PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES 2017
Entrevue avec Triasima
Commentaires de André R. Chabot, B. ENG, MBA, CFA
Associé fondateur, chef de la direction et chef des placements
Quelles sont vos attentes concernant la croissance réelle du PIB canadien en 2017, compte
tenu de l’élection de Justin Trudeau en novembre 2015 et le fait que les consommateurs
canadiens sont parmi les plus endettés au monde?
De manière générale, l’économie canadienne suit l’évolution de
l’économie américaine. Cela se produit toutefois avec un décalage.
Les économies des deux pays sont étroitement liées; une raison
importante étant que 70 % des exportations canadiennes sont
destinées aux États-Unis. Actuellement, nous ne détestons pas ce
qui se passe aux États-Unis. Ce pays est en situation de plein emploi
accompagné d’un revenu des ménages en croissance. L’ination
reste faible et ne constitue pas un obstacle à la croissance. Bien que
les taux d’intérêt aient progressé vers la n de 2016, les hausses de
taux ne sont pas assez importantes pour entraver la croissance. Enn,
le président-élu, Donald Trump, propose des politiques favorables
à la croissance qui devraient être bénéques, du moins en 2017,
aux entreprises et au marché du travail.
Dans ce contexte général, l’élection de Justin Trudeau et d’un gouvernement libéral n’est pas très signicative, à moins que les taux
d’imposition individuel et corporatif ne soient augmentés, ce qui limiterait la croissance. Léconomie canadienne est très ouverte aux
inuences extérieures et nous nous attendons à une croissance constante, voire même accélérée, en 2017. La vigueur du prix du pétrole
en 2016 devrait se poursuivre en 2017 alors que les prix des autres matières premières, qui ont généralement échi au premier trimestre
de 2016, devraient progresser de concert avec la reprise cyclique.
Lendettement record des Canadiens demeure un élément négatif qui, à lui seul, réduit le potentiel de croissance. Toutefois, deux facteurs
en diminuent la portée. Tout d’abord, cet endettement est en grande partie le résultat d’une dette hypothécaire record, une forme plus
stable d’emprunt qui, lorsqu’elle est encourue, a des répercussions très bénéques sur l’ensemble de l’économie à cause de l’activité de
construction qui en découle (bien que beaucoup de nouvelles hypothèques soient pour l’achat de résidences de deuxième main, ce
qui génère moins de retombées économiques). Ensuite, bien que les niveaux d’endettement soient eectivement élevés, ce sont les
exigences en matière de service de la dette qui sont primordiales et celles-ci demeurent conformes aux moyennes historiques grâce aux
faibles taux d’intérêt. Le service de la dette se dénit comme la somme des paiements totaux relatifs à tous les prêts hypothécaires et
non hypothécaires encourus divisée par le revenu disponible total des ménages.
Une hausse soudaine des taux d’intérêt nuirait à la croissance au Canada puisque le consommateur canadien demeure vulnérable à un
tel événement. Cependant, on ne s’attend pas à ce que cela se produise à un degré signicatif, du moins pendant le premier semestre
de 2017, compte tenu de la politique expansionniste actuelle de la Banque du Canada, du faible taux d’ination et de la croissance
économique mitigée.
Investissement
Quelle est votre perspective globale de croissance du PIB réel pour 2017?
Léconomie mondiale devrait proter d’une économie américaine stable ou en accélération. La plupart du temps, les États-Unis sont la
locomotive qui tire le reste du monde. L’Europe et le Japon achent une nouvelle vigueur en ce début de 2017, alors que la Chine et la
plupart des autres pays émergents achent des taux de croissance bien supérieurs à ceux des pays développés. L’impact de la Chine à
l’échelle mondiale continue de croître en raison de sa taille. Ce pays est maintenant engagé dans une transition délicate d’une économie
s’appuyant sur la production industrielle nancée au moyen de la dette vers une économie soutenue par les dépenses des ménages et
où l’activité économique est dominée par le secteur des services.
