la valeur travail. Par contre, elles connaissent des activités qui consistent à pourvoir à leurs subsistances. De ces activités, ne découlent ni hiérarchie sociale, ni directive particulière. Ce n'est pas par le travail que se noue et se conserve le lien social. Ce sont d'autres logiques qui déterminent les règles sociales. Dans la société grecque, le travail est assimilé à des tâches dégradantes et n'est nullement valorisé. Pour les grecs, les activités humaines sont valorisées en fonction de la plus ou moins grande ressemblance qu'elles peuvent avoir avec l'immobilité et l'éternité. Valorisation de la pensée, de la contemplation, de la science, des activités éthique et politique. Les activités éthiques ne sont pas des instruments au service d'une fin, mais sont réalisées pour elles-mêmes. Les activités politiques permettent à l'homme d'exercer son humanité (la notion de "bien" chez Palton et Aristote est typique de cela). Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 30 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin C'est une pensée qui s'inscrit dans une vision cosmique, où l'homme apprtient à la communauté, la cité. La notion de sujet telle que nous la connaissons n'existe pas. A ces activités faisant partie de la sphère de la liberté, s'opposent les activités qui nous attachent à la nécessité, tâches dégradantes, serviles. Ces activités sont réalisées par des esclaves qui ne peuvent exercer leur humanité et donc ne sont pas considérés comme des hommes. Les grecs distinguent le lien politique et le lien matériel. Le Lien matériel fondé sur des capacités différentes et des métiers, oblige les hommes à se servir les uns des autres, et à être dépendant les uns des autres. Le lien politique au contraire est fondé sur l'égalité et l'identité, il unit des égaux. Des égaux qui chez les grecs, sont le résultat d'une hiérarchie (à Athènes 2000 personnes sur 20 ou 30000 sont concernés). La vision hiérarchiques des êtres chez Aristote va de l'animal à l'esclave, de l'enfant à la femme, de l'homme producteur à l'homme libre pour se terminer par Dieu. La vraie vie est la vie de loisir, concept qui n'a rien à voir avec ce que nous entendons aujourd'hui par loisir. Pour Aristote, le bonheur de la vie n'appartient pas à ceux qui accomplissent un labeur en vue d'une fin qu'ils ne possèdent pas, le bonheur est une fin qui ne s'accompagne pas de peine, mais de plaisir. Les grecs avaient à leur portée un certain nombre d'inventions qu'ils auraient pu développer, mais ils ne l'ont pas fait parce qu'ils ne voyaient pas la nécessité de produire plus, conception étrangère à l'idéal de vie de l'époque. L'empire romain fonctionne sur les mêmes principes, de même que le début de l'ère chrétienne. Par exemple les moines ne travaillent pas. Le passage de l'homme sur la terre doit servir à assurer son salut par la prière et la foi. DIEU TRAVAILLE-T-IL ? En créant le monde en 6 jours et repos le septième, Dieu a-t-il travaillé ou bien a-t-il simplement ordonné aux choses de se mettre en place? Est-ce Labor (peine) ou Opus (oeuvre) ? La Genèse est d'abord interprété selon la seconde réponse et ce n'est que lentement qu’au Moyen Age, l'oeuvre de Dieu sera considéré comme travail (Opus devient labor). Pour l'église, deux principaux obstacles s’opposent au développement de l'intérêt pour le travail : la condamnation de toute activité exercée en vue d'un gain individuel et la surdétermination de l'au-delà par rapport à l'ici-bas. Le marchand s'approprie ce qui n'appartient qu'à dieu et fait mauvais usage. De nombreux métiers sont illicites. Puis Le travail va être défini comme une loi naturelle à laquelle personne ne peut se soustraire pour subvenir aux besoins de la communauté. Il va devenir un instrument privilégié de lutte contre l'oisiveté, la paresse, les mauvaises tentations qui détournent de la tâche principale : la contemplation et la prière. Cependant le travail n'est pas valorisé, il prend la forme de la pénitence. Plusieurs moments de rupture. Au VIIIème et IXème siècle, le travail est revalorisé, appuyé sur l'effort producteur, principalement pour la production agricole. Au XIIème et XIIIème siècle, le nombre de métiers interdits est considérablement réduit à condition qu'ils soient réalisés pour le bien de la communauté, les condamnations concernant l'usure sont assouplis. L'utilité commune justifie le travail et sa rémunération. Il en résulte une nouvelle considération pour le travail du fait de l'ascension sociale des artisans, des commerçants, des techniciens, ... C'est à ce moment que des inventions, rejetées comme curiosité comme le moulin à vent vont être développées. Se dessine un contexte intellectuel qui se refuse encore à faire du travail une activité essentielle et valorisante, mais porte les germes des évolutions futures. Le refus de faire du travail une activité essentielle se traduit dans la structure sociale : dominent ceux qui ne travaillent pas : prêtres, nobles et guerriers; et dans le terme : travail n'est plus Labor mais Tripalium (instrument de torture). A la fin du Moyen Age, le travail reste dons une activité dégradante. La perspective d'un Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 31 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin individu travaillant pour son propre profit grâce au commerce tout comme l'idée d'échange inégal restent fortement condamnés par l’église. Cependant, la contradiction d'un Dieu travaillant alors même qu'il est tout puissant, immobile, non affecté , inaccessible à la souffrance, ... commence à être résolue par les philosophes. Les épîtres de St Paul sur le travail et Calvin ont de plus en plus d'audience et permettront la glorification du travail manuel. L'INVENTION DU TRAVAIL En 1776, Adam SMITH publie son livre "Recherches sur les causes de la richesse des nations". L'ordre des choses s'inverse, à la condamnation de la volonté d'enrichissement succède une frénésie d'expériences, de recherches, de théories visant à augmenter les richesses. C'est la faculté du travail humain, organisé correctement, qui fascine Smith. Le travail humain est une puissance humaine qui permet de créer de la valeur. Dans le travail, ce qui intéresse Smith, c'est sa particularité à permettre l'échange. "Des quantités égales de travail doivent être dans tous les temps et dans tous les lieux, d'une valeur égale pour le travailleur. Ainsi le travail, ne variant jamais de sa valeur propre, est la seule mesure réelle et définitive qui puisse dans tous les temps et dans tous les lieux, à apprécier et à comparer la valeur de toutes les marchandises". Cet instrument de calcul permet de fonder l'échange. Ainsi les économistes "inventent" le concept de travail : pour la première fois, ils lui donnent une signification homogène. Le travail est construit, instrumental et abstrait. Son essence, c'est le temps. Le travail devient un facteur de production. Et une distinction s'opère entre le travail productif et le travail improductif : domestique, magistrats, militaires, ecclésiastiques, artistes, ... Malthus proposera que le travail improductif soit appelé "service", le vrai travail étant celui qui est vecteur d'échange, celui qui produit de la richesse, c'est à dire toute activité exercée sur des objets capable d'ajouter de la valeur à cet objet. En même temps le travail apparaît comme la plus haute manifestation de la liberté de l'individu et en même temps comme la partie de l'activité humaine susceptible de faire l'objet d'un échange marchand. L'individu acquiert un certain nombre de droits qui ne sont fondées que sur le travail. Le travail n'est pas l'activité qui permet à l'individu de définir son territoire et d'acquérir les ressources nécessaires à son existence. C'est le travail en société, celui qui permet de négocier ses talents, de vivre avec sa force de travail dans