Gouvernance économique mondiale Term L-ES p. 1
LA GOUVERNANCE ECONOMIQUE MONDIALE DEPUIS 1944
La nécessité d'une coopération entre États s'impose à l'issue de la 2°GM. Tirant les leçons des échecs des années 1930, les dirigeants du monde
mettent en place des institutions internationales pour garantir la paix et favoriser un retour à la prospérité.
Les Alliés posent les bases d'une nouvelle conception du gouvernement du monde. Ils tentent de réguler l'économie mondiale par la mise en place
d'institutions internationales dans le but de favoriser les échanges et d'éviter de nouvelles crises économiques comme celle des années 1930.
A partir des années 1970, avec l'entrée dans une nouvelle phase de la mondialisation et l'apparition de nouveaux défis mondiaux , ces institutions
apparaissent insuffisantes. L'interdépendance accrue des États et l'affirmation d'acteurs de l'économie et de la société civile contribuent à remettre en
cause le rôle des États dans les relations internationales.
Cette nouvelle conception du gouvernement du monde s'exerce d'abord dans la domaine économique. Face aux crises économiques et financières,
les États réorganisent les institutions internationales et multiplient les sommets. Ni simple coopération entre États, ni gouvernement mondial, une
« gouvernance de la mondialisation » tente de se mettre en place depuis 1991.
Le terme de « gouvernance » est ancien. Il est apparu en Angleterre au Moyen-Age et désignait le mode d'organisation du pouvoir féodal. Il est
ensuite réapparu aux EU dans les années 1930 dans le domaine économique puis s'est répandu dans les années 1980 dans les milieux d'affaires.
Dans son acception la plus récente, ce terme désigne la régulation efficace (cad avec un souci d'équité) et collective des problèmes universels , la
gestion des biens publics mondiaux et surtout la régulation de la mondialisation.
Comment la gouvernance économique mondiale évolue-t-elle depuis la fin de la 2°GM ?
Après la 2°GM, des institutions à l'origine de la gouvernance mondiale sont mises en place sous l'égide des EU (1° partie), mais elles se heurtent à
de multiples crises dans les décennies 1970 à 1990 (2° partie), d'où une redéfinition de cette gouvernance économique mondiale depuis 1990 (3°
partie).
Gouvernance économique mondiale Term L-ES p. 2
I: LA GOUVERNANCE ECONOMIQUE DE 1944 AUX ANNEES 1970 :
Documents p. 370-371 : Les institutions économiques mondiales
A: Un monde sous gouvernance EU:
Après la 2°GM, l'économie
mondiale est à reconstruire
de nouvelles institutions sont
créées par les EU et qui sont à
l'origine d'une gouvernance
économique mondiale
La priorité est la stabilisation des
monnaies, nécessaire à la reprise
des échanges
les accords de Bretton Woods en
1944 font du dollar la monnaie de
référence
En 1944, une économie mondiale à reconstruire :
En 1944, l'économie mondiale est bouleversée. En Europe comme au Japon, les moyens de production ont
été anéantis par les combats, les marchés désorganisés. La livre sterling ne peut pas rivaliser avec le dollar.
Les EU sont de loin la puissance économique mondiale. Ils sont à l'origine de 60% des produits fabriqués
dans le monde, sont les producteurs de charbon et de pétrole, détiennent plus de 70% du stock mondial
d'or, sans avoir aucune reconstruction à conduire puisque leur territoire est indemne. Mais pour garantir leur
équilibre économique, ils doivent assurer des débouchés à leurs productions.
Les dirigeants occidentaux ne souhaitent pas revivre une crise semblable à celle es années 1930 et entendent
bâtir une coopération économique internationale solide. La stabilité monétaire doit garantir la croissance
économique indispensable au maintien de la paix mondiale.
Aux origines de la gouvernance économique mondiale, de nouvelles institutions sont créées après la GM
sous l'égide des EU.
stabiliser les monnaies :
Afin d'assurer la prospérité et pour éviter les désordres monétaires qui avaient affaibli les économies
capitalistes dans les années 1930, les vainqueurs de la 2°GM font de la stabilisation des monnaies une
priorité.
Préparés par l'économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1936) et l'Américain Harry Dexter White,
les accords de Bretton Woods sont signés aux EU le 22 juillet 1944 par 44 pays.
Chaque État signataire s'engage à définir la valeur de sa monnaie en or ou en dollars, considérés comme « as
good as gold » (les EU détiennent alors les 2/3 du stock d'or mondial). Il s'engage à maintenir le cours de sa
Gouvernance économique mondiale Term L-ES p. 3
FMI et BIRD sont créés pour aider
les États à respecter leurs
engagements
monnaie sans s' écarter à la hausse ou à la baisse de plus de 1% de la parité fixée. Il veille enfin à l'équilibre
de sa balance des paiements, à ce que le taux d'inflation ne dépasse pas celui des principaux pays
partenaires, pour éviter une perte de compétitivité et une réduction des exportations.
Cependant, en cas de déficit prononcé et durable de la balance des paiements, les pays signataires sont
autorisés à dévaluer. Mais toute dévaluation de plus de 10% doit obtenir au préalable l'accord du FMI.
Le système vise à établir entre les monnaies des taux de change stables, propices au commerce international.
le FMI et la BIRD
Contrepartie indispensable aux engagements de fixité monétaire, 2 institutions internationales, le FMI et la
Banque mondiale, sont les clés de voûte du système de Bretton Woods.
