Rober Shuman
Robert Schumann (en allemand, Robert Alexander1 Schumann) est un compositeur allemand né
le 8 juin 1810 à Zwickau et mort le 29 juillet 1856 à Endenich (aujourd'hui un quartier de Bonn).
Sa musique s'inscrit dans le mouvement romantique qui domine en ce début de XIXe siècle, une
Europe en pleine mutation. Compositeur littéraire par excellence, Schumann et sa musique illustrent
une composante du romantique passionné.
Jeunesse
Maison natale (vue actuelle).
August Schumann.
Né le 8 juin 1810, à Zwickau, en Saxe, Robert Schumann est le sixième et dernier enfant d'August
Schumann (1773-1826) et de Christiane Schnabel (1771-1836).
August Schumann est libraire, éditeur, et aussi écrivain. Il publie entre autres une série consacrée aux
classiques anglais, français, italiens et espagnols en langue originale et en traduction.
Robert effectue sa scolarité dans une école privée puis au lycée de Zwickau, où il apprend le latin, le
grec et le français. Il reçoit ses premiers cours de piano de l'organiste de la cathédrale, Johann
Gottfried Kuntsch. Il participe à plusieurs concerts et commence à composer relativement tôt. Le
musée Schumann de Zwickau conserve sa première œuvre intitulée – en français « Le psaume cent-
cinquantième », composée en 1822. En 1828, après avoir obtenu son Abitur (baccalauréat), il va, sur
décision de sa mère et de son tuteur, étudier le droit à l'université de Leipzig.
Leipzig, qui compte à l'époque 41 000 habitants, est la deuxième ville de Saxe après Dresde. C'est la
ville des foires internationales, et aussi la ville du livre et des éditeurs (Brockhaus, Reclam, Breitkopf
& Härtel, ces derniers publient également de la musique). L'orchestre du Gewandhausdonne des
concerts de très haut niveau, loin de ce que Schumann a pu connaître jusqu'alors. Bien qu'il s'en
défende dans ses lettres à sa mère, Schumann est peu assidu dans ses études et fréquente plutôt les
sociétés musicales et philosophiques de la ville.
C'est dans ces salons qu'il rencontrera le facteur de pianos Friedrich Wieck. Wieck, ambitieux et âpre
au gain, avait mis au point une nouvelle méthode d'apprentissage du piano. Il comptait de nombreux
élèves, au premier rang desquelles sa fille Clara, née en 1819, qu'il formait pour être l'une des
enfants prodiges les plus brillantes de son temps : elle paraît en concert au Gewandhaus pour la
première fois en octobre 1828. Schumann décide de devenir l'élève de Wieck et prend des cours de
piano, d'harmonie et de contrepoint. Il compose entre autres des polonaises pour piano à quatre
mains et des lieder2.
À Pâques 1829, il décide de s'installer à Heidelberg pour bénéficier de son climat culturel, et mettre
de l'ordre dans ses études. Il en profite pour entreprendre, en août et septembre, un voyage en
Suisse, mais aussi en Italie, destination obligée des intellectuels allemands de l'époque. Il est
impressionné par le théâtre de la Scala, mais moins par la musique qu'on y joue, notamment celle
de Gioacchino Rossini. Le 30 juillet 1830, il confie par lettre à sa mère sa résolution de se consacrer à
la musique.
Les débuts : piano et premières amours
Friedrich Wieck.
Asch en 1825.
Wieck rassure Christiane Schumann en lui promettant de faire de son fils « en trois ans l'un des plus
grands pianistes vivants, plus spirituel et chaleureux que Hummel, plus grandiose que Moscheles »3,
et Schumann emménage pour un temps chez son professeur. Il travaille avec acharnement mais se
plaint déjà de « douleurs infinies dans le bras »4. Bientôt, il se plaindra d'une paralysie de la main
droite qui le contraindra à abandonner la carrière de virtuose, sans grands remords il est vrai.
La « paralysie » de Schumann n'a pas encore été tirée au clair. Le compositeur lui-même l'a attribuée
à un appareil de son invention pour stimuler la dextérité. Cet appareil, dont nous n'avons aucune
description (Schumann l'appelle Cigarrenmechanik5), peut avoir occasionné une tendinite qu'il traite
avec des bains et des compresses, puis par homéopathie6. Par la suite, Schumann ne se servira pas de
son index droit pour jouer au piano, et non du majeur ou de l'annulaire qui lui posaient des
problèmes en 1830. Le problème peut être éventuellement dû au traitement d'une maladie
vénérienne (cf. infra) ou à une dystonie, semblable à celle dont a souffert le pianiste Leon Fleisher7.
