STOP aux subventions climaticides de la BCE
Les politiques économiques devraient contribuer à lutter contre les injustices sociales et le
changement climatique, plutôt que d’aider les pollueurs et les spéculateurs.
Depuis juin 2016, la Banque Centrale Européenne (BCE) a injecté plus de 60 milliards
d’euros dans l’économie de l’Eurozone pour financer l’achat d’obligations d’entreprises. Il
s’agit d’une partie du programme de création monétaire connu sous le nom de «
Quantitative Easing » (assouplissement quantitatif), qui vise à stimuler l’économie de
l’Eurozone en rachetant des dettes.
Or, dans la liste de ces entreprises favorisées se trouvent des multinationales issues des
industries les plus sales de la planète. La BCE n’a pas révélé en détail combien de ses
fonds ont été alloués à chaque entreprise. Mais il semble que des entreprises du secteur du
pétrole et du gaz comme Shell, Total ou Repsol ont reçu un soutien particulièrement
significatif, de même que des constructeurs automobiles ou des entreprises d’autoroute. Les
obligations de Shell, par exemple, ont été achetées à onze reprises. Pire, la part des «
industries fossiles » dans les achats d’obligations de l’Eurosystème a pu aller jusqu’à 68%
du total des achats alors que très peu d’investissements dans les énergies renouvelables
ont été réalisés.
En d’autres termes, 6 mois seulement après que l’Europe ait signé l’Accord de Paris, une
manne d’argent peu cher s’est offerte à de grandes entreprises qui bénéficient déjà d’un
accès facile aux marchés de capitaux et dont les modèles d’affaires sont intrinsèquement
destructeurs du climat et donc des conditions de vie de familles du monde entier.
Quelle que soit la logique de la BCE dans la sélection de ces obligations, un tel programme
est injustifiable au regard de l’urgence climatique. Il est de la responsabilité de toutes les
institutions européennes ainsi que de tous les états membres d’assumer leur part dans la
lutte contre le changement climatique. Investir des milliards d’euros dans des industries
fossiles est clairement contraire à l’objectif de stopper la catastrophe climatique.
Rien ne prouve par ailleurs que le programme d’achat d’obligations en cours de la BCE ait
un quelconque impact positif sur l’économie si ce n’est de fournir des financements quasi
gratuits aux multinationales. Il semble que cet argent finisse tout simplement en dividendes
pour une poignée de riches actionnaires alors que les petites et moyennes entreprises, plus
créatrices d’emplois, n’en bénéficient pas. A l’inverse, des politiques économiques
correctement conçues pourraient être mises au service de l’investissement dans des projets
socialement et écologiquement bénéfiques ; investissements que le secteur bancaire
traditionnel rechigne à financer.
Pour toutes ces raisons, il est temps de changer de cap.
Dans un premier temps, nous exigeons la transparence. Il est inacceptable que la BCE ne
soit pas prête à révéler publiquement les bénéficiaires de ses achats. Le contribuable a le
droit de savoir quelles entreprises en bénéficient et à hauteur de quel montant.
Deuxièmement, nous demandons un changement d’orientation, et en premier lieu l’arrêt du
financement des énergies fossiles. Cette stratégie d’achat d’obligations par la BCE se doit
d’être totalement en phase avec les objectifs sociaux et environnementaux de l’UE, y