Un archipel aux ressources limitées
Étendu sur 377 737 km2, l’archipel nippon – du nom de Nihon que lui donnent ses habitants et qui
signifie « origine du Soleil » – dispose d’une superficie à peu près équivalente à celle de
l’Allemagne réunifiée. Les quatre îles principales représentent 95 % du territoire, avec 227 000
km2 pour Honshu (Hondo ou Nihon, la « Principale »), 79 000 km2 pour Hokkaido, la « Nordique
» (l’ancienne Yeso, « la Sauvage »), 36 000 km2 pour Kyushu (« les Neuf Contrées ») et 18 000
km2 pour Shikoku (« les Quatre Provinces »). Le Japon s’étend sur 1 700 km du nord au sud ; en
Eurafrique, il s’allongerait de la Gironde jusqu’au sud du Maroc (de 45°30' de latitude au nord à
30° au sud), ce qui en fait un pays proche de la Sibérie au nord et des archipels tropicaux d’Asie
du Sud-Est dans les Ryukyu qui constituent l’extrémité méridionale de son territoire. Outre les
quatre îles principales, les autres terres qui constituent l’archipel sont généralement inhabitées
mais elles donnent au pays une zone économique maritime exclusive précieuse en matière de
pêche. Les plus importantes de ces îles forment l’archipel des Ryukyu entre Kyushu et Taïwan –
depuis la restitution d’Okinawa par les États-Unis en 1972 – et l’archipel des îles Bonin (ou
Izu-Ogasawara) situé plus à l’est. À l’inverse, les Japonais espèrent toujours obtenir par la
négociation avec la Russie la rétrocession d’une partie de l’archipel des Kouriles qui s’étend
d’Hokkaido à la pointe méridionale du Kamtchatka et verrouille ainsi les accès de la mer
d’Okhotsk, ce qui laisse pour le moment peu d’espoir aux dirigeants de Tokyo, la Russie de
Wladimir Poutine se montrant encore moins disposée que celle de Boris Eltsine à envisager cet
abandon, fût-ce au prix du sacrifice des investissements japonais nécessaires à la mise en valeur
de la Sibérie orientale. Les Japonais n’en continuent pas moins à désigner les quatre îles
méridionales des Kouriles – Kunashiri, Etorofu, Shikotan et Habomai – comme leurs « territoires
du nord » occupés en 1945 par les Soviétiques. Arc insulaire de formation récente né du contact
des plaques tectoniques pacifique et euro sibérienne, le Japon fait partie de la ceinture de feu du
Pacifique. Le paysage est dominé par la montagne, les plaines basses ne représentant qu’un
septième du territoire. Véritable puzzle géologique né des mouvements tectoniques tertiaires et
d’une activité volcanique parmi les plus importantes du monde – 165 volcans éteints et une
soixantaine actifs, parmi lesquels le célèbre Fuji-Yama dont le cône très pur, couronné de neige,
s’élève à 3 773 m d’altitude –, le Japon a été de plus façonné par une érosion violente qui n’est
que le résultat de la brutalité des pentes et des conditions climatiques. D’une manière générale les
montagnes atteignent rarement 2 000 m d’altitude et seules les Alpes japonaises, situées en
bordure occidentale de la Fossa Magna – l’accident tectonique majeur qui prend en écharpe le
centre d’Honshu – et composées de trois chaînes (Hida, Kiso, Akaishi), dépassent 3 000 m. Plus
que l’altitude, ce sont les pentes abruptes, souvent supérieures à 15 %, qui opposent de sérieuses
contraintes à l’installation humaine. L’importance religieuse accordée aux montagnes et aux forêts
par la tradition shinto a fait que ces régions ont été historiquement très peu occupées, ce qui
explique les extraordinaires densités humaines constatées aujourd’hui dans les plaines littorales
dont la plus importante, celle du Kanto (où se dresse Tokyo), ne représente que 15 000 km2. Plus
au sud, la plaine du Kansaï est celle où s’est développée Osaka alors que la plaine du Nôbi abrite
l’agglomération de Nagoya. De manière générale, ces plaines utiles, généralement réparties sur la
côte orientale, ne représentent que 80 000 km2 alors qu’elles accueillent l’écrasante majorité des
127 millions d’habitants que compte aujourd’hui le pays. Le climat de l’archipel est déterminé par
son extension en latitude, la nature très particulière de son relief et l’opposition entre les
influences continentales et maritimes. Le contraste né du contact entre l’anticyclone sibérien et les
masses d’air chaudes issues de la zone intertropicale mais aussi de l’action du courant froid de
l’Oya Shivo au nord et de celle du courant chaud du Kouro Shivo au sud accentue les différences
entre Hokkaido, qui participe dans une large mesure à l’espace sibérien, et Kyushu où prévalent
des conditions subtropicales. Outre de fortes amplitudes thermiques et de forts contrastes de
température liés aux écarts de latitude, les précipitations apparaissent également très variables :
importantes chutes de neige sur la côte occidentale exposée aux vents venant de Sibérie et
survolant la mer du Japon pendant l’hiver, fortes précipitations au printemps et à l’été sur la