À cette époque (1831-1832), il a une liaison avec une certaine Christel, à qui il donnera le surnom de
« Charitas ». Il contracte auprès d'elle une infection vénérienne, qui lui fera dire le 19 février 1855
« En 1831 j'ai été infecté syphilitiquement et traité à l'arsenic »8. La syphilis serait-elle la cause de son
déclin ultérieur, aboutissant au stade de paralysie générale? L'hypothèse a été maintes fois avancée,
mais il faut la relativiser car, à l'époque, on ne faisait pas clairement la distinction entre les maladies
vénériennes. Schumann lui-même note dans son journal : « des douleurs qui me mordent et me
rongent […] un lion entier qui me déchire »9. Or, le chancre syphilitique est indolore.
Il publie ses premières œuvres, pour piano : Variations sur le nom d'Abegg op. 1, Papillons op.
2, Études d'après des caprices de Paganini op. 3.
Les tendances de Schumann à l'hypocondrie et à la dépression seront accentuées par la mort de sa
belle-sœur Rosalie, puis de son frère Julius, et enfin par l'épidémie de choléra qui sévit en Allemagne
au cours de l'année 1833.
Le 3 avril 1834, il lance la Neue Zeitschrift für Musik, revue qui existe toujours où il part en guerre
contre les « philistins », gardiens d'un ordre musical rétrograde. Y interviennent les membres des
« Compagnons de David » (Davidsbund), société fictive où l'on retrouve entre autres Friedrich Wieck
(maître Raro), sa fille Clara (Zilia) et Schumann lui-même, dédoublé en Eusebius, rêveur introverti, et
Florestan, passionné et combatif. Dans les Davidsbündlertänze op. 6 (danses des compagnons de
David), il met en scène les personnages de cette comédie. L'introverti et peu loquace Schumann se
révèle un critique musical brillant, alternant l'humour, le sarcasme, l'éloge. Ses articles
sur Schubert,Berlioz, Chopin… restent des modèles de critique poétique, d'autres comme ceux qu'il
écrit sur Meyerbeer, sont d'une ironie et d'une virulence rares.
En 1834, Schumann se fiance avec Ernestine von Fricken, fille d'un riche baron de Bohême et élève
de Friedrich Wieck. Les fiançailles seront rompues en moins d'un an - entre autres parce
qu'Ernestine, fille adoptive, ne peut prétendre à l'héritage mais cet épisode nous vaut deux grandes
œuvres. Le Carnaval, op. 9 fait référence à la ville d'Ernestine, Asch ; la séquence A-Es-C-H (la-
mi bémol-do-si) détermine la première partie, As-C-H (la bémol-do-si) est intégrée dans la seconde.
Ernestine elle-même est évoquée sous le nom d'Estrella, et Clara Wieck sous celui de Chiarina.
L'œuvre se termine par la marche des Davidsbündler contre les philistins. Une marche analogue
conclut les Études symphoniques, op. 13, variations sur un thème du baron von Fricken, le père
d'Ernestine.
Robert Schumann et Clara Wieck
Clara Wieck à seize ans.
Entre-temps Clara Wieck, la petite fille d'autrefois, est devenue une belle jeune femme reconnue et
adulée. L'admiration de la jeune fille pour le « cher Monsieur Schumann » et l'affection de Robert
pour la jeune pianiste se transforment peu à peu en passion, et le premier baiser est échangé fin
novembre 183510. Les années qui suivent voient s'épanouir une romance. Alors que Schumann, dans
ses écrits et ses compositions, prend plaisir à faire intervenir l'imaginaire dans le réel
(les Davidsbündler sont traités comme des personnes réelles ; Eusebius et Florestan apparaissent
tantôt comme auteurs tantôt comme compositeurs), dans la vie des deux jeunes gens la réalité
prend l'apparence de la fiction : un grand roman d'amour romantique. N'y manquent ni les lettres
enflammées, ni les baisers volés, ni les serments passionnés. N'y manquent pas non plus les épreuves
à surmonter. En effet, Friedrich Wieck voit d'un mauvais œil une liaison qui pourrait compromettre la
carrière de sa fille, d'autant plus que Robert n'a pas de revenu assuré et fréquente assidûment les
auberges. Wieck interdit aux amoureux de se voir, éloigne Clara àDresde, l'emmène ou l'envoie en
tournée dans toute l'Allemagne, à Vienne, à Prague… Belle occasion pour échanger une
correspondance abondante où Schumann peut déployer son talent d'écrivain et Clara tenter de se
hisser à son niveau.
