© Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000-2001 Page 114
[13/04/2001]
V. Les défaillances d'information
En présence d'informations imparfaites, asymétriques (les agents ne possèdent pas tous la même
information), l'équilibre général n'est pas un OP.
Ces défauts d'information concernent des matières liées à la théorie des assurances, de la banque
(assurance contre le risque d'insolvabilité…), de l'économie financière…
On sait que l'ECG est OP si les prix transmettent toute l'information ; un défaut peut donc être
l'absence d'informations sur les prix. En effet, il peut y avoir de l'incertitude sur les prix : par
exemple, le prix des pommes l'année prochaine. Leur prix dépend du climat au printemps ainsi, s'il y
a de la grêle, il y aura moins de pommes et donc leur prix sera élevé.
Si l'information est incomplète, on verra que deux problèmes se font jour : à savoir le cas de la
sélection adverse et de l'aléa moral.
A/.
La théorie des marchés contingents
Les marchés contingents sont par exemple ceux des pommes : il existe 2 marchés, un marché des
pommes s'il fait beau et un marché des pommes s'il fait mauvais. Ici il n'y a pas de problèmes : on
connaît tous les prix et on peut faire des calculs d'optimisation ; tout est bien géré : l'ECG est OP.
Mais c'est irréaliste puisqu'il n'existe pas des marchés contingents (à l'Etat de nature, au baromètre…)
pour tous les biens… En effet, pour le blé, il existe des marchés contingents : on peut acheter 5
tonnes dans 5 ans en payant tout de suite (le prix existe) mais pour la ménagère qui va faire ses
courses au supermarché, les marchés contingents n'existent pas : elle paie au jour le jour le prix de ses
carottes.
En présence d'incertitude, l'ECG est OP s'il existe des marchés contingents.
On va le montrer avec Alice et Blaise ; on suppose une économie d'échanges avec 2 biens (des
pommes) et nos 2 agents.
Le marché du bien 1 est celui des pommes l'année prochaine s'il fait beau temps.
Le marché du bien 2 est celui des pommes l'année prochaine s'il fait mauvais temps.
Alice a la dotation initiale suivante :
x a=x
1
a,x
2
a
( )
Blaise a la dotation initiale suivante :
x b=x
1
b,x
2
b
( )
S'il fait mauvais temps, Alice a beaucoup de pommes (elle a des préférences sur
ˆ
x
).
Sa fonction d'utilité s'écrit
U x1
a,x2
a
( )
=π1
aUax1
a
( )
+π2
aUax2
a
( )
Avec π 1 : probabilité qu'il fasse beau temps et π 2 : probabilité qu'il fasse mauvais temps.
Aversion au risque Amateur de risque Neutre face au risque
MICROECONOMIE - 2
ème
année de Sciences-Economiques
Chapitre IV - Les défaillances du marché
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Pour les ISOQUANTES, on prend les TMS :
TMS12
a=Uax2
a
Uax1
a=π2
a
π1
a
Uax2
a
Uax1
a
Aversion au risque
Amateur de risque
Neutre face au risque
Sur la droite à 45°, tous les paniers sont exempts de risque
car on a
x1
a=x2
a
(la quantité consommée de pommes est la
même qu'il fasse beau ou mauvais temps).
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[4/05/2001]
On fait de la psychologie des agents.
Exemple
: on compare le marché du bien 1 (celui des pommes quand il fait beau) au marché du bien
2 (celui des pommes quand il fait mauvais).
Alice donne des pommes s’il fait mauvais et Blaise quand il fait beau : c’est une ASSURANCE face
aux risques (Alice s’assure du risque s’il fait beau).
On a bien une assurance mutuelle : c’est une amélioration au sens de Pareto (Alice et Blaise sont
mieux car sont adversaires au risque).
Maintenant on fait l’hypothèse qu’il existe un assureur (situation neutre face au risque) ; celui-ci
s’intéresse aux statistiques (probabilité de mourir à tel âge pour la souscription d’une assurance vie
par exemple).
Il s’intéresse à la pente de la droite
.
On considère que Blaise est un assureur et qu’Alice est cliente.
Blaise est en concurrence parfaite : il ne fait pas de profit, il est indifférent à l’échange. C’est Alice
qui en bénéficie intégralement.
Alice est parfaitement assurée face au risque : en x*, elle consomme la même quantité de pommes,
qu’il fasse beau ou mauvais. Alice doit payer une prime.
Conclusion
: s’il existait des marchés contingents (des marchés d’assurance), il y aurait une
amélioration au sens de Pareto. Ce sont des marchés qui ont lieu avant la révélation de l’état de
nature. MAIS ces marchés devraient être en nombre trop grand et présuppose que les agents ont une
information commune = complète et asymétrique.
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B/.
Introduction à l’économie de l’information
1)
présentation des problèmes
Elle traite du problème de l’asymétrie d’information (= les agents ne possèdent pas la même
information).
Exemples
. Pour des recrutements : savoir ce que vaut un candidat pour l’entreprise ; pour les
assureurs : devraient « tester » leurs clients car certains sont plus prudents que d’autres.
Il existe 2 problèmes majeurs : celui de l’aléa moral et de la sélection adverse.
