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nécessairement celle de la Chose que l'on
veut connaître scientifiquement. Ce procédé
déductif est le syllogisme qui est "un
discours dans lequel, certaines choses étant
posées, une autre chosé différente d'elles en
résulte nécessairement, par les choses
mêmes qui sont posées"6. Par exemple, le
syllogisme suivant
Toute figure ayant trois côtés est un
triangle. L'isocèle est une figure ayant trois
côtés. Donc, l'isocèle est un triangle. La
conclusion résulte nécessairement des deux
principes précédents puisque la cause qui
fait que l'isocèle est nécessairement un
triangle est le fait qu'il soit une figure ayant
trois côtés et qu'une telle figure est selon sa
définition, un triangle. On constate ainsi le
rôle central que joue la définition dans le
syllogisme. Elle est le moyen terme liant les
deux autres dans la conclusion et elle assure
ainsi le lien de causalité requis dans la
déduction. Socrate eut raison de chercher la
définition des choses pour mieux les
connaître. Mais Aristote va plus loin
puisqu’il indique ce qu'il est possible de
définir, la manière de parvenir à une
définition valide et comment la définition
correspond à la chose définie. De plus, le
problème du langage est relié à la définition,
puisqu'une définition est un discours qui
exprime ce qu'est une chose. Aristote nous
fait prendre conscience de certains pièges
linguistiques qu'il faut éviter si l'on veut
avoir une connaissance réelle des choses;
par exemple, la pluralité d'acceptions d'un
mot.
Le syllogisme, qui est la voie générale
menant à la science, prend une forme et une
valeur particulière selon différents principes.
Le syllogisme démonstratif découle de
principes certains, premiers, vrais et
immédiats. A cause de la certitude des
principes, la démonstration nous assure une
connaissance scientifique de l'objet étudié.
Par contre, les syllogismes découlant de
principes qui ne sont pas certains diminuent
la nature scientifique de la connaissance.
Autrement dit ces syllogismes nous
fournissent une connaissance qui est plus ou
moins certaine. C'est l'objet étudié qui
détermine déjà si les principes seront
certains ou probables. Comme nous le
mentionnions, la science originant de ce qui
est universel et nécessaire, c’est-à-dire
intelligible, plus l'objet est intelligible, plus
certain est le principe du syllogisme et plus
certain est le savoir qui en découle.
Aristote a été le premier philosophe à
présenter explicitement une méthode
scientifique. Telle que nous l'avons décrite,
l'expérience est un procédé inductif qui
donne une orientation empirique à la
science. Cette orientation est appuyée par
l'affirmation d'Aristote qui soutient qu'il faut
toujours vérifier le savoir dans le monde
sensible, lequel, étant la réalité de l'individu
concret est la mesure de la vérité de la
science7. De plus, la logique aristotélicienne
fonde l'aspect rationnel de la méthode
puisqu'elle enseigne la structure du
syllogisme ainsi que le rôle de la définition
et celui du langage. La reconnaissance de la
contribution significative d'Aristote dans la
classification des espèces, la taxonomie,
témoigne de l'utilité actuelle de sa logique
dans l'organisation des faits empiriques et
permet d'en rendre compte. Finalement il
distingue les différentes sortes de
syllogismes, ce qui lui permet de reconnaître
deux rôles principaux de la science. Le
savoir peut être théorique ou pratique, c'est-
à-dire spéculatif, ou en vue d'agir et de faire.
Autrement dit on peut connaître simplement
pour connaître ou bien connaître pour
réaliser pratiquement quelque chose à l'aide
du savoir. L'originalité d'Aristote réside
d'abord dans sa logique par laquelle il a
rassemblé et organisé, dans un système
compréhensif et cohérent la diversité des
savoirs élaborés par plusieurs philosophes
précédents.
LA SCIENCE APRES ARISTOTE
Même si on reconnaît encore volontiers
l'influence de la logique aristotélicienne
dans la classification des espèces, sans
mentionner son importance en philosophie,
on ne reconnaît cependant plus aujourd'hui
son influence dans la plupart des autres
sciences. Pourquoi? Après l'époque