problèmes en 1830. Le problème peut être éventuellement dû au traitement d'une maladie
vénérienne (cf. infra) ou à une dystonie, semblable à celle dont a souffert le pianiste Leon Fleisher7.
À cette époque (1831-1832), il a une liaison avec une certaine Christel, à qui il donnera le surnom de
« Charitas ». Il contracte auprès d'elle une infection vénérienne, qui lui fera dire le 19 février 1855
« En 1831 j'ai été infecté syphilitiquement et traité à l'arsenic »8. La syphilis serait-elle la cause de son
déclin ultérieur, aboutissant au stade de paralysie générale? L'hypothèse a été maintes fois avancée,
mais il faut la relativiser car, à l'époque, on ne faisait pas clairement la distinction entre les maladies
vénériennes. Schumann lui-même note dans son journal : « des douleurs qui me mordent et me
rongent […] un lion entier qui me déchire »9. Or, le chancre syphilitique est indolore.
Il publie ses premières œuvres, pour piano : Variations sur le nom d'Abegg op. 1, Papillons op.
2, Études d'après des caprices de Paganini op. 3.
Les tendances de Schumann à l'hypocondrie et à la dépression seront accentuées par la mort de sa
belle-sœur Rosalie, puis de son frère Julius, et enfin par l'épidémie de choléra qui sévit en Allemagne
au cours de l'année 1833.
Le 3 avril 1834, il lance la Neue Zeitschrift für Musik, revue – qui existe toujours – où il part en guerre
contre les « philistins », gardiens d'un ordre musical rétrograde. Y interviennent les membres des
« Compagnons de David » (Davidsbund), société fictive où l'on retrouve entre autres Friedrich Wieck
(maître Raro), sa fille Clara (Zilia) et Schumann lui-même, dédoublé en Eusebius, rêveur introverti, et
Florestan, passionné et combatif. Dans les Davidsbündlertänze op. 6 (danses des compagnons de
David), il met en scène les personnages de cette comédie. L'introverti et peu loquace Schumann se
révèle un critique musical brillant, alternant l'humour, le sarcasme, l'éloge. Ses articles
sur Schubert,Berlioz, Chopin… restent des modèles de critique poétique, d'autres comme ceux qu'il
écrit sur Meyerbeer, sont d'une ironie et d'une virulence rares.
En 1834, Schumann se fiance avec Ernestine von Fricken, fille d'un riche baron de Bohême et élève
de Friedrich Wieck. Les fiançailles seront rompues en moins d'un an - entre autres parce
qu'Ernestine, fille adoptive, ne peut prétendre à l'héritage – mais cet épisode nous vaut deux grandes
œuvres. Le Carnaval, op. 9 fait référence à la ville d'Ernestine, Asch ; la séquence A-Es-C-H (la-
mi bémol-do-si) détermine la première partie, As-C-H (la bémol-do-si) est intégrée dans la seconde.
Ernestine elle-même est évoquée sous le nom d'Estrella, et Clara Wieck sous celui de Chiarina.
L'œuvre se termine par la marche des Davidsbündler contre les philistins. Une marche analogue
conclut les Études symphoniques, op. 13, variations sur un thème du baron von Fricken, le père
d'Ernestine.
Robert Schumann et Clara Wieck
Clara Wieck à seize ans.
Entre-temps Clara Wieck, la petite fille d'autrefois, est devenue une belle jeune femme reconnue et
adulée. L'admiration de la jeune fille pour le « cher Monsieur Schumann » et l'affection de Robert