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l’enseignement supérieur est avec l’agriculture haut de gamme, l’industrie aéronautique et de
défense, l’industrie du luxe et le tourisme, un secteur dans lequel la France bénéficie d’un
indéniable avantage comparatif, tout comme les pays anglo-saxons avec lesquels, au
demeurant, elle se trouve souvent en situation de concurrence. Mais les établissements
d’enseignement supérieur sont également victimes des effets de mode et des engouements
aussi soudains que passagers. L’internationalisation représentait une forme d’impératif
catégorique il y a une décennie. Tandis que certaines tendances à la « démondialisation » se
profilent, le mot d’ordre aurait changé et l’on retrouverait des vertus cachées au repli sur le
« pré carré ». Les conceptions exclusives et excessives nuisent à une compréhension en
profondeur des processus en œuvre : à la phase de mondialisation intensive des économies a
succédé une phase de mondialisation qui se poursuit à un rythme plus modéré, du moins sur le
plan économique, mais moins sur le plan culturel. La crise actuelle de l’Union Européenne
fait prendre la mesure des ambitions – probablement par trop ambitieuses – en matière
d’harmonisation des diplômes ou, à défaut, de reconnaissance réciproque. Néanmoins, malgré
les progrès réalisés par les systèmes d’enseignement supérieur de certains pays émergents
(surtout la Chine et la Russie), ce sont les modèles anglo-saxons qui demeurent la référence
mondiale, tandis que ceux de certaines grandes puissances industrielles (Allemagne, Corée du
Sud, Japon, Suède) restent relativement autarciques et peu attractifs pour les étudiants
originaires des pays émergents et en voie de développement (sauf à consentir de gros efforts
pour apprendre des langues qui n’ont aucunement vocation à devenir des véhicules de
communication au plan mondial).
2- L’invention de la compétitivité absolue grâce à la dématérialisation
Dans un système concurrentiel, il est indispensable de soumettre une offre de formation à une
analyse économique. Le choix pour un établissement dans une filière donnée, quelle qu’elle
soit, dépend d’une combinaison de paramètres, les facteurs économiques et les facteurs non
économiques. Dans un système dans lequel le paramètre « prix » n’est pas déterminant (tout
simplement parce qu’il fait l’objet d’une fixation par voie réglementaire), ce sont les
paramètres hors coût qui devraient en théorie l’emporter.
- Une des raisons pour lesquelles le système français d’enseignement supérieur est compétitif
réside dans son caractère largement public, autrement dit parce que la majeure partie des coûts
qu’il entraîne est socialisée. Ce secteur bénéficie d’importants transferts publics, mais ce