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lides et qui affectent le système ner-
veux central. Les tumeurs du rein, des
tissus mousreprésentent un pourcen-
tage beaucoup plus faible des cancers
pédiatriques. Les formes de cancers
sont beaucoup plus variées, ce qui
nous oblige à utiliser une classification
spécifique aux cancers pédiatriques.
Cette classification spécifique aux can-
cers pédiatriques a-t-elle une influence
sur les traitements?
La plupart des méthodes de traitement
sont les mêmes pour un enfant que
pour un adulte. Lors de traitements de
cancers pédiatriques, nous visons une
guérison totale non seulement de la
maladie elle-même, mais également à
long terme. La qualité de vie future de
l’enfant est toute aussi importante que
son traitement. Nous ne pouvons donc
pas utiliser les nouveautés thérapeu-
tiques existantes pour les chimiothéra-
pies d’adultes, car nous devons avoir
un certain nombre d’années de recul
pour connaître les conséquences et les
toxicités à moyen et long terme de ces
traitements.
Les traitements, leurs conséquences et
leurs toxicités sont-ils alors recensés
dans des protocoles?
Certainement, des protocoles interna-
tionaux établissent de manière très ri-
goureuse la marche à suivre et les dif-
férentes étapes à respecter pour
chaque traitement. Le déroulement
ainsi que les résultats des soins sont
partagés internationalement entre les
pédiatres oncologues. Cette base de
connaissance et d’expérience nous a
permis de faire d’énormes progrès en
pédiatrie et d’agir de manière beau-
coup plus efficace ces 40 dernières an-
nées.
Existe-t-il également des protocoles in-
ternationaux pour les cancers d’adultes?
Oui, mais les protocoles de cancers pé-
diatriques sont plus rigoureux. En
effet, tous les traitements des cancers
pédiatriques doivent avoir lieu dans un
milieu spécialisé et non dans un cabi-
net médical comme cela pourrait se
faire pour un cancer d’adultes.
Les HUG interviennent-ils dans ce cas?
Oui, nous organisons avec l’aide d’as-
sociations, une scolarité à domicile ou
directement à l’hôpital.
Nous mettons tout en œuvre pour qu’il
y ait le moins d’échecs scolaires possi-
ble et que nos patients puissent re-
trouver leur environnement social une
fois le traitement terminé.
Pouvez-vous maintenant nous dire
quels sont les symptômes d’un cancer
pédiatrique?
Malheureusement, les symptômes
d’un cancer pédiatrique ne sont pas
spécifiques. Il s’agit dans la plupart des
cas de symptômes ordinaires tels que
maux de ventre, céphalées, fatigues, il
est donc très difficile de les recenser.
C’est la fréquence et la persistance des
symptômes qu’il faudra observer. Si le
«Les symptômes d’un cancer
pédiatrique ne sont pas spécifiques»
Interview de la Doctoresse Hulya Ozsahin, PD, médecin adjointe, responsable de l’Unité d’onco-héma-
tologie pédiatrique des Hôpitaux Universitaires de Genève
Interview: Virginie Bonjour
Chaque année, combien de nouveau cas
de cancers pédiatriques comptez-vous
en Suisse et au sein de l’Unité d’onco-hé-
matologie pédiatrique des HUG?
En 2007, 291 nouveaux cas de cancer
pédiatriques ont été enregistrés dans
notre pays dont 30 sont soignés au sein
de l’Unité onco-hématologique pédia-
trique du Département de l’enfant et
de l’adolescent des HUG. Par cancer
pédiatrique, il faut comprendre tous
les cancers qui touchent les enfants de
0 à 16 ans révolus. A partir de 17 ans
les adolescents sont pris en charge par
des hémato-oncologues pour adultes.
Quel pourcentage de ces enfants peut-
être soigné?
Grace aux progrès faits ses dernières an-
nées dans le domaine des cancers pé-
diatriques, nous atteignons aujourd’hui,
pour tous les cancers confondus, un
taux de guérison d’environ 70 %.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui dif-
férencie le cancer pédiatrique du cancer
adulte?
Les cancers pédiatriques sont plus
rares et différents des cancers
d’adultes. Il existe des cancers pédia-
triques qui ne se retrouvent pas chez
les adultes et inversement. Par exem-
ple, les cancers de la peau, du sein, de
la prostate, du côlon ou encore des
poumons sont très rares chez les en-
fants.
Quels sont alors les cancers que l’on ren-
contre en pédiatrie?