Nous prévoyons donc une légère accélération de la croissance réelle du produit intérieur brut mondial, entrainée principalement par
les États-Unis, la zone euro, le Japon et certains pays émergents, dont la Russie. Notons tout particulièrement que l’activité économique
européenne semble enn s’accélérer, et ce, plusieurs années après la Grande Récession.
Quelles sont vos prévisions concernant les ressources naturelles en 2017?
Le rebond du prix des matières premières depuis le creux de 2016 devrait
se poursuivre en 2017. Le charbon a bénécié d’un ralentissement de
la production chinoise causé par les préoccupations sur la pollution
atmosphérique et le coût de maintien élevé des sites d’exploitation minière
inecaces. Le prix du pétrole a atteint son plus bas niveau au début de
2016 et a augmenté depuis. Un prix inférieur à 50 $ US n’est pas viable
pour la plupart des producteurs. L’accord conclu par l’Organisation des
pays exportateurs de pétrole (OPEP) en novembre 2016 devrait soutenir
le prix du baril en 2017. Enn, la victoire électorale de Trump a entraîné
un redressement du prix des métaux de base et des fertilisants basé sur
l’espoir d’une augmentation des dépenses d’infrastructure et d’une vigueur
économique renouvelée.
Que pensez-vous du taux $ CA /$ US en fin d’année?
Lévolution de la valeur du dollar canadien par rapport au billet vert est principalement inuencée par les niveaux, ainsi que leurs
changements, de certaines données macro-économiques qui inuencent les deux principales théories servant à expliquer le taux de
change entre deux pays, soit la parité du pouvoir d’achat et celle des taux d’intérêt.
Ces données macro-économiques touchent le taux relatif de croissance des économies canadienne et américaine ainsi que les niveaux
et les variations relatives de l’ination et des taux d’intérêt. De plus, le prix des matières premières, en particulier celui du pétrole, est
particulièrement important pour la valeur de la monnaie canadienne.
Mis à part le prix du pétrole, qui est en hausse, ces données sont plus négatives que positives en ce moment pour le Canada. Elles devraient
demeurer ainsi pour la première moitié de 2017. Par contre, nous nous attendons à ce que la croissance et les taux d’intérêt du Canada
rattrapent progressivement les États-Unis plus tard en 2017. Cela impliquerait une certaine vigueur du dollar canadien. À ce titre, nous
pensons que le dollar canadien au niveau actuel d’environ 75 cents US se trouve à un niveau plancher et quil devrait éventuellement se
raermir. Une valeur en n d’année aux environs de 80 cents US nous apparait raisonnable.
Quels sont les plus importants risques qui menacent les investisseurs en 2017 et quelle
stratégie d’investissement recommandez-vous pour en minimiser les impacts?
Les détenteurs de titres à revenu xe doivent craindre la n du marché haussier des obligations. Les taux d’intérêt sont en tendance baissière
depuis 1982, une période énormément longue de 35 ans! Les détenteurs d’obligations souriront certes si les taux ont réellement établis
un creux historique en première moitié de 2016 et qu’ils s’apprêtent à augmenter pour des raisons à la fois cyclique et de long terme.
Notre perspective est que les taux pourraient démontrer une certaine fermeté cyclique en 2017, mais nous ne sommes pas encore prêts
à déclarer la n de la tendance baissière des taux d’intérêt, en partie pour des raisons démographiques.
Du côté des actions, en 2016, les marchés ont délaissé les compagnies de type croissance ou celles achant un taux de dividende
supérieur à la moyenne dont les actions réagissaient bien à des taux d’intérêt faibles ou à la baisse. Au lieu, les investisseurs se sont
tournés vers le secteur industriel ou vers les industries de nature plus cyclique liées aux matières premières. Ce changement de régime
s’est fortement renforcé avec l’élection de Trump en novembre 2016, et le terme « pari sur la réation » (reation trade) a été adopté pour
décrire les derniers mois de 2016. En résumé, le pari sur la réation repose sur l’idée que quelques-unes des promesses de Donald Trump,
notamment les réductions d’impôts, les attentes de décits budgétaires et les investissements dans les infrastructures entraîneront une
hausse généralisée des prix et, par le fait même, des prots des entreprises.