la poche comme objet d'échange. Ceci nécessite de trouver le prix de ce qui fonde justement la comparabilité de toutes les marchandises, le prix du travail lui-même. Le débat sur la valeur ajoutée : provient-elle de la quantité de travail incorporé par le travailleur ou bien de l'utilité que les acheteurs potentiels lui trouvent; est important surtout par ce qu'il officialise le fait que le travail humain lui-même peut avoir un prix. Smith prend acte de : · le travail est désormais le moyen de l'autonomie de l'individu, · il existe une partie de l'activité humaine qui peut être détachée de son sujet et qui ne fait pas obligatoirement corps avec celui-ci puisqu'elle peut être vendue ou louée. Smith donne forme aux éléments qui se mettent en place pour constituer le travail salarié. Le travail est terriblement concret (son essence , c'est la fatigue, l'effort, la peine, condition pour participer à la vie sociale) et abstrait (instrument de comparabilité de toute chose). Nottons au passage que les travaux philosophiques et mathématiques de Descartes avaient développé la place du sujet et la possibilté de dominer la nature ("se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature " disait-il ). Le travail devient le nouveau rapport social qui structure la société. Pourquoi le Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables travail ? 32 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin L'effondrement de la conception géocentrique du monde et des rapports homme/nature. La science permet à l'homme d'agir sur la nature, de transformer le monde. Cela nécessite d'agir, le travail est une solution pour accéder à une nouvelle existence, à l'abondance universelle. La remise en cause des représentations classiques de l'ordre social. La puissance venait de Dieu, la place de chacun dans la société était justifiée par l'ordre divin; l'ordre social devient naturel, immuable. Les philosophes remettent en cause le fondement de cet ordre social en disant qu'il y a un avant et un après de l'ordre naturel. L'après étant l'oeuvre des hommes. La société humaine est l'oeuvre de l'homme et l'ordre social n'est pas un ordre naturel donné de toute éternité. Il est nécessaire alors de déterminer un ordre politique qui donnera la règle de coexistence. L'apparition de l'individu pose problème. La fin de l'ordre naturel libère une multiplicité d'individus. Il faut trouver ce qui sera susceptible de fonder l'unité de la société, d'organiser les liens entre des éléments qui n'avaient jamais été considérés dans leur isolement. La réponse qui s'élabore est celle du contrat. Cependant celui-ci peut être vu différemment selon qu'il est proposé par les politiques ou les économistes. Pour le politique, le contrat est l'acte par lequel se constitue une autorité politique et qui permet de réaliser l'unité du corps social; cela permet à tous les individus de se reconnaître comme corps politique et de se doter de règles. Pour les économistes, le contrat détermine les conditions de l'échange et énonce les lois d'équivalence de deux grandeurs; il y a une infinité de contrats selon lesquels se règlent les échanges, et c'est cette multiplicité d'échanges qui permet de constituer le lien social; le travail est ainsi le rapport central parce qu'il est le moyen concret par lequel on poursuit l'abondance, il garantit l'intangibilité de l'ordre social. Le lien social n'est pas voulu et construit pour lui-même, il est soumis aux lois de l'économie. La régulation économique installe le travail au fondement de la vie sociale et oblige la société, si elle veut exister à ne pas cesser de produire, d'échanger, de travailler. Hegel, dans sa philosophie de l'Esprit, légitime la volonté d'aménager la nature pour en faire un monde humain. Le travail est le médiateur entre la nature et l'esprit, par le travail, l'homme se fait toujours plus humain. Le travail de Smith est donc un moment nécessaire qui porte l'esprit à un degré de conscience et d'approfondissement supérieur. Avec Hegel, le concept de travail est considérablement enrichi et transformé puisqu'il désigne désormais l'activité spirituelle elle-même, l'essence de l'histoire de l'humanité, qui est activité créatrice et expression de soi. Hegel met en évidence l'apport du XIXème siècle : la construction d'une essence du travail, c.a.d. d'un idéal de création et de réalisation de soi. Marx et les socialistes identifieront cet idéal avec l'essence vraie du travail et le compareront au travail tel qu'il se développe sous leurs yeux. Marx construit une opposition entre le vrai travail, essence de l'homme, et la réalité du travail qui n'en n'est qu'une forme aliénée. Homme et travail sont presque des termes interchangeables. La perspective du communisme est vue comme une réconcialiation de l'humain avec lui-même. "Supposons, dit Marx, que nous produisions comme des êtres humains : chacun de nous s'affirmerait doublement dans sa production, soi-même et l'autre : 1. Dans ma production, je réaliserais mon individualité, ma particularité; j'éprouverais, en travaillant, la jouissance d'une manifestation individuelle de ma vie, et dans la contemplation de l'objet, j’aurais la joie individuelle de reconnaître ma personnalité comme une puissance réelle, concrètement saisissable et échappant à tout doute. 2. Dans ta jouissance ou ton emploi de mon produit, j'aurais la joie spirituelle de satisfaire par mon travail, un besoin humain de réaliser la nature humaine et de fournir au besoin d'un autre l'objet de sa nécessité. 3. J'aurais conscience de servir de médiateur entre toi et le genre humain, d'être reconnu et ressenti par toi comme un complément de toi-même, d'être accepté dans ton esprit comme dans ton amour. 4. J'aurais dans mes manifestations individuelles, la joie de créer la manifestation de ta vie, c.a.d. de réaliser et d’affirmer dans mon activité individuelle ma vraie nature, ma sociabilité Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 33 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin humaine. Nos productions seraient autant de miroirs où nos êtres rayonneraient l'un vers l'autre." Aussi, Marx tire du travail qui se met en place sous ses yeux, la conception du travail aliéné. Le travail réel est une abstraction sans contenu dont le but est extérieur à luimême. Le travail est aliéné parce qu'il empêche l'homme d'atteindre son but : développer, spiritualiser et humaniser l'humanité. L'ouvrier se retrouve étranger au produit de son travail et il se nie, n'étant pas volontaire mais contraint. Marx désigne ainsi par le même terme deux notions opposées : le travail essence de l'homme et le travail aliéné. Il pense cependant que le travail essence de l'homme pourra voir le jour, pour cela, il distingue un avant l'abondance et un après. La lutte pour la réduction du temps de travail est importante. Elle doit permettre d'augmenter le développement des forces productives, de plus économie de temps de travail signifie plus de loisirs, épanouissement personnel. Chez les socialistes français : St Simon, Proudhon, Fourrier, on retrouve la même histoire du travail : essence de l'homme, critique du travail réel, même nom à deux réalités différentes. Liberté du travail ou droit au travail? Les journées de 1848 font apparaître les revendications suivantes. La création étant issue du travail, c'est le travail qui doit être récompensé et non le capital; le travail étant collectif, c'est le collectif qui doit recevoir rémunération. Le travail apparaît comme une liberté dont chacun dispose et dont l'exercice doit pouvoir être assuré et récompensé. Le droit à la vie se confond avec le droit au moyen de pouvoir gagner sa vie et donc le droit au libre exercice d'un travail Il est demandé à l'Etat de prendre sous sa protection l'ensemble des personnes ne disposant que de leur corps pour vivre. La reconnaissance