Examen final – Eléments de Correction Licence 1 Economie

Date de l’épreuve :
18/12/2008 ;
de 9h00 à 11h
Introduction à la Microéconomique
Examen final – Eléments de Correction
Licence 1 Economie-Gestion – 2008/2009 (E. Darmon)
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N
OTES IMPORTANTES
:
1. Durée de l’épreuve : 2 heures
2. Le barème est fourni à titre indicatif et sera susceptible de modifications
3. Les exercices sont tous indépendants.
4. Les noms des axes et courbes représentés sur chaque graphique doivent être clairement précisés. Lorsqu’un calcul est requis, vous
devez indiquer la formule utilisée pour ce calcul et non uniquement le résultat final. Les réponses doivent être intégralement
rédigées. Aucun point ne sera attribué à des réponses ou graphiques incomplets.
5. Deux points pourront être retranchés pour des copies mal rédigées ou mal présentées.
6.
Aucun document autorisé. Seules les calculatrices « 4 opérations » seront acceptées. Tout autre matériel sera retiré.
Q
UESTIONS DE
C
OURS ET
A
PPLICATIONS
(4
POINTS
)
1. Bill G., ex-dirigeant d’une grande entreprise, souhaite parfaire sa culture en microéconomie et
consulte pour cela un ouvrage de référence dans ce domaine. Dans cet ouvrage, il peut lire « qu’à
long terme, les profits économiques réalisés par une entreprise sur un marché sont nuls ». Cette
affirmation lui semble aller à l’encontre du bon sens et de sa pratique lorsqu’il était manager de
son entreprise. En effet, selon lui, une entreprise qui réaliserait un profit nul sur un marché,
quitterait ce marché à long terme. Pouvez-vous expliquer et résoudre le paradoxe soulevé par Bill ?
Le paradoxe soulevé par Bill G. tient à la différence qu’il convient de faire entre la notion de profit comptable et de profit
économique. En effet, la comptabilité permet de calculer le profit résultant de l’activité de l’entreprise. Par exemple, au terme
d’une année de la vie d’une entreprise (ou de son exercice comptable), on peut déterminer le résultat de l’entreprise en comparant les
recettes (produits) et certains coûts (charges). Les coûts retenus sont des coûts objectifs : achat de marchandises, frais de
personnel, usure du matériel (amortissement).
Cette notion ne doit pas être confondue avec le profit économique. Dans la définition économique du profit, on doit tenir compte
de l’ensemble des coûts supportés par l’entreprise. Il faut donc inclure également le coût d’opportunité parmi ces coûts. Par
exemple, lorsqu’une entreprise utilise une partie de ses locaux pour réaliser une certaine activité (par exemple pour un certain type de
commerce), elle aurait pu différemment lesdits locaux et cette utilisation alternative lui aurait permis de dégager un profit. Il
s’agit donc d’une opportunité perdue qui donne lieu à un coût d’opportunité. Ce raisonnement peut se répliquer pour l’ensemble des
ressources de l’entreprise (humaines, financières notamment). Ainsi, pour un économiste, « réaliser un profit économique nul pour
une entreprise sur un marché » signifie qu’elle ne peut pas réaliser sur ce marché un profit supérieur au profit qu’elle aurait réalisé
en employant ses ressources sur un autre marché (surprofit). Si ce n’était pas le cas, de nouvelles entreprises pourraient entrer sur
le marché, et ce phénomène (entrée de firmes) se poursuivrait tant que le taux de profit sur le marché reste supérieur à celui qu’il est
possible de réaliser sur un autre marché.
Cela n’implique pas que l’activité d’une entreprise sur le marché à long terme ne soit plus rentable, mais simplement que le
taux de profit réalisé sur tous les marchés tendent à s’égaliser. Ce raisonnement n’est bien sur valide que si l’entrée et la sortie sont
libres sur le marché (concurrentiel) et s’entend bien sur « toutes choses égales par ailleurs » : le progrès technique, générant de
nouveaux produits, donc de nouveaux marchés ou des techniques de production plus efficaces) peut en effet perturber l’atteinte de cet
équilibre
.
Remarque(s) : pour répondre à cette question, il n’était pas suffisant d’expliquer le mécanisme
d’entrée/sortie du marché à long terme, car cela ne permettait pas de résoudre le ‘paradoxe’.
