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Finance islamique, principes et limites
Les produits
La finance islamique a créé des mécanismes juridico-financiers pour contourner l'interdiction du prêt à intérêts, par
des « hiyal » (ruses), tout en rémunérant l'apporteur de capitaux. La finance islamique compte 2 types d'instruments
et 4 produits phares :
Les instruments de financement :
« Al Mourabaha » : La banque achète un actif pour le compte de son client. Ensuite, le créancier revend cet actif au
client moyennant des paiements sur une période donnée, à un prix supérieur au prix d'achat, convenu d'avance
entre les deux parties. Le coût final de l'opération n'est pas nécessairement inférieur à celui d'un crédit classique,
mais le recours à l'intérêt a été contourné, puisque la banque a effectué une opération commerciale, pas un « crédit
». Trois distinctions par rapport au crédit classique : L'opération est adossée à un actif réel, car la banque est
propriétaire de l'actif Il n'y a pas d'intérêt. Le créancier se rémunère par le biais d'une majoration du prix d'achat du
bien Le montant de la marge bénéficiaire ne varie pas dans le temps : il est fixé au préalable
« Ijara » : Instrument proche du crédit-bail (leasing). Il consiste pour le créancier (la banque) à acheter des biens qu'il
loue à un client pouvant bénéficier de la possibilité de rachat, au terme du contrat. Quelques différences avec le
crédit-bail « classique » : il n'y a pas de pénalités de retard de paiement, la disparition du bien entraîne
automatiquement la nullité du contrat (partage des pertes et des profits).
Les instruments participatifs :
« Moudaraba » : Ce produit permet à un promoteur (moudarab) de mener un projet grâce à des fonds avancés par
des apporteurs de capitaux, dont la clé de répartition des gains et des pertes est fixée dès le départ. Les apporteurs
de capitaux supportent entièrement les pertes, les promoteurs ne perdant que le fruit de leur travail.
« Mousharaka » : Cette opération est une association de deux partenaires pour investir dans un projet, et
partageant les bénéfices en fonction du capital investi. Dans l'éventualité d'une perte, celle-ci est supportée par les
deux parties au prorata du capital investi. La nature de cette opération s'apparente finalement à une joint- venture.
La finance islamique en chiffres
Depuis quatre ans, la finance islamique connait une croissance de 17 % en moyenne par an. Le taux de profit de ce
segment est de 12,6 % contre 15 % pour les banques « classiques ». Le Chiffre d'Affaires mondial du secteur est en
croissance continue. Il est passé de 700 milliards de USD en 2008 à 1700 Mds USD en 2013, en hausse de 59 % en
cinq ans |4| Il demeure comme une goutte d'eau dans l'océan de la finance mondiale. La finance islamique
représente à peine 1 % du marché financier mondial. La finance islamique a intéressé très tôt les banques «
classiques », mais depuis une décennie, cette niche fait saliver les grandes banques mondiales. La Citibank a été la
première à ouvrir sa filiale islamique en 1996 à Bahreïn. À son tour, la britannique HSBC crée Amanah Finance en
1998 à Dubaï. Quatre ans plus tard, c'est UBS qui créé sa filiale Noriba Bank à Bahreïn. Les banques françaises se
lancent tardivement à l'assaut de ce marché. En 2003, BNP-Paribas lance une unité de banque islamique à
Bahreïn. Les produits « Sukuk » (obligations) ont connu en 2014 un intérêt de la part de Goldman Sachs, Dresden
Bank, ABN Amro, Barclays, Société Générale ou Deutsche Bank. Les institutions financières islamiques sont
dominées par les banques (74 %), les émetteurs de« Sukuk », l'équivalent islamique des obligations (10 %), les
fonds d'investissement (5 %) et les compagnies d'assurance, « Takaful » (1 %). Les pays leaders du secteur
concentrent 78 % du CA dans le monde. Le poids de la finance islamique dans ces pays varie fortement. Si en Iran,
au Pakistan et au Soudan, seule la finance islamique est autorisée, dans d'autres pays ce secteur représente
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