du droit au travail signifie que l'individu dispose d'une créance sur la société et qu'il va pouvoir obliger celle-ci à lui fournir du travail. Louis-Blanc dénonce la pseudo liberté de l'ouvrier obligé de vendre son corps-travail. La vraie liberté du travail ne peut prendre sens que si elle est appuyée sur le droit au travail, sinon les conditions sont toujours inégales. Le travail épanouissement. Pour les libéraux, comme pour les socialistes, les individus travaillent ensemble pour augmenter la production, les salaires, la consommation et la satisfaction des besoins. Pour les socialistes, l'association des travailleurs permet de concilier les deux dimensions du travail : son caractère épanouissant pour chaque individu et son caractère social. Marx a la formule suivante : "De chacun selon ses facultés, à chacun selon ses besoins". De chacun ses facultés, c'est l'épanouissement pour chacun de son talent créateur dans le travail; à chacun selon ses besoins, c'est la récompense de la production collective. DE LA LIBERATION DU TRAVAIL AU PLEIN EMPLOI. A la fin du XIXème siècle, il n'est plus question de rêver de l'essence du travail mais de rendre supportable sa réalité. L'action de la social-démocratie aboutit à consolider le rapport salarial qui était pourtant au centre des critiques socialistes. Plutôt que de supprimer le travail, il vaut mieux le tourner au profit des salariés. L'intérêt du travail réside dans sa capacité à garantir des revenus décents et un pouvoir de consommation toujours plus grand. Puisque le travail est à l'origine d'avantages et de la participation aux fruits de la croissance, l'Etat Providence, pourra facilement substituer à l'utopie socialiste d'un travail libéré, une visée plus simple qui consiste à fournir au travailleur, en échange de son effort, une somme croissante de bien-être et à lui garantir le plein emploi. On passe du travail à l'emploi que l'Etat doit garantir; l'emploi c'est le travail salarié dans lequel le salaire n'est plus seulement la stricte contrepartie de la prestation de travail, mais aussi le canal par lequel les salariés accèdent à la formation, à la protection, aux biens sociaux. L'essentiel est donc que chacun ait un emploi. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 34 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Cependant, en développant la productivité, on a de moins en moins besoin de travail humain, donc on s'oblige à inventer de plus en plus d'emplois. Il y a contradiction entre l'impératif de développer la productivité et l'impératif de garantir le plein emploi pour tous car le travail structure la société. L'UTOPIE DU TRAVAIL LIBERE Une partie des hommes politiques défend l'idée que le travail est et sera de plus en plus le moyen de l'accomplissement personnel et l'expression de soi, le lieu de l'autonomie retrouvée. Par conséquent toute idée de réduction de la place du travail dans la vie individuelle et sociale est tenu pour renoncement de l'homme à son essence. Le travail est-il épanouissant ? le travail est aliéné par la logique capitaliste, la subordination, la volonté d'abondance et d'humanisation . Le travail est un moyen au service de la logique capitaliste. Il est apparu dès le départ pour augmenter les richesses produites, d'acquérir un revenu pour l'individu, de faire du profit pour la classe capitaliste. Il a donc été dès l'origine soumis à une logique d'efficacité . L'émergence du capitalisme et de l'industrialisation a eu pour condition essentielle la libération du travail des anciennes structures dans lesquelles il était auparavant englué et diversifié, et la transformation du travail en une simple force détachable du travailleur. Le travailleur est devenu une marchandise comme les autres, sur un marché comme les autres. Et même si nous sortons du taylorisme, le travail reste pour la pensée économique un pur facteur de production. La subordination, coeur du travail salarié. Ce qui distingue le travail salarié du travail indépendant est le lien de subordination qui existe entre le salarié et son employeur. A partir du moment ou le travail salarié est un négoce, celui qui l'achète en a la libre disposition. La jurisprudence définit le contrat de travail comme "une convention par laquelle une personne s'engage à mettre son activité, à la disposition d'une autre, sous la subordination de laquelle elle se place moyennant une rémunération". Le droit collectif ne supprime pas la relation individuelle de subordination, car il n'en reste pas moins que l'employeur reste celui qui embauche, licencie et organise le travail. Dès lors comment concilier la subordination avec l'autonomie et l'épanouissement ? Certains voient dans le travail une avancée qui a permis de délivrer l'homme des anciennes subordinations et de leurs cortèges de hiérarchie et de violence. C'est oublier que le travail est un rapport fondamentalement inégal proche de l'esclavage, à la différence que le maître devait entretenir son esclave alors que le patron verse un salaire nécessaire à l'entretien du travailleur. Aujourd'hui, même si la figure du patron est souvent remplacée par des pouvoirs anonymes propriétaires, même si les puissances sociales ne sont plus incarnées, elles n'en deviennent que plus étrangères, plus aliénantes, la totalité du corps social étant désormais prise dans un ensemble de relations que personne ne maîtrise plus. Mais la relation d'aliénation constitutive du travail marchand perdure. Les flux internationaux de production et de consommation se sont substitués au patron ou au contremaître. Le travail, moyen d'aménager le monde, volonté d'abondance. Si au départ, le travail était justifié par la nécessité d'augmenter le bien-être, il est justifié maintenant, dans une société d'abondance, comme un moyen pour aménager et dominer le monde. Quand aurons-nous atteint l'abondance, la réalisation du bien-être, .. ? N'y a-t-il pas une recherche d'un terme mythique de l'histoire, toujours repoussé ? Du discours de l'abondance, on est passé au discours de la compétitivité. Désormais, nous devons nous développer pour résister aux autres, car l'immobilisme équivaudrait à la disparition du pays de la scène mondiale. Le mouvement a perdu son sens pour devenir soumis au travail, à la technique, aux appareils rationnels; de moyens, ils sont devenus dominateurs. La société est devenue une société de travailleurs qui ne savent plus pourquoi ils travaillent. Aussi toute éventuelle libération de cet esclavage apparaît terrible, (peur de Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 35 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin l'ennui, de la délinquance, de l'individualisme, de la perte de d'intérêt, de sens, ...). Il devient difficile d'imaginer d'autres modes de vie qui ne soient pas liés au travail. Le temps libéré pose problème, car nous ne savons plus ce que signifie la contemplation ou l'action qui portent le principe de leur plaisir en elles-mêmes. Il n'y a plus d'autres rapports au monde qui ne passe par la production ou la consommation. Le travailleur figure du XXème siècle. Nous assistons à la réduction des multiples rapports que l'homme entretenait avec la nature (rapports d'écoute, de contemplation, d'action) à une seule : la productionconsommation. Dans cette société de travailleurs, où la vie se passe à reproduire les conditions de la vie, nous sommes privés de ce qui fait l'essence de l'homme : la pensée, l'action, l'art, l'oeuvre. L'homme s'est mutilé, son humanité se dégrade, sa dignité n'est pas sauvegardée. L'impossible travail autonome. Le caractère aliénant du travail peut-il disparaître du fait de l'appropriation collective des moyens de production et de la fin du salariat. Non, car le problème n'est pas seulement la propriété des moyens de production, mais le caractère même du travail aujourd'hui, le fait