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2. Une étude commanditée par une association de gérants de bureaux de tabac et diffusée
publiquement relève les faits suivants :
Le marché du tabac a chuté en volume d'un tiers en 6 ans.
(Source : d’après une dépêche AFP, 7 novembre 2008)
47,7 milliards de cigarettes, cigares et cigarillos ont évendus dans les bureaux de tabac sur [douze] mois, soit une baisse de
2,6% [en janvier 2008] par rapport à la même période un an plus tôt. Ces ventes ont rapporté 11,4 milliards d'euros, soit 1,8%
de plus qu’en [janvier] 2007, grâce à une hausse des prix [du tabac].
1. Représentez graphiquement l’évolution de la Recette Totale en fonction des quantités vendues par
les entreprises lorsqu’elles font face à une demande de forme linéaire. A l’aide des données
précisées dans le texte, indiquez sur ce graphique un point (A) illustrant la situation du marché en
2007 et un point B illustrant cette situation en 2008.
On sait d’après le cours que la recette totale (de l’ensemble des vendeurs) sur un marché concurrentiel est une fonction croissante
puis décroissante des quantités (courbe ‘en cloche’) selon que l’effet prix domine sur l’effet volume, lorsque la demande a une forme
linéaire. On en déduit que la courbe de recette présente la forme suivante :
Afin de positionner les points A et B, l’extrait nous communique les informations suivantes : entre l’année 2007 (point A) et
l’année 2008 (point B) :
Baisse des quantités échangées : déplacement « vers la gauche » le long de l’axe des abscisses)
Augmentation des ventes en valeurs cad de la recette totale : déplacement « vers le haut » le long de l’axe des ordonnées
Les points A et B doivent donc être tels que la recette augmente lorsque les quantités diminuent. On en déduit donc que les points A
et B doivent être positionnés sur la partie décroissante de la courbe. [NB : le point B peut être aussi placé comme le point B’ : le
point B’ est positionné sur la première partie de la courbe mais de telle sorte que la recette totale augmente]
Remarque(s) : pour répondre à cette question, il n’était pas suffisant de réaliser un graphique avec 2 points
A et B montrant une baisse de la recette totale entre les deux dates. Le point de départ de la question était
l’existence de la relation « en cloche » et il fallait positionner les points à partir de cette relation.
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2. A partir du graphique précédent, pouvez-vous préciser entre quelles valeurs (minimale et
maximale) sera comprise l’élasticité-prix de la demande sur ce marché ? Justifiez votre réponse
On sait que la recette totale est croissante ou décroissante selon les valeurs de l’élasticité de la demande. Pour que la recette totale
soit décroissante lorsque les quantités vendues augmentent, il faut que la demande initiale (au point A) soit faiblement élastique.
Ceci paraît assez logique s’agissant de la demande de tabac : les consommateurs de tabac ne pouvant changer rapidement court
terme) leurs habitudes de consommation, leur demande est peu sensible au prix.
Remarque(s) : aucun calcul n’était nécessaire ici. Certains d’entre vous ont essayé de faire des calculs,
mais attention aux résultats aberrants : élasticité-prix positive, élasticité prix en euros (l’élasticité est un
nombre sans unité), valeurs extrêmes (élasticité prix supérieure ou égale à 40 000 …)
E
XERCICE
A.
L
A FLAMBEE DES PRIX DES BIENS ALIMENTAIRES
(9.5
POINTS
)
Extraits de La flambée des prix des biens alimentaires,
de T. Helbing, Valérie Merce-Blackman et Kevin Cheng,
Finances et Développement, repris in Problèmes Economiques n° 2955)
Extrait n°1 : Les marchés de matières premières sont en ébullition. Les prix de nombreux produits notamment ceux du pétrole, du
nickel, de l’étain, du maïs et du blé ont atteint récemment des records (…). Le boom actuel, qui est plus général et prolongé que de
coutume, contraste vivement avec la tendance baissière de la plupart des produits de base dans les années 1980 et 1990.
L’envolée des cours a profondément modifié la situation de ces marchés. Les pays exportateurs de matières premières sont largement
bénéficiaires. Pour beaucoup d’experts, les prix élevés sont un facteur important de la forte croissance de nombreux pays [exportateurs].
