des autres religions monothéistes. Cependant, trois éléments vont contribuer à conférer à Jérusalem une
importance accrue dans l’islam : d’abord l’influence de nombreux apostats (Juifs et chrétiens convertis à
l’islam) ; ensuite la politique de prestige des califes ommeyades - en particulier al Malik (685-705),
constructeur du Dôme du Rocher, et son successeur al Walid (705-715), constructeur de la mosquée al Aqsa
(ainsi, d’ailleurs, que des grandes mosquées de Damas et de Médine) - qui cherchaient à la fois à consolider
leur pouvoir et à rivaliser avec les édifices chrétiens déjà en place ; enfin les croisades elles-mêmes, qui
feront renaître dans le monde musulman la notion de guerre sainte (djihad), celle-ci se donnant pour objectif
principal la reconquête de Jérusalem - reconquête qui sera le fait du sultan d’Egypte Saladin, le 2 octobre
1187.
Bien qu’elle soit loin d’être sainte pour les musulmans au même degré qu’elle ne l’est pour les
chrétiens et plus encore pour les Juifs, Jérusalem a plus d’un titre pour être considérée comme telle dans
l’islam :
- lieu où s’établit Abraham, venu de Chaldée (Our), et où il faillit sacrifier son fils Isaac.
- siège du tombeau de Jésus, le plus grand prophète avant Mahomet.
N.B. Pour l’islam, Jésus, seul des prophètes à être appelé Parole de Dieu par le Coran (celui-ci lui
consacre 92 versets), est le fils de Marie mais n’est pas le fils de Dieu et moins encore Dieu lui-
même ; il a échappé à la crucifixion (mort infâmante jugée impensable), remplacé par un sosie, et
est monté au ciel (ascension).
- lieu originel d’orientation de la prière.
- lieu de l'ascension de Mahomet. Jérusalem tire de cet événement l’essentiel de son prestige. Les
musulmans eux-mêmes sont partagés sur la question de savoir si le voyage nocturne constitue un voyage réel
ou une vision du prophète. Mahomet, en effet, fut un jour transporté de La Mecque à Jérusalem par la jument
ailée Bouraq ; il accomplit alors, conduit par l’archange Gabriel, son ascension nocturne vers le septième ciel
et sa rencontre avec Dieu. Il aurait alors attaché le cheval au Mur des Lamentations (vestige du temple de
Salomon, plusieurs fois détruit avant d’être reconstruit par Hérode et définitivement détruit par les Romains
en 70 ; ainsi dénommé parce que les Juifs y pleurent la destruction du temple et la dispersion du peuple élu),
que les musulmans appellent pour cette raison le Bouraq ; et il aurait en outre laissé l’empreinte de son pied
dans le rocher que recouvre depuis le Dôme du Rocher.
- lieu du Jugement dernier. C’est là que se tiendra, pour les musulmans, le dernier carré des
croyants autour du Mâhdi (Messie), redresseur des torts. Les trois grandes religions monothéistes
s'accordent pour faire de Jérusalem le lieu par excellence de la fin des temps.
* Dôme du Rocher. Appelé en arabe Qubbet es Sakhra, il est malheureusement aussi connu sous
l’appellation doublement erronée de mosquée d’Omar ; en effet, il ne s’agit pas d’une mosquée et sa
construction n’est pas due au deuxième calife, sous le règne duquel Jérusalem fut prise par les Arabes en 638
(il est néanmoins possible qu’il fit construire à cet emplacement un premier édifice en bois). Construit de
687 à 692 par les soins du calife al Malik, l’édifice à plan central était destiné aussi bien à rivaliser avec le
Saint-Sépulcre qu’à abriter une immense pièce de rocher, celui-là même d’où le Prophète partit pour son
ascension nocturne. Ce rocher est en fait doublement sacré, puisque c’est également à cet endroit que la
tradition situe le sacrifice par Abraham d’un agneau substitué à son fils Isaac ; l’islam a ainsi repris à son
compte une tradition juive tardive, rapportée par l’historien Flavius Josèphe (37-100) et reprise par le
christianisme.
* Mosquée al Aqsa. Le nom qui la désigne veut dire la Lointaine : selon la tradition, c’est le lieu
saint le plus éloigné de La Mecque où Mahomet se soit rendu, d’après un passage du Coran (12, 1)
généralement rapporté à Jérusalem. Construite en premier lieu par le calife al Walid, elle se justifie moins
par des raisons proprement religieuses que par le programme architectural de prestige développé à Jérusalem
par les califes ommeyades (voir ci-dessus). En effet, comme la basilique de la Résurrection (Anastasis)
forme un tout avec le Saint-Sépulcre, de même, la mosquée al Aqsa, de plan basilical comme l’église de la
Résurrection, a été axée sur le Dôme du Rocher, de plan circulaire comme le Saint-Sépulcre.
***
* Lieux de pèlerinage concernant plus spécialement les sunnites.
4. Hébron : tombeau d’Abraham et de son épouse Sara.
5. Damas (Syrie) : tombeau de Jean-Baptiste (la grande mosquée y a remplacé une basilique chrétienne).