que l'efficacité productive reste son but, afin d'accroître toujours les richesses. L'abolition du salariat ne suffit pas à rendre le travail autonome. Les nouvelles formes que prend le travail (service, surveillance de processus, gestion de flux d'informations, ...) peuvent-elles permettre l'autonomie ? Si l'organisation du travail aujourd'hui laisse quelque peu de place à la personnalité et qu'elle permet un minimum d'expression de soi, elle ne le permet pas pour autant par nature, mais par accident. Une vraie autonomie et expression de soi consiste à se donner sa loi à soi-même, à se fixer des objectifs et les moyens de les atteindre. Tout travail ne peut être considéré comme une oeuvre. Ce sont les catégories de l'oeuvre qui sont employées pour décrire le travail aujourd'hui; il permettrait à chacun d'exprimer sa singularité à travers des objets, des services, des relations et, en même temps, serait profondément socialisant. Tout travail est conçu comme une oeuvre comme si toute production consistait à mettre sur la place publique une image de soi, faisant de la production l'acte le plus humain qui soit. Tout se passe comme si le travail avait pris une place telle dans nos sociétés que nous avions décidé qu'il vaut mieux tenter de le rendre épanouissant plutôt que de charger d'autres systèmes de cette fonction. L'argument le plus répandu est que le travail doit rester central parce qu'il permet la satisfaction de tous les besoins, et pas seulement des besoins matériels : le travail est le moyen de réaliser tous nos désirs. L'homme est un être de désir dont l'essence est de consommer et tout désir a besoin d'un travail pour se réaliser. Mais quel travail ? C'est ici qu'il y a confusion entre le travail au sens large (activité ?) qui peut recouvrir des réalités différentes (écrire un poème, se cultiver, peindre, lire, être citoyen, ...) et ce que nous appelons travail depuis le XVIIIème siècle, qui est d'abord un facteur de production régi par des règles économiques, juridiques, visant à une fin bien déterminée. Comment passe-t-on de l'un à l'autre ? Cette contradiction ne saute plus aux yeux car nous avons intégré le raisonnement humaniste et productiviste. LE TRAVAIL LIEN SOCIAL ? Certains défendent que le travail est au fondement du lien social : le travail permet l'apprentissage de la vie sociale et la constitution des identités; il est la mesure des échanges sociaux; il permet à chacun d'avoir une utilité sociale; il est un lieu de rencontres et de coopérations, opposés aux lieux non publics que sont le couple et la famille. Dans une société régie par le travail, où celui-ci est non seulement le moyen d'acquérir un revenu, mais constitue également l'occupation de la majeure partie du temps socialisé, il est évident que les individus qui en sont tenus à l'écart en souffrent. La volonté des chômeurs de travailler met moins en évidence la volonté d'avoir un travail que le désir de Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 36 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin vouloir être comme les autres, d'être utiles à la société, de ne pas être assistés. On ne peut pas en déduire un appétit naturel pour le travail. Toutes les mesures conservatoires concernant le travail sont prises pour maintenir le lien social. Mais le travail n'a pas été inventé pour cela. Le travail permet aujourd'hui l'exercice d'une certaine forme de sociabilité, mais c'est essentiellement parce qu'il est la forme majeure d'organisation du temps social et qu'il est le rapport social dominant, celui sur lequel sont fondés nos échanges et nos hiérarchies sociales et non parce qu'il aurait été conçu comme le moyen mis au service d'une fin précise : l'établissement du lien social. Donc si le travail ne fonde pas par nature le lien social, il faut réfléchir à ce qui pourrait s'en charger. De quel lien social s'agit-il ? Chez Smith, le travail est le lien social, car il met obligatoirement les individus en rapport, les oblige à coopérer et les enserre dans un filet de dépendance mutuelle; cette coexistence pacifique est imposée et le lien entre les individus est l'échange marchand et matériel, visible, mesurable, exhibé. La richesse et le travail sont nés matériels et marchands. Le travail est devenu non seulement la mesure des choses, mais de surcroît, la condition de possibilité du lien social. Le lien social peut être défini autrement et dont l'origine n'est pas dans la production, mais dans la politique où le travail sert simplement à la satisfaction des besoins naturels, est un outil de réalisation des biens utiles et décidés collectivement. Projet, Appartenance, étiquette Deleuze ? Le travail renforce-t-il les solidarités ? Permet-il qu'un collectif se mette en place au delà de l'individu ? Tout d'abord, quelles que soient les avancées en matière de droit collectif du travail, le contrat de travail reste fondamentalement un acte individuel, entre le travailleur et le patron. Le travail reste considéré comme une marchandise vendue par un individu à un autre et comme l'objet d'un échange. Il n'est donc pas un acte collectif. De plus, le travail humain est imbriqué dans un ensemble de machines et de systèmes qui rendent difficile l'évaluation de la part du travail humain. Il semble devenu de plus en plus difficile de mesurer scientifiquement la contribution du travail humain à la production, sinon par un raisonnement tautologique consistant à dire que cette contribution est mesurée par l'ensemble des salaires ! Sur quoi est fondée la hiérarchie sociale ? Qui a décidé qu'un cadre devait avoir un salaire supérieur à un ouvrier spécialisé ? Conserver l'idée d'une contribution et d'une rétribution proportionnelles au travail accompli, au diplôme, au mérite, c'est garder l'idée de l'incitation au travail, de l'aiguillon individuel, de la peur de la faim. Pour les mêmes raisons, la protection sociale a été gagnée contre ceux qui pensaient qu'elle dé-inciterait les travailleurs. Aujourd'hui encore, le RMI est maintenu excessivement bas pour maintenir l'incitation individuelle à travailler. Pour bénéficier de la protection sociale, des ASSEDIC, il faut avoir travailler. Nous sommes loin des discours qui disent que le travail est un lieu de coopération et de solidarité. Le mythe de l'entreprise citoyenne. L'entrée en entreprise est toujours présentée comme l'initiation à la vie sociale : en être tenu écarté équivaut à l'exclusion sociale. L'entreprise communique, gère des ressources humaines, les fait communiquer, assurant ainsi la cohésion, la sociabilité des salariés. Or si l'entreprise a pour fonction de produire, elle n'a pas pour objectif de réaliser une communauté de travail; il peut y avoir entreprise sans travail humain, c'est ce que tend à chercher le capitalisme, car le travail est source de coût. Enfin l'organisation de l'entreprise est l'antithèse d'une organisation démocratique, elle Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 37 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin n'est pas une communauté d'égaux. Les licenciements mettent en évidence le caractère conjoncturel du lien entre le salarié et l'entreprise qui n'est pas affectée par le départ de ceux-ci. Dans le système capitaliste, La vocation de l'entreprise est de produire et non pas de réaliser une quelconque communauté, un lieu démocratique où s'épanouiraient des salariés. EN GUISE DE CONCLUSION (personnelle) La question du travail nous améne à réfléchir et agir sur : - le problème de la domination (produire quoi, pour quoi faire, comment ?, où s'arrète la satisfaction des besoins ? - le problème de l'identité, l'être humain pour l'instant ne peut s'en passer, (l'utilité, le sens, ...), - le problème du lien social, de l'échange hors de la monaie, de la marchandise, Georges Birault au printemps 1997 