Un risque clé pour les portefeuilles positionnés pour tirer prot de ce nouveau thème est que les sous-jacents fondamentaux qui justient
le pari sur la réation ne se concrétisent pas en n de compte. Ainsi, pour gérer ce risque, il faut faire preuve de prudence lors de la
construction de la composante cyclique du portefeuille d’actions.
Un autre risque pour le marché des actions en 2017 est que la force du dollar américain étoue la croissance des prots des grandes
entreprises américaines, éliminant un support important à la progression du marché des actions.
En général, quel sera l’impact de l’élection de Trump sur l’économie canadienne et
comment positionnerez-vous votre portefeuille?
Lélection de Donald Trump à titre de président des États-Unis d’Amérique s’avère positive pour le Canada puisque la plupart de ses
politiques favorisent la croissance. Nous ne sommes pas très inquiétés par sa rhétorique anti-libre échange. Cela nous apparait être
avant tout un discours populiste destiné à sa base électorale et qui vise certains pays émergents, comme le Mexique et la Chine, lesquels
achent un surplus commercial avec les États-Unis et détiennent un avantage concurrentiel à l’égard du coût de la main-d’œuvre. Plusieurs
États américains ont d’importants échanges commerciaux avec le Canada et s’appauvriraient si des tarifs douaniers étaient imposés ou
si des politiques anti-libre échange étaient implantées. Les accords commerciaux entre pays ne sont pas des documents que l’on peut
simplement renier sans conséquence.
Nous prévoyons donc des rendements attrayants pour les actions en 2017 et favorisons une surpondération d’entreprises cycliques de qualité.
Quelles sont vos attentes d’inflation au Canada?
Le cycle économique en cours, qui a débuté lors du deuxième trimestre de 2009, a déjà une longue durée. Typiquement, tard dans le
cycle, les pressions inationnistes augmentent suite à la politique monétaire expansionniste qui a été instaurée préalablement et à laquelle
nissent par s’ajouter des augmentations de coûts d’intrants économiques, tels la main-d’œuvre et les matières premières. Nous nous
attendons à ce que l’ination augmente doucement en 2017, comparativement à 2016. Elle augmentera plus rapidement aux États-Unis,
mais il y aura certes un eet de contagion au Canada.
Croyez-vous qu’une réduction de taux d’intérêt par la Banque du Canada soit possible
en 2017? Pourquoi?
Nous ne croyons pas qu’une réduction de taux surviendra en 2017. Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a maintenu
les taux inchangés et a adopté une approche attentiste suite à la dernière rencontre de la Banque du Canada. Celle-ci devrait nir par
reconnaître que la croissance économique, l’ination, les taux d’intérêt et le taux de change du dollar canadien versus le dollar américain
sont soit faibles ou à des creux cycliques et qu’ils devraient s’améliorer en 2017.
Considérant votre perspective sur la croissance du PIB réel, quelles-sont vos opinions
sur le S&P/TSX et les évaluations globales?
Relativement aux normes historiques, la valorisation des marchés boursiers est élevée en ce moment au Canada, aux États-Unis et à
l’étranger. Ceci peut toutefois être justié par deux mesures. D’abord, les taux d’actualisation utilisés pour évaluer les ux monétaires futurs,
qui découlent des faibles taux d’intérêt en vigueur, sont à des niveaux historiquement bas. Ceci mène logiquement à des valorisations
actualisées élevées pour les actions. En deuxième lieu, les révisions des prévisions de prot des analystes nanciers sont en hausse
actuellement, ce qui est déjà rare, et cela au rythme le plus élevé des six dernières années. Ce phénomène indique que la situation
fondamentale sous-jacente des entreprises s’améliore et est en voie de justier les valorisations du moment.
Nous ne sommes pas alarmés par des hausses éventuelles de taux d’intérêt en 2017 qui pourraient mener à des taux d’actualisation plus
élevés des ux monétaires futurs et à des valorisations boursières plus basses. Au contraire, à ce stade du cycle économique, des taux
d’intérêt à la hausse sont un signe de vitalité économique qui augmente les attentes de bénéces des entreprises.
