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philosophique, qui se subordonnait à la connaissance scientifique, et qui, par une sorte
d’ascétisme, se réduisait volontairement à la méditation de ses méthodes et de ses résultats. Il
n’en est plus ainsi aujourd’hui.... Il ne sert à rien de dire que nous ne connaissons rien de plus
que le relatif, si le sort de notre être propre se joue dans l’absolu.... Le vocabulaire des
philosophes d’aujourd’hui suffit à nous instruire sur le retour de toutes les pensées vers ces
problèmes non pas seulement traditionnels, mais éternels que les merveilleux progrès réalisés
dans la connaissance des phénomènes nous avaient momentanément dissimulés: à travers
cette connaissance ils renaissent dans une lumière nouvelle. On ne craint plus aujourd’hui de
prononcer ce mot d’absolu, que le relativisme avait cru exorciser autrefois (Louis LAVILLE, La
Philosophie française entre les deux guerres, Aubier, pp. 242-243).
Il est en effet absurde de vouloir déconsidérer a priori la recherche métaphysique ou
théologique en vertu d’une soi-disant loi de succession des "âges" mentaux, qui est en
contradiction avec les plus intéressants des travaux ethnographiques contemporains 1, il est
paradoxal de prétendre arracher ou nier le penchant explicatif et systématique qui est la vie
même de l’intelligence au bénéfice d’un réseau d’équations tendu sur le monde sensible, et qui
n’en épuise, ni à vrai dire n’en atteint même la richesse foncière 2. La stérilité de ces vains
efforts se manifeste par le comportement de ceux-là même qui en furent les soutiens et les
propagateurs un Auguste Comte finit par la Religion de l’Humanité, avec le Grand Être, le Grand
Fétiche, et le Grand Milieu, sans parler du fameux calendrier. Un Littré, au terme de sa vie,
revient au Catholicisme. Un Claude Bernard amende jusqu’à l’abandonner, en des écrits
maintenant connus, le positivisme de l’Introduction à la Médecine expérimentale. Et que dire
des foules modernes...? Privées d’une droite formation philosophique, frustrées d’un exercice
loyal et avoué de la fonction religieuse essentielle à l’homme, elles vont et viennent comme des
aveugles dans la nuit, dés spiritisme à Ici théosophie, du fakir Birman à Nostradamus, du culte
de la Race à celui du Tracteur. Il faut tirer les conclusions qui s’imposent. Une saine et robuste
philosophie nous est indispensable.
1. Que l’on songe par exemple aux magnifiques recherches (magnifiques par l’ampleur des
moyens matériels mis en oeuvre comme par la persévérance de ceux qui les ont entreprises et
menées à bien) de l’École de W. SCRMIDT, SCHEBESTA etc. avec la revue Anthropos, et qu’un
enseignement universitaire routinier et enlisé dans une documentation fixée ne varietur ignore
et laisse ignorer si magnifiquement aux étudiants. De ces travaux, comme d’ailleurs d’études