http://www.constructif.fr/Article_25_38_243/La_valeur_du_travail_produire_du_lien_social.ht ml La valeur du travail : produire du lien social Auteur Michel GODET Créer ou reprendre une entreprise, c’est aussi se donner un travail. Or, comme l’explique Michel Godet, la valeur du travail tient d’abord au lien social qu’il génère. La France vieillissante de ce début de siècle s’interroge ; l’abondance matérielle n’empêche pas la misère affective et spirituelle. On le sait depuis longtemps, le Produit intérieur brut n’est pas le Bonheur national brut. Dans bien des domaines, l’accumulation de quantité a entraîné la baisse de qualité. Songeons aux relations humaines : la multiplication des moyens de communication n’empêche pas la solitude et l’isolement de se développer plus que jamais. Une croissance plus riche en qualité pourrait aussi signifier plus de bien-être. Qui a dit qu’il fallait consommer toujours plus de biens matériels pour être plus heureux ? Une entreprise « citoyenne » ne peut se contenter de créer des richesses matérielles. Elle doit aussi contribuer à l’épanouissement personnel de l’homme. Il n’y a pas d’entreprise d’excellence sans un environnement d’excellence. Pour que des salariés soient performants, il faut qu’ils vivent dans un environnement de qualité. Pour être heureux dans la cité, l’homme doit aussi s’épanouir au travail et réciproquement : le bonheur est indissociable. La souffrance de la solitude Les hommes cherchent d’abord du lien social et un sens à leur vie. Leur désespoir, bien réel aujourd’hui, vient du fait qu’ils souffrent de la solitude. C’est particulièrement vrai pour les chômeurs exclus des relations que procure l’emploi, mais aussi pour les retraités. Le nombre de ménages comptant une seule personne est passé en France de 4,8 à 7,1 millions entre les deux recensements de 1982 et 1999 et devrait se situer autour de 10 millions en 2025. Si la retraite est encore aisée, la vieillesse est déjà solitaire : d’après l’Insee, les trois-quarts des plus de soixante ans déclarent n’avoir aucune activité sociale (club, associations…), les deux tiers ne passent jamais de séjour en famille ou chez des amis, et une personne sur deux de plus de 60 ans se déclare isolée ou très isolée. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 38 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin Les hommes de demain ne s’activeront pas moins que ceux d’aujourd’hui. Ils chercheront dans le travail au bureau comme dans la vie familiale et associative d’abord des lieux de reconnaissance mutuelle et de partage de projets. Il faut donc redécouvrir que l’activité, rémunérée ou non, représente une socialisation et répond à un besoin de moins en moins satisfait par ailleurs. Coller des millions de personnes seules devant la télé n’est pas la réponse appropriée à la soif de contact humain. La production de biens doit être aussi source de liens. Il faut retrouver le plaisir des temps morts au travail pour y créer des liens ! Des temps morts au travail pour vivre le lien social Le débat sur la facture économique des 35 heures a un peu occulté celui qui émerge sur les fractures sociales. La première est bien connue : il y a, d’un côté, ceux qui en bénéficient dans les grandes entreprises et les administrations avec 11, voire 12 ou 13 semaines de congés payés et, de l’autre, les oubliés de la RTT (artisans, commerçants et salariés des petites entreprises familiales). La valeur du travail et de l’effort est ébranlée et les fourmis ont l’impression d’être moins encouragées que les cigales. Mais il y a une deuxième fracture sociale beaucoup plus profonde qui s’est accentuée, entre ceux qui prennent plaisir au travail et ceux qui le vivent mal dans le stress. Ce que l’homme cherche dans son travail c’est d’abord du lien social, c’est-à-dire quelqu’un à qui parler. On se souvient de la revendication des jeunes agriculteurs : on a moins besoin d’hectares que de voisins ! Hélas, avec les 35 heures, on a chassé les temps morts dans l’entreprise ! En réalité, 35 heures, ce n’est pas assez pour un temps plein mais trop pour un temps partiel. Certes, 40 % des travailleurs à temps partiel voudraient passer à temps plein, mais le nombre de ceux qui sont à temps plein et souhaiteraient bénéficier du temps partiel est deux fois plus important. On l’a compris, pour beaucoup, 35 heures c’est trop et surtout trop dur. A quoi bon faire en 35 heures de travail posté ce que l’on faisait auparavant en 39 heures si c’est pour augmenter le stress en réduisant les temps de pause au détriment de l’aménité ? Dans certaines usines, on a ainsi réduit comme une « peau de chagrin », le temps du déjeuner et du casse-croûte et les travailleurs ont perdu des revenus et de la chaleur humaine. Ils se retrouvent souvent épuisés le soir devant leur petit écran. Le sociologue Joffre Dumazedier avait relevé dès les années 50 qu’à un travail pauvre ne pouvait correspondre qu’un loisir pauvre. La réduction du temps de travail s’est faite au détriment du lien social au travail avec les collègues, mais aussi les clients et les fournisseurs. Ainsi, les employés de banque ont moins de relations avec la clientèle. Et cette dernière doit traiter l’essentiel de ses opérations avec des automates ! Où est le progrès ? Les cadres, financièrement plus aisés, tirent apparemment mieux leur épingle du jeu de la RTT que les ouvriers. Ces derniers, faute de moyens, partent moins en vacances qu’il y a dix ans ! Le tournant de 2006 Après 2006, année charnière pour l’évolution démographique, le vieillissement de la population active pourrait conduire à de nouvelles revendications du type : travailler librement à son rythme en fonction de ses besoins et de ses possibilités, prendre le temps de son temps et pouvoir faire en 40 heures tranquillement, ce qui est actuellement exigé en 35 heures dans le stress ! Le phénomène est déjà perceptible chez nos partenaires européens où l’on parle de droit au slow business. La montée des tensions internationales imposa en 1939 d’abandonner les 40 heures de 1936 pour revenir à 45 heures, y compris dans l’administration. Cette fois, la rupture annoncée n’est plus la guerre, mais le retournement démographique de 2006. Les générations qui montent vont se demander ce qui nous a pris de réduire d’abord la durée hebdomadaire et Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 39 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin annuelle du travail et d’augmenter ensuite le nombre d’années de cotisations pour la retraite à taux plein ! La RTT ne répond pas à la variété des besoins et des aspirations des actifs. Ces derniers veulent travailler à leur rythme, variable tout au long de la vie, ils refusent de marcher tous ensemble au même pas cadencé. Pourquoi ne pas calculer le temps de travail globalisé tout au long de la vie avec le maximum de souplesse pour l’individualisation des horaires à la carte, en fonction des capacités et des contraintes de chacun ? Il s’agirait de prendre sa retraite à la carte et de répartir comme on l’entend les 70 000 heures que l’on est censé consacrer au travail au long de sa vie (40 ans à 1 750 heures par an, pour prendre la moyenne européenne). Après 2006, la conjonction du mamy-boom et du baby-krach, va renforcer la pénurie de professionnels pour des emplois de demain en majorité dans le tertiaire de haute convivialité ajoutée. Il faudra pour cela des personnels bien dans leur peau et prêts à travailler plus et avec plaisir ! On manquera de bras et de cerveaux et les retraites ne suffiront pas toujours, il faudra bien permettre aux anciens qui le souhaitent de s’activer même à temps partiel pour compléter leurs revenus et rester quelqu’un quelque part. D’ailleurs aux états-Unis, il est interdit d’empêcher quelqu’un de travailler en raison de son âge. Le poids des engagements hors du travail Naturellement, il n’y a pas que