Quels secteurs favorisez-vous en 2017 pour les actions canadiennes?
Étant donné les bonnes perspectives de croissance et de rentabilité, et le pari sur la réation
qui se poursuit, nous surpondérerions les entreprises œuvrant dans les industries des
matières premières ainsi que celles qui sont de nature cyclique ou reliées aux secteurs
industriels. Ceci inclut les banques, que nous considérons comme étant de nature cyclique
légère, mais exclut les producteurs d’or et de métaux précieux, dont l’évaluation est très
inuencée par la tendance et le niveau des taux d’intérêt.
À l’inverse, nous sous-pondérerions les secteurs dont les valorisations sont inversement
corrélées avec les taux d’intérêt, tels que l’immobilier, les télécommunications et les
services publics, ainsi que les titres à caractère stable et défensif tels que ceux du secteur
de la consommation de base.
Bureau des ventes
Québec
Tél. : 1 888 292-8483
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ssq.ca
Considérant que vous maintenez un style à la fois croissance et valeur, avez-vous
une préférence en matière de style pour les actions canadiennes?
En ce moment, la méthodologie de gestion de portefeuille de Triasima nous oriente vers les titres boursiers de style valeur plutôt
que vers ceux de style croissance ou encore à caractère plus stable et défensif. En règle générale, nos conclusions quantitatives,
fondamentales et de tendances sont supérieures ou en voie d’amélioration pour les titres liés aux ressources naturelles et à caractère
plus cyclique. Ceci mène à des structures de portefeuille plus orientées vers la valeur que d’ordinaire, quoique les portefeuilles doivent
quand même maintenir des paramètres de croissance supérieurs à ceux de lindice.
Dans le FPG SSQ Actions canadiennes Triasima, il vous est permis de détenir jusqu’à
10 % de titres étrangers : favorisez-vous les titres étrangers en 2017?
Si nous revenons en arrière et, limitant notre choix aux marchés boursiers canadien et américain seulement, nous avons préféré le
marché canadien en 2009, 2010 et 2011, trois années au cours desquelles le rendement du marché canadien a devancé celui du
marché américain. Par la suite, de 2012 à 2015 inclusivement, notre choix s’est porté sur le marché américain et celui-ci a surclassé le
rendement du Canada au cours de chacune de ces quatre années.
Plus récemment, à la mi-février 2016, nous nous sommes tournés de nouveau vers le Canada comme marché boursier de prédilection.
Cette décision était en partie attribuable au changement de régime du marché par lequel la préférence des investisseurs s’est déplacée
des titres de croissance, qui étaient devenus chers, vers ceux de style valeur, dont plusieurs avaient des valorisations déprimées.
Ce changement d’orientation des investisseurs a mené au regain de secteurs et industries qui pèsent lourd dans l’indice composé
S&P/TSX, tels les secteurs de l’énergie et des matériaux ou l’industrie bancaire. Les valorisations des marchés canadien et américain,
les tendances des bénéces et l’avancée du cycle économique ont été des éléments, parmi d’autres, qui ont été considérés pour
en arriver à la décision de privilégier le Canada. En ce début de 2017, nous continuons de préférer les actions canadiennes aux
actions américaines.
Quel que soit notre choix, nous utilisons généralement pleinement l’allocation de 10 % en titres étrangers. Il s’agit somme toute
d’un petit pourcentage, et il y a toujours des entreprises attrayantes parmi le vaste univers de titres admissibles qui peuvent joindre
avantageusement le portefeuille, particulièrement pour les secteurs et industries peu représentés dans l’indice canadien. En plus de
bonier le rendement, ces titres étrangers contribuent à diversier davantage le portefeuille.
Les renseignements inclus dans la présente communication peuvent changer sans préavis et Gestion de portefeuille Triasima inc. ne pourra être tenue responsable en
cas d’inexactitude dans les renseignements fournis. Les renseignements contenus dans la présente communication ne constituent pas des conseils précis de nature
nancière, légale, comptable, scale ou en matière de placements. Veuillez consulter votre conseiller nancier personnel avant de prendre une décision en matière
de placement.
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