L’action publique, ou l’analyse de la complexité Delvaux
63
privée). L’action publique est qualifiée de multi-niveaux, la décentralisation, l’intégration
européenne et la globalisation ayant contribué « à imposer le poids du local et du
supranational dans des représentations qui ne connaissaient que le national »
(Commaille, 2004, p. 415). L’action publique associe des aussi des acteurs non publics.
« L’Etat n’est plus qu’un des partenaires participant à (la) co-construction (…), une des
composantes parmi d’autres » (Commaille, 2004, p.416).
Caractère composite de l’acteur public. Non seulement l’Etat n’est pas le seul acteur
des politiques publiques mais, de surcroît, il n’est pas monolithique. Chaque acteur
public, et particulièrement l’Etat, « est lui-même agi par la complexité et la
différenciation de ses organisations, la diversité de ses dispositifs et de ses institutions
susceptibles de produire des contradictions internes au champ étatique » (Commaille,
2004, p.416).
Atténuation des rapports hiérarchiques entre acteurs. L’approche en termes
d’action publique remet en cause la position dominante de l’Etat, abandonne une
perspective étato-centrique, où l’Etat est vu dans une position surplombante. Une vision
multipolaire et polyarchique remplace une approche hiérarchisée et descendante. Tout ne
se passe plus « comme si les autorités politiques et administratives légitimes occupaient
une position hégémonique, quand ce n’est pas un monopole, dans le traitement des
problèmes publics au sein d’une société ». On n’est plus dans une situation où « la
sphère instituée du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire maîtrise à elle seule le destin
collectif, (où) tout part de l’agenda que structure l’attention des autorités publiques et
tout aboutit à l’évaluation que la société civile porte sur leurs actes et non-actes, (où)
l’Etat est au centre et (…) y siège à lui tout seul, ou presque » (Thoenig, 1998, p.44).
Poussant plus loin l’idée, certains vont jusqu’à mettre en question la claire distinction
entre la nature des acteurs. « L’idée d’interrelations complexes se substitue à celle de
dichotomies entre gouvernement et administration, public et privé, local et national »
(Commaille, 2004, p.418).
Relativisation de l’impact du moment de la prise de décision politique. A policy is
never limited to the statement of a law or a rule, and cannot be seen purely as the action
of an authority. « La politique fiscale, par exemple, ne se réduit pas à la seule législation
votée par le parlement : elle est aussi composée de la somme des impositions singulières
auxquelles procèdent les services fiscaux ; en particulier lorsqu’ils ont à interpréter les
situations des contribuables et qu’ils disposent d’une faculté discrétionnaire
d’appréciation, sinon de dérogation » (Thoenig 2004, p.327). « Si l’autorité est présumée
jouer un rôle central, elle est loin d’agir seule. Elle voit intervenir des tiers (…) qui ont
leurs propres logiques ou priorités, qui se comportent comme des acteurs disposant
d’autonomie et dont l’intervention perturbe ou infléchit le cours des choses » (Thoenig,
2004, p.332).
Non linéarité des processus. Entre les multiples acteurs impliqués, existent des
interdépendances complexes, favorables à des processus de co-construction. L’action