le travail mais aussi d’autres formes d’activités économiques et sociales. Le chemin est le but. C’est ainsi que s’explique aussi la force des engagements politiques syndicaux, associatifs : les buts sont toujours louables, mais ils servent d’abord de ciment pour construire du lien social. Il faut donc renverser l’ordre des choses et revenir à l’homme en quête de sens à sa vie. Je me souviens d’un père disant à son fils : « Si tu ne vis pas comme tu penses, tu penseras comme tu vis. ». C’est à nous de décider si demain nous voulons devenir comme les Romains de la décadence avec leur pain gratuit et leurs jeux de cirque (la télé ayant remplacé les lions) ou nous transformer en citoyens d’Athènes, mais sans le recours aux esclaves, grâce aux techniques nouvelles. Ces dernières ne constituent pas non plus une panacée. C’est bien le grand paradoxe des sociétés modernes : grâce aux technologies de l’information chacun est plus proche, branché sur le monde entier, mais n’a plus de prochain à qui parler. Du point de vue du contact humain, le travail à domicile ne constitue pas non plus un progrès, c’est la raison pour laquelle, il restera marginal. Certains se vantent de passer plusieurs heures par jour à communiquer avec le reste du monde via Internet, alors même qu’ils sont souvent incapables de parler à leur voisin de palier. Comment ne pas voir dans cet engouement collectif pour les promenades dans la toile informationnelle, un signe révélateur de l’immense marché de la solitude et du besoin de contact humain ? Le principal avantage des cybercafés est bien de permettre à ces assoiffés de communication de parler entre eux et plus seulement à un écran. Notre conviction est faite : le meilleur remède contre la solitude interactive, c’est encore le travail et les liens réels qu’il procure. Les biens ne valent que par les liens qu’ils créent ! Pour Laurent Gille(1), en produisant des biens « on produit d’abord du lien social [_] et dans la production matérielle l’objet porte la personne qui l’émet. [_] Le produit est un langage. [_] On achète les choses pour parler aux autres. [_] Les hommes sont en comptes ouverts pour créer du lien social ». Le mot « commerce » désigne aussi bien l’échange d’objets que la relation avec quelqu’un qui sera qualifié de « commerce agréable ». Il faut donner sans attendre de recevoir, car il ne Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 40 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin faut pas créer un sentiment de dette chez ceux qui profitent de notre générosité, mais au mieux une reconnaissance. Chacun se souvient que rendre service aux autres suppose beaucoup de tact et de précaution pour préserver la relation future (un débiteur pleure rarement la mort de son créancier). La polysémie du mot « bien » est aussi frappante que celle du mot « valeur ». Il y a le Bien opposé au Mal, il y a le bien-être qui est proche du bonheur, on peut aussi être « bien » avec quelqu’un. C’est donc le même mot qui désigne la relation avec les autres et l’ensemble des objets matériels qui souvent ne sont qu’un prétexte à cette relation. On n’existe que dans la relation avec les autres. Il m’a fallu du temps pour comprendre que la recherche des biens et du pouvoir n’est qu’un prétexte aux liens et à la reconnaissance. La valeur du travail réside dans les liens qui naissent de la production, de l’échange et de la consommation de biens. Et la production de biens qui n’est pas porteuse de liens est vide de sens. Dans le même esprit, les revenus d’assistance, sans contrepartie d’activité, n’apportent que des liens de dépendance et sont plus source d’aliénation que de création pour les individus exclus du banquet de l’emploi. C’est d’abord l’activité, rémunérée ou non, qui permet aux individus de tisser des liens. Pour beaucoup, la vraie valeur du travail, c’est l’emploi ou plutôt la position sociale qu’il procure. Certains vivent même très bien dans leur emploi même s’ils n’y travaillent guère, comme l’a confirmé ce livre d’un cadre d’EDF faisant l’éloge de la paresse confortablement rémunérée. La retraite est trop souvent vécue comme une coupure brutale des liens et des repères qui rythmaient la vie quotidienne. Certains vivent très mal cette rupture et l’on constate une surmortalité dans les premiers mois qui suivent la prise de retraite. Comme si le travail c’était la santé et l’inactivité, l’antichambre de la mort sociale puis individuelle. En Afrique, l’homme riche est celui qui ne mange pas seul à table. De ce point de vue, chez nous, beaucoup de gens sont riches de biens mais pauvres de liens ! Heureux donc ceux qui en travaillant sont riches de liens (1) Laurent Gille, Partager et échanger, les valeurs du lien et du bien, thèse de sciences de gestion, Cnam, 2002. - Flexibilité et Gestion prévisionnelle du travail : Livre : La Gestion Des Ressources Humaines par Loic Cadin, Grancis Guerin - La discrimination : http://www.cahiers-ed.org/ftp/cahiers3/C3_ghirardello.pdf Cf. PDF « Les mesures contre les discriminations dans le monde du travail en Europe » - La parité Homme/Femme : http://cdurable.info/Femmes-carriere-et-discriminations-Journee-Mondiale-de-la-femmeHalde,1563.html Une femme active ou retraitée sur trois (34%) a le sentiment d’avoir été victime de discrimination sur son lieu de travail parce qu’elle est une femme, révèle un sondage CSA pour la Halde réalisé à l’occasion de la Journée de la Femme le 8 mars. Près d’un français sur deux (46%) estime qu’être enceinte constitue un inconvénient dans la vie professionnelle. 23% des femmes ont ainsi été interrogées sur leurs projets parentaux lors d’un entretien professionnel. Malgré une évolution de la législation en faveur de l’égalité Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 41 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin professionnelle entre les femmes et les hommes, le « plafond de verre » demeure une réalité. Face à cela, le silence est la réaction la plus fréquemment citée (37%). De même, alors que près de la moitié des réclamations adressées à la HALDE concerne l’emploi, seulement 5,6 % sont liées au sexe ou à la grossesse. A l’occasion de la journée mondiale, la Halde rappelle qu’elle a été créée notamment pour informer et accompagner gratuitement les victimes et que ses interventions ont souvent abouti à des condamnations. Dernier exemple en date : une entreprise ayant licencié une salariée qui venait d’annoncer sa grossesse a été condamnée par la cour d’appel d’Orléans à lui verser 200 784 €, en plus de la nullité du licenciement. - La discrimination : http://www.agefiph.fr/Entreprises/Contribution-et-obligations/Comment-satisfaire-a-vosobligations A savoir : Sur 128.400 entreprises soumises à l’obligation d’emploi, 9% ont un accord, 51% remplissent leur obligation de 6% et 40% versent une contribution à l'Agefiph. En 2010, le montant des contributions versées à l'Agefiph par les entreprises soumises à l'obligation d'emploi, s'élève à 539 millions d'euros. L'intégralité des sommes perçues par l'Agefiph est utilisée pour le financement d'actions. Les moyens de fonctionnements de l'Agefiph sont, quand à eux, plafonnées à 10% de sa collecte. - Les contrats : http://www.infotravail.com/droit-du-travail/contrat-de-travail,4.html En droit français, il existe différents types de contrat de travail: Le contrat à durée indéterminée (CDI), le contrat à durée déterminée (CDD), le contrat temporaire ou d'intérim, le contrat à temps partiel, les contrats jeunes (contrat d'apprentissage, contrat de professionnalisation), le contrat initiative emploi (CIE), ... Informez-vous sur les règles de conclusion de votre contrat de travail pour savoir, par exemple: Si la loi impose de signer un contrat écrit, Quelles sont les mentions qui doivent obligatoirement figurer dans cet écrit, le cas échéant, Vérifiez si les