Chapitre V : Définition ostensive et langage privé

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Université de Montréal
et Université Paris-I Panthéon Sorbonne
La réflexion phénoménologique au crible de la grammaire : la question de
l’expression de la vie intérieure de la conscience chez Husserl et Wittgenstein
Par
Vincent Grondin
Département de philosophie
Faculté des arts et des sciences
Thèse déposée à la Faculté des arts et sciences
en vue de l’obtention du grade de Philosophiæ Doctor (Ph.D)
en philosophie
Septembre, 2012
© Vincent Grondin, 2012
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Université de Montréal
Faculté des études supérieures et postdoctorales
Cette thèse intitulée
La réflexion phénoménologique au crible de la grammaire : la question de
l’expression de la vie intérieure de la conscience chez Husserl et Wittgenstein
Présentée par Vincent Grondin
a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes :
directeur de recherche
Claude Piché (Université de Montréal)
co-directeur de recherche
Jocelyn Benoist (Université Paris-I Panthéon-Sorbonne)
Jury :
Robert Brisart (Université de Luxembourg, Facultés universitaires St-Louis à
Bruxelles)
Vincent Descombes (École des hautes études en science sociale)
Michel Seymour (Université de Montréal)
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RÉSUMÉ
Bien que Wittgenstein ait toujours douté de l’intérêt philosophique de ce
genre de constat historique, il est généralement admis que l’auteur des Recherches
philosophiques est l’inventeur d’une critique dévastatrice du « mythe de
l’intériorité », qui représente l’une des tentations les plus constantes de la philosophie
moderne. À l’encontre des pensées de la réflexion qui assignent pour tâche à la
philosophie de clarifier la signification des concepts obscurs de notre langage (vérité,
signification, pensée, etc.) en portant une attention réflexive à nos états mentaux
(Locke et James sont de bons exemples de ce paradigme), Wittgenstein a montré
qu’une telle entreprise philosophique repose sur une profonde incompréhension du
fonctionnement du langage ordinaire et de sa grammaire. Wittgenstein n’est pas le
premier à se lancer dans une initiative du genre, mais les moyens utilisés pour s’en
acquitter expliquent la place qu’il a occupée dans les débats que n’a cessé de susciter
la question de l’intériorité tout au long du vingtième siècle : on ne peut croire à la
valeur d’un recours à l’introspection en philosophie qu’en se méprenant
profondément sur la nature et le fonctionnement du langage nous permettant
d’exprimer notre vie mentale.
Étant donné que la phénoménologie husserlienne se propose de résoudre les
problèmes philosophiques en adoptant pour méthode la réflexion et la description de
l’expérience vécue, il est très tentant de voir en Husserl un héritier de cette tradition
philosophique qui se trouve ruinée par les arguments de Wittgenstein. En partant du
présupposé que la déconstruction du « mythe de l’intériorité » enclenchée par
Wittgenstein est juste en son principe, il s’agira de montrer que l’on ne peut trouver
chez Wittgenstein une réfutation implicite de la conception phénoménologique de
l’intériorité qu’en faisant une lecture superficielle des Recherches logiques et des
Idées directrices. En effet, si l’on sait porter attention aux détails des textes
pertinents, on peut déceler chez Husserl une réflexion très fine sur la nature du
langage qui débouche éventuellement sur une critique de la conception moderne et
empiriste de l’intériorité du sujet très similaire à celle mise en chantier par les
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Recherches philosophiques, critique qui, de surcroît, a l’avantage de désamorcer
certaines difficultés rencontrées par Wittgenstein.
Une telle étude comparative et polémique permettra de tirer deux grandes
conclusions à l’égard de la méthode devant être employée en philosophie.
Premièrement, il sera démontré que la réflexivité exigée par le discours
philosophique se reflète dans l’usage que Husserl et Wittgenstein font des guillemets.
Cette observation en apparence triviale permettra d’établir que le discours
philosophique repose sur l’usage d’un dispositif typographique banal appartenant à la
grammaire de notre langage ordinaire. Ensuite, la supériorité de la méthode
« généalogique » de la phénoménologie génétique de Husserl sera mise en relief.
Cette dernière a le mérite d’éviter les apories du conventionnalisme de Wittgenstein
tout en désamorçant les difficultés soulevées par l’essentialisme de la
phénoménologie statique des Idées directrices.
Mots clés : Edmund Husserl ; Ludwig Wittgenstein ; Réflexion ; Langage privé ;
Expression ; Conventionnalisme ; Essentialisme ; Phénoménologie ; Grammaire ;
Intériorité
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