(…). Pour leur part, les importateurs et les consommateurs commencent à pâtir de leur hausse, dont l’incidence sur les pauvres des pays
émergents et en développement suscite beaucoup d’inquiétudes. (…) Dans ce contexte, le Fonds Monétaire International (FMI) vient
d’entreprendre une étude pour mieux comprendre les facteurs de l’envolée des cours et ses incidences [économiques] probables dans le
monde. La conclusion est que le boom actuel des matières premières découle d’un ensemble de facteurs cycliques et structurels. Il
apparaît aussi que, même si ce phénomène, largement imputable à la demande, a eu peu d’effet sur l’économie mondiale, il commence à
créer des risques (…) et pourrait poser des problèmes (…) à certains pays, en particulier les importateurs nets de matières premières à
faible revenu.
(…) Outre des données spécifiques comme les (…) les conditions climatiques et les infestations de cultures le boom actuel résulte du
jeu combiné de facteurs (…). [Ainsi,] les pays émergents alimentent la demande de divers produits et cette tendance devrait perdurer.
De 2001 à 2007, la progression annuelle de la consommation mondiale des principales catégories de produits de base a été plus forte que
dans les décennies 80 et 90. Et bien que la vigueur de l’expansion globale ait joué un le clé, elle a été renforcée par la conjonction
d’une vive augmentation des revenus personnels, de la rapidité de l’industrialisation, d’une croissance plus gourmande en matières
premières et de l’essor mographique de certains grands pays émergents (Chine, Inde et Moyen-Orient notamment). (…) En 2006, la
Chine a présenté un cinquième de la consommation de blé, de maïs, de riz et de graines de soja. Principal importateur de ces graines, elle
absorbe quelque 40% des exportations mondiales (…).
Les biocarburants ont accru la demande des cultures vivrières. C’est l’un des principaux facteurs qui distinguent le boom actuel des
précédents. Depuis quelques années, la hausse du prix du pétrole ainsi qu’une généreuse politique d’aide aux Etats-Unis et dans l’Union
Européenne stimulent fortement l’usage des biocarburants comme complément pour les transports surtout dans les pays avancés. En
2005, les Etats-Unis ont remplacé le Brésil en tant que principal producteur mondial d’éthanol qui représente plus de 80% de l’utilisation
mondiale des biocarburants. L’Union Européenne est le plus grand producteur de biodiésel. La fabrication de biocarburants perturbe
sérieusement les marchés de produits alimentaires. Dans les grands pays producteurs, 20 à 50% de l’alimentation animale, en particulier
le maïs et la graine de colza sont réaffectés (…).
Extrait n°2 : La lente réaction de l’offre a accentué les tensions sur les prix (…). Sa viscosité [faible réaction] dans la phase initiale de
ce boom (…) n’a pas surpris, sachant que les possibilités d’accroître la production à court terme sont limitées. La demande excédentaire
est satisfaite par la réduction des stocks et les prix augmentent, comme on l’a vu récemment sur de nombreux marchés de produits de
base. L’élasticité-prix de la demande est faible : une forte variation des cours de ces produits la modifie peu, surtout à court terme ; les
effets en retour d’une ascension rapide des prix sont souvent limités à ce stade, ce qui explique en partie les hausses brutales souvent
observées sur ces marchés (…).
Extrait n°3 : Les liens étroits entre matières premières entrainent des hausses de prix. Outre les enchainements propres aux évolutions
macroéconomiques habituelles, ils ont aussi contribués aux augmentations récentes. Ainsi, la demande de biocarburant a fait monté non
seulement le prix du maïs mais également ceux d’autres produits alimentaires, car le maïs sert d’intrant [input] à leur production (viande,
volaille, produits laitiers) (…)
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Questions :
1. Quelle structure de marcvous semble correspondre le mieux aux caractéristiques du marché des
matières premières telles que le blé ou le maïs ? Justifiez votre réponse.