Clara Wieck avant le mariage.
Le 13 septembre 1837, Schumann demande officiellement la main de Clara et essuie un refus brutal.
La correspondance continue, Wieck a recours au chantage affectif, à l'intrigue, à la calomnie. Tout
cela ne fait qu'intensifier le roman d'amour. Cette période est reflétée dans de nouvelles grandes
œuvres pour piano. Dans la Fantaisie op. 17 (appelée initialement Clara-Fantasie) dont Schumann
voulait employer les revenus pour contribuer à l'érection d'un monument à Beethoven, il cite le cycle
de lieder À la Bien-aimée lointaine de ce dernier ; les Kreisleriana mêlent hommage à E. T. A.
Hoffmann et architecture élaborée où interviennent des sentiments contrastés.
Puisque Wieck ne veut consentir à un mariage que si le couple vit en-dehors de la Saxe, Robert part
pour Vienne en novembre 1838 où Clara est déjà une Kammervirtuosin. Il tente d'y établir sa revue
musicale, mais capitule devant la censure de Metternich et de son chef de police Sedlnitzky. Il rentre
à Leipzig en avril 1839. Mais il aura toutefois pu rencontrer Ferdinand, le frère de Franz Schubert, qui
lui confie divers manuscrits schubertiens, ainsi qu'une copie de la Grande Symphonie en ut majeur.
Schumann sera l'artisan de la première exécution de la symphonie par le Gewandhaus de Leipzig
dirigé par Felix Mendelssohn et lui consacrera un article enthousiaste dans la Neue Zeitschrift für
Musik. La découverte de la Symphonie en ut représente une étape importante dans le
développement de la symphonie romantique. Elle permet en quelque sorte de sortir de l'impasse
beethovenienne et ouvre de nouvelles voies que Schumann sera le premier à parcourir.
À l'automne 1839, à Paris, Clara (défendue par son avocat) et Robert portent plainte contre Wieck
pour refus de consentement de mariage. Schumann parvient à convaincre le tribunal de la solidité de
ses finances, présente des certificats de moralité et le titre de docteur que l'université d'Iéna lui a
conféré le 24 février 1840. Le jugement favorable est rendu le 1er août 1840 et le mariage a lieu à
Schönefeld le 12 septembre, la veille du vingt-et-unième anniversaire de Clara. Celle-ci étant mineure
le jour du mariage, Robert peut disposer de ses biens11. En avril 1841, Wieck sera condamné dans le
procès en diffamation que Schumann lui a intenté.
À cette époque Schumann est très actif pour la propagation de la musique contemporaine dans ses
écrits. Il noue des liens d'amitié avec Mendelssohn, rencontre Frédéric Chopinen octobre 1835
et Franz Liszt en 1837.
Les années de Leipzig : Lieder, premières compositions orchestrales
Clara et Robert Schumann.
Felix Mendelssohn en 1846.
L'année 1840 voit le début d'une nouvelle phase créatrice pour Schumann avec la composition de
cent trente huit lieder. Alors que ses compositions précédentes pour piano étaient peuplées de son
seul imaginaire, il s'ouvre à l'imaginaire des poètes. La perspective du mariage avec Clara élargit sa
fantaisie créatrice et le voyage à Vienne l'a mis en contact direct avec la création de Schubert. En
outre, ses compositions pour le piano n'ont pas été un énorme succès commercial et les lieder
promettent des rentrées plus importantes. Ceci donne Myrthen op. 25, recueil de 26 lieder sur des
textes d'auteurs divers qu'il mettra dans la corbeille de noces de Clara, les Liederkreis, op. 24 sur des
textes de Heine, op. 35 sur des textes de Justinus Kerner, op. 39 sur des textes
d'Eichendorff, L'Amour et la Vie d'une femme sur des textes de Chamisso op. 42, Les Amours du
poète sur des textes de Heine, op. 48… Le Liederfrühling, op. 37 sur des textes
de Rückert comprendra quatre lieder composés par Clara.
Le couple s'installe dans sa vie conjugale. Robert compose, effectue le travail d'éditeur de sa revue (il
écrit des critiques, entretient un réseau de correspondants en Allemagne et à l'étranger, dirige la
publication). En 1843, il enseigne au conservatoire de Leipzig, créé par Mendelssohn. Clara s'occupe
du foyer, parfait sa culture générale négligée durant ses années d'enfant prodige en
lisant Goethe, Shakespeare, Jean Paul, étudie les œuvres de Bach, Beethoven, Chopin et bien sûr de
Schumann. Elle réalise les réductions pour piano de ses œuvres orchestrales, compose quelques
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