Dans la majorité des cas, ce sont des
leucémies lymphoblastiques, il s’agit
d’une infection très rapide des cellules
du sang, qui se soignent aujourd’hui
dans 80 à 90% des cas. Viennent en-
suite les cancers du cerveau, qui se dé-
veloppent sous forme de tumeurs so-
Figure 1. Dr Hulya Ozsahin.
NR. 2 |APRIL 2008 OUT AND ABOUT 21
même symptôme persiste 3 à 4 se-
maines, je conseillerais aux parents
d’aller consulter leur pédiatre qui les
redirigera, en cas de nécessité, vers un
spécialiste.
Pouvez-vous encore nous dire quelles
sont les dernières découvertes de la re-
cherche dans le domaine des cancers pé-
diatriques?
L’ origine des cancers est pour la plu-
part multifactorielle, c’est-à-dire qu’il
s’agit d’une interaction de facteurs gé-
nétiques et environnementaux. Le rôle
de certains gènes dans le développe-
ment des cancers est de mieux en
mieux connu. En étudiant les altéra-
tions de ces gènes, nous pouvons com-
prendre les mécanismes aboutissant à
la formation d’une tumeur, et trouver
des marqueurs qui nous permettraient
d’une part de mieux adapter le traite-
ment et d’autre part de prédire la ré-
ponse au traitement. A ce titre, une de
nos collaboratrices, Dre Gumy-Pause,
travaille sur les anomalies du gène
ATM dans divers cancers de l’enfant.
Peut-on alors s’attendre à une évolution
des traitements et des médicaments?
La recherche fondamentale et la re-
cherche clinique des protocoles inter-
nationaux sont primordiales pour
avancer. C’est grâce aux enfants ayant
participé à ces protocoles que le taux
de réussite est passé de 5 à 70% au
cours de ces 40 dernières années. Ce-
pendant, il reste beaucoup à faire. Une
meilleure compréhension des méca-
nismes biologiques permettra d’amé-
liorer encore les traitements et de pré-
venir les séquelles dues aux traite-
ments à long terme.
Pour revenir au traitement des cancers
pédiatriques. Pouvez-vous encore nous
dire quelle est la durée moyenne d’un
traitement?
Pour les leucémies lymphoblastiques
aiguës, la durée moyenne d’un traite-
ment est de deux ans et demi. Ce sont
des traitements de longue durée pen-
dant lesquels l’enfant passe la majorité
des neuf premiers mois à hôpital.
Après ces neuf mois d’hospitalisation,
l’enfant pourra-t-il retourner à l’école?
La suite du traitement se fait en milieu
ambulatoire. L’ enfant pourra donc, si
son état de santé le permet, suivre une
scolarité plus au moins normale. En
revanche, s’il doit subir des cycles de
chimiothérapie, comme cela est le cas
lors du traitement d’une tumeur so-
lide, son système immunitaire sera
trop affaibli et il ne pourra pas se ren-
dre à l’école.
Liens sur le thème
«cancer de l’enfant»
Hôpitaux Universitaires de Genève –
Hôpital des Enfants
http://extranot.hcuge.ch/internet/Hde.nsf/
Homepage?ReadForm
Ligue suisse contre le cancer
www.swisscancer.ch
Registre suisse du cancer de l’enfant
http://www.kinderkrebsregister.ch/french/
survol.htm
ISREC
Institut Suisse de Recherche Expérimen-
tale sur le Cancer
www.isrec.ch
Make A Wish
Fondation suisse qui réalise les vœux
d’enfants souffrant de maladies graves
www.makeawish.ch
ARFEC
Association Romande des Familles
d’Enfants atteints d’un Cancer
www.arfec.org
Association Action Sabrina
Travaille en collaboration avec les HUG
pour répondre au besoin des enfants
malades
www.action-sabrina.ch
Courir Ensemble
Association qui soutient les enfants
hospitalisés
www.courirensemble.ch
FORCE
Fondation Recherche sur le Cancer de
l’Enfant
www.force-fondation.ch
CureSearch - Children’s Oncology Group
Recueille des dons pour financer la
recherche sur le cancer pédiatrique
www.curesearch.org –
www.childrensoncologygroup.org
International Union against Cancer
Information sur la journée mondiale
du cancer
www.uicc.org
Figure 2. Equipe médico-infirmière
de l’Unité d’onco-hématologie
pédiatrique des HUG, au centre
Dr Hulya Ozsahin responsable de
l’unité.
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