clauses stipulées dans votre contrat de travail sont conformes à la loi, Vos droits lorsque votre employeur souhaite modifier un point de votre contrat de travail, Comment cette décision s’impose-t-elle à vous, ou comment pouvez-vous légitimement la refuser... http://www.maxicours.com/se/fiche/3/9/14193.html a. L'emploi classique reste la norme Le monde du travail demeure structuré autour des emplois à temps plein à durée indéterminée (CDI). Ces types d'emplois sont organisés autour de conventions de branches, de grilles de qualification et de rémunérations, de définitions de postes de travail et de niveaux hiérarchiques, etc. Ainsi, ces emplois constituent les normes salariales et sociales en vigueur dans notre pays. Sur l'ensemble des actifs, on peut considérer Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 42 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin aujourd'hui que l'emploi classique représente 75 % de l'emploi total. Il semble cependant que l'on assiste au crépuscule de l'ordre salarial d'après-guerre, avec la multiplication des formes atypiques d'emplois. b. Les emplois atypiques se développent L'emploi « atypique » se définit par défaut : il s'agit d'un emploi ne correspondant pas à la norme habituelle du travail à temps plein et à durée indéterminée. On peut donc recenser toutes sortes de situations : les contrats à durée déterminée (CDD), les intérims, le travail à temps partiel subi, les stages, etc. Ces emplois concernent de plus en plus de personnes, puisque 18 % des salariés sont aujourd'hui à temps partiel, alors que le travail temporaire et les CDD se développent : Date 1982 1997 Intérim 129 000 330 000 - 1999 2006 Travail comme facteur de lien social et source de revenus : http://www.assistancescolaire.com/eleve/TES/ses/reviser-le-cours/le-travail-comme-facteurd-integration-t_se09 1. En quoi le travail est-il un facteur fondamental d'intégration sociale ? • Dans nos sociétés contemporaines, le travail contribue à la constitution du lien social et est un facteur d'intégration à plusieurs niveaux. Tout d'abord, l'emploi, par le revenu qu'il procure donne à l'individu une certaine utilité sociale. C'est la reconnaissance par la société que son travail est nécessaire à l'activité de production de la nation. De plus, le salaire permet d'intégrer la norme de consommation de la société. Par ailleurs, le travail facilite l'intégration car les salariés de l'entreprise constituent un collectif et tissent les liens. Ainsi, le travail est une instance de socialisation : l'individu rentre en contact avec d'autres, partage des tâches, vit des conflits et, au total, se forge une identité aussi bien dans le regard qu'il se porte à lui-même que par rapport aux regards extérieurs. Enfin, la participation au salariat à travers le statut professionnel et les cotisations sociales ouvre desdroits collectifs et intègre les individus à la société de l'État-providence. • On comprend donc aisément que les évolutions du marché du travail depuis une vingtaine d'années rendent plus fragile l'intégration par le travail. En effet, l'apparition d'un chômage de masse qui peut être de longue durée et la précarisation même relative du marché du travail rendent plus difficile l'intégration. • Parallèlement, la famille et la citoyenneté se présentent aussi comme des vecteurs de solidarité et de cohésion en raison du partage de ressources qu'elles impliquent entre leurs différents membres et du sentiment d'appartenance qu'elles peuvent fonder. http://www.seslh.fr/F1/Terminale_Corrig%C3%A9s_Synth%C3%A8se_files/Corrige%CC%81 s%20Cohe%CC%81sion%20sociale%20et%20les%20instances%20d'inte%CC%81gration.d ocle.pdf Cf. PDF « Cohésion sociale et les différentes instances d’intégration sociale - Les mouvements sociaux : 43 Livre : Bloc de fiches par ABC - La Responsabilité Sociétale des Entreprises Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin http://www.developpement-durable.gouv.fr/Responsabilite-societale-des.html Définition La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste pour les entreprises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité pour adopter les meilleures pratiques possibles et contribuer ainsi à l’amélioration de la société et à la protection de l’environnement. La RSE permet d’associer logique économique, responsabilité sociale et éco-responsabilité. Quelles sont les démarches qui encouragent la RSE ? De plus en plus d’entreprises reconnaissent leur responsabilité sociale et environnementale. Leurs démarches sont encouragées par : Au niveau international le Global Compact qui a été lancé en 1999 sous l’impulsion de M. Kofi ANNAN. Cette démarche vise à proposer aux entreprises d’adhérer à dix grands principes dans les domaines des droits de la personne, du travail et de l’environnement ; l’OIT dont la déclaration tripartite invite les entreprises à respecter et faire respecter les droits des travailleurs ; l’OCDE qui promeut des principes directeurs à l’intention des entreprises multinationales. Au niveau communautaire le conseil européen de Lisbonne qui a inscrit la RSE au premier rang des priorités politiques ; le livre vert sur la RSE publié le 18 juillet 2001 et la communication de la Commission du 2 juillet 2002 ; le Forum plurilatéral européen sur la responsabilité sociale des entreprises qui s’est tenu d’octobre 2002 à juin 2004. Il a remis un rapport à la Commission contenant une analyse des freins et des facteurs favorables affectant le développement de la RSE et des recommandations le lancement, le 22 mars 2006, de l’Alliance européenne pour la responsabilité sociale des entreprises. Au niveau national : la RSE est identifiée comme un moyen privilégié pour inviter les entreprises à participer à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement durable. La RSE et le Grenelle Environnement La RSE a fait l’objet de discussion lors de la table ronde du Grenelle consacrée à la gouvernance. Un comité opérationnel a travaillé sur le thème « entreprises et RSE » au cours de l’hiver 2008 et ses propositions sont à l’origine du programme d’action est prévu à l’article 53 de la loi du 3 août 2009 de programmation relative au Grenelle de l’environnement. Il s’agit notamment : de développer l’information sociale et environnementale communiquée par les entreprises à l’attention de leurs parties prenantes (actionnaires, salariés, ONG, riverains, etc.) ; d’impliquer les institutions représentatives du personnel dans les discussions sur les enjeux de développement durable liés à l’activité des entreprises ; de développer des référentiels de développement durable par secteurs d’activités ; de soutenir le développement de « labels » permettant de donner une reconnaissance aux bonnes pratiques sociales et environnementales des entreprises ; D’assurer la promotion de l’investissement socialement responsable. - Entreprise citoyenne Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 44 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin http://rse-pro.com/entreprise-citoyenne-664 Qu’appelle t-on une entreprise citoyenne ? L’entreprise citoyenne est une notion que l’on voit de plus en plus apparaitre. Aux cotés des idées de Responsabilité Sociale des Entreprises et de plus d’éthique, c’est la notion de citoyenneté qui arrive. Que regroupe exactement cette idée ? Définition de l’entreprise citoyenne La définition d’une entreprise citoyenne peut se résumer comme suit. On parlera d’entreprise citoyenne si celle-ci prend en compte les dimensions sociale et environnementale dans ses activités et dans ses relations avec ses partenaires. Une entreprise citoyenne est donc une organisation dont les finalités économiques et sociales cohabitent, prouvant que la poursuite de bénéfices financiers n’est pas LE seul objectif. Économique, social, environnemental… le champ d’action d’une