user 189 at Fri Nov 19 12:26:08 +0100 2010
UNE RÉSISTANCE MÉCONNUE
La Résistance militaire est constituée, pendant la période 1940-1942,
par les services spéciaux et par le camouflage du matériel. Ce livre relate
l’histoire du CDM, le service du camouflage du matériel militaire.
Or ce réseau n’est connu que de quelques initiés, car il a été monté par
des militaires qui, après la guerre, étaient soumis à l’obligation de réserve,
pendant que d’autres étaient en service outre-mer.
Et pourtant il a été le premier réseau de la Résistance. Ses premiers actes
datent de juin 1940, donc remontent très tôt dans le temps. Il a été égale-
ment l’un des plus importants par le nombre. En un mot, il a été l’un des
principaux réseaux de la Résistance.
Il a caché des milliers de tonnes de matériel militaire français dans les
circonstances les plus rocambolesques, parfois héroïques, toujours coura-
geuses.
Il a fait appel à toutes les couches de la population qui ont ainsi parti-
cipé à son action. Même après l’invasion allemande, il a continué à trou-
ver des volontaires pour cacher des armes, alors qu’ils risquaient leur vie et
celle de leur famille.
Il n’est que temps de sortir son action de l’oubli, car vraiment elle le
mérite. Et lorsque le colonel Rémy écrit: « La forme particulière des actions
des camoufleurs du matériel fit qu’auprès d’elles paraissent bien pâles les romans
d’aventures et autres westerns si populaires à l’écran; leur épopée a le mérite
d’être vraie », il est tout à fait dans la réalité historique.
Sources
La rédaction de ce livre a demandé des travaux de recherche considé-
rables, tant pour découvrir des documents écrits peu après la Libération
que pour recueillir le témoignage des rares survivants.
deLoisy-v4_Mise en page 1 15/02/10 17:20 Page11
user 189 at Fri Nov 19 12:26:08 +0100 2010
LA PREMIÈRE RÉSISTANCE: LE CAMOUFLAGE DES ARMES
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Tous ont été formels, il ne s’est jamais agi de la cache de quelques fusils
et de quelques pistolets, mais d’une organisation très structurée aux mul-
tiples ramifications.
Il restait alors à explorer les archives officielles jusque-là peu exploitées.
Il s’est agi, au Service historique de l’armée de terre (aujourd’hui SHD), des
archives du matériel, des commissions de contrôle, de la délégation supé-
rieure à l’armistice, des unités militaires et des régions.
Puis il a fallu explorer toutes les archives secrètes de la gendarmerie
(classées R 4) pour l’ancienne zone libre, dont une large partie a disparu,
brûlée, déchirée, voire pillée. Néanmoins, beaucoup de faits inédits ont pu
ainsi être mis à jour.
Ensuite l’analyse des archives régionales et départementales a permis de
faire la lumière sur la réalité des déclarations d’armes après l’invasion alle-
mande.
L’étude des procès des généraux Bridoux et Delmotte a permis de
retrouver des documents, des témoignages et des analyses qui, curieuse-
ment, sont rarement mentionnés…
Bien sûr, les témoignages collectés par le Hoover Institute après la
guerre, dans les années cinquante, ont le mérite d’avoir été recueillis alors
que la mémoire des principaux acteurs était encore fraîche. Ils comportent
de ce fait des éléments intéressants.
Mais surtout, d’une façon générale, l’étude des archives allemandes a
permis de retrouver des documents que tout le monde cherchait depuis
cinquante ans: il s’agit de la note du général Picquendar portant création
des groupes mobiles de mobilisation. Les relations qui en étaient faites
n’étant pas toujours concordantes, certains en venaient même à douter de
son existence. Les documents allemands sur le CDM, au nombre de trois,
permettent de mesurer la connaissance réelle que les Allemands avaient de
ce réseau. Et comme leurs rapports sont plus élogieux que les relations qui
en ont été faites jusqu’ici par les historiens français moins informés, on
aura plutôt tendance à les croire.
Enfin l’ouverture des archives officielles a permis de recadrer le rôle de
chacun.
deLoisy-v4_Mise en page 1 15/02/10 17:20 Page12
user 189 at Fri Nov 19 12:26:08 +0100 2010
PREMIÈRE PARTIE
LE CAMOUFLAGE
MALGRÉ L’ARMISTICE
(JUIN 1940 – NOVEMBRE 1942)
deLoisy-v4_Mise en page 1 15/02/10 17:20 Page17
user 189 at Fri Nov 19 12:26:08 +0100 2010
CHAPITRE I
LA DÉFAITE
Suite à l’agression de la Pologne par l’Allemagne, la France, conformé-
ment à ses engagements internationaux, déclare la guerre à l’Allemagne le
3 septembre 1939. Aussitôt, elle mobilise et envoie ses régiments se mas-
ser à la frontière. C’est ainsi que le 134erégiment d’infanterie (RI) d’Au-
tun est envoyé dans la Sarre. En fait, le 134eRI est envoyé le
23 août 1939 1, c’est-à-dire dès l’annonce du pacte germano-soviétique.