Le FMI est une caisse de secours mutuel chargée de fournir une aide aux pays en difficultés, destinée à éviter
le recours aux dévaluations. La dotation du FMI est constituée de versements des États signataires, effectués
pour ¼ en or, le reste en monnaies nationales, calculées en fonction de la richesse du pays et de son
importance dans le commerce mondial. Les quotes-parts les plus importantes sont celles des EU et du RU.
L'accord crée aussi la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement), plus commue
sous le nom de « Banque mondiale », destinée à accorder des prêts à long terme aux États pour faciliter la
reconstruction des pays dévastés par la guerre et à aider les pays pauvres à se développer.
Les décisions prises à Bretton Woods confirment l'hégémonie des EU et consacrent la prééminence du dollar,
considéré comme l'équivalent de l'or. Le dollar est resté depuis 1944 la monnaie la plus utilisée dans les
règlements internationaux.
Comme l'ONU, le FMI et la Banque mondiale siègent aux EU. Au sein de ces institutions, les EU disposent par
leur nombre de voix ou par leur influence, d'un poids sans égal.
ouvrir les frontières pour favoriser le commerce :
Contrairement à leur tradition protectionniste, les EU affirment leur volonté de libérer le commerce mondial de
Gouvernance économique mondiale Term L-ES p. 4
Les accords du GATT 1947
mettent en place un libre-échange
dont les modalités sont
régulièrement négociées entre
pays membres
ses entraves (accords de clearing ou de troc, contingents, barrières douanières ou discriminations entre
partenaires...) par le biais de 2 négociations successives :
la à Genève débouche le 30 octobre 1947 sur la signature par 23 pays assurant 80% du
commerce mondial, de l'Accord Général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).
La 2°, conduite par l'ONU, aboutit en mars 1948 à la Charte de La Havane, qui inclut un code
commercial, un code des investissements, une stabilisation des produits de base et la création de
l'OIC (Organisation Internationale du Commerce), pendant du FMI et de l'ONU. Mais le Congrès
EU, redevenu républicain aux élections de 1947, refuse de ratifier cette charte jugée trop
interventionniste. C'est donc le GATT qui sert de base à la politique d'ouverture.
Véritables forums de discussion et de négociation, les accords du GATT sont pour les EU l'occasion d'affirmer
leur domination. Ces accords sont l'objet de cycles de négociations appelés rounds, qui peuvent durer des
années tant les enjeux financiers et politiques qu'ils soulèvent sont complexes. Ainsi, l'Uruguay Round, qui
envisageait des questions aussi diverses que les tarifs des productions agricoles ou ceux des
télécommunications, a-t-il été négocié entre 1986 et 1994.
A partir de 1948, dans le cadre du plan Marshall, les EU aident l'Europe de l'Ouest à se reconstruire, ce qui
contribue en outre à stimuler les exportations EU. Les EU apparaissent comme les piliers du système.
B: Les limites et les failles d'un système de gouvernance :
Mais ce système fonctionne mal,
les États gardant des initiatives
en dehors du cadre commun
un système à l'efficacité limitée :
Le système de Bretton Woods fonctionne mal. Les nombreuses dévaluations qui affectent les économies
capitalistes (cascades de dévaluations dans toute l'Europe entre 1948 et 1949, à nouveau en France en 1958
et 1969, au RU en 1949 et 1967...) révèlent la difficulté à stabiliser les monnaies.
En outre, de nombreuses initiatives financières et monétaires internationales se font en dehors du cadre fixé à
Gouvernance économique mondiale Term L-ES p. 5
Les États socialistes refusent de
signer ces accords
les pays récemment décolonisés
réclament un nouvel ordre
économique international plus
juste
La CNUCED est créée en 1964
pour atténuer les disparités de
développement
Bretton Woods : c'est le cas par exemple du plan Marshall. Entre 1950 et 1958, l'Union européenne des
paiements (UEP), accord ayant pour but de faciliter les transactions et la répartition de l'aide Marshall entre
pays européens, montre que le périmètre d'action des institutions de Bretton Woods est limité.
Par ailleurs, la mise en place des accords du GATT est délicate car nombre d’États (Japon) ou d'organisations
régionales (CEE) refusent d'abaisser de manière trop importante leurs barrières douanières.
les limites et contestations :
Le nouveau système monétaire ne fait pas l'unanimité.
Dans le contexte de GF, les États socialistes refusent de participer à une initiative pilotée par les puissances
capitalistes. Le bloc de l'Est refuse de participer au FMI et d'adhérer au GATT.
Les pays issus des décolonisations, confrontés au manque de développement, refusent les logiques du
monde bipolaire et réclament la mise en place d'un nouvel ordre économique internationale plus juste. Ils
entendent peser dans la mondialisation et acceptent mal de devoir se plier à des politiques mises au point par
les puissances du Nord.
Créée par l'ONU en 1964, la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement)
entend rééquilibrer les échanges mondiaux et atténuer les disparités de développement. Le G77 est créé en
son sein en 1964 (groupe des 77 pays en développement membres de la CNUCED qui militent pour un nouvel
ordre économique mondial). Il réclame l'instauration d'un « nouvel ordre économique mondial » plus favorable
aux intérêts des pays en développement. Il dénonce les inégalités des termes de l'échange : les PED
fournissent les pays industrialisés en produits bruts dont la valeur est fixée par ces mêmes pays.
Bilan partie 1 :
1- Quelles sont les institutions à l'origine de la gouvernance économique mondiale mises en place après la 2°GM ?
2- Quels en sont les buts ?
3- A quels problèmes se heurtent-elles ?
4- Qu'est-ce que la CNUCED ?
1 / 14 100%