entreprise qui se veut citoyenne est vaste. L’entreprise citoyenne est un terme importé des Etats-Unis (good citizen), dont on peut voir l’émergence dans les années 70. En France, on voit cette notion se structurer dans les années 80, en valorisant notamment les comités d’Entreprise (CE) et le Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) comme institutions importantes pour une entreprise citoyenne. Le fait d’inscrire son entreprise dans une démarche citoyenne ne peut que avoir des retours positifs ++, et générer une sympathie renforcée. Puisqu’une entreprise citoyenne ne peut pas se dire citoyenne grâce à une norme ou un label, il faut se rattacher à des principes existants, et les appliquer, pour se dire « citoyen ». Ainsi, on voit des liens forts entre RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et entreprise citoyenne. La RSE donne aux entreprises des clés pour être plus conscientes de leur environnement, et de leur impact sur celui-ci. Social et sociétal : Les rôles sociaux de l’entreprise sont essentiels à la vie en société. Une entreprise doit offrir des emplois stables, contribuer à la stabilité de l’emploi, et respecter l’Humain en veillant au respect des conditions de travail. Le rôle social de l’entreprise doit aussi être de valoriser le travail des handicapés, de prendre en compte leurs besoins, et s’y adapter. L‘emploi est le rôle fondamental d’une entreprise, qui en apportant du travail, développe la société. Lorsqu’il faut se séparer de collaborateurs, pour des raisons Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 45 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin économiques ou stratégiques, attention aux actions. Une entreprise « citoyenne » se doit d’anticiper ces actions, les planifier, et on ne pourra qualifier de citoyenne une entreprise qui délocalise, mute à tout va, licencie sans raisons… Dans sa communication, une entreprise doit réussir à mixer recherche de profit et équilibre humain, pour ne pas passer pour une entreprise exploitant ses employés. Une entreprise qui se dit citoyenne ira bien plus loin que ses salariés, et devra aussi s’assurer que ses fabricants, sous traitants, respectent les droits de l’Homme et ne produisent pas dans des conditions douteuses. La formation, tout comme l’emploi, est une mission centrale de l’entreprise. Les formations internes enrichissent les perspectives de carrière des salariés. L’accroissement des qualifications est un réel facteur de compétitivité pour les entreprises. Environnemental : La protection de l’environnement est devenue une préoccupation centrale des entreprises qui doivent (ou devront dans un futur proche) inclure le développement durable dans leurs bilans annuels et rapports. Sur le plan international, les normes et règles qui régissent la protection de l’environnement par les entreprises sont très variables. D’un pays à l’autre, les obligations et restrictions ne sont pas du tout les mêmes, ce qui ne permet pas de donner une vision globale. C’est au niveau des conglomérats et Unions (Union Européenne par exemple) que des décisions et prises de position font surface. Les activités industrielles et agricoles transforment l’environnement et leurs conséquences écologiques sont majeures, tout comme les activités tertiaires. Les réactions sont obligatoires pour préserver notre planète. Par secteurs d’activités, branches et domaines, des initiatives se montent, mais encore une fois, c’est la coordination qui n’est pas simple à trouver. Entreprise citoyenne et responsable Les entreprises sont conscientes que les pressions environnementales ne peuvent que s’accentuer dans l’avenir et qu’il vaut mieux adopter une attitude volontariste. Être une entreprise citoyenne et responsable devient donc une évidence sous la pression des différentes parties prenantes et acteurs extérieurs. Ainsi, dans la sphère d’influence de l’entreprise, les partenaires, banques et assureurs vont de plus en plus être des sources de pression, pour tendre vers une plus grande traçabilité. Les ONG / associations mais surtout les citoyens et consommateurs ne sont plus passifs face aux questions de responsabilité. De nouveaux outils, mais aussi de nouvelles formes d’étiquetage, vont leur permettre de connaitre, en temps réel, la responsabilité d’une entreprise ! Agissez maintenant avant que vos concurrents ne le fasse ! - Nouvelles missions du RH Extrait du Livre Le DRH du 3ème millénaire écrit par Dartiguepeyrou, Wilfrid Raffard, Michel Saloff Coste en 2009 : Edgard Added, Carine Après les stratégies « devenir plus gros » et « être mieux organisé », est apparue la stratégie de l’adaptation permanente par la flexibilité. Les entreprises s’allègent au maximum pour devenir plus flexibles. La grande question stratégique devient la délimitation du « cœur de métier » : afin de rendre l’entreprise plus réactive on essaye de la concentrer sur un seul métier clairement défini, et l’entreprise doit faire ce métier avec un niveau d’excellence qui lui permet de rester dans la course internationale. Sur des marchés de plus en plus saturés , les entreprises dans leur stratégie d’adaptation mercenaire ont souvent été emportées dans une logique de prix et de création de valeur pour l’actionnaire qui les laisse exsangues, salariés « burn-out », l’environnement, pollué. Les entreprises sont de plus en plus critiquées pour leur manque d’humanité et d’écologie. Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables 46 CHELGHOUM Souhila – KUNTZ Antoine– LOPES Laëtitia – LOTOVIC Kevin– PELLAT Laurentin - Politique Extrait du programme de François Hollande lors de la présidentielle de 2012 : ⁃ « Je lutterai contre la précarité qui frappe avant tout les jeunes, les femmes et les salariés les moins qualifiés : à cette fin, j’augmenterai les cotisations chômage sur les entreprises qui abusent des emplois précaires. Je mettrai en place un dispositif de notation sociale obligeant les entreprises de plus de 500 salariés à faire certifier annuellement la gestion de leurs ressources humaines au regard de critères de qualité de l’emploi et de conditions de travail. » - Exemple http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=EH_045_0116 Patagonia, une entreprise de taille moyenne produisant des articles de sport de haute qualité, fait figure d’oiseau rare dans le paysage industriel. Ses choix stratégiques, inspirés par un objectif de respect des personnes et de la nature, apparaissent contraires aux préceptes de bonne gestion : abandon du marché des pitons alors que l’entreprise en était le leader mondial, réduction volontaire de la gamme de produits, absence de publicité... Pourtant l’entreprise affiche une croissance continue et des profits réguliers. L’article questionne la relation entre l’engagement de l’entreprise en faveur du développement durable, sa capacité d’innovation continue et son succès industriel et commercial. Cet engagement représente souvent des coûts à court terme, ces surcoûts étant compensés dans la durée par des bénéfices difficilement quantifiables et néanmoins tangibles. Par ailleurs, la stratégie de développement durable a permis une mise en cohérence de l’organisation et de l’action de Patagonia, tout en stimulant sa capacité d’innovation. Deux facteurs essentiels ont rendu possible le succès de Patagonia : l’absence de pression des actionnaires sur la rentabilité, qui permet la prise en compte du long terme, et le positionnement de l’entreprise sur le marché du plein air, où une fraction des consommateurs est particulièrement sensible aux arguments environnementaux. La portée du cas Patagonia ne se réduit pourtant pas à ces conditions restrictives : Patagonia, avec d’autres entreprises pionnières du développement durable, ouvre de nouvelles voies à l’ensemble de l’industrie... 47 Analyse de Secteur | Les Ressources Humaines Durables