Les autorités françaises savent donc que la guerre est imminente. Les
troupes françaises pénètrent en Sarre de quelques kilomètres, huit exacte-
ment. La Pologne est alors rayée de la carte et partagée entre l’Allemagne
nazie et la Russie soviétique, conformément au pacte germano-soviétique.
Les combats s’arrêtent le 15 septembre 1939 et ne donnent plus lieu qu’à
des coups de main sporadiques de part et d’autre. Roland Dorgelès, le célè-
bre écrivain combattant de la Grande Guerre, appellera cette période « la
drôle de guerre », nom qui lui restera.
Que se passe-t-il? L’armée française est la première armée du monde,
elle ne devrait faire qu’une bouchée de l’armée allemande qui est en face
d’elle. Ce n’est qu’un rideau de troupes, les principales unités étant en
Pologne ; il y a toutefois dix-sept divisions plus ou moins complètes. Ces
troupes allemandes sont massées certes derrière le Westwall que les Fran-
çais appellent la ligne Siegfried. Mais celle-ci n’est pas terminée et ne sau-
rait être comparée à la ligne Maginot qui est bien équipée par des ouvrages
qui s’épaulent entre eux. Elle est continue du Rhin jusqu’aux Ardennes,
c’est-à-dire jusqu’à la frontière avec la Belgique et le Luxembourg, pays
neutres, donc en principe il n’y a pas de risque de ce côté-là.
deLoisy-v4_Mise en page 1 15/02/10 17:20 Page19
user 189 at Fri Nov 19 12:26:08 +0100 2010
Pour ne pas créer de susceptibilités en Belgique, les Français n’ont en
effet pas prolongé la ligne Maginot jusqu’à la mer du Nord. La Belgique,
après la mort du roi Albert 1er, le roi soldat, héros de la guerre de 1914,
avait proclamé sa neutralité et dénoncé en 1936 le traité militaire franco-
belge. Elle pensait que cela lui suffirait pour être tenue à l’écart de tout
éventuel conflit dans le futur…
L’équipement de l’armée
Et bien! La réalité est triste à dire, mais la France n’est pas prête, son
armement est en grande partie obsolète, c’est celui de la Grande Guerre.
Certes c’est celui qui nous a donné la victoire, mais les temps ont changé.
La mécanisation est apparue, l’aviation a fait d’énormes progrès. Il faut
tout de même se souvenir que dès le début des années 1920, le général
Étienne, père des blindés, avait conçu ce que l’on appellera plus tard « la
famille d’engins », c’est-à-dire des engins dérivés pour l’artillerie, le génie…
à partir d’un même châssis de char.
Et oui! La conception du char poseur de pont date de cette époque,
l’engin de base était le char Renault FT 17, souple, robuste et maniable qui
sera produit à plus de cinq mille exemplaires 2.
Il ne faut pas oublier que la bataille de Verdun a été gagnée certes par
le courage de nos poilus, dont on ne soulignera jamais assez l’héroïsme; « ils
ont tenus » est bien la phrase qui est restée dans la mémoire populaire, et
pour cause. Mais les Allemands estiment que leurs soldats étaient tout aussi
valeureux que les Français et que, par contre, grâce au canon de 75 plus
mobile que le leur, notre artillerie a permis d’emporter la décision.
Qu’en est-il donc de l’artillerie ? La situation n’est pas brillante.
Certes nous avons toujours le canon de 75 modèle 1897 qui a fait la
force de l’armée française dans la Grande Guerre.
Mais revenons à l’artillerie en 1940. En artillerie de moyen calibre, il
faut attendre 1934 pour voir apparaître un canon de 105 court et 1936
pour un canon de 105 long. Autant dire qu’en 1939, la plupart des unités
n’en étaient pas équipées. Du reste, une partie de ces canons avaient été
commandés prioritairement par la Roumanie et n’étaient toujours pas tota-
lement livrés en 1940. C’est ainsi qu’ils furent réquisitionnés en 1940, où
pour reconstituer les unités, on prenait tout le matériel disponible. Ils firent
merveille à Voreppe, en Isère, en juin 1940, contre les panzers allemands.
LA PREMIÈRE RÉSISTANCE: LE CAMOUFLAGE DES ARMES
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