L’
aléa moral
= hasard moral, aléa de moralité, action cachée
Ce problème se pose quand dans une transaction, Alice peut entreprendre certaines actions que
Blaise ne peut contrôler alors que la valeur que Blaise tire de la transaction dépend de ce que
va faire Alice.
Exemple
: Alice va s’assurer chez Blaise mais Alice peut être prudente ou négligente APRES avoir
signé le contrat. Ainsi, si Alice est prudente, Blaise sera satisfait mais dans le cas contraire, Blaise
fait une mauvaise affaire ; peut faire faillite donc il n’y aura plus de marché de l’assurance.
Or on a montré que c’était une amélioration au sens de Pareto ; si l’assurance disparaissait, on aurait
une détérioration au SP.
D’autant plus que le fait qu’elle soit assurée, pousse Alice à être négligente : il en va de la survie par
exemple du système de l’assurance.
Pourquoi utilise-t-on le terme « moral »
? Car le comportement individuel fait du mal à Blaise (baisse
son utilité) : Alice agit mal (ici, effet néfaste de la concurrence).
La sélection adverse = anti-sélection
Ce problème se pose AVANT la signature du contrat, quand Alice possède des informations
que Blaise gagnerait à connaître mais qu’il ignore.
Exemple
: Alice souscrit une assurance vie alors qu’elle sait qu’elle est malade.
Considérons un prix unique de l’assurance : à ce prix, « les malades » trouvent ce prix intéressant. Ce
marché sélectionne les malades :
ceux portant les plus mauvais risques
; d’où faillite de l’assureur :
détérioration au SP
(ici, la concurrence a encore un effet néfaste).
** Comment régler ces problèmes ?
Le problème de l’aléa de moralité se règle par des incitations. Il faut trouver un contrat incitatif tel
qu’il pousse Alice à être prudente (exemple : principe des franchises).
Les problèmes de sélection adverse se règlent par le signal. Il faut émettre des signaux.
Pour que les biens-portants bénéficient de l’assurance vie doivent émettre des signaux : « je suis bien
portant, moi ! » (les diplômes par exemple : les étudiants achètent un signal).
--
On modélise les problèmes dans un modèle PRINCIPAL-AGENT : celui qui veut inciter l’agent à
agir (être prudent…). L’agent agira selon que son utilité est plus grande en agissant de telle ou telle
façon (on étudie des
niveaux d’utilité
: on appelle cela le
prix de réservation
de l’agent).
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2)
la sélection adverse
a.
les problèmes posés par la sélection adverse
C’est AKERLOF (1970) qui a écrit un article « The market for lemons » (le marché des vieilles
voitures, des tacots).
Sur ce marché, il y a asymétrie de l’information, les vendeurs connaissent la valeur de leurs tacots.
On va supposer qu’il y a 2 catégories : les bonnes et mauvaises voitures.
Voici les valeurs de réservation des agents :
**
sur le marché des mauvaises voitures
:
les vendeurs en veulent au minimum 10 000F,
les acheteurs sont prêts à mettre 15 000F au maximum.
**
sur le marché des bonnes voitures
:
les vendeurs en veulent au minimum 25 000F,
les acheteurs sont prêts à mettre 30 000F au maximum.
Constat
: tout serait bien pour tout le monde si les vendeurs et les acheteurs s’accordaient pour un
prix, par exemple 12 000F pour le 1er marché et autour de 27 000F pour l’autre. Il y aurait dans les 2
cas, amélioration au SP.
MAIS puisque les acheteurs ne possèdent pas d’infos sur la qualité des voitures, ils ont une
probabilité de faire soit une bonne ou une mauvaise affaire.
Pour simplifier, on dit que cette probabilité est de 1/2 ; donc le
prix de réservation des acheteurs
est
le suivant : (1/2)15 000 + (1/2) 30 000 = 22500 F au maximum.
Or le
prix de réservation des bonnes voitures pour les vendeurs
est de 25 000F au minimum.
Conclusion
: les vendeurs de bonnes voitures ne vont pas les mettre sur le marché de l’occasion.
Seuls les tacots seront vendus mais aucune voiture de bonne qualité ne le sera. Il y a bien sélection
adverse (détérioration au SP) car le marché des bonnes voitures n’existe pas. Ici, la concurrence
conduit à une détérioration au SP.
--
Observons ce qui se passe si la qualité est une variable continue :
q(0,1)
d’où infinité de qualités.
La qualité est uniformément distribuée d’où
q =1
2
= qualité moyenne avec (0,1).
Si
0,... ˜
q
2,...˜
q ,...1
˜
q =˜
q
2
Hypothèse sur les
valeurs de réservation
des agents
:
** pour les vendeurs, VR : p = q
** pour les acheteurs, si la qualité était connue :
p=3
2q
ici, chacun y gagnerait : amélioration au SP
MAIS la qualité n’est pas connue
On suppose que les acheteurs ne connaissent que la qualité moyenne (
q
) sur le marché mais pas celle
de chaque voiture donc leur prix de réservation s’écrit :
p=3
2q
. Il n’existe aucun prix d’équilibre
(on a p = q et
p=3
2q
) : aucun marché ne se réalisera.
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