A P P L I C A T I O N Carte et module Smarc, le standard de modules processeurs qui fédère les mondes x86 et ARM Il y a moins d’un an, Kontron lançait des Computer-on-Modules au standard Smarc basés sur le processeur Atom E3800 d’Intel. Dans ces conditions, comment ce format de module processeur, initialement conçu pour les architectures ARM, peut-il combiner deux mondes fortement concurrents ? AUTEUR Martin Unverdorben, directeur produit, Kontron. C ’est à l’occasion du salon Embedded World qui s’est tenu en février 2013 à Nuremberg que Kontron a dévoilé la première carte au format Smarc, basée sur le processeur Atom E3800 d’Intel. C’était alors le premier module compatible avec le standard Smarc géré par le SGeT (Standardization Group for embedded Technologies) à être conçu autour d’une architecture x86 (voir à ce sujet l’avis du SGeT sur cette annonce, voir encadré I ci-dessous). Une évolution qui annonçait une extension du champ d’application de ce facteur de forme prévu au départ pour ouvrir les cartes COM (Computer-On-Module) aux architectures ARM. La question suivante s’est alors posée : comment harmoniser les conceptions d’architecture x86 et ARM sur un même facteur de forme ? La réponse tient tout simplement au fait que le Smarc, pour Smart Mobility ARChitecture, suit l’évolution des standards liés aux technologies x86 et ARM elles-mêmes. Ces architectures de processeur ciblent en effet toutes les deux les systèmes mobiles économes en énergie avec, comme conséquence, un rapprochement, voire une harmonisation, de leurs fonctions et interfaces respectives. Ainsi, la technologie ARM tend à offrir davantage d’extensions génériques que par le passé, tandis que la technologie x86 adopte de plus en plus de fonctions spécifiques liées au monde des mobiles. Par exemple, il existe des processeurs à cœur ARM basse consommation de Freescale ou de TI qui offrent des interfaces USB et PCI Express classiques. De leur côté, les processeurs Atom d’Intel de la série E3800 disposent pour la première fois d’interfaces adaptées pour les caméras ou encore un port générique, le SPI pour Serial Peripheral Interface (voir encadré II). Smarc est ainsi à ce jour le seul format de Computer-on-Module capable d’intégrer les deux mondes de processeurs, couvrant de ce fait une gamme étendue d’applications avec un seul jeu de fonctions incluant notamment des interfaces SPI et caméra (voir encadré III). Ce qui n’est pas le cas d’autres standards Computer-On-Module stan- I.- QUE PENSE L’ORGANISME SGET DU MODULE SMARC À BASE DE PROCESSEUR ATOM ? n Engelbert Hörmannsdorfer, chairman du SGeT (Standar­ dization Group for Embedded Technologies), estime que l’introduction de modules Smarc à base d’Atom « va naturellement encourager l’implémentation de la technologie des SoC x86 sur les Computer-on-Modules Smarc ; d’ailleurs, en tant qu’organisme de normalisation de technologies embarquées, nous 36 / L’EMBARQUÉ / N°7 / 2014 n’avons jamais érigé de barrières entre processeurs. Au contraire ». Car, dès le début des travaux de normalisation du Smarc, « le standard a été conçu pour les deux technologies de processeur ; mais il n’était simplement pas possible d’en parler au moment de sa publication, avant la disponibilité de processeurs adaptés », poursuit Engelbert Hörmannsdorfer. Le format de module processeur Smarc emb comme ici sur le modèle Smarc-sXBTi de Kont ● dardisés, comme le format Qseven par exemple, qui propose un jeu de spécifications plus réduit. Ce qui, sur le long terme, peut constituer un désavantage pour les développeurs qui ont basé leurs développements sur ce standard. Pas de compromis sur les fonctions En fait, contrairement aux idées reçues, le standard Smarc a été conçu dès le départ pour supporter diverses architectures. C’est la raison pour laquelle la spécification fait appel au connecteur MXM 3.0 à 314 broches destiné à offrir un très vaste A P P L I C A T I O N Carte et module panel d’interfaces. Ce choix représente par exemple une augmentation de 30 % de broches disponibles par rapport au standard Qseven qui offre 230 broches. Pour pallier cette faiblesse, on constate d’ailleurs que les modules concurrents du Smarc sur le marché complètent leur connectivité de base avec des interfaces et des connecteurs additionnels. En d’autres termes, les fabricants sacrifient le respect des spécifications au profit (au détriment ?) de nouvelles connexions ad hoc pour des fonctions additionnelles, qui ne sont pas normalisées. Conséquence : cette tendance affaiblit le standard et barque désormais des architectures x86, tron basé sur l’Atom E3800 d’Intel. limite la notion d’interchangeabilité entre modules issus de fabricants différents. Maintenir la continuité et tracer de nouvelles voies C’est la raison principale pour laquelle il est préférable d’éviter toute déviation vis-à-vis des spécifications initiales d’un standard : le jeu de caractéristiques est fixé une fois pour toutes, et toute remise en cause ne doit se justifier qu’en cas de profondes modifications des technologies de processeur. D’abord et avant tout, les standards doivent, lorsqu’ils sont bien conçus, être capables de II.