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Rapport sur le développement de l’entrepreneuriat dans le secteur culturel en France
Contexte
La professionnalisation du secteur culturel a renouvelé la figure de ses
entrepreneurs mais pas leur perception par les tiers qui opposent notam-
ment création et économie. Ce sont pourtant des agents économiques à
part entière, dont les initiatives galvanisent la création, créent des emplois,
génèrent des revenus et s’inscrivent dans une stratégie de développement
économique et durable. La performance de l’investissement culturel
s’explique aussi par les effets de levier qu’il entraîne dans les domaines du
tourisme ou de l’éducation. Si la subvention et le mécénat doivent continuer
à irriguer la création, le temps où les activités du secteur s’exonéraient des
règles de l’entrepreneuriat est révolu. La France – pionnière pour la densité
territoriale de ses équipements et acteurs culturels – pourrait être un labora-
toire propice à l’épanouissement de l’entrepreneuriat culturel.
Périmètre
Un entrepreneur culturel est le fondateur d’une personne morale immatriculée
au registre du commerce et des sociétés (RCS) qui commercialise un produit
ou service culturel, dont il est ou non à l’initiative, en s’insérant dans des
logiques entrepreneuriales (rentabilité, croissance, profit). L’innovation
qu’il crée peut concerner le contenu, le produit ou service, l’usage, le mode
d’organisation, le processus de création ou de distribution et même les
schémas de pensée.
L’entrepreneuriat dans le secteur culturel est donc d’abord statutaire,
avant de se définir par domaine, par filière (musique, spectacle vivant, art
contemporain notamment) ou par seule posture entrepreneuriale.
Constat et diagnostic
Si le contenu de leur projet les passionne, les entrepreneurs culturels, souvent
presque autodidactes, estiment n’avoir pas les connaissances ou les moyens
de le mettre en œuvre, surtout au stade de l’amorçage. La structuration est
hasardeuse et commence encore trop souvent par la constitution d’une asso-
ciation, en raison d’un manque de réflexion et de connaissance, et sans doute
sous influence de l’approche française, publique, de ce secteur.
L’économie des premiers temps s’apparente plus à de la recherche et du pro-
totypage, qu’au lancement d’une activité structurée et pérenne. Par la suite, le
rapport particulier et timoré que les entrepreneurs rencontrés entretiennent
avec la croissance rend le déploiement de leur structure quasi-impossible.
Si leurs motivations sont plus intrinsèques (valeur et sens) qu’extrinsèques
(rémunération et profit), le succès et la rentabilité demeurent néanmoins
des objectifs recherchés. Pour eux, formuler la volonté de création de valeur