Avant d’étudier des structures de marchés particulières (monopole, concurrence monopolistique, oligopole), voyons si les marchés de
matières premières répondent globalement aux conditions des marchés concurrentiels (marchés de concurrence pure et parfaite)
Ces marchés sont définis par 4 conditions principales : 1) homogénéité des produits ; 2) atomicité des agents ; 3) mobilité des
facteurs de production (libre entrée et sortie) ; 4) transparence de l’information.
S’agissant de la première hypothèse, les biens produits sur les marchés de matières premières sont relativement standardisés et
peu différenciés (la différenciation serait plus importante lorsque l’on considère non pas le produit brut, mais le produit
transformé, prêt à être vendu au consommateur final). L’hypothèse d’homogénéité est donc relativement bien respectée.
S’agissant de la seconde hypothèse, il existe sur ce marché, un très grand nombre de vendeurs (exploitants agricoles par
exemple) qui ne détiennent pas, à eux seuls, un pouvoir de marché élevé. De même, du côté de la demande, les consommateurs
sont suffisamment nombreux pour que l’on puisse considérer l’hypothèse d’atomicité comme valide.
S’agissant de la troisième hypothèse, le facteur de production principal dans l’agriculture est la terre. Même si la surface
maximale disponible pour l’agriculture est fixe au niveau mondial, on ne peut pas considérer cette surface maximale comme
actuellement atteinte. L’entrée est donc possible sur ce marché.
Enfin, s’agissant de la dernière hypothèse (transparence de l’information), cette dernière est plus difficile à vérifier
directement. De nombreuses marchandises agricoles sont échangées sur des marchés boursiers, ce qui facilite, a priori, la
diffusion de l’information. De façon générale, les problèmes d’asymétrie d’information semblent plus limités sur ces marchés en
comparaison à d’autres marchés (marché du travail, de l’assurance). On peut ainsi, en première analyse, considérer cette
hypothèse comme vérifiée.
Dans la mesure les hypothèses principales de la CPP semblent globalement respectées, on peut donc analyser ce marché à
l’aide du modèle des marchés concurrentiels.
Remarque(s) : Attention à bien lire les énoncés. Il est bien précisé « marché des matières premières tels
que le maïs ou le blé ». Cela écarte des marchés oligopolistiques tels que le pétrole. Il n’était pas suffisant
d’affirmer qu’il s’agissait de marchés concurrentiels sans justification. Pour l’affirmer, il fallait reprendre
les différentes hypothèses et les ‘vérifier’ une à une.
2. Dans le premier extrait, quels sont les différents facteurs (offre, demande) expliquant
l’augmentation du niveau des prix des matières premières ? Illustrez l’impact de ces différents
facteurs à l’aide d’un graphique présentant la situation du marché.
Le premier extrait mentionne 3 facteurs :
1) Le premier facteur mentionné est les « conditions climatiques et infestations de cultures ». Lorsque les conditions climatiques sont
peu favorables (sécheresse ou au contraire inondations), l’offre sur le marché est moins abondante. Il s’agit donc d’un choc d’offre
négatif (déplacement vers la gauche de la courbe d’offre) qui se traduit par une augmentation des prix et une baisse des quantités
échangées, toutes choses égales par ailleurs, comme l’illustre le graphique suivant lorsque l’équilibre se déplace du point E au point
E:
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2) Le second facteur (mentionné dans le second paragraphe) est une augmentation de la consommation en provenance des pays
émergents. Ce phénomène agit sur la demande et se concrétise par un choc de demande positif (déplacement « vers la droite » de la
courbe de demande. Lorsque l’équilibre du marché se déplace du point E vers le point E’, les prix augmentent en même temps que
les quantités échangées sur le marché, comme le montre le graphique suivant :
3) Le dernier facteur mentionné dans le texte (troisième paragraphe) est l’augmentation de la demande de biocarburants. Les
biocarburants constituent une utilisation alternative des matières premières telles que le colza. D’un point de vue économique, le
développement de ces biocarburants constitue une nouvelle demande sur le marché, ce qui s’interprète, comme précédemment, comme
un choc de demande positif. L’effet sur le marché est donc analogue (augmentation des quantités échangées, augmentation du prix)
E’
E
quantités
prix
Demande
Offre
Nouvelle
Demande
E’
E
quantités
prix
Demande
Offre
Nouvelle
Demande
Offre
E’
E
prix
Demande
Nouvelle
Offre
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