- LE BUS SPI : SIMPLE MAIS EFFICACE n Pour les extensions génériques simples, le standard Smarc sup­ porte le bus SPI (Serial Peripheral Interface), considéré comme le successeur du bus LPC (Low Pin Count bus) mis au point par Intel. Ce bus série synchrone, élaboré par Motorola pour ses microcontrô­ leurs 68xx, opère en mode duplex intégral. Il permet d’envoyer et de recevoir des données simultané­ ment, avec un taux de transfert plus élevé (fréquence d’horloge de transmission comprise générale­ ment entre 1 et 20 MHz) qu’avec les bus série similaires LPC, I2C ou SMBus. Les circuits connectés via ce bus communiquent selon un schéma maître-esclave, dans lequel plusieurs esclaves peuvent se connecter simultanément à un même maître. Il n’y a pas de limite théorique de fréquence d’horloge maximum, ce qui laisse du potentiel pour les futurs développements. La simplicité de supporter l’évolution naturelle des applications auxquelles ils s’adressent pour in fine tenir la promesse d’une disponibilité sur le long terme. C’est ce qu’a su réaliser par exemple le standard de module COM ETX, toujours disponible aujourd’hui, sans modification, avec ses interfaces PCI et ISA. Et c’est aussi le cas des modules COM Express, qui servent le plus grand marché de conceptions x86 « classiques » avec une grande variété de modules allant des formats COM Express basic aux COM Express compact et COM Express mini. Aujourd’hui, le Smarc, géré par le SGeT qui développe ce facteur de forme indépendamment des fabricants, suit précisément la même stratégie que le COM Express avait choisie pour prendre la succession de l’ETX. Il s’agit d’une approche sans compromis qui ne cherche pas à inventer une transition, comme cela a pu être le cas dans le passé avec le standard XTX positionné à mi-chemin entre le COM Express et l’ETX. De fait, le Smarc se positionne franchement comme un module au format carte de crédit, efficace d’un point de vue énergétique, doté de III.- SMARC STANDARDISE LES INTERFACES DE CAMÉRA n Smarc est le premier standard de Computer-onModule à offrir une interface caméra standardisée. Les modules sont en effet équipés de deux interfaces caméra conformes au stan­ dard Mipi CSI (Camera Serial Interface), ce qui permet d’implémenter des appli­ cations vidéo sans module contrôleur additionnel. L’enregistrement stéréo 3D est également possible. La fonction vidéo peut par exemple servir à créer des fonctions comme l’autorisation d’accès par reconnaissance de visage ou la fourniture de contenus sur capture vidéo, via un contrôle gestuel sans contact. D’autres secteurs d’application potentiels sont la télésanté, la visiophonie, ou encore le support et la documentation vidéo dans les opérations de service et de maintenance. la logique d’interface assure en outre une efficacité énergétique élevée. De nombreux composants périphériques dotés de l’interface au bus SPI sont déjà disponibles, allant de simples mémoires flash jusqu’à une variété de fonctions GPS, gyroscopes ou capteurs de température. Enfin, il existe des microcontrôleurs à bus SPI pour mixeur de signaux, écran tactile, bus CAN, Bluetooth et/ou WLAN ou circuit amplificateur. fonctions graphiques évoluées, et se conformant au jeu de spécifications des dispositifs mobiles. A titre d’exemple, le Computer-on-Module Smarc-sXBTi proposé par Kontron, équipé de processeurs Atom de la série E3800 et de 8 Go de RAM avec ECC en option, combine des performances graphiques élevées, une grande puissance de traitement et la compatibilité x86 dans une empreinte de 82 x 50 mm consommant de 5 à 10 W. Il supporte la plage de température étendue de - 40°C à + 85°C, et dispose d’un profil aminci grâce à l’emploi de connecteurs de bord de carte. Le brochage, ouvert en direction des périphériques mobiles, est associé à trois UART (Universal Asynchronous Receiver Transmitter) qui couvrent une palette complète de fonctions incluant notamment le GPS et le support de l’interface série pour caméra Mipi CSI (Mobile Industry Processor Interface, Camera Serial Interface). Les données du cœur graphique Gen 7 d’Intel sont extraites via les interfaces HDMI 1.4 et LVDS (eDP en option) vers des écrans pouvant atteindre des résolutions de 2 560 x 1 600 pixels (en 60 Hz). D’autres interfaces supportent, entre autres, un port Gigabit Ethernet via le contrôleur Ethernet I210 d’Intel, un port USB 3.0 et deux ports USB 2.0. Enfin, il est possible d’implémenter des extensions personnalisées via le bus SPI, l’interface SDIO et trois liens PCI Express 1x à 5 gigatransferts/s. Au-delà de l’Atom, Kontron compte profiter du caractère universel du format Smarc pour enrichir son catalogue de cartes à ce format avec des modèles basés sur les récentes architectures innovantes Quark X1000 d’Intel. A suivre… n L’EMBARQUÉ / N°7 / 2014 / 37 Logiciels & systèmes Professionnels de l’embarqué Découvrez le système d’information le plus complet, 100% utile à votre métier ! Une newsletter quotidienne Votre fil d’actualité gratuit Une newsletter hebdo Tous les jeudis, des infos exclusives à forte valeur ajoutée Un magazine 100% numérique, trimestriel, pour une information fouillée, analysée et développée Un site Internet Plus de 1 500 articles par an exclusivement dédiés à l’embarqué Abonnez-vous •Pub 148x210.indd 1 www.lembarque.com 20/03/13 12:52